AURORE PALLET Dossier artistique

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AURORE PALLET Dossier artistique
AURORE PALLET

   Dossier artistique
AURORE PALLET Dossier artistique
Mes peintures proposent les formes altérées d’images préexistantes. Em-
pruntées à des époques et des domaines variés (histoire de l’art, archives
anonymes, sciences, actualité, milieux ésotériques ou complotistes...),
elles ont en commun notre relation au visible, aux croyances, nos ef-
forts pour prendre la mesure de la réalité.

Il en résulte, comme dans un creuset, des formes flottantes qui prennent
forme et se renouvellent sans cesse. Je souhaite qu’elles se situent au
plus près de l’ambiguïté des images littéraires ou du flou des images men-
tales.

Chaque nouvelle peinture est comme un indice. Entre réminiscences et
prémonitions, j’évolue dans l’espace des images comme on explore un
territoire pour en rapporter des prélèvements.
AURORE PALLET Dossier artistique
Les terres jaunes,

Exposition personnelle, galerie Isabelle Gounod
                                           2020
AURORE PALLET Dossier artistique
La Soufrière

            huile sur papier,
                 32 x 24 cm
                       2019

       L’exposition Les Terres Jaunes rassemblait un ensemble de peintures issues d’images d’ar-
chives représentant des catastrophes naturelles : éruptions volcaniques, inondations, incendies...
Ces peintures avaient pour objet d’évoquer la part de réminiscences et de prémonitions qui habitent
aujourd’hui ce type d’images, dans un contexte où l’appréhension des bouleversements environne-
mentaux actuels redéfinit notre rapport au monde.
Mêlées d’une fascination romantique ambivalente pour les motifs de la ruine ou du sublime, ces
peintures étaient pour moi une manière d’interroger la position que l’on peut occuper lorsque l’on
interroge l’image dans une société occidentale.
L’usage de la sérigraphie, utlisée sur toile avec de la peinture à l’huile, permet de jouer sur des jeux
d’apparition à la surface de la matière et indique dans le même temps la nature documentaire de
ses sources.
AURORE PALLET Dossier artistique
Cliché / Illustration

huile sur papier marouflé sur toile,
                     190 x 150cm
                              2019
AURORE PALLET Dossier artistique
Not even the seagull was the answer, of course

            huile sur papier marouflé sur toile,
                                 120 x 100cm
                                          2019
AURORE PALLET Dossier artistique
Les terres jaunes,

 Exposition personnelle, galerie Isabelle Gounod
                                            2020

Incendie, III

huile sur toile,
55 x 40 cm
2020
AURORE PALLET Dossier artistique
The rainy season dies hard

huile sur papier marouflé sur toile,
150 x 100cm
2019
AURORE PALLET Dossier artistique
Birds came swarming out of the southeast

                        huile sur papier,
                             32 x 24 cm
                                   2019
AURORE PALLET Dossier artistique
Palimpseste

                                                                                           vue d’accrochage
                                                              Exposition collective, La Graineterie, Houilles
                                                                                                        2019
                                                           au milieu : Olivier Sévère à droite : Sara Favriau

       L’exposition Palimpseste à La Graineterie (Houilles) rassemblait des oeuvres autour des
notions de strates, d’enfouissement ou de résurgences.
Une des pièces présentées, Les âmes mortes, reprenait ainsi un motif d’enluminure du Moyen-Age
dans lequel des âmes, sous la forme de nouveaux-nés, sortent de la bouche de peronnes enseve-
lies.
La peinture est faite à partir d’une méthode de transfert, qui révèle l’image tout en la détériorant.
Les âmes mortes

transfert et huile sur papier marouflé sur toile,
                                  160 x 130cm
                                           2018
Vision,                                                                                   Paris Peinture Plus II,

huile sur papier marouflé sur toile                                                            vue d’accrochage
190x150cm 2019                                                         Exposition collective, galerie Slika, Lyon
                                                                                                             2019

         A partir de 2017 a démarré un ensemble d’oeuvres abordant la notion d’hallucination : sujet
religieux ou scientifique, vision symbolique ou apparition collective, je développe depuis ce thème
de manière régulière afiin d’éprouver en quoi notre rapport au visible aujourd’hui est également
chargé de croyances archaïques qui font de l’image une présence vivante.
Ici, la peinture reprend une gravure appartenant à un traité d’optique écrit au 17ème siècle par le
chanoine Johann Zahn, mettant en scène une hallucination collective faisant apparaitre un dragon
flottant dans le ciel. Cette citation est également un clin d’oeil à Sigmar Polke, qui a lui aussi travaillé
d’après ce corpus d’images.
Sans titre
(d’après l’Incrédulité de Saint Thomas du Caravage)

                                    huile sur papier,
                                         32 x 24 cm
                                               2019
Vision

transfert et huile sur papier marouflé sur toile,
                                  160 x 130cm
                                           2018
Le chat de Schrödinger

                                     vue d’exposition
Exposition personnelle, Musée d’art et histoire, Cholet
                                                  2019
Le chat de Schrödinger
                                                                                        vue d’exposition

       Présentée en 2019 dans le hall du musée d’art et histoire de Cholet, en vis-à-vis des oeuvres
de François Morellet, l’exposition intitulée Le chat de Schrödinger rassemblait des pièces issues de
différentes séries et supports : dessins muraux, vidéo, peintures, collages, pierres gravées, affiche
collée au mur...
Le rapprochement avec la fameuse expérience de physique quantique était exclusivement méta-
phorique : je voulais évoquer comment les images évoluent pour moi dans une dimension telle que,
comme pour les électrons, elles puissent vivre en différents lieux et sous différentes formes dans
un même temps.
Décohérence,

granit et gravure or
  12 x 19 cm 2019

                       Les métamorphoses, 3

                       Transfert, feutre, cire, collage
                       sur papiers divers

                       32x24 cm 2017
Le chat de Schrödinger
                                         vue d’exposition

                                  Les métamorphoses, 2
Sans titre
                            Transfert, feutre, cire, collage
Impression sur alu brossé                sur papiers divers
15x10 cm 2019                              32x24 cm 2019
Crystal Violet

                                                                                                  vue d’exposition
                                         Carte blanche, avec le prêt par le FRAC Pays de la Loire d’oeuvres de :
                                               Adel Abdessemed, Georg Baselitz, Edith Dekynth et Javier Perez
                                                                             Galerie 5, Université d’Angers, 2018

       L’exposition Crystal Violet a fait suite à plusieurs mois de résidence passés au CHU d’An-
gers, où j’ai été invitée à m’inspirer du travail des chercheurs en biologie médicale. En découvrant
cet univers j’ai pu établir de nombreux liens entre l’imagerie médcale dans la recherche scientifique
et des éléments hérités du Moyen-Age, notamment au travers de la tradition des rois thaumaturges
et de la figure de la mystique et médecin Hildegarde de Bingen. Récurrence de formes cellulaires,
cryptage (le CHU était spécialisé dans le séquençage d’ADN), rapport à l’invisible...
Ces rapprochements m’ont permis une fois encore d’éprouver les connexions entre les images liées
à la mesure de la réalité et la part cachée de celles-ci, qui recouvre tout un héritage lié à la croyance.
Cette exposition était une carte blanche pour laquelle j’ai pu emprunter des oeuvres du FRAC Pays
de la Loire. L’édition d’un journal rassemblant différentes associations d’images a été le centre de
mon travail.
Pages extraites du journal Crystal Violet,
                              42p, 2018
Prendre les augures

                                                                                  Exposition personnelle
                                                                               Labanque, Béthune, 2017

       L’exposition Prendre les Augures, qui a eu lieu au Labanque à Béthune en 2017, était
construite autour de l’idée de météores. Une installation sonore, dans laquelle se mêlaient les récits
de différentes personnes travaillant autour de l’orage (météorologue, astrophysicien, photographe
chasseur d’orage, naturaliste...) et en décrivant les signes annonciateurs, faisait écho à une série
de peintures inspirées d’oeuvres de la renaissance dans lesquelles le paysage contenait des élé-
ments faisant écho aux augures de l’Antiquité. Enfiin un vaste mur d’affiches reprenait des captures
d’écran de sites complotistes : vortex, ovnis, anges ou extra-terrestres reptiliens peuplent les sites
complotistes et présentent des météores une forme à la fois nouvelle et archaïque.
Et pourtant l’on ne peut entendre nul tonnerre,
                            installation sonore, 18 min

Mur d’affiche, captures d’écrans de sites complotistes
Les Agures, 4

 huile sur bois,
60,5 x 45,5 cm
           2017
Les Annonces fossiles

                                vue d’exposition
Exposition personnelle, Galerie Isabelle Gounod
                                           2015
Les annonces fossiles, 3

                                                                                      huiles sur bois,
                                                                                          17 x 25 cm
                                                                                                 2014

       L’exposition Les Annonces Fossiles (Galerie Isabelle Gounod, 2015) rassemblait une série
d’une quarantaine de petites peintures sur bois, toutes de format identique (17x25cm) et presque
toutes en noir et blanc, ou à peine colorées. Accrochées de façon à créer une déambulation, comme
le long d’une vaste pellicule de film, elles représentaient des paysages choisis pour leur valeur
symbolique : iles, rivages, fonds sous-marins, ciels... Par des jeux d’échos un peu hypnotiques,
les représentations jouaient sur une disparition (flous, bribes manquantes, obscurcissement...) qui
présageait d’une transformation à venir.
Pour accompagner cette idée d’exploration d’un espace mental, quelques objets, issus de la ren-
contre entre l’ésotérisme et la topologie mathématique, étaient disposés dans l’exposition comme
des indices.
Dérivée,

   Pendule à témoin,
               2015

Anneau / Point dense

     moqui marbles,
              2015
Textes - Sélection
On ne trouve de plus belles expositions personnelles que celles qui prennent la forme d’un
nœud dans la carrière d’un artiste. Quand elles convoquent, approfondissent et poursuivent les
réflexions et les techniques déjà éprouvées tout en ouvrant de nouvelles perspectives venant
épouser les anciennes, en s’enfonçant dans les brèches jusque-là inexplorées d’un territoire pour-
tant bien connu. C’est d’ailleurs avec ces expositions-ci que les galeries trouvent leur légitimité la
plus profonde. Les Forces en Présence d’Aurore Pallet (chez Isabelle Gounod) est l’une de ces
expositions.

Plusieurs séries sont accrochées aux murs de la galerie. D’abord, les Déluge et Les Augures,
deux déclinaisons d’une même forme, des huiles sur toile sombres, des teintes bleutées et grises,
réalisées à partir de mash up d’images le plus souvent tirées de la Renaissance. Deux séries
initiées en 2017. La première lors de l’exposition Prendre les Augures à Labanque (Béthune), où
Aurore Pallet a travaillé sur les météores et les sur-interprétations que l’on peut faire de la nature.
Pour l’exposition, en plus de toiles s’inspirant des survivances des images d’augures pendant la
Renaissance, l’espace était baigné dans une installation sonore évoquant l’arrivée de l’orage et
de fragments de témoignages d’experts sur le même thème. Elle avait aussi montré des captures
d’écran de sites complotistes, où certains voient dans des phénomènes qu’aucuns considéreraient
comme naturels des manifestations d’anges, de démons ou d’extra-terrestres. Lors d’une rési-
dence à Saint-Marcel de Félines (Loire), ensuite, où les boiseries peintes à l’intérieur du château
sur les Métamorphoses ont été l’origine d’une série de toiles inspirées d’Ovide, en particulier du
Déluge et de la célèbre représentation qu’en a fait Paolo Uccello.

Dans ces peintures, il y a quelque chose qui relève de l’attente. Tout d’abord dans leur contempla-
tion — mot bien suranné, il faut en convenir, mais toujours empreint de beauté. Les toiles d’Aurore
Pallet ne s’exhibent pas au premier regard. D’un sombre presque monochrome d’abord, elles se
révèlent petit à petit. Les formes émergent, elles apparaissent puis disparaissent de nouveau, ré-
émergent ensuite. Tout un jeu où la vision se fait plus claire à force d’observation, mais comme le
regard, dans la pénombre, touche des yeux et perçoit mieux avec l’habitude. Les peintures d’Au-
rore Pallet, on les regarde à tâtons. En jouant avec les mots, on pourrait même parler de pein-
tures latentes, parce qu’elles ne se donnent jamais complètement, elles gardent toujours un côté
insaisissable, non-manifeste. L’attente, elle est aussi dans leur thème. Le Déluge de Deucalion est
hanté par l’espoir de Zeus de rendre l’humanité meilleure. Les augures, comme les complotistes
ou les chasseurs d’orages, attendent du paysage un signe. Les huiles d’Aurore Pallet possèdent
cette puissance un peu mystique d’un paysage où (presque) rien ne se passe, mais duquel peut
surgir une révélation, une vérité sur le monde. Sens et absence. Attente.

L’exposition témoigne de ces deux résidences, mais introduit aussi une nouveauté : des transferts
sur papier marouflés sur toile (Les forces en présence). Même processus de mash up d’images
avec bestiaires médievaux et paysages Renaissants, même indistinction cultivée dans le pay-
sage… Mais une technique différente. Des transferts à l’acétone d’images tramées et rehaussés
à l’huile. Une esthétique à la Sigmar Polke en moins pop, plus mystique. Technique qui permet
également à Aurore Pallet de réaliser des images plus grandes, plus enveloppantes. Avec ces
transferts sur toile, elle approfondit un travail commencé à Saint-Marcel de Félines, où elle avait
réalisé une table bien warburgienne où se mêlaient différents types d’images évoquant les Méta-
morphoses, mais aussi des bribes de textes — certains exposés chez Isabelle Gounod. Avec ces
petits transferts sur papier transparaît une esthétique du document, de l’archive, chère à l’artiste.

Il faut dire qu’avant les formes, Aurore Pallet a appris les mots. De ces deux parcours, elle nourrit
un attachement pour l’image mentale, à la fois mot et vision, idée et projection. L’image mentale,
c’est cette éphémère apparition, aux contours insaisissables, mouvants, nourrie de représenta-
tions, de souvenirs, de mythes, de tout ce qu’on a avalé dans une vie. Images aussi indistinctes,
belles et fugaces que sa peinture.
                                                                Clément Thibault, Mowgli, mars 2018
On ne peut résumer le monde à ce qu’il nous est donné d’en voir. Le travail d’Aurore Pal-
let aborde ce qui s’entrevoit, plutôt que ce qui s’appréhende immédia¬tement. Comme s’il fallait
se rappeler de toujours douter de ce qui s’offre visuellement à notre regard, et chercher la face
cachée de chaque chose. (...)

Les tableaux d’Aurore Pallet frappent d’emblée l’oeil de leur teinte d’un bleu-gris profond, froid,
abyssal, qui nous projette inéluctablement du côté de l’obscurité. Loin de représenter ce qu’on
appelle communément un « nocturne », Aurore Pallet choisit de plonger l’ensemble de l’image
dans une opacité bien plus sourde. Des scènes vespérales qui ne se laissent pas deviner de
prime-abord, allant à l’encontre d’un caractère immédiat de la peinture. Il ne s’agit pas tant d’un
filtre bleuté qui aurait été apposé sur l’image, mais davantage d’une succession et superposition
de couches de matières picturales, dans lesquelles les réflexions de lumière naturelle entrent en
jeu avec la couleur pigmentaire bleue, agrémentée à certains endroits de tons ambrés. Se juxta-
posent alors plusieurs phénomènes : celui de la couleur donnée par un pigment et les mélanges,
celui d’une lumière naturelle réfléchie, toujours différente, et enfin celui de la vision optique hu-
maine, et dont l’alchimie des trois rend compte des états de surface de la peinture.

C’est l’épreuve de la nuit. De la même manière que la pupille de l’oeil s’agrandit lorsque nous
nous trouvons dans l’obscurité pour libérer la vision, le regard doit s’accommoder progressivement
pour déceler la scène qui se joue par delà la surface du tableau et se faire surprendre.

Aurore Pallet reprend alors à l’oeuvre d’Uccello son « surréalisme » magique, et, par un principe
qui s’apparente au palimpseste, déploie aussi à sa façon une expérience psychologique de la
vision. Les figures caractéristiques de la célèbre fresque (le géant qui porte à son cou un étrange
polyèdre, l’homme au tonneau, un autre qui se bat contre le vent, deux personnages séparés par
la foudre…) sont ici isolées et extirpées des eaux déchainées pour être représentées en scènes
distinctes, comme pour mieux les « hanter »2. Ces figures qui tentent de s’échapper des flots sont
prises dans un assombrissement quasi infini ; elles ne sont plus que le spectre d’elles-mêmes,
infiltrées de strates picturales. Et de la même façon que le Déluge engloutit la terre sous la profon-
deur de ses ondes et que le sol devient liquide, les peintures d’Aurore Pallet absorbent le regard
qui se noie dans les méandres sombres de la couche picturale : une tonalité orageuse, qui place
l’image au seuil du visible. Les tableaux libèrent un magnétisme. L’image glisse dans une abs-
traction et semble avoir été saisie directement dans le souvenir de l’artiste. Image mentale d’un
monde perdu ? d’un monde qui n’existe que dans le cerveau ?

Dans cette approche, il est nécessaire que tout ne soit pas reconnaissable, car c’est ainsi qu’ap-
paraissent les images qui se composent dans notre esprit, comme dans notre mémoire. (...)

Par delà la référence, ces peintures cherchent un registre autre. Il s’agit, en prenant librement
acte de l’histoire de l’art, d’en dépasser d’autant plus sa réalité et sa présence. Transcender la
référence pour ouvrir notre propre champ de vision. La fresque d’Uccello s’inscrit comme l’un des
premiers déluges représentés en peinture, ce qui lui confère une dimension d’autant plus tragique.
Ici, l’obscurité des tableaux d’Aurore Pallet ramène de l’intériorité, et rappelle que le connu n’est
que l’enveloppe et la surface de l’inconnu. Chaque image porte alors en elle une expérience inté-
rieure, un moment de latence qui peut être porteur de prémonitions. (...)

Chercher un ordre au-delà des apparences, dépasser les réalités. L’ensemble des oeuvres d’Au-
rore Pallet invite de manière liminaire à lire à travers les images, peut-être, le présage d’un autre
orage ?

                                                                       Le Déluge, par Isabelle Bernini
                                                                                                2017
                                                     Extraits de la préface du catalogue d’exposition
Les dessins et peintures réalisés par Aurore Pallet mettent en scène un monde parallèle, des
images mentales profondément immersives, « quelque chose de l’ordre d’une angoisse euphorique
face au monde ».

Le dessin a été premier dans la démarche d’Aurore Pallet, un dessin peuplé d’animaux étranges
et de personnages seuls dans des paysages déserts, d’êtres qui se dissolvent dans l’espace de la
page ou qui volent dans les cieux. En effet, Aurore Pallet n’opère pas dans une logique gestuelle,
mais elle se concentre sur son ouvrage, avec une lenteur, une durée propre à l’immersion intellec-
tuelle. Il s’agit de composer. Il n’y a pas de confrontation physique à l’espace de la toile, mais la
maîtrise d’un contenu ayant pour finalité un objet-peinture, tout entier rassemblé en lui-même. C’est
dans cette perspective que les peintures ne sont jamais réalisées sur toiles, mais sur bois : elles
sont épaisses et denses, comme des petits mondes ayant leurs propres règles. Le bois est aussi
privilégié pour son aspect lisse et plein, avec l’idée qu’il faut pouvoir tenir la peinture dans les mains,
entrer dans un rapport d’intimité avec elle et essayer de percer son mystère.

Montage d’artifices
Les images d’Aurore Pallet témoignent d’un constant balancement entre la mise en scène d’un
subconscient hanté par des visions et un franc et jouissif besoin de légèreté. Elle joue à merveille de
cette confusion, confusion qui existerait également entre la réalité et un certain monde virtuel, lequel
investit la réalité en la grignotant progressivement. Ici, un poisson apparaît plus grand qu’un homme
; là, c’est une présentatrice de la téléision qui nous parle dans la rue ; et l’on se retrouve nez à nez
avec des clowns tout droits sortis d’une salle de théâtre douteuse.
Les images sont les mises en scène de ce malaise qui n’en est pas vraiment un et qu’elle aime
construire. Pour cela, elle travaille à partir d’une collection de thèmes et de motifs réalisée en gla-
nant des images sur internet : elle procède par une sorte d’accumulation intuitive jusqu’à ce que des
associations se produisent, que des thèmes entrent en écho et permettent une étincelle souvent
générée par une vision inconsciente.
Comment ne pas penser au Surréalisme, et notamment à la sobriété feinte de René Magritte ? Il y
a bien la rencontre d’éléments permettant une poétisation du quotidien, mais le hasard n’a jamais
véritablement le dernier mot ; c’est une intuition guidée qui signe les images.

Aurore Pallet est une sorte de cinéaste, au sens où elle monte ses images comme on monte un
film. Par l’utilisation de logiciels informatiques, elle fait se rencontrer et se mêler divers registres
d’images. Elle joue aussi à manipuler les codes de notre vision numérique du monde: un peu plus
de flou ou de netteté, un peu plus de contraste, de pixels, de luminosité, de scintillement… Le voca-
bulaire de la retouche d’images devenant pour l’artiste comme un bréviaire de poésie dans lequel
elle va puiser.
Le montage, préludant à l’acte de peindre, a pour matrice une volonté d’exhiber ce qui fait peinture
et représentation. Elle s’emploie à utiliser de nombreux stratagèmes pour « signaler les images » :
elle insiste sur les décors, qu’ils soient ceux d’une scène de théâtre ou d’un plateau de cinéma ; elle
ne cesse de glisser dans ses images des instruments de mesure ou d’optique, mais aussi des mises
en abymes à l’aide d’écrans dans les écrans et de divers trompe-l’œil. C’est le monde de l’artifice et
des stéréotypes les plus kitsch qu’elle dévoile, avec ses couleurs saturées presque technicolor, tout
en cherchant à prendre de la distance.
Ses références vont des prédelles des des triptyques de la Renaissance à Alfred Kubin, Kafka et
Alain Baschung, qu’elle écoute inlassablement et qui illustre bien son univers : «C’est un grand ter-
rain de nulle part / Avec de belles poignées d’argent / La lunette d’un microscope / Et tous ces petits
êtres qui courent » (Comme un légo) .

                                                                                             Léa Bismuth

                                                             « Introducing », Art Press Juillet-Août 2011
Curriculum Vitae
Aurore Pallet
Née en 1982
Vit à Montreuil et travaille à Nogent-sur-Marne

EXPOSITIONS PERSONNELLES

2020 Les Terres jaunes, galerie Isabelle Gounod, Paris
2019 Le Chat de Schrödinger,Musée d’art et histoire de Cholet
     Les Egrégores, Galerie ShortCuts, Namur
2018 Les Forces en présence, galerie Isabelle Gounod, Paris
     Crystal Violet, Carte blanche (avec des prêts du Frac Pays de la Loire), Galerie 5, Angers
2017 Prendre les Augures, Labanque, Béthune
     Le Déluge, château de Saint-Marcel de Félines
2015 Les Annonces Fossiles, galerie Isabelle Gounod, Paris
2013 L’hypothèse des halos non lumineux, galerie Isabelle Gounod, Paris

EXPOSITIONS DE GROUPE

2019 Palimpseste, Centre d’art La Graineterie, Houilles
     Felix Art Fair, Roosevelt Hotel, Los Angeles Commissariat : Andrew Berardini
     Paris Peinture Plus, galerie MR14, Paris
     Paris Peinture Plus, galerie Slika, Lyon
     Le dessin du salon, espace Mean, St-Nazaire
     Quelque chose noir, galerie Gradiva, Paris Commissariat : Fanny Lambert
2018 La petite collection, Galerie Bertrand Grimont
     Je me retrouvai par une forêt obscure, Chamalot Paris Commissariat : Amélie Adamo
     Prolepsis, Galerie Plateforme, Paris Commissariat : Fanny Lambert
     Rituels, Images vivantes, H galley, Commissariat : Clément Thibault
     Drawing Now, Backslash Gallery, Commissariat : Xavier Theunis
2017 Vendanges tardives, CAC de Meymac
     Spring Break, galerie Isabelle Gounod
     WEEK SHOW, galerie Isabelle Gounod
     Fantôme, 2 galerie Jeune Création, Commissariat : B.Blanchard et S.Mercadante
     Exposition des finalistes du Prix de peinture Novembre à Vitry
     Exposition des finalistes du Prix de peinture André et Berthe Noufflard
2016 La French Touch, Séoul Commissariat : Caroline Bissière et Jean-Paul Blanchet
     Peintures, galerie Isabelle Gounod
     YIA Art Fair, Bruxelles, galerie Isabelle Gounod
     Drawing now, galerie Isabelle Gounod - Artiste en focus
2015 Ni rouge, ni gloss, ni baume, ni contour, nue, galerie des jours de lune, Metz
     Drawing now, galerie Isabelle Gounod
2014 Terrains vagues, exposition de la collection de Sylvie Berthémy, ESAD Grenoble
     Pense-bêtes, collection 1, galerie de Roussan
2013 Bruissements, galerie Isabelle Gounod, Commissariat : Léa Bismuth
     Drawing now, galerie Isabelle Gounod
     Prix Sciences Po pour l’art contemporain
2012 Family and Friends, Backslash Gallery Drawing now, galerie Isabelle Gounod
2011 Le royaume et l’exil, second volet : l’exil Backslash Gallery, commissariat : Gaël Charbau
     Parcours d’artistes, Pontault Combault
2010 Parti pris, galerie Claudine Papillon
     55ème Salon de Montrouge
     Lignes de chance, Fondation d’entreprise Ricard
BOURSES&PRIX

2017 Nominée au Prix André et Berhe Noufflard.
     Nominée au Prix de peinture Novembre à Vitry.
2013 Nominée au Prix Sciences Po pour l’Art contemporain.
2011 Lauréate du prix de peinture Paliss’art (Eure).
2007 Prix de dessin Pierre-David Weill (Académie des Beaux-Arts)

RÉSIDENCES

2018 Résidence au CHU d’Angers. En partenariat avec l’Université d’Angers, l’UFR Santé, le
     Département, le FRAC Pays de la Loire et l’École d’Art du Choletais.
2017 Chamalot - Résidence d’artistes (Corrèze, FR)
     Château de Saint-Marcel-de-Félines (Loire, FR)
2010 Résidence à Padang Panjang (Sumatra) en partenariat avec l’Ambassade d’Indonésie

PRESSE

- Le Quotidien de l’Art, par François Salmeron, 13 février 2020
- Mowwgli, par Clément Thibault, 23 mars 2018
- Télérama, par Laurent Boudier, mars 2018
- L’oeil, par Vincent Delaury, mars 2018
- La Vignette, Aude Lavigne, France Culture, 1er février 2018
- Paso Doble, entretien avec Tewfic Hakem, France Culture, 9 mai 2017
- Libération, par Dominique Poiret, 17 mars 2015
- La gazette de Drouot, vendredi 6 mars 2015, par Lydia Harembourg
- L’oeil, n°677, mars 2015, par Florence Dauly
- Radio Campus, matinale du 21/02/2015
- Télérama Sortir, par Laurent Boudier, mars 2015
- Ozartsetc.com mars 2013
- Géraldine Bourlon de Rouvre, Le Bonbon.fr, mars 2013
- Télérama Sortir, 20-26 mars 2013, par Laurent Boudier
- Introducing, Art Press Juillet-Août 2011, par Léa Bismuth

FORMATION

2009 		      DNSAP / ENSBA Paris
2004-2009    ENSBA Paris (ateliers G. Penone et J.-M. Albérola)
2004		       Maitrise de littérature francophone, La Sorbonne (Paris IV)
2000-2002    Hypokhâgne et Khâgne, lycée Condorcet, Paris
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