ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE - CESER Auvergne-Rhône-Alpes
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Le CESER en quelques mots… Le Code Général des collectivités territoriales précise en son article L 4134-1 : « Le conseil économique, social et environnemental régional est, auprès du conseil régional et du président du conseil régional, une assemblée consultative. Il a pour mission d'informer le conseil régional sur les enjeux et conséquences économiques, sociaux et environnementaux des politiques régionales, de participer aux consultations organisées à l'échelle régionale, ainsi que de contribuer à des évaluations et à un suivi des politiques publiques régionales. » Le CESER est l’assemblée consultative, représentative de la vie économique, sociale et environnementale de la région. Elle émet des avis (saisines) et contributions (autosaisines). Expression de la société civile organisée dans toute sa diversité, les propositions du CESER éclairent les choix des décideurs régionaux. Ainsi, le CESER concourt à l’administration de la région aux côtés du Conseil régional et de son Président. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Avis n°2018-03 Rapporteure Mme Anne-Marie ROBERT Présidente du Groupe de travail B DES VOTES RESULTATS 154 votants 153 0 1 3 ont voté ont voté s’est n’ont pas POUR CONTRE ABSTENU.E pris part au vote Cet avis a été adopté par le Conseil, Economique, Social et Environnemental régional Auvergne-Rhône-Alpes lors de son Assemblée Plénière du 12 juin 2018. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Sommaire Sommaire Préambule _________________________________________________________________ 1 Introduction ________________________________________________________________ 2 1. Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 ____________ 4 1.1. L’accès au très haut débit numérique : accès à un réseau stratégique et clé de l’équité territoriale ________________________________________________________ 4 1.2. Le bon débit est celui dont on ne se soucie plus lorsqu’on en a besoin, au bon moment, au bon endroit, à un prix acceptable __________________________________ 5 1.3. De nombreuses interrogations et inquiétudes exprimées en juillet 2016 par le CESER ________________________________________________________________ 7 1.4. Comparaison des recommandations du CESER avec la feuille de route du Conseil régional de février 2017____________________________________________________ 8 2. La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique ______ 10 2.1. Réseaux filaires et hertziens, deux systèmes imbriqués mais répondant à deux logiques économiques différentes __________________________________________ 10 2.1.1. Le système français de financement des réseaux filaires fixes : un système mixte public-privé ______________________________________________________ 10 2.1.2. Le système de financement des réseaux hertziens, une logique globalement privée _____________________________________________________________ 12 2.2. L’état des déploiements _____________________________________________ 13 2.3. La question clé de l’ouverture concurrentielle pour l’accès des entreprises à la fibre optique ____________________________________________________________ 16 2.4. Les récentes dispositions de l’État sur les réseaux fixes et mobiles _________ 19 2.4.1. Le gouvernement a annoncé trois jalons pour le déploiement toutes technologies __________________________________________________________ 19 2.4.2. Une impasse budgétaire pour achever les réseaux FttH ? _____________ 21 2.4.3. L’investissement privé sur réseau fixe appelé à relayer l’apport public : les appels à manifestation d’engagements locaux (AMEL) ________________________ 21 2.4.4. Pour les opérateurs en zone privée, passer des intentions de déploiement des opérateurs de réseau fixe aux engagements de résultat ___________________ 22 2.4.5. Les nouvelles dispositions sur le réseau hertzien à très haut débit ______ 22 3. La donne régionale en Auvergne-Rhône-Alpes _______________________________ 27 3.1. Peu d’éléments d’informations sur les technologies autres que la fibre optique 27 3.2. Le déploiement en fibre optique ______________________________________ 28 ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Sommaire 3.2.1. Données générales _____________________________________________ 28 3.2.2. Des réseaux d’initiative publique au profil contrasté dans la relation avec les opérateurs _________________________________________________________ 31 3.3. La politique régionale en matière de couverture mobile ___________________ 38 4. Préconisations du CESER pour la meilleure couverture d’Auvergne-Rhône-Alpes en très haut débit numérique ___________________________________________________ 39 La Région et les collectivités locales doivent exercer toutes leurs responsabilités. ___ 40 La Région doit interpeller l’État et/ou l’ARCEP. ________________________________ 44 La Région doit développer une relation de réciprocité avec les opérateurs. _________ 46 Conclusion ________________________________________________________________ 47 Bibliographie ___________________________________________________________ 48 Glossaire des sigles ________________________________________________________ 51 Déclarations des groupes____________________________________________________ 53 Annexes __________________________________________________________________ 62 Contributeurs _____________________________________________________________ 74 Remerciements ____________________________________________________________ 75 Contacts _________________________________________________________________ 76 ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 01 Préambule Préambule Consulté par le Président du Conseil régional sur les voies et moyens d’optimiser la couverture numérique régionale en Très Haut Débit, le CESER considère ce dossier comme de la plus haute importance. Il s’inscrit en effet de manière parfaitement emblématique dans le « fil rouge » qu’il retient pour ses travaux de la nouvelle mandature : l’équilibre des territoires. Enrichissant son expérience, accumulée depuis plusieurs années, l’assemblée représentant les forces vives tente d’abord dans le présent avis de démêler l’imbrication nationale entre les deux systèmes de réseaux filaires et hertziens. La compréhension de ces systèmes, ainsi que du jeu des acteurs et de modèles économiques différents, est fondamentale pour appréhender les marges de manœuvre régionale et locale. Au vu du panorama d’un avancement différencié des déploiements au sein d’Auvergne- Rhône-Alpes, le CESER formule des préconisations très concrètes à l’intention de l’ensemble des parties prenantes pour réussir la couverture numérique au bon débit avec le meilleur rapport qualité-prix. Il appelle notamment la Région à jouer un rôle clé de coordination, dans le respect du principe de subsidiarité. Antoine QUADRINI, Président du CESER Auvergne-Rhône-Alpes ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 02 Introduction Introduction Par courrier en date du 26 janvier 2018, le Président du Conseil régional a sollicité le CESER SAISINE pour formuler constats et propositions sur l’accès à Internet à très haut débit et à la 4G. Il soulignait alors combien « dans un paysage très dynamique, la coordination des initiatives publiques et privées est nécessaire pour lutter contre les fractures territoriales en matière de télécommunications, résorber les zones blanches et assurer la couverture de tout notre territoire, dans des coûts maitrisés ». De par sa formulation, cette saisine est donc centrée sur les réseaux d’infrastructures ; elle RAPPELS fait suite à celle dont le CESER avait fait l’objet en mars 2016 pour faire converger les politiques publiques numériques (réseaux et usages) et à laquelle il avait répondu dans son avis « Pour une dynamique numérique en Auvergne-Rhône-Alpes » adopté le 5 juillet 2016. Le CESER avait à l’époque concentré sa réflexion sur les réseaux fixes à très haut débit. La réflexion à conduire en la matière s’inscrit par ailleurs pleinement dans le cadre de CONTEXTE l’élaboration du SRADDET (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires). Comme indiqué dans la délibération du 29 mars 2018 du Conseil régional : « La thématique des infrastructures numériques sera traitée de manière transversale dans l’ensemble du schéma Ambition Territoires 2030. ». L’aménagement numérique restera donc au centre des préoccupations de la Région avec pour objectif d’être utile pour les habitants, les territoires, le rayonnement régional et l’avenir. Dans le présent avis, le CESER s’est donc interrogé sur les stratégies à privilégier en matière QUESTION de réseaux fixes et mobiles pour parvenir à la meilleure couverture numérique en très haut débit en Auvergne-Rhône-Alpes. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 03 Introduction Répondre au mieux à cette question suppose tout d’abord une bonne compréhension des DEMARCHE enjeux que soulève la couverture numérique en très haut débit du territoire régional, amplement analysés dans des travaux récents du CESER : les principales conclusions dégagées par ceux-ci sont ci-après brièvement rappelées. Puis, pour déterminer les marges de manœuvre de la Région et fonder des propositions, le CESER procéde successivement à : - l’analyse des mécanismes et de la politique nationale relatifs à l’imbrication complexe entre les deux systèmes de réseaux filaires et hertziens, - l’établissement d’un panorama régional sur la couverture en très haut débit, notamment par fibre optique. Il en déduit ensuite un certain nombre de préconisations à l’intention de la Région d’abord, des autres acteurs concernés ensuite, pour assurer la meilleure couverture d’Auvergne-Rhône-Alpes en très haut débit. Pour faciliter la lecture de cet avis, n’hésitez pas à commencer par lire le glossaire des sigles et les fiches en annexes. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 04 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 1. Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 Pour permettre au plus grand nombre une première compréhension des enjeux d’aujourd’hui, le CESER capitalise brièvement en premier lieu les messages issus de ses travaux passés les plus récents sur le très haut débit numérique : - quel enjeu ? - de quoi parle-t-on ? - quels questionnements ? 1.1. L’accès au très haut débit numérique : accès à un réseau stratégique et clé de l’équité territoriale La révolution numérique est la plus rapide de tous les temps. Le numérique joue un rôle majeur dans la croissance économique et une politique de développement de ses usages est essentielle pour les entreprises et les particuliers. D’ici une décennie, les usages du très haut débit seront vraisemblablement liés à la demande exponentielle en flux d’informations et toute erreur ou tout retard dans les décisions en matière de réseau aura des conséquences encore insoupçonnées. L’ambition exprimée par la Région est forte en ce domaine pour transformer les atouts d’Auvergne-Rhône-Alpes en « bouillon de culture » du numérique. Mais le CESER a souligné combien elle peut se révéler illusoire si les infrastructures ne sont pas performantes ni adaptées. Les usages et les infrastructures demeurent indissociables et interdépendants. L’accès à Internet est désormais en passe de devenir un accès à un équipement aussi essentiel que l’eau ou l’électricité. Ce qui est vrai pour un particulier l’est davantage encore pour une entreprise qui pourrait être pénalisée voire disparaitre si elle devenait un « SDF du numérique ». L’accès au très haut débit est aujourd’hui une des premières conditions d’implantation économique. La prévention des zones de non droit à un tel accès constitue une condition sine qua non d’aménagement du territoire. Une responsabilité majeure des collectivités locales est engagée. La Région en particulier doit l’assumer même si la loi NOTRe n’a pas clarifié le niveau de collectivité compétent en matière de numérique : elle est en charge de l’équité territoriale. La Région a par ailleurs une responsabilité particulière en matière de développement économique et se trouve pleinement concernée par le fait qu’à l’échelle nationale seules 9 % des entreprises de moins de 50 salariés ont un accès à la fibre optique. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 05 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 1.2. Le bon débit est celui dont on ne se soucie plus lorsqu’on en a besoin, au bon moment, au bon endroit, à un prix acceptable La demande en débit dans le monde décuple environ tous les 10 ans. Or la définition du Débit montant très haut débit est floue voire insaisissable. En 2025, le débit montant nécessaire au plus = en émission grand nombre pour un accès confortable sera probablement de 100 Mbits/s. C’est ce qu’avait retenu le CESER dès juillet 2016. Débit À l’automne 2016, soit quelques mois après l’adoption de la contribution du CESER, la descendant = Commission européenne a affiché une ambition pour 2025 de la « société du Gigabit », à en réception savoir un Gigabit/s pour les pôles d’activité, mais seulement 100 Mbits/s descendants pour les particuliers. Seule la fibre optique permet d’y répondre en qualité, grâce à un débit dédié symétrique élevé et stable. Dans l’état actuel des connaissances, les limites techniques n’ont pas été atteintes pour la capacité de transport de l’information par la lumière, à l’aide de la fibre optique. Source : M LAGET, Vice-Président du Syndicat Intercommunal des Énergies de la Loire, intervention en Commission 4 du CESER le 10 mars 2017 ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 06 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 À l’horizon 2025, il apparaît clairement que le fil de cuivre supportant la technologie DSL, même « boosté » à plusieurs dizaines de Mbit/s par une technique de « montée en débit », sera disqualifié. Ce sera également le cas du câble coaxial (installé dans le Rhône depuis 1995) qui admet des débits descendants de 100 Mbit/s, mais des débits montants d’à peine quelques Mbit/s. Point haut = Les solutions hertziennes, hormis les ponts hertziens (faisceaux de point à point) pour les toit « autoroutes de l’information », apportent des solutions en mode dégradé, puisque ce sont d’immeuble, des technologies à débit partagé. La propagation des ondes est en effet limitée par le château partage de débit. Le degré de finesse du maillage des « points hauts » devra être corrélé à d’eau, pylône, la densité des usagers. Il devra aussi permettre de réduire les dysfonctionnements résultant tour du passage d’une antenne-relais à une autre. Cette technique est aussi pénalisée par les hertzienne phénomènes d’écran physique lié au relief, à la végétation, etc. Quant à la 5G, beaucoup plus performante que la 4G pour les réseaux mobiles, elle nécessitera un maillage très serré de « points hauts » et autres points d’accès obligatoirement alimentés par un réseau fibre optique. Pour l’heure, en Europe et en France notamment, le seuil de définition du très haut débit est selon l’autorité de régulation (ARCEP) un débit de 30 Mbits/s descendants non garantis, c’est-à-dire avec interruptions, et un débit de 5 Mbit/s montants. Compte tenu de la faiblesse des débits montants, le terme de « très haut débit » est surqualifié. Un temps d’avance non pris est, en matière numérique, un temps de retard. Le CESER avait néanmoins souligné en 2016 combien le temps d’une connexion aux seuls points fixes est révolu, alors que l’accès à Internet se fait à plus de 80 % par des terminaux mobiles (smartphones, tablettes tactiles, terminaux portatifs). L’Internet mobile s’intensifiera encore demain à l’ère des objets connectés, de l’informatique dématérialisée et des mégadonnées. L’avenir réside dans la combinaison optimale entre fibre optique et techniques hertziennes, malgré les limites inhérentes à ces dernières. En menant une telle politique, on n’obérera pas la capacité d’investir pour satisfaire les besoins de demain. Le CESER soulignait par ailleurs que pour les zones les plus isolées, les technologies satellitaires pourraient être utilisées, en admettant un service dégradé par le partage de débit et le temps important de latence du signal. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 07 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 1.3. De nombreuses interrogations et inquiétudes exprimées en juillet 2016 par le CESER Depuis 2010, la problématique de desserte de la fibre à l’usager a mobilisé les CESER d’Auvergne et de Rhône Alpes. Le CESER Rhône-Alpes a montré comment, jusqu’en 2011, certains territoires français comme la Manche ou l’Ain (à travers le syndicat intercommunal de l’énergie de l’Ain, SIEA) avaient été pionniers pour porter un réseau ouvert d’initiative publique (RIP), dont le plan d’affaires était fondé sur la péréquation entre zone denses rentables (Pays de Gex, par exemple) et zones peu denses. À titre d’exemple, ceci avait permis à une grande entreprise (MGI Coutier) de préserver son siège à Champfromier dans la montagne bugiste grâce à un apport de la fibre à un prix de 500 € mensuels au lieu des 8000 € proposés par Orange. Mais l’État a cassé ce modèle en invoquant le droit européen de la concurrence et en soutenant les grands opérateurs privés bien au-delà des obligations européennes, au détriment de l’aménagement du territoire et de l’équité territoriale. Les grands opérateurs ont depuis la possibilité d’écrémer les zones très denses et les zones moyennement denses, dites zones d’appel à manifestation d’intention d’investissement (AMII) agréées par l’État. Pour 90 % des communes françaises et pour les deux tiers d’Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont les collectivités territoriales qui sont les variables d’ajustement avec leurs réseaux ouverts d’initiative publique. Les réseaux d’initiative publique des ex-Régions Rhône-Alpes et Auvergne présentent des modèles économiques différents. En ex-Rhône-Alpes, ce sont six RIP qui sont à l’œuvre. Dans la situation la plus répandue (en dehors du Rhône, de l’Ain et depuis peu de la Savoie qui vient de dénoncer sa DSP), c’est le concessionnaire qui supporte le risque des recettes commerciales. Et la Région acquiert à terme une part de copropriété sur une des fibres du faisceau, au titre d’une formule conventionnelle de vente à terme conclue en 2015. En ex-Auvergne, c’est le contribuable régional qui prend le risque commercial à travers un contrat de partenariat public-privé (PPP) avec Orange, l’opérateur n’ayant pas de pression pour commercialiser le réseau. Le CESER Auvergne s’est d’ailleurs interrogé dès juin 2013, puis le CESER Auvergne-Rhône-Alpes à nouveau en 2016, sur les éléments financiers de ce contrat auxquels il n’a pas été autorisé à accéder ; le secret des affaires ayant été invoqué. Dans son avis de 2016, le CESER a manifesté une grande inquiétude face au risque de fracture territoriale en Auvergne-Rhône-Alpes en matière de desserte de la fibre optique à ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 08 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 l’usager (FttH). Cette inquiétude n’a fait que grandir avec la dénonciation récente de sa DSP par la Savoie. Les questions du déploiement et de la commercialisation doivent faire l’objet de réponses claires : • Le CESER constate l’écart important entre les annonces, les prévisions et les réalisations du raccordement effectif à l’usager. Il a appelé de ses vœux une connaissance très précise et à l’avance des plannings de déploiements (publics et privés), zone par zone, pour les co-financeurs publics comme pour les usagers. Les données ne doivent pas porter sur les seules prises raccordables mais aussi sur les raccordements chez le client en termes de prix, de calendrier et de qualité du service. • Le CESER considère la commercialisation comme étant cruciale, sauf à ce que la parole politique ne soit pas tenue et à ce que les usagers demeurent hors-jeu. Il a souligné l’importance d’une politique d’ouverture concurrentielle aux opérateurs commerciaux fournisseurs d’accès pour réduire non seulement le prix de vente notamment pour les entreprises, mais aussi la fracture territoriale. 1.4. Comparaison des recommandations du CESER avec la feuille de route du Conseil régional de février 2017 Un certain nombre d’intentions exprimées convergent bien avec les préoccupations du CESER : Faire entendre sa voix et s’assurer de la tenue des engagements des opérateurs, notamment en zone privée Favoriser les échanges de bonnes pratiques pour accélérer le déploiement Soutenir la complétude de l’adressage dans les zones rurales Informer les usagers sur le déploiement et l’éligibilité Mais la problématique de la commercialisation et de l’ouverture concurrentielle, notamment pour le secteur des entreprises, n’est pas abordée par la feuille de route. Par ailleurs, le Conseil régional annonce une couverture totale du territoire à 30 Mbits/s descendants au moins d’ici 2021 à l’aide de toutes technologies, dont les solutions hertziennes et la montée en débit sur cuivre. Si le CESER apprécie la volonté exprimée d’un avancement assez rapide, il se demande, comme de nombreux experts, pourquoi soutenir ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 09 Rappel des idées-forces et des interrogations du CESER depuis 2016 la montée exponentielle en débit sur fil de cuivre, qui est une technologie obsolète. Il renouvelle combien il s’agit d’un investissement inutile à long terme, qui obérera l’investissement de demain, alors même que certains RIP ont fait le choix de l’exclure par principe dans leur schéma d’ingénierie initial ; un retour en arrière avec cette technologie ne pouvant en aucun cas préfigurer la fibre. De plus, le Conseil régional adopte dans sa feuille de route un engagement budgétaire moyen annuel à bon niveau de 45 M€ sur 10 ans, à travers un cofinancement à 150 € la prise FttH déployée en Rhône-Alpes et un cofinancement non précisé en ex-Auvergne. L’opacité persistante de l’engagement régional contractualisé pour équiper les prises publiques (estimées à environ 300 000) de la régie THD Auvergne avec un fort risque du contribuable, notamment régional, appelle une nouvelle interrogation. L’effort de la Région consacré à l’ex-Auvergne risque-t-il d’obliger les autres RIP d’Auvergne- Rhône-Alpes à réduire leurs objectifs de déploiement ? Ceci ne serait il pas étrange, s’agissant de RIP pour lesquels la Région n’assume pas de risque commercial et peut obtenir à terme une part de copropriété sur une des fibres du faisceau ? Question essentielle pour l’avenir d’Auvergne-Rhône-Alpes, le bon débit numérique appelle des interrogations multiples auxquelles la « feuille de route » de la Région a apporté des réponses incomplètes. Appréhendant la donne nationale de cette thématique, le CESER a compris combien le contexte national exerce un poids fondamental dans les capacités des acteurs régionaux et locaux à intervenir dans les réseaux à très haut débit. Il était dès lors essentiel de décortiquer au mieux un système complexe et de tenter de le rendre intelligible. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 10 2. La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique 2.1. Réseaux filaires et hertziens, deux systèmes imbriqués mais répondant à deux logiques économiques différentes 2.1.1. Le système français de financement des réseaux filaires fixes : un système mixte public-privé Il faut distinguer en France : les zones d’initiative privée, d’un coût estimé en 2017 entre 6 et 7 milliards d’euros, où les collectivités locales n’ont pas le droit d’intervenir, les zones publiques privées dites d’initiative publique, d’un coût estimé en 2017 entre 13 et 14 milliards d’euros, dont la moitié finançable par le contribuable local, national ou européen. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 11 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique L’IDATE présentait leur répartition lors du colloque de la FIRIP du 4 juillet 2017 : Les zones d’initiative privée concernent 55 % de la population, mais 10 % du territoire. Elles sont partagées en deux catégories : • Les zones « très denses » sont les grands centres urbains où les quatre grands opérateurs (Orange, SFR, Free, Bouygues) se font concurrence par les infrastructures sur leurs deniers. Ceci concerne 148 villes et un potentiel éligible de 5,5 millions de logements et locaux professionnels. Selon l’AVICCA, en mars 2018, 22 communes sont raccordables en FttH à 95 %, mais 26 communes ont encore moins de la moitié de leurs locaux raccordables. • Les zones moyennement denses (3400 communes) pour lesquelles l’État a appelé les investisseurs privés à manifestation d’intérêt d’investissement (AMII) sans garantie de déploiement. Selon Pierre MANIÈRE (journal latribune.fr du 28/06/2016), en 2011, Orange et SFR se sont partagé ces zones et ont promis de rendre éligibles au très haut débit d’ici 2020 respectivement 7,5 et 2,3 millions de logements et locaux professionnels. Les quatre grands opérateurs ont signé un accord de co-investissement. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 12 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique Les zones couvertes par les réseaux ouverts d’initiative publique sont portées en maîtrise d’ouvrage par les collectivités locales. Elles concernent 45 % de la population, mais 90 % du territoire. La mise en place des zones AMII, en réduisant pour les RIP les capacités de péréquation entre zones rentables et moins rentables, a fragmenté le marché et fragilisé les plans d’affaires. Pour sauvegarder l’efficacité des efforts des collectivités locales, l’État a mis en place en 2013 un plan de soutien aux projets de RIP très haut débit, le plan France très haut débit qui fixe à 2022 l’échéance pour atteindre 100 % de couverture des foyers en très haut débit, dont 80 % en fibre optique. Pour mettre en œuvre ce plan, l’agence du numérique instruit les demandes des porteurs de projets dans la limite d’une enveloppe de 3,3 milliards d’euros affectée au Fonds national pour la société numérique (FSN) géré par la Caisse des dépôts. Le plan France Très haut débit permet ainsi d’accélérer la livraison des prises optiques des RIP « raccordables ». Mais les prises raccordables au point de branchement optique ne doivent pas être confondues avec des prises raccordées chez le client : il faut que la commercialisation soit au rendez- vous. 2.1.2. Le système de financement des réseaux hertziens, une logique globalement privée Le hertzien mobile 2G, 3G et 4G Le client mobile doit pouvoir disposer du mobile où qu’il soit et ne peut donc être en liaison qu’avec un opérateur. Le service mobile est ainsi un service d’un opérateur privé à la population au regard d’une autorisation de l’État, à savoir une licence sur une bande de fréquences. Cette licence est un bien immatériel de l’État utilisable par l’opérateur en échange : - du respect d’un cahier des charges fixant des obligations de couverture, - du versement d’une redevance annuelle. Ce type de hertzien peut être utilisé à partir d’un boîtier multiservice fixe. Une collectivité publique ne doit pas apporter à l’opérateur une aide financière susceptible de créer une distorsion de concurrence sanctionnable par la Cour de justice européenne au titre des aides d’État. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 13 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique Il restait à garantir un objectif de couverture globale en Internet mobile, objectif non demandé par l’État avant 2017. Bercy se satisfaisait d’une certaine liberté accordée aux opérateurs contre le versement par ces derniers de licences très onéreuses. L’État a seulement exigé une réponse aux besoins les plus critiques par des programmes de type France Mobile ou zones blanches centre bourgs. Le cahier des charges était quasi inexistant et on se limitait à indiquer qu’une commune n’était pas en zone blanche en téléphonie mobile dès lors qu’on pouvait appeler devant la mairie. La formule de licence bénéfique pour les recettes de l’État ne l’était guère pour l’aménagement du territoire. Ainsi les cartes interactives mises en place par l’ARCEP (www.monreseaumobile.fr) montrent en décembre 2017 que moins de 60 % du territoire français dispose d’une très bonne couverture, que nombre de zones ont une qualité aléatoire ou nulle ou ne reçoivent que certains des quatre opérateurs. Aucun des opérateurs ne couvre jamais plus des deux tiers du territoire. Cette situation est très pénalisante alors que l’usage de l’Internet mobile double chaque année et qu’un statu quo est ainsi de moins en moins toléré. Le THD Radio Une exception existe cependant dans les techniques hertziennes pour permettre une maîtrise d’ouvrage publique : le THD Radio ou RttH, à vocation transitoire. Cette technologie mobile est réservée sur une bande de fréquence dédiée, avec des caractéristiques économiques comparables avec celles du mode filaire. Des obligations fortes lui sont assorties pour assurer une maîtrise du nombre de clients, de façon à préserver la qualité du signal. 2.2. L’état des déploiements En 2016, le CESER soulignait la difficulté pour connaître précisément l’état des déploiements, en distinguant bien les technologies, les foyers éligibles ou raccordables à partir d’un boîtier activé ou non, les raccordements effectifs chez l’usager particulier ou entreprise. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 14 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique Depuis l’adoption de son avis en juillet 2016, l’ARCEP a mis en place un observatoire des marchés des communications électroniques, ainsi que des cartes interactives à l’échelle de la rue, voire de l’immeuble. Ceci constitue un net progrès, avec cependant des limites importantes, faute de précision au plus près de l’usager : sur la qualité de service (temps de rétablissement, temps de retour d’intervention, temps de latence…), sur les technologies conditionnant les débits reçus ou émis par l’abonné, par suites des contraintes du cuivre ou du câble coaxial, comme de la couverture mobile hetzienne ou satellitaire, à débits partagés, sur la mutualisation des prises au bénéfice d’au moins deux opérateurs commerciaux permettant une offre concurrentielle et des prix de raccordement abordables. Il a été annoncé en décembre 2017 un « choc de transparence » qui se fait attendre. Des données globales par technologie sont néanmoins fournies par l’ARCEP : il ressortait au 1er décembre 2016 une part encore faible de la fibre optique à l’abonné (FttH) parmi les raccordements fixes : sur 15,4 millions de logements éligibles à un débit supérieur à 30 Mbits/s descendants, seuls 6,95 millions l’étaient en fibre optique, contre 5,5 millions en fil de cuivre et 8,8 millions en câble coaxial. Malgré la progression du nombre de prises déployées (+13 % de 2016 à 2017) et même si la progression du nombre d’abonnés au très haut débit dépasse depuis 2014 celle des abonnés au haut débit, la fracture numérique persiste entre zones plus denses et zones moins denses. En décembre 2017, lors de la conférence nationale des territoires, il était rappelé que plus de 15 % des locaux n’a pas accès à Internet avec un débit filaire satisfaisant. Selon les données de l’ARCEP sur les prévisions de couverture FttH dans les RIP à l’horizon 2022, présentées lors de la conférence annuelle du très haut débit organisée par l’agence du numérique le 9 avril 2018, une moitié des départements français devrait faire l’objet d’une couverture à plus de 90 %. Tel devrait être le cas pour l’Ain, la Loire, la Drôme, l’Ardèche et l’Isère. Les départements auvergnats et savoyards risquent toutefois de demeurer en deçà d’un taux de couverture de 50 %, selon l’ARCEP. La fracture territoriale existe aussi à l’intérieur des zones les plus denses. Ainsi, en 2017, Patrick CHAIZE, sénateur de l’Ain et président de l’AVICCA, constate que 5 millions de locaux préemptés par les opérateurs sont programmés mais non raccordables. De plus, s’agissant du raccordement au client, selon l’entreprise KOSC Telecom, dans une rue de CHATOU, en zone dense, des locaux professionnels ne sont pas raccordés alors que des particuliers le ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 15 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique sont. Ceci est particulièrement observé si l’usager est incité à se satisfaire d’une Complétude = terminaison cuivre amortie par l’opérateur mais rapidement obsolète. obligation règlementaire Pour les zones AMII, l’AVICCA s’inquiète en mars 2018 de ce que 2322 communes sur 3400 destinée à garantir n’ont encore aucune prise raccordable à moins de 3 ans de l’échéance 2020 promise par la couverture les opérateurs. complète des zones desservies Depuis 2010, l’ARCEP a imposé aux opérateurs une obligation dite de complétude hors des en fibre optique en zones très denses : ils doivent en principe desservir l’ensemble des locaux situés dans la dehors des zones zone desservie par un point de mutualisation (dite « zone arrière »). Mais l’ARCEP indique très denses que le manque d’articulation entre ces « zones arrières » entraine des « trous de couverture » très difficiles à combler en raison de l’architecture du réseau. Graphique CEREMA juin 2016 Paradoxalement, des raccordements peuvent être parfois plus aisés en zone moins dense lorsque le client est aidé pour son raccordement final. L’offre concurrentielle de multiples fournisseurs d’accès est déterminante sur le coût pour l’usager. De plus, le RIP maître d’ouvrage et l’opérateur délégataire partagent parfois avec le client le coût du raccordement ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 16 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique final. Enfin, au nom de l’équité territoriale, des collectivités peuvent décider de pratiquer une péréquation tarifaire en accord avec leur délégataire pour offrir un tarif unique à chaque usager. C’est l’intérêt d’ailleurs des opérateurs de faciliter la commercialisation des lignes FttH s’ils en supportent le risque. Tel est le cas de Drôme-Ardèche ou de la Loire, à titre d’exemples. À cette problématique de commercialisation s’ajoutent des limites opérationnelles pour le déploiement de la fibre optique. À cela deux raisons : - la tension sur la main d’œuvre notamment en conception-réalisation. Objectif fibre estime que le nombre d’emplois nécessaires au déploiement et à la maintenance de la FttH s’élève à 20 000 en France d’ici 2022 (2300 en Auvergne-Rhône-Alpes). - la pénurie de fibre. La qualité de fibre G 657 est recommandée en France alors qu’elle ne représente que 3 % du marché mondial et qu’on manque de disponibilité en « préforme » (matière première). Les collectivités n’ayant pas anticipé les commandes se trouvent en difficulté. Un point de vigilance est à observer : ces limites opérationnelles pourraient elles constituer pour les opérateurs une opportunité de justifier des retards pour raison de force majeure et d’échapper ainsi aux pénalités ? 2.3. La question clé de l’ouverture concurrentielle pour l’accès des entreprises à la fibre optique Une bonne couverture du territoire en très haut débit par la fibre optique ne peut se faire que par la concurrence. Il convient d’éviter la situation des États-Unis : selon le régulateur FCC, les usagers n’y ont souvent affaire qu’à un seul opérateur et des pans entiers du territoire sont exclus du déploiement. Verticalement intégré = Le CESER a particulièrement analysé la problématique de déficience d’intensité opérateur concurrentielle pour l’équipement en fibre des TPE/PME et du tissu associatif. d’opérateurs et opérateur De nombreuses entreprises ont besoin d’un accès fibré avec une plus grande qualité de commercial service au regard du volume de données à échanger : garantie de débit, temps réduit de latence, garantie de rétablissement en cas de panne, sécurité des échanges sont autant de besoins de cette clientèle. Pure player = Or le marché de gros de la fibre optique est concentré sur deux opérateurs « verticalement opérateur intégrés » que sont Orange (49 %) et SFR (26 %) ; les autres acteurs étant surtout des commercial opérateurs de RIP « pure players ». Orange et SFR exercent aussi une activité d’opérateur uniquement ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 17 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique commercial fournisseur d’accès à Internet (FAI) sur le marché de détail auprès des usagers. Leur avantage compétitif en fournissant toute la gamme de services est dénoncé par l’autorité de la concurrence du fait de la situation de monopole. Orange et SFR n’ont en fait pas intérêt à ouvrir leur réseau à des FAI concurrents, mais à activer eux mêmes par leurs équipements sur leur fibre inerte dite « noire » une offre spécifique très chère (souvent de l’ordre de 2000 €), la fibre jusqu’au bureau (FttO) sur une boucle locale dédiée (BLOD) entre leur nœud de raccordement optique et le client. De nombreuses TPE et PME se trouvent ainsi hors-jeu pour raisons financières. En conséquence, selon l’ARCEP, seuls 100 000 entreprises ont à ce jour opté pour des offres sur fibre optique tandis que 500 000 entreprises continuent à utiliser des solutions sur cuivre. Cette situation est un facteur de moindre compétitivité par rapport à certains pays européens. Graphique CEREMA août 2017 L’ARCEP cherche à ouvrir les réseaux à la concurrence en divisant plusieurs fois le prix : elle contraint désormais Orange et SFR à ouvrir entre le nœud de raccordement optique (NRO) et le point de mutualisation (PM) un réseau de fibres optiques passives, la « boucle locale optique mutualisée » (BLOM). Sur le point de mutualisation, peuvent se raccorder soit des offres FttH à qualité de service standard (sans garantie de débit ni de temps de rétablissement), soit des offres FttE ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 18 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique entreprises un peu plus chères avec une meilleure qualité de service, mais très attractives par rapport aux liens dédiés. Agnès HUET, Vice-Présidente de la FIRIP, le décrit ainsi : Contrairement à d’autres pays européens et malgré le souhait de l’autorité de la concurrence, l’ARCEP n’a pas demandé à l’opérateur historique Orange une offre activée ouverte à la concurrence sur la boucle locale optique mutualisée. Il faut passer par une offre de gros passive ; l’ARCEP invoquant le fait que ceci permet aux opérateurs de gros de proposer des solutions plus innovantes. Pour éviter qu’Orange ne reconstitue un monopole sur la boucle locale optique mutualisée, l’ARCEP a décidé : - d’imposer depuis le 1er/01/2018 à Orange la fourniture d’une qualité de service renforcée sur sa fibre noire, ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 19 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique - de permettre l’arrivée d’un acteur intermédiaire, le consortium KOSC TELECOM qui a signé en juillet 2017 avec Orange un accord pour fournir des offres concurrentes sur son réseau activant des fibres. Cette solution non encore opérationnelle devrait permette un tarif forfaitaire à 135 € à l’extrémité d’une chaîne à trois maillons : - Orange fournissant le réseau à l’amont du bâtiment du NRO, - KOSC opérateur d’opérateurs l’activant (si le bâtiment du NRO est assez bien dimensionné) et le revendant clés en main aux opérateurs de détail, - l’opérateur de détail (FAI) traitant avec le client. C’est l’activation des services de gros qui crée la dynamique des prix par la concurrence. Selon l’observatoire des RIP mis en place par la FIRIP, en 2017, le taux de souscription à la fibre de la part des entreprises est très fort (65 %) sur les RIP actifs et faible (10 %) sur les RIP passifs. L’action des collectivités locales privilégiant d’emblée l’activation de la fibre par des opérateurs « pure players » a été déterminante. Ce fut le cas dans l’ex-région Rhône-Alpes. Il serait opportun de connaître la liste des opérateurs de détail intervenant dans le cadre du PPP Auvergne en concurrence avec Orange. En zone privée au contraire, l’offre est souvent en « peau de léopard » ; ce qui est d’autant plus préjudiciable aux établissements à caractère économique qu’ils ne sont pas distingués des logements. 2.4. Les récentes dispositions de l’État sur les réseaux fixes et mobiles 2.4.1. Le gouvernement a annoncé trois jalons pour le déploiement toutes technologies En juillet 2017, le Président de la République a souhaité une accélération du déploiement. Trois jalons ont été posés : - 2020 – Apporter à tous les français un « bon haut débit » de 8 Mbit/s. - 2022 – En application du plan France Très haut débit, délivrer à tous les foyers 30 Mbit/s descendants dont au moins 80 % en fibre optique. - 2025 – Honorer le souhait de la Commission européenne d’un accès à la société du Gigabit, ce qui se traduirait par l’accès de tous à 100 Mbits/s descendants. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Pg. 20 La donne nationale actuelle de la couverture en très haut débit numérique À l’horizon 2020 En zone privée, 55 % de la population devrait être desservie à 8 Mbit/s selon les annonces des opérateurs. Mais à l’analyse de la situation actuelle, des retards de couverture parfois importants sont d’ores et déjà prévisibles. En effet, en zone d’initiative publique, 2 à 2,5 millions de locaux ne devraient pas disposer de desserte fixe (fibre, cuivre, câble) à 8 Mbit/s, en vision optimiste. Les solutions hertziennes ou satellitaires, avec leurs limites, sont à l’étude. À noter aujourd’hui pour la solution satellitaire une saturation des faisceaux sur la bande entre TOULOUSE et la FRANCHE-COMTÉ. Il faudra attendre un nouveau satellite. À l’horizon 2022 Compte tenu d’une réelle appétence des usagers pour s’abonner à la fibre et de la baisse des coûts liés à l’industrialisation du process, un cercle vertueux s’est instauré récemment avec les investisseurs privés qui se déclarent intéressés à s’engager en zone moins dense hors des zones AMII. Ceci serait de nature à réduire la pression sur les aides publiques et répondrait ainsi aux vœux de la mission Très haut débit. Ce contexte nouveau ne réduit pas cependant totalement le risque de certains retards de déploiement par les opérateurs, malgré leurs engagements. Selon l’ARCEP, fin 2017, le déploiement s’établit comme suit : en zone privée très dense Sur 6 millions de prises, 4,8 millions sont raccordables. Des lacunes demeureront possibles (« fissures » numériques par exemple dans les zones pavillonnaires et les « poches de basse densité »). en zone privée AMII Les opérateurs sont engagés dans un déploiement total d’ici fin 2020, soit 13 millions de prises. Depuis 2011, en 8 ans, 4,2 millions ont été déployées, soit un tiers. Réaliser les deux tiers restants en 3 ans paraît peu probable. en zone d’initiative publique Sur 11 millions de prises, seules 1,1 million sont déployées. Restent 10 millions de prises FttH à déployer en 5 ans. ACCÈS AU TRÈS HAUT DÉBIT : POUR UNE COORDINATION RÉGIONALE
Vous pouvez aussi lire