Allergies alimentaires de l'enfant : un défi diagnostique - Revue Médicale Suisse
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allergo- immunologie Allergies alimentaires de l’enfant : un défi diagnostique Dr SAMUEL ROETHLISBERGER a et Pr FRANÇOIS SPERTINI a Rev Med Suisse 2016 ; 12 : 677-82 Les allergies alimentaires ont pris une ampleur inattendue au cours quats en vue d’un diagnostic fiable. Ceci est d’autant plus im des dernières décennies et représentent actuellement la première portant que la perception individuelle de l’allergie dépasse cause d’anaphylaxie en Europe. L’impact sur la qualité de vie des largement la prévalence réelle confirmée par des tests de enfants et de leurs parents est majeur ; un diagnostic fiable revêt provocation oraux (TPO). Dans le système de santé suisse, le donc une importance capitale. La démarche comporte une éva- médecin de premier recours est le relais initial de ces patients luation clinique initiale suivie d’un bilan allergologique qui inclut et est ainsi confronté à un défi diagnostique considérable. Cet des tests in vivo et / ou in vitro. Le dosage des allergènes molécu- article a pour but de souligner les particularités de l’allergie laires (recombinants) ajoute une plus-value diagnostique, permet alimentaire pédiatrique et d’en dégager les principales moda de stratifier le risque de réaction systémique et de mieux identi- lités diagnostiques, en tenant compte des récentes évolutions fier les facteurs de persistance ou de résolution de l’allergie. Les dans ce domaine. évolutions récentes orientent vers une prise en charge plus inter- ventionnelle, incluant le recours à des tests de provocation oraux afin de limiter les évictions injustifiées. Comment se présente l’allergie alimentaire chez l’enfant ? Food allergy in children : a diagnostic challenge L’allergie alimentaire peut prendre des visages très divers en Food allergy in children has increased unexpectedly during the last fonction du mécanisme pathogénique sous-jacent. Il convient decades and is now the leading cause of anaphylaxis in Europe. The de distinguer l’allergie de type immédiat (médiée par la pré impact on quality of life is significant ; a reliable diagnosis is there- sence d’anticorps IgE), de l’allergie non IgE-médiée d’expres fore of critical importance. The diagnostic approach includes an sion généralement plus tardive comme la proctocolite ou l’en initial clinical evaluation followed by allergy testing (in vivo and / or térocolite allergique. Certaines formes chevauchantes sont dé in vitro). Determination of molecular allergens (recombinants) has crites, comme l’œsophagite à éosinophiles et un même patient emerged as a complementary tool in the diagnosis of food allergy peut présenter conjointement ou successivement des manifes allowing a better prediction of systemic reactions and identifying tations immédiates et retardées. Les principales entités clini markers of persistence or resolution. With recent developments, a ques de l’allergie alimentaire sont décrites dans le tableau 1. more proactive approach is being adopted, which includes oral food challenges in order to avoid unnecessary exclusions. Au-delà de ces premières considérations, l’expression clinique de l’allergie alimentaire varie en fonction de nombreux facteurs incluant notamment l’âge, la nature de l’aliment ou la présence Introduction de facteurs favorisants tels que l’effort physique et la prise concomitante de médicaments ou de toxiques. Ainsi, alors Les maladies allergiques représentent un problème de santé que les manifestations cutanées et digestives prédominent chez publique qui prend des proportions pandémiques dans les pays l’enfant en bas âge, les présentations cutanéo-muqueuses et industrialisés.1 En Europe, plus de 150 millions de personnes respiratoires deviennent prépondérantes dès l’âge scolaire. De en sont affectées, ce qui en fait la plus fréquente des maladies plus, bien qu’une allergie soit possible avec n’importe quel ali chroniques. La population pédiatrique est particulièrement ment, une minorité d’entre eux occasionnent la plupart des concernée puisqu’un enfant sur trois souffre actuellement d’une réactions. Les allergènes les plus fréquents dans l’enfance sont allergie et les prévisions sur dix ans sont alarmantes.2 Après l’œuf de poule, le lait de vache, les cacahouètes, les oléagineux les allergies respiratoires qui ont augmenté considérablement (noisette, noix, amande), le blé et le poisson.5 Le syndrome au cours des dernières décennies, l’allergie alimentaire est ap oral croisé, induit par une sensibilisation primaire aux aller parue comme une « seconde vague » de l’épidémie et atteint gènes respiratoires, prend de l’ampleur à partir de l’âge sco actuellement une ampleur inattendue ; 10 % de la population laire et devient prépondérant à l’adolescence. pédiatrique est concernée dans certaines régions du monde.3 Elle est de plus la principale cause de réactions anaphylacti L’évolution naturelle de l’allergie alimentaire est décrite comme ques sévères en Europe.4 Compte tenu de l’impact de ces ma favorable chez l’enfant, mais le taux de résolution dépend lar ladies sur la qualité de vie et les restrictions sociales qu’elles gement de l’allergène considéré.6 L’allergie au lait de vache, à peuvent impliquer, il est impératif de disposer des outils adé l’œuf, au soja et au blé a généralement un pronostic favorable, avec une résolution avant l’âge scolaire dans la plupart des cas.7 a Service d’immunologie et allergie, Département de médecine interne, CHUV, A l’inverse, l’allergie au poisson, aux crustacés, au sésame, à la 1011 Lausanne cacahouète ainsi qu’aux oléagineux a tendance à perdurer plus samuel.roethlisberger@chuv.ch | francois.spertini@chuv.ch longtemps,8 même si la littérature n’est pas unanime à ce sujet.9 www.revmed.ch 6 avril 2016 677 05_10_39187.indd 677 31.03.16 11:07
REVUE MÉDICALE SUISSE Tableau 1 Présentation des principales formes de réactions allergiques alimentaires Entités cliniques Caractéristiques cliniques Aliments fréquemment Age de survenue Evolution naturelle impliqués IgE-médié Anaphylaxie alimentaire Symptômes immédiats (< 2 h après Lait de vache, œuf de poule, blé, • Dépend de l’allergène • Dépend de l’allergène l’ingestion alimentaire) soja, cacahouète, oléagineux • Possible à tout âge • Lait, œuf, soja et blé : le plus Stade I : (noisette, noix, amande), souvent résolu avant l’âge Urticaire, prurit, anxiété… poisson, crustacés scolaire • Cacahouète, oléagineux, Stade II : poisson, crustacés : le plus + angiœdème, douleurs abdominales, souvent persistant nausées, vomissements… Stade III : + dyspnée, dysphagie, aphonie, crise d’asthme… Stade IV : + chute de tension, perte de connais- sance Syndrome oral croisé Démangeaisons orales immédiates Fruits / légumes crus Dès 5 ans Généralement persistant parfois associées à un angiœdème localisé Anaphylaxie alimentaire Réactions anaphylactiques lors d’un Blé, crustacés, céleri Dès l’âge scolaire, plus Généralement persistant induite par l’effort effort précédé d’une ingestion fréquent à partir de alimentaire l’adolescence Mixte Gastroentéropathie Symptômes gastro-intestinaux Lait, œuf, blé, soja, cacahouète, Possible à tout âge Généralement persistant à éosinophiles aspécifiques (refus alimentaire, oléagineux (noisette, noix, (œsophagite, gastrite, vomissements intermittents, diarrhées amande), poisson, crustacés gastroentérocolite) modérées, parfois rectorragies, ballonnement, inappétence, reflux), dysphagie, impaction alimentaire Non IgE-médié Entéropathie induite Diarrhées persistantes et / ou vomisse- Lait de vache, soja, blé, œuf Dépend de l’allergène, Résolution entre 24-36 mois par les protéines ments 40-72 h après l’ingestion le plus souvent entre alimentaires alimentaire. Malabsorption et retard de 0 et 2 ans croissance fréquents (> 50 %) Proctite / proctocolite Rectorragies ou sang occulte dans les Lait de vache, soja, blé, œuf Entre 0 et 6 mois, le Résolution à 12 mois induite par les pro- selles chez un enfant par ailleurs en plus souvent durant le téines alimentaires bonne santé 1er mois de vie Syndrome d’entéro- Forme aiguë : vomissements Lait de vache, soja, riz, avoine, Dès le 1er jour de vie Lait de vache, soja : généralement colite induite par les incoercibles, pâleur, léthargie, choc œuf, multiples autres protéines jusqu’à 1 an résolu avant l’âge de 3 à 5 ans protéines alimentaires hypovolémique (environ 15 %) entre alimentaires décrites Aliments solides : 1-4 h après l’ingestion alimentaire 50 % de résolution vers l’âge de Forme chronique : diarrhées et 5 ans rectorragies potentiellement sévères, vomissements, retard de croissance modéré à sévère Quelle démarche diagnostique ? (figure 1) un volvulus, une maladie de Hirschsprung, une maladie inflam Etape clinique matoire de l’intestin ou une cœliaquie peuvent également être évoquées. Le diagnostic de l’allergie alimentaire repose premièrement sur une évaluation clinique incluant un interrogatoire détaillé Bilan allergologique et un examen physique dirigé (cutané, ORL, digestif et respira toire). Cette étape primordiale s’intéressera à caractériser la Une suspicion d’allergie alimentaire doit être confirmée par nature et la sévérité des symptômes, leur délai de survenue des tests validés qui peuvent être réalisés à n’importe quel âge, par rapport aux repas, leur fréquence, leur reproductibilité lorsqu’ils sont indiqués. Pour les allergies IgE-médiées, des vis-à-vis d’un aliment ainsi que le contexte associé. Le diag tests in vivo (tests cutanés avec extraits allergéniques com nostic différentiel de l’allergie alimentaire est vaste chez l’en merciaux ou avec l’allergène natif ) et in vitro (dosage des IgE fant, particulièrement en ce qui concerne les formes non IgE- spécifiques et recombinants) sont utilisés. Il est important de médiées qui sont fréquemment confondues avec des étiolo relever qu’aucun de ces tests n’a de valeur diagnostique en gies infectieuses dans un premier temps. Des pathologies aussi soi, à moins que l’aliment considéré n’ait été clairement asso variées qu’une maladie de reflux gastroœsophagien, une sté cié à des symptômes allergiques. Des valeurs seuils peuvent nose hypertrophique du pylore, une malrotation intestinale, également faciliter cette démarche mais leur reproductibilité WWW.REVMED.CH 678 6 avril 2016 05_10_39187.indd 678 31.03.16 11:07
allergo- immunologie fig 1 Démarche diagnostique Evaluation clinique Bilan allergologique Confirmation diagnostique Anamnèse et examen clinique Tests cutanés Eviction alimentaire ciblée • Nature et sévérité des symptômes • Extraits commerciaux (pricks) • Conseils diététiques • Délai de survenue • Allergène natif (pricks-to-pricks) • Plan de traitement • Fréquence Tests in vitro Prescription d’une médication d’urgence • Reproductibilité avec un aliment • Extraits allergéniques totaux • Antihistaminiques • Réponse au traitement • Allergènes recombinants • Auto-injecteur d’adrénaline (avec instruction) • Contexte (lieu, effort physique, médica- Tests de provocation oraux ments concomitants…) • gold standard varie en fonction de l’âge et de facteurs épidémiologiques, ce fig 2 Scénario A qui rend leur interprétation difficile.10 * Le rapport de vraisemblance (RV) (likelihood ratio) est déterminé sur la base des données de la littérature ;11 un test cutané ≥ 3 mm pour la cacahouète La valeur prédictive des tests dépend également du degré de correspond à un RV de 2,4. suspicion initial (probabilité prétest) et du rapport de vrai semblance (likelihood ratio) qu’il s’agit de définir préalablement Patient atopique, épisodes répétés de réactions sur la base de l’anamnèse et des données épidémiologiques anaphylactiques à l’ingestion isolée de cacahouètes disponibles.11 Probabilité prétest Allergie fortement suspectée : ~ 98 % En guise d’exemple, un enfant atopique a une forte probabilité de présenter une allergie à la cacahouète en cas de réactions Résultats anaphylactiques répétées à l’ingestion isolée de cet aliment Test cutané (prick) : 4 mm R Rapport de vraisemblance : ~ 2,4* (probabilité prétest élevée). Dans ce cas, un test cutané positif suffit à confirmer le diagnostic sans équivoque (figure 2). Conclusion Probabilité post-test : > 99 % A l’inverse, un adolescent allergique aux pollens, qui a arrêté R Allergie confirmée de consommer des cacahouètes il y a trois mois en raison d’un Probabilité Probabilité test positif, a peu de chances d’avoir développé une allergie prétest post-test dans l’intervalle (faible probabilité prétest). Des tests addi 0,001 0,999 tionnels peuvent alors s’avérer utiles avant de prévoir une ré 0,002 0,998 introduction le cas échéant (figure 3). 0,003 0,997 0,005 0,995 Allergènes recombinants 0,007 0,993 0,01 0,99 Rapport L’essor des allergènes recombinants a permis une avancée si 0,02 de vraisemblance 0,98 gnificative et l’utilité clinique de ces tests est aujourd’hui re 0,03 1000 0,97 connue pour de nombreux allergènes.12 La possibilité de diffé 0,05 500 0,95 200 rencier les composants d’une source allergénique offre une 0,07 0,93 0,1 100 0,9 plus-value diagnostique (exclusion des faux positifs) sous ré 50 serve d’une utilisation rigoureuse et d’une bonne connaissance 0,2 20 0,8 10 des composants moléculaires. Cela permet également de stra 0,3 5 0,7 tifier le risque de réaction systémique selon le profil de sensi 0,4 2 0,6 bilisation (polcalcines < CCD (Cross-reacting Carbohydrate De- 0,5 1 0,5 0,6 0,5 0,4 terminants) < profilines < PR-10 (pathogenesis related-10) < LTP 0,7 0,2 0,3 (Lipid transfer protein) < protéines de stockage), d’identifier 0,1 les facteurs de persistance ou de résolution de l’allergie,13 et 0,8 0,05 0,2 0,02 d’offrir des recommandations d’éviction plus ciblées. Le ta- 0,9 0,01 0,1 bleau 2 résume les principales implications pratiques de l’usage 0,93 0,005 0,07 0,95 0,05 des recombinants dans le domaine des allergies alimentaires. 0,002 0,97 0,001 0,03 0,98 0,02 Le diagnostic de l’allergie non IgE-médiée repose essentielle ment sur la clinique. L’utilité des tests épicutanés (atopy-patch 0,99 0,01 0,993 0,007 tests) n’est pas établie et son utilisation reste marginale en 0,995 0,005 allergologie. Un test d’éviction / réintroduction peut en revan 0,997 0,003 che être proposé afin de confirmer le diagnostic. Les modalités 0,998 0,002 de ce test dépendent du mode de présentation initial et de 0,999 0,001 l’évaluation du risque de réaction systémique à la réexposi tion. www.revmed.ch 6 avril 2016 679 05_10_39187.indd 679 31.03.16 11:07
REVUE MÉDICALE SUISSE Pour des raisons pratiques, les TPO sont fréquemment effec fig 3 Scénario B tués de manière ouverte. Ils nécessitent une supervision mé * Le rapport de vraisemblance (RV) (likelihood ratio) est défini par les données dico-infirmière spécifiquement formée et un environnement de la littérature ;11 une valeur d’IgE spécifiques à 15 kU / L correspond à un RV équipé pour faire face à une réaction anaphylactique poten d’approximativement 8. tiellement sévère. TPO : tests de provocation oraux. Adolescent connu pour une rhinite saisonnière, a déjà consommé de la cacahouète mais a stoppé Situations particulières depuis un test positif Allergies du petit enfant Probabilité prétest La diversification alimentaire est une période charnière dans Risque de développer une allergie le développement des allergies de l’enfant. Des données ré durant la phase d’éviction : < 1 % centes ont par ailleurs confirmé l’intérêt d’une introduction Résultats précoce d’aliments potentiellement allergéniques dans un but IgE spécifiques : 15 kU / L préventif sous certaines conditions.14 R Rapport de vraisemblance : ~ 8* La prise en charge traditionnelle d’une réaction allergique Conclusion consiste à proposer une éviction stricte de l’aliment concerné Probabilité post-test : ~ 2,5 % R Allergie peu probable : considérer un autre test et à fournir une instruction en vue d’un traitement rapide des (recombinants, TPO) effets indésirables en cas d’ingestion accidentelle. Certaines situations exigent de plus une approche anticipative, qui com Probabilité Probabilité prend également l’identification des allergènes associés à l’ali prétest post-test ment ayant causé la réaction initiale.15 Ceci est justifié par un 0,001 0,999 taux important de coallergies chez l’enfant atopique. Ainsi, une 0,002 0,998 sensibilisation à la cacahouète doit être activement dépistée 0,003 0,997 (tests cutanés ou IgE spécifiques) chez un enfant souffrant 0,005 0,995 d’une allergie à l’œuf (coallergies dans 20-30 % des cas). De 0,007 0,993 0,01 0,99 même, lors d’une allergie documentée à la cacahouète, un dé Rapport pistage est proposé pour les fruits à coque (30-40 % de coaller 0,02 de vraisemblance 0,98 0,03 0,97 gies) ou le sésame (environ 25 %). En cas de résultat positif, il 1000 500 faut considérer une réintroduction sous supervision médicale 0,05 0,95 0,07 200 0,93 afin de déterminer la pertinence clinique de la sensibilisation. 0,1 100 0,9 50 0,2 20 0,8 Dermatite atopique modérée à sévère 10 0,3 5 0,7 La dermatite atopique (DA) est une maladie primairement der 0,4 2 0,6 0,5 1 0,5 matologique qui affecte fréquemment le nourrisson et l’en 0,6 0,5 0,4 fant en bas âge et s’associe à un défaut de la barrière cutanée. 0,7 0,2 0,3 Néanmoins, un tiers des jeunes enfants qui présentent une 0,1 0,8 0,05 0,2 DA modérée à sévère souffrent également d’une allergie ali 0,02 mentaire associée.16 Chez l’enfant de moins de 3 ans, il est 0,9 0,01 0,1 0,93 0,07 ainsi recommandé de rechercher activement une sensibilisa 0,005 0,95 0,002 0,05 tion à l’œuf et au lait de vache ainsi qu’aux allergènes alimen 0,97 0,001 0,03 taires les plus répandus (blé, cacahouète, oléagineux, poisson). 0,98 0,02 Chez l’enfant plus âgé, la prévalence des allergies alimentaires 0,99 0,01 diminue en raison de l’histoire naturelle favorable. Dans ce 0,993 0,007 groupe d’âge, le dépistage d’une allergie aux acariens (asso 0,995 0,005 ciée à des poussées d’eczéma y compris chez l’adulte) ou à 0,997 0,003 d’autres allergènes respiratoires permettra de déterminer leur 0,998 0,002 éventuel rôle pathogénique dans la DA. 0,999 0,001 Coliques, diarrhées, vomissements et retard Tests de provocation oraux de croissance Les TPO pratiqués en double aveugle versus placebo repré Les symptômes gastro-intestinaux aspécifiques sont fréquents sentent le « gold standard » diagnostique de l’allergie alimen dans la petite enfance. Ils sont rarement les manifestations taire. Ils consistent en l’ingestion d’un aliment incriminé à isolées d’une allergie alimentaire mais la présence de facteurs doses progressives, en vue d’exclure ou de documenter une associés augmente la probabilité d’une telle étiologie. Tandis que résolution de l’allergie. Dans certaines situations, un TPO les manifestations aiguës sont le plus souvent d’origine infec permet de confirmer une allergie suspectée, de déterminer un tieuse, des symptômes chroniques ou récurrents se rencontrent seuil de réactivité et d’aider le patient à reconnaître les signes dans le cadre de syndromes allergiques (généralement non précoces d’allergie en vue d’une meilleure gestion. IgE-médiés), et peuvent avoir un impact sur la croissance sta WWW.REVMED.CH 680 6 avril 2016 05_10_39187.indd 680 31.03.16 11:07
allergo- immunologie Tableau 2 Utilité clinique des recombinants pour les principaux allergènes alimentaires Aliments Extrait total Allergènes Utilité clinique Autres allergènes recombinants utiles dans certaines recombinants circonstances Lait de vache Lait de vache Bos d8 • Associé à un risque de • Bos d4 (a-lactalbumine) Evaluation du risque de réaction (caséine) réaction systémique au lait • Bos d5 (b-lactoglobuline) au lait cru ou à la viande rouge sous toutes ses formes • Bos d6 (albumine de et du développement d’une • Diminution des taux lors de sérum bovin) tolérance l’acquisition d’une tolérance • Bos d Lactoferrine • Valeur élevée indique une allergie persistante (marqueur de persistance) Œuf de poule Blanc d’œuf Gal d1 • Associé à un risque de • Gal d2 (ovalbumine) Evaluation du risque de réaction (ovomucoïde) réaction systémique à l’œuf • Gal d3 (conalbumine) à l’œuf cru ou partiellement cuit sous toutes ses formes • Gal d4 (lysozyme) (potentiel allergénique élevé) • Si absent, marqueur de tolérance à l’œuf cuit • Marqueur de persistance Blé Blé, gluten Tri a 19 • Associé à un risque de • Tri a14 (LTP) Evaluation du risque de (Ω-5-gliadine) réaction systémique, en • Gliadine (contient a, b, g réactions locales et systémiques particulier à l’effort et Ω-gliadines) • Marqueur de persistance Cacahouète Arachide Ara h2 • Associé à un risque de • Ara h1, Ara h3 (protéines • Evaluation du risque de réaction (protéine de stockage) réaction systémique à la de stockage) systémique cacahouète • Ara h9 (LTP) • Evaluation du risque de réac- • Marqueur de persistance tions locales et systémiques • Ara h8 (PR-10) • Associé à des réactions locales, sensibilisation aux bétulacées Noisette Noisette • Cor a9 (protéine de • Associé à des réactions Cor a1 (PR-10) Associé à des réactions locales, stockage) systémiques, y compris sensibilisation aux bétulacées • Cor a14 (protéine de sévères chez l’enfant stockage) • Cor a8 (LTP) • Associé à des réactions locales et systémiques, sensibilisation à la pêche Fruits (rosacées) Prick-to-prick Pru p3 (LTP) et / ou LTP Associé à des réactions Bet v1 (PR-10) et / ou PR-10 Associé à des réactions locales, du fruit considéré locales et systémiques du fruit considéré sensibilisation aux bétulacées turo-pondérale. Un bilan allergologique est ainsi parfois justi pose un recours plus fréquent aux TPO (lorsqu’ils sont indi fié après exclusion des causes alternatives plus fréquentes qués), en vue de recommandations d’éviction plus ciblées. Un mais nécessite souvent l’aide d’un spécialiste. L’implication dépistage proactif et une introduction précoce des aliments d’un allergène alimentaire peut être déterminée par un ré potentiellement allergéniques pourraient par ailleurs préve gime d’exclusion, suivi d’une réintroduction. Une endoscopie nir la survenue de réactions indésirables et avoir un impact digestive peut également se révéler utile dans certaines situa favorable sur la qualité de vie des patients. tions. Le dosage des IgE spécifiques contribue en revanche rarement au diagnostic. Conflit d’intérêts : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article. Conclusions Implications pratiques Devant l’émergence des allergies alimentaires, le médecin de Les allergies alimentaires ont considérablement augmenté ces premier recours est régulièrement confronté à des réactions dernières décennies et représentent aujourd’hui la première cause présumées allergiques, dont les manifestations hétérogènes d’anaphylaxie en Europe évoluent au gré de l’âge. Il fait également face à l’essor de nou velles modalités diagnostiques qui sont autant de défis ren L’usage des protéines recombinantes a permis une avancée contrés dans la prise en charge au quotidien. Si les tests cuta significative dans le domaine des allergies alimentaires mais nés et le dosage des IgE spécifiques ont une valeur prédictive suppose une démarche diagnostique rigoureuse et une connais- bien établie, leur interprétation comporte certaines limitations sance précise des composants moléculaires que l’usage des allergènes recombinants n’a pas permis de Une prise en charge proactive qui inclut le recours à des tests combler entièrement. Il est néanmoins possible aujourd’hui de de provocation oraux prévient de potentielles réactions anaphylac mieux appréhender le risque de réaction systémique et d’iden tiques dans la communauté et améliore la qualité de vie des patients tifier les facteurs prédisant le développement d’une tolérance. et de leurs familles Ceci permet de tendre à une certitude diagnostique qui sup www.revmed.ch 6 avril 2016 681 05_10_39187.indd 681 31.03.16 11:07
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