Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Activités artistiques pour
   les enfants hospitalisés
   en Région bruxelloise

Première édition                2003
Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Sommaire

           Editorial                                p 3
           Introduction                             p 6
           Philosophie du Projet                    p 8
           Présentation des cinq associations       p 11

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Edito

  Il n’y a pas longtemps encore, parler d’activités ludiques ou         Je souhaite encourager cette démarche et permettre aux
  artistiques pour les enfants hospitalisés relevait, pour beau-        associations qui œuvrent en ce domaine de bénéficier tout
  coup, de l’incongruité la plus totale. Fort heureusement, de          à la fois d’une reconnaissance effective de leur travail et de
  nombreuses expériences démontrent aujourd’hui que l’im-               moyens de fonctionnement leur permettant d’amplifier ce
  pact sur le bien-être de l’enfant, voire sur sa guérison, est         travail. Je souhaite enfin que cette brochure de présentation
  tout à fait notable. Voici donc les clowns, conteurs et               constitue, pour chacun des acteurs de ce domaine si parti-
  marionnettistes invités à intégrer le plan de soins des               culier et si utile, un hommage rendu aux qualités humaines
  enfants gravement malades ; et c’est une évolution dont je            déployées au quotidien auprès des plus petits.
  me réjouis !

  Lorsque l’enfant et sa famille doivent affronter l’angoisse, la
  douleur, la séparation, l’unique préoccupation d’un
  “ tiers ”, qui ne soit pas identifié à l’équipe soignante, est
  d’apporter à l’enfant cette petite part du bonheur qu’il a
  laissé à la maison. J’ai entendu, à de nombreuses reprises,
  ces témoignages d’enfants et de parents, qui disaient tout le
  soulagement d’avoir pu, avec l’artiste, rompre l’isolement                                                        Didier GOSUIN,
  ou sortir enfin une angoisse non exprimée, qui ronge sou-                                                                 Ministre,
  vent, autant, que la maladie elle-même… En jouant, en                    Membre du Collège de la Commission communautaire
  s’amusant, en faisant son “ métier ” à lui, l’enfant redevient                                        française chargé de la Santé
  ainsi sujet à part entière, capable de participer à son propre
  projet de soins.

  Mon département soutient ainsi une gamme d’initiatives –
  présentées dans cette brochure – qui permettent d’apporter
  de la diversité, de la bonne humeur, mais également cette
  humanité si précieuse et si souvent absente de l’ hôpital.

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Le développement d’activités culturelles
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                                                                      de créer, de découvrir en soi des capacités parfois
                                                                      insoupçonnées que l’hospitalisation permet de mettre
               en milieu hospitalier                                  en lumière. Le malade passe de l’état de personne
                                                                      assistée, vulnérable et dépendante, à celui d’individu
                                                                      libre de choisir, de s’exprimer, recouvrant la dignité et
                                                                      une autonomie que la maladie affaiblit ;
La nécessité de faire de l’hôpital un lieu plus humain,
ouvert à la cité, doit être une priorité dans le domaine de       K enfin, l’hôpital, par la diversité des populations qu’il
la santé.                                                             reçoit, les malades mais aussi les familles, les amis,
                                                                      est un carrefour exceptionnel où se croisent des
La culture peut jouer un rôle essentiel pour améliorer                hommes et des femmes aux origines et horizons
l’environnement des personnes hospitalisées et contribuer             culturels différents.
à favoriser la relation de l’hôpital avec l’extérieur.
                                                                  L’hôpital constitue parfois, le seul lieu où l’art dans sa
La culture, loin d’être un supplément d’âme facultatif,           réalité vivante, concrète, palpable est approché par
donne à la vie sa qualité. C’est en ce sens que le combat         certains.
pour la vie qui est mené dans les hôpitaux rencontre
naturellement le geste culturel.                                  Derrière cette dimension essentielle de culture et de
                                                                  divertissement, les pratiques artistiques collaborent à la
La présence de l’art et de la culture en milieu hospitalier       fonction thérapeutique : le théâtre à travers les saynètes et
satisfait trois exigences :                                       les jeux de rôle, la musique, la danse mais aussi la
                                                                  sculpture, le dessin viennent soutenir le besoin d’exprimer
K d’abord permettre au malade, d’oublier pour un                  le vécu, parfois très douloureux, du moment. La palette
    instant la maladie, l’environnement souvent froid et          est immense des disciplines artistiques qui concourent à la
    normalisé du contexte médical, pour goûter comme              guérison des malades ou à l’atténuation de la souffrance.
    toute personne humaine la joie de découvrir une
    peinture, d’écouter une musique, de se plonger dans
    un livre, d’écouter des histoires,…. ;

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Depuis de nombreuses années, la Commission                          Les actions développées visent à procurer aux enfants un
communautaire française subventionne des associations               bien-être et une meilleure communication vis-à-vis de
qui développent dans le milieu hospitalier des activités            leur entourage.
artistiques. Le public cible touché par ces projets sont les
enfants malades.                                                    L’hôpital est dans la ville, un lieu où l’homme vit dans une
                                                                    autre relation avec le temps et avec lui-même. C’est peut-
Alors que l’hospitalisation reste pour ces enfants un               être parce qu’il est dans un moment de fragilité, de
moment difficile, les activités artistiques constituent, dans       rupture avec le rythme ordinaire des actifs, qu’il peut
un milieu peu familier, un espace de liberté, un temps de           s’ouvrir à des curiosités nouvelles, découvrir sa propre
partage.                                                            sensibilité.

Des ateliers et des rencontres avec des artistes aident les                                                 Service Santé de la
enfants à mieux s’exprimer et à dépasser l’espace de                                     Commission communautaire française
rupture et de solitude qui constitue parfois le milieu
hospitalier.

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Intro

        Animer : donner la vie, communiquer de l’ardeur, insuffler           atteint d’une affection de longue durée ou d’une anomalie
        un supplément d’âme                                                  malformative qui va perdurer toute une vie.
        (dictionnaire Robert de la langue française)                         Il importe dès lors que l’équipe soignante tout entière soit
                                                                             attentive à l’enfant et pas seulement à sa maladie ou à son
        Promouvoir une animation dans un milieu hospitalier, qui             déficit.
        plus est dans un service de pédiatrie, semble à première             Cette attention à “ l’enfant global ” et à sa famille, cette
        vue paradoxal.                                                       collaboration à établir entre l’enfant, sa famille et le
        En effet, tout hôpital est un lieu où des êtres humains              personnel soignant, est un véritable défi.
        rencontrent d’autres êtres humains pour les aider avec               Défi parce que les nécessités techniques multiplient les
        tous les moyens techniques et humains soit à retrouver la            intervenants.
        santé, soit à atténuer les conséquences physiques et                 Défi aussi parce que le cadre budgétaire restreint semble
        psychiques des maladies, accidents, malformations,                   parfois vouloir cantonner les soignants au rôle de
        difficultés familiales majeures etc.                                 distributeurs de prestation, au détriment de leur totale
        Et donc logiquement ce lieu ne devrait pas exiger un                 activité de soignants.
        supplément de vie ou d’âme.                                          Dans ce cadre, quelle est la place des équipes
                                                                             d’animation intra-hospitalières ?
        Cependant, l’extraordinaire développement des sciences               Leur rôle se limite-t-il à occuper les enfants hospitalisés ?
        biologiques et des techniques, développement qui a                   But honorable en soi que de lutter contre l’ennui, le
        permis des guérisons et réhabilitations il y a peu encore            sentiment d’éloignement dans le monde hospitalier
        impensables, risque de transformer l’hôpital en une sorte            souvent perçu comme étrange.
        de super station service.                                            Mais nous, les soignants, espérons beaucoup plus des
        La communication interpersonnelle risque alors d’être                équipes d’animation. Nous pensons que celles-ci font
        négligée et l’effort de prise en considération des difficultés       partie intégrante de la prise en charge intra-hospitalière de
        des personnes, réduit à une addition d’actes techniques,             l’enfant.
        s’adressant au fragment défectueux de la personne                    Ces équipes d’animation devraient pouvoir organiser
        consultante.                                                         leurs interventions à l’intérieur d’un plan de prise en
        Les conséquences d’un tel glissement sont lourdes                    charge des enfants hospitalisés.
        notamment chez l’enfant : en effet chez lui tout                     L’école organisée à l’hôpital permet certainement la
        dysfonctionnement d’un organe a une répercussion                     poursuite d’un cursus scolaire mais fournit aussi à l’enfant
        immédiate sur l’organisme entier et entrave les                      un lieu de rencontre soustrayant ainsi celui-ci, à certains
        acquisitions motrices, psychiques, émotionnelles et                  moments de la journée, aux contraintes de l’hôpital.
        sociales.                                                            Le même résultat peut être obtenu par diverses activités
        Ces conséquences sont encore plus lourdes si l’enfant est            d’animation.

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Activités artistiques pour les enfants hospitalisés en Région bruxelloise - Premièreédition 2003
Le fait de réintroduire des rythmes d’activités scolaires et          Il faut également que ces animateurs fassent preuve d’une
d’animation permet à l’enfant de mieux vivre la durée de              grande discrétion, s’habituent à rencontrer des situations
façon optimiste. En effet, tant pour l’enfant que pour ses            strictement confidentielles et à respecter les consignes du
parents, le fait d’inciter cet enfant à reprendre des activités       secret.
scolaires et d’animation signifie que l’avenir n’est pas              Jamais les animateurs ne doivent tenter d’interpréter et
envahi par la maladie mais reprend un cours chargé de                 surtout de résoudre seuls des difficultés perçues chez les
signification.                                                        enfants ou chez les parents.

Les immenses capacités créatrices des enfants, si elles sont          Enfin, les animateurs doivent pouvoir vivre et gérer à la
bien guidées par des professionnels avertis, peuvent                  fois la proximité indispensable et la distance à respecter
permettre une expression organisée des peurs, tristesses,             pour que l’enfant puisse poursuivre son chemin.
inquiétudes. Espoir difficilement exprimé autrement.                  Voici donc bien des conditions pour remplir correctement
                                                                      le rôle si utile d’animateur socioculturel dans un service
Bien souvent, les ateliers d’art ou les activités théâtrales          de pédiatrie.
ont permis de dédramatiser certaines situations mais ont              En échange, ces animateurs doivent pouvoir bénéficier
aussi permis d’ouvrir des horizons méconnus à des talents             d’un recours à un membre du personnel soignant qui leur
ainsi découverts.                                                     sert de référence. Ils doivent aussi pouvoir s’appuyer sur
Mais l’on comprend dès lors que participer à l’animation              des personnes de support pour métaboliser les émotions,
dans un service de pédiatrie exige un réel profes-                    inquiétudes et tristesses que la confrontation répétée des
sionnalisme non seulement dans le domaine spécifique du               situations de maladies, d’accidents, de malformations, de
métier exercé mais aussi au niveau de connaissances                   difficultés intra familiales majeures engendrent.
particulières dans le domaine de l’organisation de                    Il ne faut pas que l’engagement de ces animateurs se solde
l’hôpital, dans le domaine des contraintes indispensables             par des plaies personnelles difficiles à cicatriser.
d’hygiène et de précautions à prendre dans certaines
situations.
De plus, les animateurs doivent absolument avoir acquis                                    Hadelin Hainaut, pédiatre hospitalier,
certaines notions concernant la psychologie des enfants,                                      professeur à l’école d’infirmières et
des enfants malades, des parents d’enfants hospitalisés.                     professeur invité à la Faculté de Médecine de Liège

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Créativité en service de pédiatrie

Franchir les portes d’un hôpital, pour une heure, un jour,            lées depuis le berceau. Il se nourrit tant que dure la vie. En
une semaine, un mois, ou pire encore, pour une période                travail étroit avec l’imagination, il contribue grandement au
indéterminée, n’est jamais agréable pour un adulte. Encore            développement des moyens d’expression et de communi-
moins pour un enfant. Repères quotidiens, cadre familial,             cation, et, par-là même, à l’épanouissement de chacun
animal de compagnie, promenades à vélo, cour de récréa-               d’entre nous.
tion, jeux avec les amis, tout cela peut se trouver en un rien
de temps remplacé par le blanc immaculé des murs de cli-              S’exprimer, communiquer et rire sont essentiels dans la vie
niques et des blouses de médecins.                                    de tous les jours. Pour un mieux être et un mieux devenir,
                                                                      ils le sont d’autant plus quand la maladie s’est installée.
L’hôpital est un univers restreint. Un monde dans le monde.           Nombre de pédiatres et de psychopédagogues affirment
Au sein de cet environnement clos, l’angoisse de l’enfant             aujourd’hui que ce sont là des critères favorables à une
peut être considérable. Celle de la famille tout autant.              guérison plus rapide et/ou à une meilleure acceptation de
Parfois même difficile à surmonter, tout comme la maladie             la maladie et des soins.
elle-même et les soins procurés. Cela doit être pris en
considération. Aussi, pour mieux vivre cette phase difficile,         Des professionnels compétents dans le domaine de l’en-
il est important à la fois de dédramatiser la situation, de           fance l’ont bien compris et mettent à la disposition des
sécuriser les familles et d’encourager aux mieux les jeunes           jeunes patients un éventail d’outils pour une créativité épa-
patients à s’exprimer.                                                nouie. Notons que, si les concepts de créatif et récréatif se
                                                                      confondent souvent tant ils sont liés, il est bon d’établir une
Si la fonction des équipes médicales doit impérativement              différenciation entre créativité et récréation. Car, si la
rester prioritaire et s’il est primordial de ne jamais se sub-        récréation permet de distraire, distraire seulement, impli-
stituer, en aucune manière aux psychologues, il n’en reste            quant une relation de communication unilatérale allant de
pas moins avéré qu’en ce domaine, la créativité globale               celui qui «distrait» vers celui qui reçoit l’activité de manière
active trouve sa place. En tout cas, il y a prise de conscien-        généralement passive, la créativité va plus loin. Elle incite à
ce en la matière depuis une trentaine d’années. De plus en            une possibilité d’interaction. Les activités proposées aux
plus, des associations autonomes développent des projets              enfants hospitalisés n’excluent pas l’aspect récréatif, elles
continus de créativité artistique en services hospitaliers.           privilégient les démarches créatives.

La créativité, propre à l’être humain, est la résultante de ses       Ainsi, musique, marionnettes, théâtre, mime, poésie, art du
ressources imaginatives et de son potentiel d’adaptation              conte, cirque, modelage, peinture, clown… ont fait leur
aux circonstances. L’imaginaire, ce bagage sensoriel porté            entrée dans les services de pédiatrie. Le blanc immaculé
par chaque individu, est constitué à la fois d’images                 des murs a fait place à des peintures murales et des pan-
visuelles, auditives, gustatives, olfactives diverses, accumu-        neaux décoratifs.

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Créativité en service de pédiatrie

Des projets créatifs pour les enfants hospitalisés                      mêmes, pour mieux comprendre les motivations profondes
                                                                        qui les poussent à œuvrer dans un milieu qui regroupe sou-
“ Introduire et réintroduire obstinément la dimension rela-             vent des populations fragilisées. Lors de supervisions, ils
tionnelle, la parole et l’art, pour secouer la passivité, la rou-       travaillent les peurs ou les malaises personnels qui font
tine et les automatismes… L’implication nouvelle des                    écran à la relation avec l’enfant qui vit déjà une situation
artistes dans les lieux de soins et d’accueil des enfants est           difficile.
bien plus qu’une mode : c’est une nouvelle forme de
civisme. ” (1)                                                          En résumé, les animateurs culturels possèdent une éthique
Depuis la Charte des droits de l’enfant hospitalisé (2), l’hu-          de travail vis-à-vis des malades, vis-à-vis des structures hos-
manisation des soins et le bien-être du petit patient sont au           pitalières mais surtout vis-à-vis d’eux-mêmes.
centre des préoccupations des acteurs sociaux, médicaux                 Ce qu’ils recherchent principalement est une “ qualité
et culturels présents à l’hôpital. L’hospitalisation des enfants        d’être ”.
en pédiatrie connaît des transformations essentielles.
Accueillir dans un local convivial, rendre la confiance et              Ils sont engagés dans leur projet, responsables de leurs
libérer la parole, accompagner et rassurer l’enfant, lui offrir         actes dans le respect de la dignité, de la personnalité et de
des moments de jeux et de détente sont des actions deve-                l’intimité de l’enfant et de sa famille. Ce qui fait de ces
nues indissociables du soin médical proprement dit (3).                 intervenants particuliers tout autre chose que des guignols
Cela fait quelques années que la Commission Communau-                   de service ou des amuseurs publics, c’est leur profession-
taire Française subventionne des associations, cinq actuel-             nalisme et ce, qu’ils soient rémunérés ou bénévoles.
lement, qui développent des activités artistiques en milieu             Ils ne pourront jamais pallier un déficit qualitatif ou quanti-
hospitalier. Les intervenants culturels qui travaillent dans            tatif de soignants par exemple.
ces associations possèdent en plus d’une formation artis-
tique une connaissance de la psychologie de l’enfant, tout              “ Ne cloisonnons pas la prise en charge de projets artis-
particulièrement de l’enfant malade.                                    tiques aux seules mains des représentants socioculturels.
                                                                        Raconter une histoire, chanter, jouer avec un enfant fait
Ils ont appris, parfois sur le tas, quelques notions élémen-            aussi partie du travail des soignants en relation avec l’en-
taires des techniques hospitalières (par ex., ne pas être hor-          fant. Ne dépossédons pas les soignants de tâches
rifié de voir un enfant installé en perfusion intraveineuse,            “ agréables ” qui leur sont reconnues mais qui viennent
savoir adapter sa présence à un enfant inconscient, etc.) Ils           trop souvent en bout de course. L’humanisation des ser-
ont également, en tant que citoyens, un minimum de                      vices de pédiatrie est une priorité, la culture représente un
notion de l’organisation de l’hôpital dans lequel ils inter-            des vecteurs de cette humanisation, lorsque les culturels
viennent.                                                               sont des partenaires. Cela nécessite un projet global de ser-
Mais ils ont surtout accepté de faire un travail sur eux-               vice ” (4).

                                                                    9
Créativité en service de pédiatrie

L’activité est proposée sans obligations à l’enfant et une pla-         L’hôpital est dans la ville un lieu où l’enfant peut dévelop-
quette ou une affiche ou un livret l’informe de la nature de            per un autre rapport avec le temps et avec lui-même. C’est
l’activité.                                                             peut-être dans ces moments de fragilité, de rupture avec le
“ Une information du contenu de l’activité, où elle se                  rythme du monde actif du dehors qu’il s’ouvrira à des
passe, à quelle rythme, si elle est gratuite, quand il aura             curiosités nouvelles, qu’il découvrira un sens à l’aventure
l’occasion d’y participer, s’il sera seul, s’il peut refuser une        humaine qu’il traverse.
proposition et comment. Il est toujours utile de lui laisser le
temps de poser ces questions, d’offrir des alternatives pour            (1) “ La prise en charge de l’enfant malade ” par Didier
qu’il puisse réellement choisir ou marquer son opposition                   Cohen Salmon, médecin anesthésiste in : les cahiers
et lui laisser un temps et un lieu pour prendre des initia-                 Dajep n°27, septembre 1996.
tives, manifester verbalement ou non verbalement ses                    (2) Charte élaborée en 1988 par EACH (European
désirs et ses refus. ” (5)                                                  Association for Children in Hospital).
                                                                        (3) “ L’accompagnement de l’enfant et de sa famille
Alors seulement, la bulle d’oxygène, le petit vent de folie,                dépasse largement le plan strictement médical.
l’instant magique, la note suspendue se déposera, comme                     L’ensemble de ses besoins éducatifs, affectifs,
un voile léger, dans l’éphémère de l’instant présent.                       ludiques… doivent être pris en considérations quelles
Du côté médical, on s’est vite aperçu des conséquences                      que soient les circonstances ”. Actes du colloque :
positives à long terme qu’offraient ces activités artistiques               Bien-être de l’enfant à l’hôpital - Laurette Onkelinx,
surtout lorsqu’il existe une collaboration avec les médecins,               1996.
les infirmières, le personnel soignant et bien sûr, les                 (4) Marie-Madeleine Leurquin et Anne Malice, Centre
parents. Sans oublier que pour certains enfants, l’hôpital                  d’éducation du patient.
constitue le lieu où l’art est approché, pour la première fois,         (5) Anne Debra, psychologue clinicienne, formatrice au
dans sa réalité vivante et palpable.                                        Cefem.

                                                                   10
Des contes, des chansons
       et des marionnettes en pédiatrie

«Libr’AIRE» a.s.b.l.                                                    a) L’équipe
siège social : rue Floris, 47, 1030 Bruxelles
Tél. et fax : 02/245 28 42                                              Un duo d’artistes, formé à la fois aux métiers du spectacle
adresse E.mail : libr.aire@wanadoo.be                                   (marionnettiste, conte, chant et musique) et, à ceux de la
                                                                        santé et des communications «déboule» trois fois par
Dans différents services de l’Hôpital Universitaire des                 semaine en pédiatrie.
Enfants Reine Fabiola                                                   Notre équipe approfondit et questionne son travail d’acti-
15, Av. J. J. Crocq - 1020 Bruxelles                                    vité artistique au moyen de formations continues et de
                                                                        supervisions avec des professionnels de l’enfance et/ou du
1. Présentation de l’asbl Libr’AIRE                                     spectacle, de lecture et de recherche.

Libr’AIRE a été créée en 1992.                                          La démarche de l’asbl s’inscrit dans un mouvement au sein
Le projet «Conte, chant et marionnette en pédiatrie» est                même de l’hôpital : celui d’adoucir le séjour de l’enfant en
l’un de ses projets majeurs depuis 1998. Il comprend                    pédiatrie : il nécessite une collaboration avec le personnel
l’activité de terrain, la recherche, la création d’outils, la           soignant et les éducatrices.
formation continue et la supervision.

2 . Objectifs généraux

a. le plaisir de l’enfant
b. faire rêver, offrir un moment d’évasion
c. divertir, stimuler le plaisir de jouer

3. Description de l’activité

Pourquoi les enfants jouent-ils ? Par plaisir. Pour exprimer
de l’agressivité. Pour maîtriser l’angoisse. Pour accroître leur
expérience. Pour établir des contacts sociaux. Intégration
de la personnalité. Communiquer avec les autres.
         D.W. WINNICOTT, L’enfant et le monde extérieur,
       Chap. 4, p.123-128, Petite Bibliothèque Payot,1978.

                                                                        Photo © : Alina Santos

                                                                   11
Des contes, des chansons
       et des marionnettes en pédiatrie

b) Sur le terrain

Depuis 1998 l’asbl Libr’AIRE
intervient à l’hôpital Reine
Fabiola à Bruxelles.

Marionnettistes, passeuses d’his-
toires, enjôleuses de notes et de
rythmes, les artistes profession-
nelles vont à la rencontre des
enfants, des adolescents et de
leur famille pour partager entre
quatre yeux ou en groupe un
moment de jeu.

Le duo coloré pointe le bout de

                                                                                                                                      Photo © : Alina Santos
son nez dans les services d’uro-
logie, médecine interne, chirur-
gie, dialyse, soins semi-intensifs,
neurologie et oncologie.
Il pousse un carrosse à chapeau.
Des regards curieux se retour-
nent, les enfants savent…                                            «Il était une fois…»

La bande à Popol et Louise                                           Un air d’accordéon dans le couloir d’une salle. Des petites
                                                                     et des grandes oreilles se dressent. Embarquement immé-
Du chapeau surgissent de «vraies» marionnettes. Avec                 diat aux quatre coins du rêve. La salle de jeu se fait pays du
Popol et Louise, ça rigole, dérape, console, s’adoucit pour          conte et les enfants sont du voyage. La dévoreuse et tis-
se faire confidence au creux de l’oreille. Pour les cha-             seuse d’histoires ensorcelle avec deux doigts de magie et
touillis et les jeux de doigts, Léo l’escargot, Taupinette la        entortille les yeux et les oreilles de rubans de mots et
taupe et Titine la coccinelle sont de la partie.                     d’images.

                                                                12
Des contes, des chansons
       et des marionnettes en pédiatrie

Elle sort aussi de sa besace des mots savoureux pour un fes-        c) Le jeu : un plaisir partagé entre l’enfant et l’artiste
tin de conte merveilleux à deux. Sur le chemin, elle invite
l’enfant à inventer son histoire .                                  Un certain degré dans le choix, une absence de contrainte
                                                                    dans la façon conventionnelle de traiter les objets, les maté-
«Trois petites notes de musique»                                    riaux et les idées , sont inhérents au concept de jeu . C’est
                                                                    ce qui le rattache principalement à l’art et aux autres formes
«L’enchanteuse» vient partager avec l’enfant un moment de           de création .
musique pétaradant ou apaisant, jouer avec lui ou pour lui              Susanna Millar, La psychologie du jeu chez les enfants
des rythmes crépitants, des textes vivants et des mélodies                et les animaux, p.24 Petite Bibliothèque Payot, 2003.
caressant les papilles sonores.
En chœur et à plusieurs, on roucoule des ballades, on ros-          Notre expérience de terrain a fait surgir une question: quel
signole des ritournelles, on ramage à tout bout de «chant».         est le lien entre le «jeu» de l’artiste et le jeu de l’enfant ?
Et certains, mine de rien, nous suivent des oreilles.               A suivre…
En duo, on choisit les mots, on les malaxe, on les secoue,
on les émiette pour créer une chanson et l’enregistrer.

                                                               13
Théâtre de baladins
       dans les couloirs de l’hôpital

Les Messagers du Cœur asbl                                             Ce qui caractérise sans doute le plus cette association, c’est
39 rue de Livourne                                                     son Théâtre des rues “ Balladino ”. L’idée est venue du fait
1050 Bruxelles                                                         que ce serait à la fois plus sécurisant et dédramatisant pour
Tél. : 0475/98 15 60                                                   les enfants malades si les couloirs de l’hôpital devenaient
E.mail : julie.river@lesmessagersducoeur.be                            des rues, avec des plaques nominatives, des décors muraux
Site : www.lesmessagersducoeur.be                                      et, des baladins qui les animent. Ainsi, est né un théâtre
                                                                       basé sur les principes d’improvisation de la commedia
Objectifs                                                              dell’arte. Plusieurs personnages aux costumes excentriques
                                                                       et très colorés se produisent dans les couloirs, salles d’at-
Donner la parole à l’enfant,                                           tente et chambres. A côté de Tom Poucillo (monsieur catas-
lui faire prendre conscience de ses responsabilités.                   trophe), Fée Gora aux histoires féeriques et Loupino le dis-
Lui apprendre à communiquer.                                           trait, ces dames “ Cressonnette ” et “ Ciboulette ”, héroïnes
L’amener à s’exprimer par le texte, le dessin…                         toutes en verdure, promènent herbes et fleurs, sans oublier
Le faire réfléchir sur le maintien de la paix dans le monde.           leur marionnette Vanille, la petite vache. Avec des histoires
Lui faire prendre conscience des problèmes humanitaires et             un peu prairie, un peu légumes, on peut dire que, dans le
sociaux.                                                               monde clos de l’hôpital, elles donnent un fameux coup de
Par la créativité, aider l’enfant hospitalisé à mieux suppor-          fraîcheur.
ter la maladie et les soins et établir des échanges artistiques
entre des établissements de soins pour enfants.                        Mais, Balladino, poète troubadour devenu l’ami des enfants
Amener les artistes, journalistes et responsables d’institu-           hospitalisés, reste incontestablement le personnage central
tions à écouter l’enfant.                                              de ce théâtre.
                                                                       Pas moins de onze personnages participent parfois à cette
L’imaginaire en services de pédiatrie                                  petite troupe. Cela quand s’y ajoutent quelques étudiants
                                                                       de l’Académie des Arts de Bruxelles qui apportent un
L’association existe depuis 1988, mais c’est depuis sept ans           excellent soutien au projet.
maintenant qu’elle œuvre au sein des services de pédiatrie.            Avec Balladino, on mime, on joue, on écrit, on s’exprime,
Son but est d’y aider les jeunes patients à mieux supporter            on ose. On découvre aussi, tantôt avec de la musique, tan-
la maladie et les soins en leur offrant des ateliers d’expres-         tôt avec les marionnettes, tantôt avec des accessoires rela-
sion artistique dans lesquels créatif et récréatif se conju-           tifs aux rythmes et à l’apprentissage de l’espace. Avec cette
guent. Ainsi, tous les moyens d’expression sont abordés par            approche théâtrale interactive, c’est le monde de l’imagi-
des animateurs professionnels qui possèdent à la fois, une             naire qui a franchi les portes du microcosme hospitalier.
formation relative à l’enfance (assistants sociaux, éduca-
teurs, instituteurs,…) et une compétence artistique exigée.

                                                                  14
Théâtre de baladins
                          dans les couloirs de l’hôpital

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                                                                                                         petits malades ont souvent le cœur bien
                                                                                                         serré. L’amertume s’installe.

                                                                                                         Les Messagers du Cœur ont mis au point
                                                                                                         des “ veillées ” lors desquelles Balladino,
                                                                                                         accompagné d’un ou deux autres person-
                                                                                                         nages rassemblent les petits patients. Cela
                                                                                                         pour une animation très feutrée, très cha-
                                                                                                         leureuse. Chaque veillée est préparée et
                                                                                                         réalisée sur un thème qui varie selon la
                                                                                                         saison ou les événements vécus et les
                                                                                                         fêtes : carnaval, halloween, noël, l’es-
Photo © : Julie River

                                                                                                         pace, les musiques du monde…

                                                                                                         Il arrive fréquemment que les enfants
                                                                                                         malades y participent après avoir réalisé
                                                                                                         chacun sa propre marionnette au travers
                   Ce travail est réalisé en accord avec les équipes médicales.        de laquelle on raconte ses bobos, ses chagrins.
                   Tous les projets leur sont préalablement soumis. Important
                   aussi de dire que ces équipes sont convaincues du bien              En service d’oncologie, là où les traitements sont lourds, les
                   fondé de telles démarches.                                          parents restent plus souvent auprès de leurs petits pour la
                   Les animations données par “ Les Messagers du Cœur ”                nuit. Ce sont alors des veillées très familiales qui y sont
                   s’adressent à chaque enfant, quel que soit son âge, sa cul-         données une fois par semaine.
                   ture et sa pathologie.
                                                                                       Rues et décors
                   Les veillées
                                                                                       Comme il a été dit plus haut, ces animations se déroulent
                   Quand papa et maman s’en vont, Balladino reste…                     aussi bien dans les chambres (individuellement) qu’en
                                                                                       salles (collectives) et que dans les couloirs, devenus rues.
                   Vers 18 heures, quand les parents rejoignent leurs autres           Ainsi, à l’Hôpital Reine Fabiola, presque tous les couloirs
                   enfants à la maison et que les amis s’en retournent chez            ont maintenant leur nom, sur une plaque bleue et bilingue,

                                                                                  15
Théâtre de baladins
       dans les couloirs de l’hôpital

comme celles des rues de nos villes. Rue des Sparadraps,             prend toute une série de panneaux décorés par plusieurs
avenue des plâtres, petite rue du thermomètre, jardin des            artistes plasticiens sur base de poèmes, dessins, modelages,
orties (prises de sang), clos du cornet (téléphone)… clic-           peintures et collages d’enfants malades.
clac square (radiographie)…, autant de noms imaginés par             D’autres décors enjolivent petit à petit les chambres du ser-
les enfants eux-mêmes, guidés par les animateurs. Noms               vice de cancérologie.
qui d’ailleurs ne manquent pas d’humour.
Un projet de plan a même été fait pour le rez-de-chaussée            Appréciée pour son professionnalisme et sa régularité, cette
de ce même hôpital.                                                  asbl compte à son actif pas moins de trois cent cinquante
D’autres hôpitaux ont également leurs plaques de rues. Le            animations par an, dont trois cent environ à l’Hôpital des
même projet est en cours de réalisation à l’Hôpital Erasme.          Enfants Reine Fabiola (cinq à six par semaine). Les autres
                                                                     constituent des projets plus ponctuels dans d’autres institu-
Décors d’artistes                                                    tions hospitalières comme Erasme et St-Pierre à Bruxelles,
                                                                     St-Pierre à Ottignies, Braine-l’Alleud et La Louvière.
Enfin, l’association, très soutenue par de nombreux artistes,
a réalisé déjà plusieurs décors à l’Hôpital Reine Fabiola.           Tant de projets qui contribuent à adoucir davantage l’uni-
Ainsi, le “ Chemin d’Art ” créé il y a quelques années com-          vers de l’hôpital.

                        Photo © : Eliane Janin

                                                                16
Les clowns à l’hôpital

Asbl “ Fables rondes ”                                                L’écoute
Contact clowns :
Rue de l’Autruche, 25 - 1170 Bruxelles                                La principale qualité du clown est une grande écoute. Il
Tél. : 02/675 05 43 - Fax : 02/538 92 58                              arrive, attend, ajuste à tout moment ses actions sur ce qu’il
Email : cat.vanandruel@skynet.be                                      perçoit et y répond quand il peut. Il ne sait pas ce qui est
Site web : www.hopiclowns.be.tf                                       bon ou juste pour l’autre, il agit sans juger ni critiquer, dans
                                                                      le plus grand respect de l’individu. Il réunit ces conditions
Pour les enfants hospitalisés à l’Hôpital Erasme :                    de cœur et de talent avec en plus, une bonne dose de sta-
Service de pédiatrie, 2ème étage                                      bilité. Le clown à l’hôpital doit savoir aussi simplement
Route de Lennik, 808 - 1070 Anderlecht                                accepter les “ bides ” ou les moments de déprime.
Tél. : 02/555 35 45                                                   Qu’est-ce qui se passe, alors ?
                                                                      Lors de l’animation, l’enfant est sorti de son quotidien, c’est
Fables Rondes existe depuis 1996 et a été créée par une               un moment privilégié dans sa journée. Car le clown a un
comédienne, un clown chanteur et un médecin généraliste               statut bien particulier dans sa tête, c’est celui qui fait rêver,
dans le but d’offrir aux enfants hospitalisés la présence             qui dit des bêtises, qui l’emmène ailleurs. Et cela est dû au
d’animateurs spécialisés.                                             succès des clowns de cirque auprès de la plupart des
                                                                      enfants.
Deux clowns !                                                         A l’hôpital, il en va de même, l’attrait est grand pour cette
                                                                      visite insolite. L’enfant est émerveillé de voir ce clown en
Devenir clown à l’hôpital ne s’improvise pas, les artistes            vrai, soudain si proche physiquement, s’occuper de lui en
qui sont engagés par l’asbl sont des professionnels du spec-          particulier. C’est tout un monde féerique qui vient à lui. Car
tacle qui ont, en outre, été formés à l’écoute. Ni soignants          pouvoir rire ou sourire, dans les moments difficiles, permet
ni thérapeutes mais compagnons de jeux, leur terrain d’ac-            à l’enfant d’être plus détendu ou plus alerte, en tout cas,
tion est la partie la plus saine de chaque enfant qui, même           l’oblige à se resituer et à envisager différemment sa pré-
très malade, retrouve une capacité de rêver, d’espérer et de          sence à l’hôpital.
se battre.
Le travail de clown se fait en improvisation, en tenant               Concrètement, lors d’une séance clownesque de soins, il
compte de l’état, de la réceptivité de chaque enfant. Heu-            peut y avoir, selon l’attention de l’enfant ou son souhait : de
reusement, ce travail se fait toujours en duo, une manière            la magie, de l’accordéon musette, des fils et des ficelles,
d’enrichir le jeu, de rebondir sur le partenaire. Les clowns          des sketches de soins sur un nounours ou une poupée, des
se recyclent dans leur art par des stages, des séminaires, des        histoires sans queue ni tête, des globules de savon et des
lectures, des rencontres ou tout autre moyen d’adaptation             ballons. Avec beaucoup de douceur et d’écoute, il y a une
et de progression professionnelle et personnelle.                     recherche, en compagnie de l’enfant, de la piste qui lui

                                                                 17
Les clowns à l’hôpital

                                                                                                       La déontologie

                                                                                                        Les clowns ont toujours un
                                                                                                        rapport avec le personnel
                                                                                                        médical avant de commencer
                                                                                                        le travail, afin de s’informer de
                                                                                                        l’évolution de certains enfants,
                                                                                                        de reprendre le contact avec la
                                                                                                        vie du service. Une façon aussi
                                                                                                        de se glisser dans l’univers
                                                                                                        médical sans pour autant
                                                                                                        demander à connaître tout le
                                                                                                        passé de l’enfant. Que doivent-
                                                                                                        ils savoir et que vaut-il mieux
                                                                                                        ignorer pour oser approcher en
                                                                                                        toute       décontraction      et
                                                                                                        sérénité ? Quelle est la juste
                                                                                                        distance pour chaque enfant
                                                                                                        en particulier ?
                                                                                                        Pour préserver cet esprit de
                                                                                                        bienveillance et d’attention
                                                                                                        dans leur travail, ils ont établi
Photo © : Daniel Cap                                                                                    un code de déontologie qui
                                                                                                        définit le professionnalisme, la
        plaît et alors commence réellement l’animation d’une             responsabilité des actes créatifs, le respect des convictions
        durée de 10 à 15 minutes par chambre.                            et des religions, les limites de l’expression artistique.

        Comme il est difficile de rire dans les moments très dou-        La présence régulière
        loureux, il n’y a jamais d’acharnement zygomatique.
        Les parents et les proches présents dans une chambre sont        En effectuant une visite par semaine dans le service de
        automatiquement inclus dans l’animation s’ils le souhai-         pédiatrie, cela fait, en une année, près de 1000 interven-
        tent.                                                            tions de clowns auprès d’enfants hospitalisés pour des rai-
        Ce moment de jeu aura permis de diminuer l’angoisse et           sons fort diverses. La régularité de ces prestations est une
        les inquiétudes liées à la maladie ou un accident.               des garanties du bon déroulement de l’activité. La visite des

                                                                    18
Les clowns à l’hôpital

clowns est annoncée à l’accueil et dans les chambres par             tif) agit un peu comme un moteur de recherche qui va per-
des affichettes murales et un dépliant comprenant le code            mettre à l’enfant de s’affranchir de certaines contraintes
de déontologie des clowns à l’hôpital est disponible sur             liées à son état. Le boulot de l’artiste, c’est aussi de susciter
demande. Néanmoins, chaque enfant a le droit de recevoir             l’envie chez l’autre de retrouver son propre élan créateur.
cette visite ou de refuser l’accès à la chambre.                     Tout homme, toute femme et tout enfant a un pouvoir de
                                                                     création. L’artiste a juste cette particularité d’avoir le culot
Le clown créatif                                                     de vouloir le montrer pour partager un moment d’huma-
                                                                     nité.
Transportant avec eux des valises remplies de babioles               Les clowns à l’hôpital ont aussi travaillé dans les services de
diverses, de petites choses drôles ou tendres, ils arrivent,         Pédiatrie de l’Hôpital de Braine l’Alleud-Waterloo, du C.H.
poussés par un grand courant d’air frais venu du dehors. Le          du Bois de l’Abbaye à Seraing et de la Clinique St Jean à
processus créatif mis en jeu dans ces animations (l’impro-           Bruxelles.
visation théâtrale, la magie, la musique et le contact affec-

        Photo © : Daniel Cap

                                                                19
Raconter à l’hôpital

Hopi Conte A.S.B.L.                                                    Pourquoi raconter à l’hôpital ?
13 avenue du Maréchal, 1180 Bruxelles
Tél. : 02/379 01 80 - Fax : 02/375 21 64                               L’hospitalisation d’un enfant est un événement souvent
                                                                       stressant tant pour les parents et les proches que pour l’en-
Equipe                                                                 fant lui-même. D’autant plus s’il se trouve en unité d’onco-
                                                                       logie ou en soins intensifs. L’hôpital est un lieu de passage
10 conteuses travaillant prioritairement dans les services             obligé où l’enfant est coupé de son quotidien. Sa vie est
pédiatriques de certains hôpitaux à Bruxelles (Cliniques               “ en panne ” et a besoin d’aide !
Universitaires St Luc – Hôpital Universitaire des Enfants
Reine Fabiola), mais également dans le Brabant wallon et le            Mais d’abord, que peut-on dire du conte ?
Hainaut.
                                                                       Il explore un autre monde, celui de l’invisible, qui affirme
Historique et objectif                                                 que la vie ne se réduit pas aux apparences.
                                                                       Le conte a traversé des millénaires. Il est vivant de la vie
Le projet d’Hopi Conte est né en décembre 1993, à la suite             même de tous ceux qui l’ont raconté, du Nord au Sud, de
de l’interpellation de l’une d’entre nous. La Présidente de            l’Est à l’Ouest. Sa force, c’est sa fragilité. Elle lui vient du fait
l’association ayant eu l’occasion de raconter dans un ser-             qu’il ne se fixe nulle part. La mort ne peut donc pas l’attra-
vice pédiatrique d’oncologie, elle s’est rendue compte que             per.
certains enfants vivaient difficilement leur maladie et leur                      Henri Gougaud dans “ Le murmure des contes ”,
hospitalisation.                                                                                           Desclée de Brouwer, 2002.

Un petit groupe s’est constitué autour de la nécessité d’or-           Il pose des questions essentielles : d’où vient la vie, qu’est-
ganiser un temps de “ conte à l’hôpital ”. Des contacts ont            ce que la mort, qui suis-je et qui est l’autre, quel est mon
été pris avec des hôpitaux et l’expérience sur le terrain s’est        destin ?… Tout héros de conte est un chercheur de vérité.
montrée rapidement positive vis-à-vis de l’enfant et de sa             Ignorant au départ, petit, pauvre, orphelin ou mal aimé, il
famille. Son importance a été reconnue par le personnel                va, poussé par des forces obscures, à la recherche de
soignant et les médecins des services.                                 “ l’eau de vérité ”, la source de vie. En situation de
                                                                       “ manque ”, il part pour une aventure risquée au cours de
Ces signes ont confirmé à toute l’équipe l’intérêt et la               laquelle il va mobiliser toutes ses ressources pour com-
valeur de cette initiative, qui s’est peu à peu enracinée. Le          battre le géant, le monstre à sept têtes… Et, comme le dit
projet s’est structuré en A.S.B.L. le 5 mai 1995. Ce projet            Bruno de la Salle, “ marcher, c’est espérer ”.
s’adresse prioritairement à l’enfant hospitalisé, du bébé de           Devenant progressivement attentif aux signes autour de lui
quelques mois au grand adolescent.                                     et à travers l’acceptation de sa propre vulnérabilité, il

                                                                  20
Raconter à l’hôpital

s’ouvre à des forces bienfaisantes (alliés, guides,...) qui lui
indiquent comment trouver ce qu’il cherche.
Il accède enfin à une vie nouvelle, au bonheur tant cher-
ché. Le manque de départ est comblé.

Qu’apporte le conte à l’hôpital ?

– L’occasion inespérée de “ partir en voyage ”, de “ larguer
  les amarres ”, tout en restant dans une chambre close.
  Fameux paradoxe…
  Car ce qui rend entre autre l’aventure du conte fabu-
  leuse, c’est l’élargissement soudain de l’espace et du
  temps : “ il était une fois… à l’extrémité des sept mon-
  tagnes…dans un pays plus petit qu’un mouchoir de
  poche… ”
  Le conte plonge dans l’univers de l’imaginaire poétique :
  un autre monde, un autre temps, un autre mouvement                   Pour les tout petits nous faisons appel aux comptines, chan-
  où tout est possible !                                               sonnettes, jeux de mains, etc.
– La rencontre, par le biais du conte, de l’itinéraire de vie          Parfois des petits “ objets magiques ” (caillou, bille, petite
  du héros qui affronte la solitude, la séparation, la diffé-          marionnette) à partir desquels on raconte.
  rence.                                                               Le livre peut servir de support, éventuellement.
  Or, il s’agit de situations que tout enfant est amené à
  connaître et l’enfant malade particulièrement. Avec le               Qu’observons-nous et que nous dit notre expérience ?
  message puissant : “ la vie continue, une lampe est allu-
  mée ! ”                                                              Manifestement, le conte agit sur ceux qui l’écoutent. Il les
  En s’identifiant au héros, l’enfant a la possibilité de              place dans un autre état de conscience, dans la mesure où
  découvrir ou de ranimer en lui des forces intérieures                ils acceptent de perdre leurs repères habituels !
  insoupçonnées.                                                       Dans ce cas, le langage non verbal de l’enfant ou de l’ado-
                                                                       lescent est manifeste : il se cale dans ses oreillers, cherche
Matériau employé                                                       une position confortable.
                                                                       Quand l’histoire est achevée, il s’étire, baille, se frotte les
Le conte “ dans tous ses états ”, le conte merveilleux de              yeux comme s’il se réveillait, ou revenait de loin…
préférence, mais aussi les légendes, mythes, contes de                 Il règne dans la chambre un silence d’une qualité particu-
sagesse, contes pour rire, proverbes, etc.                             lière.

                                                                  21
Raconter à l’hôpital

Parfois, l’enfant en dit quelque chose comme :                        ces adolescents qui nous ont offert leur confiance et avec
– “ c’était une belle histoire ”                                      qui nous avons vécu un temps “ magique ” d’intimité et de
– “ j’appellerai ce jour, jour de chance ”                            plaisir partagés.
– “ moi aussi, quand je serai grand, je serai un gardien
   d’histoires ”…                                                     Annexes

Mais nous sommes aussi confrontées à des refus. Et                    – un soutien psychologique nous est indispensable afin de
essayons de respecter notre proposition et que ce “ non ”                clarifier et gérer nos émotions et pouvoir prendre dis-
soit vraiment entendu. Particulièrement en milieu hospita-               tance par rapport à la maladie, la souffrance et la mort.
lier, où les contraintes de soins sont importantes et l’enfant           Des supervisions sont programmées régulièrement avec
totalement dépendant des décisions médicales.                            une psychologue travaillant en milieu hospitalier.
De même, ce que l’enfant va faire avec l’histoire, c’est-à-           – L’équipe de conteuses se réunit régulièrement afin de
dire ce qu’il va en garder, en rejeter, en effacer, comment il           partager ses expériences et sa pratique sur le terrain et
va la réinventer, la recréer, c’est son œuvre de liberté, per-           structurer ses projets individuels et collectifs.
sonnelle, originale.                                                  – Afin que le conte reste vivant en nous, nous le nourris-
Tout objectif pédagogique est exclu dans notre type de tra-              sons par différentes formations (travail sur la voix, sur le
vail.                                                                    corps, sur la symbolique du conte, etc.).
Quant à la famille, elle paraît singulièrement intéressée et          Car “ rien n’est acquis, tout est toujours à inventer ”
preneuse de ce que nous offrons à leur enfant.                        C’est dans cette conviction que nous trouvons patiemment,
– “ je me suis sentie reposée, comme si j’avais pris un               à la fois notre force et notre légèreté de conteuses.
    bain… ”
– “ je me suis retrouvée enfant et ça m’a fait du bien ”              Souhaits
– “ ça me donne envie de raconter… peut-être, je pourrais
    essayer… ”                                                        Partager notre expérience à d’autres groupes de personnes,
                                                                      formées au conte et désireuses d’investir de nouveaux lieux
Nous sommes attentives, en effet, à ce que les parents puis-          où séjournent enfants et adolescents malades. Soit un tra-
sent à leur tour, prendre le relais de la parole contée et            vail de compagnonnage, de partenariat où chaque groupe
découvrir leurs propres compétences.                                  reste cependant autonome, développant ses propres spéci-
                                                                      ficités.
Et quand c’est fini ?
                                                                      Et voilà, c’est fini… Trente ans de mensonge, sept lieues de
Lorsque nous quittons la chambre, nous gardons dans le                vérité
cœur ce moment privilégié de relation avec ces enfants,                                                             Luda Schnitzer
                                                                                          «Ce que disent les contes» Ed. du Sorbier

                                                                 22
Musique en Pyjama

Pratique :

Une note pour chacun asbl
6 Ancien Dieweg - 1180 Bruxelles
Tél. / Fax : 02/374 76 83

                                                                                                                                       Photo © : Frédéric Pauwels
Gsm 0476/21 61 43 (répondeur)
ou 0475/75 76 07
E-Mail : unenotepourchacunasbl@skynet.be

Une note pour chacun a décidé d’agir à l’hôpital avec la
musique.
Parce qu’elle est belle, qu’elle apporte le calme et la séré-
nité, parce qu’elle introduit une dimension créative et ima-           Public concerné :
ginaire au cœur de l’hôpital et qu’elle donne quelques ins-
tants d’oubli dans une émotion constructive.                           De la néonatologie à la psychiatrie, en passant par l’onco-
Il est à noter le caractère à la fois ludique, culturel, éduca-        logie, la salle de pré-anesthésie ou les soins intensifs, nos
tif et, dans une certaine mesure, d’aide thérapeutique de              activités s’adressent aux enfants et jeunes de 0 à 24 ans et
notre association.                                                     rencontrent des problématiques très différentes.

Bref historique et objectif :                                          Etablissements où se déroulent actuellement les activités :

Le projet de l’association est parti de la constatation sui-           – Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (école,
vante : dans toutes les cultures, chant et musique font par-             salle 66, service d’oncologie, soins semi-intensifs, pré-
tie intégrante de la vie des enfants.                                    anesthésie)
Pourquoi devraient-ils en être privé parce qu’ils sont hospi-          – Cliniques Universitaires St-Luc (Unités 81, 82, 92 et 96)
talisés ?                                                              – Hôpital Universitaire St-Pierre de Bruxelles (Unité 90)
                                                                       – Hôpital Erasme (Unité psychiatrique pour adolescents et
En avril 92, “ Une note pour chacun ” s’ est constituée en               service pédiatrique)
asbl avec pour objectif de mettre la musique à la portée               – Le Nid “Marcelle Briard”
des enfants handicapés et des enfants hospitalisés.                    – Ecole Escale (Ottignies)
Depuis février 94, José Van Dam en a accepté la prési-
dence d’honneur.

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