État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...

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État de l’agriculture urbaine à Montréal
Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l’Office de consultation publique de Montréal

                                                                                                                     mai 2012
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Ce document a été produit par la Direction des grands parcs et du verdissement
de la Ville Montréal en collaboration avec :
• les directions suivantes : Direction des communications ; Direction du
   développement économique et urbain ; Direction de l’habitation ; Bureau du
  plan ; Direction de la culture et du patrimoine ; Direction de la diversité sociale ;
  Muséums Nature de Montréal ; Direction de l’environnement et du développement
  durable ; Conseil du patrimoine ;
• les 19 arrondissements ;
• les sociétés paramunicipales : Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM)
   et Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM).

Révision du texte : Colette Schwartz

Conception graphique pages intérieures : Caroline Marcant - zigomatik.ca

Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2012

ISBN 978-2-7647-1070-8 (imprimé)
ISBN 978-2-7647-1071-5 (PDF)

Imprimé sur papier recyclé
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Le mot du Maire                             Le droit d’initiative prévu dans la nouvelle
   Charte montréalaise des droits et des responsabilités permet dorénavant à des
   citoyens de proposer à la Ville de Montréal l’étude de projets novateurs d’intérêt
   public.

   Je suis heureux que ce nouvel outil démocratique ait permis à un groupe engagé
   d’obtenir que L’état de l’agriculture urbaine à Montréal soit le premier sujet ainsi
   porté à l’attention de la Ville. Avec plus de 29 000 signatures, la pétition soumise
   est un formidable exemple de la vitalité démocratique qui existe à Montréal et de
   l’intérêt que suscite la pratique de l’agriculture urbaine chez les Montréalais.

   Cet engouement pour l’agriculture urbaine que l’on observe aujourd’hui dans de
   nombreuses villes du monde est le reflet d’une volonté grandissante des collectivités
   locales de se donner les moyens de protéger leur qualité de vie et leur biodiversité.

   La Ville de Montréal reconnaît l’importance des activités agricoles urbaines et
   souhaite leur développement. Elle a initié différents projets, elle participe et soutient
   de nombreuses activités. La consultation publique sera l’occasion de compléter le
   portrait des initiatives en matière d’agriculture urbaine et de dégager des possibilités
   de développement en cohérence avec les politiques de la Ville.

   Voici donc l’occasion de bien saisir une préoccupation émergente dont il faudra tenir
   compte à l’avenir dans la planification urbaine. Je vous souhaite à toutes et à tous
   une consultation éclairante et constructive !

                                             État de l’agriculture urbaine à montréal          1
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Résumé                          L’agriculture a mar-
                                               qué le développement de Montréal et
                                                                                               agricole du Bois-de-la-Roche et l’éco-
                                                                                               territoire du corridor écoforestier de
                                                                                                                                                 éco-quartiers, des écoles ou des associa-
                                                                                                                                                 tions de locataires.
                                               les Montréalais semblent n’avoir jamais         l’île Bizard) et de conserver des activités
                                               cessé de jardiner. Le contexte économique       agricoles en dehors de la zone agricole           Les Montréalais ont de nombreuses occa-
                                               et environnemental actuel a conduit à           permanente (dans le parc-nature du Cap-           sions de découvrir ou d’approfondir leurs
                                               l’émergence d’un ensemble de nouvelles          Saint-Jacques).                                   connaissances en jardinage. Le Jardin bo-
                                               initiatives agricoles. Alors que dans les                                                         tanique, les éco-quartiers, les arrondisse-
                                               années 70, le jardinage était surtout           Montréal a une longue tradition en                ments et la Direction de l’environnement
                                               considéré comme un loisir, il s’inscrit         matière de jardins communautaires. La             et du développement durable organisent
                                               maintenant dans le courant de l’agricul-        Ville a adopté un programme municipal             de nombreux rendez-vous autour de
                                               ture urbaine qui réunit des pratiques dans      de jardins communautaires dès 1975 et le          l’agriculture urbaine : ce sont les jardins
                                               une diversité de lieux et une démarche          programme a pris de l’expansion dans les          de démonstration, les grands événements
                                               qui peut être commerciale, communau-            années 1990. Depuis 2002, la gestion des          publics, les visites, les conseils horticoles
                                               taire ou citoyenne. L’agriculture urbaine       jardins communautaires est assumée par            et le soutien à la formation. Ces initia-
                                               procure de nombreux bénéfices sur les           chacun des arrondissements. Montréal              tives sont très importantes pour faire
                                               plans économique, environnemental,              compte 95 jardins communautaires ani-             connaître l’activité agricole et encourager
                                               social et sur le plan de la santé. Elle main-   més par plus de 12 000 jardiniers. Devant         son développement.
                                               tient ou crée des paysages très diversifiés.    l’importante demande pour des parcelles
                                               La Ville de Montréal reconnaît l’impor-         de jardinage et la prise de conscience            Plusieurs règlements de portée générale
                                               tance et les bienfaits de l’agriculture         affirmée pour une alimentation saine,             ainsi que des règlements de la compé-
                                               urbaine. Elle a pris plusieurs engagements      une grande diversité de nouvelles ini-            tence des arrondissements viennent
                                               à cet égard dans le plan d’urbanisme            tiatives a vu le jour récemment. Ces              encadrer certaines pratiques agricoles.
                                               et les plans de développement durable           projets se déploient au cœur des projets          Aussi, parmi les autres champs de respon-
                                               qu’elle a adoptés.                              résidentiels, dans les cours d’école, les         sabilité la Ville, certains ont une influence
                                                                                               espaces institutionnels, sur les toits, les       plus ou moins directe sur l’activité agri-
                                               Les activités agricoles se déploient à          balcons, les terrasses et dans les espaces        cole (gestion des matières résiduelles,
                                               Montréal dans l’espace périurbain et au         résiduels. Ce sont particulièrement des           développement économique et marchés
                                               cœur de la ville. La zone agricole per-         jardins collectifs. Aussi, il est parfois prévu   publics).
                                               manente décrétée par le gouvernement            dans certains développements résiden-
                                               du Québec couvre 2 046 ha (arrondisse-          tiels d’aménager un local permettant              La Ville de Montréal reconnaît l’impor-
                                               ments de Pierrefonds-Roxboro et L’Île-          d’accueillir une cuisine collective. Un           tance des activités agricoles urbaines et
                                               Bizard−Sainte-Geneviève, Senneville             premier inventaire a permis de recenser           est impliquée dans de nombreux projets.
                                               et Sainte-Anne-de-Bellevue). La Ville           plus de 70 jardins collectifs soutenus par        Elle souhaite leur développement. Les
                                               prévoit maintenir et dynamiser la zone          la Ville et les Sociétés paramunicipales.         pratiques agricoles marquent les pay-
                                               agricole permanente, tel que mentionné          Ces jardins sont généralement créés par           sages de la Ville… Quels paysages vou-
                                               dans son plan d’urbanisme (dans le parc         des organismes communautaires, des                lons-nous pour la ville de demain ?

2   État de l’agriculture urbaine à montréal
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Summary                        Agriculture
 has had a marked influence on the de-
                                                of the Île Bizard Ecoforest Corridor) and
                                                to preserve agricultural activities outside
                                                                                              eco-neighbourhoods, boroughs and
                                                                                              the Direction de l’environnement et du
 velopment of Montréal, and Montrealers         the permanent agricultural zone (Cap-         développement durable organize many
 have apparently never stopped garden-          Saint-Jacques Nature Park).                   get-togethers around the topic of urban
 ing. The current economic and environ-                                                       agriculture: demonstration gardens, large
 mental climate has led to the emergence        Montréal has a long tradition of com-         public events, visits, horticultural advice
 of an array of new agricultural initiatives.   munity gardens. In 1975, the city adopted     and training support. These initiatives
 Whereas in the 1970s, gardening was            a municipal program for community             are very important to help promote
 mostly viewed as a pastime, it is now an       gardens, which broadened in the 1990s.        agricultural activity and encourage its
 intrinsic part of an urban agriculture that    Since 2002, each borough has been re-         development.
 combines practices in diverse locations        sponsible for managing the community
 with a process that can be commercial,         gardens on its territory. Montréal has 95     Several city bylaws that are general
 community-based or citizen-based.              community gardens that are cared for          in scope, as well as borough bylaws,
 Urban agriculture offers many economic,        by more than 12,000 gardeners. Faced          provide a framework for certain agricul-
 environmental, social and health benefits.     with the great demand for garden plots        tural practices. Some aspects of the city’s
 It maintains or creates highly diversi-        and awareness of the benefits of healthy      jurisdiction also influence agricultural
 fied landscapes. The Ville de Montréal         eating, a wide variety of new initiatives     activities directly or indirectly (waste
 recognizes the importance and benefits         have recently been undertaken. These          management, economic development
 of urban agriculture and has made sev-         projects are being carried out in the heart   and public markets).
 eral commitments in this regard, in the        of residential projects, in schoolyards and
 urban development plan and sustainable         institutional spaces, and on rooftops,        The Ville de Montréal recognizes the im-
 development plans that it has adopted.         balconies, terraces and waste lots. For the   portance of urban agricultural activities
                                                most part, these are collective gardens.      and is involved in many of these projects.
 Agricultural activities are carried out in     Sometimes a room is also set aside in         The city encourages their development.
 the urban periphery of Montréal and            some residential developments to serve        Agricultural practices leave their mark on
 in the heart of the city. The permanent        as a collective kitchen. An initial inven-    city landscapes. What landscapes do we
 agricultural zone designated by the            tory identified more than 70 collective       want for the city of tomorrow?
 Québec government covers 1,046 ha (the         gardens maintained by the city and by
 boroughs of Pierrefonds-Roxboro and            paramunicipal bodies. These gardens are
 Île-Bizard−Sainte-Geneviève, as well as        generally created by community organ-
 the cities of Senneville and Sainte-Anne-      izations, eco-neighbourhoods, schools or
 de-Bellevue). As mentioned in its urban        tenants’ associations.
 development plan, the city intends to
 maintain and revitalize the permanent          Montrealers have a wealth of opportun-
 agricultural zone (Bois-de-la-Roche            ities to discover or broaden their know-
 Agricultural Park and the eco-territory        ledge of gardening. The Botanical Garden,

                                                                                                                                            État de l’agriculture urbaine à montréal   3
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
❝          Le Groupe de travail en agriculture urbaine (GTAU) a déposé le 15 novembre 2011
                            à la Direction du greffe de la Ville de Montréal une pétition de 29 068 signatures,
                            demandant que la Ville tienne une consultation publique sur « l’état de l’agriculture
                            urbaine à Montréal ». Le 14 décembre 2011, le comité exécutif de la Ville de Montréal
                            a mandaté l’Office de consultation publique de Montréal pour tenir cette consultation,
                            conformément aux dispositions de l’annexe B du Règlement sur la Charte montréalaise
                            des droits et responsabilités et sur le droit d’initiative. Le comité exécutif a mandaté
                            la Direction générale de la Ville qui a confié à la Direction des grands parcs et du
                            verdissement la responsabilité d’agir à titre d’unité administrative responsable
                            dans le présent dossier. Ainsi, la Direction des grands parcs et du verdissement, en
                            collaboration avec les autres directions de la Ville, les arrondissements et les sociétés
                            paramunicipales a produit le présent rapport qui propose un portrait de l’agriculture à
                            Montréal, relié aux responsabilités de la Ville.

4   État de l’agriculture urbaine à montréal
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Table des matières
Introduction7                                                                      4. Initiatives privées soutenues par la Ville                                25
                                                                                     4.1. Les jardins collectifs                                                 26
1. L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui                            8     4.2.	Revitalisation urbaine et développement résidentiel                   26
 1.1.	Quelques éléments de l’histoire agricole de Montréal                   9     4.3. Les éco-quartiers                                                      30
 1.2. Les témoins du passé agricole                                          11     4.4. Autres initiatives                                                     31
 1.3. L’art et l’agriculture                                                 12
 1.4.	Montréal reconnaît aujourd’hui l’importance du développement
    de l’agriculture urbaine et a pris des engagements pour son                     5. Les rendez-vous agricoles                                                 32
    renforcement                                                             12     5.1. Les lieux de démonstration et d’apprentissage                         33
                                                                                     5.2. Les conseils horticoles                                                34
                                                                                     5.3. Les grands événements autour de l’agriculture urbaine                 36
2. L’agriculture périurbaine                                                 15     5.4.	Le soutien à la formation et la découverte de l’agriculture
 2.1. Les activités agricoles de l’ouest montréalais                        15           dans la ville                                                         37
 2.2.	L’agriculture dans le réseau des grands parcs montréalais             16     5.5. Les clubs et concours                                                  37
 2.3. Le projet de paysage humanisé de l’île Bizard                         17

                                                                                    6. Les aspects réglementaires                                                38
3. Les jardins communautaires                                                 18    6.1. La réglementation générale                                             38
 3.1.	Les bénéfices sociaux et environnementaux, l’accessibilité aux jardins 19    6.2.	Les règlements appliqués et adoptés par les arrondissements           39
 3.2.	Les impacts économiques                                                20    6.3. Le cas particulier de l’apiculture                                     41
 3.3. La gestion des jardins communautaires                                  20    6.4.	L’inspection des aliments                                             41
 3.4. Le portrait de la clientèle                                             22
 3.5.	La problématique de contamination de certains jardins                  24
                                                                                    7. Autres activités de soutien à l’agriculture                               42
                                                                                     7.1.	La gestion des matières résiduelles et la production de compost       42
                                                                                     7.2.	Le développement économique                                           43
                                                                                     7.3.	Les marchés publics                                                   44

                                                                                    Conclusion46
                                                                                    Annexes47

                                                                                                                           État de l’agriculture urbaine à montréal    5
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Introduction                               L’agriculture urbaine est enten-
                                                                                             due comme la production alimentaire
                                                                                             en milieu urbain. Bien qu’elle soit très
                                                                                             ancrée dans la réalité montréalaise, elle
                                                                                             suscite depuis quelque temps un réel
                                                                                             engouement.

           ❝                                                                                                                                 ❝
                                                                                             Quand on parle d’agriculture à Montréal
                  Agriculture : « Culture du sol, ensemble des travaux transformant          aujourd’hui, la diversité vient à l’esprit :         Jardinage : « Culture, entretien
                 le milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux            diversité des initiatives, des acteurs, des          des jardins - arboriculture,
                                               utiles à l’homme ». (Petit Robert, 2009)      territoires, des usages et des pratiques ;           horticulture, maraîchage ».
                                                                                             aussi, diversité des bénéfices et des en-
                                                                                                                                                  (Petit Robert, 2009)
                                                                                             jeux. En effet, l’agriculture se déploie par-
                                                                                             tout à Montréal, de l’espace périurbain
                                                                                             au cœur de la ville. Elle s’exerce dans des     maintenant à parler plus d’agriculture
                                                                                             champs en périphérie de l’agglomération,        urbaine que de jardinage. En effet, les
                                                                                             dans des jardins collectifs et communau-        bénéfices de cette activité sont nombreux
                                                                                             taires1, mais aussi dans des cours, sur les     et les activités sont diversifiées.
                                                                                             toits et les terrasses. C’est une agriculture
                                                                                             commerciale, communautaire ou encore            Sur le plan économique, l’agriculture
                                                                                             citoyenne.                                      urbaine assure une production alimen-
                                                                                                                                             taire locale, elle diminue le prix du panier
                                                                                             Lorsque le programme des jardins com-           d’épicerie et participe ainsi à la sécu-
                                                                                             munautaires a été mis en place dans             rité alimentaire. Elle crée des emplois et
                                                                                             les années 70 par la Ville de Montréal,         contribue à l’intégration au marché du
                                                                                             le jardinage était surtout vu comme un          travail d’une population aux prises avec
                                                        La ferme écologique du parc-nature   loisir, favorisant le contact avec la terre.    un taux de chômage élevé (grâce aux
                                                                     du Cap-Saint-Jacques
                                                                                             Les jardins étaient souvent conçus en           organismes d’insertion professionnelle).
                                                                                             vue d’une occupation temporaire du
                                                                                             territoire. Le contexte a beaucoup changé       Sur le plan social, l’agriculture urbaine
                                                                                             depuis, les conditions économiques et les       favorise l’intégration sociale, le dévelop-
                                                                                             préoccupations environnementales ont            pement d’un sentiment d’appartenance
                                                                                             fait en sorte que le jardinage devienne         et de solidarité, elle permet d’établir des
                                                                                             une nécessité économique et un nouveau          liens sociaux et d’entraide, offre des acti-
                                                                                             mode de vie répondant à des préoccupa-          vités de loisirs et des activités éducatives
                                                                                             tions écologiques. On a ainsi tendance          reliées à la terre.

6   État de l’agriculture urbaine à montréal
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
Sur le plan de l’environnement, l’agri-       Montréal en vue de l’adoption d’un plan       dans ce document toutes les initiatives
culture urbaine permet une production         de développement et de la révision du         montréalaises en agriculture urbaine,
de proximité et souvent biologique.           schéma d’aménagement de l’agglomé-            mais d’identifier les projets, programmes
Elle recrée un lien entre l’humain et la      ration. Dans le cadre de cet exercice, la     et règlements sous la responsabilité de la
nature. L’agriculture apporte de la ver-      Ville souhaite mettre à contribution une      Ville et auxquels la Ville participe. Après
dure en ville, participe à la biodiversité    diversité d’acteurs pour dégager une          un rappel historique de la place de l’acti-
et contribue à l’apparition de paysages       vision d’avenir et pour élaborer diverses     vité agricole dans l’histoire montréalaise

                                                                                                                                           ❝
remarquables, parfois insolites et toujours   stratégies d’intervention dont certaines      et une présentation de témoins du passé,
en mouvement. Les jardins contribuent à       pourront prendre en considération la pra-     le document cite les engagements de la                 « Dans notre société, la rapidité,
absorber les eaux de ruissellement et à       tique de l’agriculture urbaine et périur-     Ville pour l’agriculture urbaine (chapitre             la compétition et la rentabilité
préserver des îlots de fraîcheur. Le jardi-   baine. La demande du GTAU s’inscrit aussi     1). Les chapitres qui suivent explorent les            sont souvent posées comme des
nage permet une prise de conscience des       dans le contexte de l’entrée en vigueur,      pratiques agricoles en zone périurbaine
                                                                                                                                                   critères de réussite. Le jardinage
citoyens relativement à leur responsabi-      le 12 mars 2012, du Plan métropolitain        puis urbaine, dans les jardins commu-
lité en matière d’amélioration du cadre de    d’aménagement et de développement             nautaires et collectifs (chapitre 2, 3 et              permet de valoriser des qualités
vie et de développement durable.              (PMAD) et des consultations publiques         4). Par la suite sont présentés les lieux              moins reconnues, comme
                                              qui ont précédé son adoption, lors des-       de démonstration de l’agriculture, les                 l’observation, l’écoute, la patience,
Sur le plan de la santé, l’agriculture        quelles de nombreux groupes et citoyens       initiatives éducatives, les événements                 la persévérance et la capacité à
urbaine contribue à de saines habitudes       ont fait valoir l’importance de conserver     et conseils en horticulture (chapitre 5).
                                                                                                                                                   se projeter autrement que sur le
de vie, en incitant à se nourrir de fruits    les limites actuelles de la zone agricole     Un chapitre est consacré aux aspects
                                                                                                                                                   court terme. »
et de légumes et à pratiquer une activité     permanente et de protéger les milieux         réglementaires entourant cette pratique
physique extérieure. Les jardins collectifs   naturels de la grande région métropoli-       (chapitre 6). Enfin, il est fait mention               (Mairie de Paris, février 2009)
et communautaires aident à la création        taine. Mentionnons que le PMAD recon-         d’initiatives importantes ayant un lien
d’un réseau d’aide, notamment pour les        naît l’importance de soutenir l’agriculture   plus indirect avec la culture du sol, tels
personnes âgées et isolées.                   et l’industrie agroalimentaire de la région   la production de compost, le développe-
                                              et qu’un des objectifs spécifiques inscrits   ment économique et les marchés publics
C’est cette diversité de bénéfices, ce        à ce plan consiste à augmenter de 6 %         (chapitre 7).
côté multifonctionnel, qui en fait une        d’ici 2031 la superficie globale des terres
activité d’importance pour la ville, hier,    cultivées.                                    La consultation publique sur « l’état
aujourd’hui et demain.                                                                      de l’agriculture urbaine à Montréal »,
                                              Le présent document donne un état de          comme demandé par le GTAU, permettra
La demande de consultation publique du        la situation. Il vise à présenter le rôle     de dresser un portrait de cette activité
Groupe de travail en agriculture urbaine      et les actions de la Ville de Montréal en     à Montréal et d’en dégager des enjeux
(GTAU) met l’agriculture à l’avant-scène.     matière d’agriculture urbaine, ceci dans      pour l’avenir. Le présent document est
Cette demande arrive à un moment              le cadre de ses champs de responsabi-         une première étape de ce bilan et vise à
opportun puisque la Ville a engagé une        lités (voir schéma synthèse en annexe,        amorcer les discussions.
importante réflexion sur l’avenir de          p.48). Il ne s’agit donc pas de recenser                                                       1. Un lexique est proposé en annexe

                                                                                                                                          État de l’agriculture urbaine à montréal         7
État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
1   L’agriculture
     à Montréal :
         d’hier à
     aujourd’hui

      Côte-des-Neiges (mai 1947), au nord de la
       Paroisse Saint-Pascal-Baylon, des champs
                                        cultivés.

8   État de l’agriculture urbaine à montréal
L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui
Les pratiques agricoles ont joué un rôle majeur dans le développement de Montréal.
Des paysages champêtres et des bâtiments anciens nous rappellent ce passé. Au-delà
de ces témoins, l’agriculture reste bien présente aujourd’hui à Montréal et la Ville a
pris des engagements pour soutenir et développer cette activité.

1.1 Q
     uelques éléments de l’histoire            Parallèlement, au nord-ouest du territoire       La métropole étant un lieu de grande             Marie-Victorin crée les jardinets d’écoliers
    agricole de Montréal                        montréalais, la seigneurie de l’Île-Bizard       activité économique, l’industrie liée à          dans l’intention de favoriser le contact
Les Iroquoiens ont vécu dans la région de       s’ouvre à la colonisation à partir de 1735.      l’agriculture s’y épanouit. Des usines           direct avec la nature. Durant la Deuxième
Montréal entre les années 1000 et 1535.                                                          de traitement et de transformation des           Guerre mondiale, le gouvernement a
Au XVIe siècle, on estime qu’ils étaient        Les chemins de côte et leur toponyme             produits agricoles — Five Rose, Ogilvie,         encouragé les citoyens à « planter un jar-
près de 10 000 à cultiver le maïs dans          — chemins de la Côte-des-Neiges, Côte-           Guaranteed Pure Milk, Molson — et                din de la Victoire pour gagner la guerre ».
la vallée du Saint-Laurent. Ils étaient         Sainte-Catherine, Côte-Saint-Luc, Côte-          les lieux de transbordement comme                Par la suite, c’est le programme municipal
les premiers cultivateurs sur les rives du      Saint-Antoine, Côte-de-Liesse, Côte-             les immenses silos à grains du port de           de jardins communautaires qui est mis
fleuve. Lorsque Jacques Cartier aborde          Vertu — constituent les témoins les plus         Montréal marquent le paysage urbanisé.           en place (1975). Il s’agissait initialement
l’île qui porte aujourd’hui le nom de           anciens de l’activité agricole sur l’île de      Étant donné l’importance de la popula-           d’une utilisation temporaire d’espaces
Mont­réal, il y trouve des terres « labourées   Montréal. Ces chemins sont identifiés            tion montréalaise, la ville devient un lieu      délaissés. Leur succès et l’importance des
et belles ». Ce sont celles des Iroquoiens      aujourd’hui comme les tracés fondateurs.         privilégié d’échanges commerciaux. Il            bénéfices des activités de jardinage ont
qui cultivent les « trois sœurs » soit la       Ces voies et le découpage des terres qui         n’est pas étonnant d’y trouver de grands         toutefois amené à pérenniser la plupart
courge, le maïs et les fèves (L’Autre Mont­     les bordent (le cadastre primitif) sont          marchés publics qui offrent les produits         de ces jardins.
réal, 2009).                                    d’autant plus importants qu’ils dirigeront       frais de la ferme (comme le marché
                                                le type d’occupation du territoire.              Bonsecours).
Les premiers colons arrivés sur l’île de
Montréal ont dû rapidement défricher            Au fil des siècles, blé, orge, avoine, seigle,   Avec l’accroissement de la population
et cultiver la terre pour survivre. Dès le      sarrasin, vergers, pommes de terre, pois,        au XXe siècle qui entraîne l’urbanisation
XVIIe siècle, les Sulpiciens, seigneurs de      lin, culture maraîchère, élevage — bêtes         et la suburbanisation, seuls subsistent
l’île depuis 1663, ouvrent le territoire à      à cornes, chevaux, moutons, porcs —,             quelques fragments de l’espace agricole.
la colonisation en le découpant en côtes.       exploitation des bois en fond de terre           Toutefois, sur des espaces urbains res-
Chacune d’elles est formée d’un ensemble        — bois d’œuvre et de chauffage — sont            treints, on voit de plus en plus apparaître
de terres contiguës, étroites et profondes,     autant de produits issus de l’exploitation       des espaces cultivés en potagers. À une
concédées par les seigneurs. Un chemin          agricole.                                        autre échelle, l’agriculture revient en ville.
les traverse. Déjà en 1702, 25 côtes sont                                                        C’est une démarche commerciale deve-
ouvertes à la colonisation. Elles couvrent      Les progrès de l’urbanisation sur l’île ont      nue citoyenne. Le jardinage est mis de
toute la rive du fleuve Saint-Laurent, le       fait disparaître ces utilisations du sol et      l’avant pour améliorer la sécurité alimen-
centre et la partie est de l’île. Au XVIIIe     l’on a peine à croire aujourd’hui qu’une         taire de la population, particulièrement
siècle, tout le territoire est concédé et       forte proportion du territoire de l’île de       pendant les deux guerres mondiales et
voué majoritairement à l’agriculture.           Montréal est encore agricole au XXe siècle.      la crise des années 30. Dès 1938, le frère

                                                                                                                                              État de l’agriculture urbaine à montréal           9
5
                                              4

                              3
                      2

                          1

                                                                                                                •   ancienne maison de ferme
                                                                                                                1   chemin Sainte-Marie à Sainte-Anne-de-Bellevue
                                                                                                                2   chemin Senneville (Senneville) et boul. Gouin (Pierrefonds)
                                                                                                                3   cap Saint-Jacques
                       Carte 1 : Localisation des anciennes maisons de ferme et des secteurs caractérisés
                                                                          par des ambiances champêtres          4   île-Bizard
      Source : Ville de Montréal, Bureau du patrimoine, de la toponymie et de l’expertise (BPTE), avril 2010.   5   extrémité de la pointe est de l’île de Montréal

10   État de l’agriculture urbaine à montréal
L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui
1.2 Les témoins du passé agricole                                                             La maison Bleau
Aujourd’hui, malgré l’urbanisation rapide de l’île Bizard, l’activité agricole y est encore   (parc-nature de Pointe-aux-Prairies)                            Le Jardin du Gouverneur

vivante. Sur l’île de Montréal, quelques précieux vestiges rappellent cette réalité tra-
ditionnelle pratiquement disparue. Le bois de Saraguay témoigne de la présence des
bois en fond de terre et les clôtures de pierre qui s’y trouvent indiquent les limites des
anciens lots agricoles référant au cadastre ancien. Des fragments d’ensembles agricoles
subsistent au cap Saint-Jacques et dans le quartier de Rivière-des-Prairies : les maisons
de ferme et leurs rares dépendances (grange, étable, remise, écurie) construites le
long des chemins de côte, les moulins à vent et les croix de chemin sont des témoins
éloquents de la présence séculaire d’une population dont l’occupation principale était
l’agriculture.

Un inventaire effectué en 2006 par le            esthétique et didactique des jardins de
Bureau du patrimoine, de la toponymie            la noblesse de la Nouvelle-France ». Ces
et de l’expertise de la Ville de Montréal        potagers étaient une nécessité à l’époque,
a permis de documenter quelque 170               ils ont joué un rôle important dans le
anciennes maisons de ferme construites           développement de la colonie. Le jardin
au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles sur   a été aménagé en 2000 sur la propriété
l’île de Montréal et l’île Bizard (voir carte    du Château Ramezay. L’accès au jardin
1). Témoins exceptionnels de l’occupa-           est libre. Les fruits et légumes produits    La maison Jacques-Richer-dit-Louveteau
                                                                                              (parc-nature du Cap-Saint-Jacques)
tion agricole du territoire montréalais,         sont donnés à l’accueil Bonneau, c’est un                                                                      La Ferme Saint-Gabriel
ces maisons constituent des éléments             organisme qui contribue à la réinsertion                                                                (tableau de Georges Delfosse)

distinctifs dans le paysage urbain actuel,       sociale de personnes ayant vécu ou vivant
qu’elles soient intégrées dans un milieu         en situation d’itinérance.
urbain dense ou encore situées dans un
contexte rural. La Ville a procédé dans          La maison Saint-Gabriel
les dernières années à la citation de cinq       (arrondissement du Sud-Ouest)
anciennes maisons de ferme.                      La maison Saint-Gabriel était la maison
                                                 d’accueil des filles du Roy de 1668 à
Le Jardin du Gouverneur                          1673, de petite école à maison de ferme,
(arrondissement de Ville-Marie)                  elle est devenue en 1966 un musée. Elle
Le Jardin du Gouverneur du Château               compte un potager, un jardin de plantes
Ramesay dans le Vieux-Montréal est un            médicinales et un verger, dans l’esprit de
autre témoin du passé agricole. C’est un         la nouvelle France.
exemple de jardin d’une maison bour-
geoise du XVIIIe siècle : « une évocation

                                                                                                                                       État de l’agriculture urbaine à montréal          11
1.3 L’art et l’agriculture                                                                                                                 1.4 Montréal reconnaît aujourd’hui
     La Ville de Montréal possède une collection de plus de 900 œuvres d’art historiques et                                                         l’importance du
     contemporaines. Témoin de l’effervescence identitaire de la société au début du siècle                                                         développement de l’agriculture
     dernier, l’artiste Alfred Laliberté (1878-1953) représente l’importance de l’agriculture à                                                     urbaine et a pris des
     travers des personnages qui exaltent avec fierté le travail de la terre. Tirée du patrimoine                                                   engagements pour son
     artistique municipal, on y trouve sa sculpture La Fermière, 1915, figure centrale de la                                                        renforcement
     fontaine du marché public Maisonneuve (p. 44). On doit aussi mentionner ses figures                                                        La Ville de Montréal reconnaît l’impor-
     emblématiques produites à la même époque, la Femme au seau et Le semeur (ce dernier                                                        tance et les bienfaits de l’agriculture
     est au verso du rapport), grandes sculptures installées à l’entrée du hall d’honneur de                                                    urbaine. Elle a pris plusieurs engagements
     l’hôtel de ville de Montréal.                                                                                                              pour son renforcement dans le plan d’ur-

                                                                                                       ❝
                                                                                                                                                banisme et les plans de développement
     D’une facture plus contemporaine, l’œuvre d’art public de Linda Covit, Les graminées                                                       durable qu’elle a adoptés.
                                                                                                       Plan d’urbanisme
     du jardin Saint-Sulpice, 2007, évoque le jardin communautaire du Domaine Saint-Sul-
     pice. L’avoine, le blé, l’orge, le sarrasin, le maïs et le millet font référence aux denrées      (Ville de Montréal 2004)                 Aussi, plusieurs mesures pour la protec-
     disponibles à la coopérative alimentaire « La Familiale », et rendent ainsi hommage à sa          Chapitre 2.5 : Un paysage urbain et      tion de la biodiversité et du verdissement
     présidente fondatrice, Berthe Louard (1889-1968), dans ce parc de l’arrondissement                une architecture de qualité.             méritent d’être mentionnées. En effet,
     d’Ahuntsic-Cartierville.                                                                                                                   les pratiques agricoles respectueuses de
                                                                                                       Action 11.4 : préserver et mettre        l’environnement participent à la biodi-
                                                                Linda Covit, Les graminées du jardin   en valeur le caractère champêtre         versité et au verdissement. Les initiatives
                                                                                      Saint-Sulpice                                             visant à réduire le taux de minéralisation
                                                                                                       et les activités agricoles de certains
                                                                                                                                                de la ville peuvent offrir de nouveaux
                                                                                                       secteurs de l’ouest de la ville
                                                                                                                                                lieux pour l’agriculture.
                                                                                                       (p.127).
                                                                                                                                                Le plan d’urbanisme
                                                                                                                                                (Ville de Montréal, 2004)
                                                                                                                                                Le plan d’urbanisme est le document de
                                                                                                                                                référence en matière d’aménagement et
                                                                                                                                                de mise en valeur du territoire. Il prévoit
                                                                                                                                                des actions visant la préservation et la
                                                                                                                                                mise en valeur du caractère champêtre
                                                                                                                                                et des activités agricoles de certains sec-
                                                                                                                                                teurs de l’ouest de la ville (cette action est
                                                                                                                                                détaillée dans la section 2.1, p.16).

12     État de l’agriculture urbaine à montréal
❝

                                                                                                                                                                                        L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui
                                                                                    Le plan de développement durable                  Dans le Plan de développement durable

                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
                                             économie
                                       environnement
                                               société
Plan de développement durable                                                ➔➔➔➔   de la collectivité montréalaise                   de la collectivité montréalaise 2010-
                                                                                    2010-2015 (Ville de Montréal, 2010)               2015, les engagements pour l’agricul-
de la collectivité montréalaise
(2010-2015)                                 Le plan de                              Avec le Plan de développement durable
                                                                                    de la collectivité montréalaise 2010-2015,
                                                                                                                                      ture se rapportent à l’aménagement de
                                                                                                                                      quartiers durables pouvant comporter
Orientation : Assurer la qualité de    développement                                Montréal confirme son engagement à                un volet agricole et au développement
vie des milieux résidentiels             durable de la                              faire du développement durable l’assise           d’approches novatrices et de programmes

Action 13 : Aménager des quartiers         collectivité                             sur laquelle doit se construire la métro-
                                                                                    pole. Il s’inscrit à la suite de la démarche
                                                                                                                                      en matière d’agriculture urbaine.

durables                                 montréalaise                               amorcée par le Premier plan stratégique           Au niveau international, la Ville de Mont­

Montréal s’engage à : Financer 20           2010 | 2015                             de développement durable de la col-
                                                                                    lectivité montréalaise 2005-2009 et en
                                                                                                                                      réal a participé au Forum urbain mondial
                                                                                                                                      ONU-HABITAT, tenu à Vancouver en
projets de quartiers durables d’ici                                                 complémentarité du Plan corporatif de             2006, avec l’Université McGill qui pré-
                                              ENSEMBLE POUR UNE MÉTROPOLE DURABLE

2015 par le biais du programme                                                      Montréal en développement durable                 sentait son projet Paysages comestibles
Quartiers 21 (Q21), en portant une                                                  2010-2015.                                        (Edible Landscapes). Ce dernier faisait
attention particulière aux quartiers                                                                                                  état de la richesse exceptionnelle des
                                                                                                                                      jardins communautaires montréalais, qui
défavorisés.
                                                                                                                                      comptent plus de la moitié des jardinets
Action 15 : Contribuer au                                                                                                             communautaires du Canada.

                                       ❝
verdissement et à la réduction des
îlots de chaleur.
                                           Plan de développement durable de la collectivité montréalaise (2010-2015)
Montréal s’engage à : En lien avec         Orientation : Améliorer la protection de la biodiversité, des milieux naturels et des espaces verts.
la Stratégie de biodiversité et de
                                           Objectif : Améliorer les infrastructures vertes à Montréal en faisant passer la canopée de 20 % à 25 % d’ici 2025 par
verdissement, et en collaboration
                                           rapport à 2007.
avec les différentes instances,
                                           Action 31 : Établir un cadre de collaboration pour protéger et mettre en valeur des territoires riches en biodiversité.
développer des approches
novatrices et des programmes en            Montréal s’engage à Créer un paysage humanisé, tel que défini par la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, sur
matière d’agriculture urbaine.             des terres agricoles.
                                           Action 32 : Tirer profit des infrastructures vertes et de leurs services écologiques en milieu urbain.
                                           Montréal s’engage à Adopter et mettre en œuvre avec les partenaires une Stratégie de biodiversité et de verdissement.
                                           Les partenaires s’engagent à : Pratiquer l’agriculture urbaine sur leurs terrains ou édifices pour en faire bénéficier leurs
                                           employés et/ou la collectivité.

                                                                                                                                   État de l’agriculture urbaine à montréal        13
En lien avec la volonté de verdir la ville
     et de lutter contre les îlots de chaleur, la
     Ville de Montréal travaille à l’élaboration
     d’un plan d’action pour augmenter la
     canopée de 20 à 25 % (plan d’action
     2012-2021). Sachant que l’ombrage des
     arbres freine la croissance des légumes,
     il faudra parfois concilier différentes
     préoccupations et avoir une approche
     différenciée selon les secteurs.

     Treize arrondissements ont adopté des
     plans locaux de développement durable
     et sept d’entre eux ont des objectifs liés
     à l’agriculture urbaine (voir carte 2). Par
     exemple, l’arrondissement de Mercier−
     Hochelaga-Maisonneuve mentionne
     comme engagement : « Améliorer l’accès,
     pour tous, à des espaces dédiés à l’agri-      Carte 2 : Administrations locales ayant adopté un plan local
                                                    de développement durable (DD) en date de février 2012 et
     culture urbaine » (Mercier−Hochelaga-          administrations locales mentionnant dans ce plan l’agriculture
                                                                                                                                                          • Plan local DD
     Maisonneuve, Plan local de développe-          urbaine (AU)                                                                                          • Plan local DD + AU
     ment durable 2011-2015, p.13)

                                                                                                     ❝
     Les autres engagements en faveur de la biodiversité et du verdissement
     D’autres engagements ont été pris ces dernières années, témoignant de l’importance
                                                                                                               Action Locale pour la Biodiversité (LAB)
     des enjeux de biodiversité et de verdissement. Le maire de Montréal et plusieurs élus
                                                                                                               Le maire de Montréal a signé une entente avec le Conseil international des
     montréalais ont signé la Déclaration de la collectivité de l’île de Montréal en faveur
     de la biodiversité et du verdissement (avril 2010). Parmi les engagements mentionnés                      initiatives locales (ICLEI) en 2010 pour participer à l’initiative Local Action
     dans cette déclaration, il est indiqué : « développer l’agriculture urbaine durable sous                  for Biodiversity (LAB) ou Action Locale pour la Biodiversité. La Direction des
     ses différentes formes » (www.cremtl.qc.ca).                                                              grands parcs et du verdissement est engagée, avec un réseau de partenaires,
                                                                                                               dans l’élaboration d’un rapport sur l’état de la biodiversité et de ses modalités
     Le maire de Montréal a signé en août 2011 l’Engagement de Durban, reconnaissant                           de gestion. Ce diagnostic fera notamment état de l’agriculture urbaine. Par
     l’importance de la biodiversité, les pressions qui s’exercent sur celle-ci, et s’engageant                la suite, une stratégie et un plan d’action pour la biodiversité seront mis en
     à publier des rapports sur l’état de la biodiversité, à développer et mettre en œuvre                     œuvre.
     une stratégie de biodiversité.

14     État de l’agriculture urbaine à montréal
2   L’agriculture périurbaine

                                                                                                                                                               L’agriculture périurbaine
        Par agriculture périurbaine, on considère les activités agricoles situées en périphérie
        de la Ville et se déployant généralement sur de plus grandes superficies que les projets
        agricoles urbains. Dans le cas de Montréal, il s’agit des activités de l’ouest montréalais
        qui prennent place dans la zone agricole permanente et dans le parc-nature du Cap-
        Saint-Jacques.

                                                                                                           2.1 Les activités agricoles
                                                                                                               de l’ouest montréalais
                                                                                                           La zone agricole permanente décré-
                                                                                                           tée par le gouvernement du Québec
                                                                                                           couvre 2 046 ha, soit 4 % du territoire
                                                                                                           de l’agglomération montréalaise. Elle
                                                                                                           se déploie dans les arrondissements de
                                                                                                           Pierrefonds-Roxboro et L’île-Bizard−
                                                                                                           Sainte-Geneviève, ainsi qu’à Senneville
                                                                                                           et Sainte-Anne-de-Bellevue (voir carte
                                                                                                           3). Les sols ont un potentiel élevé pour
                                                                                                           l’agriculture. De plus, le climat est parmi
                                                                                                           les plus favorables pour la culture au
                                                                                                           Québec. En effet, il s’agit d’endroits où la
                                                                                                           période sans gel est la plus longue.

                                                                                                           Les terres de la zone agricole permanente
                                                                                                           sont exploitées par une dizaine d’agricul-
                                                                                                           teurs, dont plusieurs font partie du réseau
                                                                                                           d’Agriculture soutenue par la communauté
                                                                                                           (ASC), animé par Équiterre. Il s’agit de
                                                                                                           fermes biologiques qui vendent des paniers
                                                                                                           de légumes directement à des familles.

                                                                Carte 3 : La zone agricole permanente

                                                                                                        État de l’agriculture urbaine à montréal          15
❝        Le plan d’urbanisme de Montréal (Ville de Montréal, 2004, p.127)
         Chapitre 2.5 : Un paysage urbain et une architecture de qualité
         Action 11.4 : « préserver et mettre en valeur le caractère champêtre et les
         activités agricoles de certains secteurs de l’ouest de la ville »
                                                                                                2.2 L’agriculture dans le réseau des grands parcs montréalais
                                                                                                Montréal compte un réseau de 24 grands parcs. Deux parcs ont une vocation agricole
                                                                                                sur une partie de leur territoire (le parc-nature du Cap-Saint-Jacques et le parc agricole
                                                                                                du Bois-de-la-Roche) et quatre parcs accueillent des jardins collectifs et communau-
                                                                                                taires (les parcs Maisonneuve et Angrignon, le parc-nature de l’Île-de-la-Visitation et
                                                                                                le Complexe environnemental de Saint-Michel [CESM]).
         Moyens de mise en œuvre :
         1. Maintenir les limites actuelles de la zone agricole permanente sur le territoire

                                                                                                ❝
                                                                                                                                              Le parc-nature du Cap-Saint-
             de Montréal […].                                                                                                                 Jacques : un parc de conservation à
                                                                                                     Le réseau des grands parcs
         2. Planifier les secteurs à construire limitrophes de la zone agricole permanente                                                   caractère champêtre
                                                                                                     montréalais
             […] de manière à assurer une cohabitation harmonieuse des exploitations                                                          Ce parc-nature couvre 301 ha. Il est situé
                                                                                                     Le Réseau des grands parcs compte
             agricoles et des milieux de vie projetés.                                                                                        dans l’arrondissement de Pierrefonds-
                                                                                                     24 grands parcs. Il contribue à          Roxboro. La Ville a une entente depuis
         3. Réaliser une étude pour caractériser la zone agricole du territoire montréalais
                                                                                                     l’amélioration de la qualité du          1988 avec l’organisme à but non lucratif
             et en préciser le potentiel.
                                                                                                     milieu de vie des Montréalais et         D-Trois-Pierres pour l’administration de
         4. Mettre en valeur le pôle éco-agro-récréotouristique, notamment par
                                                                                                     au rayonnement de l’image verte          la ferme écologique du parc-nature. L’en-
             l’établissement de conditions propices à la découverte des paysages
                                                                                                     de Montréal. Il offre une variété        tente actuelle (2008-2018) porte aussi
             champêtres et par le soutien aux initiatives locales de sensibilisation, de mise
                                                                                                     d’espaces protégés, des milieux          sur le parc agricole du Bois-de-la-Roche.
             en valeur et d’interprétation du patrimoine agricole.                                                                            D-Trois-Pierres offre à de jeunes adultes
                                                                                                     naturel, historique et culturel
         5. Aménager le parc agricole du Bois-de-la-Roche.                                                                                   un milieu de travail favorisant leur inser-
                                                                                                     où l’on y retrouve des activités
         6. Élaborer un plan stratégique de mise en valeur des activités agricoles,                                                          tion sociale et professionnelle à partir de
                                                                                                     de conservation, de détente, de
             en collaboration avec le comité consultatif agricole, la Communauté                                                              la réalité quotidienne. L’organisme anime
                                                                                                     loisirs de plein air, d’éducation à      la ferme écologique. Celle-ci offre une vi-
             métropolitaine de Montréal et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de
                                                                                                     l’environnement et une diversité         trine sur le monde agricole par ses infras-
             l’Alimentation du Québec.
                                                                                                     de services dont l’accueil et            tructures d’agriculture biologique (serre,
                                                                                                     l’animation. Certains parcs              jardins, champs et magasin général) et
     La zone agricole est occupée aussi par       La Ville prévoit maintenir et dynamiser            accueillent des activités agricoles.     par les nombreux animaux qui vivent en
     le parc agricole du Bois-de-la-Roche,        la zone agricole permanente, comme                                                          permanence sur le site et dans la grange
     l’arboretum Morgan, l’écomusée de la         mentionné dans son plan d’urbanisme,                                                        de la ferme. On trouve différentes espèces
     Vallée du Saint-Laurent, la ferme expé-      et conserver des activités agricoles en                                                     animales (lapins, oies, canards, vaches,
     rimentale du Campus Mac Donald de            dehors de la zone agricole permanente.                                                      chevaux, chèvres, poneys, ânes, etc.). Le
     l’Université McGill, une partie du parc-     Elle a engagé plusieurs actions dans ce                                                     site de la ferme est ouvert à l’année et
     nature de l’Anse-à-l’Orme ainsi que par      sens dans le parc-nature du Cap-Saint-                                                      accueille environ 50 000 visiteurs par an.
     deux golfs. Ces lieux forment un pôle        Jacques, le parc agricole du Bois-de-
     éco-agro-touristique d’importance.           la-Roche et l’écoterritoire du corridor                                                     La ferme écologique du parc-nature
                                                  écoforestier de l’île Bizard.                                                               du Cap-Saint-Jacques

16     État de l’agriculture urbaine à montréal
La zone agricole

                                                                                                                                                                                        L’agriculture périurbaine
Le jardin arc-en-ciel est aussi un attrait     2.3 Le projet de paysage humanisé                                                                            permanente de l’île
important. Il est remarquable par sa               de l’île Bizard                                                                                          Bizard en 2010 avec
                                                                                                                                                            vue sur le lac des
forme demi-circulaire, l’agencement de         Dans le cadre de la mise en œuvre de                                                                         Deux Montagnes
ses couleurs, et la variété de ses fleurs,     la Politique de protection et de mise en
fines herbes et légumes.                       valeur des milieux naturels (Ville de Mon-
                                               tréal, 2004), un plan concept a été adopté
D-Trois-Pierres cultive et fait de l’élevage   pour le corridor écoforestier de l’Île Bizard
sur plus de 30 ha et produit chaque            (Ville de Montréal, 2006). Ce plan concept
année environ 375 paniers biologiques          est un document d’orientation pour la
dans le cadre du réseau ASC. Des fruits        mise en valeur de l’écoterritoire. Lors de
et légumes biologiques sont en vente           la consultation publique qui a eu lieu
au Magasin Général pendant les fins de         en 2005, des citoyens ont attiré l’atten-
semaine d’été. D-Trois-Pierres fait aussi      tion sur la zone agricole permanente,
de la production acéricole et anime une        exprimant leur préoccupation de voir les        Un rapport d’expertise
cabane à sucre (sirop biologique).             activités agricoles et récréo-touristiques      produit en 2009 confirme

                                                                                                                               ❝
                                               s’y développer. Un comité de citoyens a         le potentiel agricole de
Le parc agricole du Bois-de-la-Roche           été formé pour faire des propositions de        l’ouest de l’île Bizard et              Le paysage humanisé est une
Le parc agricole est situé à Senneville et     mise en valeur et par la suite une table de     identifie des pistes d’action           « aire constituée à des fins de
couvre 190 ha. Il est dans la zone agricole    concertation a été mise en place. Cette         pour sa mise en valeur.                 protection de la biodiversité d’un
permanente. Le parc a pour vocation            table a confirmé l’intérêt d’obtenir le
                                                                                                                                       territoire habité, terrestre ou
d’être une vitrine de l’agriculture au         statut de paysage humanisé tel que défini
Québec. Un projet de mise en valeur des        par la Loi sur la conservation du patri-                                                aquatique, dont le paysage et ses
terres est engagé avec D-Trois-Pierres. Le     moine naturel du Québec. Elle travaille                                                 composantes naturelles ont été
projet vise deux grands objectifs :            sur la mise en œuvre de ce projet.                                                      façonnés au fil du temps par des
 • la conservation des milieux naturels et                                                                                            activités humaines en harmonie
    de la biodiversité :
                                                                                                                                       avec la nature et présentent des
  - protection d’un corridor écologique,
  - protection des espèces aviaires mena-                                                                                             qualités intrinsèques remarquables
     cées ;                                                                                                                            dont la conservation dépend
 • la remise en culture des terres et éven-                                                                                           fortement de la poursuite des
    tuellement la pratique de l’élevage sur                                                                                            pratiques qui en sont à l’origine »
    environ 90 ha.
                                                                                                                                       (L.R.Q., chapitre C-61.01, 2002,
                                                                                                                                       c. 74, a. 2.)

                                                                                                                                  Deux vues du parc agricole du Bois-de-la-Roche

                                                                                                                               État de l’agriculture urbaine à montréal            17
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