BALLET NATIONAL DE MARSEILLE SAISON 11-12 - MOVING TARGET - DOSSIER PÉDAGOGIQUE
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Moving Target BALLET NATIONAL DE MARSEILLE //////////////////////// Saison 11-12 DOSSIER pédagogique
Dossier proposé dans le cadre de l’opération Lycéens à l’Opéra, financée par la Région Rhône-Alpes. Dossier réalisé sous la direction de David Camus Coordination générale élodie Michaud Rédactions des textes Aurélie Noailly, Muriel Mura Contact Fanny Loingeville Suivi de fabrication Maxime Riquelme Chargée du développement des publics Document téléchargeable sur 04 77 47 83 60 www.operatheatredesaintetienne.fr fanny.loingeville@saint-etienne.fr
« Moving Target nous étonne et nous émerveille par son invention, sa diversité et sa vitalité. » Le Figaro - 5/12/97 « Pas de doute que l’emprise de cet ensemble - vision, espace, mouvement - est efficace, fascinant et magnétique. » La Nazione - 20/10/97 « Spectaculaire production, à l’image de ce qu’affectionne Frédéric Flamand, qui a toujours conçu des spectacles à l’esthétique saisissante, Moving Target est d’une grande ambition visuelle. » Le Nouvel Observateur – 5>11/03/98 MOVING TARGET BALLET NATIONAL DE MARSEILLE Chorégraphie / création Frédéric Flamand Scénographie et vidéo Diller+Scofidio Lumières Bertrand Blayo, Frédéric Flamand Costumes Nicole Murru, Aurélia Lyon Conseiller artistique Bernard Degroote Maître de Ballet Sophie Faudot Abel Assistants chorégraphiques Yasuyuki Endo et Cristina Dias Conseillers musicaux Jean-Paul Dessy et Boyan Vodenitcharov Interprétation David Cahier, Marion Cavaillé, Katharina Christl, Malgorzata Czajowska, Noémie Ettlin, Gert Gijbels, Vito Giotta, Gabor Halasz, Nonoka Kato, Yoshiko Kinoshita, David Le Thai, Angel Martinez Hernandez, Valentina Pace, Sandra Saletti Aguilera, Nahimana Vandenbussche, Valeria Vellei Violoncelle Jean-Paul Dessy Piano Boyan Vodenitcharov Musiques Jean-Sébastien Bach, Jean-Paul Dessy, Acid Kirk, Arvo Pärt, Seal Phüric, Alfred Schnittke, Dmitri Chostakovitch... Captation, images, montage Steeve Calvo, Pino Pipitone, Yannick Rayne Grand Théâtre Massenet Vendredi 2 décembre 2011 : 20h Durée : 1h20 sans entracte Les textes de Vaslav Nijinski utilisés dans le spectacle sont empruntés aux Cahiers (version non expurgée) publiés par Actes Sud et traduits par Christian Dumais-Lvowski et Galina Pogojeva. Production Ballet National de Marseille 2010. Re-création le 23 septembre 2010 au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence. Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 3
sommaire p.7 Découverte de l’œuvre Note d’intention du metteur en scène La production p.11 Autour de l’œuvre Dans la ligne de mire La danse est multiple et ne cesse de se réinventer La danse est partout p.15 informations complémentaires Glossaire Extraits des Cahiers de Nijinski à propos de l’Opéra Théâtre Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 5
Découverte de l’œuvre moving target de Frédéric Flamand Spectacle emblématique sur les rapports entre danse et architecture et résultat de la première collaboration de Frédéric Flamand avec des architectes - les new-yorkais Diller+Scofidio -, Moving Target s’inspire librement des Carnets non censurés de Nijinski, célèbre danseur- chorégraphe, initiateur mythique de la danse contemporaine, qui passa la moitié de sa vie en asile psychiatrique. © Barak Synopsis : Miroir, mon beau miroir Sur scène, les danseurs du Ballet National de Marseille et un miroir. Une chorégraphie en trompe-l’œil construite par Frédéric Flamand et deux architectes new-yorkais Diller+Scofidio. Avec Moving Target (cible mouvante), créé en 1996 à Charleroi en Belgique, Frédéric Flamand plonge en apnée dans des mosaïques artistiques qui se démultiplient à l’infini. De pièce en pièce, le chorégraphe fait ricocher le couple danse et architecture. Corps flottants, gestes en apesanteur. Est-ce le danseur qui danse avec son reflet ou bien l’inverse ? Un vocabulaire de l’espace en pleins et en déliés. Apparitions, disparitions, kaléidoscopes et portes ouvertes sur le labyrinthe de l’esprit. Au carrefour des corps, Frédéric Flamand convoque une libre adaptation des Cahiers non censurés du génial Nijinski. Artistes et architectes modèlent sa schizophrénie en dédoublant le regard du spectateur. Un miroir démesuré incliné à 45° au-dessus de la scène démantèle nos repères visuels. Corps et pensées hybrides. Flux et reflux. Moving Target va et vient entre la liberté du geste aérien et les frontières, contraintes géométriques et camisoles imaginaires. Slogans, murs d’images, néons et flashs incessants, sommes-nous dans un ouvrage de science-fiction ou dans un livre visionnaire à la George Orwell. Illusion ou désillusion d’optique. Vertige du corps et de l’âme. Utopie, contre-utopie, image preuve, image traîtresse, corps soumis, corps rebelle. Captif d’une cage électronique, un danseur tente de s’échapper avec frénésie. Un circuit interactif de traque géré en temps réel par un ordinateur contrôle son échappée. Human Target. Ne tirez pas sur le danseur ! © Pipitone NB : les termes soulignés sont à retrouver dans le glossaire (p.15) Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 7
TêTE-à-TêTE AVEC FRéDéRIC FLAMAND © Pipitone Des Cahiers non censurés de Nijinski à aujourd’hui La création artistique et le monde contemporain partagent une certaine dimension de la schizophrénie. Notre société schizoïde prône l’hyper- individualisme. L’omniprésence des machines entre les hommes redéfinit nos relations sociales et spatiales. Corps réels, virtuels, avatars, identités médiatiques et multiples. Entre l’homme normal et l’autre, lequel est le plus pathologique ? La réalité est une mosaïque que l’on ne cesse de recomposer, de reconstruire tout comme le geste artistique. Un kaléidoscope poétique extrait des Cahiers de Nijinski ? « Je suis Apis, je suis un égyptien, un indien peau-rouge, un chinois, un japonais, un étranger, un inconnu. Je suis l’oiseau de mer et celui qui rêve de cette femme. Je suis l’arbre de Tolstoï avec ses racines. Je suis l’époux et l’épouse, j’aime ma femme. » Imposer le regard actif du spectateur J’aime pervertir le cadre de la boîte théâtre en jouant avec les différentes lectures. Grâce au dispositif architectural, vous observez les danseurs sur scène mais aussi leurs reflets dans l’espace. Le spectateur regarde parfois davantage le miroir que la scène. Quand un artiste est allongé sur le plateau, si l’on regarde le miroir, on a l’impression qu’il flotte dans l’espace. Des spots publicitaires interviennent soudain comme une agression active. Un écran descend pour vanter les mérites d’un produit miraculeux qui rend normal ! C’est très drôle et très ironique ! Je ne sais plus qui disait qu’en cinq minutes de publicité, cinq strates du cerveau se vident. à la télé, le décalage entre le réel et le virtuel est tout aussi violent. à 20h28 un reportage sur le théâtre d’un conflit, à 20h34 un spot pour © Pipitone un régime miracle. Nous sommes sans cesse écartelés, ciblés, étiquetés. NB : des extraits des Cahiers de Nijinski sont à découvrir p.16 8 Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr
La production DILLER + SCOFIDIO scénographie et vidéo Diller + Scofidio est une agence Elizabeth Diller d’architecture américaine fondée en 1979 Née en 1954 à Łódz, en Pologne, d’une famille rescapée de la Shoah, par Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio, elle immigre à New York dans son enfance. Elle rencontre son mari et basée à Manhattan. Ricardo Scofidio dans les années soixante-dix alors que ce dernier est Diller et Scofidio sont avant tout des professeur à la Cooper Union School, où elle étudie tout d’abord la architectes dont la vision dépasse les peinture. Elizabeth est diplômée d’architecture de cette même école en limites de leur métier. Leur parcours 1979, et y travaille de 1981 à 1990 en tant que professeur assistant. comprend des installations et Aujourd’hui, elle enseigne à l’université de Princeton, dans le New Jersey. performances utilisant toutes formes d’arts, et des collaborations avec toute une série d’artistes allant des Ricardo Scofidio arts plastiques aux arts de la scène. Collaborateur depuis 1997, Charles Il naît en 1935 à New York, États-Unis. Diplômé d’architecture (Bachelor Renfro devient en 2004 associé de l’agence, se renommant à l’occasion of Architecture) en 1960 de l’université de Columbia, il enseigne dès Diller Scofidio + Renfro. 1965 à la Cooper Union School. Il occupe encore actuellement ce poste. Elizabeth Diller et Ricardo Scofidio ont été les premiers architectes à remporter le prix MacArthur (MacArthur Prize, parfois appelé «Genius Grant»). Principales réalisations Outre la construction de bâtiments importants comme l’ICA à Boston (Institut d’Arts contemporains), le Musée d’Art et Technologie à New York ou le Moscone Convention Center à San-Francisco... Diller+Scofidio ont aussi fait beaucoup parler d’eux pour leur réalisation d’installations ICA - Boston comme le Blur Building, cet immense nuage surplombant le Lac de Neuchâtel créé pour l’Expo.02 (CH), Facsimile, installation media permanente au Moscone Convention Center de San-Francisco ou Travelogues, œuvre d’art exposée dans le terminal des arrivées internationales de l’aéroport d’Istanbul. Ils viennent tout récemment de rénover le Lincoln Center et de réhabiliter la High Line (voie de chemin de fer aérien) en parc public à New York. Facsimile - San Francisco Blur Building - Yverdon-les-Bains High Line - New York Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 9
Frédéric Flamand chorégraphe Frédéric Flamand, né à Bruxelles en 1946, aborde la danse en prônant le décloisonnement des techniques et en favorisant le dialogue entre danse classique et contemporaine. Depuis dix ans, il travaille de manière intensive sur les rapports entre danse et architecture et collabore avec des architectes majeurs tels que Jean Nouvel, Zaha Hadid, Thom Mayne, Diller+Scofidio et Dominique Perrault... L’optique pluridisciplinaire de son travail l’a conduit à la tête du 1er Festival Ballet National de Marseille International de danse contemporaine de la Biennale de Venise 2003, à l’Université d’Architecture de Venise pour laquelle il fut titulaire d’un Direction Frédéric Flamand atelier « danses » dans la section arts & design. Il dirige le Ballet National de Marseille depuis décembre 2004 après avoir dirigé Fondé en 1972 par Roland Petit, le Ballet National de Marseille fait Charleroi / Danses - Centre Chorégraphique de la Communauté partie des grandes compagnies de renommée internationale. française de Belgique pendant près de quinze ans et ses quatre En 1992, la création de l’École Nationale Supérieure de Danse de Biennales Internationales de la danse. De 2005 à 2009, il a dirigé Marseille et la construction d’un bâtiment de 6 000 m2 abritant 9 avec William Forsythe, Angelin Preljocaj et Wayne McGregor le studios de répétition - 2 pour la compagnie et 7 pour l’École - et une programme D.A.N.C.E. (Dance Apprentice Network aCross Europe), salle de spectacle de 300 places, confèrent au Ballet National de une formation pluridisciplinaire pour jeunes danseurs. Marseille une dimension élargie. Ses spectacles sont programmés sur les grandes scènes européennes, Composé de 70 salariés dont 35 danseurs, le Ballet National de aux USA, au Japon, en Amérique du Sud. Frédéric Flamand est Officier Marseille oriente son activité à travers une réelle ouverture d’esprit qui de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République Française. dépasse le clivage traditionnellement installé entre danse classique et danse contemporaine. En effet, en prenant la direction de la compagnie phocéenne en 2004, Frédéric Flamand a situé son projet « entre mémoire et innovation » ; ce n’était pas pour parler de mémoire d’un côté et tenter d’innover de l’autre. Le mot « entre » impliquait pour lui la communication, que ce soit pour son travail ou pour les œuvres qui seraient demandées à des chorégraphes invités. Danse classique, danse contemporaine sont des « étiquettes » destinées à clarifier la connaissance et l’appréhension des phénomènes mais qui dit étiquette sous-entend également « limite et enfermement ». Flamand est partisan pour le Ballet National de Marseille d’une vision transversale des choses : que ce soit pour les disciplines ou pour les techniques. 10 Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr
autour de l’œuvre moving target : DANS LA LIGNE DE MIRE Moving Target Moving Target Une inspiration du quotidien entre réalité et illusion L’architecture et la danse sont deux arts de la structuration Vous êtes en plein dans le réel pas réel. dans l’espace. « Alors que les délires verbaux de Nijinski se confrontent aux spots Frédéric Flamand le dit : « On peut imaginer que les danseurs dessinent publicitaires eux aussi délirants, mais pleins d’humour, se moquant d’une aussi dans l’espace une architecture éphémère, comme si le corps laissait industrie pharmaceutique qui voudrait bien réguler l’homme jusqu’à des traces derrière chacun de ses mouvements. » le déshumaniser, les danseurs sont lancés dans une course effrénée qui multiplie les images surprenantes, les raccourcis imprévus, brouille Le dialogue architecture et danse les pistes. Ils sont d’ailleurs magnifiques, très jeunes, et lancés dans Moving Target explore le dialogue presque fusionnel qui peut exister l’aventure avec une ardeur joyeuse qui électrise les spectateurs. » entre ces deux disciplines. Raphaël de Gubernatis, Le Nouvel Observateur, 29 septembre 2010 Décloisonner la danse et l’entremêler à d’autres formes d’arts permet d’exprimer en gestes et en mouvements les manifestations de la vie et Une danse un peu folle de notre environnement. La scénographie proposée par Diller+Scofidio permet de dédoubler Elle devient l’invention d’un langage pour témoigner du temps présent le regard du spectateur. Elle brise les lignes de la réalité et casse un et créer une sorte de mémoire collective. schéma parfaitement équilibré que l’on se construit bien souvent pour Pour la création de La Cité Radieuse, Frédéric Flamand a précisé : se situer et qui rassure. Mais la confusion prend place… « Je voulais donner une autre dimension à la scène pour reproduire Notre environnement et nos modes de communication sont étudiés l’imaginaire développé pendant des années dans des lieux insolites. Un de près pour que nous nous interrogions sur la réalité que nous nous jour Diller et Scofidio m’ont dit : « pour nous, l’architecture c’est tout fabriquons et sur notre façon d’être au monde. ce qui se passe entre la peau d’une personne et la peau d’une autre La chorégraphie de Frédéric Flamand est une lecture de ce décalage, personne ». de cet ailleurs indéfini situé entre réalité et illusion. On est projeté là, dans ce monde bizarre. Sur scène, les repères sont brisés par les danseurs. On assiste à un vrai dédoublement. Ce qui est dansé, vu et entendu, c’est la distorsion, la confusion des repères, les troubles de la perception. Les liens se font entre cette perte de la réalité et la schizophrénie où Moving Target prend sa source. C’est en effet dans ses Cahiers que Nijinski s’est raconté. Ils seront rédigés en six semaines pendant l’hiver 1919. Ils constituent un document exceptionnellement enrichissant et bouleversant sur l’homme et son mysticisme relayés par les danseurs sur scène. Nijinski parle de la vie, de la mort, de la folie, de la douleur… Ce petit monde auquel on prend part, ça donne un peu le tournis… En mars 1919, la schizophrénie de Nijinski lui fit connaître l’hôpital psychiatrique. Il ira, d’institut en institut pendant 30 ans, jusqu’à sa mort, en 1950. Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 11
autour de l’œuvre La danse est multiple et ne cesse de se réinventer La danse contemporaine Elle est née en Europe et aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Elle prend ainsi le relais de la danse moderne. Deux personnalités ont marqué la danse contemporaine d’après 1960, année charnière qui fait passer la danse moderne à la danse contemporaine : Merce Cunningham et Trisha Brown. En France, Alwin Nikolais crée le Centre National de Danse Contemporaine. En Allemagne, Pina Bausch oriente ses travaux de danse-théâtre au sein de sa compagnie Tanztheater Wuppertal. La danse contemporaine aborde les problématiques du mouvement et du corps. Les grandes pointures : Carolyn Carlson / Merce Cunningham / Philippe Decouflé / Pina Bausch / Mats Ek / Jan Fabre / William Forsythe / Jean-Claude Gallotta / Maguy Marin / Angelin Preljocaj / Blanca Li / Mourad Merzouki / Alwin Nikolais / Trisha Brown… La danse moderne Elle n’a rien à voir avec le modern’jazz. Elle apparaît en Allemagne et aux États-Unis vers 1920 avec la volonté farouche de se démarquer des codes rigides de la danse classique. Danse de scène expressive, elle deviendra par la suite la danse contemporaine. Les grandes pointures : Isadora Duncan / Martha Graham / Émile Jaques-Dalcroze / Rudolf Laban… La danse classique Pour la qualifier, on parle souvent de Ballet, un genre dramatique figuré par des danses et des personnages. Les courants ont évolué au fil des époques depuis la Renaissance. Elle est très codifiée mais toujours très appréciée. Les grandes pointures : Opéra-ballet et comédie-ballet avec Lully et Molière / Serge de Diaghilev / Serge Lifar / George Balanchine… Les grands ballets : La Bayadère (1877) / Casse-Noisette (1892) / Cendrillon (1893) / Coppélia (1870) / La Fille mal gardée (1789) / Giselle (1841) / Le Lac des cygnes (1877) / L’Oiseau de feu (1910) / Petrouchka (1911) / Roméo et Juliette (1940) / Le Sacre du printemps (1913)… 12 Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr
autour de l’œuvre LA DANSE EST PARTOUT Interdisciplinarité dans la danse : quelques pistes Danse et architecture La danse repose sur l’épanouissement du corps dans l’espace. Dans le travail chorégraphique, on cherche à élargir son espace de contrôle. Le danseur vit de l’espace qui le nourrit en retour. Il le dessine. Son corps s’y inscrit pour évoluer. Autour de l’espace, se déploient : • les notions de plan avec la verticalité, l’horizontalité… • les notions de perspective et d’ouverture, de géométrie, de gravité, de vacillement du corps… • les notions de gestes et de formes plastiques, • les notions du corps en mouvement (travail de Laban) De nombreux chorégraphes privilégient ces aspects-là dans leurs La Cité Radieuse - © DR travaux : Frédéric Flamand, avec les architectes Diller+Scofidio et Jean Nouvel (pour l’Exposition Universelle de Hanovre : The Future of Work, 2000) / Lucinda Childs et l’architecte Frank Gehry et John Adams Available Light, 1983) / Le chorégraphe William Forsythe avec l’architecte Daniel Libeskind pour Limb’s Theorem (1990). Danse et arts plastiques L’une et l’autre discipline s’influencent mutuellement. Au centre des codes de l’écriture chorégraphique, on retrouve l’envie de danser autour de thématiques. Elles peuvent être très variées et peuvent concerner la représentation, l’apparence, les traces laissées par le corps en mouvement, l’aspect visuel, les lumières… Quelques exemples : • Travail plastique : Philippe Découflé qui intègre, en plus de la chorégraphie, les costumes, les lumières, les vidéos / Saburo Teshigawara avec Bones in Pages à New York en 2007 • Travail de la couleur : Michel Kelemenis dans Henriette et Matisse. Comme le peintre, le chorégraphe cherche l’équilibre entre le trait et la couleur, l’abstraction et la figuration, le représenté et le représentant. • Travail des costumes et des décors : Picasso dans Parade (1917) - le décor est composé de personnages insolites faisant référence au cubisme. • Travail interdisciplinaire : Oskar Schlemmer, pionnier de l’interdisciplinarité : peintre, muraliste, sculpteur, chorégraphe, décorateur, danseur et théoricien. Son travail est reconnu pour l’interprétation qu’il donnait de l’espace notamment par rapport aux danses du Bauhaus. Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 13
Interdisciplinarité dans la danse : quelques pistes (suite) Danse et peinture - sculpture Peintres, dessinateurs, sculpteurs, ont utilisé des photographies comme supports pour leurs travaux sur la plastique des danseurs. Fixer la danse sur la toile ou le papier est une réelle difficulté : comment traiter l’irreprésentabilité du mouvement ? Auguste Rodin, a montré son admiration pour les Ballets. Il a réalisé une sculpture en bronze de Nijinski, Danseur, dit Nijinsky (1912). Danse et littérature La danse est un réservoir de créations artistiques. Son influence est Danse et sports notable dans le monde des lettres. Beaucoup, dans leurs œuvres, ont Dans Boxe Boxe, le chorégraphe Mourad Merzouki fait danser la boxe et témoigné de leur attrait pour les Ballets russes. montre la similitude de ces deux disciplines : le sens de l’effort physique, Ainsi : le plaisir de s’exprimer avec son corps, le dépassement de soi et la joie Jean Cocteau, ami de Diaghilev. Il a mis sa patte dans la création de qui en découle… trois ballets : Le Dieu leu (1912), Parade (1917) et Le Train Bleu (1924). En somme, danser pour montrer la poétique du monde. Montrer ses Il a également été une source d’inspiration pour les musiciens Erik Satie, forces mais aussi ses faiblesses d’où peut émaner une vraie beauté. Darius Milhaud et Igor Stravinski. Danser la vie. Guillaume Apollinaire a défendu les Ballets devant la controverse de la Parade, jugée trop loufoque et avant-gardiste. Marcel Proust raffolait des Ballets Russes dont il a quelques fois tiré son inspiration. Par exemple, dans à la recherche du temps perdu, madame Verdurin parle de sa découverte de ces ballets lors des conversations qu’elle tient dans son salon. Paul Valéry a écrit son poème l’âme et la Danse, ému par les Ballets Russes. D’autres écrivains, comme Claudel, Guitry, Maeterlinck... ont également témoigné dans leurs écrits de la fascination qu’ont exercé sur eux les Ballets. Adaptation d’œuvres littéraires : Barbe bleue / Cendrillon / L’Après-midi d’un faune, de Nijinski d’après le poème de Mallarmé / May B de Maguy Marin pour son travail sur l’œuvre de Samuel Beckett… Un petit mot sur le scandale de Parade : Ce ballet témoigne de l’époque qui entame son tournant vers la modernité. Cocteau écrit le livret, Léonide Massine, la chorégraphie, Erik Satie, la musique et Picasso signe les costumes et les décors. La première représentation a lieu à Paris le 18 mai 1917. La toile Boxe Boxe - © M. Cavalca est peinte par Picasso. On y voit un singe sur une échelle, un cheval ailé, un arlequin… sur scène, on danse le quotidien de la vie par l’intermédiaire d’un prestidigitateur chinois, d’acrobates et d’une petite fille américaine avec des ailes, pédalant sur le tempo du tac- tac-tac-tac d’une machine à écrire. Le public mondain juge le ballet stupide, trop loufoque. Les critiques sont sans pitié. La pièce fut incomprise mais au final, sa controverse fut bénéfique ! Lorsque l’on parle de Parade, on parle bien souvent de l’invention du ballet moderne et Apollinaire parlera même de surréalisme. 14 Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr
informations complémentaires Glossaire Bauhaus 1919-1933 Philippe Decouflé École fondée en 1919 à Weimar, en Allemagne, par Walter Gropius et Il crée en 1992 la très appréciée mise en scène des festivités d’ouverture dirigée par de brillants artistes de l’entre-deux-guerres comme Klee, et de clôture des Jeux olympiques d’Albertville. Au cours de sa formation, Kandinsky, Breuer, Schlemmer, Mies Van der Rohe… Elle est un lieu anti- il a touché au mime avec Isaac Alvarez et au cirque avec Annie Fratellini. académique et veut donner vie à la «construction du futur». Il a travaillé avec Merce Cunningham et Alwin Nikolais (après n’avoir La philosophie de cette école est d’affirmer une étape dans la réflexion pas réussi l’audition d’entrée pour l’école de Béjart, l’Ecole Mudra). et la disposition de ce qui deviendra le design. Architecture, danse, publicité… Le Bauhaus touche tous les domaines et son influence est Scénographie encore largement présente de nos jours. Conception de l’espace scénique dans lequel se déroulera un spectacle vivant et au sein duquel évolueront les artistes. Il s’agit de composer Chorégraphe avec les volumes, des objets, des couleurs, des lumières... Cette activité Le chorégraphe a pour mission de créer un spectacle de danse nécessite une très bonne connaissance des caractéristiques techniques ou d’adapter un ballet. Pour ce faire, il s’entoure de danseurs, du plateau et des matériaux. Le scénographe travaille en collaboration de compositeurs et de scénographes. avec le metteur en scène, ainsi qu’avec les créateurs lumières et sons. En dehors d’une haute maîtrise de la danse, la créativité et l’inventivité restent de rigueur. Schizophrénie On ne s’improvise pas chorégraphe, on le devient après avoir acquis des La schizophrénie fait perdre tout contact avec la réalité. Cette maladie bases solides en danse. L’objectif de cette intense et longue préparation mentale est une dislocation, un dédoublement de la personnalité, consiste à s’imprégner de la discipline pour être capable de mêler les entraînant des comportements anormaux tels que des hallucinations, genres en une création originale. Un bon chorégraphe est généralement un langage fou et des attitudes incohérentes. un danseur de haut niveau, créatif et doté d’une grande expérience du métier. Surréalisme Mouvement artistique né dans les années 20 caractérisé avant tout Cubisme par un esprit de révolte. On tente de provoquer des sentiments chez le Mouvement d’art moderne allant de 1907 à 1914, lancé par les spectateur en produisant des images qui dépassent l’ordinaire. peintres Georges Braque et Pablo Picasso. L’éclatement des volumes est important. Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 15
informations complémentaires extraits des cahiers de nijinski Extrait des Cahiers, de Vaslav Nijinski (version non expurgée). Actes Sud, 1995. Traduit du russe par Christian Dumais Lvowski et Galina Pogojeva. « J’ai envie de pleurer, mais je ne peux pas, car mon âme me fait si mal « Parti un soir faire une promenade en montagne, je m’arrêtai sur que j’ai peur pour moi. Je sens de la douleur. Je suis malade de l’âme. le Mont Sinaï... Il faisait froid, je m’étais éloigné. Alors hâtivement Je suis malade de l’âme, et pas de l’esprit. Le Docteur Frankël ne sentant que c’était indispensable, je me suis agenouillé. Je sentais aussi comprend pas ma maladie. Je sais ce dont j’ai besoin pour retrouver qu’il me fallait mettre la main sur la neige, tout de suite. J’éprouve la santé. Ma maladie est trop grave pour qu’on puisse me guérir aussitôt une douleur qui me fait crier et je retire la main. Mon regard rapidement. Je suis incurable. Je suis malade de l’âme. Je suis pauvre. se porte vers une étoile qui ne m’a pas dit bonsoir. Elle me refusait ses Je suis misérable. Je suis malheureux. Je suis affreux. Je sais que tout scintillations. Pris de peur je veux m’enfuir, mais retenu par mes genoux le monde souffre en lisant ces lignes, car je sais qu’on me ressentira. qui s’enfoncent dans la neige, je me mets à crier : personne n’entend Je sais bien ce qu’il me faut. Je suis un homme fort, et pas faible. mes cris, personne ne vient à mon secours. En général, je trouve de Je ne suis pas malade du corps. Je suis malade de l’âme. Je souffre. l’agrément aux promenades mais celle-ci ne m’apporte que de la terreur Je souffre. Je sais que Kostrovski me ressentira, mais je sais que tout le car je ne parviens pas à découvrir la raison de mon impuissance et monde me ressentira. Je suis un homme, et pas une bête. J’aime tout n’arrive pas à me dépêtrer. Des minutes passent, je me retourne en fin et le monde. Moi aussi j’ai des fautes. Je suis un homme et pas Dieu. j’aperçois une maison aux volets fermés, et puis une autre un peu plus Je veux être Dieu, c’est pourquoi je travaille sur moi-même. Je veux loin dont le toit est recouvert de neige. A nouveau la peur me saisit - et danser. Je veux dessiner. Je veux jouer du piano. Je veux écrire des vers. de ma voix la plus aiguë je crie : « Mort ! » Un peu de chaleur qui monte Je veux composer des ballets. Je veux aimer tout le monde. C’est mon alors en moi me réconforte, je réussis à me redresser et je marche vers la but dans la vie. (...). » maison. Elle était grande et il y avait une lampe d’allumée. Ce n’est pas la peur qui me retint d’y entrer mais l’impression qu’il ne le fallait pas. »… « Les gens étaient venus pour se distraire et croyaient que mes danses allaient être amusantes. Elles furent effrayantes et je fis tellement peur Extraits tirés du blog de Thierry Delcourt et reproduits avec son aimable autorisation http://thierry.delcourt.over-blog.com/article-vaslav-nijinski-je-suis-la-danse-je-suis- que les spectateurs s’imaginèrent que je voulais les tuer. Je ne l’ai pas dieu-65506352.html fait. Mais je sentais, moi qui les aimais tous, que je n’étais aimé de personne - ce qui ne manqua pas d’agir sur mes nerfs, de les bouleverser, tandis que mon excitation se communiquait à l’assistance. Je leur avais déplu et ils se levaient déjà pour partir quand soudain je me mis à exécuter une danse débordante de joie et de gaieté qui les remit de bonne humeur. Ils m’avaient pris pour un acteur triste et je leur prouvai que j’étais aussi capable de faire rire. Dès que j’eus recommencé à danser - et, en dansant à rire moi-même, ce fut une explosion de joie. Ils avaient compris ce que signifiait ma danse et toutes les jambes fourmillaient de l’envie de m’imiter... Pendant toute la soirée j’avais senti la présence de Dieu et l’amour que nous éprouvions l’un pour l’autre. Nous étions mariés. Dans la voiture qui nous ramenait de Suvretta je dis à ma femme que ce jour-là était celui de mon mariage avec Dieu… » Les apports de Nijinski à la danse Il a dépoussiéré l’art chorégraphique qui répondait à des normes strictes, au début du siècle. Les Ballets Russes ont permis à Nijinski de faire exploser les codes. Il a libéré la danse de ses conventions et du formalisme. Ses créations chorégraphiques ont souvent un parfum de scandale, évoquant des scènes sulfureuses, les pieds sont "en-dedans", les genoux pliés… Les danseurs masculins ont pu trouver leur place grâce à lui, au milieu des tutus ! Ils sont maintenant plébiscités et non moqués ou dénigrés. Nijinski a ouvert la voie aux sentiments exprimés sur scène par des gestes et des pas naturels. Ils rendent hommage à la beauté du corps. 16 Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr
informations complémentaires à propos de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne Présentation générale Bénéficiant d’une notoriété nationale et internationale importante, L’Opéra Théâtre remplit également une mission capitale auprès du jeune l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne se situe parmi les maisons d’opéra les public, proposant une saison dédiée, riche et variée. plus dynamiques en termes de public. Enfin, dans le domaine de l’action culturelle et de la médiation, l’Opéra L’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est un établissement de la Ville de Théâtre, en partenariat avec de nombreux partenaires (universités, Saint-Étienne soutenu par le Conseil général de la Loire, la Région Éducation nationale, écoles de musique..), souhaite développer ses Rhône-Alpes et le Ministère de la Culture. propositions aux personnes n’ayant pas spontanément accès à la culture L’arrivée d’un nouveau Directeur artistique et général en la personne (politique tarifaire, décentralisation des concerts...) de Daniel Bizeray offre à l’institution la possibilité de se renouveler Des visites guidées sont également organisées. en profondeur tant sur le plan de son organisation que de son Certaines représentations sont précédées 1 heure avant le début du projet artistique. Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire et l’Orchestre concert d’un Propos d’avant-spectacle (présentation sous la forme d’une Symphonique Saint-Étienne Loire placés sous la direction musicale de conférence). Laurent Campellone sont les acteurs essentiels d’une programmation qui sait également s’ouvrir aux artistes de tous les horizons. La vocation première de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne est une vocation lyrique : avec ses propres ateliers de construction de décors et de costumes, l’Opéra Théâtre produit et coproduit chaque saison de nouvelles productions lyriques. L’institution a également pour mission de proposer au plus grand nombre une programmation riche avec une exigence de qualité dans les domaines de la musique classique (musique symphonique, musique de chambre...), de la danse, du théâtre, en allant aussi vers des formes aussi diverses que le cirque, le cabaret... © Cyrille Sabatier Retrouvez plus d’informations sur www.operatheatredesaintetienne.fr 17
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