Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Agroforesterie,
                        RAPPORT ANNUEL

                                         r¥ formes
                                         politiques
                                         et institutionnelles
 2011
                                                   West and Central Africa

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
World Agroforestry Centre       World Agroforestry Centre (ICRAF-ACO) 2011.
                             (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest),    Rapport annuel 2011 : Agroforesterie, réformes politiques et
                                         Yaoundé, Cameroun 2012         institutionnelles. Yaoundé, Cameroun.

                  Coordination, compilation, révision et relecture :    Les articles contenus dans le présent rapport peuvent être
                                Julius Atia Iseli, Dr Zac Tchoundjeu,   cités ou reproduits gratuitement, à condition d’en indiquer
                                  Dr Ann Degrande, Dr Amos Gyau         la source. Toute reproduction de cette publication à des fins
                                                                        commerciales est interdite. Les désignations géographiques
                Photo couverture : Justin Acha of Nyaneg nursery,       et la présentation matérielle contenues dans ce rapport ne
                   Kugwe-Batibo, NW Cameroon, holding a grafted         traduisent nullement l’expression de quelque opinion que ce
                           kola nut tree planted around his home        soit de la part du World Agroforestry Centre sur le statut légal
                                                                        d’un pays, d’un territoire, d’une cité, d’une région ou de leurs
                                        Traduction : Valentine Fuaty    autorités, encore moins sur la délimitation de leurs frontières.
                                                                        Toutes les images restent la propriété unique de leur source
                         Conception et mise en page : Isaac Ekollo      et ne peuvent être utilisées à aucune fin sans le consente-
                                                                        ment écrit de la source.
                                                Imprimerie : Colorix
                                                                        ISBN 978-92-9059-318-8
                                                                        ISSN 2227-944X

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Table des matières

                                     • A propos de l’ICRAF Afrique centrale et de l’Ouest                       5
                                     • Avant-propos                                                             6-7
                                     • Politiques et mécanismes législatifs: progrès réalisés dans le
                                       cadre des réformes politiques                                            8-10
                                     • Dissémination des innovations agroforestières: le potentiel
                                      des centres de ressources en milieu rural du Cameroun, de la
                                      République démocratique du Congo et du Nigeria                            11-15
                                     • Analyse participative de la vulnérabilité et de l’adaptation
                                      aux changements climatiques (PAVACC)                                      16-20
                                     • Les conventions locales pour une gestion durable des res-
                                      sources naturelles au Sahel                                               21-24
                                     • Les initiatives d’action collective dans la production et la
                                      commercialisation de la Kola au Cameroun: la perception
  Ricinodendron heudelotii            des producteurs                                                           25-28
                                     • Publications                                                             29-32

                             World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   3

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

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                                                                                                                  Cola acuminata

                    4    World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
A propos de l’ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest

                 L
                       a région Afrique centrale et de l’Ouest                             et la diffusion de germoplasmes de qualité
                       du World Agroforestry Centre couvre                                 et à haute valeur marchande (i.e. semences,
                       une zone géographique de 1200 millions                              semis, boutures, etc.).
                 d’hectares, avec 21 pays et une population de                             Les chercheurs de la région ont sélectionné,
                 plus de 330 millions de personnes. Le bureau                              développé et adapté des méthodes de
                 régional est basé à Yaoundé, Cameroun. La                                 propagation végétative telles que le
                 région compte deux principales zones agro-                                marcottage, le bouturage et le greffage. Ces
                 écologiques ; la zone sahélienne sèche, un                                techniques permettent une fructification
                 paysage semi-aride qui va du Tchad au Sénégal,                            précoce, la réplication des traits ou
                 et les tropiques humides, qui s’étendent tout                             caractéristiques souhaités, la reproduction
                 le long de la côte et dans la partie centrale de                          facile des espèces dont les semences sont
                 l’Afrique.                                                                difficiles à recueillir, et la conservation de
                 La région est le porte-flambeau du                                         précieuses espèces.
                 World Agroforestry Centre en matière de                                   Les arbres fruitiers locaux tels que Adansonia
                 domestication participative des arbres et de                              digitata, Cola spp, Dacryodes edulis, Garcina
                 conservation de la biodiversité des arbres, dont                          kola, Irvingia gabonensis, Ricinodendron
                 le but est d’améliorer les conditions de vie des                          heudelotti, Tamarindus indica, Vitellaria
                 petits planteurs à travers une augmentation                               paradoxa, Ziziphus indica ont été vulgarisés au
                 des bénéfices financiers et non financiers issus                             moyen d’approches participatives.
                 des arbres et des plantes locales.
                                                                                           Les autres espèces comprennent des
                 Promouvoir la culture des plantes à                                       oléagineux comme Allanblackia spp, des
                 haute valeur                                                              légumineuses telles que Adansonia digitata,
                 En matière de domestication participative                                 Gnetum africanum, Moringa oliefera, des
                 des arbres, les chercheurs travaillent avec les                           épices telles que Afrostyrax lepidophyllus,
                 communautés pour sélectionner les espèces                                 Baillonella toxisperma, Monodora myristica,
                 dans leurs habitats naturels et les adapter à                             et des plantes médicinales, notamment
                 la culture en champs. La procédure comprend                               Annickia chlorantha, Khaya senegalensis,
                 l’identification, la reproduction, l’adoption                              Pausinystalia johimbe et Prunus africana.

                        REGIONAL OFFICE & Humid Tropics Node      Nigeria Office,                            Kinshasa- DRC
                        P.O Box 16317 Yaounde, Cameroon           P O Box 1698 Oko, Benin City,            Avenue des cliniques 13, Gombe,
                        Telephone: +237 22 21 50 84               Edo State, Nigeria.                      Tél : +243 817762807 / 897943806
                        Fax: +237 22 21 50 89                     Tel: (+234) 52-894750                    Email : a.biloso@cgiar.org
                        Email: icraf-aht@cgiar.org                Email: icraf-nigeria@cgiar.org

                        Côte d’Ivoire                             Sahel Node
                        01BP2024 San Pedro                        BP E5118, Bamako, Mali
                        Tel. +225 34 71 18 95                     Tel: (+223) 2023 5000 / 2022 3375
                        Email: icraf.cdi@cgiar.org                Fax: (+223) 2022 8683
                                                                  Email: icraf-wca@cgiar.org

                                                     World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   5

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                 Avant-propos
                 Réformes politiques et institutionnelles du secteur de l’agroforesterie et la foresterie :

                 Un élément essentiel du développement durable
                 en Afrique centrale et de l’Ouest

                                                                                  Par Dr Zac Tchoundjeu, Coordonnateur Régional,
                                                                                  ICRAF Afrique Centrale et de l’Ouest

                 L’exploitation des ressources naturelles a toujours              Nous avons des éléments suffisants et de
                 constitué une importante source de revenus                       nombreuses réussites pour prouver que
                 pour plusieurs ménages et communautés dans                       l’agroforesterie offre d’énormes opportunités
                 les régions du Sahel et des tropiques humides                    pour sortir de la pauvreté. Les études ont révélé
                 d’Afrique centrale et de l’Ouest qui abritent plus               que l’agroforesterie présente de nombreux
                 de 230 millions de personnes.                                    avantages. Elle peut aider à renforcer la sécurité
                                                                                  alimentaire, améliorer les conditions de vie
                 Cependant, certaines parties de la région                        des populations rurales, assurer une meilleure
                 sont confrontées à une forte dégradation de                      utilisation des eaux de pluie rares et absorber le
                 leurs écosystèmes naturels, due à la pression                    carbone atmosphérique, entre autres choses. Pour
                 démographique, à l’urbanisation, à l’exploitation                être plus précis, le World Agroforestry Centre, en
                 minière et à l’exploitation , non durable des                    collaboration avec ses partenaires, a développé
                 produits forestiers ligneux et non ligneux. Par                  des technologies d’agroforesterie pouvant aider
                 ailleurs, les sources de revenus des planteurs se                à lutter contre la déforestation et l’épuisement
                 limitent à quelques cultures de rente dont les                   des sols, tout en favorisant l’augmentation, la
                 prix sont déterminés au niveau international. Les                stabilisation et la diversification des sources de
                 études révèlent qu’au cours des 25 prochaines                    revenus des planteurs, ainsi que l’amélioration
                 années, la dégradation des sols pourrait réduire la              des soins de santé en zones rurales, le tout grâce à
                 production alimentaire mondiale de 12%, et peut-                 la domestication des arbres et/ou plantes à haute
                 être plus dans les zones sèches. La situation est                valeur (fruitière, culinaire, ligneuse, médicinale,
                 très précaire dans la partie sahélienne de l’Afrique             fourragère…)
                 de l’Ouest, même si une lueur d’espoir transparaît
                 dans les régions de Zinder et de Maradi au Niger.

                    6    World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Néanmoins, la promotion et l’adoption de ces                  entre les produits forestiers non ligneux issus
                 innovations agroforestières requièrent la mise                des arbres naturels et les produits agroforestiers
                 en place de politiques et d’institutions adéquates            provenant de la culture d’arbres fruitiers locaux à
                 susceptibles de contribuer à l’amélioration des               haute valeur. Il est donc nécessaire d’inclure cet
                 mesures incitatives, à la participation accrue des            aspect dans la nouvelle législation.
                 producteurs et à l’épanouissement du secteur des
                 arbres cultivés. Compte tenu de ce que les forêts             La réforme des politiques facilitera également
                 et les arbres sont au cœur du développement                   une meilleure coordination entre différents
                 durable, le World Agroforestry Centre (ICRAF-                 ministères, notamment ceux de l’Agriculture,
                 WCA) a développé des partenariats avec des                    de l’Environnement, des Forêts, de l’Eau et
                 organisations travaillant dans la région pour aider           des Domaines. Elle permettra également de
                 les gouvernements à développer de meilleures                  promouvoir les droits à la propriété foncière,
                 politiques en la matière.                                     sur les terres, les forêts et les arbres, améliorant
                                                                               ainsi l’accès au matériel de plantation et aux
                 La révision des politiques et des règlementations             informations en agroforesterie, en créant des
                 forestières obsolètes permettra aux agriculteurs              marchés compétitifs intégrés, dépouillés de
                 de la région de tirer pleinement profit de la culture          l’exploitation, des abus des monopoles, des
                 des arbres dans les champs, tout en leur offrant               impôts démesurés et des barrières d’accès.
                 une importante source de revenus.
                                                                               Par ailleurs, les politiques seules ne peuvent
                 De nombreux pays de la région ont déjà manifesté              produire les mutations dont nous avons besoin
                 la volonté politique d’introduire des changements.            pour infléchir la courbe de la dégradation et
                 Par exemple, au Mali et au Burkina Faso, le Centre            de la pauvreté. Elles doivent aller de pair avec
                 travaille à l’élaboration et à la mise en œuvre de            les réformes institutionnelles. Par conséquent,
                 conventions locales pour une meilleure gestion                le Centre expérimente aussi des approches
                 des ressources naturelles. Les conventions locales            innovantes de vulgarisation en réponse à la rareté
                 sont les plus importants outils susceptibles                  de méthodes appropriées de dissémination des
                 d’aider les communautés locales dans la gestion               technologies agroforestières dans la plupart
                 décentralisée des ressources naturelles. Au                   des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Au
                 Cameroun, l’ICRAF participe activement à la                   cours des 5 dernières années, le Centre a doté
                 révision en cours de la loi forestière de 1994.               les organisations communautaires de base
                                                                               d’informations, d’outils et d’aptitudes afin qu’elles
                 La loi forestière actuelle dispose que tout arbre             deviennent des acteurs majeurs dans la promotion
                 qui n’est pas planté par un être humain appartient            des technologies agroforestières. Des évaluations
                 à l’Etat. Ceci n’encourage véritablement pas les              préliminaires de leurs performances en termes
                 populations locales à planter des arbres. En incluant         d’accélération de l’adoption des technologies
                 l’expression « produits agroforestiers » dans la              agroforestières montrent qu’elles les utilisent
                 nouvelle loi, la propriété sera pleinement garantie           avec succès, même si les questions de rentabilité
                 pour les planteurs engagés dans la culture des                et de durabilité doivent être davantage analysées.
                 arbres. Bien plus, une différence claire sera établie

                                            World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   7

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                 Politiques et mécanismes législatifs:
                 progrès réalisés dans le cadre des réformes politiques
                  Par Divine Foundjem-Tita, Ann Degrande et Zac Tchoundjeu

                 Introduction                                                         Etat actuel des politiques de l’agroforesterie au
                                                                                      Cameroun
                 Il est désormais largement reconnu que
                 l’agroforesterie peut procurer de nombreux                           Les résultats montrent qu’il n’existe pas de
                 avantages, en termes de conditions de vie améliorées                 document spécifique sur les politiques ou stratégies
                 et d’environnement durable ; ce dernier élément                      de l’agroforesterie au Cameroun. Toutefois, l’on
                 porte surtout sur l’atténuation et l’adaptation aux                  retrouve des éléments relatifs aux technologies
                 changements climatiques. Cependant, en dépit de                      agroforestières dans les principaux documents de
                 cette reconnaissance croissante, l’agroforesterie                    politique publique sur le développement agricole,
                 semble manquer de politiques adéquates pour                          la foresterie et la lutte contre la pauvreté. L’analyse
                 guider ses adeptes. La recherche sur les politiques de               des documents de politique (Tableau 1) révèle
                 l’agroforesterie qu’a menée le programme régional                    l’engagement du Gouvernement camerounais
                 du Centre pour l’Afrique de l’Ouest et centrale                      (GC) à inclure les éléments des produits forestiers
                 est axée sur la compréhension des politiques et                      non ligneux dans ses politiques de gestion des
                 législations existantes et la manière dont elles                     ressources naturelles et de réduction de la pauvreté,
                 stimulent ou entravent le développement de                           et partant, à assurer indirectement la promotion de
                 l’agroforesterie. Cette étude porte spécifiquement                    l’agroforesterie. Cet intérêt est manifesté dans le
                 et essentiellement sur les points suivants :                         Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
                                                                                      (DSRP) de 2003, le Document de Stratégie pour
                 i)       Identification et révision des textes nationaux              la Croissance et l’Emploi de 2008, qui remplace
                          existants relatifs au développement rural, à                les DSRPs précédents, le Document de Stratégie
                          la foresterie, à l’environnement et au climat,              pour le Développement Rural, et la politique
                          pour une évaluation de leur impact sur le                   forestière nationale. Dans tous ces documents, le
                          développement de l’agroforesterie ;                         Gouvernement du Cameroun identifie la gestion
                 ii) Révision des législations et règlementations                     durable des ressources naturelles comme l’un des
                     relatives à l’accès aux arbres et à la                           quatre piliers de la diversification et de l’augmentation
                                                  ,                                   des sources de revenus dans les zones rurales. Le
                     commercialisation des produits    des arbres, et au
                     régime foncier, pour identifier les contraintes et                Document de stratégie pour le développement
                     les contradictions des lois existantes ; et                      rural qui émane du ministère de l’Agriculture et
                                                                                      du développement rural, et la politique forestière
                 iii) Identification des principaux acteurs susceptibles
                                                                                      nationale préparée par le ministère des Forêts
                      d’apporter une contribution ou de faire du
                                                                                      font spécifiquement référence à l’importance de
                      plaidoyer pour l’adoption d’une politique/
                                                                                      la promotion de systèmes de production basés sur
                      stratégie d’agroforesterie au Cameroun, et
                                                                                      l’agroforesterie par l’intégration de la culture des
                      discussions avec ces acteurs.
                                                                                      arbres dans les champs.

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Tableau 1 : Matrice des politiques/programmes nationaux relatifs à la pauvreté et au développement rural :

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                                                                                                             integration of trees on farm
                                                                          Mentions elements of               is addressed:
                     National policies/programs                           NTFPs/AFTPs                        2= adequately addressed
                                                                          (1= Yes/ 0= No)                    1= moderately addressed
                                                                                                             0=not at all

                     Poverty reduction strategic paper (PRSP)             1                                  1

                     Growth and employment strategic paper                1                                  1
                     Rural development strategy                           1                                  2

                     Forest and environment sector programme              1                                  0

                     National forestry policy                             1                                  2
                     National agricultural policy                         0                                  0
                     National NTFPs policy                                1
                     National forestry agency

                 -       2 = Adéquate signifie que le document de                         ou la déclaration de mission mentionne juste
                         politique ou la déclaration de mission mentionne                l’agroforesterie et la culture des arbres sans plus
                         et développe les plans d’action et les stratégies               de détails sur la stratégie de mise en œuvre
                         de mise en œuvre relatives à l’agroforesterie, à la      -      0 = Pas du tout signifie simplement que le
                         domestication et à l’intégration de la culture des              document de politique ne traite ou n’inclut aucun
                         arbres                                                          élément relatif à l’intégration de la culture des
                 -       1 = Modérée signifie que le document de politique                arbres

                 Ces résultats montrent que l’agroforesterie et                    Contraintes institutionnelles du développement de
                 les activités connexes occupent une position                      l’agroforesterie au Cameroun
                 transversale au niveau des différents départements
                 ministériels du Cameroun sans qu’aucun ministère                  Un autre aspect de notre recherche sur les
                 soit responsable de la coordination des activités pour            politiques porte sur l’identification des contraintes
                 s’assurer que les préoccupations environnementales                institutionnelles qui entravent le développement
                 et d’amélioration des conditions de vie sont dûment               de l’agroforesterie au Cameroun, avec un accent
                 prises en compte. La résultante d’une stratégie non               particulier sur les contraintes législatives et
                 coordonnée est la confusion totale ; par exemple                  règlementaires. En l’absence de textes de lois séparés
                 quelles activités/programmes relèvent du domaine                  sur le secteur des arbres cultivés et des PFNLs au
                 de l’agroforesterie, lesquelles cadrent simplement                Cameroun, certains éléments de la loi forestière
                 avec le reboisement et la reconstitution des forêts,              de 1994 et d’autres textes prennent en compte les
                 quelles espèces doivent être plantées, à quelles                  PFNLs et affectent indirectement les arbres dans
                 distances et dans quelles associations ? L’abondance              d’autres systèmes de cultures. Certains aspects de la
                 de programmes de reboisement et de reconstitution                 loi relatifs à la propriété des arbres font référence
                 des forêts pour résoudre les problèmes                            aux lois sur la propriété des terres et de l’Etat et ont
                 environnementaux au niveau des ministères des                     également été analysés dans cette étude. Dans le
                 Forêts et de l’Environnement peut occulter le rôle                cadre de l’analyse des législations, l’accent a été mis
                 important que le ministère de l’Agriculture peut                  sur les éléments suivants : définition des forêts et
                 jouer dans la promotion de l’interaction entre les                des produits forestiers ; produits agricoles ; propriété
                 cultures, les animaux et les arbres dans les mêmes                et accès aux ressources forestières (surtout aux
                 champs pour améliorer les conditions de vie.                      PFNLs) pour exploitation à des fins personnelles et
                                                                                   commerciales et la manière dont ceci peut affecter

                                                World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   9

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Agroforesterie, r formes politiques - et institutionnelles 2011 - World Agroforestry
Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                 les arbres hors des forêts et la décision de planter             Cela signifie que les arbres qui poussent sur un
                 des arbres.                                                      domaine privé ne peuvent être considérés comme
                                                                                  propriété de l’individu que si la personne qui réclame
                 Les résultats montrent que la législation en vigueur             les droits sur ces arbres dispose d’un titre. En clair,
                 sur les arbres au Cameroun (loi forestière de 1994               si les lois devaient être rigoureusement respectées,
                 et ordonnance de 1974 sur le régime foncier) réduit              la plupart des planteurs perdraient tous droits sur
                 les droits économiques des petits agriculteurs à                 les arbres présents sur les terres sur lesquelles ils
                 l’exploitation des PFNLs et limite de facto leurs droits         revendiquent la propriété conformément au droit
                 aux arbres qu’ils plantent dans leurs champs. En                 coutumier.
                 effet, la législation définit les forêts et les produits
                 forestiers et dispose que ces derniers sont différents            Progrès dans l’élaboration d’une stratégie de
                 des produits agricoles sans pour autant fournir une              développement de l’agroforesterie
                 définition des produits agricoles. Cette définition
                 floue ouvre la voie à la confusion quant à savoir si les          Les résultats ci-dessus présentés sur l’état des
                 produits issus des arbres cultivés que l’on retrouve             politiques de l’agroforesterie au Cameroun et
                 aussi dans les forêts, tels que la kola (Cola spp.), la          l’impact de la législation sur le développement
                 mangue sauvage (Irvingia gabonensis), le njansang                de l’agroforesterie traduisent la nécessité d’une
                 (Ricinodendron heudelotii), etc., doivent être                   coordination des actions des différents ministères
                 considérés comme des produits agricoles ou des                   (Forêts, Environnement, Agriculture, Commerce et
                 produits forestiers.                                             Domaines) avec pour objectif de :

                 La loi confère aux populations locales le droit                  (i) Fournir des justificatifs et des informations
                 d’usufruit, qui constitue le droit à l’exploitation des              pertinentes susceptibles d’éclairer les politiques
                 PFNLs pour usage personnel et non commercial.                        afin de garantir une meilleure exploitation
                 D’autre part, certains PFNLs sont considérés ‘produits               du potentiel de l’agroforesterie à améliorer
                 spéciaux’ dans la loi (Article 9 (2)) ; par conséquent,              les conditions de vie et fournir des services
                 les parties intéressées doivent obtenir des permis                   écologiques ;
                 d’exploitation pour pouvoir commercialiser lesdits               (ii) Fournir des définitions, des procédures et
                 produits. Même si certains responsables de                            des directives adéquates qui doivent être
                 l’administration disent que cette loi a été abrogée                   intégrées dans les législations subséquentes sur
                 pour certains produits comme la Kola, il n’existe                     l’agriculture / les forêts / l’agroforesterie afin
                 pas de documents législatifs clairs qui confèrent                     d’établir le distinguo entre les produits venant de
                 les droits de commercialisation aux planteurs. Par                    l’agriculture, de l’agroforesterie, ou des forêts.
                 conséquent, les droits des planteurs à la propriété
                 ne sont pas bien définis, car les produits issus de               Pour fournir ces informations, le World Agroforestry
                 leurs champs sont soumis aux règlementations                     Centre envisage d’organiser en 2012 au Cameroun
                 forestières. Ce qui signifie que les règlementations              une réunion des parties prenantes, qui regroupera
                 subséquentes devront être adaptées pour intégrer                 les experts des différents départements ministériels
                 les nouvelles pratiques agricoles et de conservation             concernés, ainsi que d’autres ONG nationales et
                 qui veulent que les arbres sauvages soient désormais             internationales et des représentants des planteurs
                 cultivés dans les champs.                                        pour une réflexion sur une stratégie/politique de
                                                                                  l’agroforesterie pour le Cameroun et le plaidoyer
                 Conformément à la loi de 1994 sur les forêts, tout               pour la désignation d’un service, du ministère de
                 arbre planté sur un domaine sans titre foncier                   l’agriculture de préférence, pour piloter les activités
                 appartient à l’Etat. En outre, , tous les arbres qui             de l’agroforesterie.
                 poussent naturellement appartiennent à l’Etat,
                 même s’ils poussent dans des champs cultivés.

                   10    World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011

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Dissémination des innovations agroforestières :
                 Le potentiel des centres de ressources ruraux
                 au Cameroun, en République démocratique du
                 Congo et au Nigeria
                 Par Ann Degrande, John Mafolo & Chioma Okwu

                 Introduction                                                    la réduction de la pauvreté, la préservation ou
                                                                                 la conservation des ressources écologiques. Les
                 75% des pauvres des pays en développement vivent                méthodes de dissémination peu efficaces contribuent
                 dans les zones rurales. Par conséquent, le renforcement         à la faible adoption des innovations agricoles
                 du secteur agricole contribuerait mieux, et même                en général, et des innovations agroforestières
                 deux fois plus que tout investissement dans tout                en particulier, car ces dernières sont reconnues
                 autre secteur, à l’amélioration de l’accès aux aliments         pour leur complexité et leurs savoirs intensifs, la
                 riches et à la réduction de la pauvreté (FAO, 2011).            multiplicité de leurs composantes (cultures, élevage
                 Le rôle de la vulgarisation dans cette bataille est clair       et arbres), l’exigence de l’apprentissage de nouvelles
                 ; il y a un grand besoin d’informations, d’idées et             aptitudes comme l’établissement de pépinières, et
                 d’organisation pour développer une agriculture qui              le temps relativement long qu’elles prennent pour
                 réponde à la complexité de la demande, favorise                 être rentables (Franzel et al, 2001).

                                              World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   11

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Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                  Le concept des Centres de ressources ruraux                     ressources en milieu rural dans leur approche de
                                                                                  vulgarisation. Les centres de ressources ruraux sont
                 Après une décennie de recherches menées par le                   des lieux où les techniques de l’agroforesterie sont
                 World Agroforestry Centre en Afrique centrale et de              mises en pratique, où les producteurs peuvent se
                 l’Ouest, de nombreuses innovations agroforestières               rendre pour des informations, des expérimentations
                 prêtes pour la vulgarisation sont disponibles : les              et la formation. En général, un centre de ressources
                 techniques de propagation végétative (marcottage,                rural comprend une pépinière, des parcelles de
                 bouturage et greffage), l’intégration des arbres par              démonstration, une petite bibliothèque, une
                 le développement d’agroforêts multi strates, les                 salle de formation et éventuellement des facilités
                 techniques de gestion de la fertilité des sols, et les           d’hébergement. En fonction du type d’innovations
                 stratégies améliorées de commercialisation pour                  pertinentes pour la zone, le centre de ressources
                 la vente des produits agroforestiers, surtout par                rural peut également disposer d’une unité de
                 l’organisation des ventes en groupes. Pour relever               transformation des produits de l’agroforesterie et/
                 les défis des méthodes de vulgarisation peu efficaces               ou des parcelles de multiplication des semences.
                 de l’agroforesterie, le World Agroforestry Centre                Les CRR sont gérés par des organisations
                 (ICRAF) fait depuis cinq ans des expériences avec                communautaires de base, qui sont des organisations
                 des organisations relais et des centres de ressources            non gouvernementales (ONG) ou des groupes de
                 ruraux, sur la dissémination des innovations                     producteurs. Les centres de ressources ruraux
                 de l’agroforesterie, et plus particulièrement la                 sont censés faciliter la diffusion des technologies
                 domestication des arbres (Asaah et al, 2011; Simons              aux agriculteurs, car ils encouragent l’interaction
                 and Leakey, 2004; Tchoundjeu et al, 2006).                       permanente entre les producteurs, les organisations
                                                                                  relais et les chercheurs, pour rendre les technologies
                 Les organisations relais (OR) sont des acteurs
                                                                                  plus pertinentes et acceptables ; ils doivent aussi
                 médians qui servent de relais entre les organismes
                                                                                  faciliter l’accès des producteurs à l’information, aux
                 de recherche comme l’ICRAF et les communautés
                                                                                  techniques et au matériel végétal.
                 d’agriculteurs. Elles assistent les chercheurs dans le
                 développement de technologies participatives, et                 En 2010, l’ICRAF a collaboré avec 36 organisations
                 ce dans le cadre d’une interaction marquée par le                relais ; 30 d’entre elles utilisent l’approche centre
                 renforcement des capacités et l’appui institutionnel             de ressources rural pour la dissémination de
                 d’une part, et le feedback sur le développement                  l’agroforesterie auprès de 317 organisations
                 de la technologie d’autre part. Les OR assurent la               paysannes, qui regroupent 7968 producteurs
                 dissémination des innovations auprès des planteurs               (tableau 1).
                 au moyen de démonstrations, de la formation et de
                 l’assistance technique ; par la suite, les producteurs
                 donnent leur feedback et, ce faisant, ils aident à
                 améliorer les innovations. Pendant le même temps,
                 certaines OR utilisent le concept de centre de

                                                     ,

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Tableau 1: Nombre de partenaires collaborant avec l’ICRAF, Décembre 2010

                                                  Cameroun            RDC                    Nigeria                 Total
                   Organisations relais           23                  12                     1                       36
                   Centres de ressource           15                  10                     5                       30
                   Groupes de producteurs         218                 72                     27                      317
                   Membres des groupes            5707                1600                   661                     7968

                 Encadré 1 : Exemple d’une organisation-relais utilisant l’approche centre de ressources

                     L’APADER (Association pour la Promotion des Actions de Développement Endogènes Rurales),
                     créée en 1993 et basée à Bangangté (Ouest Cameroun), gère un CRR où des innovations
                     agroforestières sont développées en collaboration avec les agriculteurs et adaptées aux conditions
                     locales. Le CRR est doté de : 2 motos, une salle de formation, des bureaux, des ordinateurs, une
                     imprimante, un groupe électrogène et un accès internet. Le centre dispose également d’une
                     pépinière, d’unités de multiplication des semences, de parcelles de démonstration et d’une unité
                     de transformation (machine de séchage et moulin). A travers le CRR, l’APADER a formé environ
                     280 agriculteurs, et fournit un appui technique à 28 groupes de paysans. L’APADER a également
                     développé un réseau de 23 pépinières, dénommé UGICANE (Union des GIC des agroforestiers du
                     Ndé). Dix de ces pépinières sont devenues des entreprises dont chacune génère environ 500 000
                     FCFA (1000 dollars USD) par an. L’APADER fournit également une assistance organisationnelle à
                     la COFTRAKOL, une coopérative composée de 25 femmes, spécialisée dans la transformation du
                     karité (Vitellaria paradoxa) et d’autres produits oléagineux comme le safou (Dacryodes edulis).
                     Grâce à ses réalisations, l’APADER a réussi à développer des partenariats solides avec un certain
                     nombre de partenaires à la recherche et au développement tels que le ministère de l’Agriculture,
                     l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), Zenü Network, l’Université de
                     Dschang, Peace Corps et le Programme National de Développement Participatif.

                 Performance des organisations relais et                       démonstration qui illustrent les avantages des
                                                                               innovations de l’agroforesterie; certaines utilisent
                 viabilité des Centres de ressources ruraux
                                                                               l’approche CRR. Toutes les organisations relais de
                                                                               cette étude tiennent une partie de leurs ressources
                 En 2010 et 2011, des études ont été menées
                                                                               financières de l’appui de l’ICRAF, des recettes issues
                 au Cameroun pour évaluer la performance des
                                                                               de la pépinière et de la fourniture de services (ex. la
                 organisations relais dans la dissémination des
                                                                               formation). Les autres sources de revenus sont les
                 innovations agroforestières, identifier les facteurs
                                                                               contributions des membres, ainsi que la vente des
                 affectant leur performance et mesurer la viabilité de
                                                                               produits de l’élevage et de l’agriculture.
                 l’approche CRR.
                                                                               La performance des organisations relais a été
                 Dans l’ensemble, les organisations relais objets
                                                                               évaluée en termes du nombre de groupes encadrés
                 de l’étude diffusent avec succès les innovations
                                                                               et de producteurs formés, des savoirs techniques
                 agroforestières aux groupes d’agriculteurs en
                                                                               et de la maîtrise des techniques agroforestières
                 utilisant une combinaison d’approches, notamment
                                                                               par les producteurs formés, du taux de diffusion
                 la formation théorique et pratique des agriculteurs,
                                                                               et d’adoption des innovations disséminées, et
                 les journées portes ouvertes pour la sensibilisation
                                                                               de la satisfaction des paysans. Pour ce qui est de
                 et la présentation de nouvelles technologies à
                                                                               l’acquisition des connaissances, 44% des producteurs
                 un large public, et la création de parcelles de
                                                                               formés par les OR ont des connaissances de base

                                            World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   13

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Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                                                                                  important investissement dans la culture des arbres
                                                                                  et/ou arbustes, et est par conséquent plus difficile à
                                                                                  adopter. Par rapport à la performance des OR, 11%
                                                                                  des planteurs interviewés se sont dit très satisfaits,
                                                                                  et 67 % satisfaits. En effet, 78% des répondants ont
                                                                                  relevé l’appui technique comme l’un des points forts
                                                                                  du travail des OR, puis le suivi régulier des activités en
                                                                                  groupe (39%), et enfin le contact avec de nombreux
                                                                                  autres partenaires à travers les OR (26%). La plupart
                                                                                  des répondants ont également trouvé que la langue
                                                                                  utilisée par les OR est adaptée aux populations
                                                                                  cibles. Bien plus, il est dit que le personnel des OR
                                                                                  fait preuve de patience et de tolérance, et que les
                                                                                  techniques disséminées cadrent avec les besoins des
                                                                                  planteurs. 10% seulement se sont dits pas du tout
                                                                                  satisfaits de la performance des OR. Les principaux
                                                                                  points d’insatisfaction sont la difficulté à trouver
                                                                                  des clients pour leurs produits (86%), les retards
                                                                                  dans l’exécution des activités (70%), le manque
                                                                                  d’assistance financière (69%), et le non-respect des
                                                                                  rendez-vous (56%).

                                                                                  Même si les écarts ne sont pas statistiquement
                                                                                  significatifs, les résultats révèlent que les
                                                                                  organisations relais qui bénéficient de facteurs
                 sur toutes les technologies, 14% disent les maîtriser            internes et externes favorables ont un meilleur score
                 et 6% ont pu former d’autres producteurs. Les                    pour la plupart des indicateurs de performance.
                 techniques les mieux maîtrisées sont notamment                   Il ressort également de l’étude que les facteurs
                 le bouturage et l’espacement des arbres ; les                    externes tels que l’existence d’opportunités pour
                 domaines les moins maîtrisés sont les technologies               l’agroforesterie, d’associations paysannes robustes
                 post-récolte, les ventes en groupe et la gestion                 et de bons réseaux routiers et de communication
                 des conflits, toutes nécessaires dans l’élaboration               peut avoir un plus grand effet sur l’efficacité des
                 de stratégies de commercialisation des produits                  organisations relais que les facteurs internes, à savoir
                 agroforestiers. Ceci est dû au fait que la propagation           les ressources humaines, matérielles et financières.
                 des arbres a été enseignée aux OR longtemps avant                Cependant, des études approfondies impliquant
                 les aspects relatifs à la commercialisation et, par              un plus grand nombre d’organisations relais sont
                 conséquent, elles ont une plus grande expertise sur              nécessaires pour une meilleure compréhension
                 les questions de multiplication des arbres. S’agissant           des facteurs qui affectent la performance de ces
                 de l’adoption, les producteurs interviewés utilisent             organisations dans la dissémination des innovations
                 pour la plupart les techniques d’agroforesterie                  agricoles.
                 suivantes : le marcottage, le bouturage, le greffage,
                 la gestion de la fertilité des sols et le concassage             Conclusion et implications pour les politiques
                 du njansang à la machine (technique post-récolte).
                 Toutefois, le degré d’adoption varie d’une technique             L’implication des organisations de base dans la
                                                  ,
                 à une autre. Le marcottage enregistre le taux                    vulgarisation de l’agroforesterie a résolument
                 d’adoption le plus élevé tandis que le taux le plus              permis d’accroître la pertinence des techniques et la
                 bas s’observe au niveau de l’amélioration de la                  qualité des services rendus aux bénéficiaires. Déjà,
                 fertilité des sols. Ceci peut s’expliquer par le fait            les opérations d’expérimentation et d’adaptation
                 que le marcottage est une technique divisible (peut              menées par les producteurs sont monnaie courante
                 s’effectuer sur un seul arbre), applicable à plusieurs            dans les centres de ressources. L’approche a
                 espèces différentes indépendamment des zones                      également pu s’étendre à un nombre relativement
                 écologiques, et ne demande pas des équipements                   élevé de femmes et de jeunes, souvent négligés
                 en tant que tels. Par contre la gestion de la fertilité          dans les systèmes ‘traditionnels’ de vulgarisation.
                 des sols requiert en amont la sécurité foncière et un            L’un des défis de cette approche reste l’expertise
                                                                                  technique du personnel des OR, d’où la nécessité

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de la formation continue, de l’encadrement et du                probable que les planteurs de la région qui ne
                 recyclage du personnel de vulgarisation.                        disposent déjà pas d’assez de ressources seront à
                                                                                 même de payer pour l’assistance technique dans
                 Il persiste également un autre problème récurrent               un proche avenir ; d’où la nécessité de développer
                 de la vulgarisation agricole, à savoir la difficulté à            des stratégies pour intégrer l’approche CRR dans les
                 recouvrer les coûts. L’on espère que la vulgarisation           programmes nationaux de développement agricole
                 communautaire sera plus rentable que les autres                 afin de bénéficier pleinement de leur expertise.
                 approches. Cependant, bien que des études                       Ainsi, ils pourraient être payés pour leurs services
                 supplémentaires soient nécessaires pour une                     en tant qu’agents de vulgarisation agricole, ce qui
                 meilleure compréhension de la durabilité et de la               leur permettra d’étendre leurs activités et devenir
                 viabilité financière de l’approche CRR, une analyse              de dignes partenaires dans la promotion des
                 préliminaire du rapport coût-bénéfice révèle que,                innovations agricoles et de contribuer à la croissance
                 dans les conditions actuelles, les CRR dépendent                tant nécessaire du secteur agricole des pays en
                 de l’appui extérieur et ne peuvent par conséquent
                                                                                 développement aujourd’hui.
                 pas fonctionner de manière autonome. Il est peu

                     Références

                     Asaah E.K., Tchoundjeu Z., Leakey R.R.B., Takoutsing B., Njong J. and Edang I. (2011) ‘Trees, Agroforestry and
                              Multifunctional Agriculture in Cameroon’. International Journal of Agricultural Sustainability 9 (1):
                              110-119

                     FAO (2011) ‘Increased agricultural investment is critical to fighting hunger’, Available from: www.fao.org/
                             investment/whyinvestinagricultureandru/en, accessed 22 September 2011

                     Franzel S., Coe R., Cooper P., Place F. and Scherr S.J. (2001) ‘Assessing the adoption potential of agroforestry
                               practices in sub-Saharan Africa’. Agricultural Systems 69 (1-2) 37-62

                     Simons A.J.and Leakey R.R.B. (2004) ‘Tree domestication in tropical agroforestry’ In: Nair P.K.R., Rao M.R.and
                              Buck L.E. (eds.) New Vistas in Agroforestry: A Compendium for the 1st World Congress of Agroforestry.
                              Kluwer Academic Publishers, Boston. Pp. 167-182

                     Tchoundjeu Z., Asaah E.K., Anegbeh P., Degrande A., Mbile P., Facheux C., Tsobeng A., Atangana A.R., Ngo
                              Mpeck M.L. and Simons A.J. (2006). ‘Putting participatory domestication into practice in West and
                              Central Africa’. Forests, Trees and Livelihoods Vol 16: 53–69

                                              World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   15

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Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                 Perception des initiatives collectives de
                 production et de commercialisation de la kola
                 au Cameroun par les producteurs
                 Par Amos Gyau, Bertin Takoutsing & Steven Franzel

                  Introduction                                                    d’évaluer la perception qu’ont les agriculteurs de
                                                                                  l’effectivité et de l’utilité de telles initiatives. Ceci
                 Les praticiens du développement sont de plus en                  permettrait de fournir aux organisations utilisant
                 plus préoccupés par l’amélioration de l’accès des                l’action collective des informations susceptibles de
                 petits agriculteurs au marché. Ceci tient du fait                les aider à examiner leurs propres activités pour
                 que l’accès au marché est perçu comme l’un des                   déterminer si elles sont efficaces dans l’amélioration
                 principaux instruments qui peuvent être utilisés                 des conditions de vie des petits agriculteurs. A cet
                 pour améliorer les revenus et l’emploi (Doward et                effet, le présent article analyse la perception qu’ont
                 al, 2003), et partant réduire la pauvreté en milieu              les producteurs des initiatives d’action collective
                 rural. Au Cameroun, l’action collective sous la forme            dans les hautes terres de l’Ouest du Cameroun,
                 d’organisations paysannes a été utilisée comme une               avec pour objectif de fournir des informations
                 stratégie d’amélioration des bénéfices de l’agriculture           qui pourraient être exploitées pour intégrer les
                 et de la foresterie chez les petits agriculteurs. Et             préoccupations des agriculteurs dans la mise en
                 ceci dans un contexte où plusieurs organisations                 œuvre des actions collectives. La méthodologie de
                 de développement ont largement présenté les                      recherche utilisée intègre l’approche qualitative
                 organisations de producteurs comme vecteurs de la                et l’approche quantitative, pour identifier les
                 lutte contre la pauvreté et de la sécurité alimentaire           principaux critères d’évaluation de l’action collective
                 (FAO, 2010). Après plusieurs années de facilitation              et, ensuite, ressortir l’évaluation de ces facteurs par
                 des initiatives d’action collective dans la chaîne de            les agriculteurs.
                 distribution de la kola au Cameroun, il est nécessaire

                                                     ,

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Méthodologie                                                    fournies par les organisations communautaires de
                                                                                 base. L’échantillon total compte 216 agriculteurs.
                  Procédure de collecte de données                               Les données ont été collectées par six énumérateurs
                                                                                 formés qui ont rendu visite aux agriculteurs soit
                 L’étude a été menée dans les régions de l’Ouest et du
                                                                                 dans leurs champs, soit à leur domicile, selon les
                 Nord-Ouest du Cameroun. Elle a eu lieu entre Mars et
                                                                                 convenances. Après dépouillement des données,
                 Avril 2011, suivant une procédure d’échantillonnage
                                                                                 203 questionnaires sur les 216 de départ ont été
                 en plusieurs étapes. Les zones agro-écologiques des
                                                                                 jugés convenables pour l’analyse.
                 deux régions (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest
                 du Cameroun) ont d’abord été identifiées en tenant
                 compte de deux paramètres importants ; le volume
                                                                                 Résultats
                 de production et le potentiel du marché de la kola.
                 Ceci a permis la stratification de la zone d’étude en            Description de l’échantillon
                 haute et basse production et en segments de marché
                 potentiels. Six zones différentes ont été identifiées             Les résultats de l’analyse statistique indiquent que
                 : Ndu, Tatum, Batibo, Mbengwi, Bayangam et                      moins de 4% des agriculteurs ont moins de 30 ans.
                 Bangangte. Au deuxième niveau d’échantillonnage,                Près de 24% des répondants sont âgés de plus
                 des villages et localités ont été choisis pour la collecte      de 61 ans. Environ 19% d’entre eux n’ont pas fait
                 des données qui ont été distribuées à travers les               d’études et 54% ont le niveau d’études primaires.
                 zones de production déterminées au niveau régional.             Les répondants ayant un niveau universitaire
                 Le niveau d’organisation des producteurs et de leur             représentent 0,5% seulement (1 personne). 75%
                 mise en œuvre des initiatives d’action collective               des répondants sont des hommes, contre 25% de
                 a également été pris en compte dans le choix des                femmes. Pour la majorité des répondants (81,3%),
                 villages à l’intérieur de ces zones. Ceci pour s’assurer        les revenus issus de la kola constituent moins de la
                 que les zones de haute et de basse production, ainsi            moitié de leurs revenus.
                 que les principaux centres de production et de vente
                 de la kola sont couverts par l’étude.                           Critères d’évaluation par les producteurs de
                                                                                 l’action collective et développement de postulats
                 L’étape suivante a été marquée par deux discussions
                 de groupes avec les acteurs de la chaîne de kola                Les résultats des discussions avec les groupes
                 pour identifier les principaux facteurs que les                  ciblés indiquent que les producteurs ont des avis
                 producteurs de kola utilisent pour évaluer les                  positifs et négatifs sur l’effectivité des interventions
                 activités d’intervention avec un accent particulier             d’action collective. Les facteurs positifs relevés
                 sur les initiatives d’action collective. Ensuite, un            par les producteurs comprennent l’effectivité des
                 questionnaire a été élaboré sur la base des facteurs            interventions en termes de réduction du temps utilisé
                 ci-dessus identifiés et de la littérature sur l’action           pour chercher des acheteurs, de réduction des coûts
                 collective. L’échelle de Likert à 5 points a été utilisée       de transport, d’opportunités d’apprentissage et
                 pour enregistrer les réponses aux questions (de                 d’acquisition de nouvelles aptitudes de production,
                 1=pas du tout d’accord à 5=très d’accord) ; elle a aidé         de récolte et de gestion post-récolte, d’amélioration
                 à ressortir les perceptions des agriculteurs. Avant             de leur statut social, de leurs réseaux sociaux, de
                 l’enquête de terrain, le questionnaire a été pré-testé          l’accès au marché et de la profitabilité.
                 pour vérifier sa pertinence. Le feedback recueilli a
                                                                                 Les facteurs négatifs relevés lors des discussions avec
                 permis d’ajuster le questionnaire en conséquence.
                                                                                 les groupes ciblés comprennent la perte d’autonomie
                 L’on est enfin passé à la sélection des producteurs              et de confiance, les retards et les conflits entre les
                 engagés dans l’action collective dans chacune des six           membres des groupes. Chaque dimension a été
                 zones ci-dessus identifiées. Trente-six agriculteurs             mesurée avec trois à six déclarations.
                 impliqués dans l’action collective ont été sélectionnés
                 au hasard dans chacune des zones à partir des listes

                                              World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011   17

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Agroforesterie, réformes politiques et institutionnelles

                 Perception de l’action collective par les producteurs

                 Les résultats relatifs aux perceptions des producteurs sont contenus dans le Tableau 1.

                 Tableau 1. Perception de l’action collective par les producteurs

                                                                   Pas du tout        Pas                                        Très
                                                                                                   Neutre          D’accord
                                   Déclaration                      d’accord       d’accord                                    d’accord

                                                                   Nombre de répondants (pourcentages entre parenthèses)

                   Coûts de la transaction

                   … réduit le temps que j’utilise pour
                                                                   1(0.5)        6(3.0)          10(4.9)          121(59.6)   65(32)
                   chercher des acheteurs
                   … réduit le temps que j’utilise pour
                                                                   0             5(2.5)          16(7.9)          117(57.6)   65(32)
                   amener les produits au marché
                   … réduit considérablement les coûts de
                                                                   0             4(2.6)          30(19.9)         79(52.3)    38(25.2)
                   transport
                   Apprentissage et acquisition de
                   nouvelles aptitudes
                   … améliore mes aptitudes de stockage et
                                                                   15(7.6)       26(13.1)        31(15.7)         87(43.9)    39(19.7)
                   la qualité des produits
                   … améliore mes aptitudes de récolte de
                                                                   11(6)         22(12)          30(16.3)         89(48.4)    32(17.4)
                   la kola
                   … améliore mes aptitudes de
                                                                   14(7.1)       28(14.3)        31(15.8)         94(48.0)    29(14.8)
                   conservation de la kola

                   Marché et finances

                   … augmentation de la quantité de kola
                                                                   3(1.5)        15(7.4)         39(19.3)         79(39.1)    66(32.7)
                   que je vends
                   … amélioration de mes connaissances du          0
                                                                                 5(2.5)          15(7.4)          132(65.3)   50(24.8)
                   marketing
                   … obtention de meilleurs prix pour mes
                                                                   2(1)          3(1.5)          22(11)           104(52)     69(34.5)
                   produits

                   … contacts avec de nouveaux acheteurs           7(3.5)        4(2.0)          20(10.1)         107(54)     60(30.3)

                   … Plus grande stabilité des prix de mes
                                                                   2(1)          2(1)            22(11)           136(68)     38(19)
                   produits
                                                     ,
                   … amélioration des informations
                                                                   2(1)          6(3)            32(15.9)         122(60.7)   39(19.4)
                   relatives à la qualité de la kola

                   Réseaux et statuts sociaux

                   … L’appartenance au groupe me permet
                                                                   2(1.0)        4(2.0)          66(32.5)         95(46.8)    36(17.7)
                   d’être respecté dans ma communauté
                   … L’appartenance au groupe améliore
                   mon statut social au sein de la                 2(1)          4(2)            69(34)           94(46.3)    34(16.7)
                   communauté

                   18    World Agroforestry Centre (ICRAF-Afrique centrale et de l’Ouest) - Rapport Annuel 2011

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