AURORE PALLET Dossier artistique
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Mes peintures proposent les formes altérées d’images préexistantes. Em- pruntées à des époques et des domaines variés (histoire de l’art, archives anonymes, sciences, actualité, milieux ésotériques ou complotistes...), elles ont en commun notre relation au visible, aux croyances, nos ef- forts pour prendre la mesure de la réalité. Il en résulte, comme dans un creuset, des formes flottantes qui prennent forme et se renouvellent sans cesse. Je souhaite qu’elles se situent au plus près de l’ambiguïté des images littéraires ou du flou des images men- tales. Chaque nouvelle peinture est comme un indice. Entre réminiscences et prémonitions, j’évolue dans l’espace des images comme on explore un territoire pour en rapporter des prélèvements.
La Soufrière huile sur papier, 32 x 24 cm 2019 L’exposition Les Terres Jaunes rassemblait un ensemble de peintures issues d’images d’ar- chives représentant des catastrophes naturelles : éruptions volcaniques, inondations, incendies... Ces peintures avaient pour objet d’évoquer la part de réminiscences et de prémonitions qui habitent aujourd’hui ce type d’images, dans un contexte où l’appréhension des bouleversements environne- mentaux actuels redéfinit notre rapport au monde. Mêlées d’une fascination romantique ambivalente pour les motifs de la ruine ou du sublime, ces peintures étaient pour moi une manière d’interroger la position que l’on peut occuper lorsque l’on interroge l’image dans une société occidentale. L’usage de la sérigraphie, utlisée sur toile avec de la peinture à l’huile, permet de jouer sur des jeux d’apparition à la surface de la matière et indique dans le même temps la nature documentaire de ses sources.
Not even the seagull was the answer, of course huile sur papier marouflé sur toile, 120 x 100cm 2019
Les terres jaunes, Exposition personnelle, galerie Isabelle Gounod 2020 Incendie, III huile sur toile, 55 x 40 cm 2020
Palimpseste vue d’accrochage Exposition collective, La Graineterie, Houilles 2019 au milieu : Olivier Sévère à droite : Sara Favriau L’exposition Palimpseste à La Graineterie (Houilles) rassemblait des oeuvres autour des notions de strates, d’enfouissement ou de résurgences. Une des pièces présentées, Les âmes mortes, reprenait ainsi un motif d’enluminure du Moyen-Age dans lequel des âmes, sous la forme de nouveaux-nés, sortent de la bouche de peronnes enseve- lies. La peinture est faite à partir d’une méthode de transfert, qui révèle l’image tout en la détériorant.
Les âmes mortes transfert et huile sur papier marouflé sur toile, 160 x 130cm 2018
Vision, Paris Peinture Plus II, huile sur papier marouflé sur toile vue d’accrochage 190x150cm 2019 Exposition collective, galerie Slika, Lyon 2019 A partir de 2017 a démarré un ensemble d’oeuvres abordant la notion d’hallucination : sujet religieux ou scientifique, vision symbolique ou apparition collective, je développe depuis ce thème de manière régulière afiin d’éprouver en quoi notre rapport au visible aujourd’hui est également chargé de croyances archaïques qui font de l’image une présence vivante. Ici, la peinture reprend une gravure appartenant à un traité d’optique écrit au 17ème siècle par le chanoine Johann Zahn, mettant en scène une hallucination collective faisant apparaitre un dragon flottant dans le ciel. Cette citation est également un clin d’oeil à Sigmar Polke, qui a lui aussi travaillé d’après ce corpus d’images.
Sans titre (d’après l’Incrédulité de Saint Thomas du Caravage) huile sur papier, 32 x 24 cm 2019
Vision transfert et huile sur papier marouflé sur toile, 160 x 130cm 2018
Le chat de Schrödinger vue d’exposition Exposition personnelle, Musée d’art et histoire, Cholet 2019
Le chat de Schrödinger vue d’exposition Présentée en 2019 dans le hall du musée d’art et histoire de Cholet, en vis-à-vis des oeuvres de François Morellet, l’exposition intitulée Le chat de Schrödinger rassemblait des pièces issues de différentes séries et supports : dessins muraux, vidéo, peintures, collages, pierres gravées, affiche collée au mur... Le rapprochement avec la fameuse expérience de physique quantique était exclusivement méta- phorique : je voulais évoquer comment les images évoluent pour moi dans une dimension telle que, comme pour les électrons, elles puissent vivre en différents lieux et sous différentes formes dans un même temps.
Décohérence, granit et gravure or 12 x 19 cm 2019 Les métamorphoses, 3 Transfert, feutre, cire, collage sur papiers divers 32x24 cm 2017
Le chat de Schrödinger vue d’exposition Les métamorphoses, 2 Sans titre Transfert, feutre, cire, collage Impression sur alu brossé sur papiers divers 15x10 cm 2019 32x24 cm 2019
Crystal Violet vue d’exposition Carte blanche, avec le prêt par le FRAC Pays de la Loire d’oeuvres de : Adel Abdessemed, Georg Baselitz, Edith Dekynth et Javier Perez Galerie 5, Université d’Angers, 2018 L’exposition Crystal Violet a fait suite à plusieurs mois de résidence passés au CHU d’An- gers, où j’ai été invitée à m’inspirer du travail des chercheurs en biologie médicale. En découvrant cet univers j’ai pu établir de nombreux liens entre l’imagerie médcale dans la recherche scientifique et des éléments hérités du Moyen-Age, notamment au travers de la tradition des rois thaumaturges et de la figure de la mystique et médecin Hildegarde de Bingen. Récurrence de formes cellulaires, cryptage (le CHU était spécialisé dans le séquençage d’ADN), rapport à l’invisible... Ces rapprochements m’ont permis une fois encore d’éprouver les connexions entre les images liées à la mesure de la réalité et la part cachée de celles-ci, qui recouvre tout un héritage lié à la croyance. Cette exposition était une carte blanche pour laquelle j’ai pu emprunter des oeuvres du FRAC Pays de la Loire. L’édition d’un journal rassemblant différentes associations d’images a été le centre de mon travail.
Pages extraites du journal Crystal Violet, 42p, 2018
Prendre les augures Exposition personnelle Labanque, Béthune, 2017 L’exposition Prendre les Augures, qui a eu lieu au Labanque à Béthune en 2017, était construite autour de l’idée de météores. Une installation sonore, dans laquelle se mêlaient les récits de différentes personnes travaillant autour de l’orage (météorologue, astrophysicien, photographe chasseur d’orage, naturaliste...) et en décrivant les signes annonciateurs, faisait écho à une série de peintures inspirées d’oeuvres de la renaissance dans lesquelles le paysage contenait des élé- ments faisant écho aux augures de l’Antiquité. Enfiin un vaste mur d’affiches reprenait des captures d’écran de sites complotistes : vortex, ovnis, anges ou extra-terrestres reptiliens peuplent les sites complotistes et présentent des météores une forme à la fois nouvelle et archaïque.
Et pourtant l’on ne peut entendre nul tonnerre, installation sonore, 18 min Mur d’affiche, captures d’écrans de sites complotistes
Les Agures, 4 huile sur bois, 60,5 x 45,5 cm 2017
Les Annonces fossiles vue d’exposition Exposition personnelle, Galerie Isabelle Gounod 2015
Les annonces fossiles, 3 huiles sur bois, 17 x 25 cm 2014 L’exposition Les Annonces Fossiles (Galerie Isabelle Gounod, 2015) rassemblait une série d’une quarantaine de petites peintures sur bois, toutes de format identique (17x25cm) et presque toutes en noir et blanc, ou à peine colorées. Accrochées de façon à créer une déambulation, comme le long d’une vaste pellicule de film, elles représentaient des paysages choisis pour leur valeur symbolique : iles, rivages, fonds sous-marins, ciels... Par des jeux d’échos un peu hypnotiques, les représentations jouaient sur une disparition (flous, bribes manquantes, obscurcissement...) qui présageait d’une transformation à venir. Pour accompagner cette idée d’exploration d’un espace mental, quelques objets, issus de la ren- contre entre l’ésotérisme et la topologie mathématique, étaient disposés dans l’exposition comme des indices.
Dérivée, Pendule à témoin, 2015 Anneau / Point dense moqui marbles, 2015
Textes - Sélection
On ne trouve de plus belles expositions personnelles que celles qui prennent la forme d’un nœud dans la carrière d’un artiste. Quand elles convoquent, approfondissent et poursuivent les réflexions et les techniques déjà éprouvées tout en ouvrant de nouvelles perspectives venant épouser les anciennes, en s’enfonçant dans les brèches jusque-là inexplorées d’un territoire pour- tant bien connu. C’est d’ailleurs avec ces expositions-ci que les galeries trouvent leur légitimité la plus profonde. Les Forces en Présence d’Aurore Pallet (chez Isabelle Gounod) est l’une de ces expositions. Plusieurs séries sont accrochées aux murs de la galerie. D’abord, les Déluge et Les Augures, deux déclinaisons d’une même forme, des huiles sur toile sombres, des teintes bleutées et grises, réalisées à partir de mash up d’images le plus souvent tirées de la Renaissance. Deux séries initiées en 2017. La première lors de l’exposition Prendre les Augures à Labanque (Béthune), où Aurore Pallet a travaillé sur les météores et les sur-interprétations que l’on peut faire de la nature. Pour l’exposition, en plus de toiles s’inspirant des survivances des images d’augures pendant la Renaissance, l’espace était baigné dans une installation sonore évoquant l’arrivée de l’orage et de fragments de témoignages d’experts sur le même thème. Elle avait aussi montré des captures d’écran de sites complotistes, où certains voient dans des phénomènes qu’aucuns considéreraient comme naturels des manifestations d’anges, de démons ou d’extra-terrestres. Lors d’une rési- dence à Saint-Marcel de Félines (Loire), ensuite, où les boiseries peintes à l’intérieur du château sur les Métamorphoses ont été l’origine d’une série de toiles inspirées d’Ovide, en particulier du Déluge et de la célèbre représentation qu’en a fait Paolo Uccello. Dans ces peintures, il y a quelque chose qui relève de l’attente. Tout d’abord dans leur contempla- tion — mot bien suranné, il faut en convenir, mais toujours empreint de beauté. Les toiles d’Aurore Pallet ne s’exhibent pas au premier regard. D’un sombre presque monochrome d’abord, elles se révèlent petit à petit. Les formes émergent, elles apparaissent puis disparaissent de nouveau, ré- émergent ensuite. Tout un jeu où la vision se fait plus claire à force d’observation, mais comme le regard, dans la pénombre, touche des yeux et perçoit mieux avec l’habitude. Les peintures d’Au- rore Pallet, on les regarde à tâtons. En jouant avec les mots, on pourrait même parler de pein- tures latentes, parce qu’elles ne se donnent jamais complètement, elles gardent toujours un côté insaisissable, non-manifeste. L’attente, elle est aussi dans leur thème. Le Déluge de Deucalion est hanté par l’espoir de Zeus de rendre l’humanité meilleure. Les augures, comme les complotistes ou les chasseurs d’orages, attendent du paysage un signe. Les huiles d’Aurore Pallet possèdent cette puissance un peu mystique d’un paysage où (presque) rien ne se passe, mais duquel peut surgir une révélation, une vérité sur le monde. Sens et absence. Attente. L’exposition témoigne de ces deux résidences, mais introduit aussi une nouveauté : des transferts sur papier marouflés sur toile (Les forces en présence). Même processus de mash up d’images avec bestiaires médievaux et paysages Renaissants, même indistinction cultivée dans le pay- sage… Mais une technique différente. Des transferts à l’acétone d’images tramées et rehaussés à l’huile. Une esthétique à la Sigmar Polke en moins pop, plus mystique. Technique qui permet également à Aurore Pallet de réaliser des images plus grandes, plus enveloppantes. Avec ces transferts sur toile, elle approfondit un travail commencé à Saint-Marcel de Félines, où elle avait réalisé une table bien warburgienne où se mêlaient différents types d’images évoquant les Méta- morphoses, mais aussi des bribes de textes — certains exposés chez Isabelle Gounod. Avec ces petits transferts sur papier transparaît une esthétique du document, de l’archive, chère à l’artiste. Il faut dire qu’avant les formes, Aurore Pallet a appris les mots. De ces deux parcours, elle nourrit un attachement pour l’image mentale, à la fois mot et vision, idée et projection. L’image mentale, c’est cette éphémère apparition, aux contours insaisissables, mouvants, nourrie de représenta- tions, de souvenirs, de mythes, de tout ce qu’on a avalé dans une vie. Images aussi indistinctes, belles et fugaces que sa peinture. Clément Thibault, Mowgli, mars 2018
On ne peut résumer le monde à ce qu’il nous est donné d’en voir. Le travail d’Aurore Pal- let aborde ce qui s’entrevoit, plutôt que ce qui s’appréhende immédia¬tement. Comme s’il fallait se rappeler de toujours douter de ce qui s’offre visuellement à notre regard, et chercher la face cachée de chaque chose. (...) Les tableaux d’Aurore Pallet frappent d’emblée l’oeil de leur teinte d’un bleu-gris profond, froid, abyssal, qui nous projette inéluctablement du côté de l’obscurité. Loin de représenter ce qu’on appelle communément un « nocturne », Aurore Pallet choisit de plonger l’ensemble de l’image dans une opacité bien plus sourde. Des scènes vespérales qui ne se laissent pas deviner de prime-abord, allant à l’encontre d’un caractère immédiat de la peinture. Il ne s’agit pas tant d’un filtre bleuté qui aurait été apposé sur l’image, mais davantage d’une succession et superposition de couches de matières picturales, dans lesquelles les réflexions de lumière naturelle entrent en jeu avec la couleur pigmentaire bleue, agrémentée à certains endroits de tons ambrés. Se juxta- posent alors plusieurs phénomènes : celui de la couleur donnée par un pigment et les mélanges, celui d’une lumière naturelle réfléchie, toujours différente, et enfin celui de la vision optique hu- maine, et dont l’alchimie des trois rend compte des états de surface de la peinture. C’est l’épreuve de la nuit. De la même manière que la pupille de l’oeil s’agrandit lorsque nous nous trouvons dans l’obscurité pour libérer la vision, le regard doit s’accommoder progressivement pour déceler la scène qui se joue par delà la surface du tableau et se faire surprendre. Aurore Pallet reprend alors à l’oeuvre d’Uccello son « surréalisme » magique, et, par un principe qui s’apparente au palimpseste, déploie aussi à sa façon une expérience psychologique de la vision. Les figures caractéristiques de la célèbre fresque (le géant qui porte à son cou un étrange polyèdre, l’homme au tonneau, un autre qui se bat contre le vent, deux personnages séparés par la foudre…) sont ici isolées et extirpées des eaux déchainées pour être représentées en scènes distinctes, comme pour mieux les « hanter »2. Ces figures qui tentent de s’échapper des flots sont prises dans un assombrissement quasi infini ; elles ne sont plus que le spectre d’elles-mêmes, infiltrées de strates picturales. Et de la même façon que le Déluge engloutit la terre sous la profon- deur de ses ondes et que le sol devient liquide, les peintures d’Aurore Pallet absorbent le regard qui se noie dans les méandres sombres de la couche picturale : une tonalité orageuse, qui place l’image au seuil du visible. Les tableaux libèrent un magnétisme. L’image glisse dans une abs- traction et semble avoir été saisie directement dans le souvenir de l’artiste. Image mentale d’un monde perdu ? d’un monde qui n’existe que dans le cerveau ? Dans cette approche, il est nécessaire que tout ne soit pas reconnaissable, car c’est ainsi qu’ap- paraissent les images qui se composent dans notre esprit, comme dans notre mémoire. (...) Par delà la référence, ces peintures cherchent un registre autre. Il s’agit, en prenant librement acte de l’histoire de l’art, d’en dépasser d’autant plus sa réalité et sa présence. Transcender la référence pour ouvrir notre propre champ de vision. La fresque d’Uccello s’inscrit comme l’un des premiers déluges représentés en peinture, ce qui lui confère une dimension d’autant plus tragique. Ici, l’obscurité des tableaux d’Aurore Pallet ramène de l’intériorité, et rappelle que le connu n’est que l’enveloppe et la surface de l’inconnu. Chaque image porte alors en elle une expérience inté- rieure, un moment de latence qui peut être porteur de prémonitions. (...) Chercher un ordre au-delà des apparences, dépasser les réalités. L’ensemble des oeuvres d’Au- rore Pallet invite de manière liminaire à lire à travers les images, peut-être, le présage d’un autre orage ? Le Déluge, par Isabelle Bernini 2017 Extraits de la préface du catalogue d’exposition
Les dessins et peintures réalisés par Aurore Pallet mettent en scène un monde parallèle, des images mentales profondément immersives, « quelque chose de l’ordre d’une angoisse euphorique face au monde ». Le dessin a été premier dans la démarche d’Aurore Pallet, un dessin peuplé d’animaux étranges et de personnages seuls dans des paysages déserts, d’êtres qui se dissolvent dans l’espace de la page ou qui volent dans les cieux. En effet, Aurore Pallet n’opère pas dans une logique gestuelle, mais elle se concentre sur son ouvrage, avec une lenteur, une durée propre à l’immersion intellec- tuelle. Il s’agit de composer. Il n’y a pas de confrontation physique à l’espace de la toile, mais la maîtrise d’un contenu ayant pour finalité un objet-peinture, tout entier rassemblé en lui-même. C’est dans cette perspective que les peintures ne sont jamais réalisées sur toiles, mais sur bois : elles sont épaisses et denses, comme des petits mondes ayant leurs propres règles. Le bois est aussi privilégié pour son aspect lisse et plein, avec l’idée qu’il faut pouvoir tenir la peinture dans les mains, entrer dans un rapport d’intimité avec elle et essayer de percer son mystère. Montage d’artifices Les images d’Aurore Pallet témoignent d’un constant balancement entre la mise en scène d’un subconscient hanté par des visions et un franc et jouissif besoin de légèreté. Elle joue à merveille de cette confusion, confusion qui existerait également entre la réalité et un certain monde virtuel, lequel investit la réalité en la grignotant progressivement. Ici, un poisson apparaît plus grand qu’un homme ; là, c’est une présentatrice de la téléision qui nous parle dans la rue ; et l’on se retrouve nez à nez avec des clowns tout droits sortis d’une salle de théâtre douteuse. Les images sont les mises en scène de ce malaise qui n’en est pas vraiment un et qu’elle aime construire. Pour cela, elle travaille à partir d’une collection de thèmes et de motifs réalisée en gla- nant des images sur internet : elle procède par une sorte d’accumulation intuitive jusqu’à ce que des associations se produisent, que des thèmes entrent en écho et permettent une étincelle souvent générée par une vision inconsciente. Comment ne pas penser au Surréalisme, et notamment à la sobriété feinte de René Magritte ? Il y a bien la rencontre d’éléments permettant une poétisation du quotidien, mais le hasard n’a jamais véritablement le dernier mot ; c’est une intuition guidée qui signe les images. Aurore Pallet est une sorte de cinéaste, au sens où elle monte ses images comme on monte un film. Par l’utilisation de logiciels informatiques, elle fait se rencontrer et se mêler divers registres d’images. Elle joue aussi à manipuler les codes de notre vision numérique du monde: un peu plus de flou ou de netteté, un peu plus de contraste, de pixels, de luminosité, de scintillement… Le voca- bulaire de la retouche d’images devenant pour l’artiste comme un bréviaire de poésie dans lequel elle va puiser. Le montage, préludant à l’acte de peindre, a pour matrice une volonté d’exhiber ce qui fait peinture et représentation. Elle s’emploie à utiliser de nombreux stratagèmes pour « signaler les images » : elle insiste sur les décors, qu’ils soient ceux d’une scène de théâtre ou d’un plateau de cinéma ; elle ne cesse de glisser dans ses images des instruments de mesure ou d’optique, mais aussi des mises en abymes à l’aide d’écrans dans les écrans et de divers trompe-l’œil. C’est le monde de l’artifice et des stéréotypes les plus kitsch qu’elle dévoile, avec ses couleurs saturées presque technicolor, tout en cherchant à prendre de la distance. Ses références vont des prédelles des des triptyques de la Renaissance à Alfred Kubin, Kafka et Alain Baschung, qu’elle écoute inlassablement et qui illustre bien son univers : «C’est un grand ter- rain de nulle part / Avec de belles poignées d’argent / La lunette d’un microscope / Et tous ces petits êtres qui courent » (Comme un légo) . Léa Bismuth « Introducing », Art Press Juillet-Août 2011
Curriculum Vitae
Aurore Pallet Née en 1982 Vit à Montreuil et travaille à Nogent-sur-Marne EXPOSITIONS PERSONNELLES 2020 Les Terres jaunes, galerie Isabelle Gounod, Paris 2019 Le Chat de Schrödinger,Musée d’art et histoire de Cholet Les Egrégores, Galerie ShortCuts, Namur 2018 Les Forces en présence, galerie Isabelle Gounod, Paris Crystal Violet, Carte blanche (avec des prêts du Frac Pays de la Loire), Galerie 5, Angers 2017 Prendre les Augures, Labanque, Béthune Le Déluge, château de Saint-Marcel de Félines 2015 Les Annonces Fossiles, galerie Isabelle Gounod, Paris 2013 L’hypothèse des halos non lumineux, galerie Isabelle Gounod, Paris EXPOSITIONS DE GROUPE 2019 Palimpseste, Centre d’art La Graineterie, Houilles Felix Art Fair, Roosevelt Hotel, Los Angeles Commissariat : Andrew Berardini Paris Peinture Plus, galerie MR14, Paris Paris Peinture Plus, galerie Slika, Lyon Le dessin du salon, espace Mean, St-Nazaire Quelque chose noir, galerie Gradiva, Paris Commissariat : Fanny Lambert 2018 La petite collection, Galerie Bertrand Grimont Je me retrouvai par une forêt obscure, Chamalot Paris Commissariat : Amélie Adamo Prolepsis, Galerie Plateforme, Paris Commissariat : Fanny Lambert Rituels, Images vivantes, H galley, Commissariat : Clément Thibault Drawing Now, Backslash Gallery, Commissariat : Xavier Theunis 2017 Vendanges tardives, CAC de Meymac Spring Break, galerie Isabelle Gounod WEEK SHOW, galerie Isabelle Gounod Fantôme, 2 galerie Jeune Création, Commissariat : B.Blanchard et S.Mercadante Exposition des finalistes du Prix de peinture Novembre à Vitry Exposition des finalistes du Prix de peinture André et Berthe Noufflard 2016 La French Touch, Séoul Commissariat : Caroline Bissière et Jean-Paul Blanchet Peintures, galerie Isabelle Gounod YIA Art Fair, Bruxelles, galerie Isabelle Gounod Drawing now, galerie Isabelle Gounod - Artiste en focus 2015 Ni rouge, ni gloss, ni baume, ni contour, nue, galerie des jours de lune, Metz Drawing now, galerie Isabelle Gounod 2014 Terrains vagues, exposition de la collection de Sylvie Berthémy, ESAD Grenoble Pense-bêtes, collection 1, galerie de Roussan 2013 Bruissements, galerie Isabelle Gounod, Commissariat : Léa Bismuth Drawing now, galerie Isabelle Gounod Prix Sciences Po pour l’art contemporain 2012 Family and Friends, Backslash Gallery Drawing now, galerie Isabelle Gounod 2011 Le royaume et l’exil, second volet : l’exil Backslash Gallery, commissariat : Gaël Charbau Parcours d’artistes, Pontault Combault 2010 Parti pris, galerie Claudine Papillon 55ème Salon de Montrouge Lignes de chance, Fondation d’entreprise Ricard
BOURSES&PRIX 2017 Nominée au Prix André et Berhe Noufflard. Nominée au Prix de peinture Novembre à Vitry. 2013 Nominée au Prix Sciences Po pour l’Art contemporain. 2011 Lauréate du prix de peinture Paliss’art (Eure). 2007 Prix de dessin Pierre-David Weill (Académie des Beaux-Arts) RÉSIDENCES 2018 Résidence au CHU d’Angers. En partenariat avec l’Université d’Angers, l’UFR Santé, le Département, le FRAC Pays de la Loire et l’École d’Art du Choletais. 2017 Chamalot - Résidence d’artistes (Corrèze, FR) Château de Saint-Marcel-de-Félines (Loire, FR) 2010 Résidence à Padang Panjang (Sumatra) en partenariat avec l’Ambassade d’Indonésie PRESSE - Le Quotidien de l’Art, par François Salmeron, 13 février 2020 - Mowwgli, par Clément Thibault, 23 mars 2018 - Télérama, par Laurent Boudier, mars 2018 - L’oeil, par Vincent Delaury, mars 2018 - La Vignette, Aude Lavigne, France Culture, 1er février 2018 - Paso Doble, entretien avec Tewfic Hakem, France Culture, 9 mai 2017 - Libération, par Dominique Poiret, 17 mars 2015 - La gazette de Drouot, vendredi 6 mars 2015, par Lydia Harembourg - L’oeil, n°677, mars 2015, par Florence Dauly - Radio Campus, matinale du 21/02/2015 - Télérama Sortir, par Laurent Boudier, mars 2015 - Ozartsetc.com mars 2013 - Géraldine Bourlon de Rouvre, Le Bonbon.fr, mars 2013 - Télérama Sortir, 20-26 mars 2013, par Laurent Boudier - Introducing, Art Press Juillet-Août 2011, par Léa Bismuth FORMATION 2009 DNSAP / ENSBA Paris 2004-2009 ENSBA Paris (ateliers G. Penone et J.-M. Albérola) 2004 Maitrise de littérature francophone, La Sorbonne (Paris IV) 2000-2002 Hypokhâgne et Khâgne, lycée Condorcet, Paris
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