AIDONS LE MILLION MANQUANT - AMÉLIORER LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE LA MPOC - L'Association pulmonaire de l'Ontario - Ontario Lung Association

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AIDONS LE MILLION MANQUANT - AMÉLIORER LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE LA MPOC - L'Association pulmonaire de l'Ontario - Ontario Lung Association
AIDONS LE MILLION MANQUANT
  AMÉLIORER LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE LA MPOC

L’Association pulmonaire de l’Ontario         Octobre 2019
AIDONS LE MILLION MANQUANT - AMÉLIORER LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE LA MPOC - L'Association pulmonaire de l'Ontario - Ontario Lung Association
SOMMAIRE
      Le nombre de Canadiens ayant reçu un diagnostic de maladie pulmonaire obstructive chro-
      nique (MPOC) s’élève à environ deux millions1, mais pas moins d’un million de personnes
      supplémentaires pourraient en être atteintes sans le savoir. En l’absence d’un tel diagnostic,
      ces personnes ne reçoivent pas de traitement2. De nombreux Canadiens n’ont jamais entendu
      parler de MPOC, mais il s’agit maintenant de la cinquième cause de décès en importance et de
      la première cause d’hospitalisation au Canada3,4. Cette maladie impose un fardeau énorme aux
      patients, aux aidants ainsi que sur le système de soins de santé.
      Aidons le million manquant a pour objectif d’améliorer notre compréhension par rapport au
      traitement à offrir aux personnes ayant reçu un diagnostic précis de MPOC, d’examiner les
      raisons pour lesquelles les patients ne reçoivent pas leur diagnostic plus tôt et de souligner
      les mesures à prendre pour veiller à ce qu’un tel diagnostic soit posé. Les millions de Canadiens
      atteints de MPOC, y compris ceux qui l’ignorent peut-être, ont besoin d’un meilleur accès au
      diagnostic, au traitement et au soutien. Ils ont notamment besoin d’un accès à des médecins
      de famille et des spécialistes qui les examineront afin de poser un diagnostic juste et de leur
      offrir un traitement. La spirométrie (un simple test respiratoire) est essentielle pour poser un
      diagnostic précis; elle permet également de surveiller l’efficacité des traitements. La prescrip-
      tion de médicaments et de programmes appropriés, comme la réadaptation pulmonaire, aide
      les patients à mener une vie plus remplie et plus active.
      Il est primordial de veiller à l’accès à ce test, au traitement et au soutien, et à ce qu’une offre
      adéquate soit fournie à cet égard. En 2016, 12 293 Canadiens ont succombé à leur MPOC. Cette
      maladie est la principale cause de décès chez les adultes de 65 à 84 ans5. Selon Statistique
      Canada, la MPOC a dépassé le cancer du sein en 2009 au classement des causes de décès chez
      les Canadiennes et depuis, le nombre de décès attribuables à la MPOC a continué d’augmenter,
      tandis que ceux attribuables au cancer du sein ont diminué6. Le fardeau devrait continuer de
      s’alourdir. On estime que d’ici 2030, le nombre de Canadiens atteints de MPOC s’élèvera à plus
      de 2,5 millions et les coûts directs et indirects associés à la maladie atteindront 9,45 milliards
      de dollars par an7.
      Aidons le million manquant a pour objectif de contribuer à la création d’un système dans lequel
      l’éducation et la sensibilisation à la MPOC sont améliorées et de veiller à ce que les patients
      aient accès aux médecins, aux tests, au soutien ainsi qu’à des traitements efficaces qui favorise-
      ront la pose d’un diagnostic précis et la prise en charge adéquate de leur maladie.
      Principales conclusions d’Aidons le million manquant :
       • La spirométrie constitue le test de référence pour évaluer la fonction pulmonaire et confirmer
         le diagnostic de MPOC. Toutefois, dans le cadre de notre étude, 20 % des répondants ont
         affirmé que leurs symptômes n’avaient pas fait l’objet d’un examen formel et, parmi les
         patients ayant subi cet examen (79 %), seulement 44 % ont été évalués à l’aide d’un test
         de spirométrie.
       • Le traitement pharmacologique est un élément important de la prise en charge efficace de
         la MPOC. L’Association pulmonaire a commandé trois études de recherche en vue de décrire
         les tendances en matière de traitements pharmacologiques offerts aux patients ayant reçu
         un diagnostic récent de MPOC en Alberta, en Ontario et au Québec. Les données de ces trois
         études suggèrent que des améliorations s’imposent sur le plan de l’amorce et de l’obser-
         vance d’un traitement d’entretien chez les patients ayant reçu un diagnostic de MPOC. Ces
         résultats laissent entendre qu’il faut optimiser l’utilisation de traitements fondés sur
         des données probantes, améliorer la prise en charge de la MPOC et poursuivre l’éducation
         des prescripteurs ainsi que l’éducation continue et efficace des patients.
       • Dans le cadre de notre sondage, 24 % des patients atteints de MPOC ont affirmé ne pas
         recevoir la meilleure série de traitements, car ils ne disposaient pas d’un régime privé
         d’assurance-médicaments ou que celui-ci ne couvrait pas les coûts des différents types
         de traitements.
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• La réadaptation pulmonaire comprend des exercices supervisés et des séances d’éducation
          de groupe. Elle constitue une approche recommandée dans le traitement de la MPOC, nota-
          mment par la Société canadienne de thoracologie (SCT). Pourtant, selon notre sondage sur
          la MPOC mené auprès de médecins, seulement 15 % des patients participent régulièrement
          à un programme de réadaptation pulmonaire.
        • Selon notre sondage mené auprès de patients atteints de MPOC, 40 % des répondants
          atteints de la maladie fument quotidiennement. La moyenne est d’environ 0,81 paquet
          de cigarettes par jour. Ces répondants fument en moyenne depuis 36 ans. Sur le total des
          fumeurs atteints de MPOC, 93 % ont essayé d’arrêter de fumer en moyenne à 7 reprises.
        • Partout au pays, des organismes mettent en œuvre des programmes qui combinent les
          technologies de la cybersanté à d’autres approches novatrices pour optimiser la prise en
          charge de la MPOC et maximiser les ressources afin d’offrir de meilleurs soins et d’améliorer
          la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes.
       Aidons le million manquant a étudié le parcours de patients atteints de MPOC ainsi que les défis
       auxquels ils sont confrontés. Cinq recommandations ont été émises à la suite de cette étude en
       vue d’améliorer des soins des patients atteints de MPOC au Canada.
        • Assurer un diagnostic plus précis grâce à un accès accru à la spirométrie
        • Intensifier les efforts d’éducation et de sensibilisation relatifs aux facteurs de risque et aux
          symptômes de la MPOC pour favoriser un diagnostic en temps opportun et la prévention
        • Améliorer l’accès aux programmes de réadaptation pulmonaire et d’éducation
        • Renforcer l’autonomie des patients atteints de MPOC et de leur famille grâce à l’utilisation
          d’un plan de soins écrit pour la MPOC
        • Élaborer des programmes éducatifs et des outils cliniques contribuant à assurer la presta-
          tion de soins de haute qualité aux personnes atteintes de MPOC

INTRODUCTION
       La MPOC est une maladie pulmonaire qui comprend la bronchite chronique et l’emphysème.
       Le tabagisme est en la cause principale, mais il existe d’autres facteurs non négligeables. Les
       autres causes de la MPOC comprennent notamment la fumée secondaire, l’exposition à des
       poussières et des produits chimiques en milieu professionnel, des prédispositions génétiques
       (déficit en alpha-1-antitrypsine), des infections pulmonaires fréquentes pendant l’enfance, ainsi
       que la fumée de bois et d’autres biocombustibles utilisés dans le cadre de la cuisson d’ali-
       ments. Un faible poids à la naissance et l’asthme durant l’enfance sont associés à un risque
       plus élevé de MPOC à l’âge adulte8. Les voies respiratoires d’une personne atteinte de MPOC
       sont obstruées ou bloquées, rendant la respiration difficile. Dans le cas de la bronchite chro-
       nique, les voies respiratoires enflent et peuvent être remplies de mucus, alors que dans celui de
       l’emphysème, les sacs alvéolaires (alvéoles) des poumons sont endommagés. La plupart des
       patients atteints de MPOC ressentent certains effets caractéristiques de ces deux affections.
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Chris Leaman a été un peu surpris de son diagnostic              atteint de tuberculose (TB) et a souffert de deux
de MPOC. Pourtant, il était de plus en plus essoufflé            crises cardiaques; ces maladies ont compromis son
lorsqu’il accomplissait des travaux de construction              admissibilité à une transplantation pulmonaire.
et de réfection de toitures. Lorsqu’il s’est inscrit pour
                           participer à une étude
                           clinique qui compre-
                           nait un test respiratoire             La MPOC est le plus souvent diagnostiquée chez
                           hebdomadaire, il en a été             les personnes de plus de 35 ans. Les symptômes
                           immédiatement exclu parce             de la MPOC comprennent une toux persistante
                           que « sa fonction pulmonaire          (parfois confondue avec une toux de fumeur), l’es-
                           était trop mal en point ».            soufflement (dyspnée), une sensation de serrement
                                                                 à la poitrine, ou une respiration sifflante ou accom-
                            Chris ne peut plus travailler
                                                                 pagnée de couinements. Une personne atteinte de
                            dans le domaine de la
                                                                 MPOC peut ne pas se rendre compte qu’elle est
                            construction et de la réfec-
                                                                 essoufflée fréquemment jusqu’à ce qu’elle ait de la
                            tion des toitures, un emploi
                                                                 difficulté à effectuer des activités banales, telles que
                            qu’il aimait. Désormais,
                                                                 monter les escaliers. Souvent, les personnes atteintes
                            les tâches quotidiennes
                                                                 de MPOC ont aussi une autre maladie, comme une
                            commandent également un
                                                                 maladie cardiovasculaire, une maladie mentale, une
                            grand effort. Il affirme qu’il lui
                                                                 maladie musculo-squelettique, un cancer ou
                            faut 30 minutes pour se raser
                                                                 le diabète.
                            le matin. Il s’est déjà senti si
                            faible qu’il est tombé et s’est      Une sensibilisation accrue de la population cana-
frappé la tête. Voici quelques-unes des leçons de vie            dienne et les fournisseurs de soins de santé à la
qu’il a retenues depuis qu’il est atteint de MPOC :              MPOC, à ses facteurs de risque et à ses symptômes
                                                                 permettra de poser un diagnostic précoce et d’avoir
L’essoufflement n’appartient pas à la même                       une meilleure compréhension de la maladie. Il s’agit
catégorie que les rides                                          également d’éduquer les personnes atteintes de
Malgré ses antécédents de tabagisme, Chris pensait               MPOC, leurs aidants et leurs fournisseurs de soins
que son essoufflement était simplement attribuable               de santé, sur l’utilisation appropriée des médicaments
au fait qu’il vieillissait. Il avait tort. Au moment où il       et des dispositifs, ainsi que sur les outils tels que
a été reçu son diagnostic de MPOC, la maladie était              les plans d’action contre la MPOC et les innovations
déjà assez grave, comme c’est souvent le cas.                    technologiques en cybersanté. L’éducation est une
                                                                 étape essentielle pour réduire les coûts et atténuer
Il n’y a rien de mieux que l’espoir                              les pressions liées aux soins de santé et permet aux
                                                                 patients de participer de manière active à leurs soins
Lorsqu’une transplantation pulmonaire est devenue                et de mieux gérer leur maladie.
l’une des options thérapeutiques possibles, Chris a
pris la difficile décision de déménager de Kingston, sa          Bien qu’il n’y ait pas de remède contre la MPOC,
ville natale, pour emménager dans l’appartement de sa            les tests diagnostiques, les traitements appropriés
fille Chelsea à Toronto. Il était tout simplement logique        et le soutien des patients, ainsi que certains change-
de vivre plus près de ses spécialistes, du programme             ments dans le mode de vie, peuvent ralentir sa
de réadaptation de l’Hôpital Western de Toronto et,              progression et aider les patients à se sentir mieux
surtout, de la clinique de transplantation pulmonaire            et à demeurer actifs. L’accès aux médecins, aux tests,
de l’Hôpital général de Toronto, où il sentait qu’il             au soutien ainsi qu’à des traitements efficaces favori-
pouvait être « entendu et vu » par ses médecins.                 sera la pose d’un diagnostic précis et la prise
                                                                 en charge adéquate de la MPOC.
Apprendre à surmonter les difficultés                            Aidons le million manquant offre un aperçu des indi-
S’il avait reçu son diagnostic plus tôt, Chris aurait            cateurs relatifs au diagnostic et au traitement de la
été sur la liste des transplantations pulmonaires                MPOC, et recense les lacunes et les défis. Il contient
beaucoup plus rapidement (il l’a finalement été).                également des recommandations stratégiques qui
Cependant, il a développé une autre maladie pulmo-               visent à atténuer les pressions sur le système de santé
naire – le complexe Mycobacterium avium (MAC).                   et à améliorer la vie des Canadiens atteints de MPOC.
Le MAC est une infection opportuniste qui profite
d’un système immunitaire affaibli. Pis encore, il a été
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TABLE DES MATIÈRES
       Accès aux professionnels de la santé................................................................................................. 2
          Accès à un fournisseur de soins primaires...............................................................................................................................2
          Accès aux pneumologues...............................................................................................................................................................2

       Diagnostic..................................................................................................................................................3
          Accès à la spirométrie......................................................................................................................................................................3
          Temps d’attente moyen pour la spirométrie........................................................................................................................... 4

       Traitement.................................................................................................................................................5
          Pratiques de prescription................................................................................................................................................................5
          Tendances pharmacologiques dans le traitement de la MPOC........................................................................................5
             Alberta............................................................................................................................................................................................................6
             Québec...........................................................................................................................................................................................................6
             Ontario............................................................................................................................................................................................................ 7
             Résultats globaux des études sur les tendances pharmacologiques.................................................................................... 7

       Adhésion et observance........................................................................................................................8
       Assurance-médicaments........................................................................................................................9
          Modèles provinciaux de facturation des médecins, y compris des incitatifs
          pour les médecins qui traitent des patients atteints de MPOC...................................................................................... 9

       Alléger le fardeau de la maladie pour les patients........................................................................ 10
          Technologie de cybersanté et programmes novateurs de prise en charge de la MPOC.....................................10
          Connaissance et utilisation des programmes de soutien et de prise en charge...................................................... 11
             Réadaptation pulmonaire........................................................................................................................................................................11
             Approche multidisciplinaire des soins...............................................................................................................................................12
          Rôle du pharmacien communautaire en matière de soins contre la MPOC.............................................................. 12
          Vaccination antigrippale et vaccination antipneumococcique chez les personnes atteintes de MPOC ...... 13
          Tabagisme et MPOC ....................................................................................................................................................................... 13
          Soins palliatifs pour les personnes atteintes de MPOC.....................................................................................................14

       Coûts de la MPOC.................................................................................................................................. 14
          Coûts directs de la MPOC (médicaments, hôpitaux, médecins)...................................................................................14
          Coûts indirects de la MPOC..........................................................................................................................................................14

       Recommandations................................................................................................................................. 15
          Assurer un diagnostic plus précis grâce à un accès accru à la spirométrie.............................................................. 15
          Intensifier les efforts d’éducation et de sensibilisation relatifs aux facteurs de risque
          et aux symptômes de la MPOC pour favoriser un diagnostic en temps opportun et la prévention ..............16
          Augmenter l’accès aux programmes de réadaptation pulmonaire et d’éducation .............................................16
          Renforcer l’autonomie des patients atteints de MPOC et de leur famille grâce à l’utilisation
          d’un plan de soins écrit pour la MPOC..................................................................................................................................... 17
          Élaborer des programmes éducatifs et des outils cliniques contribuant à assurer la prestation
          de soins de haute qualité aux personnes atteintes de MPOC ....................................................................................... 17

       Une voie à suivre.................................................................................................................................... 18
       Annexes..................................................................................................................................................... A
       Sources...................................................................................................................................................... N
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ACCÈS AUX PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ
                      ACCÈS À UN FOURNISSEUR                             ACCÈS AUX
                      DE SOINS PRIMAIRES                                 PNEUMOLOGUES
                      Il est extrêmement important que les               Selon la Base de données médicales Scott’s,
                      Canadiens aient accès à un fournisseur de          le Canada compte deux médecins pneu-
                      soins primaires (un médecin de famille,            mologues (non pédiatriques) pour 100 000
                      une infirmière praticienne ou un médecin           personnes, et un total de 701 pneumologues
                      généraliste). Notre sondage auprès des             dans tout le pays. À titre de comparaison,
                      patients atteints de MPOC a révélé que 48 %        le Canada compte quatre cardiologues (non
                      des répondants avaient reçu un diagnostic          pédiatriques) pour 100 000 personnes12.
                      de MPOC auprès d’un médecin généraliste.           Selon le nombre estimé de personnes
                      Un fournisseur de soins primaires est égale-       atteintes de MPOC au Canada et le nombre
                      ment la première étape pour l’aiguillage           déclaré de pneumologues non pédiatriques,
                      vers un spécialiste recherché. L’Enquête sur       le Canada compte environ 3,5 pneumologues
                      les personnes ayant une maladie chronique          (non pédiatriques) pour 10 000 personnes
                      au Canada de 2011 a révélé que 78 % des            atteintes de MPOC. Les experts estiment
                      personnes atteintes de MPOC ont déclaré            que ce nombre est très bas.
                      qu’au-delà du diagnostic, leur médecin
                      généraliste était le principal responsable         Cependant, l’accès à des pneumologues
                      de leurs soins9. Une étude réalisée en 2019        diffère grandement d’une province à l’autre.
                      a révélé que 89,6 % des personnes chez qui         Par exemple, selon les données de 2017
                      la MPOC a été diagnostiquée par un médecin         de l’Association médicale canadienne, le
                      ont consulté un médecin de soins primaires,        Québec compte 3 pneumologues (adultes et
                      alors que seulement 10,7 % ont consulté            enfants) pour 100 000 habitants, tandis que
                      un pneumologue10.                                  le Nouveau-Brunswick en compte 0,913. Le lieu
                                                                         de résidence constitue également un facteur
                      L’équité des soins est influencée par deux         important. En Saskatchewan par exemple,
                      facteurs clés : la répartition géographique        les 23 pneumologues (non pédiatriques)
                      et le nombre de spécialistes auxquels les          travaillent dans les anciennes régions sani-
                      patients ont accès. Cette réalité est particu-     taires de Saskatoon et de Regina Qu’Appelle,
                      lièrement évidente dans un territoire comme        ce qui signifie que certains résidents doivent
                      le Yukon où on dénombre 173 médecins par           parcourir des centaines de kilomètres pour
                      100 000 habitants. Il s’agit d’un bon taux         consulter un pneumologue. Des 93 pneumo-
                      comparé à d’autres régions du Canada. Toute-       logues (non pédiatriques) que compte
                      fois, la répartition géographique et le faible     la province d’Alberta, 77 exercent à Calgary
                      nombre de spécialistes ont une incidence sur       et à Edmonton (83 %).
                      l’accès aux soins pour les patients. En effet,
                      un faible nombre de spécialistes amène les         L’accès aux pneumologues est important.
                      médecins de famille ou les médecins général-       Selon notre sondage réalisé auprès des
                      istes à effectuer les types de tâches qui          médecins sur la MPOC, 77 % de médecins
                      seraient normalement réservées aux spécial-        spécialistes estiment qu’ils sont très bien
                      istes, ce qui se traduit par un besoin accru de    équipés pour traiter les questions des
                      médecins pour offrir le même niveau de soins       patients atteints de MPOC, contre 19 %
                      que dans d’autres régions.                         des généralistes. De plus, moins de la
                                                                         moitié des médecins généralistes inter-
                      Les chiffres ci-dessous illustrent l’écart entre   rogés possèdent l’équipement nécessaire
                      les provinces et les territoires en matière        pour effectuer des tests de spirométrie
                      d’accès à un fournisseur de soins primaires.       dans leur cabinet (46 % contre 89 % chez
                      En 2017, le Canada comptait 44 192                 les spécialistes), équipement qui, selon les
                      médecins de famille. Le nombre de médecins         lignes directrices de la Société canadienne
                      par 100 000 habitants était de 12011. Mais         de thoracologie (SCT), est nécessaire
                      ces taux variaient, avec 66 médecins pour          pour un diagnostic approprié de la MPOC.
                      100 000 habitants à l’Interlake-Eastern            Ce sondage a également révélé que les
                      Regional Health Authority au Manitoba et           médecins généralistes se sentent beaucoup
                      175 médecins pour 100 000 habitants à East         moins outillés pour interpréter les résultats
                      Kootenay, en Colombie-Britannique.                 des tests de spirométrie.

2 | HELPING THE MISSING MILLION
Notre sondage réalisé auprès des médecins            grands centres urbains. Dans les provinces
       sur la MPOC a révélé que près de la moitié           de l’Atlantique, les médecins ont indiqué
       des patients ont attendu moins de trois mois         que la grande majorité des patients atten-
       pour consulter un pneumologue, tandis qu’en-         daient plus de trois mois. Dans tout le pays
       viron la moitié ont attendu plus de trois mois.      par contre, seuls 10 % des médecins ont
       Dans les régions rurales, 78 % des patients          indiqué avoir des patients qui attendent plus
       attendent au moins trois mois pour consulter         de six mois; ce nombre était de 40 % dans
       un pneumologue, contre 43 % de ceux des              le Canada atlantique.

DIAGNOSTIC
       Chris Leaman, qui travaillait dans le domaine         sur les fumeurs, certains cas de MPOC pour-
       de la construction et de la réfection de              raient échapper au diagnostic. Des études
       toitures, était de plus en plus essoufflé au          ont également révélé que des patients
       travail. Il pensait que c’était tout à fait normal    souffrant de toux, d’essoufflement et d’une
       avec la vieillesse, mais il avait tort. Lorsque       réduction de la tolérance à l’effort peuvent
       Chris s’est inscrit pour participer à une étude       recevoir un diagnostic erroné d’asthme15.
       clinique qui comprenait un test respiratoire
       hebdomadaire, il en a été immédiatement
       exclu parce que « sa fonction pulmonaire
       était trop mal en point ». Il a rapidement
                                                             ACCÈS À LA SPIROMÉTRIE
       découvert qu’il souffrait de MPOC. Au                 Un test de spirométrie, encore appelé test
       moment où il a reçu son diagnostic de                 de la fonction respiratoire ou test de la
       MPOC, comme c’est généralement le cas,                fonction pulmonaire, permet de vérifier le
       la maladie était déjà à un stade avancé.              fonctionnement des poumons d’un patient
                                                             et de mesurer le débit d’air, y compris le
       Bien qu’on estime à deux millions le nombre           volume d’air qu’un patient peut expulser
       de Canadiens ayant reçu un diagnostic de              de ses poumons et la rapidité à laquelle
       MPOC14, pas moins d’un million de personnes           il peut le faire. Selon les lignes directrices
       pourraient être atteintes de cette maladie            de la Global Initiative for Chronic Obstruc-
       sans le savoir. De nombreuses personnes               tive Lung Disease (Initiative mondiale pour
       peuvent ne pas connaître le MPOC ni ses               la maladie pulmonaire obstructive chro-
       symptômes ou croire que certains des                  nique; GOLD), la spirométrie constitue le
       symptômes en question font partie du                  test de référence pour mesurer la fonction
       processus normal de vieillissement ou sont            pulmonaire avec exactitude et de manière
       liés au tabagisme. En effet, notre sondage            reproductible. La spirométrie permet de
       auprès de patients atteints de MPOC a révélé          confirmer le diagnostic de MPOC chez les
       que plus de la moitié (56 %) des répondants           patients présentant certains antécédents et
       ignoraient jusque-là l’existence de cette             symptômes et qui sont exposés à la fumée
       maladie avant d’avoir reçu leur diagnostic.           de cigarette ou à d’autres irritants pulmo-
                                                             naires. La spirométrie peut également être
       Étant donné que les patients sont suscep-
                                                             utilisée pour vérifier si un traitement est effi-
       tibles de ne pas signaler les symptômes
                                                             cace16. Outre le sous-diagnostic, l’absence de
       dès les premiers stades de la maladie, il
                                                             test de spirométrie peut également entraîner
       est probable que le diagnostic soit posé
                                                             le surdiagnostic de la MPOC, ce qui peut
       seulement lorsque la maladie a progressé.
                                                             avoir pour conséquence que l’on administre
       De plus, le manque de connaissances des
                                                             des traitements inutiles ou qu’une autre
       médecins sur les premiers signes de la MPOC
                                                             maladie ne soit pas décelée et traitée.
       entraîne souvent un sous-diagnostic ou un
       diagnostic erroné de cette maladie, ce qui            Selon les informations contenues dans un
       peut entraîner une piètre qualité de vie et           article publié dans le Journal de l’Associa-
       possiblement une évolution plus rapide de             tion médicale canadienne, le non-recours à
       cette maladie. Bien que le tabagisme soit             la spirométrie est associé à des tendances
       la principale cause de la MPOC, d’autres              sous-optimales en matière de prescription,
       facteurs de risque existent; par conséquent,          d’abandon du tabac et d’aiguillage vers des
       si les médecins mettent uniquement l’accent           spécialistes. Cet article a également constaté

                                                      IMPROVING THE DIAGNOSIS AND TREATMENT OF COPD | 3
que l’utilisation du test de spirométrie         que d’autres en comptent un ou deux. Par
                      au moment du diagnostic entraîne une             exemple, à Terre-Neuve, l’Eastern Regional
                      baisse du risque d’admission des patients à      Health compte 1,88 laboratoire pour 100
                      l’hôpital pour cause de MPOC ou de décès         000 habitants, alors qu’on dénombre 8,1
                      dans un centre de soins ambulatoires. Les        laboratoires pour 100 000 habitants pour
                      tests de spirométrie ont également été           la Labrador-Grenfell Regional Health. Ces
                      associés à une augmentation de l’ajout de        types de disparités montrent clairement
                      bronchodilatateurs à longue durée d’ac-          qu’un diagnostic approprié peut constituer
                      tion et de corticostéroïdes bêta-agonistes       un obstacle pour un patient vivant dans une
                      inhalés à longue durée d’action, ce qui          région qui compte moins de laboratoires
                      pourrait indiquer que ces tests ont entraîné     de spirométrie, comparativement à d’autres
                      de meilleurs résultats pour la santé. Cette      régions de la même population. L’accès à
                      même étude a révélé que seulement 30             un laboratoire fournissant la spirométrie est
                      % à 50 % des patients chez qui la MPOC           important pour les patients, car certains
                      a été diagnostiquée par un médecin sont          médecins n’en offrent pas dans leur cabinet.
                      évalués à l’aide d’un test de spirométrie, et    Cela renvoie également à l’idée selon laquelle
                      ce, malgré les recommandations exigeant          la répartition géographique et le nombre de
                      que tous les patients chez lesquels la MPOC      laboratoires conditionnent la capacité d’un
                      est soupçonnée doivent subir un test de          patient à recevoir un diagnostic approprié
                      spirométrie afin de confirmer le diagnostic17.   de MPOC.
                      Notre sondage auprès de patients atteints
                      de MPOC a révélé que les symptômes de
                      20 % des répondants n’avaient pas fait l’objet   TEMPS D’ATTENTE MOYEN
                      d’un examen formel; et parmi les patients        POUR LA SPIROMÉTRIE
                      ayant subi cet examen (79 %), seulement
                      44 % ont été évalués à l’aide d’un test de       Selon notre sondage mené auprès des
                      spirométrie. De plus, 40 % des patients          patients atteints de MPOC et ayant subi
                      atteints de MPOC ont déclaré avoir subi          un test de spirométrie, 77 % des répondants
                      des tests de spirométrie lors des contrôles      ont indiqué avoir attendu moins de trois
                      médicaux au cours de l’année chez leurs          mois, alors que 16 % des répondants ont dû
                      médecins (59 % ont déclaré avoir subi un         attendre plus de trois mois (7 % ont déclaré
                      examen physique et 34 % ont subi des radi-       ne plus s’en souvenir ou n’ont pas répondu).
                      ographies pulmonaires). Dans le cadre d’une      Une étude auprès des régions sanitaires
                      étude portant sur des personnes ayant reçu       dans tout le pays révèle que le temps d’at-
                      un diagnostic de MPOC en Ontario entre           tente moyen pour les tests de spirométrie
                      2000 et 2010, 35 % d’entre eux avaient subi      au Canada est de 4,51 semaines (selon les
                      un test de spirométrie au cours de l’année       régions qui ont répondu). Il s’agit de l’attente
                      précédant ou suivant leur diagnostic18.          pour les tests non urgents, d’après la limite
                      La disponibilité des centres offrant la          inférieure de l’attente moyenne déclarée par
                      spirométrie varie d’une province à l’autre       les régions sanitaires (par exemple, si une
                      et même d’une région sanitaire à l’autre.        région a déclaré deux à quatre semaines, ce
                      En règle générale, de nombreuses régions         calcul a utilisé le chiffre de deux semaines).
                      du Canada comptent entre trois et sept           Lorsqu’on examine la limite supérieure des
                      laboratoires pour 100 000 habitants, tandis      temps d’attente moyens déclarés,
                                                                       la moyenne est de 8,01 semaines.

4 | HELPING THE MISSING MILLION
PARMI CEUX QUI ONT ÉPROUVÉ DES SYMPTÔMES
                                DE LA MPOC, SEULEMENT

                                        44%
           ONT SUBI UN TEST DE SPIROMÉTRIE
        POUR ÉVALUER CES SYMPTÔMES DE FAÇON
                 PLUS APPROFONDIE.

TRAITEMENT
       Selon les lignes directrices de la SCT, la
       prise en charge de la MPOC doit viser une
                                                         PRATIQUES DE
       approche globale, notamment l’éducation           PRESCRIPTION
       des patients et de leur famille, l’abandon du     Dans notre enquête sur la MPOC, 92 % des
       tabac, la vaccination, les médicaments et         médecins (médecins généralistes, pneumo-
       la réadaptation pulmonaire. Si la MPOC ne         logues et spécialistes en médecine interne)
       peut être guérie, elle peut tout de même être     interrogés se sont dits assez ou très à l’aise
       traitée à chaque stade afin d’atténuer les        avec l’algorithme de traitement recommandé
       symptômes, d’accroître la capacité à mener        dans les lignes directrices de la SCT sur la
       à bien ses activités et d’améliorer la qualité    MPOC. Douze pour cent (12 %) des médecins
       de vie19.                                         interrogés déclarent respecter constamment
                                                         les lignes directrices de la SCT (21 % de
                                                         spécialistes et 9 % de médecins généralistes)

                                                   IMPROVING THE DIAGNOSIS AND TREATMENT OF COPD | 5
lorsqu’ils prescrivent des médicaments aux         traitement améliore la santé, atténue les
                      patients atteints de MPOC. Des 87 % des            symptômes (p. ex. essoufflement, toux et
                      médecins interrogés qui ne suivent pas             expectorations) et diminue la fréquence
                      toujours les lignes directrices de la SCT, 64 %    et la gravité des exacerbations et des
                      d’entre eux affirment les suivre la plupart du     hospitalisations21.
                      temps, 22 % déclarent les suivre parfois et
                      2 % indiquent ne jamais les suivre. Parmi tous     En raison de l’importance du sujet, l’Associ-
                      les médecins interrogés, 19 % ont déclaré          ation pulmonaire a commandé trois études
                      suivre d’autres lignes directrices, le plus        de recherche en vue de décrire les tendances
                      souvent les lignes directrices GOLD.               en matière de traitements pharmacologiques
                                                                         offerts aux patients ayant reçu un diagnostic
                      Les facteurs pouvant influer sur les               récent de MPOC en Alberta, en Ontario
                      mauvaises pratiques de prescription incluent       et au Québec.
                      la familiarité du fournisseur et les contraintes
                      de temps. Par exemple, notre sondage               Les tendances en matière de traitements
                      auprès des médecins sur la MPOC a révélé           pharmacologiques de la MPOC sont très peu
                      que pour la plupart des médecins, le statut        connues à ce jour au Canada, où un système
                      de remboursement des médicaments contre            de soins de santé universellement couvert
                      la MPOC a une incidence sur leur approche          dessert une population de plus de 37 millions
                      en matière de prescription, surtout car il         d’habitants. Ces études de recherche décrivent
                      limite les options disponibles; en outre, il       l’utilisation des traitements pharmacologiques
                      ajoute des délais administratifs au processus.     offerts aux patients ayant reçu un diagnostic
                      Un quart de tous les médecins généralistes         récent de MPOC en Alberta, en Ontario et au
                      interrogés ont mentionné cet obstacle, de          Québec par rapport aux recommandations
                      même que 43 % des médecins au Québec.              des lignes directrices de la SCT.

                      Une étude américaine a révélé que sur 1 721        Selon les lignes directrices de la SCT22,
                      patients atteints de MPOC, la moitié des           chez les patients atteints de MPOC symp-
                      régimes de traitement étaient conformes            tomatique stable, le traitement devrait
                      aux recommandations thérapeutiques GOLD.           commencer uniquement par l’inhalation
                      Chez les participants dont les régimes de          d’un antagoniste muscarinique à longue
                      traitement n’étaient pas conformes aux             durée d’action (AMLA) ou d’un bêta-ag-
                      recommandations GOLD, 46 % ont déclaré             oniste à longue durée d’action (BALA).
                      une sous-utilisation du traitement, princi-        Dans les cas où la dyspnée, l’intolérance à
                      palement en raison du manque d’inhalateurs         l’effort et la détérioration de l’état de santé
                      à longue durée d’action. Des 54 % des              persistent ou augmentent, une intensifica-
                      participants ayant indiqué une surutilisa-         tion du traitement devrait être envisagée
                      tion, 95 % ont été soumis à des régimes de         pour ces patients en combinant l’inhalation
                      traitement inappropriés par corticostéroïdes       d’un AMLA à celle d’un BALA en double
                      inhalés (CSI). Les participants ayant signalé      thérapie. Dans le cas des patients atteints de
                      une sous-utilisation du traitement étaient         MPOC stable présentant des exacerbations,
                      plus susceptibles d’avoir une obstruction          une intolérance à l’effort ou une détériora-
                      plus grave, de présenter plus de symptômes         tion de leur état de santé malgré un double
                      et d’avoir une fréquence supérieure d’exacer-      traitement par ACLA et BALA, l’intensifi-
                      bations de la MPOC20.                              cation du traitement par l’ajout d’un AMLA
                                                                         au traitement CSI/BALA en trithérapie peut
                                                                         être envisagée. Chez les patients atteints de
                                                                         MPOC stable dont la dyspnée, l’intolérance à
                      TENDANCES                                          l’effort ou l’état de santé ne s’améliorent pas
                      PHARMACOLOGIQUES                                   malgré un traitement par inhalation triple
                                                                         ou double par AMLA et BALA, la « diminu-
                      DANS LE TRAITEMENT                                 tion graduelle » du traitement pourrait être
                      DE LA MPOC                                         envisagée pour certains patients. Toutefois,
                                                                         ces patients doivent être sous supervision
                      Le traitement pharmacologique est                  médicale étroite pour tout signe de détéri-
                      un élément important de la prise en charge         oration clinique. Les BALA et les AMLA
                      efficace de la MPOC lorsqu’il est associé à        sont privilégiées par rapport aux bêta-ag-
                      des solutions non pharmacologiques, comme          onistes à courte durée d’action (BACA) ou
                      l’abandon du tabac, l’activité physique et         aux antagonistes muscariniques à courte
                      la réadaptation pulmonaire. En effet, ce           durée d’action (AMCA) pour le traitement

6 | HELPING THE MISSING MILLION
d’entretien régulier, sauf chez les individus      observance chez les patients ambulatoires
moins symptomatiques. Les corticostéroïdes         (47,6 % en 2010 contre 53 % en 2016; voir la
inhalés (CSI) en monothérapie ne doivent           figure 6 en annexe).
pas
être utilisés chez les patients atteints de        Les BACA et l’association AMLA/CSI sont
MPOC stable.                                       les deux médicaments les plus couramment
                                                   prescrits, soit 60,5 % et 41,6 % respectivement
                                                   (voir figure 7 en annexe). Environ un cinquième
                                                   des patients ont reçu un CSI sans BALA ou en
Alberta                                            monothérapie. L’association BALA/AMLA dans
                                                   un seul appareil a été utilisée pour la première
Des chercheurs ont lié les bases de données        fois en 2014 (0,3 %) et a été multipliée par 10
en santé de l’Alberta23 afin de recenser les       en trois ans seulement. Cependant, 15,3 % des
cas nouveaux de patients (MPOC nouvel-             patients ont commencé le traitement avec l’as-
lement diagnostiquée) âgés de 35 ans et            sociation BALA et AMLA; l’utilisation de cette
plus entre avril 2010 et mars 2017. Les cas        association a été multipliée par trois chez les
qualifiés de « nouveaux » correspondent            patients hospitalisés (29,5 %)
aux patients n’ayant pas été hospitalisés ou       par rapport aux patients ambulatoires (9 %).
n’ayant pas consulté en externe pour une           Le pourcentage de patients qui prennent des
MPOC au cours des deux années précé-               médicaments d’entretien a considérablement
dentes. Les patients ont été classés en            baissé, passant de 76,4 % la première année à
deux catégories : (1) cas nouveaux dans            59,7 % la deuxième année suivant l’événement.
un hôpital et (2) cas nouveaux dans une            Ce pourcentage est demeuré relativement
clinique externe. On a examiné l’utilisation de    stable
médicaments contre la MPOC pendant 30              les années suivantes.
jours après l’événement et l’observance du
traitement d’entretien au fil du temps.

Résultats de l’étude                               Quebec
Cette étude ciblée auprès de patients              Cette étude a utilisé les bases de données de
atteints de MPOC montre que l’amorce               la Régie de l’assurance maladie du Québec
et l’observance du traitement d’entre-             (RAMQ), le comité qui administre le régime
tien après l’événement sont faibles, mais          universel d’assurance maladie pour les huit
qu’elles s’améliorent légèrement au fil du         millions d’habitants de la province de Québec.
temps. Parmi les patients ayant reçu un            La base de données Med-Echo comprend des
nouveau diagnostic de MPOC, 43,7 % n’ont           renseignements provenant des sommaires
pas commencé à prendre un médicament               normalisés sur les congés des patients. Les
contre la MPOC dans les 30 jours suivant           services médicaux rendus, ainsi que les codes
le diagnostic et 14,5 % n’en ont pas pris          de diagnostic de la CIM-9, sont compilés
pendant la période à l’étude. Au cours de la       dans la base de données des réclamations
période couverte par l’étude, la proportion        des médecins. La base de données sur les
de patients qui ont commencé à prendre             médicaments d’ordonnance comprend les
des médicaments contre la MPOC dans les            ordonnances délivrées en consultation externe
30 jours suivant le diagnostic a augmenté          à toutes les personnes âgées de 65 ans ou
(52,7 % en 2010, contre 56,6 % en 2016).           plus, aux assistés sociaux et à tous les autres
Cette hausse se confirme particulière-             résidents qui choisissent de participer au
ment en milieu hospitalier (56,8 % en 2010         régime provincial d’assurance-médicaments,
contre 67 % en 2016). Les patients admis à         qui couvre environ la moitié de la population
l’hôpital étaient moins susceptibles de ne         du Québec. La cohorte à l’étude
pas amorcer de traitement médicamenteux            a été formée en recensant tous les patients
(36,3 %) que les patients ambulatoires (46,4       ayant trois ordonnances ou plus de médica-
%). Ce constat peut s’expliquer par le fait        ments d’entretien respiratoire (BALA, AMLA
que la MPOC est plus grave chez les patients       et CSI) délivrées au cours d’une période d’un
hospitalisés que chez les patients ambula-         an et à au moins deux dates différentes, entre
toires. Au cours de la période couverte par        2000 et 2014 (voir figure 8 en annexe). Pour
l’étude, l’observance du traitement médica-        s’assurer que les patients étaient de nouveaux
menteux pendant la première année suivant          utilisateurs, l’étude ne portait que sur les
l’événement s’est améliorée (53,4 % en 2010        patients âgés d’au moins 55 ans et n’ayant pas
contre 57,4 % en 2016) grâce à une meilleure       eu d’ordonnance pour ces médicaments au

                                             IMPROVING THE DIAGNOSIS AND TREATMENT OF COPD | 7
cours de l’année précédant la première             utilisés de façon à produire des résultats opti-
                      des trois ordonnances.                             maux chez le patient, en comparant l’utilisation
                                                                         réelle des médicaments aux recommandations
                      Résultats de l’étude                               des lignes directrices de pratique clinique.
                      Cette étude de cohorte représentative de la
                      population a suivi plus de 230 000 patients        Résultats de l’étude
                      et a constaté que plus de 80 % d’entre eux         L’étude a révélé que 46,5 % des patients
                      avaient commencé un traitement par CSI au          n’ont pas commencé à prendre un médica-
                      cours de leur première année de traitement,        ment contre la MPOC dans les 30 jours
                      que les patients aient ou non déjà présenté        suivant l’événement. Des 53,5 % de patients
                      des exacerbations. Ainsi, seulement 18 % ont       qui ont commencé à prendre des médica-
                      reçu des AMLA ou BALA sans CSI au cours            ments dans un délai de 30 jours suivant le
                      de leur première année de traitement. Les          diagnostic, les BACA (55,7 %) et les AMLA
                      chercheurs ont également constaté qu’au            (50,9 %) étaient les deux traitements les plus
                      cours de toute la période de l’étude, 13 % des     courants. Le pourcentage des patients sous
                      patients ont commencé un traitement par une        BACA a augmenté entre 2010 et 2016 (53,6
                      trithérapie BALA-AMLA-CSI au cours de la           % en 2010 contre 62,5 % en 2016). L’asso-
                      première année de traitement. Ce pourcentage       ciation BALA/AMLA n’a été utilisée qu’en
                      a augmenté au fil du temps avec, au cours          2015 (4,3 %) et le pourcentage de personnes
                      d’une année donnée, jusqu’à 21 % des patients      qui l’ont utilisée a doublé en 2016 (9,1 %).
                      commençant leur traitement par cette               Au cours de cette période, le pourcentage
                      trithérapie au cours                               des personnes sous AMLA en monothérapie
                      de leur première année de traitement. Sur          a diminué (53 % en 2010 contre 46,8 % en
                      l’ensemble de la période d’étude, 46,6 % des       2016). Les CSI en monothérapie ont été
                      patients                                           utilisés chez 17,6 % des patients et 39,6 %
                      ont commencé le traitement au cours de la          des patients ont utilisé l’association BALA/
                      première année par un BACA en monothérapie         CSI dans un seul appareil. La proportion
                      (31 % en 2000 contre 56,4 % en 2014).              de patients ayant commencé un traitement
                                                                         par CSI (monothérapie) a diminué au fil
                      L’analyse de l’observance du traitement au         du temps (19,5 % en 2010 contre 14,9 % en
                      niveau de la cohorte (et non au niveau du          2016). Les méthylxanthines étaient rarement
                      patient individuel) montre que plus de 27 %        utilisées (0,5 %)
                      des patients ne reçoivent aucune des trois
                      classes de traitement pendant les cinq années      Sans connaître la gravité de la MPOC, il
                      de suivi médical après le début du traitement.     n’a pas été possible de déterminer si les
                      Cette observation peut toutefois être due          personnes se sont fait prescrire des médica-
                      au fait que les patients n’ont pas été suivis      ments de façon appropriée, conformément
                      pendant toute l’année, contrairement à la          aux lignes directrices de pratique clinique.
                      première année, où le suivi est complet pour       L’utilisation accrue de l’association
                      tous les sujets.                                   BALA/AMLA est encourageante et serait
                                                                         conforme aux lignes directrices. Les CSI en
                                                                         monothérapie ne sont pas recommandés
                                                                         chez les patients atteints de MPOC, mais il
                      Ontario                                            est possible que ces personnes aient égale-
                                                                         ment souffert d’asthme, car le traitement par
                      Cette étude longitudinale basée sur l’obser-
                                                                         CSI est indiqué chez les patients atteints de
                      vation de la population visait à déterminer les
                                                                         MPOC et d’asthme.
                      médicaments que les personnes atteintes de
                      MPOC ont commencé à prendre peu après le
                      diagnostic. L’étude portait sur 109 373 patients
                      âgés d’au moins 65 ans et ayant reçu un            Résultats globaux des
                      nouveau diagnostic de MPOC en Ontario entre
                      2010 et 2017. Les médicaments étudiés étaient      études sur les tendances
                      les suivants : BACA, AMCA et association           pharmacologiques
                      BACA/AMCA dans un appareil; association
                      BALA/AMLA dans un appareil; association            Les données de ces trois analyses provin-
                      BALA/CSI dans un appareil; CSI et méthylx-         ciales sur l’utilisation des médicaments
                      anthines (voir figure 9 en annexe). L’objectif     contre la MPOC suggèrent qu’il est
                      était de déterminer si ces médicaments étaient     nécessaire d’améliorer l’instauration et

8 | HELPING THE MISSING MILLION
l’observance du traitement d’entretien après         médicament), alors que 47 % d’entre eux
       que les patients ont reçu un diagnostic de           ne répondaient pas aux critères des lignes
       MPOC. Ces trois analyses ont également               directrices de la SCT relatives à l’amorce d’un
       révélé des taux d’amorce du traitement avec          traitement par CSI24.
       des régimes incluant des CSI semblables ou
       supérieurs à ceux présentés précédemment             Ces résultats laissent entendre dans l’en-
       dans une étude de cohorte représentative             semble qu’il faut optimiser l’utilisation
       de la population au Manitoba. Falk et ses            de traitements fondés sur des données
       collègues ont indiqué qu’en 2012, 34 % des           probantes, améliorer la prise en charge de la
       patients ayant reçu un diagnostic récent de          MPOC et poursuivre l’éducation des prescrip-
       MPOC ont d’abord été traités par CSI (premier        teurs ainsi que l’éducation continue et efficace
                                                            des patients.

ADHÉSION ET OBSERVANCE
       Notre sondage auprès des patients atteints            voir prescrire une association de cinq à huit
       de MPOC a révélé que la plupart des patients          médicaments oraux et inhalés parmi lesquels
       prenant un traitement médicamenteux                   de nombreux médicaments nécessitent des
       suivent la posologie à la lettre (77 %). Les          schémas posologiques différents26. De plus,
       patients qui n’observent pas leur traitement          même si les patients respectent le schéma
       (22 %) sont susceptibles de prendre leurs             posologique, ils pourraient ne pas utiliser
       médicaments à une fréquence moindre                   leur inhalateur correctement. Les erreurs
       (plutôt que plus souvent). Ils sont plus jeunes       courantes comprennent le fait de s’affaler,
       (44 % chez les 40-54 ans, contre 17 % chez            de ne pas retenir sa respiration après l’inha-
       les 55 ans et plus) et fument (33 % contre            lation, de ne pas secouer la cartouche avant
       15 % chez les anciens fumeurs). Une analyse           l’utilisation et de ne pas amorcer un nouvel
       documentaire effectuée en 2013 a révélé que           inhalateur.
       les taux d’observance thérapeutique oscil-
       lent entre 41 % et 57 %25. D’autres études ont        Une publication dans le Respiratory Research
       obtenu des taux similaires. L’écart par rapport       présente deux types de non-observance
       aux résultats de notre sondage peut être              : intentionnelle et non intentionnelle. La
       attribuable à un biais d’auto-évaluation causé        non-observance « intentionnelle » est l’arrêt
       soit par une mauvaise compréhension de la             de la prise des médicaments ou la réduc-
       question ou par une volonté de déclarer des           tion de la dose délibéré lorsque le patient a
       résultats positifs.                                   l’impression qu’il se sent mieux. La non-ob-
                                                             servance « non intentionnelle » correspond
       Dans le cadre du sondage, 24 % des patients           au patient n’adhérant pas au traitement
       atteints de MPOC ont affirmé ne pas recevoir          en raison de facteurs indépendants de sa
       la meilleure série de traitements, car ils ne         volonté, par exemple, les barrières linguis-
       disposaient pas d’un régime privé d’as-               tiques ou des troubles cognitifs. Les régimes
       surance-médicaments ou que celui-ci ne                complexes et la prise de plusieurs médica-
       couvrait pas les coûts des différents types           ments sont les raisons les plus courantes
       de traitements.                                       de la non-observance. Cette publication
                                                             a évoqué des études qui ont examiné l’ef-
       Un patient peut également négliger de                 ficacité des stratégies visant à améliorer
       prendre ses médicaments s’il se sent bien;            l’observance. Même si certaines de ses
       d’autres facteurs influant sur l’observance           études ont recensé des stratégies qui ont
       du traitement comprennent le coût des                 largement accru l’adhésion, les interven-
       appareils et le nombre de médicaments                 tions multidimensionnelles ont donné les
       oraux et inhalés au cours de la journée,              meilleurs résultats, par exemple, celles qui
       ainsi que la prise de médicaments pour                englobent les rappels, l’autosurveillance et le
       d’autres maladies, comme le diabète ou                counselling.27
       l’hypertension artérielle. Le patient peut se

                                                       IMPROVING THE DIAGNOSIS AND TREATMENT OF COPD | 9
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