État de l'agriculture urbaine à Montréal - Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l'Office de ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
État de l’agriculture urbaine à Montréal Document préparé par la Ville de Montréal en vue de la consultation publique de l’Office de consultation publique de Montréal mai 2012
Ce document a été produit par la Direction des grands parcs et du verdissement de la Ville Montréal en collaboration avec : • les directions suivantes : Direction des communications ; Direction du développement économique et urbain ; Direction de l’habitation ; Bureau du plan ; Direction de la culture et du patrimoine ; Direction de la diversité sociale ; Muséums Nature de Montréal ; Direction de l’environnement et du développement durable ; Conseil du patrimoine ; • les 19 arrondissements ; • les sociétés paramunicipales : Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) et Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM). Révision du texte : Colette Schwartz Conception graphique pages intérieures : Caroline Marcant - zigomatik.ca Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2012 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives Canada, 2012 ISBN 978-2-7647-1070-8 (imprimé) ISBN 978-2-7647-1071-5 (PDF) Imprimé sur papier recyclé
Le mot du Maire Le droit d’initiative prévu dans la nouvelle Charte montréalaise des droits et des responsabilités permet dorénavant à des citoyens de proposer à la Ville de Montréal l’étude de projets novateurs d’intérêt public. Je suis heureux que ce nouvel outil démocratique ait permis à un groupe engagé d’obtenir que L’état de l’agriculture urbaine à Montréal soit le premier sujet ainsi porté à l’attention de la Ville. Avec plus de 29 000 signatures, la pétition soumise est un formidable exemple de la vitalité démocratique qui existe à Montréal et de l’intérêt que suscite la pratique de l’agriculture urbaine chez les Montréalais. Cet engouement pour l’agriculture urbaine que l’on observe aujourd’hui dans de nombreuses villes du monde est le reflet d’une volonté grandissante des collectivités locales de se donner les moyens de protéger leur qualité de vie et leur biodiversité. La Ville de Montréal reconnaît l’importance des activités agricoles urbaines et souhaite leur développement. Elle a initié différents projets, elle participe et soutient de nombreuses activités. La consultation publique sera l’occasion de compléter le portrait des initiatives en matière d’agriculture urbaine et de dégager des possibilités de développement en cohérence avec les politiques de la Ville. Voici donc l’occasion de bien saisir une préoccupation émergente dont il faudra tenir compte à l’avenir dans la planification urbaine. Je vous souhaite à toutes et à tous une consultation éclairante et constructive ! État de l’agriculture urbaine à montréal 1
Résumé L’agriculture a mar- qué le développement de Montréal et agricole du Bois-de-la-Roche et l’éco- territoire du corridor écoforestier de éco-quartiers, des écoles ou des associa- tions de locataires. les Montréalais semblent n’avoir jamais l’île Bizard) et de conserver des activités cessé de jardiner. Le contexte économique agricoles en dehors de la zone agricole Les Montréalais ont de nombreuses occa- et environnemental actuel a conduit à permanente (dans le parc-nature du Cap- sions de découvrir ou d’approfondir leurs l’émergence d’un ensemble de nouvelles Saint-Jacques). connaissances en jardinage. Le Jardin bo- initiatives agricoles. Alors que dans les tanique, les éco-quartiers, les arrondisse- années 70, le jardinage était surtout Montréal a une longue tradition en ments et la Direction de l’environnement considéré comme un loisir, il s’inscrit matière de jardins communautaires. La et du développement durable organisent maintenant dans le courant de l’agricul- Ville a adopté un programme municipal de nombreux rendez-vous autour de ture urbaine qui réunit des pratiques dans de jardins communautaires dès 1975 et le l’agriculture urbaine : ce sont les jardins une diversité de lieux et une démarche programme a pris de l’expansion dans les de démonstration, les grands événements qui peut être commerciale, communau- années 1990. Depuis 2002, la gestion des publics, les visites, les conseils horticoles taire ou citoyenne. L’agriculture urbaine jardins communautaires est assumée par et le soutien à la formation. Ces initia- procure de nombreux bénéfices sur les chacun des arrondissements. Montréal tives sont très importantes pour faire plans économique, environnemental, compte 95 jardins communautaires ani- connaître l’activité agricole et encourager social et sur le plan de la santé. Elle main- més par plus de 12 000 jardiniers. Devant son développement. tient ou crée des paysages très diversifiés. l’importante demande pour des parcelles La Ville de Montréal reconnaît l’impor- de jardinage et la prise de conscience Plusieurs règlements de portée générale tance et les bienfaits de l’agriculture affirmée pour une alimentation saine, ainsi que des règlements de la compé- urbaine. Elle a pris plusieurs engagements une grande diversité de nouvelles ini- tence des arrondissements viennent à cet égard dans le plan d’urbanisme tiatives a vu le jour récemment. Ces encadrer certaines pratiques agricoles. et les plans de développement durable projets se déploient au cœur des projets Aussi, parmi les autres champs de respon- qu’elle a adoptés. résidentiels, dans les cours d’école, les sabilité la Ville, certains ont une influence espaces institutionnels, sur les toits, les plus ou moins directe sur l’activité agri- Les activités agricoles se déploient à balcons, les terrasses et dans les espaces cole (gestion des matières résiduelles, Montréal dans l’espace périurbain et au résiduels. Ce sont particulièrement des développement économique et marchés cœur de la ville. La zone agricole per- jardins collectifs. Aussi, il est parfois prévu publics). manente décrétée par le gouvernement dans certains développements résiden- du Québec couvre 2 046 ha (arrondisse- tiels d’aménager un local permettant La Ville de Montréal reconnaît l’impor- ments de Pierrefonds-Roxboro et L’Île- d’accueillir une cuisine collective. Un tance des activités agricoles urbaines et Bizard−Sainte-Geneviève, Senneville premier inventaire a permis de recenser est impliquée dans de nombreux projets. et Sainte-Anne-de-Bellevue). La Ville plus de 70 jardins collectifs soutenus par Elle souhaite leur développement. Les prévoit maintenir et dynamiser la zone la Ville et les Sociétés paramunicipales. pratiques agricoles marquent les pay- agricole permanente, tel que mentionné Ces jardins sont généralement créés par sages de la Ville… Quels paysages vou- dans son plan d’urbanisme (dans le parc des organismes communautaires, des lons-nous pour la ville de demain ? 2 État de l’agriculture urbaine à montréal
Summary Agriculture has had a marked influence on the de- of the Île Bizard Ecoforest Corridor) and to preserve agricultural activities outside eco-neighbourhoods, boroughs and the Direction de l’environnement et du velopment of Montréal, and Montrealers the permanent agricultural zone (Cap- développement durable organize many have apparently never stopped garden- Saint-Jacques Nature Park). get-togethers around the topic of urban ing. The current economic and environ- agriculture: demonstration gardens, large mental climate has led to the emergence Montréal has a long tradition of com- public events, visits, horticultural advice of an array of new agricultural initiatives. munity gardens. In 1975, the city adopted and training support. These initiatives Whereas in the 1970s, gardening was a municipal program for community are very important to help promote mostly viewed as a pastime, it is now an gardens, which broadened in the 1990s. agricultural activity and encourage its intrinsic part of an urban agriculture that Since 2002, each borough has been re- development. combines practices in diverse locations sponsible for managing the community with a process that can be commercial, gardens on its territory. Montréal has 95 Several city bylaws that are general community-based or citizen-based. community gardens that are cared for in scope, as well as borough bylaws, Urban agriculture offers many economic, by more than 12,000 gardeners. Faced provide a framework for certain agricul- environmental, social and health benefits. with the great demand for garden plots tural practices. Some aspects of the city’s It maintains or creates highly diversi- and awareness of the benefits of healthy jurisdiction also influence agricultural fied landscapes. The Ville de Montréal eating, a wide variety of new initiatives activities directly or indirectly (waste recognizes the importance and benefits have recently been undertaken. These management, economic development of urban agriculture and has made sev- projects are being carried out in the heart and public markets). eral commitments in this regard, in the of residential projects, in schoolyards and urban development plan and sustainable institutional spaces, and on rooftops, The Ville de Montréal recognizes the im- development plans that it has adopted. balconies, terraces and waste lots. For the portance of urban agricultural activities most part, these are collective gardens. and is involved in many of these projects. Agricultural activities are carried out in Sometimes a room is also set aside in The city encourages their development. the urban periphery of Montréal and some residential developments to serve Agricultural practices leave their mark on in the heart of the city. The permanent as a collective kitchen. An initial inven- city landscapes. What landscapes do we agricultural zone designated by the tory identified more than 70 collective want for the city of tomorrow? Québec government covers 1,046 ha (the gardens maintained by the city and by boroughs of Pierrefonds-Roxboro and paramunicipal bodies. These gardens are Île-Bizard−Sainte-Geneviève, as well as generally created by community organ- the cities of Senneville and Sainte-Anne- izations, eco-neighbourhoods, schools or de-Bellevue). As mentioned in its urban tenants’ associations. development plan, the city intends to maintain and revitalize the permanent Montrealers have a wealth of opportun- agricultural zone (Bois-de-la-Roche ities to discover or broaden their know- Agricultural Park and the eco-territory ledge of gardening. The Botanical Garden, État de l’agriculture urbaine à montréal 3
❝ Le Groupe de travail en agriculture urbaine (GTAU) a déposé le 15 novembre 2011 à la Direction du greffe de la Ville de Montréal une pétition de 29 068 signatures, demandant que la Ville tienne une consultation publique sur « l’état de l’agriculture urbaine à Montréal ». Le 14 décembre 2011, le comité exécutif de la Ville de Montréal a mandaté l’Office de consultation publique de Montréal pour tenir cette consultation, conformément aux dispositions de l’annexe B du Règlement sur la Charte montréalaise des droits et responsabilités et sur le droit d’initiative. Le comité exécutif a mandaté la Direction générale de la Ville qui a confié à la Direction des grands parcs et du verdissement la responsabilité d’agir à titre d’unité administrative responsable dans le présent dossier. Ainsi, la Direction des grands parcs et du verdissement, en collaboration avec les autres directions de la Ville, les arrondissements et les sociétés paramunicipales a produit le présent rapport qui propose un portrait de l’agriculture à Montréal, relié aux responsabilités de la Ville. 4 État de l’agriculture urbaine à montréal
Table des matières Introduction7 4. Initiatives privées soutenues par la Ville 25 4.1. Les jardins collectifs 26 1. L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui 8 4.2. Revitalisation urbaine et développement résidentiel 26 1.1. Quelques éléments de l’histoire agricole de Montréal 9 4.3. Les éco-quartiers 30 1.2. Les témoins du passé agricole 11 4.4. Autres initiatives 31 1.3. L’art et l’agriculture 12 1.4. Montréal reconnaît aujourd’hui l’importance du développement de l’agriculture urbaine et a pris des engagements pour son 5. Les rendez-vous agricoles 32 renforcement 12 5.1. Les lieux de démonstration et d’apprentissage 33 5.2. Les conseils horticoles 34 5.3. Les grands événements autour de l’agriculture urbaine 36 2. L’agriculture périurbaine 15 5.4. Le soutien à la formation et la découverte de l’agriculture 2.1. Les activités agricoles de l’ouest montréalais 15 dans la ville 37 2.2. L’agriculture dans le réseau des grands parcs montréalais 16 5.5. Les clubs et concours 37 2.3. Le projet de paysage humanisé de l’île Bizard 17 6. Les aspects réglementaires 38 3. Les jardins communautaires 18 6.1. La réglementation générale 38 3.1. Les bénéfices sociaux et environnementaux, l’accessibilité aux jardins 19 6.2. Les règlements appliqués et adoptés par les arrondissements 39 3.2. Les impacts économiques 20 6.3. Le cas particulier de l’apiculture 41 3.3. La gestion des jardins communautaires 20 6.4. L’inspection des aliments 41 3.4. Le portrait de la clientèle 22 3.5. La problématique de contamination de certains jardins 24 7. Autres activités de soutien à l’agriculture 42 7.1. La gestion des matières résiduelles et la production de compost 42 7.2. Le développement économique 43 7.3. Les marchés publics 44 Conclusion46 Annexes47 État de l’agriculture urbaine à montréal 5
Introduction L’agriculture urbaine est enten- due comme la production alimentaire en milieu urbain. Bien qu’elle soit très ancrée dans la réalité montréalaise, elle suscite depuis quelque temps un réel engouement. ❝ ❝ Quand on parle d’agriculture à Montréal Agriculture : « Culture du sol, ensemble des travaux transformant aujourd’hui, la diversité vient à l’esprit : Jardinage : « Culture, entretien le milieu naturel pour la production des végétaux et des animaux diversité des initiatives, des acteurs, des des jardins - arboriculture, utiles à l’homme ». (Petit Robert, 2009) territoires, des usages et des pratiques ; horticulture, maraîchage ». aussi, diversité des bénéfices et des en- (Petit Robert, 2009) jeux. En effet, l’agriculture se déploie par- tout à Montréal, de l’espace périurbain au cœur de la ville. Elle s’exerce dans des maintenant à parler plus d’agriculture champs en périphérie de l’agglomération, urbaine que de jardinage. En effet, les dans des jardins collectifs et communau- bénéfices de cette activité sont nombreux taires1, mais aussi dans des cours, sur les et les activités sont diversifiées. toits et les terrasses. C’est une agriculture commerciale, communautaire ou encore Sur le plan économique, l’agriculture citoyenne. urbaine assure une production alimen- taire locale, elle diminue le prix du panier Lorsque le programme des jardins com- d’épicerie et participe ainsi à la sécu- munautaires a été mis en place dans rité alimentaire. Elle crée des emplois et les années 70 par la Ville de Montréal, contribue à l’intégration au marché du le jardinage était surtout vu comme un travail d’une population aux prises avec La ferme écologique du parc-nature loisir, favorisant le contact avec la terre. un taux de chômage élevé (grâce aux du Cap-Saint-Jacques Les jardins étaient souvent conçus en organismes d’insertion professionnelle). vue d’une occupation temporaire du territoire. Le contexte a beaucoup changé Sur le plan social, l’agriculture urbaine depuis, les conditions économiques et les favorise l’intégration sociale, le dévelop- préoccupations environnementales ont pement d’un sentiment d’appartenance fait en sorte que le jardinage devienne et de solidarité, elle permet d’établir des une nécessité économique et un nouveau liens sociaux et d’entraide, offre des acti- mode de vie répondant à des préoccupa- vités de loisirs et des activités éducatives tions écologiques. On a ainsi tendance reliées à la terre. 6 État de l’agriculture urbaine à montréal
Sur le plan de l’environnement, l’agri- Montréal en vue de l’adoption d’un plan dans ce document toutes les initiatives culture urbaine permet une production de développement et de la révision du montréalaises en agriculture urbaine, de proximité et souvent biologique. schéma d’aménagement de l’agglomé- mais d’identifier les projets, programmes Elle recrée un lien entre l’humain et la ration. Dans le cadre de cet exercice, la et règlements sous la responsabilité de la nature. L’agriculture apporte de la ver- Ville souhaite mettre à contribution une Ville et auxquels la Ville participe. Après dure en ville, participe à la biodiversité diversité d’acteurs pour dégager une un rappel historique de la place de l’acti- et contribue à l’apparition de paysages vision d’avenir et pour élaborer diverses vité agricole dans l’histoire montréalaise ❝ remarquables, parfois insolites et toujours stratégies d’intervention dont certaines et une présentation de témoins du passé, en mouvement. Les jardins contribuent à pourront prendre en considération la pra- le document cite les engagements de la « Dans notre société, la rapidité, absorber les eaux de ruissellement et à tique de l’agriculture urbaine et périur- Ville pour l’agriculture urbaine (chapitre la compétition et la rentabilité préserver des îlots de fraîcheur. Le jardi- baine. La demande du GTAU s’inscrit aussi 1). Les chapitres qui suivent explorent les sont souvent posées comme des nage permet une prise de conscience des dans le contexte de l’entrée en vigueur, pratiques agricoles en zone périurbaine critères de réussite. Le jardinage citoyens relativement à leur responsabi- le 12 mars 2012, du Plan métropolitain puis urbaine, dans les jardins commu- lité en matière d’amélioration du cadre de d’aménagement et de développement nautaires et collectifs (chapitre 2, 3 et permet de valoriser des qualités vie et de développement durable. (PMAD) et des consultations publiques 4). Par la suite sont présentés les lieux moins reconnues, comme qui ont précédé son adoption, lors des- de démonstration de l’agriculture, les l’observation, l’écoute, la patience, Sur le plan de la santé, l’agriculture quelles de nombreux groupes et citoyens initiatives éducatives, les événements la persévérance et la capacité à urbaine contribue à de saines habitudes ont fait valoir l’importance de conserver et conseils en horticulture (chapitre 5). se projeter autrement que sur le de vie, en incitant à se nourrir de fruits les limites actuelles de la zone agricole Un chapitre est consacré aux aspects court terme. » et de légumes et à pratiquer une activité permanente et de protéger les milieux réglementaires entourant cette pratique physique extérieure. Les jardins collectifs naturels de la grande région métropoli- (chapitre 6). Enfin, il est fait mention (Mairie de Paris, février 2009) et communautaires aident à la création taine. Mentionnons que le PMAD recon- d’initiatives importantes ayant un lien d’un réseau d’aide, notamment pour les naît l’importance de soutenir l’agriculture plus indirect avec la culture du sol, tels personnes âgées et isolées. et l’industrie agroalimentaire de la région la production de compost, le développe- et qu’un des objectifs spécifiques inscrits ment économique et les marchés publics C’est cette diversité de bénéfices, ce à ce plan consiste à augmenter de 6 % (chapitre 7). côté multifonctionnel, qui en fait une d’ici 2031 la superficie globale des terres activité d’importance pour la ville, hier, cultivées. La consultation publique sur « l’état aujourd’hui et demain. de l’agriculture urbaine à Montréal », Le présent document donne un état de comme demandé par le GTAU, permettra La demande de consultation publique du la situation. Il vise à présenter le rôle de dresser un portrait de cette activité Groupe de travail en agriculture urbaine et les actions de la Ville de Montréal en à Montréal et d’en dégager des enjeux (GTAU) met l’agriculture à l’avant-scène. matière d’agriculture urbaine, ceci dans pour l’avenir. Le présent document est Cette demande arrive à un moment le cadre de ses champs de responsabi- une première étape de ce bilan et vise à opportun puisque la Ville a engagé une lités (voir schéma synthèse en annexe, amorcer les discussions. importante réflexion sur l’avenir de p.48). Il ne s’agit donc pas de recenser 1. Un lexique est proposé en annexe État de l’agriculture urbaine à montréal 7
1 L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui Côte-des-Neiges (mai 1947), au nord de la Paroisse Saint-Pascal-Baylon, des champs cultivés. 8 État de l’agriculture urbaine à montréal
L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui Les pratiques agricoles ont joué un rôle majeur dans le développement de Montréal. Des paysages champêtres et des bâtiments anciens nous rappellent ce passé. Au-delà de ces témoins, l’agriculture reste bien présente aujourd’hui à Montréal et la Ville a pris des engagements pour soutenir et développer cette activité. 1.1 Q uelques éléments de l’histoire Parallèlement, au nord-ouest du territoire La métropole étant un lieu de grande Marie-Victorin crée les jardinets d’écoliers agricole de Montréal montréalais, la seigneurie de l’Île-Bizard activité économique, l’industrie liée à dans l’intention de favoriser le contact Les Iroquoiens ont vécu dans la région de s’ouvre à la colonisation à partir de 1735. l’agriculture s’y épanouit. Des usines direct avec la nature. Durant la Deuxième Montréal entre les années 1000 et 1535. de traitement et de transformation des Guerre mondiale, le gouvernement a Au XVIe siècle, on estime qu’ils étaient Les chemins de côte et leur toponyme produits agricoles — Five Rose, Ogilvie, encouragé les citoyens à « planter un jar- près de 10 000 à cultiver le maïs dans — chemins de la Côte-des-Neiges, Côte- Guaranteed Pure Milk, Molson — et din de la Victoire pour gagner la guerre ». la vallée du Saint-Laurent. Ils étaient Sainte-Catherine, Côte-Saint-Luc, Côte- les lieux de transbordement comme Par la suite, c’est le programme municipal les premiers cultivateurs sur les rives du Saint-Antoine, Côte-de-Liesse, Côte- les immenses silos à grains du port de de jardins communautaires qui est mis fleuve. Lorsque Jacques Cartier aborde Vertu — constituent les témoins les plus Montréal marquent le paysage urbanisé. en place (1975). Il s’agissait initialement l’île qui porte aujourd’hui le nom de anciens de l’activité agricole sur l’île de Étant donné l’importance de la popula- d’une utilisation temporaire d’espaces Montréal, il y trouve des terres « labourées Montréal. Ces chemins sont identifiés tion montréalaise, la ville devient un lieu délaissés. Leur succès et l’importance des et belles ». Ce sont celles des Iroquoiens aujourd’hui comme les tracés fondateurs. privilégié d’échanges commerciaux. Il bénéfices des activités de jardinage ont qui cultivent les « trois sœurs » soit la Ces voies et le découpage des terres qui n’est pas étonnant d’y trouver de grands toutefois amené à pérenniser la plupart courge, le maïs et les fèves (L’Autre Mont les bordent (le cadastre primitif) sont marchés publics qui offrent les produits de ces jardins. réal, 2009). d’autant plus importants qu’ils dirigeront frais de la ferme (comme le marché le type d’occupation du territoire. Bonsecours). Les premiers colons arrivés sur l’île de Montréal ont dû rapidement défricher Au fil des siècles, blé, orge, avoine, seigle, Avec l’accroissement de la population et cultiver la terre pour survivre. Dès le sarrasin, vergers, pommes de terre, pois, au XXe siècle qui entraîne l’urbanisation XVIIe siècle, les Sulpiciens, seigneurs de lin, culture maraîchère, élevage — bêtes et la suburbanisation, seuls subsistent l’île depuis 1663, ouvrent le territoire à à cornes, chevaux, moutons, porcs —, quelques fragments de l’espace agricole. la colonisation en le découpant en côtes. exploitation des bois en fond de terre Toutefois, sur des espaces urbains res- Chacune d’elles est formée d’un ensemble — bois d’œuvre et de chauffage — sont treints, on voit de plus en plus apparaître de terres contiguës, étroites et profondes, autant de produits issus de l’exploitation des espaces cultivés en potagers. À une concédées par les seigneurs. Un chemin agricole. autre échelle, l’agriculture revient en ville. les traverse. Déjà en 1702, 25 côtes sont C’est une démarche commerciale deve- ouvertes à la colonisation. Elles couvrent Les progrès de l’urbanisation sur l’île ont nue citoyenne. Le jardinage est mis de toute la rive du fleuve Saint-Laurent, le fait disparaître ces utilisations du sol et l’avant pour améliorer la sécurité alimen- centre et la partie est de l’île. Au XVIIIe l’on a peine à croire aujourd’hui qu’une taire de la population, particulièrement siècle, tout le territoire est concédé et forte proportion du territoire de l’île de pendant les deux guerres mondiales et voué majoritairement à l’agriculture. Montréal est encore agricole au XXe siècle. la crise des années 30. Dès 1938, le frère État de l’agriculture urbaine à montréal 9
5 4 3 2 1 • ancienne maison de ferme 1 chemin Sainte-Marie à Sainte-Anne-de-Bellevue 2 chemin Senneville (Senneville) et boul. Gouin (Pierrefonds) 3 cap Saint-Jacques Carte 1 : Localisation des anciennes maisons de ferme et des secteurs caractérisés par des ambiances champêtres 4 île-Bizard Source : Ville de Montréal, Bureau du patrimoine, de la toponymie et de l’expertise (BPTE), avril 2010. 5 extrémité de la pointe est de l’île de Montréal 10 État de l’agriculture urbaine à montréal
L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui 1.2 Les témoins du passé agricole La maison Bleau Aujourd’hui, malgré l’urbanisation rapide de l’île Bizard, l’activité agricole y est encore (parc-nature de Pointe-aux-Prairies) Le Jardin du Gouverneur vivante. Sur l’île de Montréal, quelques précieux vestiges rappellent cette réalité tra- ditionnelle pratiquement disparue. Le bois de Saraguay témoigne de la présence des bois en fond de terre et les clôtures de pierre qui s’y trouvent indiquent les limites des anciens lots agricoles référant au cadastre ancien. Des fragments d’ensembles agricoles subsistent au cap Saint-Jacques et dans le quartier de Rivière-des-Prairies : les maisons de ferme et leurs rares dépendances (grange, étable, remise, écurie) construites le long des chemins de côte, les moulins à vent et les croix de chemin sont des témoins éloquents de la présence séculaire d’une population dont l’occupation principale était l’agriculture. Un inventaire effectué en 2006 par le esthétique et didactique des jardins de Bureau du patrimoine, de la toponymie la noblesse de la Nouvelle-France ». Ces et de l’expertise de la Ville de Montréal potagers étaient une nécessité à l’époque, a permis de documenter quelque 170 ils ont joué un rôle important dans le anciennes maisons de ferme construites développement de la colonie. Le jardin au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles sur a été aménagé en 2000 sur la propriété l’île de Montréal et l’île Bizard (voir carte du Château Ramezay. L’accès au jardin 1). Témoins exceptionnels de l’occupa- est libre. Les fruits et légumes produits La maison Jacques-Richer-dit-Louveteau (parc-nature du Cap-Saint-Jacques) tion agricole du territoire montréalais, sont donnés à l’accueil Bonneau, c’est un La Ferme Saint-Gabriel ces maisons constituent des éléments organisme qui contribue à la réinsertion (tableau de Georges Delfosse) distinctifs dans le paysage urbain actuel, sociale de personnes ayant vécu ou vivant qu’elles soient intégrées dans un milieu en situation d’itinérance. urbain dense ou encore situées dans un contexte rural. La Ville a procédé dans La maison Saint-Gabriel les dernières années à la citation de cinq (arrondissement du Sud-Ouest) anciennes maisons de ferme. La maison Saint-Gabriel était la maison d’accueil des filles du Roy de 1668 à Le Jardin du Gouverneur 1673, de petite école à maison de ferme, (arrondissement de Ville-Marie) elle est devenue en 1966 un musée. Elle Le Jardin du Gouverneur du Château compte un potager, un jardin de plantes Ramesay dans le Vieux-Montréal est un médicinales et un verger, dans l’esprit de autre témoin du passé agricole. C’est un la nouvelle France. exemple de jardin d’une maison bour- geoise du XVIIIe siècle : « une évocation État de l’agriculture urbaine à montréal 11
1.3 L’art et l’agriculture 1.4 Montréal reconnaît aujourd’hui La Ville de Montréal possède une collection de plus de 900 œuvres d’art historiques et l’importance du contemporaines. Témoin de l’effervescence identitaire de la société au début du siècle développement de l’agriculture dernier, l’artiste Alfred Laliberté (1878-1953) représente l’importance de l’agriculture à urbaine et a pris des travers des personnages qui exaltent avec fierté le travail de la terre. Tirée du patrimoine engagements pour son artistique municipal, on y trouve sa sculpture La Fermière, 1915, figure centrale de la renforcement fontaine du marché public Maisonneuve (p. 44). On doit aussi mentionner ses figures La Ville de Montréal reconnaît l’impor- emblématiques produites à la même époque, la Femme au seau et Le semeur (ce dernier tance et les bienfaits de l’agriculture est au verso du rapport), grandes sculptures installées à l’entrée du hall d’honneur de urbaine. Elle a pris plusieurs engagements l’hôtel de ville de Montréal. pour son renforcement dans le plan d’ur- ❝ banisme et les plans de développement D’une facture plus contemporaine, l’œuvre d’art public de Linda Covit, Les graminées durable qu’elle a adoptés. Plan d’urbanisme du jardin Saint-Sulpice, 2007, évoque le jardin communautaire du Domaine Saint-Sul- pice. L’avoine, le blé, l’orge, le sarrasin, le maïs et le millet font référence aux denrées (Ville de Montréal 2004) Aussi, plusieurs mesures pour la protec- disponibles à la coopérative alimentaire « La Familiale », et rendent ainsi hommage à sa Chapitre 2.5 : Un paysage urbain et tion de la biodiversité et du verdissement présidente fondatrice, Berthe Louard (1889-1968), dans ce parc de l’arrondissement une architecture de qualité. méritent d’être mentionnées. En effet, d’Ahuntsic-Cartierville. les pratiques agricoles respectueuses de Action 11.4 : préserver et mettre l’environnement participent à la biodi- Linda Covit, Les graminées du jardin en valeur le caractère champêtre versité et au verdissement. Les initiatives Saint-Sulpice visant à réduire le taux de minéralisation et les activités agricoles de certains de la ville peuvent offrir de nouveaux secteurs de l’ouest de la ville lieux pour l’agriculture. (p.127). Le plan d’urbanisme (Ville de Montréal, 2004) Le plan d’urbanisme est le document de référence en matière d’aménagement et de mise en valeur du territoire. Il prévoit des actions visant la préservation et la mise en valeur du caractère champêtre et des activités agricoles de certains sec- teurs de l’ouest de la ville (cette action est détaillée dans la section 2.1, p.16). 12 État de l’agriculture urbaine à montréal
❝ L’agriculture à Montréal : d’hier à aujourd’hui Le plan de développement durable Dans le Plan de développement durable économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société économie environnement société Plan de développement durable ➔➔➔➔ de la collectivité montréalaise de la collectivité montréalaise 2010- 2010-2015 (Ville de Montréal, 2010) 2015, les engagements pour l’agricul- de la collectivité montréalaise (2010-2015) Le plan de Avec le Plan de développement durable de la collectivité montréalaise 2010-2015, ture se rapportent à l’aménagement de quartiers durables pouvant comporter Orientation : Assurer la qualité de développement Montréal confirme son engagement à un volet agricole et au développement vie des milieux résidentiels durable de la faire du développement durable l’assise d’approches novatrices et de programmes Action 13 : Aménager des quartiers collectivité sur laquelle doit se construire la métro- pole. Il s’inscrit à la suite de la démarche en matière d’agriculture urbaine. durables montréalaise amorcée par le Premier plan stratégique Au niveau international, la Ville de Mont Montréal s’engage à : Financer 20 2010 | 2015 de développement durable de la col- lectivité montréalaise 2005-2009 et en réal a participé au Forum urbain mondial ONU-HABITAT, tenu à Vancouver en projets de quartiers durables d’ici complémentarité du Plan corporatif de 2006, avec l’Université McGill qui pré- ENSEMBLE POUR UNE MÉTROPOLE DURABLE 2015 par le biais du programme Montréal en développement durable sentait son projet Paysages comestibles Quartiers 21 (Q21), en portant une 2010-2015. (Edible Landscapes). Ce dernier faisait attention particulière aux quartiers état de la richesse exceptionnelle des jardins communautaires montréalais, qui défavorisés. comptent plus de la moitié des jardinets Action 15 : Contribuer au communautaires du Canada. ❝ verdissement et à la réduction des îlots de chaleur. Plan de développement durable de la collectivité montréalaise (2010-2015) Montréal s’engage à : En lien avec Orientation : Améliorer la protection de la biodiversité, des milieux naturels et des espaces verts. la Stratégie de biodiversité et de Objectif : Améliorer les infrastructures vertes à Montréal en faisant passer la canopée de 20 % à 25 % d’ici 2025 par verdissement, et en collaboration rapport à 2007. avec les différentes instances, Action 31 : Établir un cadre de collaboration pour protéger et mettre en valeur des territoires riches en biodiversité. développer des approches novatrices et des programmes en Montréal s’engage à Créer un paysage humanisé, tel que défini par la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, sur matière d’agriculture urbaine. des terres agricoles. Action 32 : Tirer profit des infrastructures vertes et de leurs services écologiques en milieu urbain. Montréal s’engage à Adopter et mettre en œuvre avec les partenaires une Stratégie de biodiversité et de verdissement. Les partenaires s’engagent à : Pratiquer l’agriculture urbaine sur leurs terrains ou édifices pour en faire bénéficier leurs employés et/ou la collectivité. État de l’agriculture urbaine à montréal 13
En lien avec la volonté de verdir la ville et de lutter contre les îlots de chaleur, la Ville de Montréal travaille à l’élaboration d’un plan d’action pour augmenter la canopée de 20 à 25 % (plan d’action 2012-2021). Sachant que l’ombrage des arbres freine la croissance des légumes, il faudra parfois concilier différentes préoccupations et avoir une approche différenciée selon les secteurs. Treize arrondissements ont adopté des plans locaux de développement durable et sept d’entre eux ont des objectifs liés à l’agriculture urbaine (voir carte 2). Par exemple, l’arrondissement de Mercier− Hochelaga-Maisonneuve mentionne comme engagement : « Améliorer l’accès, pour tous, à des espaces dédiés à l’agri- Carte 2 : Administrations locales ayant adopté un plan local de développement durable (DD) en date de février 2012 et culture urbaine » (Mercier−Hochelaga- administrations locales mentionnant dans ce plan l’agriculture • Plan local DD Maisonneuve, Plan local de développe- urbaine (AU) • Plan local DD + AU ment durable 2011-2015, p.13) ❝ Les autres engagements en faveur de la biodiversité et du verdissement D’autres engagements ont été pris ces dernières années, témoignant de l’importance Action Locale pour la Biodiversité (LAB) des enjeux de biodiversité et de verdissement. Le maire de Montréal et plusieurs élus Le maire de Montréal a signé une entente avec le Conseil international des montréalais ont signé la Déclaration de la collectivité de l’île de Montréal en faveur de la biodiversité et du verdissement (avril 2010). Parmi les engagements mentionnés initiatives locales (ICLEI) en 2010 pour participer à l’initiative Local Action dans cette déclaration, il est indiqué : « développer l’agriculture urbaine durable sous for Biodiversity (LAB) ou Action Locale pour la Biodiversité. La Direction des ses différentes formes » (www.cremtl.qc.ca). grands parcs et du verdissement est engagée, avec un réseau de partenaires, dans l’élaboration d’un rapport sur l’état de la biodiversité et de ses modalités Le maire de Montréal a signé en août 2011 l’Engagement de Durban, reconnaissant de gestion. Ce diagnostic fera notamment état de l’agriculture urbaine. Par l’importance de la biodiversité, les pressions qui s’exercent sur celle-ci, et s’engageant la suite, une stratégie et un plan d’action pour la biodiversité seront mis en à publier des rapports sur l’état de la biodiversité, à développer et mettre en œuvre œuvre. une stratégie de biodiversité. 14 État de l’agriculture urbaine à montréal
2 L’agriculture périurbaine L’agriculture périurbaine Par agriculture périurbaine, on considère les activités agricoles situées en périphérie de la Ville et se déployant généralement sur de plus grandes superficies que les projets agricoles urbains. Dans le cas de Montréal, il s’agit des activités de l’ouest montréalais qui prennent place dans la zone agricole permanente et dans le parc-nature du Cap- Saint-Jacques. 2.1 Les activités agricoles de l’ouest montréalais La zone agricole permanente décré- tée par le gouvernement du Québec couvre 2 046 ha, soit 4 % du territoire de l’agglomération montréalaise. Elle se déploie dans les arrondissements de Pierrefonds-Roxboro et L’île-Bizard− Sainte-Geneviève, ainsi qu’à Senneville et Sainte-Anne-de-Bellevue (voir carte 3). Les sols ont un potentiel élevé pour l’agriculture. De plus, le climat est parmi les plus favorables pour la culture au Québec. En effet, il s’agit d’endroits où la période sans gel est la plus longue. Les terres de la zone agricole permanente sont exploitées par une dizaine d’agricul- teurs, dont plusieurs font partie du réseau d’Agriculture soutenue par la communauté (ASC), animé par Équiterre. Il s’agit de fermes biologiques qui vendent des paniers de légumes directement à des familles. Carte 3 : La zone agricole permanente État de l’agriculture urbaine à montréal 15
❝ Le plan d’urbanisme de Montréal (Ville de Montréal, 2004, p.127) Chapitre 2.5 : Un paysage urbain et une architecture de qualité Action 11.4 : « préserver et mettre en valeur le caractère champêtre et les activités agricoles de certains secteurs de l’ouest de la ville » 2.2 L’agriculture dans le réseau des grands parcs montréalais Montréal compte un réseau de 24 grands parcs. Deux parcs ont une vocation agricole sur une partie de leur territoire (le parc-nature du Cap-Saint-Jacques et le parc agricole du Bois-de-la-Roche) et quatre parcs accueillent des jardins collectifs et communau- taires (les parcs Maisonneuve et Angrignon, le parc-nature de l’Île-de-la-Visitation et le Complexe environnemental de Saint-Michel [CESM]). Moyens de mise en œuvre : 1. Maintenir les limites actuelles de la zone agricole permanente sur le territoire ❝ Le parc-nature du Cap-Saint- de Montréal […]. Jacques : un parc de conservation à Le réseau des grands parcs 2. Planifier les secteurs à construire limitrophes de la zone agricole permanente caractère champêtre montréalais […] de manière à assurer une cohabitation harmonieuse des exploitations Ce parc-nature couvre 301 ha. Il est situé Le Réseau des grands parcs compte agricoles et des milieux de vie projetés. dans l’arrondissement de Pierrefonds- 24 grands parcs. Il contribue à Roxboro. La Ville a une entente depuis 3. Réaliser une étude pour caractériser la zone agricole du territoire montréalais l’amélioration de la qualité du 1988 avec l’organisme à but non lucratif et en préciser le potentiel. milieu de vie des Montréalais et D-Trois-Pierres pour l’administration de 4. Mettre en valeur le pôle éco-agro-récréotouristique, notamment par au rayonnement de l’image verte la ferme écologique du parc-nature. L’en- l’établissement de conditions propices à la découverte des paysages de Montréal. Il offre une variété tente actuelle (2008-2018) porte aussi champêtres et par le soutien aux initiatives locales de sensibilisation, de mise d’espaces protégés, des milieux sur le parc agricole du Bois-de-la-Roche. en valeur et d’interprétation du patrimoine agricole. D-Trois-Pierres offre à de jeunes adultes naturel, historique et culturel 5. Aménager le parc agricole du Bois-de-la-Roche. un milieu de travail favorisant leur inser- où l’on y retrouve des activités 6. Élaborer un plan stratégique de mise en valeur des activités agricoles, tion sociale et professionnelle à partir de de conservation, de détente, de en collaboration avec le comité consultatif agricole, la Communauté la réalité quotidienne. L’organisme anime loisirs de plein air, d’éducation à la ferme écologique. Celle-ci offre une vi- métropolitaine de Montréal et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’environnement et une diversité trine sur le monde agricole par ses infras- l’Alimentation du Québec. de services dont l’accueil et tructures d’agriculture biologique (serre, l’animation. Certains parcs jardins, champs et magasin général) et La zone agricole est occupée aussi par La Ville prévoit maintenir et dynamiser accueillent des activités agricoles. par les nombreux animaux qui vivent en le parc agricole du Bois-de-la-Roche, la zone agricole permanente, comme permanence sur le site et dans la grange l’arboretum Morgan, l’écomusée de la mentionné dans son plan d’urbanisme, de la ferme. On trouve différentes espèces Vallée du Saint-Laurent, la ferme expé- et conserver des activités agricoles en animales (lapins, oies, canards, vaches, rimentale du Campus Mac Donald de dehors de la zone agricole permanente. chevaux, chèvres, poneys, ânes, etc.). Le l’Université McGill, une partie du parc- Elle a engagé plusieurs actions dans ce site de la ferme est ouvert à l’année et nature de l’Anse-à-l’Orme ainsi que par sens dans le parc-nature du Cap-Saint- accueille environ 50 000 visiteurs par an. deux golfs. Ces lieux forment un pôle Jacques, le parc agricole du Bois-de- éco-agro-touristique d’importance. la-Roche et l’écoterritoire du corridor La ferme écologique du parc-nature écoforestier de l’île Bizard. du Cap-Saint-Jacques 16 État de l’agriculture urbaine à montréal
La zone agricole L’agriculture périurbaine Le jardin arc-en-ciel est aussi un attrait 2.3 Le projet de paysage humanisé permanente de l’île important. Il est remarquable par sa de l’île Bizard Bizard en 2010 avec vue sur le lac des forme demi-circulaire, l’agencement de Dans le cadre de la mise en œuvre de Deux Montagnes ses couleurs, et la variété de ses fleurs, la Politique de protection et de mise en fines herbes et légumes. valeur des milieux naturels (Ville de Mon- tréal, 2004), un plan concept a été adopté D-Trois-Pierres cultive et fait de l’élevage pour le corridor écoforestier de l’Île Bizard sur plus de 30 ha et produit chaque (Ville de Montréal, 2006). Ce plan concept année environ 375 paniers biologiques est un document d’orientation pour la dans le cadre du réseau ASC. Des fruits mise en valeur de l’écoterritoire. Lors de et légumes biologiques sont en vente la consultation publique qui a eu lieu au Magasin Général pendant les fins de en 2005, des citoyens ont attiré l’atten- semaine d’été. D-Trois-Pierres fait aussi tion sur la zone agricole permanente, de la production acéricole et anime une exprimant leur préoccupation de voir les Un rapport d’expertise cabane à sucre (sirop biologique). activités agricoles et récréo-touristiques produit en 2009 confirme ❝ s’y développer. Un comité de citoyens a le potentiel agricole de Le parc agricole du Bois-de-la-Roche été formé pour faire des propositions de l’ouest de l’île Bizard et Le paysage humanisé est une Le parc agricole est situé à Senneville et mise en valeur et par la suite une table de identifie des pistes d’action « aire constituée à des fins de couvre 190 ha. Il est dans la zone agricole concertation a été mise en place. Cette pour sa mise en valeur. protection de la biodiversité d’un permanente. Le parc a pour vocation table a confirmé l’intérêt d’obtenir le territoire habité, terrestre ou d’être une vitrine de l’agriculture au statut de paysage humanisé tel que défini Québec. Un projet de mise en valeur des par la Loi sur la conservation du patri- aquatique, dont le paysage et ses terres est engagé avec D-Trois-Pierres. Le moine naturel du Québec. Elle travaille composantes naturelles ont été projet vise deux grands objectifs : sur la mise en œuvre de ce projet. façonnés au fil du temps par des • la conservation des milieux naturels et activités humaines en harmonie de la biodiversité : avec la nature et présentent des - protection d’un corridor écologique, - protection des espèces aviaires mena- qualités intrinsèques remarquables cées ; dont la conservation dépend • la remise en culture des terres et éven- fortement de la poursuite des tuellement la pratique de l’élevage sur pratiques qui en sont à l’origine » environ 90 ha. (L.R.Q., chapitre C-61.01, 2002, c. 74, a. 2.) Deux vues du parc agricole du Bois-de-la-Roche État de l’agriculture urbaine à montréal 17
Vous pouvez aussi lire