37 " Le préfet et l'intelligence artificielle " - allchemi

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37 " Le préfet et l'intelligence artificielle " - allchemi
CHEMI
               Centre des Hautes Études du Ministère de l’Intérieur

                                                        2018
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« Le préfet et l’intelligence
       artificielle »
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Journées d’Études et de Réflexion Actes 37
                                Le préfet et l’intelligence artificielle

         Le groupe d’études stratégique préfectoral
           «Le préfet et l’intelligence artificielle»

    Le préfet de région Bretagne Christophe MIRMAND et le préfet Frédéric PERISSAT, préfet des Landes
  entourent M. Rand HINDI, chef d’entreprise qui a ouvert le séminaire de réflexion stratégique préfectorale.

                       Préfets participants et intervenants au groupe d’études

  Denis ROBIN                       Secrétaire général du MI
  Alain ESPINASSE                   Secrétaire général adjoint et DMAT
  Alar STREIMANN                    Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Estonie en France
  Nicolas DESFORGES                 Chargé de mission auprès du secrétariat général du MI
  Louis LE FRANC                    Préfet de l’Oise
  Raphaël LE MEHAUTE                Préfet de la Haute-Vienne
  Joël MATHURIN                     Préfet de la Nièvre
  Marc MEUNIER                      Préfet, Secrétaire général de la zone de Défense et de la sécurité de Paris
  Christophe MIRMAND                Préfet de la région Bretagne, Préfet d’Ille-et-Vilaine
  Jean-Christophe MORAUD            Préfet du Vaucluse
  Frédéric PERISSAT                 Préfet des Landes
  Renaud VEDEL                      Préfet, Chargé de mission IA auprès du secrétariat général du MI
  Armelle DE RIBIER                 Secrétaire générale du CSATE, Ariane VIII

                                                CHEMI DPS

                                Jean-Martin JASPERS, directeur du CHEMI
Régis PASSERIEUX, conseiller général pour la stratégie - Bruno GOUDALLIER, directeur des relations extérieures
       Denis TEISSEIRE, secrétaire général - Javier MOSCOSO, conseiller pour la stratégie internationale
       Francesca MARTINI, conseillère pour la prospective - Marc DURIEUX, responsable informatique

                                                                                    Le vendredi 6 avril 2018

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                             Le préfet et l’intelligence artificielle

          Qu’est ce que l’intelligence artificielle ? Enjeux,

1.        opportunités et limites à l’horizon 2030.

M. Rand HINDI, fondateur de l’entreprise SNIPS, spécialisée dans l’intelligence
artificielle, est l’un des plus brillants talents de sa génération en France en informatique.
Dès l’âge de 10 ans, il a gagné des compétences en matière de codage et à il a créé dès l’âge
de 15 ans sa première web agency.

I.     L’intelligence artificielle et l’humain : reproduire l’intelligence de l’homme par
       des machines, non la substituer.

L’entreprise SNIPS compte en 2018 de l’ordre d’une 60ne de collaborateurs, dont de
nombreux Data Scientists et a levé 24 millions d’euros ce qui permettra notamment son
doublement en taille sur 2018/ 2019.

   M. Rand HINDI a bénéficié d’une nomination au « TR 35 » de l’Université du MIT à
 Boston aux États-Unis en 2014 (palmarès mondialement reconnu des innovateurs de - de 35
 ans) et s’est exprimé aux côtés du directeur du cycle supérieur d’intelligence artificielle du
                               MI, Régis PASSERIEUX (DPS).

Définition de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle consiste à programmer des machines pour leur permettre de
reproduire sur des tâches définies l’intelligence de l’homme. Le « machine learning »
consiste à laisser la machine apprendre par des exemples, ce qui par des algorithmes lui

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permet de comprendre parfois des choses que ne comprend pas l’intelligence humaine ou
qu’elle ne peut discerner. A l’intérieur du machine learning, le « deep learning » consiste à
donner des notes de pondérations à chaque étape des liaisons d’informations. Avec la
mise à disposition de masses de données d’une part et l’accroissement des capacités de calcul
d’autre part, cette méthode dite de « deep learning », aussi appelée « neurones artificiels »,
est en développement. Elle permet sur des tâches précises un apprentissage supérieur en
densité à celui du cerveau humain, à condition cependant d’être focalisée sur des tâches
spécialisées.

A titre d’exemple, un lecteur intelligent d’images radiologiques a pu apprendre à lire en
visualisant des millions de clichés, alors qu’un radiologue ne pourra dans sa vie en lire que
quelques dizaines de milliers. Une startup vient récemment de pouvoir garantir un
diagnostic en « deep learning » pour 1 euro de coût, avec un taux de fiabilité supérieur à
celui d’un humain professionnel.

Les résultats sont spectaculaires. Dans les années 2015 la capacité à battre les meilleurs
champions humains de jeu de go s’opère par des machines. Mais si la machine peut
désormais reproduire des comportements d’apprentissage humain, M. Rand HINDI tient
néanmoins à mettre en exergue deux considérations pour le futur à l’horizon 2030:

Une distinction est opérée entre « l’intelligence artificielle faible » et « l’intelligence
artificielle forte ».

L’intelligence artificielle « faible » effectue une tâche très précise. L’intelligence artificielle
« forte » reproduirait la capacité d’exécuter n’importe quelle tâche, ce qui est un champ
beaucoup plus large et plus ambitieux. M. HINDI se montre très dubitatif sur la réalité
d’une machine qui se prendrait elle-même en main avec autant de capacité de jugement, de
discernement, d’orientation, de pondération que l’intelligence humaine.

Une machine sur la période 2018 / 2030 restera toujours incapable de faire preuve
d’émotions

Une machine est incapable d’émotion, de perceptions multiples et M. Rand HINDI fait
partie du groupe des scientifiques qui pensent que cette faculté n’existera jamais. Une
machine n’a pas conscience de la tâche qu’elle est en train d’accomplir. Les scientifiques
n’ont pas encore été en mesure de créer une conscience artificielle. Les scientifiques savent
depuis 2010 avec les travaux de M. Antonio DAMASIO que « ressentir des émotions reste
nécessaire pour prendre une décision ». Les industriels et scientifiques peuvent peut-être
créer des machines qui font semblant de ressentir des émotions, mais pas des machines
qui ressentent des émotions.

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Le difficulté de l’émergence « l’IA forte » reste considérable

« L’IA forte », qui permettrait de résoudre n’importe quel problème logique, ne paraît
même pas pour un horizon au-delà de 2030... Ce volet de la révolution de l’IA, baptisé
« singularité », nécessiterait de modéliser l’intelligence, ce qui n’a encore jamais pu être fait.
« L’IA forte » pose aussi un simple problème d’énergie, l’équivalent en IA d’un cerveau
humain qui utilise 20 watts, consommerait 10 millions de watts soit l’équivalent d’une
petite centrale électrique. La performance énergétique du cerveau humain est
extraordinairement élevée par rapport à nos ordinateurs.

M. Rand HINDI considère que l’intelligence humaine reste encore « hors de portée de la
machine ». L’enjeu raisonnable est de « combiner les humains et les machines pour agir ».
La machine ne sera dans la période prévisible, jamais qu’un outil puissant au service de
l’humain. Les « tâches logiques répétitives vont pouvoir être mieux faites par des
machines intelligentes », et les « tâches nécessitant de l’intelligence émotionnelle
resteront l’apanage des humains. »

   II.      L’IA est l’enjeu stratégique majeur des politiques publiques sur 2020/2030

Ce qui menace, ce n’est pas que la machine dépasse l’homme, c’est que des groupes
humains utilisent la machine au péril de l’homme. M. Rand HINDI, dans ses échanges
avec les préfets, a souligné que l’assistant personnel ALEXA, a été le produit le plus
vendu par Amazon à Noël 2017 ! ALEXA est le produit qui s’est imposé dans toute
l’histoire du commerce le plus rapidement sur un marché.

Plus de 50 millions d’Américains sont connectés à l’assistant personnel d’AMAZON ALEXA
                             en 2018, soit 1 américain sur 6.

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L’assistant personnel ALEXA vit en permanence à l’écoute de chaque foyer en continuité. Or,
Amazon ne donne aucune information sur ce qu’il fait des données et quel lien il
entretient pour leur usage, leur transmission, avec les autorités publiques. Une nouvelle
version de ce même assistant personnel pourrait bientôt trôner dans les bureaux, avec les
mêmes risques, ce qui paraît totalement « aberrant » à M. Rand HINDI, sauf à construire des
versions intégrant une protection des données personnelles.

La protection des données personnelles ou de l’Etat avec la solution française
d’intelligence artificielle SNIPS.

Face à ces dangers, la société SNIPS a développé un mécanisme technologique et des
algorithmes d’intelligence artificielle qui contrairement à ceux produits par Google, Apple et
Amazon, sont susceptibles de reconnaître les voix et d’exécuter des instructions, y compris
avec un apprentissage, sans que les données ne sortent de l’assistant personnel.

La culture européenne est très différente de la culture américaine, ce qui peut expliquer une
approche scientifique très complémentaire entre les grandes démocraties. Elle trouve
notamment son origine dans l’histoire des États.

Les conseils aux préfets pour soutenir l’économie numérique et particulièrement le secteur
de l’intelligence artificielle.

L’entrepreneur Rand HINDI, souligne ainsi et démontre par les actes, que les pouvoirs publics
doivent veiller, sans être prisonnier des fantasmes, à être capables d’assurer une protection
de la vie privée, ce que la technique permet parfaitement. L’Europe, entre la Chine et les
Etats-Unis, a une spécificité à mettre en avant. Si en 2018 notre positionnement peut
apparaître comme un frein, à l’horizon 2030 notre attachement au respect de la privatisation
des données personnelles pourrait au contraire se révéler une force.

L’intelligence artificielle est un outil que les préfets peuvent aider à mieux maîtriser dans
les territoires. La valorisation des compétences humaines qui existent déjà en France par les
préfets, peut être essentielle, notamment pour l’ensemble des générations de – de 35 ans qui
vont vivre jusqu’en 2050 leurs carrières professionnelles avec cette nouvelle donne. M. Rand
HINDI, dans son dialogue avec les préfets a constaté que l’équivalent du TR 35 de
l’université de Boston, peut être transposé dans des régions françaises pour donner un
« coup de projecteur » aux jeunes scientifiques et entrepreneurs.

La diffusion de messages positifs sur des aventures entrepreneuriales et scientifiques
françaises en intelligence artificielle est nécessaire pour donner confiance aux acteurs en
mouvement dans l’ensemble des territoires. Aller visiter des start-up et laboratoires
scientifiques qui travaillent sur l’intelligence artificielle peut constituer un acte très utile
avec un impact média positif garanti.

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En tant qu’acteurs centraux de la société sur le plan territorial, les préfets peuvent aider à
construire des choix territoriaux et à organiser les forces en IA dont disposent les grandes
agglomérations, les capitales départementales et même parfois les territoires ruraux.

Les fonctions de contrôle du préfet peuvent aussi être utiles dans un monde où les
machines intelligentes vont générer des difficultés. Interrogé sur le pouvoir des préfets, M.
Rand HINDI n’a pas réagi négativement à la proposition du CHEMI de doter le préfet du
XXIe siècle du nouveau pouvoir d’arrêter les robots, en cas de préjudice pour les humains
ou pour des territoires.

En cas d’urgence, le préfet du XXIe siècle doit être doté d’un nouveau pouvoir de
débrancher les robots d’intelligence artificielle, si l’intérêt humain ou l’intérêt de la
sécurité nationale l’exigent.

Le groupe d’étude et de réflexion préfectoral à l’écoute attentive des conférenciers sur l’effet
              de l’intelligence artificielle sur les territoires à l’horizon 2030.

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                 La restitution du rapport VILLANI : donner un sens à

     2.          l’intelligence artificielle.

       L’ingénieur de l’armement Bertrand RONDEPIERRE, très grand expert des préfectures,
        l’administrateur général Jean-Martin JASPERS, Yann BONNET, secrétaire général du
     conseil national du numérique, se réjouissent après la remise de la médaille du CHEMI par
      le préfet Christophe MIRMAND en témoignage de gratitude pour l’excellente conférence
                                      sur le rapport VILLANI.

I.      L’intelligence artificielle au service de l’humain.

     M. Yann BONNET, secrétaire général du conseil national du numérique accompagné de
     M. Bertrand RONDEPIERRE, ingénieur de l’armement et M. Charly BERTHET
     responsable juridique et des relations institutionnelles au Conseil national du numérique
     avaient la charge d’accompagner M. le député Cédric VILLANI, scientifique titulaire de la
     médaille FIELDS, pour constituer la mission parlementaire sur l’intelligence artificielle. Le
     rapport portant le titre « Donner un sens à l’intelligence artificielle » a proposé au Président
     de la République Emmanuel MACRON et à la Nation, une stratégie nationale et européenne
     de l’IA.

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      La mission VILLANI de 2017/ 2018 a poursuivi 4 objectifs particulièrement utiles

         1. Bâtir une nouvelle stratégie qui permette à la France et à l’Europe de rejoindre la
            pointe de l’économie mondiale de l’IA.

         2. Etablir un benchmark européen et mondial des meilleures applications de l’IA au
            service des politiques publiques.

         3. Identifier les applications prioritaires que la France aurait intérêt à déployer à
            l’intérieur de la sphère publique.

         4. Conduire une réflexion sur les impacts sociaux de l’intelligence artificielle.

      La mission a auditionné près de 420 experts et 1 600 personnes ont pu participer à la
      consultation organisée en ligne. Pour les comparaisons internationales, 15 pays ont été
      analysés. Les préfets trouveront un intérêt majeur à diffuser ces travaux de la mission
      VILLANI dans les territoires que la République a placés sous leur responsabilité

II.      Les priorités du rapport de la commission VILLANI sur l’intelligence artificielle

        Portrait de M. le député Cédric VILLANI à la lavallière et l’araignée, qui vont inspirer les
       insignes que le CHEMI va accorder aux lauréats du nouveau cycle supérieur d’intelligence
                     artificielle créé en 2018 à la demande du 14e comité ministériel.

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   1. Faire émerger un écosystème français et européen de la donnée

La « donnée comme carburant » de l’intelligence artificielle

La 1ère des priorités que le rapport met en avant est de faire émerger un écosystème
français et européen de la donnée. La donnée est le carburant de l’intelligence
artificielle.

Or en France 80% des visites vers les 25 sites les plus populaires sont captées par les
grandes plateformes américaines, qui peuvent ainsi, sans aucun contrôle, bénéficier de la
richesse et de l’usage de données y compris privatives. L’écosystème français de la donnée
reste en situation de faiblesse en 2018 et les préfets ont peu œuvré dans ce domaine.

Des solutions innovantes et courageuses

Ce cadre posé, la mission propose des solutions innovantes et courageuses, et en premier
lieu d’encourager la mutualisation des données. L’ouverture des données publiques est déjà
un fait qui doit être perfectionné.

La mission propose la notion d’ouverture et de mutualisation des données privées et en fait
une condition essentielle du développement de l’intelligence artificielle. La donnée peut
être considérée comme « un commun » qui doit être partagé dans l’intérêt général et pour
une amélioration globale des performances de la société.

Dans le domaine de la donnée, la puissance publique doit donc accompagner les acteurs
de l’écosystème et définir des règles.

Dans les territoires ruraux, la problématique de l’accompagnement par les préfets de
stratégies de protection des données peut être évoquée par le CHEMI qui a détecté
d’excellentes expériences dans le département du Jura notamment avec un rôle très positif
d’un syndicat d’électrification qui s’est positionné en acteur majeur de la protection des
données.

   2. Consolider et rendre visible l’écosystème français et européen

Le manque de visibilité face aux concurrents américains

La 2e priorité est de consolider et de rendre visible l’écosystème français et européen. Il y
a en France une méconnaissance par les décideurs publics et privés de l’organisation et
de la densité d’un écosystème qui n’est pas encore stabilisé, ce qui rend difficile son suivi et
l’identification, selon les besoins, de ses potentialités : le reflexe est alors naturellement de
s’adresser aux grands acteurs solides étrangers, visibles.

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Le rôle du préfet dans l’ecosystème des entreprises en intelligence artificielle

Il est nécessaire d’organiser la promotion de nos succès, ALPHAGO par exemple, ou
TERAPIXEL, société parisienne, spécialiste mondial de l’intelligence médicale. A cet égard
les préfets auront un rôle essentiel pour saluer dans les territoires, flécher, mettre en
exergue, les entreprises qui sont des points d’appui. Il leur appartiendra de veiller à la
préservation de leur présence en France et à leur bonne croissance dans les territoires. Ils
disposent pour cela de pouvoirs juridiques.

  Le scientifique français, originaire de la région Bretagne Yann LECUN est un des leader
   mondiaux de l’intelligence artificielle. Le groupe d’études à recommandé d’engager des
 actions de reconnaissance par la France et la Bretagne de ce scientifique. En 2018 M. Yann
LECUN est scientifique en chef de l’IA chez FACEBOOK et professeur au Collège de France.

Une meilleure rémunération des chercheurs les plus talentueux

La mission n’a pas caché que la rémunération des meilleurs chercheurs et des spécialistes
en intelligence artificielle, souvent payés 4 fois plus aux Etats-Unis qu’en France, pose un
réel problème de reconnaissance.

L’accueil en France des spécialistes étrangers implique aussi une grande attention de la
part des membres du corps préfectoral qui en sont les premiers facilitateurs aux côtés des
entreprises qui ont besoin de ces talents. Aider l’installation en France d’experts d’outre
Atlantique, asiatiques ou africains dont nos PME et centres de recherche ont besoin,

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       peut exiger des actions « sur mesure » par les préfets qui souhaitent encourager l’arrivée de
       compétences dans leurs territoires.

       Faire levier sur la commande publique

       Le 3e axe prioritaire est de savoir faire levier sur la commande publique.

          3. Les 4 secteurs prioritaires.

       Le rapport a choisi clairement de mettre l’inflexion sur 4 secteurs stratégiques, la santé, le
       transport, l’écologie et le couple défense & sécurité. Pour atteindre ces objectifs et pour
       mettre en œuvre ces priorités, la mission préconise une recherche agile et plus soutenue,
       fédérée autour d’instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle et de rendre plus
       attractives les carrières dans la recherche publique.

III.      La mission VILLANI appelle sur le plan global de la société et de l’économie, à deux
          volontarismes : l’emploi et l’éthique

       Maîtriser les impacts de l’IA sur le travail et l’emploi

       D’abord anticiper et maîtriser les impacts de l’IA sur le travail et l’emploi. L’Etat doit
       prendre la mesure de l’enjeu : 80 % des emplois seraient potentiellement automatisables à
       plus de 50% selon le Conseil de l’orientation pour l’emploi.

       Le rapport VILLANI souhaite créer « un lab public sur la transformation du travail »,
       animer un débat public sur le futur du travail et totalement repenser la formation à l’ère
       de l’IA. De manière concrète, il s’agit d’appeler à une politique consistant à développer, ainsi
       que le soulignait M. Rand HINDI, la complémentarité humain – machine.

       Les différents volets des politiques publiques, que le préfet va diriger sur son territoire, sont
       complémentaires : les recherches, la formation, le lab public, et l’organisation des relations du
       travail. L’analyse du rapport VILLANI appelle le préfet à s’engager dès 2018 au premier
       rang, avec les partenaires sociaux, les universités, les organisations professionnelles et les
       entreprises pour conduire un véritable plan d’action de coordination des initiatives pour
       l’IA dans les territoires.

       Forger une éthique pour l’intelligence artificielle

       Cette éthique exige d’« ouvrir la boîte noire des algorithmes » et de garantir, par des
       autorités avisées et indépendantes, l’explicabilité de chaque action confiée à la machine. Il
       s’agit de provoquer une responsabilisation des développeurs et des chercheurs en IA. Les
       citoyens doivent être informés sur leurs droits et « l’IA doit être inclusive avec une
       gouvernance éthique et structurée. »

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    M. Christophe MIRMAND, préfet de région Bretagne participe très activement au groupe
      d’étude préfectoral sur l’intelligence artificielle pour définir l’IAT et positionner son
        territoire aux premiers rangs de cette révolution technologique pour 2018/ 2030.

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           La coopération stratégique entre l’Estonie et la France

3.         pour l’identité numérique et la défense.

 L’ambassadeur d’Estonie en France S.E. Alar STREIMANN s’est exprimé avec conviction
  pour présenter l’avance de son pays en matière d’identité numérique et de délivrance de
                      2 200 services publics par le système X-ROAD.

L’Estonie a atteint le plus haut niveau de production des services publics numériques en
Europe

SE. Alar STREIMANN a été représentant permanent de l’Estonie auprès du conseil de
l’Europe et ambassadeur en Suède. Son intervention a présenté notamment l’avancée de
l’Estonie dans le domaine de l’économie des services publics numériques.

   1. L’Estonie a développé un système d’identité numérique performant permettant
      une modernisation des services publics

Ce pays balte d’1,3 million d’habitants est devenu en quelques années une puissance
européenne d’innovation en délivrant un service public numérique efficace et
confortable. L’avance de l’Estonie sur la France en matière de délivrance de services publics
numériques provient aussi de choix stratégiques du ministère de l’Intérieur et du ministère des
finances en matière de carte d’identité et de systèmes ouverts sur les entreprises.

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                            Le préfet et l’intelligence artificielle

Chaque résident estonien possède un code d’identité électronique avec lequel il peut
ouvrir l’ensemble de ses dossiers dans les services publics, avec un système de
classement offert par l’Etat. Le gain en temps et en efficacité est considérable. Là où la
France a choisi de fournir au moins 3 systèmes d’identités différents (Intérieur, Finances et
Santé …) l’Estonie a opté pour un système unique, beaucoup plus économique et réduisant la
charge administrative pour les citoyens et pour les entreprises.

Le secteur bancaire estonien a joué un rôle majeur dans la co-conception d’un système
d’identité et de service public numérique ouvert. La performance économique de l’Estonie est
considérable grâce à ses gains en matière de dépenses de services publics et de réductions de
bureaucraties.

Sans nouveau système d’identification, il sera très difficile pour la France d’atteindre des
objectifs élevés en matière de services publics numériques. Un code numérique obligatoire
est donné à tout citoyen estonien dès la naissance.

Le modèle estonien peut inspirer des choix français pour des nouvelles approches de
l’identité numérique nécessaire à la modernisation de l’Etat sur 2018/ 2022.

Le passeport n’est pas obligatoire mais la carte d’identité l’est. De l’ordre de 99% des
services publics estoniens sont accessibles en ligne. Les Estoniens font confiance à l’Etat et
utilisent ces solutions.

Plus de 350 millions de signatures numériques sont opérées par an en Estonie : c’est plus
que dans toute l’Union Européenne. Plus de 30% des électeurs vote par voie
électronique. Toutes les transactions bancaires sont effectuées en ligne. Les données ne
sont collectées qu’une seule fois par une organisation spécifique, alors qu’en France nous
multiplions la charge d’alimenter en informations de multiples organisations publiques et
privées.

La carte d’identité obligatoire pour les Estoniens est fabriquée en France ! Il existe aussi des
puces d’identité pour les téléphones. L’identification numérique est une option sécurisée dont
l’intégrité est garantie par les solutions de blockchain.

La grande leçon apprise par l’Estonie est l’importance de la coordination, d’autant plus
essentielle en considération du « millefeuille territorial français ».

L’accord stratégique avec la France dans le domaine de la défense.

Des unités françaises sont stationnées depuis 2017 à la frontière est de l’Europe sur le
territoire estonien et contribuent à la sécurité de l’Union. En 2018 l’Estonie devrait contribuer
aux opérations françaises dans le Sahel. Une 50ne d’hommes et de femmes de l’armée
estonienne seront déployés aux côtés de leurs collègues français.

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                « Le défi de l’intelligence artificielle est relevé par le

 4.             ministère de l’Intérieur dès 2018. »

           La préfet Denis ROBIN a souligné qu’il est essentiel de « croiser les expériences des
            scientifiques, des entrepreneurs et des préfet territoriaux pour relever les défis de
                                        l’intelligence artificielle. »

I.      « La mobilisation du ministère de l’intérieur en intelligence artificielle s’accélère sur
        2018/ 2022 »

     Lors du déjeuner M. le préfet Denis ROBIN, secrétaire général du Ministère de l’intérieur a
     participé aux travaux du groupe d’études, accompagné par le préfet Alain ESPINASSE
     directeur de la modernisation de l’action territoriale.

     Sa contribution a permis aux préfets de disposer d’une vision d’ensemble de la
     mobilisation des ressources en faveur de l’intégration de l’intelligence artificielle dans les
     priorités du ministère de l’intérieur.

     L’année 2017 constitue le point de départ de la mobilisation transversale sur l’intelligence
     artificielle au ministère de l’intérieur.

     Depuis 2016 les premiers colloques se sont tenus sur le « droit des robots » ou l’intelligence
     artificielle dans le champ de la police dite prédictive. Egalement le fonds d’investissement
     en études stratégiques et prospectives (FIESP) a financé de premiers travaux en liaison
     avec les universités sur cette période.

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Dès l’été 2017, M. Denis ROBIN, a engagé les ressources du CHEMI pour créer un Cycle
supérieur d’intelligence artificielle (CSIA) regroupant une 20ne de hauts cadres venant
de l’ensemble des directions générales.

Ce cycle supérieur intègre une 30ne de séquences de formation et est dirigé par M. Régis
PASSERIEUX, administrateur civil, qui exerce des fonctions de conseiller général pour la
stratégie à la délégation à la prospective et à la stratégie (DPS).

Le CSIA va permettre notamment des immersions dans les entreprises des secteurs
économiques en pointe en intelligence artificielle. Le groupe Peugeot a accueilli dans son
centre de recherche de Vélizy le cycle supérieur pour présenter des avancées dans le secteur
du véhicule autonome qui représente un enjeu majeur pour l’industrie automobile en France.

La coopération avec le CNRS s’opère notamment grâce à la présence de M. Jean-
Gabriel GANASCIA, directeur de l’éthique parmi les intervenants prestigieux de ce nouveau
programme de formation.

II. Relever le défi de la mobilisation des ressources territoriales pour              diffuser
    l’intelligence artificielle dans toutes les régions

M. Denis ROBIN a souligné de manière solennelle qu’il ne « fallait pas manquer pour le
ministère de l’Intérieur le sujet de l’intelligence artificielle » qui pourrait se révéler un
tournant majeur sur le plan de la technologie et de l’organisation.

L’IA s’imposera : « Le corps préfectoral doit veiller à prendre le train en marche et non à
se trouver dépassé par des évolutions qui auront lieu. » Le CHEMI pour cela est un
laboratoire important qui alimente les réflexions du ministère de l’intérieur. « Nous devons
prendre les mesures pour préparer notre ministère qui dans le passé a réussi de très belles
mutations, mais en a manqué certaines. »

L’intelligence artificielle : un défi complexe pour l’ensemble des directions de
l’administration centrale du ministère de l’Intérieur

Le sens de l’IA au ministère de l’Intérieur est à définir. Ceci implique de distinguer pour qui
et pour quoi elle doit être mise en œuvre dans nos structures. Notre mission au service d’un
grand ministère régalien de l’État, est de « prévoir l’IA régalienne » pour la période 2020
2030.

M. le préfet Denis ROBIN souhaite que le ministère de l’Intérieur réussisse la mise en place
d’une nouvelle approche de l’identité numérique dès 2019, pour accélérer la
modernisation des services publics pour les citoyens et les entreprises. Dès le début de
l’année 2018, une mission pilote commune entre le ministère et le secrétariat d’Etat au
numérique, dirigée par l’inspectrice générale de l’administration Valérie PENEAU, a
été mise en place.

Alors que le ministère n’a pas encore gagné le combat de la valorisation et de la gestion des
données en son sein, nous devons déjà engager un nouveau défi. Avec toutes ces composantes

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spécialisées, l’intelligence artificielle va se décliner dans un nombre important de chantiers de
modernisation.

Le ministère a réinvesti la recherche avec la création du fonds d’études FIESP qui en 2018 se
focalisera de manière prioritaire sur les études pour l’IA dans le domaine régalien. Le
préfet Denis ROBIN souhaite un débat prioritaire sur les usages et l’organisation de l’IA,
qui soit mené par les cadres dirigeants du ministère dans une réflexion et des choix collectifs,
qui sinon seront imposés de l’extérieur.

Le préfet Renaud VEDEL, a été nommé en avril 2018 sur une mission de synthèse, de
détection des bonnes pratiques, d’organisation du partage des réflexions sur l’intelligence
artificielle. Le cycle supérieur d’intelligence artificielle (CSIA) permettra de créer une
communauté avertie de ceux qui vont porter les idées de l’IA dans le ministère. Le CHEMI
est invité à imaginer de soutenir aussi plusieurs préfectures avec ces nouveaux moyens en
intelligence artificielle.

L’enjeu est aussi budgétaire, les technologies d’automatisation de tâches répétitives vont
permettre de dégager des marges. L’intelligence artificielle, si le ministère est performant
peut devenir une des pistes pour contenir une évolution budgétaire qui pourrait à long
terme conduire à « l’asphyxie par une disproportion entre la masse salariale et les autres
postes de dépenses. »

Le rôle du préfet dans l’intelligence artificielle territoriale sera structurant

L’Etat Français a intérêt aussi à prendre en compte un sujet clé : le même citoyen qui n’a
aucun scrupule à donner ses informations personnelles aux entreprises privées
étrangères a en revanche des états d’âme à les confier à la puissance publique.

L’IA peut générer, selon les études du Conseil d’orientation pour l’emploi un important
mouvement de déstabilisation touchant certains emplois, des secteurs d’activité et nos
territoires. Par la révolution technologique de l’IA, une fracture supplémentaire au sein
de la société et des territoires peut naître. Les préfets devront mobiliser la puissance de
l’Etat pour protéger les plus faibles et minimiser autant les risques de déclassement.

Dans les préoccupations du Secrétaire Général du MI figure notamment la bonne répartition
sur l’ensemble du territoire national, des outils et activités économiques liés à
l’intelligence artificielle. L’un des défis majeur à relever est de réussir des corrections à la
tendance actuelle de concentration des ressources dans un nombre très limité de 7 à 15
grandes métropoles, avec en corollaire le décrochage de zones rurales ou de territoires qui
concentrent peu de ressources de recherche.

Face à ces risques, il est important de développer et d’inventer l’intelligence artificielle
territoriale (IAT), concept crucial pour la période 2018 / 2030. Le ministère de l’Intérieur
doit utiliser ses forces conceptuelles et construire des alliances pour lutter contre
l’apparition de nouvelles lignes de fracture.

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    La remise du totem de « préfet des études » du CHEMI a été réalisée par le secrétaire
général du MI à M. l’ambassadeur d’Estonie. Ce haut fonctionnaire balte qui a contribué à la
 formation des préfets français devient ainsi en Europe un préfet « honoris causa » et il sera
 invité à poursuivre les travaux de co-conception de stratégies numériques. M. le préfet Alain
            ESPINASSE, DMAT secrétaire général adjoint, participait à la remise.

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           L’intelligence artificielle et le développement

5.         économique et social.

   M. Laurent BENAROUSSE et M. Alain CHAGNAUD ont offert leur expertise en IA aux
 préfets avec un apport du groupe ROLAND BERGER, présidé sur le plan mondial par M.
                                Charles-Edouard BOUÉE.

ROLAND BERGER est un cabinet en stratégie d’origine européenne et regroupe 2 400
collaborateurs à travers une 30ne de pays. Son Président Directeur Général, M. Charles-
Edouard BOUÉE, est français, fait inédit pour un cabinet allemand dont le siège est à
Munich.

M. Laurent BENAROUSSE, associé sénior en charge des activités dans le secteur public,
ingénieur dans le domaine de l’armement, a été titulaire dès 1999 d’un diplôme de 3e cycle en
intelligence artificielle et a collaboré avec des laboratoires leaders en France et à l’étranger.
Fin connaisseur de cette rupture technologique majeure, il est donc un intervenant
particulièrement à même d’exposer l’impact de l’IA sur l’action publique ainsi que ses
conséquences sociétales.

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   I. Une vision prospective de l’intelligence artificielle

Selon M. BENAROUSSE, sur 2018 / 2020, 4 facteurs expliquent l’impact de l’IA sur nos
économies et nos sociétés :

    1. Le « Big Data » : la croissance du volume des données favorise l’implantation et
       l’expansion de l’IA. 90% des données mondiales ont été créées dans les 24 derniers
       mois.

    2. Le « deep learning » ou l’apprentissage profond. Grâce aux algorithmes de pointe,
       cette nouvelle arme technologique permet l’anticipation de nombreux scénarios. Dans
       ce domaine, la France compte de nombreux chercheurs et peut s’imposer demain
       comme l’un des leaders mondiaux.

    3. Une explosion de la puissance de calcul qui est multipliée par deux tous les 18 mois.

    4. Conjoncturellement, des taux d’intérêt bas qui dynamisent les investissements en
       activités de recherche et accentuent leur déploiement.

Nuançant les propos de M. Rand HINDI de l’intelligence artificielle, M. Laurent
BENAROUSSE, n’écarte pas la possibilité d’une accélération de cette technologie vers une
« intelligence forte » : il estime assez certain qu’en 2020 / 2025 il sera possible d’avoir des
discussions relativement élaborées avec les intelligences artificielles, à l’instar de « chat
bot » pour des agences bancaires.

Au-delà M. BENAROUSSE souligne que certains analystes réputés pensent qu’en 2030/
2040, les machines pourraient développer leur propre conscience et seraient même
capables de manifester des émotions.

L’impact économique de l’intelligence artificielle s’accélère

A court terme, l’IA va bouleverser notre économie et notre société. Certains métiers
risquent de disparaître, notamment les tâches d’exécution des activités de comptable,
d’opérateur industriel, certains volets des professions médicales, des activités d’assistance
juridique …

Deux scénarios se dégagent :

     certains analystes prédisent une disparition quasi-totale du travail qui n’aurait été
       in fine qu’une parenthèse de 6 000 à 10 000 ans dans l’histoire humaine.

     d’autres préfèrent souligner le début d’une période de transition marquée par le
       bouleversement des organisations et des métiers tels que nous les connaissons
       aujourd’hui.

Dans tous les cas, deux sujets vont naturellement s’imposer : la répartition de la valeur et
la formation. Cette dernière est cruciale dans cette période de transition puisqu’elle doit faire

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émerger les nouveaux savoir-faire sur le marché du travail et installer une collaboration étroite
entre l’homme et l’IA.

La puissance publique a son rôle à jouer

L’Etat et ses représentants doivent se doter d’une stratégie globale d’impulsion, d’une part
et d’autre part savoir comment optimiser et implanter l’IA au sein même des services
pour l’exécution du service public.

La stratégie nationale a intérêt à promouvoir un numérique inclusif, intégrant les exclus de
la transformation numérique : « l’État est le mieux à même d’identifier les citoyens les plus
éloignés du numérique et les ramener dans le peloton de ceux qui savent agir avec l’IA. »

Il ne s’agit pas d’aller à contre-courant et les préfets présents ont témoigné que, sur leurs
territoires, les entreprises qui réussissent, qui résistent à la délocalisation, sont celles qui ont
robotisé.

A la différence de l’Allemagne ou de la Chine, aucun plan de robotisation n’a été initié en
France, alors qu’il s’agit d’un levier majeur de création de richesses sur notre période
historique. A l’instar des sociétés d’autoroute ou de transport comme la SNCF, qui ont
massivement robotisé certaines fonctions, il est nécessaire dès à présent de mettre en place un
calendrier rapide du changement en collaboration avec les territoires où les préfets
auront un rôle de soutien.

Le rôle des collectivités territoriales et des acteurs financiers publics

L’Etat peut mieux alerter les collectivités territoriales qui n’ont pas intégré de stratégie
pour leurs données. L’open data est parfois perçu exclusivement comme un enjeu de
transparence, alors qu’il s’agit de mettre à disposition des entreprises, des acteurs sociaux
et environnementaux les données de qualités dont elles disposent pour stimuler leurs
territoires et en tirer le meilleur parti.

Le directeur du CHEMI a souligné l’intérêt que représente la naissance de régies municipales
des données comme l’expérimentation engagée à Rennes en région Bretagne.

Les bras armés financiers de l’Etat peuvent aussi savoir, comme les États-Unis ou Israël,
créer de grands fonds pour protéger nos « pépites ». La vente du robot NEO à des
investisseurs Japonais est un exemple de glissement du pouvoir de décision hors de nos
frontières. Le programme d’investissements d’avenir (PIA) offre un outil majeur pour
l’intelligence artificielle, qu’il sera nécessaire de démultiplier sur le plan régional et local. La
naissance de fonds d’investissement de proximité, les FIP, spécialisés en intelligence
artificielle, peut constituer une réponse territoriale intéressante.

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Le besoin d’actions rapides des pouvoirs publics est aussi une réalité sur le plan continental,
où l’Union européenne doit construire une stratégie puissante face aux géants des datas
américains et chinois. L’Union européenne peut jouer, en s’appuyant sur la DG CONNECT
et la capacité conceptuelle du Parlement européen, la carte d’une approche de l’IA
décentralisée et éthique, différenciée d’une IA concentrée autour de quelques monopoles.

Il n’est pas sûr, face aux GAFA américains et les BATX chinois, que demain la donnée
reste le carburant essentiel de l’IA et l’Europe doit être prête à se montrer agile. Le
développement de l’IA portative pourrait ainsi changer la donne géopolitique et permettre
à l’Europe de rejoindre les avant-postes de la compétition sur la période 2020 / 2030.

   II.    L’impact de l’intelligence artificielle pour les missions du préfet

En Australie, l’IA est utilisée avec efficacité pour l’accès aux systèmes sociaux. Aux États-
Unis, à Cincinnati, les services des pompiers et de secours ont opéré un gain de temps de
22% pour le transport vers les hôpitaux et ont pu mieux identifier les zones où devaient se
concentrer les moyens contre les feux urbains. Ces avancées ont été rendues possibles grâce à
a l’utilisation des briques fournies par le système d’IBM, WATSON (100 000 fois plus
puissant qu’un cerveau humain en terme de stockage et de capacités de calculs)

Pour le métier de préfet, des pistes à développer et plusieurs exemples on pu être discutés
avec les hauts fonctionnaires présents :

   -     les « chatbots préfectoraux ». Les chatbots sont des services robotisés en langage
         naturel, écrit ou oral. Ces outils sont utilisés de plus en plus fréquemment du fait de
         leurs usages multiples : meilleures conditions d’accueil du public, filtrage des
         demandes par gestion d’exceptions, discernement des signaux faibles qui peuvent
         présager de troubles à l’ordre public, amélioration des traitements des appels
         d’urgence...

   -     L’intelligence artificielle est en mesure d’assurer une vérification plus rapide de la
         légalité dans des cas simples ou d’opérer des contrôles budgétaires rapides et
         efficaces. La création d’algorithmes juridiques utiles au contrôle des actes des
         collectivités locales peut muscler les capacités préfectorales si des expérimentations
         démontrent leur pertinence technique. Les ressources préfectorales pourront ainsi
         renforcer le conseil et continuer à appliquer avec discernement les règles du contrôle.

   -     L’IA peut permettre d’accompagner et de raccourcir la prise de décision en
         fournissant des éléments d’impact sur chaque scénario de décisions, qu’elles
         soient simples ou complexes tels les choix d’investissements ou la définition d’une
         stratégie sur un territoire avec une pluralité d’acteurs.

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M. Régis PASSERIEUX, conseiller général pour la stratégie, a remercié les représentants du
cabinet ROLAND BERGER pour cette contribution à la réflexion sur la naissance de
l’intelligence artificielle territoriale.

 Un témoignage de gratitude a aussi été exprimé à l’égard de M. Charles-Edouard BOUÉE
  qui a communiqué par le CHEMI a l’ensemble des directeurs généraux du ministère son
                        ouvrage sur « la fin de l’empire humain ».

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