33 Danse "Delhi" - Théâtre de la Criée

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33 Danse "Delhi" - Théâtre de la Criée
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                                        théâtre
                                        CRÉ ATION
                                          2021

Danse «Delhi»
Pièce en sept pièces de Ivan Viripaev
Mise en scène Gaëlle Hermant,
Cie DET KAIZEN

coproduction la criée
Danse «Delhi»
Pièce en sept pièces de Ivan Viripaev
Mise en scène Gaëlle Hermant, Cie DET KAIZEN

TARIF B DE 9 À 25€ — PETIT THÉÂTRE – MAR 20H, MER 19H, JEU 20H – DURÉE 2H

Avec                                                    Création musicale Viviane Hélary Dramaturgie
Christine Brücher, Manon                                Olivia Barron Scénographie Margot Clavières
Clavel, Jules Garreau,                                  Lumière, régie générale et participation aux décors
Kyra Krasniansky, Marie                                 Benoit Laurent Régisseur son William Leveugle
Kauffmann, Laurence Roy                                 Costumes Noé Quilichini Administration /
et la musicienne                                        Diffusion Salomé Magniez Traduction française
Viviane Hélary                                          Tania Moguilevskaia et Gilles Morel

Les traductions des textes d'Ivan Viripaev sont publiées aux Éditions Les Solitaires Intempestifs - Besançon

Production Cie DET KAIZEN Coproduction Théâtre Gérard Philipe - Centre Dramatique National de Saint-Denis, La Criée - Théâtre national
de Marseille, Compagnie associée au Théâtre Eurydice - ESAT de Plaisir Avec le soutien du Ministère de la Culture - DRAC Ile-de-France
(aide à la création) ; de la Région Ile-de-France (aide à la création en fonctionnement), de la SPEDIDAM, et du CENTQUATRE-PARIS
Avec la participation artistique du Jeune théâtre national Avec le soutien de L'École de la Comédie de Saint-Étienne / DIESE # Auvergne
Rhône-Alpes

Entre mélodrame et comédie satirique, Ivan Viripaev, célèbre auteur russe
contemporain, imagine une œuvre déclinée en courtes séquences, partition musicale
où se rejoue en sept variations notre rapport à la mort et tout ce qu'elle fait surgir
dans le comportement humain.
Danse « Delhi »
           Pièce en sept pièces
           Album en sept variations

           Dans ce salon réservé aux familles d’un hôpital de quartier, entre l’annonce de la mort et
           la signature de l’acte de décès, six personnages rient, aiment, se trahissent, se disputent
           et se réconcilient. Les vies se racontent par fragments, se décalent, se colorent à chaque
           variation. Un morceau de musique live ouvre chaque pièce et insuffle une tonalité, un
           rythme, une couleur. Album en sept volets, Danse «Delhi» déploie une partition musicale
           aux variations infimes mais permanentes. Les contradictions de notre rapport au monde,
           les non-dits et les peurs sont au centre de cette comédie. À l’annonce de la mort, le temps
           se suspend, la parole se libère révélant le meilleur et le pire, provoquant le rire ou l’émotion.
           Au tragique, Ivan Viripaev privilégie l’humour, cette élégance du désespoir, qui selon lui, est
           « une perche tendue à l’humanité ».

                                                   « L’humour, c’est tout ce que nous avons,
                                                     c’est une perche tendue à l’humanité. »
                                                                            Ivan Viripaev, entretien réalisé
                                                                                  à Moscou le 9 mai 2010,
                                                            traduction Tania Moguilevskaia et Gilles Morel

Mise à jour 7/01/2022                                                                                          3
Résumé de la pièce
           Sept pièces
           Partitions musicales en sept variations sur un même thème
           Un espace unique : un salon réservé aux familles dans un hôpital de jour.
           Dans chaque pièce il y a une légère variation de l’espace.
           Comme si nous entrions par une autre porte dans un autre espace temps.
           Six personnages traversent les sept pièces.
           Catherine
           La femme âgée
           Une infirmière
           Andreï
           La mère
           Olga
           On pourrait croire à une linéarité, il n’y en a aucune.
           Il y a toujours quelqu’un qui meurt.
           Il y a toujours un acte de décès.
           Ils meurent tous une fois.
           Sauf l’infirmière. Figure de compassion et porteuse d’un discours utopique ?
           Amour et mort, rivalités, admirations et désaccords.
           Nous sommes à des moments de bascule, de rupture, dans la vie de ces personnages.
           Un dialogue identique au cœur de chaque pièce revient sans cesse, comme une rengaine.
           La danse Delhi traverse toutes les pièces et marque tous ceux qui l’ont approchée.
           Le public travaille et empile au fur et à mesure les informations sur chaque personnage.
           Les comédiens saluent à chaque fin de pièce.
           Nous sommes dans des vies parallèles.
           Nous assistons à des fragments de vies.
           Nous sommes dans un puzzle.
           Comment appréhende-t-on la mort ?
           Comment réagit-on face à la mort ?
           Comment faire face à la douleur ?
           Comment faire face à l’amour ? Au choix ?
           Nous sommes dans une comédie satyrique.
           Nous sommes dans un mélodrame.
           Nous sommes dans un vaudeville.
           Nous sommes dans une histoire qui contient le monde.
           Nous sommes dans un mouvement.

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Génèse du projet
           Gaëlle Hermant, avril 2019

           A l’origine de chaque création je continue de creuser le sillon de mes obsessions autour
           des thématiques qui me sont chères : les difficultés de communication entre les êtres, la
           frontière si fragile entre l’inclusion et l’exclusion dans notre société, la marginalité, la folie,
           l’altérité et la solitude qui se jouent dans un monde ultra connecté. Pratiquant la musique
           depuis toujours, je cherche à chaque spectacle, la relation spécifique qui unit un texte à la
           musique.
           Née dans une famille de médecins, j’ai toujours entendu parler des patients, de leurs
           trajectoires marquées par la souffrance et l’espoir, la détermination ou la résignation, la
           guérison ou la mort. J’ai souvent mesuré le rôle profondément empathique que jouent
           les soignants dans l’accompagnement des patients et des familles, là où la parole offre
           un soutien essentiel. A mes yeux, l’hôpital s’offre comme un microcosme de toutes les
           complexités sociales et humaines, mêlant la violence à une humanité inouïe. Je crois que
           c’est par ce prisme que j’ai commencé à apprendre mon métier. Observer, entendre des
           histoires où l’être humain est comme mis à nu face à quelque chose de plus grand que lui.
           Ces moments de vérité comme des moments de suspensions dans nos vies. Je porte en
           moi ces histoires. Avec Danse « Delhi », je veux creuser cette question de l’altérité, parler de
           notre rapport à la mort, du refoulement, de la compassion et de nos prises de conscience.
           Car si la maladie et la mort bouleversent l’individu, elles peuvent aussi libérer la parole, et
           conduire à une métamorphose.

               « Dans toutes mes pièces, je travaille très précisément le rythme. Il
              faut lire mes textes comme de la poésie, toutes les tentatives de les
            raconter en violant le rythme proposé se sont toujours soldées par un
             échec. [...] Je me répète à moi-même que je suis en train d’écrire non
                                        pas un texte, mais une partition musicale. »
                                                                                             Ivan Viripaev

Mise à jour 7/01/2022                                                                                            5
Les thématiques
           Une pièce existentielle, entre le rire et la mort

           Danse « Delhi » invite à une réflexion sur notre rapport à la mort, à la souffrance, à la
           culpabilité, vers le chemin de la liberté. Qu’est-ce qui fait obstacle à l’empathie et à la
           communication dans un monde ultra-connecté, où la rapidité et l’efficacité priment ?
           Aujourd’hui, notre paysage mental est saturé par les informations, le bruit, la vitesse.
           L’image est omniprésente, l’actualité permanente.
           Quelle valeur a notre douleur dans un monde aseptisé, où le trop-plein d’informations est
           susceptible de nous avaler, de créer un enfermement sur soi au risque de nous anesthésier,
           de ne plus être en capacité de ressentir ni soi, ni le monde qui nous entoure ?
           Notre compréhension de l’autre se fragilise, s’étiole, noyée dans ce flot d’informations qui
           crée une distance, un sentiment d’étrangeté. Comme l’écrit le philosophe G. Agamben,
           « l’homme moderne rentre chez lui le soir épuisé par un fatras d’évènement – divertissants
           ou ennuyeux, insolites ou ordinaires, agréables ou atroces - sans qu’aucun d’eux se soit mué
           en expérience. C’est bien cette impossibilité ou nous sommes de la traduire en expérience
           qui rend notre vie quotidienne insupportable, plus qu’elle ne l’a jamais été ». Ainsi, notre
           langage devient bavardage, ponctué par un discours qui croit tout dire, « sans marge et
           sans frontière » remarque Agamben. Les réponses que nous émettons deviennent alors
           des logorrhées ou des interjections émotionnelles. Nous devenons répétitifs, murés dans
           nos petites certitudes. La peur du jugement envahie nos réactions. Dans ce monde qui file
           à toute allure, il faut oser faire l’expérience du vivant et de soi, oser suspendre le temps
           pour comprendre l’autre, la situation et ses propres émotions. Dans ce huis-clos qu’offre
           Danse «Delhi», la situation se répète sept fois comme pour en saisir toute la complexité, la
           variation régit l’action. Ivan Viripaev plonge ses personnages à l’apogée d’une douleur qui
           a valeur d’initiation, ouvrant à l’introspection. Chacun fait face à la mort d’un proche. De
           là, on assiste aux décharges émotionnelles puis à la prise de conscience de sensations
           profondément intimes, refoulées.
           Par son écriture qui dissèque le réel au scalpel, Viripaev dévoile une société et ses non-
           dits, ses malaises. La pièce est construite comme un tourbillon, un laboratoire permettant
           de sonder les âmes.

Mise à jour 7/01/2022                                                                                     6
extrait pièce n°6 et au début et à la fin

           ANDREÏ – J’ai vendu ma voiture, à cause de ces foutus bouchons. Il est devenu impossible
           de circuler en ville. Tu mets deux heures pour aller de la maison jusqu’au travail, alors qu’en
           métro, je ne mets qu’une demi-heure, de la porte de mon appartement à la porte de l’institut.
           Je prends le métro, je lis la publicité, collée sur les murs et sur les vitres du train. J’apprends
           qu’il existe de formidables nouveaux aspirateurs, j’apprends qu’il est possible d’acheter un
           appartement à crédit, j’apprends qu’il existe des pays touristiques, (…) Je descend sous
           terre, là-bas aussi il y a de la vie. (…) Je descends sous terre. J’ai moi-même choisi cette voie
           pour moi. J’ai vendu ma voiture à cause des bouchons. J’ai décidé de descendre sous terre,
           parce que comme ça, ca va plus vite. Je descends sous terre…Je descends sous terre…Je
           ne me souviens plus de quoi je voulais parler…

           extrait pièce n°2 à l’intérieur de la danse

           ANDREÏ – Je t’ai menti, Katia. J’ai menti tout le temps, du début à la fin. J’ai tout simplement
           eu la trouille. J’avais tout simplement peur de ce qui pouvait suivre. J’ai eu peur de la
           responsabilité. Je suis habitué à considérer que tout ne tient qu’à moi, tout ce qu’il y a
           autour, tout le monde terrestre. J’ai toujours l’impression de tout contrôler. Je pense à ce
           que vont devenir ma femme, mes enfants, je suis sur qu’ils ne survivront pas sans moi, j’ai
           un complexe d’hyperpuissance. Katia, parce que j’ai la trouille. Je suis un trouillard, Katia.
           Et je t’ai trompée parce que je t’aime. Ca fait longtemps que je t’ai à l’intérieur de moi, mais
           je n’osais pas te le dire. Le sentiment de responsabilité m’en empêchait. J’ai décidé de te
           mentir, mais quand j’ai su que ta mère était décédée, j’ai pensé qu’en ce moment tu éprouvais
           beaucoup trop de malheur et pas une goutte de joie. Je veux t’offrir notre joie, celle que nous
           avons méritée tous les deux. Je ne peux plus vivre dans mon propre égoïsme et par peur de
           mentir à moi et aux autres. Je suis noyé dans mes manies et dans le mensonge. Je t’aime.

           Andreï est une véritable figure de cet homme moderne submergé par le trop-plein
           d’informations permanentes, empli du sentiment de devoir être toujours plus performant,
           soumis à la pression d’aller toujours plus vite et de faire toujours mieux, être plus efficace.
           La mort de la mère de Katia est comme un électrochoc pour Andreï, sur son état et ce sur
           quoi il fermait les yeux. A-t-on besoin aujourd’hui de choc émotionnel si fort pour arrêter
           cet espace temps de rapidité ? Est-ce néfaste à notre rapport à l’autre ?

Mise à jour 7/01/2022                                                                                            7
Des corps en mouvement, une danse insondable

           INFIRMIÈRE – « … Elle a commencé à transformer cette douleur en une danse sublime et à
           libérer toute cette douleur. Elle a créé une danse sublime et enchanteresse nommée « Delhi
           ». (Extrait de la Pièce n°7)

           La danse « Delhi » est la création d’un des personnages de la pièce, Catherine, une
           danseuse du Ballet de l’Opéra, qui, au retour d’un voyage en Inde, frappée par la souffrance
           et la misère qu’elle a observée dans ce pays, quitte la troupe et créée sa danse qui la
           rendra célèbre. Cette danse occupe les consciences, obsède ses proches, son amant,
           sa mère. Tous en ont été les témoins, les spectateurs subjugués. Tous ont été séduits,
           hypnotisés, happés ou dérangés par les mouvements de cette danse. Cette danse « Delhi
           », on ne la voit jamais. Ivan Viripaev choisit de ne pas la représenter dans sa pièce, mais
           on se l’imagine d’autant plus. Endroit de catharsis voilé au public, la danse se joue entre
           les mots, par le langage qui ne dit pas tout, par les corps des acteurs. Elle nous est ainsi
           rapportée par tous les personnages comme le souvenir d’un moment extraordinaire sur
           lequel il est difficile de mettre des mots tant ils ont été traversés par une sensation plus
           grande qu’eux. Pour certains, ce spectacle fut un bouleversement intime, pour d’autres, un
           abandon de soi, une thérapie de la douleur, une plongée dans la compassion infinie :
           LA FEMME ÂGÉE – … Ce jour là j’ai compris ce qu’est la danse. En quoi réside son fond,
           son sens. J’ai compris que tout ce qui nous entoure, est danse. Que nous sommes tous des
           danseurs qui tournent dans cette danse…Je suis danseur. Je suis la danse. Je suis la fin de
           la danse. (Extrait de la Pièce n°3)
           ANDREÏ – … hymne à la laideur et à la tragédie humaine. C’est une danse qui dit au monde
           que l’horreur et la douleur n’existent pas, et que n’existe que la beauté de la danse. Que tout
           est danse. (Extrait de la Pièce n°4)

           Pour d’autres, cette danse qui est une célébration de la douleur provoque le dégoût.
           La mère de Catherine, notamment, s’indigne de voir comment sa fille s’est inspirée du
           malheur des autres pour créer, devenir célèbre :
           LA MÈRE – Tu deviens célèbre en chantant le malheur des autres. Tu danses et tu reçois la
           gloire, mais ceux que tu danses, meurent de misère et de maladie. Tu deviens heureuse en
           montrant les malheurs des autres. (Extrait de la Pièce n°3)

           Dans une mise en abyme de sa propre pièce, Ivan Viripaev questionne avec la danse
           « Delhi » la place de l’Art, la représentation de l’innommable et l’expérience faite par chaque
           spectateur.

                   « On trouve dans cette pièce un jeu de genre, une construction
                résolument postmoderniste. La pièce n’appartient pas au théâtre
            psychologique, c’est un texte qui n’est pas à jouer mais à “interpréter”
                                           à la manière d’une partition musicale. »
                                                                                          Ivan Viripaev

Mise à jour 7/01/2022                                                                                        8
Les préméditations poétiques
           de mise en scène et création
           musicale
           Danse « Delhi » a pour sous-titre « Une pièce en sept pièces ».
           Ivan Viripaev structure ses sept courtes pièces par la répétition de didascalies identiques,
           qui ouvrent et clôturent chacune d’elles. Ainsi à l’ouverture, « le rideau s’ouvre », puis à
           chaque fin, « le rideau se ferme. Les acteurs entrent en avant-scène et saluent le public »,
           jetant le trouble.
           Tout comme les poupées russes, les pièces se déclinent les unes après les autres, se
           décalent, s’entremêlent pour devenir le terrain de jeu commun des acteurs et spectateurs.
           Il n’y a aucune linéarité. La dramaturgie interroge l’essence même de l’événement : « Et si
           cet événement n’avait pas eu lieu à ce moment là, que se serait-il passé...» L’écriture ouvre
           ainsi le jeu des possibles. Entre réalité et illusion, au fur et à mesure des levers de rideaux,
           c’est comme un rubik’s cube qui se met en place. Un détail dans l’espace change et nous
           fait basculer dans un autre espace temps. Nous entrons dans un autre lieu, dans une autre
           vie.
           Le trouble est là, on reconnaît sans reconnaître, la situation diffère, les personnages restent
           les mêmes mais semblent apparaître dans des vies décalées. Le passé est mouvant, le
           présent varie, les prises de conscience construisent le futur. Le spectateur est tout d’abord
           troublé puis il comprend, repère la variation, s’amuse des déclinaisons. Chaque début de
           pièce porte en elle son propre suspens : quel personnage va entrer en scène ? Qui va
           mourir ? Qui va en être bouleversé ? Quel va être l’aveu central ? Comment vont se révéler
           les haines, l’Amour, les rivalités, l’admiration ? Au fur et à mesure, nous en apprenons
           toujours plus sur ces personnages, leurs humanités fragiles se densifient, déclinées à
           l’infini.
           Pour faire apparaître ce jeu de poupées russes, je souhaite mettre en jeu l’ensemble du
           plateau pour sublimer ces variations : les acteurs, la musique, la scénographie et la lumière.

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Le jeu d’acteur, une enquête intime
                                     « On ne s’expose pas sans risque aux confidences
                                           comme à certaines radiations » Jean Echenoz

           Dans Danse « Dehli », l’humour sous-tend toutes les situations, la rupture est de règle. Le
           texte, drôle et tragique, mêle des registres antinomiques. Il déploie une philosophie du rire
           et de l’étrangeté proche de la comédie satyrique.
           L’enjeu pour les comédiennes et le comédien est de saisir intimement les mouvements de
           pensées qui animent leurs personnages dans chaque pièce mais aussi à travers l’ensemble.
           Cette dramaturgie à tiroirs nécessite une cartographie précise du personnage, proche de
           l’enquête. A chaque démarrage de pièce, il faut que chaque acteur sache d’où il démarre,
           quel est l’enjeu, son rapport aux autres, au passé. Une fois toutes les cartes en mains, il
           faut creuser chaque situation car la parole révèle ces endroits de rupture psychologique
           où le mouvement émotionnel devient le premier moteur de l’action. Si le mouvement
           devient rythmique pour l’acteur et donc sensitif, il ne pourra qu’être au présent. La musique
           permettra aussi d’être au coeur d’un mouvement plus instinctif. Improvisations musicales
           en répétition comme un appui émotionnel, nous nous amuserons à superposer musique et
           texte, puis à enlever l’un ou l’autre et laisser les corps nous raconter l’histoire. La musique
           deviendra à son tour un réel partenaire de jeu, au coeur de l’espace.

             «Parfois, dans les textes de Viripaev, la logique du développement de
               la pensée est musicale, et non linéaire. Elle ne suit pas les modèles
                    classiques de la compréhension. Dans ces flux de paroles très
                 souvent, le sens se déploie comme un thème musical. Les motifs
               reviennent sous la forme d’images, et ces récurrences construisent
              peu à peu une sorte de code de compréhension. Mais, parfois, il agit
               sur toi plus comme une vibration que comme un sens.» Galin Stoev..

                  « On trouve dans cette pièce un jeu de genre, une construction
               résolument post-moderniste. La pièce n’appartient pas au théâtre
            psychologique, c’est un texte qui n’est pas à jouer mais à “interpréter”
                              à la manière d’une partition musicale. » Ivan Viriapev

                  « Parce que je pense que le théâtre est une forme émotionnelle du
                  discours philosophique. Dans un traité, les concepts sont compris,
                       assimilés, au théâtre, ils peuvent être ressentis. » Ivan Viripaev

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Texte & musicalité

                    « Dans toutes mes pièces, je travaille très précisément le rythme.
                 Il faut lire mes textes comme de la poésie, toutes les tentatives de
                  les raconter en violant le rythme proposé se sont toujours soldées
                      par un échec. [...] Je me répète à moi-même que je suis en train
                d’écrire non pas un texte, mais une partition musicale. » Ivan Viripaev

           Une de mes obsessions au sein de la cie DET KAIZEN est la relation qui unit le texte
           et la musique. Dans ma recherche théâtrale, je considère le texte comme une partition
           musicale. Pendant les répétitions je parle souvent du mouvement de la pensée, du rythme
           et de la partition. Je cherche cet endroit de symbiose où la puissance du texte et de
           l’image combinés à la musique révèle l’intime d’une histoire. Dès la première lecture de
           Danse « Delhi » j’ai ressenti des mouvements de pensées qui se développent comme des
           mouvements musicaux, rythmés et puissants. L’écriture se déplie comme une partition,
           le tempo change, la mélodie aussi. L’acteur devient ici l’interprète d’une langue. Un motif
           du texte revient à travers toutes les pièces, faisant entendre les mêmes mots. Pourtant,
           il résonne toujours différemment comme le motif qui se répète lors de la variation en
           musique.
           Danse « Delhi » est construite en sept pièces, comme une partition musicale en sept
           variations, déployées sur un même thème.

           Création live d’un album en sept variations

           Avec la musicienne Vivianne Hélary, nous imaginons l’ensemble du spectacle comme un
           album de musique joué en live décliné en sept titres. Sept morceaux qui insuffleraient
           chacun une tonalité, un rythme et une couleur à chaque pièce. L’idée est de mettre en
           parallèle la musique et la musicalité d’un texte, comment l’un influe sur l’autre. Viviane est
           multi instrumentiste. Elle boucle une phrase avec son violon alto, la transforme pour lui
           donner une mélancolie avec ses pédales d’effets, un piano électronique reprend le dessus
           avec rage et les voix des acteurs sont captées, transformées et mises au coeur d’une
           création musicale en direct. Les résonnances électro-acoustiques participent à l’onirisme,
           font avancer l’histoire, nous transportent et suspendent le temps entre les pièces.

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Variations et recherches musicales

           La définition même de la variation en musique nous donne les clés de jeu et de recherche
           musicale : « Transformation d’une phrase musicale par divers procédés d’écriture qui
           touchent, séparément ou simultanément, à la mélodie, au rythme, à la mesure, au mode,
           au ton, à l’harmonie, à la polyphonie, tout en laissant le thème original discernable. »

           sept titres de pièce / sept morceaux qui constituent une phrase
           Nous imaginons avec la musicienne Viviane Hélary l’ensemble du spectacle comme un
           album de musique joué en live : sept titres de pièce / sept morceaux qui constituent une
           phrase :
           Chaque mouvement / À l’intérieur de la danse / Ressenti par toi / Avec calme et attention
           / Et à l’intérieur et à l’extérieur / Et au début et à la fin / Au fond et à la surface du sommeil.
           A travers Danse « Delhi » j’aimerais que s’ajoute à chaque morceau un instrument ou une
           voix. Une femme seule, multi-instrumentiste, joue dans les hôpitaux, allégorie de cette
           société performante où les moyens d’informations et de communications se multiplient
           mais où la solitude ne fait qu’augmenter. Et parallèlement au fur et à mesure la musique
           ramène du sens, de l’émotion et un endroit de partage et de communication dont les mots
           n’ont plus le pouvoir.
           Elle commencerait avec un thème et son violon alto puis ajouterait juste une première
           pédale d’effet comme pour donner les codes : un instrument, un corps, une résonnance
           qui est bouleversée par l’arrivée d’un autre élément qui va influer sur lui.
           Pendant le passage de la première pièce, elle resterait au plateau avec tous ces instruments
           (violon alto, violon, organelle, thérémine, guitare électrique, petits instruments percussifs,
           rhodes, pédales d’effets) comme une chercheuse en laboratoire ou médecin en préparation
           du bloc, allégorie de toutes ces machines reliées aux patients dans les hôpitaux. Ceux qui
           ne jouent pas seraient avec elle et enregistreraient des voix, des sons, le bruit de leurs
           battements de cœur, leur souffle en sortant de scène.
           Comme l’annonce le musicologue Jean-Yves Bosseur « la structure musicale devient une
           sorte de réceptacle pouvant accueillir les divers matériaux que sont les bruits, les sons, les
           silences, les gestes et les mots » (Jean- Yves Bosseur, John Cage, Paris, Minerve, 2000,
           p. 36.) John Cage, lui, prétendait que l’une des composantes les plus intéressantes en
           art était ce facteur d’imprévisibilité où des éléments extérieurs s’intégraient à l’œuvre de
           manière accidentelle.
           Ainsi, certains sons viendraient-ils interagir avec le jeu et certains sons du jeu viendraient
           être repris pour la création musicale du deuxième morceau. A la fin de la première pièce,
           deuxième chanson. On reprend le même thème mais il varie avec ce qu’elle vient de
           construire en direct. Nous écoutons une deuxième chanson qui nous transporte déjà
           ailleurs, le thème évolue, varie, se transforme, un autre rythme, une autre tonalité nous
           est donnée et nous voilà partie pour la deuxième pièce. Le but serait donc de construire
           pendant chaque pièce le morceau d’après tout en gardant ce thème au violon alto donné
           comme le la du démarrage et d’arriver à la fin à un morceau orchestré (image de la femme
           orchestre), construit à travers les sept variations et qu’elle jouerait seule.

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La scénographie
           La fabrique de musique comme cœur battant de l’hôpital.
           Avec la scénographe Margot Clavières, nous avons pensé à un décor qui tournera autour
           de la musicienne.
           « Toute proche des familles, derrière une fine cloison, Viviane Hélary donnera le rythme des
           sensations, elle ponctuera les ressentis, elle apportera l’ambiance, le frisson du sol et des
           parois pendant l’attente ou les confessions et les grands éclats des nouvelles. Viviane sera
           derrière une cloison transparente, toute proche des acteurs mais ils ne la voient pas. Seul le
           public la distingue, elle est l’esprit des lieux. À l’hôpital, nous ne sommes jamais chez nous,
           nous sommes immergés dans l’espace public pour les moments les plus forts de notre vie.
           Il y a les machines, le personnel, les médecins, nos ressentis sont vus et sur écoute alors
           que nous sommes submergés par les nouvelles qui transforment nos vies. »
                                                                                         Margot Clavières

           Un espace réaliste et onirique variable comme un rubik’s cube
           Le spectacle se situe dans un salon réservé aux familles. Au sein de l’hôpital, c’est un lieu
           d’intimité privé qui n’est pas une salle d’attente. Nous devons chercher le réalisme tout en
           aimant le décalage de ce lieu particulier. Ici, l’espace se redessine sept fois. Salon pour
           les familles, laboratoire d’expérience humaine proche du rêve, territoire de réinvention et
           d’onirisme dans un lieu délimité. Le décor sera mobile, dans l’esprit d’un rubik’s cube qui se
           décale et offre une nouvelle facette pour chaque pièce. Les angles se modifieront lors des
           interludes pour dessiner toujours de nouveaux lieux pour le jeu. Pièce après pièce, Viripaev
           modifie les événements qui touchent ses personnages, en parallèle, nous modifieront les
           lieux de façon plus ou moins perceptible. Lors de chaque début, les acteurs arriveront
           dans une nouvelle géographie qui aura été composée de façon légère, avec les éléments
           présents sur le plateau, série de panneaux identiques qui se combineront de façon
           inédite pour chaque scène. Les personnages de Viripaev sont des rêveurs éveillés qui
           se cherchent. J’aime imaginer le décor s’effacer très rapidement et réapparaitre parfois
           légèrement différent, comme dans les rêves où on comprend qu’il y a un décalage mais
           on ne sait pas exactement à quoi cela tient.

                        A chaque fin de pièce, les murs tombent, comme le rideau qui se ferme.
                                            Un morceau se joue pour nous…
                                                   Suspend le temps…
                                                      Clos la pièce…
                                Notre rêverie se poursuit et nous transporte ailleurs..
                                                  Les murs remontent…
                                                   Un peu différents..
                                     Les personnages rentrent, un peu différents..
                                       Nous voilà dans un autre espace temps..
                                                     Le jeu reprend..

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Ivan Viripaev
           Né à Irkoutsk en 1974, il commence en            en scène la version polonaise de Juillet
           Sibérie une carrière d’acteur et fonde, en       au Teatr Na Woli de Varsovie, et achève
           1999, la compagnie Espace du jeu, avec           parallèlement Danse « Delhi », qu’il crée en
           les membres de sa promotion de l’école du        polonais au Théâtre national de Varsovie
           Théâtre d’Irkoutsk.                              en 2010.
           En 2000, il met en scène sa première pièce,      En 2010, il écrit et met en scène au Théâtre
           Les Rêves, qui remporte un vif succès            Praktika à Moscou, Comedia, second volet
           au Festival du Théâtre documentaire de           d’une trilogie inaugurée avec Juillet, et
           Moscou.                                          dirige une master class à l’Académie de
           En 2001, il s’installe à Moscou et participe     Théâtre de Varsovie.
           à la fondation du Teatr.doc, lieu alternatif     Début 2011, il achève, sur commande du
           inauguré avec sa pièce, Oxygène, mise            metteur en scène polonais G. Jarzyna
           en scène par V. Ryjakov. Primée dans de          Dream Works, dont la version polonaise
           nombreux festivals russes et étrangers, la       sera créée au Teatr Rozmaitosci de
           pièce est traduite et montée en Pologne,         Varsovie. Sa dernière pièce, Illusions, est en
           Bulgarie, Allemagne, Angleterre, Autriche,       cours de production en version allemande.
           Italie, Grèce...                                 En France, son spectacle, Les Rêves,
           En 2004, son troisième texte, Genèse n° 2        est présenté au Théâtre de la Cité
           est mis en scène à Moscou par Ryjakov.           Internationale en 2002. Oxygène et Genèse
           En 2005, il écrit et réalise son premier long-   n° 2, mises en scène en Belgique par G.
           métrage, Euphoria, primé aux Festivals           Stoev en 2004 et 2006, rencontrent un
           de cinéma de Moscou, Venise, Varsovie,           vif succès dans l’espace francophone
           Wiesbaden. En 2006, il crée sa pièce Juillet,    (Festival Passages - Nancy, Théâtre de la
           à Moscou (avec P. Agoureeva, comédienne          Cité Inter, 61e Festival d’Avignon, Festival
           du Théâtre Fomenko) et fonde, en 2007,           TransAmériques – Montréal).
           «Mouvement Oxygène», sa propre                   L. Berelowitsch crée Juillet en novembre
           structure de production et de création. À        2009 à la Scène nationale de Cherbourg.
           Moscou, il co-signe en 2008 la mise en           M. Sidoroff réalise Les Rêves à la radio
           scène d’Expliquer, d’après l’œuvre du poète      (France Culture) et F. Bergoin crée la pièce
           et philosophe kazakh, Abaï Kunanbaev             au Théâtre de la Fabrique à Bastia en
           (1845-1904).                                     janvier 2011.
           En 2009, il adapte Oxygène au cinéma ;           Son théâtre, traduit en français par Tania
           présenté au Festival Kinotavr Sochi, le film     Moguilevskaia et Gilles Morel, est publié
           reçoit trois prix. La même année, il met         aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

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Gaëlle Hermant
           Formée à l’école Claude Mathieu                co-signe l’adaptation. En 2016, elle assiste
           (promotion 2010), elle passe du jeu à          et dirige Christian Benedetti sur deux
           la mise en scène. Elle met en scène en         pièces de Sarah Kane, Blasted et 4.48
           2011 L’Atelier de Jean Claude Grumberg         Psychose, au Théâtre Studio à Alfortville.
           dans le cadre du Festival Premiers Pas         Avec sa Cie DET KAIZEN, dont elle est
           à la Cartoucherie de Vincennes. Elle           la directrice artistique, elle met en scène
           joue dans Le monde e(s)t moi, mise en          Dites-moi qui je rêve, d’après Le journal
           scène de Laure Rungette de 2012 à 2014.        d’un fou de Gogol en 2014, qu’elle joue
           Son parcours de metteure en scène est          au Théâtre de Belleville, au Théâtre
           ponctué de rencontres et de collaborations     Gérard Philipe - CDN de St-Denis dans
           artistiques : De 2011 à 2013 elle suit le      le cadre d’Une semaine en Compagnie,
           projet Atavisme de Philippe Fenwick, qui       et à l’Espace Sorano de Vincennes. En
           tournera de Brest à Vladivostok.               2018 elle poursuit la recherche avec sa
           Depuis 2011, elle collabore artistiquement     Compagnie par de l’écriture de plateau
           au côté de Jean Bellorini sur : Le rêve d’un   sous formes d’improvisations. De là est né
           homme ridicule de Dostoïevski, projet          Le Monde dans un instant, créé à La Criée,
           adolescence et territoire de l’Odéon-          Théâtre National de Marseille et joué au
           Théâtre de l’Europe ; Antigone de Sophocle     Théâtre Gérard Philipe - CDN de St-Denis et
           et 1793, création collective du Théâtre du     au Théâtre Studio à Alfortville.
           Soleil, avec la Troupe Éphémère du Théâtre     Désireuse de creuser les sujets fondateurs
           Gérard Philipe, Centre Dramatique National     de la Cie tels que les difficultés de
           de Saint-Denis.                                communication entre les êtres, l’altérité
           En 2015 la rencontre artistique avec           et la solitude qui se jouent dans un
           Macha Makeïeff l’amène à devenir sa            monde ultra connecté, en mêlant l’intime
           collaboratrice artistique sur Trissotin ou     à l’Histoire et de poursuivre sa recherche
           Les femmes savantes puis sur La Fuite !        sur la relation spécifique entre musique et
           de Boulgakov et sur Lewis versus Alice,        texte dramatique, elle crée Danse « Delhi »
           dernière création, créée à La Fabrica          d’Ivan Viripaev..
           au Festival IN d’Avignon 2019, dont elle

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Le mot kaizen est la fusion des deux mots japonais kai et zen qui
           signifient respectivement « changement » et « meilleur ».
           Dans la traduction française courante le mot japonais kaizen signifie
           « amélioration continue ». Par extension, on veut signifier « analyser
           pour rendre meilleur ».
           Kaizen est une méthode. C’est en s’unissant et par de petits
           changements que l’on peut arriver à de grandes transformations.

           Cie DET KAIZEN
           DET KAIZEN c’est une équipe d’artistes qui        Pour aller plus loin dans notre recherche
           s’enrichit de nouvelles rencontres, se méta-      au plateau, nous sommes passés par un
           morphose à chaque spectacle.                      processus d’écriture collective pour créer
           A la sortie de l’école Claude Mathieu en          notre deuxième spectacle. De là est né
           2010, j’ai réuni un noyau d’artistes autour       Le Monde dans un instant (2018), fable
           de la nouvelle Le Journal d’un fou de Gogol.      dystopique sur le lien ambigu qui unit les
           Première création venant questionner des          humains aux machines, peuplée de robots
           sujets fondateurs de la compagnie : les dif-      humanoïdes. Au cœur de ce spectacle, des
           ficultés de communication entre les êtres         fragments de vie burlesques et intimes,
           et la frontière si fragile entre l’inclusion et   des êtres plongés dans un quotidien où
           l’exclusion dans notre société. Pratiquant        les nouvelles technologies accentuent ou
           la musique depuis toujours, je cherche à          comblent la solitude. Fruit d’une création
           chaque spectacle, la relation spécifique qui      sonore en directe, la musique rhapsodique,
           unit un texte à la musique. Dites-moi que         aux accents virtuels et psychédéliques
           je rêve se déploie comme une adaptation           participait pleinement à la dramaturgie de
           polyphonique du Journal d’un fou de Gogol         cette pièce.
           (2014) pour trois comédien.e.s musicien.          C’est aujourd’hui à travers la langue de l’au-
           ne.s.                                             teur russe Ivan Viripaev, la forme et les thé-
           Dans nos créations, l’onirisme et l’humour        matiques de sa pièce Danse « Delhi » que
           occupent une place centrale, dessinant            nous poursuivons notre recherche..
           une humanité teintée d’absurde et d’étran-
           geté. Par cet univers décalé, nous interro-
           geons des thématiques sociales et exis-
           tentielles comme la marginalité, la folie,
           l’altérité et la solitude qui se jouent dans un
           monde ultra connecté, en mêlant l’intime à
           l’Histoire.

Mise à jour 7/01/2022                                                                                         16
Équipe artistique
           Christine Brücher                                 Manon Clavel
           Formée au Conservatoire de Paris dans             Née aux Etats Unis, d’un père américain
           la classe d’AntoineVitez, elle rejoint au         et d’une mère française, elle est arrivée en
           cinéma l’équipe de Robert Guédiguian :            France à l’âge de 10 ans. Après l’obtention
           Dieu vomit les tièdes, La Ville est tranquille,   d’une licence en architecture, sa première
           À la place du cœur, L’Armée du crime...           rencontre avec le cinéma a lieu en 2011
           Elle joue également sous la direction             lors du tournage d’un court-métrage, Le
           de Bertrand Tavernier (La Princesse de            Sully d’Antoine Pineau. Elle commence à
           Montpensier), Michel Deville (La Maladie          faire du théâtre en 2014, au Conservatoire
           de Sachs), Dominik Moll (Intimité), Isabelle      du Xe de Paris avec Sandra Rebocho,
           Czajka (D’amour et d’eau fraîche - prix Jean      puis en 3e année au Cours Florent avec
           Carmet du meilleur second rôle).                  Antonia Malinova et Grétel Delattre. Reçue
           Au théâtre, elle joue notamment avec              au Conservatoire National Supérieur
           Charles Tordjmann : La Nuit des rois, La          d’Art Dramatique en 2016, elle travaille
           Vie de Myriam C. et Daewoo ; elle travaille       entre autres avec Xavier Gallais, Caroline
           également avec Élisabeth Chailloux (Les           Marcadé, Sandy Ouvrier, Philippe Garrel,
           Fruits d’or), Jacques Osinski (Georges            Roman Jean-Elie, Jean-Yves Ruf, Julie
           Dandin, L’Usine, L’Avare), Lambert Wilson         Bertin.
           (La Fausse suivante), Tilly (Minuit chrétien),    Depuis 2011 elle tourne dans de
           Jacques Nichet (Retour au désert, Les             nombreux courts métrages, avec l’EICAR,
           Cercueils de zinc), Christian Benedetti (La       la Fémis, ainsi que des courts métrages
           Mouette, Les Trois sœurs) et Daniel San           auto-produits.
           Pedro (Yerma). Elle joue dans La Truite de        En décembre 2018, elle joue dans le
           Baptiste Amann, mise en scène de Remi             premier film français du cinéaste japonais
           Barché.                                           Kore-Eda Hirokazu, La Vérité, 2019. Elle
           Elle travaille beaucoup avec Laurent              joue au théâtre du Rond Point et à la
           Pelly : Talking Heads 1&2 d’Alan Bennett,         MPAA de Saint Germain, Ils sont nés là de
           En caravane d’Elizabeth von Arnim,                Noham Selcer et mise en scène par Pierre
           Coccinando de Luccia Laragione, Jacques           Notte. Elle joue aux Bouffes du Nord en
           ou la soumission et L’Avenir est dans les         2016 mis en scène par Thierry Harcourt,
           œufs, La Cantatrice chauve d’Eugène               à l’occasion du Prix Olga Horstig, dont elle
           Ionesco, Mille francs de récompense de            est la lauréate féminine, dans Dom Juan
           Victor Hugo.                                      de Molière mis en scène par Benjamin
           Elle joue aussi pour Agathe Mélinand :            Voisin, Still life d’Emily Mann, mis en scène
           Enfance et Adolescence de Jean Santeuil           par Pierre Laville, After the end de Dennis
           de Marcel Proust et le petit livre d’Anna         Kelly mis en scène par Salomé Ayache, et
           Magdalena Bach et jouera prochainement            Majorana 370 écrit par Elisabeth Bouchaud
           avec la cie DET KAIZEN dans Danse «               et Florient Azoulay et mis en scène par
           Delhi » d’Ivan Viripaev, mis en scène par         Xavier Gallais et jouera avec la cie DET
           Gaëlle Hermant.                                   KAIZEN Olga dans Danse « Delhi » d’Ivan
                                                             Viripaev, mis en scène par Gaëlle Hermant.

Mise à jour 7/01/2022                                                                                        17
Jules Garreau                                   Viviane Hélary
           Après une formation à l’école Claude            Musicienne et chanteuse, formée à Rennes
           Mathieu à Paris, Jules intègre l’école          aux côtés d’Alain Carré, elle étudie le violon
           du Théâtre National de Strasbourg et            une dizaine d’années avec Barbara Coëslier
           travaille notamment avec Jean-Yves Ruf,         et dans l’Orchestre des Jeunes de Haute
           André Markowicz, Pierre Meunier, Jean-          Bretagne. Plus tard, elle intègre le groupe
           Louis Hourdin, Julie Brochen, Françoise         Chapo Bas (chanson swing) et prend
           Rondeleux et Alain Françon, avec lequel         rapidement goût à la scène.
           il jouera Les Estivants de Maxime Gorki         En 2000, débarquée à Paris du haut de
           au Théâtre National de la Colline pour le       ses 20 ans pour terminer des études
           spectacle de sortie de sa promotion en juin     en psychologie et musicothérapie, elle
           2013.                                           continue sa route dans le spectacle vivant.
           A sa sortie du TNS, il travaille avec Jean      Entre 2004 et 2014, elle grandit avec le
           Bellorini sur La bonne âme du Se-tchouan        groupe féminin Face à la mer (chanson),
           de Brecht créé au Théâtre National de           tourne partout en France, compose
           Toulouse en octobre 2013 puis repris            et arrange sur les deux albums parus.
           à l’Odéon aux Ateliers Berthier puis en         Parallèlement elle joue avec Micusnule
           tournée en France et à Pékin. Il travaille      (musique alternative). En 2015, elle rejoint
           régulièrement avec la compagnie Le              FANCH (chanson rock), artiste accompli de
           Temps est Incertain, implanté dans le           la scène française.
           Maine et Loire, dirigée par Camille de la       Violoniste et chanteuse, elle explore au fil
           Guillonière, en participant à «la tournée       du temps de nouvelles textures sonores
           des villages». Il participe sous la direction   (claviers, thérémine, MAO) qu’elle intègre
           de Cédric Aussir pour Radio France à            à son jeu. Le groupe sort un nouvel album
           la création de Dracula avec l’orchestre         en 2019. Comme une évidence, sa route
           national de Radio France.                       croise celle de la metteure en scène
           Il joue en 2016 avec la compagnie Le            Gaëlle Hermant : elle crée et interprète la
           Théâtre des Crescite, Macbeth - Fatum, mis      musique du spectacle Dites-moi que je rêve
           en scène par Angelo Jossec et participe à la    d’après le Journal d’un fou de Gogol Cie
           création de Karamazov d’après Les Frères        Le fil a Tissé (2013) puis Le monde dans
           Karamazov de Dostoïevski, mis en scène          un instant Cie DET KAIZEN (2017-2018) et
           par Jean Bellorini au Festival d’Avignon.       prépare la future création Danse « Delhi »
           En 2018, avec la compagnie DET KAIZEN il        d’Ivan Viripaev.
           crée le spectacle Le Monde dans Un Instant      Viviane anime parallèlement des ateliers
           mis en scène par Gaëlle Hermant (La             de musique et de musicothérapie dans
           Criée Marseille, TGP CDN de Saint-Denis,        diverses structures (hôpital, centre
           Théâtre Studio d’Alfortville.) Stages avec      social, crèche, école...). Créatrice de la
           les chantiers nomades sous la direction de      bande sonore du spectacle Les vies du
           Julie Deliquet « du réel à la fiction », puis   corps (2015) aux côtés de la danseuse
           avec Jean-François Sivadier.                    chorégraphe Amélie Durand Cie Contraste,
           En 2020 il jouera Valère dans Danse «           elle collabore actuellement au nouveau
           Delhi » d’Ivan Viripaev, mis en scène par       projet Corpuscules (2020).
           Gaëlle Hermant.

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Marie Kauffmann                                 Kyra Krasniansky
           Marie Kauffmann intègre le CNSAD en             Née en 1989, de nationalité Franco-
           2008 dans la classe de Nada Strancar.           Allemande, Kyra Krasniansky découvre le
           Pendant sa formation, elle travaille            théâtre à l’âge de neuf ans. Après quelques
           notamment avec Jean-Damien Barbin, Yves         années de danse classique, elle débute
           Beaunesne, Yann-Joël Collin, Julien Oliveri…    dans la Compagnie Pandora dirigée par
           Depuis sa sortie en 2011, elle joue sous la     Brigitte Jaques au lycée Claude Monet
           direction de Richard Brunel, Joël Dragutin,     à Paris ; de 2007 à 2010, parallèlement
           et en 2013, elle est Roxane dans Cyrano         à une licence de Lettres Modernes à la
           de Bergerac mis en scène par Georges            Sorbonne, elle se forme au conservatoire
           Lavaudant.                                      du XIV arrondissement de Paris ; elle
           Au cinéma elle travaille sous la direction      intègre ensuite l’Ecole Supérieure du
           de Nicolas Klotz, Sébastien Betbeder,           Théâtre National de Strasbourg, sous la
           Philippe Triboit, Stephen Cafiero, Mali Arun,   direction de Julie Brochen. Alain Françon
           Just Philippot, Olivier Broudeur et Anthony     la met en scène dans « Rouge, noir et
           Queré. Elle interprète ensuite Olga dans        ignorant » d’Edward Bond, ainsi que dans
           Danse «Delhi» mise en scène par Gaëlle          « Les Estivants » de Maxime Gorki ; elle
           Hermant.                                        travaille également dans plusieurs ateliers
                                                           dirigés par Krystian Lupa, Pierre Meunier
                                                           et George Lavaudant. En 2012, elle danse
                                                           dans le spectacle de Virginia Heinen, «
                                                           Schritte », à l’école du TNS et joue dans
                                                           « Eugène Onéguine » de Pouchkine mis
                                                           en scène par Jean-Yves Ruf, spectacle
                                                           crée au TNS pour une tournée à Paris,
                                                           Avignon et Moscou. Dans le même temps,
                                                           elle tourne sous la direction d’Abd al
                                                           Malik pour son premier film « Qu’Allah
                                                           bénisse la France », et travaille avec Marie-
                                                           Christine Navarro sur « Fresh Water » de
                                                           Virginia Woolf, une « fantaisie pour salon
                                                           littéraire ». Fin 2016, Vincent Ecrepont la
                                                           choisit pour le rôle de Zénobie dans « Les
                                                           Bâtisseurs d’Empire » de Boris Vian, dont
                                                           la création à Amiens mènera la tournée à
                                                           Saint-Quentin, Beauvais, Nevers et Avignon,
                                                           Festival 2017. Elle interprètera l’infirmière
                                                           dans la pièce Danse « Delhi » d’Ivan
                                                           Viripaev, mis en scène Gaëlle Hermant.

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Laurence Roy                                   Olivia Barron
           Formée au Conservatoire National d’Art         Olivia Barron s’est formée à l’école du
           dramatique de Paris dans la classe             Théâtre National de Strasbourg et à
           d’Antoine Vitez. Parallèlement au              l’Université de la Sorbonne-Nouvelle.
           Conservatoire, premières expériences           Après l’écriture de deux mémoires, l’un sur
           professionnelles et compagnonnage              l’œuvre de Franz Kafka, l’autre sur Henrik
           d’une dizaine d’années avec Stuart Seide.      Ibsen, elle choisit de s’orienter vers une
           Travaille également avec Antoine Vitez,        approche pratique et intègre l’école du
           Alain Ollivier, Jacques Lassalle, Jean-        TNS en section dramaturgie (2011-2013).
           Claude Fall, Marcel Maréchal, Elisabeth        Là-bas, elle travaille avec les metteurs
           Chailloux, Adel Hakim, Philippe Adrien,        Krystian Lupa, Pierre Meunier, Frank
           Claudia Stavisky, Louis Martinelli et          Vercruyssen (tg STAN) et met en scène La
           Frédéric Bélier-Garcia.                        sonate des spectres, d’August Strindberg.
           Ces dernières années elle travaille avec       Depuis sa sortie de l’école, elle signe la
           Emmanuel de Marcy-Mota dans Marcia             dramaturgie de plusieurs spectacles dont
           Hesse de Fabrice Melquiot, puis dans           Blasted de Sarah Kane (2015, théâtre de
           Victor ou les enfants au pouvoir de Roger      Nanterre- Amandiers) mis en scène par
           Vitrac au théâtre de la ville, avec Jean-      Karim Bel Kacem, Le Petit Eyolf d’Ibsen
           Pierre Vincent dans Les acteurs de bonne       (2015, théâtre de la Ville), mis en scène par
           foi de Marivaux, avec Richard Brunel à la      Julie Bérès, La mort de Danton de Büchner
           comédie de Valence, et au théâtre de la        mis en scène par François Orsoni (2017,
           Colline, dans Les Criminels de Ferdinand       Théâtre de la Mc 93) ou plus récemment
           Bruckner. Avec Frédéric Bélier-Garcia dans     Après la fin de Dennis Kelly mis en scène
           Les Caprices de Marianne de Musset,            par Maxime Contrepois (2019, Espace des
           le Quat’sous d’après des textes d’Annie        Arts de Chalon-sur-Saône) et Nos solitudes
           Ernaux mis en scène par Laurence cordier       mis en scène et écrit par Delphine Hecquet
           et Les reines de Norman Chaurette mis en       (création à la comédie de Reims en 2020).
           scène par Elisabeth Chailloux et Splendeur     En 2018, elle collabore avec Gaëlle
           d’Abi Morgan mise en scène Delphine Salkin.    Hermant sur la création du Monde dans un
           A l’image, elle a travaillé récemment avec     instant, créé à La Criée de Marseille et au
           Marc Fitoussi pour la série 10%, François      Théâtre Gérard-Philippe, à Saint-Denis et
           Ozon (Grâce à Dieu), Sarah Succo (les          en 2020 sur Danse « Delhi » d’Ivan Viripaev.
           Eblouis), Alain Resnais pour Mon oncle         Elle est aussi engagée par plusieurs lieux,
           d’Amérique, Jean-Pierre Darroussin pour        notamment le théâtre de Vidy-Lausanne
           le Pressentiment, Cédric Klapisch pour         (2014) et le théâtre National de Tarbes-
           Le Péril jeune, Ilan Duran Cohen pour Les      Pyrénées (2016), pour l’écriture de textes
           amants du Flore, et aussi Catherine Corsini,   ou des assistanats à la mise en scène. En
           Philippe Leguay, Mario Camus, Alain            2017, elle est sélectionnée par les Ateliers
           Souter, Alexandre Pidoux, Virginie Sauveur,    Médicis et le Ministère de la Culture pour
           Jean-Marc Brondolo.                            l’écriture de sa pièce Ma vie d’ogre, dans le
           Elle interprètera La femme âgée dans           cadre du dispositif Création en cours.
           la pièce Danse « Delhi » d’Ivan Viripaev,      Passionnée par le cinéma, l’autobiographie
           mis en scène Gaëlle Hermant - cie DET          et le théâtre documentaire, elle travaille
           KAIZEN.                                        à partir de matériaux variés et mêle la
                                                          recherche de terrain à l’écriture dramatique.
                                                          En parallèle, elle anime depuis 2014
                                                          un blog sur le Monde.fr, consacré aux
                                                          interactions entre théâtre et société.

Mise à jour 7/01/2022                                                                                     20
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