PCIME MODÈLE DE CHAPITRE - La prise en charge intégrée des maladies de l'enfant

 
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WHO/FCH/CAH/01.01
                                       DISTR.: GENERALE
                                      ORIGINAL: ANGLAIS

MODÈLE DE CHAPITRE
POUR LES MANUELS

PCIME
La prise en charge
intégrée des maladies
de l’enfant

Organisation mondiale de la Santé
Santé et développement de l’enfant
et de l’adolescent (CAH)

2001
© Organisation mondiale de la Santé, 2001
Ce document n’est pas une publication officielle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
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▼ iii

Tables de matières

La prise en charge intégrée des maladies de l’enfant                                  1
   Tous les enfants n’ont pas les mêmes chances de vivre en bonne santé               1
   Les raisons d’effectuer une prise en charge sur la base des syndromes constatés    2
   Les composantes de la stratégie intégrée                                           3
   Les principes de la prise en charge intégrée                                       3
   L’adaptation des directives à la situation locale                                  4
   La procédure de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant               4
          Le centre de santé ambulatoire                                              6
          L’établissement de soins plus spécialisés                                   6
          Le traitement approprié à domicile                                          6

La prise en charge ambulatoire des enfants âgés de 2 mois à 5 ans                     7
   L’évaluation des enfants malades                                                   7
       L’entretien avec la personne qui s’occupe de l’enfant                          7
       La recherche des signes généraux de danger                                     7
       La vérification des principaux symptômes                                       8
          La toux ou les difficultés respiratoires                                    8
          La diarrhée                                                                 10
          La fièvre                                                                   13
          Les affections de l’oreille                                                 17
       L’évaluation de l’état nutritionnel – la malnutrition et l’anémie              18
       L’évaluation de l’alimentation de l’enfant                                     19
       La vérification du statut vaccinal                                             20
       L’évaluation des autres problèmes                                              20
   La conduite thérapeutique pour traiter l’enfant malade                             21
       L’hospitalisation des enfants âgés de 2 mois à 5 ans                           21
       Le traitement au dispensaire                                                   22
          Les médicaments administrés par voie orale                                  22
          Les traitements des infections locales                                      26
          Les conseils à donner à la mère ou à la personne qui s’occupe de l’enfant   26
          Les soins de suivi                                                          28
iv ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

La prise en charge ambulatoire des nourrissons âgés de 1 semaine à 2 mois                30
   L’évaluation des nourrissons malades                                                  30
       La recherche des principaux symptômes                                             30
           L’infection bactérienne                                                       30
           La diarrhée                                                                   31
           Les problèmes d’alimentation ou l’insuffisance pondérale                      32
       La vérification de l’état vaccinal                                                33
       L’évaluation des autres problèmes                                                 33
   La conduite thérapeutique pour traiter le nourrisson malade                           33
       Le transfert du nourrisson âgé de 1 semaine à 2 mois                              33
       Le traitement ambulatoire au dispensaire                                          33
           Les médicaments donnés par voie orale                                         33
           Le traitement des infections locales                                          33
           Les conseils à donner à la mère ou à la personne qui s’occupe du nourrisson   34
           Les soins de suivi                                                            35

Les principes régissant la prise en charge des enfants malades dans un petit hôpital     36
▼1

La prise en charge intégrée des maladies de l’enfant

Tous les enfants n’ont pas les mêmes                                      par des infections respiratoires aiguës (surtout la
chances de vivre en bonne santé                                           pneumonie), la diarrhée, la rougeole, le paludisme
                                                                          ou la malnutrition—ou, souvent, par une combi-
Bien que, dans l’ensemble, le nombre annuel de
                                                                          naison de ces affections (figure 1).
décès d’enfants de moins de 5 ans ait diminué de
près d’un tiers depuis les années 1970, cette ré-                         Selon des projections fondées sur une analyse
duction n’est pas uniforme. Selon le Rapport sur la                       effectuée en 1996 et intitulée The Global Burden of
Santé dans le Monde 1999,1 les enfants des pays à                         Disease (La charge de morbidité mondiale),2 ces
revenu faible ou moyen ont dix fois plus de risque                        affections demeureront les principales causes de
de mourir avant leur 5e année que les enfants qui                         mortalité infantile jusqu’en 2020, à moins d’une
habitent dans les États industrialisés. En 1998, le                       intensification considérable des efforts déployés
taux de mortalité infantile dépassait encore 100                          pour les éliminer.
par 1000 naissances d’enfants vivants dans plus                           Les taux de mortalité des nourrissons et des jeu-
de 50 pays.                                                               nes enfants constituent de bons indicateurs de la
Dans ces pays, chaque année, plus de 10 millions                          pauvreté et des inégalités. Il n’est pas surprenant
d’enfants meurent avant leur cinquième anniver-                           de trouver que les enfants qui sont le plus souvent
saire. Sept sur 10 de ces morts sont provoquées                           et le plus gravement malades, qui souffrent de
                                                                          malnutrition et risquent le plus de mourir de leur
                                                                          maladie appartiennent aux couches les plus vul-
Figure 1. Causes de décès de 10,5 millions d’enfants de moins             nérables et les plus défavorisées de la population
de 5 ans dans tous les pays en développement en 1999                      des pays à bas revenu. Toutefois, même dans les
                                      Paludisme                           pays à revenu moyen et dans les pays dits «indus-
                                         7%                               trialisés», il existe maintes régions désavantagées
            Autres                                  Rougeole              où la mortalité infantile reste élevée. Des millions
             28%                                      8%
                                                                          d’enfants y sont pris dans le cercle vicieux de la
                                                                          pauvreté et de la maladie—la pauvreté causant la
                                                               Diarrhée
                                                                 15%      détérioration de la santé et la maladie entretenant
                                                                          la pauvreté.
                              Malnutrition
                                 54%                                      La qualité des soins est un autre indicateur im-
VIH/Sida                                                                  portant des inégalités constatées dans la santé des
  3%                                                                      enfants. Chaque jour, des millions de parents cher-
                                                                          chent à faire soigner leur enfant malade qu’ils
        Périnatales                                   Pneumonie           amènent à l’hôpital, dans un dispensaire ou une
           20%                                           19%
                                                                          pharmacie, chez le médecin ou le guérisseur tradi-
                                                                          tionnel. Les études révèlent que, dans de nombreux
1
    Organisation mondiale de la santé. Rapport sur la Santé dans
                                                                          cas, les agents de santé n’évaluent et ne traitent
    le Monde 1999—Pour un réel changement. Genève, OMS, 1999.             pas correctement la ou les maladies de l’enfant et
2
    Murray CJL et Lopez AD. The global burden of disease: a               ne donnent pas de conseils appropriés aux parents.3
    comprehensive assessment of mortality and disability from diseases    Dans les pays à bas revenu, les établissements de
    injures, and risk factors in 1990 and projected to 2020. Genève,
    Organisation mondiale de la santé , 1996.                             santé de premier niveau possèdent peu de moyens
3
    Organisation mondiale de la santé. Rapport de la division de
                                                                          de poser des diagnostics—tels que des appareils
    la santé et du développement de l’enfant 1996–1997. Genève,           de radiologie et des laboratoires—ou n’en ont pas
    OMS, 1998.                                                            du tout; en outre, ils manquent aussi souvent de
2 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

médicaments et d’équipement. Ce fait, ainsi que          vélée très efficace, de plus en plus de données
l’afflux irrégulier de patients ne permettent guère      montrent que, pour obtenir de meilleurs résultats,
aux médecins qui travaillent à ce niveau de prati-       il faut procéder à une prise en charge mieux inté-
quer des actes cliniques compliqués. En général,         grée de l’enfant malade. Les programmes de santé
ils doivent s’en remettre aux antécédents, aux           infantile doivent non plus se concentrer sur des
signes et aux symptômes pour déterminer la prise         maladies isolées, mais porter sur l’ensemble de la
en charge qui convient le mieux selon les ressour-       santé et du bien-être de l’enfant. Chez de nom-
ces disponibles.                                         breux enfants présentant des signes et symptômes
                                                         cumulés de maladies, un diagnostic unique peut
                            Il est très difficile de
                                                         être difficile, voire impossible ou peu judicieux, sur-
   L’amélioration de la     bien soigner un enfant
   santé des enfants ne
                                                         tout dans les établissements de santé de premier
                            malade dans ces
    dépend pas forcé-                                    niveau où les examens s’effectuent à l’aide d’un
                            conditions. Mais com-
   ment de l’utilisation                                 minimum d’instruments, souvent sans analyse de
                            ment améliorer la si-
      de techniques                                      laboratoire et sans radiographie.
     ultramodernes et       tuation ? L’expérience
         coûteuses.         et les recherches scien-     Durant le milieu des années 1990, l’Organisation
                            tifiques prouvent que        mondiale de la santé (OMS), collaborant avec
                            l’amélioration de la         l’UNICEF et plusieurs autres institutions et per-
santé des enfants ne dépend pas forcément de l’uti-      sonnes, a mis au point une stratégie connue sous
lisation de techniques ultramodernes et coûteu-          le nom de «prise en charge intégrée des maladies
ses, mais nécessite plutôt des stratégies efficaces      de l’enfant» (PCIME) pour surmonter ces obsta-
fondées sur une méthode globale utilisables par la       cles. Même si le besoin de soins curatifs était la
plupart des personnes qui en ont besoin et con-          principale raison d’élaborer cette stratégie, celle-
çues selon la capacité et la structure du système        ci porte aussi sur la nutrition, la vaccination et
de santé, ainsi qu’en tenant compte des traditions
et des croyances de la communauté.                       Figure 2: Proportion de la morbidité mondiale de certaines
                                                         maladies qui frappent les enfants de moins de 5 ans
                                                         (estimation, année 2000) 4
Les raisons d’effectuer une prise en charge                               IRA                         Paludisme
sur la base des syndromes constatés
De nombreuses stratégies bien connues de préven-
tion et de thérapie ont déjà démontré leur efficacité
à sauver de jeunes vies. La vaccination des enfants
a réussi à réduire la mortalité due à la rougeole.                                54%                             79%
Le traitement par réhydratation orale a contribué
à diminuer nettement le nombre de décès causés
                              par la diarrhée. Les an-
                              tibiotiques ont sauvé
       Pour obtenir de        des millions d’enfants
                                                                       Diarrhée                        Rougeole
   meilleurs résultats, il    souffrant de la pneu-
    faut procéder à une       monie. Le traitement
       prise en charge
                              rapide du paludisme a
     mieux intégrée de
      l’enfant malade.        permis à d’innombra-
    Les programmes de
                              bles enfants de guérir                              85%                             89%
        santé infantile
                              et de mener une vie
    doivent non plus se       saine. Même de petites
     concentrer sur des       améliorations des pra-
      maladies isolées,       tiques d’allaitement au
       mais porter sur        sein ont abaissé la
      l’ensemble de la                                   Pourcentage de décès :
                              mortalité infantile.
   santé et du bien-être                                           d’enfants 0 à 4 ans        de toutes les autres classes d’âge
       de l’enfant.          Bien que chacune de
                             ces mesures se soit ré-     4
                                                             Tiré de Murray et Lopez, 1996.
LA PRISE EN CHARGE INTÉGRÉE DES MALADIES DE L’ENFANT ▼ 3

d’autres activités importantes destinées à prévenir                                             S’ils sont bien infor-
                                                                           L’évaluation
les maladies et promouvoir la santé. Le but est de                                              més et conseillés, les
                                                                           attentive et
réduire la mortalité, ainsi que la fréquence et la                      systématique des        parents peuvent con-
gravité des maladies et des invalidités et de contri-                 symptômes usuels et       tribuer nettement à
buer à améliorer la croissance et le développement.                    des signes cliniques     l’amélioration de l’état
                                                                       bien choisis produit     de santé de leurs
Les directives cliniques pour la PCIME visent les                         suffisamment          enfants en suivant les
enfants de moins de 5 ans—classe d’âge dont les                       d’informations pour
                                                                                                recommandations for-
membres meurent le plus des maladies courantes                        prendre des mesures
                                                                          judicieuses et        mulées par le person-
de l’enfant (Figure 2).
                                                                             efficaces.         nel soignant, en leur
Les directives ont pour objectif de permettre la                                                assurant une alimenta-
prise en charge des maladies fondée sur les faits et                                            tion appropriée et en
les syndromes et comportant l’utilisation ration-                  amenant les enfants malades dans un centre de
nelle et efficace de médicaments et d’instruments                  santé dès que les symptômes apparaissent. L’Afri-
de diagnostic économiquement abordables. La                        que fournit la preuve irréfutable de la nécessité de
médecine factuelle insiste sur l’importance de                     soigner sans retard, car, dans ce continent, envi-
l’évaluation des éléments observés lors de la                      ron 80% des décès d’enfants ont lieu à la maison,
recherche clinique et met en garde contre les déci-                avant que le malade n’ait été vu par un agent de
sions inspirées par l’intuition, l’expérience clinique             santé.6
non systématique et le raisonnement pathophysi-
ologique non vérifié.5 Quand la possibilité de pro-
céder à des examens de laboratoire et les ressources               Les composantes de la stratégie intégrée
cliniques sont limitées, l’étude des syndromes est
                                                                   La PCIME comprend des interventions tant
le moyen approprié de traiter des patients et le
                                                                   préventives que curatives destinées à améliorer le
meilleur par rapport au coût. L’évaluation atten-
                                                                   système de santé, ainsi que les mesures prises dans
tive et systématique des symptômes usuels et des
                                                                   les établissements de santé et à domicile. Elle con-
signes cliniques bien choisis produit suffisamment
                                                                   siste à prendre en charge les maladies infantiles
d’informations pour prendre des mesures judicieu-
                                                                   les plus fréquentes, surtout celles qui sont les prin-
ses et efficaces.
                                                                   cipales causes de mortalité.
Une méthode fondée sur les faits et les syndromes
                                                                   Cette stratégie comprend trois composantes essen-
sert à déterminer:
                                                                   tielles:
■ Le ou les problèmes de santé que l’enfant peut
                                                                   ■ L’amélioration de la capacité du personnel de
     avoir
                                                                      santé de prendre en charge les maladies grâce à
■ La gravité de la maladie de l’enfant                                des directives adaptées aux circonstances
■ Les mesures à prendre pour soigner l’enfant (par
                                                                      locales et à des activités visant à en promouvoir
     exemple, l’hospitaliser immédiatement, le trai-                  l’utilisation
     ter avec les ressources disponibles ou le traiter à           ■ L’amélioration du système général de santé
     domicile).                                                       requis pour la prise en charge efficace des
En outre, la PCIME favorise:                                          maladies de l’enfant
                                                                   ■ L’amélioration des pratiques familiales et com-
■ L’adaptation des interventions à la capacité et
     aux fonctions du système de santé, et                            munautaires en matière de santé.

■ La participation active des membres de la
     famille et de la communauté à la fourniture de                Les principes de la prise en charge
     soins de santé.                                               intégrée
5
    Chessare JB. Teaching clinical decision-making to pediatric    Les directives pour la PCIME découlent des prin-
    residents in an era of managed care. Paediatrics, 1998, 101    cipes suivants:
    (4 Pt): 762–766
6                                                                  ■ Il faut rechercher chez chaque enfant malade
    Oluwole D et al. Management of childhood illness in Africa.
    British medical journal, 1999, 320:594–595.                       les «signes généraux de danger» qui indi-
4 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

     quent qu’il est nécessaire de le transférer im-                      spéciaux. Les directives ne décrivent pas la prise
     médiatement dans un hôpital pour lui donner                          en charge des traumas, ni des urgences aiguës
     des soins plus spécialisés.                                          dues à un accident ou des blessures.
■ Il faut évaluer systématiquement chez cha-                            ■ La PCIME prévoit l’utilisation d’un nombre
     que enfant malade les principaux symptômes                           limité de médicaments indispensables et
     (la toux ou les difficultés respiratoires, la diar-                  encourage la personne qui prend soin de
     rhée, la fièvre, les affections de l’oreille chez les                l’enfant à participer activement au traite-
     enfants âgés de 2 mois à 5 ans, les infections                       ment.
     bactériennes et la diarrhée chez les nourrissons                   ■ Les conseils donnés à la personne qui s’oc-
     âgés de 1 semaine à 2 mois). Il faut également                       cupe de l’enfant quant aux soins à lui prodi-
     évaluer systématiquement leur état nutrition-                        guer à domicile—notamment les aliments et les
     nel et leur état vaccinal, les problèmes                             boissons à lui donner, ainsi que la date de la
     d’alimentation et les autres problèmes                               prochaine visite—constituent un élément
     potentiels.                                                          crucial des directives.
■ Seuls sont utilisés un nombre limité de si-
     gnes cliniques choisis attentivement parce
     que leur sensibilité et leur spécificité servent à                 L’adaptation des directives
     déceler les maladies.7 Ces signes ont été choisis                  à la situation locale
     en tenant compte des conditions et des moyens                      Les principes sur lesquels reposent les directives
     qui existent dans les établissements de santé de                   cliniques pour la PCIME sont immuables. Cepen-
     premier niveau.                                                    dant, chaque pays devrait adapter ces directives
■ La combinaison des différents signes conduit à                        pour:
     la classification de l’enfant, plutôt qu’à un
                                                                        ■ qu’elles portent sur les maladies les plus graves
     diagnostic. Cette classification indique la
                                                                          et les plus fréquentes des enfants amenés dans
     gravité de la ou des maladies. Elle conduit à
                                                                          les établissements de santé de premier niveau
     l’adoption de mesures spécifiques, à savoir: a)
     le transfert urgent de l’enfant à un autre niveau                  ■ qu’elles soient conformes aux directives et autres
     de soins, b) un traitement spécifique (par exem-                     dispositions nationales en matière de traitement
     ple, un antibiotique ou un antipaludéen) ou c)                     ■ que la mise en œuvre de la PCIME puisse s’ef-
     des soins prodigués sans danger par ses proches                      fectuer dans tout le système de santé et par les
     à domicile. La classification est codée par                          familles qui soignent un enfant à domicile.
     couleur: le «rose» signifie qu’il faut hospitaliser
     l’enfant, le «jaune» signale que le traitement com-                En général, l’adoption des directives est dirigée par
     mence au dispensaire et le «vert» prévoit un trai-                 un organe national de réglementation sanitaire (par
     tement à domicile.                                                 exemple, le ministère de la santé), sur la base de
                                                                        décisions prises avec minutie par les experts de la
■ Les directives portent sur la plupart des prin-
                                                                        santé du pays. Par conséquent, certains signes cli-
     cipales raisons pour lesquelles un enfant
                                                                        niques et certains détails de la conduite thérapeu-
     malade est amené au dispensaire, mais
                                                                        tique décrite ci-dessous peuvent être différents de
     non pas sur toutes les raisons. Un enfant
                                                                        ceux qui sont utilisés dans un pays. Néanmoins,
     revenant pour des problèmes chroniques ou une
                                                                        les principes appliqués pour la prise en charge des
     maladie peu fréquente peut nécessiter des soins
                                                                        enfants malades sont valables dans toutes les
                                                                        situations.
7
    La sensibilité et la spécificité mesurent la justesse du dia-
    gnostic d’un signe clinique par rapport à la norme idéale,
    dans laquelle, par définition, la sensibilité est de 100% et la
    spécificité de 100%. La sensibilité mesure la proportion ou         La procédure de la prise en charge
    le pourcentage des personnes souffrant de la maladie identi-
    fiées correctement par le signe. En d’autres termes, elle me-       intégrée des maladies de l’enfant
    sure à quel point le signe permet de détecter la maladie.
    (Sensibilité = vrais positifs / [vrais positifs + faux négatifs])   La prise en charge d’un enfant malade amené à
    La spécificité mesure la proportion de personnes ne souf-           un établissement de santé de premier niveau com-
    frant pas de la maladie que le signe permet de qualifier cor-
    rectement de «sans la maladie». (spécificité = vrais négatifs /     prend plusieurs éléments importants (voir figure
    [vrais négatifs + faux positifs])                                   3).
LA PRISE EN CHARGE INTÉGRÉE DES MALADIES DE L’ENFANT ▼ 5

Figure 3. La prise en charge des enfants malades âgés de 2 mois à 5 ans dans les centres de santé ambulatoires,
          les établissements de soins plus spécialisés et à domicile

                                                  LA PRISE EN CHARGE INTÉGRÉE
                                                    CENTRE DE SANTÉ AMBULATOIRE

                                                    Rechercher les signes de danger
                                                              ● Convulsions

                                                       ● Léthargie ou inconscience

                                                     ● Incapacité de boire ou de téter

                                                             ● Vomissement

                                                   Evaluer les principaux symptômes
                                                      ● Toux, difficultés respiratoires

                                                                ● Diarrhée

                                                                  ● Fièvre

                                                          ● Affections de l’oreille

                                             Evaluer l’état nutritionnel et l’état vaccinal et
                                                les éventuels problèmes d’alimentation

                                                   Vérifier s’il y a d’autres problèmes

                                                  Classer les affections et déterminer
                                                       les traitements nécessaires
                                                selon les diagrammes de traitement colorés
                                                                   ➧

                                                                                                             ➧
                  ➧

                ROSE                                            JAUNE                                        VERT
         Transfert d’urgence                             Traitement au centre                     Prise en charge à domicile
                                                         de santé ambulatoire

           CENTRE DE SANTÉ                                  CENTRE DE SANTÉ                                A DOMICILE
            AMBULATOIRE                                       AMBULATOIRE                          Expliquer à la personne qui
       ● Traiter avant le transfert                      ● Traiter l’infection locale                  s’occupe de l’enfant
        ● Conseiller les parents                       ● Administrer un médicament                 ● Comment administrer un

          ● Transférer l’enfant                                par voie orale                       médicament par voie orale
                                                        ● Conseiller la personne qui             ● Comment traiter les infections

                                                            s’occupe de l’enfant                        locales à domicile
                                                                  ● Suivre                        ● Comment alimenter l’enfant
                  ➧

                                                                                                    ● Quand revenir au centre

                                                                                                         immédiatement
                                                                                                    ● Comment assurer le suivi
      ETABLISSEMENT DE SOINS
               SPÉCIALISÉS
     ● Evaluer, trier et traiter d’urgence

             ● Diagnostiquer

                   ● Traiter

           ● Surveiller et suivre
6 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

Le centre de santé ambulatoire                         nière d’administrer des médicaments par voie
■ évaluation
                                                       orale ou de traiter des infections locales à do-
                                                       micile
■ classification, puis détermination du traitement
                                                     ■ les recommandations adressées à la mère ou à
■ transfert, traitement ou conseils prodigués à la     la personne qui s’occupe de l’enfant concernant
  personne qui s’occupe de l’enfant (selon le ré-      l’alimentation et les problèmes d’alimentation,
  sultat de la classification)                         la prise de liquides, la prochaine visite et sa pro-
■ suivi des soins                                      pre santé.
                                                     La fiabilité, la valeur diagnostique et l’importance
                                                     des différents signes cliniques et symptômes va-
L’établissement de soins plus spécialisés            rient selon l’âge de l’enfant. Pour cette raison, les
■ évaluation, triage et traitement d’urgence         directives pour la PCIME sont formulées selon
                                                     deux catégories d’âge:
■ diagnostic, traitement et surveillance de l’évo-
  lution de la maladie                               ■ les enfants âgés de 2 mois à 5 ans

                                                     ■ les nourrissons âgés de 1 semaine à deux mois.

Le traitement approprié à domicile
■ les explications données à la mère ou à la per-
  sonne qui s’occupe de l’enfant quant à la ma-
▼7

La prise en charge ambulatoire des enfants
âgés de 2 mois à 5 ans

L’évaluation des enfants malades                                  ■ Écouter attentivement ce que dit la personne
                                                                                                qui s’occupe de l’enfant; cela lui montre que
La procédure d’évaluation, par l’agent de soins de
                                                                                                vous prenez ses préoccupations au sérieux
santé, de ce groupe d’âge comprend certaines pha-
ses importantes: 1. l’anamnèse et une discussion                  ■ Utiliser un vocabulaire que cette personne
du problème de l’enfant avec la personne qui s’oc-                                              comprend, s’efforcer d’employer des mots
cupe de lui, 2. la recherche de signes généraux de                                              locaux et éviter le jargon médical
danger, 3. l’étude des principaux symptômes, 4. la                ■ Laisser à la personne qui s’occupe de l’en-
vérification de l’état nutritionnel, 5. l’évaluation                                            fant le temps de répondre aux questions,
de l’alimentation de l’enfant, 6. la vérification de                                            car elle doit peut-être réfléchir avant d’affirmer
son état vaccinal et 7. l’évaluation d’autres pro-                                              qu’un signe clinique est présent
blèmes.
                                                                  ■ Poser des questions supplémentaires quand
                                                                                                la personne qui s’occupe de l’enfant ne sait
L’entretien avec la personne qui s’occupe                                                       pas exactement que répondre; quand elle
de l’enfant                                                                                     n’est pas certaine de la présence d’un symptôme
                                                                                                ou d’un signe clinique, des questions supplé-
                                   entretien et anamnèse
EVALUATION D’ENFANTS MALADE

                                                                                                mentaires l’aident à fournir des réponses claires.
                              signes généraux de danger
                                   principaux symptômes
                              toux ou difficultés respiratoires   La recherche des signes généraux de danger
                                                      diarrhée
                                                                                                                    entretien et anamnèse
                                                                  EVALUATION D’ENFANTS MALADE

                                                         fièvre
                                                                                                               signes généraux de danger
                                        affections de l’oreille
                                                                                                                    principaux symptômes
                                          état nutritionnel
                                                                                                               toux ou difficultés respiratoires
                                                état vaccinal
                                                                                                                                       diarrhée
                                         autres problèmes
                                                                                                                                          fièvre
                                                                                                                         affections de l’oreille
Il est primordial de bien discuter avec la mère de                                                                         état nutritionnel
l’enfant ou avec la personne qui s’en occupe. Il                                                                                 état vaccinal
faut employer une bonne technique de communi-
                                                                                                                          autres problèmes
cation et procéder à une évaluation totale pour
déceler tous les problèmes et les signes de maladie
ou de malnutrition. Une bonne communication                       L’enfant malade amené dans un établissement de
donne à la mère ou à la personne qui s’occupe de                  soins ambulatoires présente parfois des signes qui
l’enfant une certaine assurance que celui-ci sera                 révèlent clairement un problème particulier. Par
bien soigné. En outre, pour que le traitement à                   exemple, il peut présenter un tirage sous-costal et
domicile soit couronné de succès, il faut que la                  une cyanose qui indiquent une pneumonie grave.
mère ou la personne qui s’occupe de l’enfant sa-                  Cependant, certains enfants présentent des signes
che comment administrer le traitement et en com-                  graves non spécifiques appelés «signes généraux de
prenne l’importance.                                              danger» qui ne permettent pas un diagnostic pré-
                                                                  cis. Ainsi, un enfant léthargique ou inconscient
Les étapes de la bonne communication sont les
                                                                  peut souffrir de méningite, de pneumonie grave,
suivantes:
8 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

de neuropaludisme ou d’une autre maladie grave.        maladie grave et le danger de mort—infections res-
Il faut agir avec beaucoup d’attention pour ne pas     piratoires aiguës (IRA), diarrhée ou fièvre (surtout
méconnaître les signes généraux de danger, car ils     due au paludisme et à la rougeole). Il est égale-
signifient que l’enfant est gravement malade et a      ment indispensable d’évaluer rapidement son état
besoin de soins urgents.                               nutritionnel, car la malnutrition figure parmi les
                                                       causes prépondérantes de mortalité.
Il faut vérifier les signes de danger suivants
chez tous les enfants
■ L’enfant a des convulsions pendant sa ma-            La vérification des principaux symptômes
  ladie actuelle. Ces convulsions peuvent être         Après avoir recherché les signes généraux de dan-
  dues à la fièvre. Dans ce cas, elles ne font guère   ger, l’agent des soins de santé doit examiner les
                            de mal, sinon qu’elles     principaux symptômes. Les directives cliniques
          LÉTHARGIE         inquiètent la mère.        génériques pour la PCIME en énumèrent quatre:
        INCONSCIENCE        Cependant les convul-      1. la toux ou la respiration difficile, 2. la diarrhée,
                            sions peuvent être
    VOMISSEMENTS

                     CONVULSIONS

                                                       3 la fièvre et 4. les affections de l’oreille.
       SIGNES DE            provoquées par la mé-
                            ningite, le neuropalu-     Les trois premiers symptômes sont inclus parce
         DANGER                                        qu’ils conduisent souvent à la mort. Les affections
                            disme ou d’autres
                            maladies mortelles. Il     de l’oreille sont mentionnées parce qu’elles sont
     INCAPACITÉ DE BOIRE
         OU DE TÉTER        faut considérer que tout   considérées comme l’une des principales causes
                            enfant qui a eu des        d’invalidité infantile dans les pays à revenu bas ou
  convulsions pendant sa maladie est gravement         moyen.
  malade.
■ L’enfant est inconscient ou léthargique. Un          La toux ou les difficultés respiratoires
  enfant inconscient est en général gravement ma-
  lade. Un enfant léthargique, qui est éveillé, mais                                                   entretien et anamnèse
                                                       EVALUATION D’ENFANTS MALADE

  ne prête aucune attention à son entourage et ne                                                 signes généraux de danger
  réagit pas normalement aux sons ou aux mou-                                                          principaux symptômes
  vements peut, lui aussi, être gravement malade.                                                 toux ou difficultés respiratoires
  Ces signes peuvent apparaître dans beaucoup                                                                             diarrhée
  de maladies.                                                                                                               fièvre
■ L’enfant ne parvient pas à boire ou à téter.                                                              affections de l’oreille
  Un enfant peut être incapable de boire, soit                                                                état nutritionnel
  parce qu’il est trop faible, soit parce qu’il ne                                                                  état vaccinal
  peut pas avaler. À ce sujet, plutôt que de se fon-                                                         autres problèmes
  der uniquement sur les paroles de la mère, il
  faut observer l’enfant quand elle essaie de          Quand un enfant tousse ou respire difficilement,
  l’allaiter au sein ou de lui donner quelque chose    il faut d’abord rechercher les signes généraux de
  à boire.                                             danger. Il souffre peut-être de pneumonie ou d’une
■ L’enfant vomit tout ce qu’il avale. Les vo-          autre grave maladie respiratoire. Après avoir véri-
  missements peuvent être en soi le signe d’une        fié les signes de danger, il est indispensable de se
  maladie grave, mais il importe aussi d’en tenir      renseigner sur ce symptôme principal auprès de la
  compte parce qu’ils empêchent l’enfant de pren-      personne qui s’occupe de l’enfant.
  dre un médicament ou du liquide pour se
  réhydrater.
                                                       L’évaluation clinique
Si l’enfant présente un ou plusieurs de ces
signes, il faut le considérer comme gravement          Examiner trois signes cliniques clés pour évaluer
malade et, sauf exception, l’hospitaliser. Pour pou-   l’enfant malade qui tousse ou respire difficilement:
voir commencer un traitement sans retard, il faut      ■ le rythme respiratoire qui distingue les en-
évaluer rapidement les causes primordiales de                                        fants souffrant de pneumonie des autres
LA PRISE EN CHARGE AMBULATOIRE DES ENFANTS ÂGÉS DE 2 MOIS À 5 ANS ▼ 9

■ le tirage sous-costal qui révèle une pneumo-                       révèle un risque marqué d’obstruction et l’enfant
     nie grave                                                       doit être hospitalisé. Certains enfants atteints d’une
                                                                     laryngite suffocante modérée émettent un stridor
■ le stridor qui indique que l’enfant souffre d’une
                                                                     uniquement quand ils pleurent ou sont agités. Dans
     pneumonie grave et doit être hospitalisé.
                                                                     ce cas, il ne faut pas prévoir de soins spécialisés sans
Le rythme respiratoire, surtout quand il est                         examen plus poussé. Parfois l’enfant émet un sif-
rapide, est le signe clinique unique qui, plus que                   flement quand il expire. Ce n’est pas un stridor. Le
tout autre, allie la sensibilité et la spécificité                   plus souvent, ce sifflement accompagne l’asthme.
permettant de détecter une pneumonie chez les                        L’expérience montre que même quand les cas
enfants de moins de 5 ans. Même l’auscultation                       d’asthme sont nombreux, la mortalité due à cette
par un spécialiste est moins sensible en tant que                    maladie est relativement rare. Parfois, surtout
signe unique.                                                        quand l’enfant émet un sifflement à l’expiration,
Le rythme à partir duquel la fréquence respira-                      la décision définitive concernant la présence ou
toire est considérée comme étant rapide dépend                       l’absence d’une respiration accélérée peut être prise
de l’âge de l’enfant. Le rythme respiratoire nor-                    après un examen à l’aide d’un bronchodilateur à
mal est plus élevé chez les enfants âgés de deux à                   effet rapide (s’il y en a). Á ce niveau, l’on n’établit
12 mois que chez les enfants de 12 mois à 5 ans.                     pas de distinction entre les enfants atteints de
                                                                     bronchiolite et ceux qui souffrent d’une pneumo-
    Si l’enfant a :       La respiration est rapide à partir de :    nie.

    De 2 mois à 12 mois   50 respirations par minute
    De 12 mois à 5 ans    40 respirations par minute                 La classification de la toux et des difficultés respiratoires
                                                                     Selon la combinaison des signes cliniques décrits
                                                                     ci-dessus, on peut diviser en trois catégories les
     Note: La spécificité du rythme respiratoire, me-
                                                                     enfants qui toussent ou qui ont des difficultés res-
     suré pour détecter une pneumonie, dépend de
                                                                     piratoires :
     la prévalence de la pneumonie bactérienne dans
     la population. Dans les zones de haut niveau de                 ■ Ceux qu’il faut hospitaliser parce qu’ils souf-
     pneumonie virale, le rythme respiratoire a une                     frent peut-être d’une pneumonie grave ou d’une
     spécificité relativement faible. Toutefois, même                   maladie très grave.
     si l’utilisation du rythme respiratoire entraîne
                                                                        Cette catégorie comprend les enfants ayant un
     un traitement excessif, ce dernier est rare com-
                                                                        signe général de danger ou un tirage sous-
     paré au recours actuel aux antibiotiques prati-
                                                                        costal ou un stridor quand ils sont calmes. Les
     qué dans de nombreux dispensaires pour tous
                                                                        enfants atteints d’une pneumonie grave ou d’une
     les enfants souffrant d’une IRA.
                                                                        maladie très grave ont presque toujours des bacté-
Le tirage sous-costal, défini comme le mouve-                           ries invasives et leur maladie peut être mortelle,
ment vers l’intérieur de la structure osseuse de la                     ce qui justifie l’injection d’antibiotiques.
paroi thoracique à l’inspiration, est un indicateur
utile de la pneumonie grave. Il est plus spécifique                       ● Tout signe général de danger ou     PNEUMONIE GRAVE
que le «tirage inter-costal» qui s’opère dans le tissu                    ● Tirage sous-costal ou                     OU
mou situé entre les côtes sans modifier la struc-                         ● Stridor chez un enfant calme       MALADIE TRÈS GRAVE
ture osseuse de la paroi thoracique.8 Le tirage sous-
costal ne devrait être considéré présent que s’il est
constamment présent chez un enfant calme. L’agita-                   ■ Ceux qui ont besoin d’un antibiotique en am-
tion, le nez bouché ou la tétée peuvent causer un                       bulatoire, parce qu’ils souffrent très probable-
tirage sous-costal temporaire.                                          ment d’une pneumonie bactérienne.

Le stridor est un bruit aigu fait par l’enfant à l’ins-                 Cette catégorie comprend tous les enfants ayant
piration (inhalation). Le stridor chez l’enfant calme                   une respiration rapide pour leur âge. Selon la
                                                                        définition de l’OMS, la respiration rapide
8
    Mulholland EK et al. Standardized diagnosis of pneumonia            permet de détecter environ 80% des cas de pneu-
    in developing countries. Pediatric infectious disease journal,      monie infantile qu’il faut traiter par un antibio-
    1992, 11:77–81.
10 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

                              tique. On a constaté que le traitement fondé sur              jours). Il faut rechercher chez tous les enfants qui
                              cette classification réduisait la mortalité.9                 ont la diarrhée : a) les signes de déshydratation, b)
                                                                                            la durée de la diarrhée et c) du sang dans les selles,
                               ●   Respiration rapide                       PNEUMONIE       pour déterminer si l’enfant souffre de dysenterie.

■ Ceux qui ont simplement la toux ou le rhume et                                            L’évaluation clinique
                              n’ont pas besoin d’antibiotique.
                                                                                            Il faut déterminer pour chaque enfant qui a la
                              Ces enfants peuvent avoir besoin d’un remède                  diarrhée la durée de celle-ci, la présence de sang
                              inoffensif pour calmer leur toux. La santé d’un               dans les selles et une éventuelle déshydratation.
                              enfant qui a la toux et le rhume s’améliore nor-              Divers signes cliniques servent à calculer le niveau
                              malement en une ou deux semaines. Cependant                   de déshydratation :
                              un enfant qui a une toux chronique (pendant
                                                                                            L’état général de l’enfant. Selon le degré de
                              plus de 30 jours) doit être de nouveau examiné
                                                                                            déshydratation, l’enfant diarrhéique peut être
                              (et, si nécessaire, être hospitalisé), pour s’assu-
                                                                                            léthargique ou inconscient (ce qui constitue aussi
                              rer qu’il n’a pas la tuberculose, l’asthme, la co-
                                                                                            un signe général de danger) ou paraître agité ou
                              queluche ou une autre infection.
                                                                                            irritable. Seul l’enfant qu’il n’est pas possible de
                                                                                            consoler ou de calmer doit être considéré comme
                               ●   Pas de signe de pneumonie            PAS DE PNEUMONIE:   agité ou irritable.
                                   ni de maladie très grave              TOUX OU RHUME
                                                                                            Les yeux enfoncés. Les yeux d’un enfant déshy-
                                                                                            draté peuvent sembler enfoncés. Chez un enfant
                                                                                            gravement malnutri qui est visiblement émacié
La diarrhée                                                                                 (c’est-à-dire qui souffre de marasme), les yeux ont
                                                                                            toujours l’air enfoncés, même s’il n’est pas déshy-
                                                       entretien et anamnèse                draté. Quoique le signe des «yeux enfoncés» soit
EVALUATION D’ENFANTS MALADE

                                                  signes généraux de danger                 moins fiable chez un enfant visiblement émacié, il
                                                       principaux symptômes                 peut quand même être utilisé pour classer la dés-
                                                  toux ou difficultés respiratoires         hydratation de l’enfant.
                                                                          diarrhée          La réaction de l’enfant quand on lui offre une
                                                                             fièvre         boisson. Un enfant est incapable de boire, s’il ne
                                                            affections de l’oreille         réussit pas à prendre du liquide dans sa bouche et
                                                              état nutritionnel             à l’avaler. Par exemple, un enfant est incapable de
                                                                    état vaccinal           boire s’il est léthargique ou inconscient. Un en-
                                                             autres problèmes               fant boit difficilement, s’il est faible et ne peut pas
                                                                                            boire sans aide. Peut-être ne parvient-il à boire que
                                                                                            si le liquide est mis dans sa bouche. L’enfant boit
Quand un enfant a la diarrhée, il faut d’abord éva-
                                                                                            avidement, est assoiffé, s’il est évident qu’il veut boire.
luer les signes généraux de danger et demander à
                                                                                            Il faut observer si l’enfant tend la main pour pren-
la personne qui s’occupe de lui s’il tousse ou s’il
                                                                                            dre la tasse ou la cuillère quand on lui offre de
respire difficilement.
                                                                                            l’eau, s’il est malheureux quand on lui enlève l’eau,
La diarrhée est le symptôme suivant qu’il faut vé-                                          parce qu’il voudrait encore boire. Si l’enfant n’avale
rifier automatiquement chez chaque enfant                                                   du liquide que parce qu’on l’y encourage et n’en
amené au dispensaire. Un enfant qui a la diarrhée                                           redemande pas, il «ne boit pas avidement et n’est
peut souffrir de trois infections potentiellement                                           pas assoiffé».
mortelles : 1. la diarrhée aqueuse aiguë (y compris
                                                                                            L’élasticité de la peau. Vérifier l’élasticité de la
choléra), 2. la dysenterie (diarrhée sanglante) et 3.
                                                                                            peau en la pinçant. Quand on le lâche, le pli
la diarrhée persistante (quand elle dure plus de 14
                                                                                            cutané s’efface-t-il très lentement (pendant plus de
9
                                                                                            2 secondes) ou lentement (le pli reste marqué même
             Sazawal S, Black RE. Meta-analysis of intervention trials on
             case management of pneumonia in community settings.                            pendant un bref instant) ou immédiatement ? Chez
             Lancet, 1992, 340(8818):528–533.                                               l’enfant souffrant de marasme (malnutrition
LA PRISE EN CHARGE AMBULATOIRE DES ENFANTS ÂGÉS DE 2 MOIS À 5 ANS ▼ 11

grave), il se peut que le pli cutané s’efface lente-
ment, même si l’enfant n’est pas déshydraté. Chez               Deux des signes suivants:
l’enfant qui a un excès de poids ou un œdème, le                ● Léthargique ou inconscient

pli s’efface immédiatement, même si l’enfant est                ● Yeux enfoncés                       DÉSHYDRATATION
déshydraté.                                                     ● Incapable de boire ou boit              SÉVÈRE
                                                                  difficilement
                                                                ● Le pli cutané s’efface très
   Protocole normalisé du test du pli cutané                      lentement
   ■ Choisir un endroit de l’abdomen de l’enfant
      situé entre l’ombilic et le côté de l’abdomen,
                                                            ■ Ceux qui montrent des signes évidents de déshydra-
      puis pincer la peau avec le pouce et l’index.
                                                               tation et qui ont besoin d’une solution de SRO,
   ■ La main devrait être placée de telle manière              conformément aux directives de traitement ins-
      que, quand la peau est pincée, le pli cutané aille
                                                               crites par l’OMS dans le Plan B (voir figure 5
      dans le sens de la longueur du corps de l’enfant
      et non pas en travers de celui-ci.                       sous «conduite thérapeutique»).
   ■ Il importe de saisir fermement toutes les cou-            L’enfant appartient à cette catégorie, s’il pré-
      ches de peau et le tissu sous-cutané pendant             sente une combinaison de deux des signes
      une seconde, puis de les relâcher.                       suivants: s’il est agité ou irritable, a les yeux en-
                                                               foncés, boit avidement et est assoiffé, si le pli
                                                               cutané s’efface lentement. L’enfant qui montre
Après avoir vérifié si l’enfant est déshydraté, il faut
                                                               des signes évidents de déshydratation a un défi-
demander à la personne qui s’occupe d’un enfant
                                                               cit d’eau égal à 5–10% de son poids corporel.
diarrhéique depuis combien de temps l’enfant a la
                                                               Cette classification inclut la déshydratation
diarrhée et s’il y a du sang dans les selles, pour
                                                               «moyenne» et la déshydratation «modérée», termes
pouvoir déterminer si l’enfant souffre d’une diar-
                                                               utilisés dans la plupart des manuels de pédia-
rhée persistante ou d’une dysenterie.
                                                               trie.

La classification de la déshydratation                          Deux des signes suivants:
                                                                ● Agité, irritable
Selon la combinaison des signes cliniques décrits
                                                                ● Yeux enfoncés                       SIGNES ÉVIDENTS
ci-dessus, on peut diviser en trois catégories les
                                                                ● Boit avidement, assoiffé           DE DÉSHYDRATATION
enfants diarrhéiques :
                                                                ● Le pli cutané s’efface lentement
■ Ceux qui souffrent d’une déshydratation sévère et
   qui ont besoin immédiatement d’une perfusion
                                                            ■ L’enfant qui a la diarrhée, mais ne souffre pas de
   intraveineuse (IV) ou d’une sonde nasogastrique
                                                               déshydratation.
   ou d’une réhydratation orale conformément aux
   directives de traitement inscrites par l’OMS                Le patient diarrhéique qui ne présente pas de
   dans le Plan C (voir figure 4 sous «conduite thé-           signe de déshydratation a en général un déficit
   rapeutique»).                                               d’eau, mais ce déficit est inférieur à 5% de son
                                                               poids corporel. Même si cet enfant ne montre
   Un patient souffre d’une déshydratation sévère
                                                               pas de signe évident de déshydratation, pour
   s’il a un déficit d’eau supérieur à 10% de son
                                                               éviter qu’il souffre de déshydratation, il faut lui
   poids corporel. Un enfant est gravement déshy-
                                                               donner plus à boire que d’habitude, comme in-
   draté s’il présente une combinaison de deux des
                                                               diqué dans les directives de traitement inscrites
   signes suivants: s’il est léthargique ou incons-
                                                               par l’OMS dans le Plan A (voir figure 5 sous
   cient, est incapable de boire ou boit difficile-
                                                               «conduite thérapeutique»)
   ment, a les yeux enfoncés ou si le pli cutané
   s’efface très lentement.
                                                                  Pas assez de signes pour classer
                                                                     sous «signes évidents de             PAS DE
                                                                     déshydratation» ou sous          DÉSHYDRATATION
                                                                     «déshydratation sévère»
12 ▼ PCIME : MODÈLE DE CHAPITRE POUR LES MANUELS

      Note: Les antibiotiques ne devraient pas être                    pes, selon la présence ou l’absence de déshydrata-
      utilisés automatiquement pour le traitement de                   tion.
      la diarrhée. La plupart des épisodes diarrhéi-
                                                                       ■ Les enfants qui ont une diarrhée persistante sévère
      ques sont causés par des agents (tels que les
                                                                          et sont aussi déshydratés à quelque degré que
      virus) que les antimicrobiens ne détruisent pas
                                                                          ce soit doivent recevoir un traitement spécial et
      ou par des bactéries qu’il faut d’abord cultiver
                                                                          ne doivent pas être pris en charge de manière
      pour déterminer leur sensibilité aux antimicro-
                                                                          ambulatoire.
      biens. Toutefois la culture coûte cher et il faut
      attendre plusieurs jours avant d’en obtenir les                     Il faut hospitaliser l’enfant. En général, il con-
      résultats. En outre, la plupart des laboratoires                    vient de commencer par traiter la déshydrata-
      ne peuvent pas détecter plusieurs des causes                        tion, à moins qu’il y ait une autre maladie grave.
      bactériennes importantes de la diarrhée.
      Note: Les médicaments antidiarrhéiques B y                            ●   Déshydratation présente          DIARRHÉE
      compris les agents antimotilité (comme le                                                             PERSISTANTE SÉVÈRE
      lopéramide, le diphénoxylate, la codéine, la tein-
      ture d’opium), les adsorbants (comme le kaolin,                  ■ Les enfants qui ont une diarrhée persistante, sans
      l’attapulgite, le smectite), les cultures de bacté-                 signe de déshydratation, peuvent recevoir des
      ries vivantes (comme le lactobacillus, le strepto-                  soins ambulatoires, au moins au début.
      coccus faecium) et le charbon n’apportent pas
      de bienfait à l’enfant qui a une diarrhée aiguë,                    Une alimentation appropriée est l’élément le
      et certains peuvent avoir des effets secondaires                    plus important du traitement de la plupart des
      dangereux. Ces médicaments ne devraient                             enfants qui ont une diarrhée persistante. La thé-
      jamais être donnés à un enfant de moins de 5                        rapie nutritionnelle vise les objectifs suivants:
      ans.                                                                a) réduire temporairement la quantité de lait
                                                                          animal (ou lactose) consommée, b) fournir un
                                                                          apport suffisant d’aliments énergétiques et de
La classification des diarrhées persistantes                              protéines, vitamines et sels minéraux pour
                                                                          faciliter la reconstitution de la muqueuse intesti-
La diarrhée persistante est un épisode de diarrhée,
                                                                          nale et améliorer l’état nutritionnel, c) éviter de
sanglante ou non, qui a un commencement aigu
                                                                          donner des aliments ou des boissons susceptibles
et dure au moins 14 jours. Elle constitue jusqu’à
                                                                          d’aggraver la diarrhée, et d) assurer un apport ali-
15% de tous les épisodes de diarrhée, mais inter-
                                                                          mentaire suffisant pendant la convalescence pour
                             vient dans 30 à 50%
                                                                          remédier à la malnutrition éventuelle.
                             des décès.10 En géné-
         La diarrhée         ral, la diarrhée persis-                     Le traitement systématique de la diarrhée per-
   persistante constitue                                                  sistante avec des antimicrobiens n’est pas
                             tante s’accompagne
    jusqu’à 15% de tous
                             de perte de poids et,                        efficace. Toutefois certains enfants souffrent
      les épisodes de
       diarrhée, mais        souvent, de graves                           d’infections non intestinales (ou intestinales) qui
    intervient dans 30 à     infections non intesti-                      nécessitent une thérapie antimicrobienne spé-
       50% des décès.        nales. De nombreux                           cifique. La diarrhée persistante de ces enfants
                             enfants qui ont une                          ne guérira pas tant que ces infections ne seront
                             diarrhée persistante                         pas diagnostiquées et traitées correctement.
sont victimes de malnutrition, ce qui augmente
considérablement le risque de décès. Ce type de                             ●   Pas de déshydratation       DIARRHÉE PERSISTANTE
diarrhée ne se produit presque jamais chez le nour-
risson qui est alimenté uniquement au sein.
Tous les enfants qui ont la diarrhée pendant 14
jours ou plus doivent être divisés en deux grou-
                                                                       La classification de la dysenterie
                                                                       Il faut demander à la mère ou à la personne qui
10
     RE. Black Persistent diarrhea in children in developing           s’occupe de l’enfant diarrhéique s’il y a du sang
     countries. Pediatric infectious diseases journal, 1993, 12:751–   dans les selles.
     761.
LA PRISE EN CHARGE AMBULATOIRE DES ENFANTS ÂGÉS DE 2 MOIS À 5 ANS ▼ 13

■ Si la mère ou la personne qui s’occupe de l’en-                  Il faut soigner sans tarder tous les enfants qui ont
      fant diarrhéique indique qu’il y a du sang dans              la dysenterie (diarrhée sanglante) avec un antibio-
      les selles de l’enfant, celui-ci est considéré               tique efficace contre la shigellose parce que: a)
      comme ayant la dysenterie.                                   Shigella est le pathogène de loin le plus fréquent
                                                                   dans les cas de diarrhée sanglante chez les enfants
       ●   Sang dans les selles              DYSENTERIE            de moins de 5 ans, b) plus que les autres causes de
                                                                   la diarrhée, la shigellose provoque des complica-
                                                                   tions et la mort si une thérapie antimicrobienne
Il n’est pas nécessaire d’examiner les selles ou de                ne commence pas promptement, et c) le traite-
procéder à un examen de laboratoire pour diagnos-                  ment rapide de la shigelloses avec un antibiotique
tiquer la dysenterie. Il est rarement possible d’ef-               efficace réduit considérablement le risque de mor-
fectuer une culture des selles pour détecter les                   bidité grave ou de mort.
bactéries pathogènes. En outre, il faut attendre au
moins deux jours avant d’obtenir les résultats d’une
culture. Quoique la «dysenterie» soit souvent dé-                  La fièvre
crite comme un syndrome de diarrhée sanglante
                                                                                                      entretien et anamnèse
accompagnée de fièvre, de crampes abdominales,                     EVALUATION D’ENFANTS MALADE   signes généraux de danger
de douleurs rectales et de selles mucoïdes, ces
caractéristiques n’existent pas toujours dans la                                                      principaux symptômes
diarrhée sanglante; de                                                                           toux ou difficultés respiratoires
plus, elles n’en indi-                                                                                                   diarrhée
quent pas nécessaire-          Environ 10% de tous                                                                          fièvre
ment l’étiologie, ni ne            les épisodes                                                            affections de l’oreille
                              diarrhéiques chez les
déterminent le traite-         enfants de moins de
                                                                                                             état nutritionnel
ment approprié.                     5 ans sont                                                                     état vaccinal
                              dysentériques, mais                                                           autres problèmes
Chez les jeunes enfants,
                             causent jusqu’à 15%
la diarrhée sanglante          de tous les décès
est en général le signe          diarrhéiques.                     Il faut prendre la température de chaque enfant
d’une infection entéri-                                            malade. La fièvre est un symptôme fréquent et est
que invasive qui com-                                              souvent la raison principale pour laquelle l’enfant
porte un risque considérable de morbidité grave                    est amené au centre de santé. Elle peut être due à
et de mort. Environ 10% de tous les épisodes diar-                 une infection bénigne, mais peut aussi être le
rhéiques chez les enfants de moins de 5 ans sont                   signe le plus visible d’une maladie qui peut deve-
dysentériques, mais ils causent jusqu’à 15% de tous                nir mortelle—en particulier le paludisme (surtout
les décès diarrhéiques.11                                          le paludisme létal P. falciparum)—ou d’autres
La dysenterie est particulièrement sévère chez les                 infections graves, dont la méningite, la fièvre
nourrissons et les enfants qui sont sous-alimentés,                typhoïde et la rougeole. Quand la capacité de
qui subissent une déshydratation cliniquement                      poser un diagnostic est limitée, il importe d’abord
manifeste pendant leur maladie ou qui ne sont pas                  de déterminer quels sont les enfants qui ont
allaités au sein. Elle a également un effet plus né-               besoin de soins spécialisés, avec un traitement
faste sur l’état nutritionnel que la diarrhée aiguë                pré-transfert (antipaludéen ou antibactérien).
aqueuse. La dysenterie frappe plus fréquemment
et plus gravement les enfants qui ont la rougeole
ou l’ont eue pendant le mois précédent, et les épi-
                                                                   L’évaluation clinique
sodes diarrhéiques qui commencent par la dysen-                    Il faut prendre la température de chaque enfant
terie risquent davantage de devenir persistants que                malade amené au dispensaire. On considère qu’un
ceux qui commencent sans sang dans les selles.                     enfant a de la fièvre si sa température corporelle
                                                                   axillaire dépasse 37,5°C (38°C rectale). En l’ab-
                                                                   sence de thermomètre, on considère que l’enfant
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     Diarrhée sanglante dans la petite enfance—conduite à tenir.   a de la fièvre, s’il est chaud au toucher. On peut
     Document WHO/CDD/94.49 Genève, Organisation mon-
     diale de la santé, 1994.                                      également déceler la fièvre selon les antécédents.
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