Armée de l'Air : le drone MALE Reaper, missions et équipages - Association nationale des croix de guerre et ...

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Armée de l'Air : le drone MALE Reaper, missions et équipages - Association nationale des croix de guerre et ...
Armée de l’Air : le drone MALE
Reaper, missions et équipages
Les opérations extérieures (Opex) et les dispositifs particuliers de sûreté aérienne
(DPSA) nécessitent un engagement élevé de drones MALE (moyenne altitude
longue endurance) et de former beaucoup d’équipages.

Leurs enjeux ont été présentés à la presse, le 16 mai 2019 à Paris, par le colonel,
chef de la division ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance) de l’état-
major de l’armée de l’Air, et le lieutenant-colonel commandant l’escadron de
drones 1/33 « Belfort », implanté sur la base de Cognac. De plus, le mensuel Air
Actualités d’avril 2019 inclut un dossier sur les drones de l’armée de l’Air.

Missions. Outre la posture permanente de sûreté aérienne du territoire national,
les DPSA concernent les grands événements : défilés du 14 juillet et du 11
novembre à Paris ; voyage du pape Benoît XVI à Lourdes en 2008 ; Conférence de
Paris sur le changement climatique (COP 21, 2015) ; sommets du G8 à Evian
(2003) et à Deauville (2011). Les drones MALE sont aussi déployés en Opex :
Kosovo (2001-2002) ; Afghanistan (2009-2012) ; Libye (2011) ; « Serval » au Mali
(2013) ; « Barkhane » dans la bande sahélo-saharienne (depuis 2014). Ainsi, un
système de drone Reaper au standard Block 1 apporte un appui direct à
« Barkhane », pour une mission de coordination de frappe et de reconnaissance
par transmission, au poste de commandement interarmées de théâtre (PICAT) de
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N’Djamena (Tchad), d’un renseignement élaboré en temps réel par son équipage.
Cette mission se déroule en quatre phases : recherche des objectifs sur zone puis
extraction de leurs coordonnées GPS ; transfert des données tactiques aux Mirage
2000D et attribution de cibles après autorisation d’ouverture du feu du PICAT ;
dans le cas de 3 cibles, illumination de la cible 1 et transmission des coordonnées
des cibles 2 et 3 aux avions de chasse ; maintien sur zone pour s’assurer de la
réussite de la mission. Depuis 2013, les deux Reaper de « Belfort » ont éclairé une
soixantaine de bombes guidées laser GBU 12 de 250 kg. Fin 2019, le drone au
standard Block 5 pourra emporter un missile à faible charge militaire et à
autodirecteur laser. Un deuxième système pourrait être mis en place directement
à Niamey (Niger) en 2020. Le Reaper aide à la décision en temps réel et participe
à la fusion du renseignement, grâce à sa connectivité avec les autres moyens de
l’armée de l’Air. En 2030, celle-ci déploiera en permanence : 3 satellites CSO
(composante spatiale optique) ; 3 satellites Ceres d’écoute et de renseignement
électromagnétique ; 3 avions Falcon CUGE (charge universelle de guerre
électronique) ; 16 drones Reaper et 8 stations sol ; 8 ALSR (avions légers de
surveillance et de reconnaissance), complémentaires des drones ; des nacelles
ASTAC (analyseur de signaux tactiques) et des systèmes de reconnaissance de
nouvelle génération montés sur chasseurs ; l’écoute mobile « Sternes » sur
véhicule terrestre.

Formation. L’armée de l’Air, qui dispose de 20 équipages opérationnels de
Reaper en 2019, devra en former de 80 à 100 d’ici à 2030. Un équipage compte 1
pilote de drone, 1 pilote opérateur de capteurs, 1 officier de renseignement et 1
opérateur images. La 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et
d’attaque, créée en 2019, va constituer un vivier d’experts de planification et de
conduite des opérations. Les pilotes de drones seront recrutés directement, pour
les deux tiers, et issus des unités de combat de l’armée de l’Air, pour un tiers, afin
de maintenir cette polyvalence et ce savoir-faire spécifiques.

Loïc Salmon

Drones : préparer le combat aérien de demain

Drones et armes hypersoniques : futurs enjeux de puissance

Espace : CSO, renouvellement des moyens militaires français
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Armée de Terre : « Scorpion », le
combat collaboratif infovalorisé
Avec le début du programme « Scorpion » en 2019, les forces terrestres
préparent la supériorité opérationnelle sur l’adversaire par le partage immédiat
de l’information et l’accélération de l’action au combat.

Un point de situation a été présenté à la presse, le 11 avril 2019 à Paris, par trois
colonels : le chef de bureau « capacités Mêlée-Inter domaines Scorpion » du
Commandement des forces terrestres ; l’officier de programme Scorpion à l’état-
major de l’armée de Terre ; le commandant de la Force d‘expertise du combat
Scorpion (FECS).

Equipements et infrastructures. Le programme d’armement Scorpion
comprend : le véhicule blindé multi-rôles Griffon (24,5 t) ; l’engin blindé de
reconnaissance et de combat Jaguar (25 t) ; le véhicule blindé multi-rôles léger
Serval (17 t) ; le char Leclerc rénové (55 t) ; le système d’information du combat
Scorpion (SICS) pour tous les niveaux du groupement tactique interarmes (GTIA),
livré en 2019 ; le poste de « radio logicielle » Contact (communications
numériques tactiques et de théâtre) de nouvelle génération à haut débit et
sécurisé, livré dès 2020 ; le système de préparation opérationnelle. La
« vétronique », à savoir l’électronique embarquée sur les véhicules Scorpion,
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transforme les informations captées (bruit et départ de missile) en informations
de combat partagées entre tous les véhicules. D’ici à 2025, seront livrés : 936
Griffon sur une série cible de 1.872 ; 150 Jaguar (300) ; 489 Serval (978) ; 122
chars Leclerc rénovés (200). En matière d’infrastructures, l’Ecole du matériel de
Bourges a déjà reçu des bâtiments logistiques en 2018. D’autres sont en
construction au 3ème Régiment d’infanterie de marine de Vannes et au 13ème
Bataillon de chasseurs alpins de Chambéry, lesquels recevront les premiers
Griffon. Conclu en 2018 avec la Belgique, le partenariat stratégique « Camo »
(capacité motorisée) prévoit la vente de 382 Griffon, de 60 Jaguar et du SICS à
l’armée belge. Son volet opérationnel inclut des entraînements, de la formation et
le maintien en condition opérationnel des matériels. Le programme Scorpion sera
bientôt interopérable avec le système « Strike », dont se dote l’armée britannique.

Formation et expertise. Toute en conduisant ses opérations extérieures
(« Chammal » et « Barkhane ») et intérieure (« Sentinelle »), l’armée de Terre
assure une formation décentralisée de ses personnels, pour raccourcir le temps
de mixité entre équipements d’ancienne et de nouvelle générations. Des « primo-
formateurs » sont formés dans différents centres ou écoles pour des sessions de
2,5 jours pour 15 personnels (8 instructeurs et 7 moniteurs-pilotes). Ensuite, ils
vont assurer les formations individuelles dans leurs propres unités et régiments,
qui seront suivies d’entraînements collectifs en centres spécialisés (photo). Il faut
2,5 ans pour former un régiment. Le Laboratoire du combat Scorpion
expérimente, par des exercices, la doctrine Scorpion jusqu’à sa validation sur le
terrain par les troupes combattantes. Il analyse aussi l’apport des technologies
civiles ou de l’industrie de défense : intelligence artificielle, réalité augmentée,
robotique, munitions intelligentes ou armes laser. Depuis l’été 2018, la trentaine
d’experts du combat collaboratif infovalorisé de la FECS conduisent des exercices
d’évaluation technico-opérationnelle et tactique pour mesurer la performance de
toutes les composantes du futur GTIA Scorpion. Enfin, des rendez-vous sont
prévus tous les trois ans pour l’intégration de nouvelles technologies, avec le
concours de l’Agence innovation défense.

Loïc Salmon

Défense : l’emploi de l’IA sur le champ de bataille de demain

Armée de Terre : le « soldat augmenté », efficacité et éthique
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Défense : l’AID, interlocutrice des porteurs d’innovation

Marine nationale : les drones
aériens embarqués, une plus-value
opérationnelle
Complémentaires des aéronefs embarqués, les drones aériens permettront de
prendre l’ascendant en opération et d’améliorer la vie à bord.

Ce thème a été traité au cours d’une conférence-débat organisée, le 14 mars 2019
à Paris, par l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes
études de défense nationale. Y sont intervenus : un capitaine de frégate, officier
de correspondance à l’état-major de la Marine ; le directeur du programme
« Drones » à la Direction générale de l’armement (DGA).

Coût/efficacité. Les drones permettent d’économiser du temps et de l’argent,
explique le capitaine de frégate. Démultiplicateurs des capacités de recueil
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d’information et d’action, ils dégagent l’homme des tâches ennuyeuses, sales et
dangereuses pour qu’il se concentre sur une activité plus complexe.
L’automatisme effectue les travaux routiniers et répétitifs. Un drone agit mieux et
plus longtemps que l’homme dans un environnement hostile, limite l’exposition
humaine à la menace et peut évoluer en ambiance nucléaire, radiologique,
biologique ou chimique. La détection, par un drone, d’une pollution en mer ou du
naufrage d’un transporteur de produits dangereux précède l’arrivée, par
hélicoptère, d’une équipe d’intervention. L’envoi d’un aéronef sans personne à
bord dans une zone dangereuse implique la notion de « perte » de l’engin et
l’importance du coût de son exploitation. La plus-value opérationnelle porte sur le
tri et l’évaluation du potentiel réel d’une offre pléthorique de drones, sur le
marché. La résilience de l’engin et sa fiabilité dépendent de sa robustesse face à
la corrosion du sel marin. Un vol ininterrompu de 24 à 40 heures mobilisant
plusieurs opérateurs, le gain en ressources humaines résulte du recours à
l’intelligence artificielle. L’évaluation de la gravité des risques pris par le
combattant restera pertinente. Quoique le drone lui apporte une aide à
l’intervention, il devra quand même intervenir pour remplir la mission avec
succès. La montée en puissance progressive des drones nécessite un effort
financier, qui détermine les priorités pour intégrer les capacités nouvelles sur un
équipement en développement. La principale priorité porte sur les lacunes
capacitaires à combler pour garantir l’emploi opérationnel des drones navals.
Leurs spécificités rendent impossible une simple adaptation des systèmes de
drones aéroterrestres au milieu aéromaritime. En effet, en situation de crise, une
frégate ne pourrait arrêter ses radars pour mettre en œuvre un drone. Le
traitement du besoin maritime diffère selon l’étendue de la zone d’opération. Le
« Plan Mercator » prévoit un drone par bâtiment de haute mer et par sémaphore
(poste de défense côtier pour l’action de l’Etat en mer) en 2030.

Segments différents. Le rayon d’action d’un drone aérien doit rester en
cohérence avec la zone d’intérêt militaire où il est déployé. Sa « survivabilité »
dépend du niveau de la menace, de son allonge et de l’étendue de la zone
d’opérations. Ainsi un drone MALE (moyenne altitude longue endurance) surveille
les approches maritimes d’un théâtre d’opérations entre 1.000 et 300 milles
marins (1.800-555 km) de la côte. Un drone de combat couvre une zone de 300 à
100 milles (555-185 km) autour d’une force navale amphibie ou du groupe
aéronaval. Un drone tactique à décollage et atterrissage vertical opère au profit
d’une frégate ou d’un patrouilleur à une distance de 100 à 60 milles (185-111
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km). Enfin, les commandos Marine utilisent des mini-drones jusqu’à 30 milles (55
km) et des micro-drones d’une portée de quelques dizaines de mètres. Pour le
drone de combat et de théâtre, le programme franco-allemand SCAF (système
de combat aérien futur) prévoit une capacité embarquée sur porte-avions, en
complément des avions de chasse pilotés. Le drone de surveillance maritime
sera, à terme, une version navalisée du futur Euromale. D’ici là, il faudra adapter
le drone Reaper ou développer une composante intérimaire comme les drones
Patroller français, Sea Gardian britannique ou Tekever AR5 américain. Le drone
tactique embarqué permettra au commandant du bâtiment porteur d’acquérir
et d’entretenir dans le temps la maîtrise de la situation maritime au-delà de la
portée des senseurs du bord. Il complètera l’hélicoptère, sans le remplacer, pour
les missions de surveillance maritime, de reconnaissance, de renseignement et
d’appui aux opérations. Le drone S100, opérationnel fin 2019, précède le
démonstrateur SDAM (système de drone aérien marine) VSR 700, en vue
d’équiper toutes les frégates à l’horizon 2027 (voir encadré). Le drone de
contact SMDM (système de mini-drone marine), inférieur à 25 kg, d’utilisation
simple et récupérable à bord, contribue à la maîtrise de la situation tactique
autour du navire porteur entre 10 et 50 milles (18-92 km). Utilisé par les
commandos Marine, il reconnaît et identifie ce qu’ont détecté les senseurs,
maintient un contact discret, recueille du renseignement sur l’objectif et désigne
la cible. Enfin, les micro-drones (moins de 2 kg, 30 minutes de vol) assurent la
surveillance de site, le soutien sur sinistre ou pollution marine et les prises de
vues aériennes (inspection de mâture).

Enjeux techniques. Selon l’ingénieur de la DGA, le marché des SDAM a été
lancé fin 2017 en cotraitance avec Naval Group et Airbus Helicopters pour
équiper tous les types de frégates. Des essais d’appontage automatique du
VSR700 avec les contraintes spécifiques à l’environnement marin commenceront
en 2021. Seront ensuite fixés les choix de la propulsion future, à savoir
thermique, électrique, hybride ou à hydrogène, et de la convertibilité, à savoir
voilure fixe (version avion) ou tournante (version hélicoptère). La miniaturisation
des capteurs et leur traitement automatisé des données (détection et
identification), par l’intelligence artificielle, permettra de réduire la charge des
opérateurs. Face à un drone suicide, il faudra développer un système de
brouillage pour le neutraliser sans affecter la liaison du navire avec le SDAM. En
cas de perte au combat, il faudra pouvoir récupérer sa bibliothèque de données
chiffrées.
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Loïc Salmon

Le système de drones comprend : un ou plusieurs véhicules aériens équipés de
charges utiles, variables selon les missions ; un ou plusieurs opérateurs dans une
station de contrôle commande au sol ; une ou plusieurs liaisons de données ; un
système de lancement, si nécessaire ; un système d’atterrissage et/ou de
récupération, si nécessaire ; un système de maintenance/soutien. Voici les
caractéristiques du drone expérimental tactique embarqué S100 : masse, 200 kg ;
longueur, 3,10 m ; diamètre du rotor, 3,040 m ; charge utile 50 kg ; vitesse de
patrouille, 111 km/h ; endurance, 5h30. Lors d’essais sur le patrouilleur Adroit et
le porte-hélicoptères amphibie Dixmude, il a réalisé 320 heures de vol, dont plus
de 100 heures en environnement opérationnel, et 300 appontages. Le futur drone
aérien marine VSR 700 (700 kg) emportera une charge utile de 100 kg et
patrouillera à 160 km/h pendant 10 heures à 148-185 km du navire porteur.

Drones Air et Marine : surveillance, renseignement et… combat

Drones et robots en mer : toujours garder l’homme dans la boucle de décision

Marines : innovations et ruptures capacitaires
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Défense : augmentation des
budgets mondiaux en 2018 et
réaffirmations de puissance
Les budgets militaires ont totalisé 1.670 Mds$ en 2018, soit une hausse de près
de 2 % en un an, surtout dans les pays occidentaux et en Asie. La Chine accélère
la modernisation de ses équipements, comme le Japon et la Russie. Les armées
africaines profitent des opérations internationales de maintien de la paix.

Tel est le constat du document « Military Balance 2019 » de l’Institut d’études
stratégiques de Londres (International Institute for Strategic Studies, IISS),
présenté lors d’une conférence-débat organisée, le 25 février 2019 à Paris, par
l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire. Sont
notamment intervenus : François Heisbourg, conseil de l’IISS pour l’Europe ; le
général de brigade (2S) britannique Ben Barry, IISS ; Sonia Le Gouriellec, maître
de conférences à l’Université Catholique de Lille.

La Chine. Le budget militaire de la Chine a crû de 8 %/an en termes réels entre
2007 et 2017, puis de 6 %/an en 2017 et 2018 malgré le ralentissement
économique, indique le général Barry. Sa Marine doit désormais faciliter les
opérations à longue distance et accroître le rythme de ses missions. A cet effet, 2
croiseurs lance-missiles de la classe 055 (12.000 t) ont été lancés en juin 2018 et
4 autres sont en chantier. En outre, 13 frégates anti-aériennes 052C (7.500 t) et
052D (7.000 t) sont entrées en service entre 2008 et 2018. Pour la défense
aérienne sur mer, les Etats-Unis arrivent en tête avec 87 bâtiments en 2018,
devant 8 pays européens totalisant 30 unités : Grande-Bretagne, 6 ; Espagne, 5 ;
Norvège, 5 ; Pays-Bas, 4 ; Allemagne, 3 ; Danemark, 3 ; Italie, 2 ; France, 2.
L’Asie-Pacifique a presque rattrapé l’Europe avec 28 navires : Chine,15 ; Japon,
6 ; Corée du Sud, 3 ; Inde, 3 ; Australie, 1. Le porte-aéronefs chinois Liaoning, ex-
Varyag racheté à l’Ukraine en 2000, a repris la mer après sa modernisation. Un
second, construit en Chine, devrait entrer en service en 2019. Mais il leur reste à
acquérir groupes aériens et navires d’escorte. Par ailleurs, la Chine a terminé son
programme de poldérisation et de construction sur des îlots en mer de Chine et y
installe des infrastructures pour abriter des armements, en cours de
développement, pour gêner toute intrusion d’une force armée adverse en mer de
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Chine. Les forces amphibies chinoises augmentent en effectifs avec la
transformation de 4 unités d’infanterie et de défense côtière en brigades, dont 2
affectées au théâtre du Nord et 2 à celui de l’Est, mais pas encore équipées ni
entraînées pour une opération amphibie. En outre, les forces armées améliorent
leurs capacités en matière de cyber, espace, énergie dirigée et technologies
quantiques. Le plan national d’intelligence artificielle vise à faire bénéficier la
défense des progrès réalisés dans le secteur civil. Quoique redoutée dans la
région, la puissance militaire chinoise présente des faiblesses, notamment dans
l’entraînement et la lutte anti-sous-marine, sans compter le manque d’expérience
du combat. Des opérations sur un théâtre extérieur éloigné ou contre un
adversaire aux capacités similaires se trouveraient limitées, en raison du petit
nombre d’unités de soutien, à savoir avions-ravitailleurs, plates-formes ISR
(renseignement, surveillance et reconnaissance) et navires logistiques.
Contrairement à leurs anciens homologues de l’Union soviétique, indique
François Heisbourg, les militaires chinois parlent de leurs faiblesses. De plus, la
Chine met l’accent sur l’exportation d’armements pour projeter sa puissance et
profiter aussi de l’expérimentation de l’efficacité de ses systèmes d’armes par
d’autres pays. Ainsi, fin 2018, la présence de missiles air-air à guidage radar
PL-12 chinois (portée de 3 à 50 km) a été constatée sur des avions de l’armée de
l’Air birmane.

Le Japon. Selon le « Military Balance 2019 », le Japon va transformer ses deux
porte-hélicoptères de la classe Izumo (19.500 t), en vue de recevoir des avions de
combat américains F-35B à décollage court et atterrissage vertical, permettant
une projection limitée de puissance ou, au moins, une opération autonome au-delà
de la portée d’avions basés à terre. Comme leurs homologues américains, les
destroyers de défense aérienne japonais sont équipés d’un système de combat
Aegis spécifique, capable d’intercepter des missiles balistiques à 370 km de
distance et 185 km d’altitude.

La Russie. Les 5 frégates anti-aériennes russes disposent des missiles
hypersoniques SA-N-6 et SA-N-20 d’une vitesse de mach 20 (24.696 km/h) et
d’une portée d’environ 4.000 km. En Crimée, la Russie a mis en œuvre le système
de défense aérienne S-400, composé de 4 types de missiles tirés de navires : 9
M96 d’environ 50 km de portée ; 9 M96-2, 100 km ; 48 N6D, 200 km ; 40 N6 en
développement, 400 km. S’y ajoutent le système de défense côtier 3K60 Bal,
composé de missiles de croisière SSC-6A Sennight (130 km) et SSC-6 Sennight en
développement (260 km), et le 3K55 Bastion avec le missile de croisière SSC-5
Stooge (300 km). En cas de crise, le S 400 pourrait dénier l’accès de cette région
de la mer Noire à une intervention extérieure adverse. La Russie développe et
déploie de nouveaux armements nucléaires et à capacité duale. Ainsi, la
production en série du planeur hypersonique Avanguard, capable de porter des
charges nucléaires ou conventionnelles, a commencé en 2018. En outre, le
déploiement du système 9M729 se poursuit avec le missile de croisière SSC-8
Screwdriver, tiré du sol (2.500 km). En 2018, Washington a accusé Moscou
d’enfreindre ainsi le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire
(500-5.500 km), conclu en 1987 entre les Etats-Unis et l’URSS à l’époque. Début
février 2019, les deux Etats ont annoncé leur retrait du traité dans les six mois.

L’Afrique. Les armées africaines apportent une contribution essentielle à la
résolution des conflits sur leur continent, explique Sonia Le Gouriellec. Depuis
2000, 22 missions de paix, internationales ou régionales, s’y sont déroulées.
L’ONU y a envoyé 75.714 personnels militaires et civils, dont 44.100
ressortissants locaux, et l’Union africaine (UA) 36.550. Les opérations de
maintien de la paix apportent avantages financiers et techniques, entraînement et
compétences spécifiques aux armées africaines, qui reçoivent des matériels
américains, français et russes, mais les entretiennent peu. Les Etats africains en
retirent la paix sociale par la professionnalisation de leurs armées, qui acceptent
la subordination aux autorités civiles. Sénégal et Tchad fournissent des troupes à
l’ONU et l’UA et Kenya, Burundi, Ouganda et Ethiopie des appuis logistiques. Des
formations sont assurées en Ethiopie et aux Ghana, Togo et Kenya, avec la
coopération des Etats-Unis et de la France (Eléments français au Sénégal et au
Gabon).

Loïc Salmon

Le document annuel « Military Balance », qui publie sa 60ème édition en 2019, a
établi un classement par pays des 15 principaux budgets de défense dans le
monde en 2018. Les Etats-Unis restent en tête avec 643,3 Mds$ devant : les pays
européens membres de l’OTAN, 264 Mds$ ; la Chine, 168,2 Mds$ ; l’Arabie
saoudite, 82,9 Mds$ ; La Russie, 63,1 Mds$ ; l’Inde, 57,9Mds$ ; la Grande-
Bretagne, 56,1 Mds$ ; La France, 53,4 Mds$ ; le Japon, 47,3 Mds$ ; l’Allemagne,
45,7 Mds$ ; la Corée du Sud, 39,2 Mds$ ; le Brésil, 28,8 Mds$ ; l’Australie, 26,6
Mds$ ; l’Italie, 24,9 Mds$ ; Israël, 21,6 Mds$.
Défense : 2017, budgets mondiaux et modernisation

Chine : l’intelligence artificielle, priorité de sécurité nationale

320 – Dossier : « Sénégal, coopération avec la France et rayonnement
régional »

Marines : innovations et ruptures
capacitaires
La conception de systèmes navals modulaires, selon une ligne de produits avec
des mises à niveau dans le temps court, permet d’intégrer les innovations, y
compris celles du monde civil, au cours de leur longue vie opérationnelle.
Cette évolution et les ruptures technologiques possibles ont été abordées au
cours d’un colloque organisé, le 22 octobre 2018 à Paris, par le Groupement des
industries de construction et activités navales (GICAN) et la Fondation pour la
recherche stratégique (FRS). Y sont intervenus : l’ingénieur général (2S) Joël
Barre, délégué général pour l’armement ; Eric Papin, directeur technique chez
Naval Group ; Philippe Gros, maître de recherche à la FRS.

Contexte techno-économique. L’identification des rythmes technologiques
permettra de planifier l’innovation à l’horizon de 15-20 ans, explique Joël Barre.
La Direction générale de l’armement (DGA) travaille avec les armées pour
analyser les menaces et les nouvelles technologies. Les industriels y sont ensuite
associés pour identifier les futurs systèmes d’armes et déterminer le juste besoin
pour mieux préparer les programmes. La nouvelle Agence de l’innovation de
défense (AID) vise à concrétiser les inventions d’opportunité dans ce qui n’est pas
inclus dans la feuille de route, pour gagner en performance en raccourcissant les
délais. Son « Innovation Défense Lab » va identifier les innovations du monde civil
intéressant les armées et accélérer leur intégration dans les systèmes militaires
existants ou les programmes futurs. Relié aux laboratoires des armées, il
travaillera en réseau pour les expérimentations rapides sur des créneaux à haute
valeur ajoutée. La DGA soutient les petites et moyennes entreprises, soit 80 % des
membres du GICAN. Son dispositif RAPID (Régime d’appui pour l’innovation
duale), d’un montant annuel de 50 M€ depuis 2016, s’accompagne d’un fonds de
la DGA de 10 M€ pour les protéger dans la guerre économique. En outre, seront
créés des « Clusters régionaux d’innovation », à rapprocher du Centre technique
de la DGA pour démultiplier localement l’action de l’AID. Les études amont
analysent les ruptures capacitaires et trouvent les innovations pour répondre aux
besoins d’une force navale, à savoir le combat aéromaritime, le sauvetage
aéronautique, la guerre électronique et l’action sous-marine. Le drone naval va
détecter et identifier la menace, qui sera neutralisée à distance de sécurité par un
robot. Les audits techniques majeurs donnent l’occasion d’améliorer encore les
performances par de nouveaux capteurs et radars.

Perspectives technologiques. Tous les 2-3 ans apparaît une nouvelle
technologie à installer sur une frégate, qui a nécessité 10 ans d’études et de
construction et doit rester 30 ans en service, souligne Eric Papin. La capacité
opérationnelle d’un navire repose sur sa supériorité en matière d’information,
d’engagement armé et de durée à la mer pendant plusieurs mois, avec une
empreinte environnementale la plus faible possible. La capacité opérationnelle
d’une force navale englobe l’évaluation de la situation tactique par des multi
capteurs, la gestion dynamique des communications, la mise en œuvre
coordonnée et « collaborative » des systèmes d’interception, drones et armes
autonomes. Pour conserver l’avantage face aux différentes menaces, cette
capacité doit : assurer la furtivité des navires dans un environnement hostile ;
leur constituer un véritable bouclier de protection ; se préparer aux attaques
asymétriques et aux cyberattaques ; résister aux combats et agressions d’origine
maritime. L’amélioration de l’autonomie en énergie passe par : la mutualisation
des sources ; un stockage sûr, dense et optimisé ; une distribution par un réseau
ouvert, fiable, sûr et respectueux de l’environnement ; une
consommation optimisée ; un système de gestion simple et adaptable. Les
équipages deviendront plus autonomes sur des navires plus complexes et
davantage disponibles à la mer, grâce à une maintenance prévisible et une aide à
distance. La conception du navire du futur, connecté et cybersécurisé, doit
optimiser l’intégration des senseurs et des systèmes d’armes. Il s’agit de rendre
accessibles les solutions technologiques indispensables aux besoins
opérationnels. L’évolution des capacités opérationnelles et l’intégration de
nouveaux services seront prises en compte tout au long de la vie du navire.

Armes laser pour combat naval. Arme à énergie dirigée, le laser va révolution-
ner le champ de bataille, mais n’est pas encore opérationnel à grande échelle,
indique Philippe Gros. Son faisceau lumineux, produit par une réaction chimique
ou électrique, perfore certains types de matériaux en une seconde et à plusieurs
kilomètres. Arme d’auto-défense d’un navire, le laser permet de neutraliser
vedettes rapides et drones et de se défendre contre des menaces hybrides. Sur le
plan stratégique, Etats-Unis, Russie, Chine, Iran, Corée du Nord et organisations
terroristes s’intéressent à son développement, induisant une prolifération des
drones armés, moyens de déni d’accès et d’interdiction de zone, systèmes de
reconnaissance et de frappes de précision. Devant l’érosion de leur supériorité
militaire, les Etats-Unis y voient un avantage compétitif, grâce aux progrès
considérables réalisés depuis dix ans. Ils comptent en acquérir pour leurs navires
de surface dans les cinq prochaines années. En Chine, le laser fait l’objet de
recherches depuis une quarantaine d’années, sans confirmation dans le domaine
naval. En outre, il se trouve en concurrence avec d’autres systèmes d’arme et
manque de financement et de moyens industriels pour sa réalisation. En Grande-
Bretagne, le groupe international MBDA développe un laser d’une puissance de
50 KW dont les essais au sol et à la mer débuteront en 2019. A titre indicatif, un
laser de 10 KW à 150 KW peut détruire des cibles non « durcies ». Mais il lui faut
une puissance de 150 KW à 500 KW pour neutraliser un avion de chasse, une
roquette ou un obus. Il doit monter de 500 KW à 1 MKW pour « tuer » un missile
de croisière supersonique, un satellite en orbite basse ou un missile balistique en
phase d’accélération.

Loïc Salmon

Lors de la 50ème édition du salon Euronaval tenu en banlieue parisienne du 23 au
29 octobre 2018, la France et l’Italie ont conclu un accord bilatéral portant sur la
construction de quatre bâtiments logistiques (programme FLOLOG) à double
coque et conformes aux standards internationaux les plus élevés. Remplaçant les
unités à simple coque, ils ravitailleront en carburants, munitions, pièces de
rechange et vivres les porte-avions, frégates et bâtiments de projection et de
commandement déployés en haute mer. Les quatre navires français, dont deux
livrés d’ici à 2025, reprennent la conception du Vulcano italien, en cours de
construction, en y apportant les modifications nécessaires au soutien du groupe
aéronaval, centré sur le porte-avions à propulsion nucléaire Charles-de-Gaulle. La
France et l’Italie ont construit en coopération les frégates multi-missions
(FREMM) et le système de défense aérienne FSAF (famille de missiles sol-air
futurs). Elles se sont associées à d’autres pays pour la réalisation du drone
moyenne altitude longue endurance MALE-RPAS et du programme de radio-
logicielle ESSOR.

Marines : outils de combat et affirmation de puissance

Marine nationale : le fait nucléaire, dissuasion politique et actions militaires
Marines : outils de combat et
affirmation de puissance
La supériorité navale a retrouvé son application dans les opérations à terre :
Balkans, 1986 ; Irak, 1991 et 2003 ; Libye, 2001. Parallèlement, se manifeste une
appropriation des océans, où le nombre de sous-marins est passé de 350 en 2000
à 500 en 2018.

Ce thème a fait l’objet d’un colloque organisé, le 22 octobre 2018 à Paris, par le
Groupement des industries de construction et activités navales et la Fondation
pour la recherche stratégique. Y sont intervenus : le vice-amiral d’escadre Denis
Béraud, major général de la Marine ; l’amiral Steve Allen, sous-chef d’état-major
et commandant l’aviation navale britannique ; le vice-amiral Rainer Brinkmann,
major général de la Marine allemande ; Alexandre Sheldon-Duplaix, chercheur à
l’Ecole de guerre.

Evolution du contexte naval. Depuis 2010, indique l’amiral Béraud, se
manifestent le développement de missiles anti-missiles, la construction accrue de
sous-marins en Asie et…le retour des puissances ! Un sous-marin français lanceur
d’engins (SNLE) effectue la 500ème patrouille de la dissuasion depuis 1972.
L’emploi de la force est à nouveau envisagé à partir de la mer. La logique de
captation pour l’accès aux ressources va de pair avec le contrôle de l’espace
maritime et l’ambiguïté des intentions. Quelque 3.000 navires surveillent les côtes
et archipels. Le détroit de Bab el-Mandeb, passage obligé vers l’océan Indien, est
menacé par les mines, drones de combat et missiles, en raison de la guerre au
Yémen. Le missile antinavire redevient d’actualité, notamment contre Israël et
l’Egypte. Au large de la Syrie, une frégate française renseigne sur les présences
aériennes russe, turque et iranienne. Les sous-marins algériens peuvent utiliser
des missiles de croisière russes. Le nivellement technologique profite aux acteurs
étatiques ou non. Le recueil d’informations par des drones navals permet
d’identifier ce qui aura été détecté au radar et de limiter le risque de surprise.
Chaque navire de guerre en sera doté dès 2030. La fusion des données obtenues
par les navires, hélicoptères et drones facilite l’intervention tactique en temps
réel. L’informatique permet le maintien en condition opérationnelle d’un bâtiment
à la mer et en optimise l’emploi. Parmi les informations « officielles » fournies
obligatoirement par un navire marchand, l’intelligence artificielle détecte les
anomalies, qui permettront de déterminer sa destination effective et donc ses
intentions véritables.

Capacités navales. En 2018, la Chine arrive à la 2ème place mondiale en
nombre de navires et en tonnage, derrière les Etats-Unis, indique Alexandre
Sheldon-Duplaix. Elle dispose de 60 sous-marins à propulsion diesel-électrique
(SMD), 7 sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et 7 SNLE, dont les deux plus
récents lui donnent la capacité de frappe en second et d’atteindre les Etats-Unis,
la Russie et l’Inde. Ses 6 transports de chalands de débarquement (TCD) et 2
porte-avions (PA) à tremplin (4 autres à catapultes électromagnétiques
programmés) lui donnent une capacité de projection de puissance transrégionale.
La Russie la suit avec 22 SMD, 24 SNA, 12 SNLE, 1 PA à tremplin et des missiles
de croisière supersoniques. Le Japon (22 SMD et 3 TCD) met en service 4 porte-
hélicoptères (PH) et 50 frégates. La Grande-Bretagne (voir encadré) arrive à la
5ème place et la France à la 6ème. L’Inde (14 SMD, 1 SNA, 1 SNLE, 1 PA à
tremplin et 1 TCD) peut aussi déployer des missiles balistiques nucléaires à
courte portée, à partir de patrouilleurs de haute mer. La Corée du Nord peut
lancer un missile nucléaire balistique à courte portée (2.000 km), à partir d’un
SMD. La Corée du Sud (12 SMD) déploie 1 PH, de même que le Brésil (5 SMD
et 2 TCD) et la Turquie (13 SMD). Le Pakistan et Israël seront bientôt capables
de tirer un missile de croisière à tête nucléaire, à partir d’un SMD. Chine, Russie,
Corée du Nord et Iran disposent de Marines aux capacités défensives et de déni
d’accès. Chine, Japon, Corée du Sud, Italie et Espagne utilisent leurs Marines
pour protéger leurs approches maritimes commerciales. En outre, Chine, Russie,
Inde, Brésil et Turquie veulent établir une prééminence régionale ou au moins
faire face aux Marines plus puissantes, seules ou combinées, à leurs frontières.

Stratégies et technologies. Selon Alexandre Sheldon-Duplaix, la montée en
puissance navale de la Chine vise notamment à dissuader ou combattre toute
intervention militaire américaine pour soutenir Taïwan, au cas où Pékin déciderait
une réunification par la force. Ses capacités de lutte anti-aérienne, antinavire et
anti-sous-marine lui permettent d’agir jusqu’à 1.000 milles marins (1.852 km) de
sa première chaîne d’îles. Elle déploie aussi un réseau de surveillance par drones
sous-marins et poursuit des recherches sur la catapulte électromagnétique pour
PA et le « navire tout électrique ». La Russie se sent menacée à ses frontières par
l’OTAN et redoute une déstabilisation mondiale ou régionale, consécutive au
déploiement des systèmes américains antimissiles en Europe, en Asie-pacifique et
au Moyen-Orient, couplé à des systèmes d’armes de précision et au déploiement
d’armes dans l’espace. Elle remplace ses SNLE et construit des frégates et
corvettes lance-missiles. Son missile hypersonique Zircon, opérationnel vers
2022, pourrait neutraliser les nouveaux PA britanniques (encadré). Pour
contourner le bouclier antimissile américain déployé en Roumanie et en Pologne,
elle développe une torpille capable de rendre radioactive toute la côte d’un pays,
lui causant des dommages économiques inacceptables. Enfin, elle va déployer des
drones sous-marins en Baltique et dans l’océan Arctique. L’Inde étend sa zone
d’intérêt maritime à la mer Rouge, le Sud-Ouest de l’océan Indien, la
Méditerranée, la côte ouest-africaine et le Pacifique-Ouest incluant la mer de
Chine du Sud. Pour contrer la Chine, elle noue des partenariats stratégiques avec
les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, le Viêt Nam, la France et la Grande-Bretagne.
La Turquie entend manifester sa présence maritime dans le golfe Arabo-
Persique, en océan Indien, Afrique, Asie-Pacifique et Amérique latine. Elle
construit un PA et dispose de bases militaires en Somalie et au Qatar. Enfin,
l’Iran déploie des drones au-dessus des PA américains dans le golfe d’Oman et en
mer d’Arabie.
Loïc Salmon

L’amiral Allen a présenté le retour de la Grande-Bretagne dans la projection de
puissance aéronavale pour exercer une diplomatie coercitive vis-à-vis d’Etats
côtiers et décourager l’escalade d’un conflit, dans le cadre de l’OTAN. Le porte-
avions Queen-Elizabeth, mis en service en 2018, sera suivi du Prince-of-Wales en
2019, pour maintenir une présence permanente à la mer à partir de 2021. D’un
déplacement de 65.000 t à pleine charge, chacun est équipé d’un tremplin pour
avions américains multi-missions F-35B à décollage court et atterrissage vertical
(photo). Selon l’amiral Brinkmann, la Marine allemande participe à toute
opération maritime de l’OTAN, notamment sur le front Nord de l’Europe et
coopère avec toutes les Marines des pays riverains de la Baltique, sauf la Russie.
Elle participe aux opérations européennes « Atalante » de lutte contre la piraterie
dans le golfe d’Aden et l’océan Indien et « Sophia » (trafics de migrants) en
Méditerranée.

Marine nationale : le fait nucléaire, dissuasion politique et actions militaires

331 | Dossier : « La France, puissance maritime »

Marines : l’approche globale, indispensable à la sécurisation future du milieu
maritime
Marine nationale : le fait
nucléaire, dissuasion politique et
actions militaires
Ogives nucléaires des missiles stratégiques et propulsion des sous-marins
nucléaires d’attaque (SNA), des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE)
et du porte-avions nucléaire (PAN) Charles-de-Gaulle donnent une liberté
d’action, avec des moyens militaires et techniques propres et leurs contraintes de
sécurité.

Ces particularités ont fait l’objet de deux présentations à Paris à l’occasion du
départ de la 500ème patrouille d’un SNLE le 11 octobre 2018. Le vice-amiral
d’escadre Bernard-Antoine Morio de l’Isle, commandant les forces sous-marines
et la Force océanique stratégique (FOST), et le commandant du SNLE Le-
Triomphant se sont exprimés devant la presse le 12 octobre. Le vice-amiral
Stanislas de la Motte, Autorité de coordination pour les affaires nucléaires, la
prévention et la protection de l’environnement de 2016 à 2018, a exposé la
situation au cours d’une conférence-débat organisée le 10 octobre par le Centre
d’études stratégiques de la marine.
La capacité permanente de rétorsion. Entre le 21 mars 1972 et le 11 octobre
2018, les SNLE de la FOST ont assuré 37.240 jours de patrouille sous la mer pour
dissuader toute agression d’origine étatique par la garantie de frappe en second.
Les SNLE en service emportent le missile balistique stratégique M51 d’une
portée supérieure à 6.000 km pour atteindre plus de 90 % des terres émergées
avec une grande précision. La version M51.3, plus performante, sera livrée à
partir de 2025. Le nombre de SNLE à la mer est passé de 3 en 1980, sur 5 en
service, à 1 ou 2 en 2018 (4). Le départ en patrouille, toutes les sept semaines
pour 70 jours, s’effectue en surface à partir de la rade de Brest, explique le vice-
amiral d’escadre Morio de l’Isle (photo). Le chenal a été « blanchi » par des
chasseurs de mines et un bateau remorqueur d’une antenne sonar de 1.000 m de
long. Le transit en surface, très vulnérable, est protégé par des commandos puis
par des patrouilleurs de haute mer. Pendant le trajet du SNLE en plongée jusqu’à
sa zone de patrouille, la surveillance par satellite, les frégates de lutte anti-sous-
marine et multi-missions ainsi qu’un SNA prennent la relève pour détecter tout
type d’intrusion. Plus ses missiles portent loin, plus l’espace de déplacement d’un
SNLE s’agrandit et plus son extrême discrétion renforce sa crédibilité. La FOST
en compte quatre : le 1er en patrouille ; le 2ème en grand carénage, pour enlever
la corrosion, recharger le réacteur tous les 120 mois et installer des nouveaux
équipements afin d’en augmenter les performances ; le 3ème, presqu’à pleine
capacité ; le 4ème, prêt à partir sur court préavis. En cas de crise, l’appareillage
de ce dernier présente une signification politique. En outre, il permet de prendre
le relai du SNLE en patrouille, qui serait contraint de faire surface en cas d’avarie
ou d’évacuation sanitaire (15 en 54 ans).

L’autonomie des SNLE. En patrouille, le commandant assume la responsabilité
de 115 personnes sur un sous-marin de 14.000 t dans un théâtre d’opération
immense, complexe, hétérogène et variable, souligne le capitaine de vaisseau qui
a conduit la 499ème patrouille à bord du Triomphant. Chaque SNLE compte deux
équipages. La mission se prépare plusieurs mois à l’avance avec l’entraînement
de l’équipage à terre et la mise en conditions du sous-marin et de son
commandant. Ce dernier doit connaître l’environnement avec précision pour
maîtriser la menace en déterminant un mode d’action pour conduire des
manœuvres, réactivées périodiquement. Outre la complexité du submersible, il
doit bien connaître, sélectionner et fidéliser un équipage très spécialisé. Dans sa
zone de patrouille, il décide où il va et ne rend compte qu’au retour. Seul, il
compte sur son savoir-faire pour maintenir son équipage en vigilance
permanente, en vue de pouvoir réagir et durer sur zone. Parfois, il doit pouvoir
répondre aux questions du médecin du bord, compétent pour certains actes
chirurgicaux et assisté de deux infirmiers anesthésistes (110 anesthésies en 54
ans).

Les SNA et le PAN. En France, tout commandant de SNLE a, au préalable,
exercé ses fonctions sur un SNA, rappelle le vice-amiral de la Motte. Le
déplacement en plongée passera de 2.670 t pour les sous-marins de la classe
Rubis à 5.300 t pour ceux de la prochaine génération de la classe Suffren
(programme « barracuda »). La petite taille des SNA français améliore leur
discrétion acoustique. Le SNA contribue à la dissuasion nucléaire par l’acquisition
du savoir-faire tactique, le soutien des SNLE (entraînement et sûreté) et
l’occupation de la mer. Il participe aux missions d’anticipation et de prévention
par son prépositionnement et la collecte de renseignement. Capable d’intervenir
contre des objectifs terrestres, il contrôle les menaces navales de façon directe
(nageurs de combat) ou indirecte pour l’éclairage d’une force (opération
« Harmattan » en Libye, 2011). En outre, le Suffren sera équipé du missile de
croisière naval pour la frappe dans la profondeur. Sa zone de patrouille inclura le
Golfe arabo-persique et la Corne de l’Afrique, contre seulement cette dernière
aujourd’hui pour le Rubis, ou toute l’Asie/mer de Chine contre uniquement l’Asie
du Sud-Est pour le Rubis. Le SNA intervient en coopération avec le groupe
aéronaval. Grâce à sa chaufferie nucléaire peu encombrante, le Charles-de-Gaulle
dispose de plus de place pour les munitions, de hauteur pour le hangar aviation et
de souplesse d’emploi pour les Rafale, en raison de l’absence de cheminée sur le
pont. Le Rafale peut, le cas échéant, emporter l’arme nucléaire.

Le « tout nucléaire ». La Marine continuera de mettre en œuvre 4 SNLE, 6 SNA
et un porte-avions disposant d’une grande densité énergétique par rapport à la
propulsion classique. L’énergie nucléaire leur permet à tous de se déplacer loin et
vite et aux submersibles de se protéger et de se cacher. Enfin, elle assure à tous
fiabilité et capacité de durer sur un théâtre.

Loïc Salmon

Les mises en service progressives des SNA de nouvelle génération se sont
échelonnées entre 2004 et 2012 pour les Marines américaine, chinoise,
britannique et russe. La Marine française disposera de son premier SNA du
programme barracuda à partir de 2019. De nouveaux SNLE auront été
déployés entre 2008 et 2032 : 3 de la classe Jin sur 5 prévus pour la Chine à partir
de la base de Yalong ; 3 Borey (8 prévus) pour la Russie, bases du Nord et du
Pacifique ; 1 Arihant (2 prévus) pour l’Inde ; 3 ou 4 Successor pour la Grande-
Bretagne, base de Faslane (Ecosse) ; 12 SSBNX pour les Etats-Unis, base de
Bangor/Kings Bay, (Pacifique) ; 4 SN3G prévus pour la France, base de l’Île
longue (Atlantique). Ces SNLE seront équipés de nouveaux missiles mer-sol
balistiques stratégiques d’ici à 2030. La France a modernisé la composante
aérienne de sa dissuasion en 2010 avec le missile ASMPA (air-sol moyenne portée
amélioré). Les Etats-Unis, la Russie et la Chine feront fait de même d’ici à 2025.
La Grande-Bretagne et l’Inde n’en disposent pas. La Russie, la Chine et l’Inde
modernisé la composante terrestre de leur dissuasion en 2018-2019. Les Etats-
Unis feront de même d’ici à 2030. La France et la Grande-Bretagne n’en
disposent pas.

Dissuasion nucléaire : modernisation de la composante aéroportée

Dissuasion : nécessité de la modernisation des forces nucléaires françaises
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