Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
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Agroforesterie, RAPPORT ANNUEL r¥ formes politiques et institutionnelles 2011 West and Central Africa Rapport_Annuel.indd 1 14/05/12 12:02
World Agroforestry Centre World Agroforestry Centre (ICRAF-ACO) 2011. (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest), Rapport annuel 2011 : Agroforesterie, réformes politiques et Yaoundé, Cameroun 2012 institutionnelles. Yaoundé, Cameroun. Coordination, compilation, révision et relecture : Les articles contenus dans le présent rapport peuvent être Julius Atia Iseli, Dr Zac Tchoundjeu, cités ou reproduits gratuitement, à condition d’en indiquer Dr Ann Degrande, Dr Amos Gyau la source. Toute reproduction de cette publication à des fins commerciales est interdite. Les désignations géographiques Photo couverture : Justin Acha of Nyaneg nursery, et la présentation matérielle contenues dans ce rapport ne Kugwe-Batibo, NW Cameroon, holding a grafted traduisent nullement l’expression de quelque opinion que ce kola nut tree planted around his home soit de la part du World Agroforestry Centre sur le statut légal d’un pays, d’un territoire, d’une cité, d’une région ou de leurs Traduction : Valentine Fuaty autorités, encore moins sur la délimitation de leurs frontières. Toutes les images restent la propriété unique de leur source Conception et mise en page : Isaac Ekollo et ne peuvent être utilisées à aucune fin sans le consente- ment écrit de la source. Imprimerie : Colorix ISBN 978-92-9059-318-8 ISSN 2227-944X Rapport_Annuel.indd 2 14/05/12 12:02
Table des matières • A propos de l’ICRAF Afrique centrale et de l’Ouest 5 • Avant-propos 6-7 • Politiques et mécanismes législatifs: progrès réalisés dans le cadre des réformes politiques 8-10 • Dissémination des innovations agroforestières: le potentiel des centres de ressources en milieu rural du Cameroun, de la République démocratique du Congo et du Nigeria 11-15 • Analyse participative de la vulnérabilité et de l’adaptation aux changements climatiques (PAVACC) 16-20 • Les conventions locales pour une gestion durable des res- sources naturelles au Sahel 21-24 • Les initiatives d’action collective dans la production et la commercialisation de la Kola au Cameroun: la perception Ricinodendron heudelotii des producteurs 25-28 • Publications 29-32 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 3 Rapport_Annuel.indd 3 14/05/12 12:02
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles , Cola acuminata 4 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 4 14/05/12 12:02
A propos de l’ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest L a région Afrique centrale et de l’Ouest et la diffusion de germoplasmes de qualité du World Agroforestry Centre couvre et à haute valeur marchande (i.e. semences, une zone géographique de 1200 millions semis, boutures, etc.). d’hectares, avec 21 pays et une population de Les chercheurs de la région ont sélectionné, plus de 330 millions de personnes. Le bureau développé et adapté des méthodes de régional est basé à Yaoundé, Cameroun. La propagation végétative telles que le région compte deux principales zones agro- marcottage, le bouturage et le greffage. Ces écologiques ; la zone sahélienne sèche, un techniques permettent une fructification paysage semi-aride qui va du Tchad au Sénégal, précoce, la réplication des traits ou et les tropiques humides, qui s’étendent tout caractéristiques souhaités, la reproduction le long de la côte et dans la partie centrale de facile des espèces dont les semences sont l’Afrique. difficiles à recueillir, et la conservation de La région est le porte-flambeau du précieuses espèces. World Agroforestry Centre en matière de Les arbres fruitiers locaux tels que Adansonia domestication participative des arbres et de digitata, Cola spp, Dacryodes edulis, Garcina conservation de la biodiversité des arbres, dont kola, Irvingia gabonensis, Ricinodendron le but est d’améliorer les conditions de vie des heudelotti, Tamarindus indica, Vitellaria petits planteurs à travers une augmentation paradoxa, Ziziphus indica ont été vulgarisés au des bénéfices financiers et non financiers issus moyen d’approches participatives. des arbres et des plantes locales. Les autres espèces comprennent des Promouvoir la culture des plantes à oléagineux comme Allanblackia spp, des haute valeur légumineuses telles que Adansonia digitata, En matière de domestication participative Gnetum africanum, Moringa oliefera, des des arbres, les chercheurs travaillent avec les épices telles que Afrostyrax lepidophyllus, communautés pour sélectionner les espèces Baillonella toxisperma, Monodora myristica, dans leurs habitats naturels et les adapter à et des plantes médicinales, notamment la culture en champs. La procédure comprend Annickia chlorantha, Khaya senegalensis, l’identification, la reproduction, l’adoption Pausinystalia johimbe et Prunus africana. REGIONAL OFFICE & Humid Tropics Node Nigeria Office, Kinshasa- DRC P.O Box 16317 Yaounde, Cameroon P O Box 1698 Oko, Benin City, Avenue des cliniques 13, Gombe, Telephone: +237 22 21 50 84 Edo State, Nigeria. Tél : +243 817762807 / 897943806 Fax: +237 22 21 50 89 Tel: (+234) 52-894750 Email : a.biloso@cgiar.org Email: icraf-aht@cgiar.org Email: icraf-nigeria@cgiar.org Côte d’Ivoire Sahel Node 01BP2024 San Pedro BP E5118, Bamako, Mali Tel. +225 34 71 18 95 Tel: (+223) 2023 5000 / 2022 3375 Email: icraf.cdi@cgiar.org Fax: (+223) 2022 8683 Email: icraf-wca@cgiar.org World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 5 Rapport_Annuel.indd 5 14/05/12 12:02
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles Avant-propos Réformes politiques et institutionnelles du secteur de l’agroforesterie et la foresterie : Un élément essentiel du développement durable en Afrique centrale et de l’Ouest Par Dr Zac Tchoundjeu, Coordonnateur Régional, ICRAF Afrique Centrale et de l’Ouest L’exploitation des ressources naturelles a toujours Nous avons des éléments suffisants et de constitué une importante source de revenus nombreuses réussites pour prouver que pour plusieurs ménages et communautés dans l’agroforesterie offre d’énormes opportunités les régions du Sahel et des tropiques humides pour sortir de la pauvreté. Les études ont révélé d’Afrique centrale et de l’Ouest qui abritent plus que l’agroforesterie présente de nombreux de 230 millions de personnes. avantages. Elle peut aider à renforcer la sécurité alimentaire, améliorer les conditions de vie Cependant, certaines parties de la région des populations rurales, assurer une meilleure sont confrontées à une forte dégradation de utilisation des eaux de pluie rares et absorber le leurs écosystèmes naturels, due à la pression carbone atmosphérique, entre autres choses. Pour démographique, à l’urbanisation, à l’exploitation être plus précis, le World Agroforestry Centre, en minière et à l’exploitation , non durable des collaboration avec ses partenaires, a développé produits forestiers ligneux et non ligneux. Par des technologies d’agroforesterie pouvant aider ailleurs, les sources de revenus des planteurs se à lutter contre la déforestation et l’épuisement limitent à quelques cultures de rente dont les des sols, tout en favorisant l’augmentation, la prix sont déterminés au niveau international. Les stabilisation et la diversification des sources de études révèlent qu’au cours des 25 prochaines revenus des planteurs, ainsi que l’amélioration années, la dégradation des sols pourrait réduire la des soins de santé en zones rurales, le tout grâce à production alimentaire mondiale de 12%, et peut- la domestication des arbres et/ou plantes à haute être plus dans les zones sèches. La situation est valeur (fruitière, culinaire, ligneuse, médicinale, très précaire dans la partie sahélienne de l’Afrique fourragère…) de l’Ouest, même si une lueur d’espoir transparaît dans les régions de Zinder et de Maradi au Niger. 6 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 6 14/05/12 12:02
Néanmoins, la promotion et l’adoption de ces entre les produits forestiers non ligneux issus innovations agroforestières requièrent la mise des arbres naturels et les produits agroforestiers en place de politiques et d’institutions adéquates provenant de la culture d’arbres fruitiers locaux à susceptibles de contribuer à l’amélioration des haute valeur. Il est donc nécessaire d’inclure cet mesures incitatives, à la participation accrue des aspect dans la nouvelle législation. producteurs et à l’épanouissement du secteur des arbres cultivés. Compte tenu de ce que les forêts La réforme des politiques facilitera également et les arbres sont au cœur du développement une meilleure coordination entre différents durable, le World Agroforestry Centre (ICRAF- ministères, notamment ceux de l’Agriculture, WCA) a développé des partenariats avec des de l’Environnement, des Forêts, de l’Eau et organisations travaillant dans la région pour aider des Domaines. Elle permettra également de les gouvernements à développer de meilleures promouvoir les droits à la propriété foncière, politiques en la matière. sur les terres, les forêts et les arbres, améliorant ainsi l’accès au matériel de plantation et aux La révision des politiques et des règlementations informations en agroforesterie, en créant des forestières obsolètes permettra aux agriculteurs marchés compétitifs intégrés, dépouillés de de la région de tirer pleinement profit de la culture l’exploitation, des abus des monopoles, des des arbres dans les champs, tout en leur offrant impôts démesurés et des barrières d’accès. une importante source de revenus. Par ailleurs, les politiques seules ne peuvent De nombreux pays de la région ont déjà manifesté produire les mutations dont nous avons besoin la volonté politique d’introduire des changements. pour infléchir la courbe de la dégradation et Par exemple, au Mali et au Burkina Faso, le Centre de la pauvreté. Elles doivent aller de pair avec travaille à l’élaboration et à la mise en œuvre de les réformes institutionnelles. Par conséquent, conventions locales pour une meilleure gestion le Centre expérimente aussi des approches des ressources naturelles. Les conventions locales innovantes de vulgarisation en réponse à la rareté sont les plus importants outils susceptibles de méthodes appropriées de dissémination des d’aider les communautés locales dans la gestion technologies agroforestières dans la plupart décentralisée des ressources naturelles. Au des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Au Cameroun, l’ICRAF participe activement à la cours des 5 dernières années, le Centre a doté révision en cours de la loi forestière de 1994. les organisations communautaires de base d’informations, d’outils et d’aptitudes afin qu’elles La loi forestière actuelle dispose que tout arbre deviennent des acteurs majeurs dans la promotion qui n’est pas planté par un être humain appartient des technologies agroforestières. Des évaluations à l’Etat. Ceci n’encourage véritablement pas les préliminaires de leurs performances en termes populations locales à planter des arbres. En incluant d’accélération de l’adoption des technologies l’expression « produits agroforestiers » dans la agroforestières montrent qu’elles les utilisent nouvelle loi, la propriété sera pleinement garantie avec succès, même si les questions de rentabilité pour les planteurs engagés dans la culture des et de durabilité doivent être davantage analysées. arbres. Bien plus, une différence claire sera établie World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 7 Rapport_Annuel.indd 7 14/05/12 12:02
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles Politiques et mécanismes législatifs: progrès réalisés dans le cadre des réformes politiques Par Divine Foundjem-Tita, Ann Degrande et Zac Tchoundjeu Introduction Etat actuel des politiques de l’agroforesterie au Cameroun Il est désormais largement reconnu que l’agroforesterie peut procurer de nombreux Les résultats montrent qu’il n’existe pas de avantages, en termes de conditions de vie améliorées document spécifique sur les politiques ou stratégies et d’environnement durable ; ce dernier élément de l’agroforesterie au Cameroun. Toutefois, l’on porte surtout sur l’atténuation et l’adaptation aux retrouve des éléments relatifs aux technologies changements climatiques. Cependant, en dépit de agroforestières dans les principaux documents de cette reconnaissance croissante, l’agroforesterie politique publique sur le développement agricole, semble manquer de politiques adéquates pour la foresterie et la lutte contre la pauvreté. L’analyse guider ses adeptes. La recherche sur les politiques de des documents de politique (Tableau 1) révèle l’agroforesterie qu’a menée le programme régional l’engagement du Gouvernement camerounais du Centre pour l’Afrique de l’Ouest et centrale (GC) à inclure les éléments des produits forestiers est axée sur la compréhension des politiques et non ligneux dans ses politiques de gestion des législations existantes et la manière dont elles ressources naturelles et de réduction de la pauvreté, stimulent ou entravent le développement de et partant, à assurer indirectement la promotion de l’agroforesterie. Cette étude porte spécifiquement l’agroforesterie. Cet intérêt est manifesté dans le et essentiellement sur les points suivants : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de 2003, le Document de Stratégie pour i) Identification et révision des textes nationaux la Croissance et l’Emploi de 2008, qui remplace existants relatifs au développement rural, à les DSRPs précédents, le Document de Stratégie la foresterie, à l’environnement et au climat, pour le Développement Rural, et la politique pour une évaluation de leur impact sur le forestière nationale. Dans tous ces documents, le développement de l’agroforesterie ; Gouvernement du Cameroun identifie la gestion ii) Révision des législations et règlementations durable des ressources naturelles comme l’un des relatives à l’accès aux arbres et à la quatre piliers de la diversification et de l’augmentation , des sources de revenus dans les zones rurales. Le commercialisation des produits des arbres, et au régime foncier, pour identifier les contraintes et Document de stratégie pour le développement les contradictions des lois existantes ; et rural qui émane du ministère de l’Agriculture et du développement rural, et la politique forestière iii) Identification des principaux acteurs susceptibles nationale préparée par le ministère des Forêts d’apporter une contribution ou de faire du font spécifiquement référence à l’importance de plaidoyer pour l’adoption d’une politique/ la promotion de systèmes de production basés sur stratégie d’agroforesterie au Cameroun, et l’agroforesterie par l’intégration de la culture des discussions avec ces acteurs. arbres dans les champs. 8 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 8 14/05/12 12:02
Tableau 1 : Matrice des politiques/programmes nationaux relatifs à la pauvreté et au développement rural : Extend agroforestry and integration of trees on farm Mentions elements of is addressed: National policies/programs NTFPs/AFTPs 2= adequately addressed (1= Yes/ 0= No) 1= moderately addressed 0=not at all Poverty reduction strategic paper (PRSP) 1 1 Growth and employment strategic paper 1 1 Rural development strategy 1 2 Forest and environment sector programme 1 0 National forestry policy 1 2 National agricultural policy 0 0 National NTFPs policy 1 National forestry agency - 2 = Adéquate signifie que le document de ou la déclaration de mission mentionne juste politique ou la déclaration de mission mentionne l’agroforesterie et la culture des arbres sans plus et développe les plans d’action et les stratégies de détails sur la stratégie de mise en œuvre de mise en œuvre relatives à l’agroforesterie, à la - 0 = Pas du tout signifie simplement que le domestication et à l’intégration de la culture des document de politique ne traite ou n’inclut aucun arbres élément relatif à l’intégration de la culture des - 1 = Modérée signifie que le document de politique arbres Ces résultats montrent que l’agroforesterie et Contraintes institutionnelles du développement de les activités connexes occupent une position l’agroforesterie au Cameroun transversale au niveau des différents départements ministériels du Cameroun sans qu’aucun ministère Un autre aspect de notre recherche sur les soit responsable de la coordination des activités pour politiques porte sur l’identification des contraintes s’assurer que les préoccupations environnementales institutionnelles qui entravent le développement et d’amélioration des conditions de vie sont dûment de l’agroforesterie au Cameroun, avec un accent prises en compte. La résultante d’une stratégie non particulier sur les contraintes législatives et coordonnée est la confusion totale ; par exemple règlementaires. En l’absence de textes de lois séparés quelles activités/programmes relèvent du domaine sur le secteur des arbres cultivés et des PFNLs au de l’agroforesterie, lesquelles cadrent simplement Cameroun, certains éléments de la loi forestière avec le reboisement et la reconstitution des forêts, de 1994 et d’autres textes prennent en compte les quelles espèces doivent être plantées, à quelles PFNLs et affectent indirectement les arbres dans distances et dans quelles associations ? L’abondance d’autres systèmes de cultures. Certains aspects de la de programmes de reboisement et de reconstitution loi relatifs à la propriété des arbres font référence des forêts pour résoudre les problèmes aux lois sur la propriété des terres et de l’Etat et ont environnementaux au niveau des ministères des également été analysés dans cette étude. Dans le Forêts et de l’Environnement peut occulter le rôle cadre de l’analyse des législations, l’accent a été mis important que le ministère de l’Agriculture peut sur les éléments suivants : définition des forêts et jouer dans la promotion de l’interaction entre les des produits forestiers ; produits agricoles ; propriété cultures, les animaux et les arbres dans les mêmes et accès aux ressources forestières (surtout aux champs pour améliorer les conditions de vie. PFNLs) pour exploitation à des fins personnelles et commerciales et la manière dont ceci peut affecter World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 9 Rapport_Annuel.indd 9 14/05/12 12:02
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles les arbres hors des forêts et la décision de planter Cela signifie que les arbres qui poussent sur un des arbres. domaine privé ne peuvent être considérés comme propriété de l’individu que si la personne qui réclame Les résultats montrent que la législation en vigueur les droits sur ces arbres dispose d’un titre. En clair, sur les arbres au Cameroun (loi forestière de 1994 si les lois devaient être rigoureusement respectées, et ordonnance de 1974 sur le régime foncier) réduit la plupart des planteurs perdraient tous droits sur les droits économiques des petits agriculteurs à les arbres présents sur les terres sur lesquelles ils l’exploitation des PFNLs et limite de facto leurs droits revendiquent la propriété conformément au droit aux arbres qu’ils plantent dans leurs champs. En coutumier. effet, la législation définit les forêts et les produits forestiers et dispose que ces derniers sont différents Progrès dans l’élaboration d’une stratégie de des produits agricoles sans pour autant fournir une développement de l’agroforesterie définition des produits agricoles. Cette définition floue ouvre la voie à la confusion quant à savoir si les Les résultats ci-dessus présentés sur l’état des produits issus des arbres cultivés que l’on retrouve politiques de l’agroforesterie au Cameroun et aussi dans les forêts, tels que la kola (Cola spp.), la l’impact de la législation sur le développement mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le njansang de l’agroforesterie traduisent la nécessité d’une (Ricinodendron heudelotii), etc., doivent être coordination des actions des différents ministères considérés comme des produits agricoles ou des (Forêts, Environnement, Agriculture, Commerce et produits forestiers. Domaines) avec pour objectif de : La loi confère aux populations locales le droit (i) Fournir des justificatifs et des informations d’usufruit, qui constitue le droit à l’exploitation des pertinentes susceptibles d’éclairer les politiques PFNLs pour usage personnel et non commercial. afin de garantir une meilleure exploitation D’autre part, certains PFNLs sont considérés ‘produits du potentiel de l’agroforesterie à améliorer spéciaux’ dans la loi (Article 9 (2)) ; par conséquent, les conditions de vie et fournir des services les parties intéressées doivent obtenir des permis écologiques ; d’exploitation pour pouvoir commercialiser lesdits (ii) Fournir des définitions, des procédures et produits. Même si certains responsables de des directives adéquates qui doivent être l’administration disent que cette loi a été abrogée intégrées dans les législations subséquentes sur pour certains produits comme la Kola, il n’existe l’agriculture / les forêts / l’agroforesterie afin pas de documents législatifs clairs qui confèrent d’établir le distinguo entre les produits venant de les droits de commercialisation aux planteurs. Par l’agriculture, de l’agroforesterie, ou des forêts. conséquent, les droits des planteurs à la propriété ne sont pas bien définis, car les produits issus de Pour fournir ces informations, le World Agroforestry leurs champs sont soumis aux règlementations Centre envisage d’organiser en 2012 au Cameroun forestières. Ce qui signifie que les règlementations une réunion des parties prenantes, qui regroupera subséquentes devront être adaptées pour intégrer les experts des différents départements ministériels les nouvelles pratiques agricoles et de conservation concernés, ainsi que d’autres ONG nationales et qui veulent que les arbres sauvages soient désormais internationales et des représentants des planteurs cultivés dans les champs. pour une réflexion sur une stratégie/politique de l’agroforesterie pour le Cameroun et le plaidoyer Conformément à la loi de 1994 sur les forêts, tout pour la désignation d’un service, du ministère de arbre planté sur un domaine sans titre foncier l’agriculture de préférence, pour piloter les activités appartient à l’Etat. En outre, , tous les arbres qui de l’agroforesterie. poussent naturellement appartiennent à l’Etat, même s’ils poussent dans des champs cultivés. 10 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 10 14/05/12 12:02
Dissémination des innovations agroforestières : Le potentiel des centres de ressources ruraux au Cameroun, en République démocratique du Congo et au Nigeria Par Ann Degrande, John Mafolo & Chioma Okwu Introduction la réduction de la pauvreté, la préservation ou la conservation des ressources écologiques. Les 75% des pauvres des pays en développement vivent méthodes de dissémination peu efficaces contribuent dans les zones rurales. Par conséquent, le renforcement à la faible adoption des innovations agricoles du secteur agricole contribuerait mieux, et même en général, et des innovations agroforestières deux fois plus que tout investissement dans tout en particulier, car ces dernières sont reconnues autre secteur, à l’amélioration de l’accès aux aliments pour leur complexité et leurs savoirs intensifs, la riches et à la réduction de la pauvreté (FAO, 2011). multiplicité de leurs composantes (cultures, élevage Le rôle de la vulgarisation dans cette bataille est clair et arbres), l’exigence de l’apprentissage de nouvelles ; il y a un grand besoin d’informations, d’idées et aptitudes comme l’établissement de pépinières, et d’organisation pour développer une agriculture qui le temps relativement long qu’elles prennent pour réponde à la complexité de la demande, favorise être rentables (Franzel et al, 2001). World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 11 Rapport_Annuel.indd 11 14/05/12 12:02
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles Le concept des Centres de ressources ruraux ressources en milieu rural dans leur approche de vulgarisation. Les centres de ressources ruraux sont Après une décennie de recherches menées par le des lieux où les techniques de l’agroforesterie sont World Agroforestry Centre en Afrique centrale et de mises en pratique, où les producteurs peuvent se l’Ouest, de nombreuses innovations agroforestières rendre pour des informations, des expérimentations prêtes pour la vulgarisation sont disponibles : les et la formation. En général, un centre de ressources techniques de propagation végétative (marcottage, rural comprend une pépinière, des parcelles de bouturage et greffage), l’intégration des arbres par démonstration, une petite bibliothèque, une le développement d’agroforêts multi strates, les salle de formation et éventuellement des facilités techniques de gestion de la fertilité des sols, et les d’hébergement. En fonction du type d’innovations stratégies améliorées de commercialisation pour pertinentes pour la zone, le centre de ressources la vente des produits agroforestiers, surtout par rural peut également disposer d’une unité de l’organisation des ventes en groupes. Pour relever transformation des produits de l’agroforesterie et/ les défis des méthodes de vulgarisation peu efficaces ou des parcelles de multiplication des semences. de l’agroforesterie, le World Agroforestry Centre Les CRR sont gérés par des organisations (ICRAF) fait depuis cinq ans des expériences avec communautaires de base, qui sont des organisations des organisations relais et des centres de ressources non gouvernementales (ONG) ou des groupes de ruraux, sur la dissémination des innovations producteurs. Les centres de ressources ruraux de l’agroforesterie, et plus particulièrement la sont censés faciliter la diffusion des technologies domestication des arbres (Asaah et al, 2011; Simons aux agriculteurs, car ils encouragent l’interaction and Leakey, 2004; Tchoundjeu et al, 2006). permanente entre les producteurs, les organisations relais et les chercheurs, pour rendre les technologies Les organisations relais (OR) sont des acteurs plus pertinentes et acceptables ; ils doivent aussi médians qui servent de relais entre les organismes faciliter l’accès des producteurs à l’information, aux de recherche comme l’ICRAF et les communautés techniques et au matériel végétal. d’agriculteurs. Elles assistent les chercheurs dans le développement de technologies participatives, et En 2010, l’ICRAF a collaboré avec 36 organisations ce dans le cadre d’une interaction marquée par le relais ; 30 d’entre elles utilisent l’approche centre renforcement des capacités et l’appui institutionnel de ressources rural pour la dissémination de d’une part, et le feedback sur le développement l’agroforesterie auprès de 317 organisations de la technologie d’autre part. Les OR assurent la paysannes, qui regroupent 7968 producteurs dissémination des innovations auprès des planteurs (tableau 1). au moyen de démonstrations, de la formation et de l’assistance technique ; par la suite, les producteurs donnent leur feedback et, ce faisant, ils aident à améliorer les innovations. Pendant le même temps, certaines OR utilisent le concept de centre de , 12 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 12 14/05/12 12:03
Tableau 1: Nombre de partenaires collaborant avec l’ICRAF, Décembre 2010 Cameroun RDC Nigeria Total Organisations relais 23 12 1 36 Centres de ressource 15 10 5 30 Groupes de producteurs 218 72 27 317 Membres des groupes 5707 1600 661 7968 Encadré 1 : Exemple d’une organisation-relais utilisant l’approche centre de ressources L’APADER (Association pour la Promotion des Actions de Développement Endogènes Rurales), créée en 1993 et basée à Bangangté (Ouest Cameroun), gère un CRR où des innovations agroforestières sont développées en collaboration avec les agriculteurs et adaptées aux conditions locales. Le CRR est doté de : 2 motos, une salle de formation, des bureaux, des ordinateurs, une imprimante, un groupe électrogène et un accès internet. Le centre dispose également d’une pépinière, d’unités de multiplication des semences, de parcelles de démonstration et d’une unité de transformation (machine de séchage et moulin). A travers le CRR, l’APADER a formé environ 280 agriculteurs, et fournit un appui technique à 28 groupes de paysans. L’APADER a également développé un réseau de 23 pépinières, dénommé UGICANE (Union des GIC des agroforestiers du Ndé). Dix de ces pépinières sont devenues des entreprises dont chacune génère environ 500 000 FCFA (1000 dollars USD) par an. L’APADER fournit également une assistance organisationnelle à la COFTRAKOL, une coopérative composée de 25 femmes, spécialisée dans la transformation du karité (Vitellaria paradoxa) et d’autres produits oléagineux comme le safou (Dacryodes edulis). Grâce à ses réalisations, l’APADER a réussi à développer des partenariats solides avec un certain nombre de partenaires à la recherche et au développement tels que le ministère de l’Agriculture, l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), Zenü Network, l’Université de Dschang, Peace Corps et le Programme National de Développement Participatif. Performance des organisations relais et démonstration qui illustrent les avantages des innovations de l’agroforesterie; certaines utilisent viabilité des Centres de ressources ruraux l’approche CRR. Toutes les organisations relais de cette étude tiennent une partie de leurs ressources En 2010 et 2011, des études ont été menées financières de l’appui de l’ICRAF, des recettes issues au Cameroun pour évaluer la performance des de la pépinière et de la fourniture de services (ex. la organisations relais dans la dissémination des formation). Les autres sources de revenus sont les innovations agroforestières, identifier les facteurs contributions des membres, ainsi que la vente des affectant leur performance et mesurer la viabilité de produits de l’élevage et de l’agriculture. l’approche CRR. La performance des organisations relais a été Dans l’ensemble, les organisations relais objets évaluée en termes du nombre de groupes encadrés de l’étude diffusent avec succès les innovations et de producteurs formés, des savoirs techniques agroforestières aux groupes d’agriculteurs en et de la maîtrise des techniques agroforestières utilisant une combinaison d’approches, notamment par les producteurs formés, du taux de diffusion la formation théorique et pratique des agriculteurs, et d’adoption des innovations disséminées, et les journées portes ouvertes pour la sensibilisation de la satisfaction des paysans. Pour ce qui est de et la présentation de nouvelles technologies à l’acquisition des connaissances, 44% des producteurs un large public, et la création de parcelles de formés par les OR ont des connaissances de base World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 13 Rapport_Annuel.indd 13 14/05/12 12:03
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles important investissement dans la culture des arbres et/ou arbustes, et est par conséquent plus difficile à adopter. Par rapport à la performance des OR, 11% des planteurs interviewés se sont dit très satisfaits, et 67 % satisfaits. En effet, 78% des répondants ont relevé l’appui technique comme l’un des points forts du travail des OR, puis le suivi régulier des activités en groupe (39%), et enfin le contact avec de nombreux autres partenaires à travers les OR (26%). La plupart des répondants ont également trouvé que la langue utilisée par les OR est adaptée aux populations cibles. Bien plus, il est dit que le personnel des OR fait preuve de patience et de tolérance, et que les techniques disséminées cadrent avec les besoins des planteurs. 10% seulement se sont dits pas du tout satisfaits de la performance des OR. Les principaux points d’insatisfaction sont la difficulté à trouver des clients pour leurs produits (86%), les retards dans l’exécution des activités (70%), le manque d’assistance financière (69%), et le non-respect des rendez-vous (56%). Même si les écarts ne sont pas statistiquement significatifs, les résultats révèlent que les organisations relais qui bénéficient de facteurs sur toutes les technologies, 14% disent les maîtriser internes et externes favorables ont un meilleur score et 6% ont pu former d’autres producteurs. Les pour la plupart des indicateurs de performance. techniques les mieux maîtrisées sont notamment Il ressort également de l’étude que les facteurs le bouturage et l’espacement des arbres ; les externes tels que l’existence d’opportunités pour domaines les moins maîtrisés sont les technologies l’agroforesterie, d’associations paysannes robustes post-récolte, les ventes en groupe et la gestion et de bons réseaux routiers et de communication des conflits, toutes nécessaires dans l’élaboration peut avoir un plus grand effet sur l’efficacité des de stratégies de commercialisation des produits organisations relais que les facteurs internes, à savoir agroforestiers. Ceci est dû au fait que la propagation les ressources humaines, matérielles et financières. des arbres a été enseignée aux OR longtemps avant Cependant, des études approfondies impliquant les aspects relatifs à la commercialisation et, par un plus grand nombre d’organisations relais sont conséquent, elles ont une plus grande expertise sur nécessaires pour une meilleure compréhension les questions de multiplication des arbres. S’agissant des facteurs qui affectent la performance de ces de l’adoption, les producteurs interviewés utilisent organisations dans la dissémination des innovations pour la plupart les techniques d’agroforesterie agricoles. suivantes : le marcottage, le bouturage, le greffage, la gestion de la fertilité des sols et le concassage Conclusion et implications pour les politiques du njansang à la machine (technique post-récolte). Toutefois, le degré d’adoption varie d’une technique L’implication des organisations de base dans la , à une autre. Le marcottage enregistre le taux vulgarisation de l’agroforesterie a résolument d’adoption le plus élevé tandis que le taux le plus permis d’accroître la pertinence des techniques et la bas s’observe au niveau de l’amélioration de la qualité des services rendus aux bénéficiaires. Déjà, fertilité des sols. Ceci peut s’expliquer par le fait les opérations d’expérimentation et d’adaptation que le marcottage est une technique divisible (peut menées par les producteurs sont monnaie courante s’effectuer sur un seul arbre), applicable à plusieurs dans les centres de ressources. L’approche a espèces différentes indépendamment des zones également pu s’étendre à un nombre relativement écologiques, et ne demande pas des équipements élevé de femmes et de jeunes, souvent négligés en tant que tels. Par contre la gestion de la fertilité dans les systèmes ‘traditionnels’ de vulgarisation. des sols requiert en amont la sécurité foncière et un L’un des défis de cette approche reste l’expertise technique du personnel des OR, d’où la nécessité 14 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 14 14/05/12 12:03
de la formation continue, de l’encadrement et du probable que les planteurs de la région qui ne recyclage du personnel de vulgarisation. disposent déjà pas d’assez de ressources seront à même de payer pour l’assistance technique dans Il persiste également un autre problème récurrent un proche avenir ; d’où la nécessité de développer de la vulgarisation agricole, à savoir la difficulté à des stratégies pour intégrer l’approche CRR dans les recouvrer les coûts. L’on espère que la vulgarisation programmes nationaux de développement agricole communautaire sera plus rentable que les autres afin de bénéficier pleinement de leur expertise. approches. Cependant, bien que des études Ainsi, ils pourraient être payés pour leurs services supplémentaires soient nécessaires pour une en tant qu’agents de vulgarisation agricole, ce qui meilleure compréhension de la durabilité et de la leur permettra d’étendre leurs activités et devenir viabilité financière de l’approche CRR, une analyse de dignes partenaires dans la promotion des préliminaire du rapport coût-bénéfice révèle que, innovations agricoles et de contribuer à la croissance dans les conditions actuelles, les CRR dépendent tant nécessaire du secteur agricole des pays en de l’appui extérieur et ne peuvent par conséquent développement aujourd’hui. pas fonctionner de manière autonome. Il est peu Références Asaah E.K., Tchoundjeu Z., Leakey R.R.B., Takoutsing B., Njong J. and Edang I. (2011) ‘Trees, Agroforestry and Multifunctional Agriculture in Cameroon’. International Journal of Agricultural Sustainability 9 (1): 110-119 FAO (2011) ‘Increased agricultural investment is critical to fighting hunger’, Available from: www.fao.org/ investment/whyinvestinagricultureandru/en, accessed 22 September 2011 Franzel S., Coe R., Cooper P., Place F. and Scherr S.J. (2001) ‘Assessing the adoption potential of agroforestry practices in sub-Saharan Africa’. Agricultural Systems 69 (1-2) 37-62 Simons A.J.and Leakey R.R.B. (2004) ‘Tree domestication in tropical agroforestry’ In: Nair P.K.R., Rao M.R.and Buck L.E. (eds.) New Vistas in Agroforestry: A Compendium for the 1st World Congress of Agroforestry. Kluwer Academic Publishers, Boston. Pp. 167-182 Tchoundjeu Z., Asaah E.K., Anegbeh P., Degrande A., Mbile P., Facheux C., Tsobeng A., Atangana A.R., Ngo Mpeck M.L. and Simons A.J. (2006). ‘Putting participatory domestication into practice in West and Central Africa’. Forests, Trees and Livelihoods Vol 16: 53–69 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 15 Rapport_Annuel.indd 15 14/05/12 12:03
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles Perception des initiatives collectives de production et de commercialisation de la kola au Cameroun par les producteurs Par Amos Gyau, Bertin Takoutsing & Steven Franzel Introduction d’évaluer la perception qu’ont les agriculteurs de l’effectivité et de l’utilité de telles initiatives. Ceci Les praticiens du développement sont de plus en permettrait de fournir aux organisations utilisant plus préoccupés par l’amélioration de l’accès des l’action collective des informations susceptibles de petits agriculteurs au marché. Ceci tient du fait les aider à examiner leurs propres activités pour que l’accès au marché est perçu comme l’un des déterminer si elles sont efficaces dans l’amélioration principaux instruments qui peuvent être utilisés des conditions de vie des petits agriculteurs. A cet pour améliorer les revenus et l’emploi (Doward et effet, le présent article analyse la perception qu’ont al, 2003), et partant réduire la pauvreté en milieu les producteurs des initiatives d’action collective rural. Au Cameroun, l’action collective sous la forme dans les hautes terres de l’Ouest du Cameroun, d’organisations paysannes a été utilisée comme une avec pour objectif de fournir des informations stratégie d’amélioration des bénéfices de l’agriculture qui pourraient être exploitées pour intégrer les et de la foresterie chez les petits agriculteurs. Et préoccupations des agriculteurs dans la mise en ceci dans un contexte où plusieurs organisations œuvre des actions collectives. La méthodologie de de développement ont largement présenté les recherche utilisée intègre l’approche qualitative organisations de producteurs comme vecteurs de la et l’approche quantitative, pour identifier les lutte contre la pauvreté et de la sécurité alimentaire principaux critères d’évaluation de l’action collective (FAO, 2010). Après plusieurs années de facilitation et, ensuite, ressortir l’évaluation de ces facteurs par des initiatives d’action collective dans la chaîne de les agriculteurs. distribution de la kola au Cameroun, il est nécessaire , 16 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 16 14/05/12 12:03
Méthodologie fournies par les organisations communautaires de base. L’échantillon total compte 216 agriculteurs. Procédure de collecte de données Les données ont été collectées par six énumérateurs formés qui ont rendu visite aux agriculteurs soit L’étude a été menée dans les régions de l’Ouest et du dans leurs champs, soit à leur domicile, selon les Nord-Ouest du Cameroun. Elle a eu lieu entre Mars et convenances. Après dépouillement des données, Avril 2011, suivant une procédure d’échantillonnage 203 questionnaires sur les 216 de départ ont été en plusieurs étapes. Les zones agro-écologiques des jugés convenables pour l’analyse. deux régions (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun) ont d’abord été identifiées en tenant compte de deux paramètres importants ; le volume Résultats de production et le potentiel du marché de la kola. Ceci a permis la stratification de la zone d’étude en Description de l’échantillon haute et basse production et en segments de marché potentiels. Six zones différentes ont été identifiées Les résultats de l’analyse statistique indiquent que : Ndu, Tatum, Batibo, Mbengwi, Bayangam et moins de 4% des agriculteurs ont moins de 30 ans. Bangangte. Au deuxième niveau d’échantillonnage, Près de 24% des répondants sont âgés de plus des villages et localités ont été choisis pour la collecte de 61 ans. Environ 19% d’entre eux n’ont pas fait des données qui ont été distribuées à travers les d’études et 54% ont le niveau d’études primaires. zones de production déterminées au niveau régional. Les répondants ayant un niveau universitaire Le niveau d’organisation des producteurs et de leur représentent 0,5% seulement (1 personne). 75% mise en œuvre des initiatives d’action collective des répondants sont des hommes, contre 25% de a également été pris en compte dans le choix des femmes. Pour la majorité des répondants (81,3%), villages à l’intérieur de ces zones. Ceci pour s’assurer les revenus issus de la kola constituent moins de la que les zones de haute et de basse production, ainsi moitié de leurs revenus. que les principaux centres de production et de vente de la kola sont couverts par l’étude. Critères d’évaluation par les producteurs de l’action collective et développement de postulats L’étape suivante a été marquée par deux discussions de groupes avec les acteurs de la chaîne de kola Les résultats des discussions avec les groupes pour identifier les principaux facteurs que les ciblés indiquent que les producteurs ont des avis producteurs de kola utilisent pour évaluer les positifs et négatifs sur l’effectivité des interventions activités d’intervention avec un accent particulier d’action collective. Les facteurs positifs relevés sur les initiatives d’action collective. Ensuite, un par les producteurs comprennent l’effectivité des questionnaire a été élaboré sur la base des facteurs interventions en termes de réduction du temps utilisé ci-dessus identifiés et de la littérature sur l’action pour chercher des acheteurs, de réduction des coûts collective. L’échelle de Likert à 5 points a été utilisée de transport, d’opportunités d’apprentissage et pour enregistrer les réponses aux questions (de d’acquisition de nouvelles aptitudes de production, 1=pas du tout d’accord à 5=très d’accord) ; elle a aidé de récolte et de gestion post-récolte, d’amélioration à ressortir les perceptions des agriculteurs. Avant de leur statut social, de leurs réseaux sociaux, de l’enquête de terrain, le questionnaire a été pré-testé l’accès au marché et de la profitabilité. pour vérifier sa pertinence. Le feedback recueilli a Les facteurs négatifs relevés lors des discussions avec permis d’ajuster le questionnaire en conséquence. les groupes ciblés comprennent la perte d’autonomie L’on est enfin passé à la sélection des producteurs et de confiance, les retards et les conflits entre les engagés dans l’action collective dans chacune des six membres des groupes. Chaque dimension a été zones ci-dessus identifiées. Trente-six agriculteurs mesurée avec trois à six déclarations. impliqués dans l’action collective ont été sélectionnés au hasard dans chacune des zones à partir des listes World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 17 Rapport_Annuel.indd 17 14/05/12 12:03
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles Perception de l’action collective par les producteurs Les résultats relatifs aux perceptions des producteurs sont contenus dans le Tableau 1. Tableau 1. Perception de l’action collective par les producteurs Pas du tout Pas Très Neutre D’accord Déclaration d’accord d’accord d’accord Nombre de répondants (pourcentages entre parenthèses) Coûts de la transaction … réduit le temps que j’utilise pour 1(0.5) 6(3.0) 10(4.9) 121(59.6) 65(32) chercher des acheteurs … réduit le temps que j’utilise pour 0 5(2.5) 16(7.9) 117(57.6) 65(32) amener les produits au marché … réduit considérablement les coûts de 0 4(2.6) 30(19.9) 79(52.3) 38(25.2) transport Apprentissage et acquisition de nouvelles aptitudes … améliore mes aptitudes de stockage et 15(7.6) 26(13.1) 31(15.7) 87(43.9) 39(19.7) la qualité des produits … améliore mes aptitudes de récolte de 11(6) 22(12) 30(16.3) 89(48.4) 32(17.4) la kola … améliore mes aptitudes de 14(7.1) 28(14.3) 31(15.8) 94(48.0) 29(14.8) conservation de la kola Marché et finances … augmentation de la quantité de kola 3(1.5) 15(7.4) 39(19.3) 79(39.1) 66(32.7) que je vends … amélioration de mes connaissances du 0 5(2.5) 15(7.4) 132(65.3) 50(24.8) marketing … obtention de meilleurs prix pour mes 2(1) 3(1.5) 22(11) 104(52) 69(34.5) produits … contacts avec de nouveaux acheteurs 7(3.5) 4(2.0) 20(10.1) 107(54) 60(30.3) … Plus grande stabilité des prix de mes 2(1) 2(1) 22(11) 136(68) 38(19) produits , … amélioration des informations 2(1) 6(3) 32(15.9) 122(60.7) 39(19.4) relatives à la qualité de la kola Réseaux et statuts sociaux … L’appartenance au groupe me permet 2(1.0) 4(2.0) 66(32.5) 95(46.8) 36(17.7) d’être respecté dans ma communauté … L’appartenance au groupe améliore mon statut social au sein de la 2(1) 4(2) 69(34) 94(46.3) 34(16.7) communauté 18 World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011 Rapport_Annuel.indd 18 14/05/12 12:03
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