BESOINS DES AGRICULTEURS CANADIENS EN GESTION D'ENTREPRISE - Farm Management Canada
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2020 PLANIFIER SELON LES BESOINS DES AGRICULTEURS CANADIENS EN GESTION D’ENTREPRISE Mai 2012 Préparé pour Gestion agricole du Canada (anciennement le Conseil canadien de la gestion d’entreprise agricole) 250 City Centre Avenue Ottawa, ON K1R 6K7 Téléphone : 613.237.9060 www.fmc-gac.com par A.N. SCHOLZ & ASSOCIATES INC. QU’ANGLO COMMUNICATIONS & CONSULTING 531 Candle Way 3202 rue Tullochgorum, P.O. Box 250, Saskatoon, SK S7K 5A9 Ormstown, Québec J0S 1K0 Tél. : 306.221.0248 | Téléc. : 306.244.4497 Tél. : 450.829.2636 | Cellulaire : 514.609.2636 | Téléc. : 450.829.2226 al@alscholz.com | www.alscholz.com hugh@quanglo.ca | www.quanglo.ca Financé en partie par
ISBN 978-0-9780572-6-8
TABLE DES MATIÈRES Sommaire..........................................................................................................................01 Introduction......................................................................................................................03 Contexte...........................................................................................................................04 • L’importance de la gestion d’entreprise pour les agriculteurs canadiens • Définition de la gestion d’entreprise Que savons-nous à propos de la gestion d’entreprise agricole au Canada?.............................07 • Contenu, accessibilité, prestation • Où se trouvent les lacunes? Perspective internationale..................................................................................................12 Pratiques exemplaires........................................................................................................17 À quoi ressemblera 2020?..................................................................................................23 Observations générales sur la gestion d’entreprise agricole au Canada................................22 Observations à l’égard des programmes de gestion d’entreprise agricole.............................31 Considerations .................................................................................................................34 Conclusions......................................................................................................................34 Bibliographie.....................................................................................................................39 Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca
2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
REMERCIEMENTS Les auteurs tiennent à remercier Gestion agricole du Canada (anciennement le Conseil canadien de la gestion d’entreprise agricole) qui a permis la réalisation de l’étude sur laquelle se fonde ce rapport 2020 : Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en matière de gestion d’exploitation agricole. Les auteurs souhaitent également remercier tous ceux qui ont donné de leur temps pour être interviewés ainsi que les réviseurs dont la contribution est d’une valeur inestimable considérant la nature exhaustive de ce rapport. Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca
2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
SOMMAIRE Ce document examine les besoins des agriculteurs agricoles en matière de gestion d’entreprise et présente un aperçu des pratiques exemplaires nationales et internationales reliées à la création de contenu, à l’amélioration de l’accessibilité et à la prestation des programmes de gestion d’entreprise pour les agriculteurs canadiens. Le but du document consiste à favoriser une meilleure compréhension des éléments importants que comporte la gestion d’entreprise et à aider les organisations et les institutions dans la création et la prestation de futurs programmes de gestion d’entreprise pour les agriculteurs canadiens. Quels sont les besoins? Les études sur les besoins des agriculteurs en matière de gestion d’entreprise concluent de façon générale que la gestion d’entreprise représente un facteur de réussite important pour les exploitations agricoles. Cela dit, il semble y avoir un cap à passer avant que la majorité des agriculteurs considèrent la nécessité et la valeur des pratiques de gestion d’entreprise. En raison de la réticence des agriculteurs à adhérer aux programmes et aux pratiques de gestion d’entreprise, de nombreux besoins restent insatisfaits, surtout du point de vue de la prestation des programmes, même s’il y a amplement de contenu (matériel offert) et peu d’obstacles à l’accessibilité. Où se trouvent les lacunes? Les études concluent de façon générale que la gestion d’entreprise représente un facteur de réussite important. Cela dit, il semble y avoir un cap à passer avant que la majorité des agriculteurs reconnaissent la nécessité de ces pratiques. En raison de la réticence des agriculteurs, de nombreux besoins restent insatisfaits, même s’il y a amplement de matériel offert et peu d’obstacles à l’accessibilité. La majorité des agriculteurs ne semblent pas intégrer l’information des programmes de gestion à leur exploitation agricole. Ceci révèle de sérieuses lacunes quant aux méthodes de prestation des programmes et à la compréhension des besoins particuliers des différents segments du secteur agricole en matière de gestion d’entreprise qui découlent de la régionalisation, des différentes structures de produits, des diverses attitudes à l’égard de la prestation de programmes et des styles d’apprentissage des agriculteurs, de la grande variété de tailles des exploitations et de la prestation des programmes à multiples niveaux. Pratiques exemplaires En matière de pratiques de gestion d’entreprise d’exploitation agricole, qu’est-ce qui a bien fonctionné ces derniers temps? • Les méthodes de gestion et de transfert du savoir fonctionnent bien pour les premiers 20 % des gestionnaires agricoles qui démontrent une motivation personnelle et de l’autodidactisme; ce qu’ils font n’est pas nécessairement utile aux autres catégories d’exploitants. • D’autres modèles de prestation, qui incluent les buts et les objectifs humains et sociaux dans le processus de gestion d’entreprise, sont perçus comme étant plus complets et donc plus intéressants. • Commencez de manière modeste, mais commencez. Pour les agriculteurs qui ont incorporé peu de pratiques de gestion d’entreprise dans leur exploitation, il est préférable de commencer par quelques éléments de la gestion d’entreprise, au lieu d’adopter un large éventail d’applications complexes de gestion. • Les agriculteurs semblent plus enclins à s’engager (au lieu de participer) aux processus de gestion d’entreprise lorsqu’un aspect d’implantation accompagne l’activité (c.-à-d. au-delà de l’aspect théorique). • Les agriculteurs préfèrent travailler ensemble, soit en équipe de deux, en petit groupe structuré ou en tant que groupements dirigés et gérés par des animateurs ou des conseillers professionnels. • La gestion d’entreprise constitue un processus complexe et souvent lourd en administration. La présence ou la participation d’un animateur, d’un mentor, d’un conseiller ou d’autres professionnels s’avère ajouter une valeur à l’exercice et rendre chaque tâche réalisable. • Les incitatifs ou les subventions quelconques semblent assurer un meilleur taux d’adhésion des agriculteurs; si l’on considère les avantages que confère une meilleure gestion d’entreprise, ils devraient être perçus comme un investissement plutôt que comme une dépense. • La communauté agricole utilise de plus en plus les ressources en ligne qui comportent de nombreux avantages pour les producteurs cherchant à surmonter les éléments de distance et d’isolement; jadis des contraintes. Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 1
Observations Les programmes de gestion d’entreprise pour les agriculteurs varient grandement du point de vue de la démarche et de l’application. Les points suivants doivent être considérés lors de la planification future des programmes : • Définir la gestion d’entreprise de manière plus succincte en décrivant, par exemple, ce que c’est; qui est concerné; comment est-elle mise en œuvre et quand mesure-t-on les résultats. • Déterminer la manière la plus efficace de segmenter l’agriculture et le secteur agricole de manière à ce que les programmes de gestion d’entreprise soient mieux ciblés et conçus selon les besoins spécifiques de chaque segment. • Évaluer les besoins des agriculteurs et des gestionnaires agricoles en matière de gestion d’entreprise des différents segments ou des différentes catégories préalablement déterminés. • Analyser le profil, les compétences, la formation et la disponibilité des conseillers professionnels d’entreprise (en collaboration avec les organisations de ce secteur) afin de déterminer au préalable le niveau et la qualité des ressources requises pour subvenir aux besoins grandissants de programmes révisés. • Mesurer l’effet (rendement de l’investissement) et les résultats (changements survenus) des programmes actuels et établir des paramètres afin de mesurer les coûts et les bénéfices pour l’économie, la société et l’environnement de futurs investissements publics en vue d’améliorer les aptitudes de gestion d’entreprise. • Ajouter « la qualité de chef » au mélange de programmes de gestion d’entreprise comme une fonction à part mais intégrée à l’ensemble des aptitudes nécessaires à une éventuelle prospérité. • Évaluer le nouveau modèle d’entreprise des unités agricoles, qui se fusionnent pour des raisons de taille et d’envergure opérationnelle, ou des chaînes d’approvisionnement pour les marchés de niche, édictant ainsi les principes et les fonctions organisationnels d’une entreprise durable. • S’associer avec les organisations qui dirigent la croissance et l’expansion de modèles d’entreprises agricoles non traditionnelles comme les exploitations de petite taille et les exploitations urbaines, ainsi que d’autres systèmes agricoles et de production alimentaire qui vendent directement aux consommateurs urbains. Conclusions La gestion d’entreprise constitue un facteur de réussite important pour les exploitations agricoles, ainsi il demeure valable de continuer la promotion de ses concepts auprès des agriculteurs. Cela dit, il semble y avoir un cap à passer avant que la majorité des agriculteurs considèrent la nécessité et la valeur des pratiques de gestion d’entreprise. Quelques chefs de file ont abordé la nécessité de voir une transformation des activités au sein des exploitations agricoles ainsi qu’une transition du concept de « bien faire les choses » vers « faire les bonnes choses ». L’attitude actuelle envers la gestion d’entreprise des exploitations agricoles au Canada est axée sur le premier concept sans certitude que le deuxième soit bien compris. En général, « faire la bonne chose » est associé à un sens de chef de file et « bien faire les choses » constitue une fonction essentielle de la gestion. Si la plupart des programmes de gestion d’entreprise pour agriculteurs se concentrent sur l’aspect gestion (bien faire les choses), à l’avenir, les aptitudes de chef de file (faire la bonne chose) seront essentielles au succès, surtout en période de changement rapide. Pour relever ce défi, les organisations doivent prendre en compte quatre aspects importants lors de la rédaction de programmes et de services • Segmentation - L’agriculture présente trop de variabilité en matière d’agriculteur, de taille et de sorte d’exploitation et de marché pour adopter une approche de prestation unique; cette dernière doit être plus ciblée afin de mieux subvenir aux besoins spécifiques ou personnels de segments particuliers de la population agricole. • Simplification - Commencer par de simples pratiques de gestion d’entreprise et cumuler une séquence de petites réussites présente un meilleur potentiel quant à l’adoption de pratiques de gestion. • Motivation - Les incitatifs financiers relatifs à la participation des agriculteurs aux programmes de gestion d’entreprise sont toujours appréciés et ce soutien financier des programmes doit être considéré comme un investissement au lieu d’une dépense. • Personnification - Les programmes de transfert de gestion connaissant un meilleur taux de réussite comprennent une intervention professionnelle au sein du dit service ou du dit programme. Ainsi, il semble qu’à l’avenir il sera important de fournir un soutien plus ciblé aux conseillers professionnels travaillant avec les agriculteurs au front de la gestion d’entreprise au quotidien. 2 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
INTRODUCTION Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en matière de gestion d’entreprise Gestion agricole du Canada (anciennement le Conseil canadien de la gestion d’entreprise agricole) a été fondée en 1992 afin de coordonner, d’élaborer et de diffuser les ressources et les outils de gestion d’entreprise pour les agriculteurs du Canada. Les objectifs stratégiques de GAC consistent à « améliorer les pratiques de gestion d’entreprise qui sont essentielles à la durabilité et au rendement continu du secteur agricole ». En effet, les aptitudes de gestion surpassent tout autre facteur déterminant le succès d’une exploitation agricole. Pour atteindre ces objectifs, GAC adopte les stratégies de travail suivantes : • Augmenter l’utilisation des pratiques exemplaires de gestion d’entreprise en inspirant et en motivant les gestionnaires agricoles grâce à une démonstration des avantages concrets; • Offrir des produits et des services pertinents tout en améliorant de façon continue ces produits, ces services et ces méthodes de prestation à la clientèle ciblée; • Maximiser l’efficacité de la prestation en ayant recours à des technologies émergentes et à des voies de prestations multiples afin de desservir les clients actuels et d’en recruter des nouveaux; • Coordonner le développement d’entreprise au Canada en prenant l’initiative dans les projets nationaux de développement et en créant des associations afin d’en maximiser l’impact et d’éviter la répétition. En 2011, GAC a également lancé un projet de recherche visant à évaluer les besoins des producteurs agricoles canadiens à l’égard de la gestion d’entreprise agricole. L’objectif de la recherche consistait à compiler l’information existante (sous forme de sondages récents, de groupes de discussion, d’évaluations, d’analyses des besoins, de consultations, etc.) qui définit les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise par rapport aux points suivants : • Contenu • Accessibilité • Prestation Cette compilation est axée sur les éléments suivants : National • La création d’une matrice de besoins en gestion d’entreprise agricole qui cible les lacunes des consultations actuelles et qui anticipe les besoins des dix prochaines années, jusqu’en 2020. • Un catalogue des programmes actuels offerts par les organisations majeures et les provinces qui abordent les besoins des agriculteurs canadiens en matière de gestion d’entreprise. • Une liste des « pratiques exemplaires » de mise en œuvre de la gestion d’entreprise visant les activités de gestion dans le cadre de la programmation provinciale et organisationnelle. International • Un échantillon international d’analyses de besoins existants ou anticipés des agriculteurs en matière de gestion d’entreprise, notamment dans les pays où la gestion d’entreprise agricole est considérée comme plus avancée sur certains aspects, comme en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aux États-Unis. • La création d’une liste de pratiques exemplaires internationales de l’industrie à son état actuel en matière de gestion d’entreprise procurant ainsi une perspective mondiale lors de la détermination d’objectifs et de buts pour les programmes afin d’améliorer la compétitivité globale des agriculteurs canadiens. Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 3
CONTEXTE L’importance de la gestion d’entreprise pour les agriculteurs canadiens Les pressions économiques, environnementales et sociales transforment les tendances de consommation, la structure de l’industrie agricole et les entreprises. Conséquemment, les agriculteurs subissent de fortes pressions pour l’acquisition et l’application d’aptitudes en gestion nécessaires pour répondre à ces dynamiques qui sont à la fois régionales et mondiales. Cette situation demande de mieux comprendre l’interaction entre la gestion du savoir et son transfert, ainsi que les motivations qui guident les actions entreprises, ou non, par les décideurs agricoles. Il est difficile de trouver une définition d’un « excellent rendement d’entreprise » et cela, combinée aux programmes qui traitent souvent des composantes de gestion d’entreprise en les isolant de l’ensemble de la gestion agricole, rend difficile la poursuite du perfectionnement professionnel pour le gestionnaire agricole. Les entreprises varient considérablement selon leurs attributs et leurs ressources. Il y a pléthore d’aptitudes en gestion et de facteurs mesurables, ce qui signifie que le gestionnaire doit être en mesure de déterminer ce qui doit être mesuré et il doit en connaître la raison1. Il semble que la plupart des mesures de gestion d’entreprise employées en agriculture ciblent l’aspect affaires et ne tiennent pas compte des facteurs humains, qui sont plus souvent intégrés à d’autres industries2. Le développement des compétences et des aptitudes de base des gestionnaires agricoles, qui les mèneront à utiliser les techniques de gestion d’entreprise, à interpréter les mesures et à les relier aux besoins de leur propre entreprise, est de plus en plus important. D’autres études démontrent que les agriculteurs sont conscients de l’existence et des avantages des pratiques de gestion d’entreprise, mais un grand nombre d’entre eux ne semblent pas les intégrer complètement dans leur propre entreprise3. Ceci est notamment le cas pour la planification de la relève des entreprises familiales. Malgré une abondance d’information et de soutien mis à la disposition des exploitations familiales depuis les vingt dernières années, la vaste majorité des entreprises ne détient aucun testament ou plan formel écrit à l’égard de l’entreprise ou de la relève. Définition de la gestion d’entreprise On ne trouve pas de définition précise ou commune du concept de « gestion d’entreprise » au sein des organisations et des institutions qui s’occupent des programmes de gestion agricole. D’où l’importance de définir et de peaufiner le concept afin d’évaluer la performance antérieure et de planifier de futures initiatives et de futurs programmes qui fonctionnent. Dans un contexte agricole, la gestion d’entreprise peut être définie comme suit : Une fonction ou un outil de prise de décision. Cette fonction ou cet outil aide les propriétaires et les gestionnaires lors des prises de décisions à l’ égard des meilleures mesures à prendre pour l’exploitation agricole. Les décisions de base à prendre pour que l’entreprise agricole prospère incluent les suivantes : • Que produire ou quelle combinaison de différentes productions suivre? • Quelle quantité produire et quel niveau de production est le plus rentable? • Quelle taille chaque production doit avoir, qui, à son tour, déterminera la taille idéale de l’ensemble de l’entreprise? • Quelles méthodes de production adopter (pratiques de production, type et qualité des intrants et leurs combinaisons)? • Quels produits commercialiser et où les commercialiser? • Comment trouver de l’information pour s’adapter constamment et maintenir la rentabilité?4 1 BYLES, Sharon et Phil LE GRICE. Continuing Professional Development and Business Development, [En ligne], con- sulté le 19 févr. 2011. http://www.ifmaonline.org/pdf/congress/Byles.pdf 2 Foresight Report on Global Food and Farming Futures: Education, training and extension for food producers, UK, Janu- ary 2011. 3 Ibid. 4 Adaptation de http://www.krishiworld.com/html/farm_management1.html 4 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
La gestion d’entreprise, selon la compréhension générale, traite de l’organisation et des activités d’une exploitation et a comme objectif de maximiser les profits sur une base continue. Voici une définition plus inclusive de la gestion d’entreprise agricole : La fonction traitant de l’analyse des ressources, des solutions, des choix et des possibilités agricoles en considérant les limites des ressources, les responsabilités sociales et les contraintes personnelles.5 Un mélange complexe d’information doit être intégré et synthétisé si l’on souhaite augmenter et maintenir la rentabilité d’une entreprise agricole. En effet, une bonne gestion agricole doit traiter, en plus de la maximisation du revenu, des buts et des objectifs des agriculteurs et de la famille. La définition de gestion d’entreprise peut donc être raffinée davantage comme suit : Une discipline se penchant sur les gens, les décideurs et les organisations par rapport aux exploitations et à la production agricole. Il s’agit d’une fonction axée sur les gens au lieu de la production des cultures ou du bétail.6 Voici certains des sujets importants inclus dans le cadre de la gestion d’entreprise agricole7 : • Finance et crédit (y compris le refinancement de la dette, le financement privé, le financement en fonds propres, l’expansion, le crédit-bail, la comptabilité et la fiscalité, la tenue de dossiers, le financement de la dette, la médiation de la dette, les propositions bancaires, la recherche de subventions et de financement, etc.); • Évaluation d’entreprise et coûts de production (y compris l’établissement du budget, les rapports de performance, la productivité, l’analyse comparative, le seuil de rentabilité, les scénarios d’anticipation); • Commercialisation (y compris les marchés de niche, la commercialisation directe, l’importation, l’exportation, la planification des marchés, les études de marché, la commercialisation mondiale, la valeur ajoutée, la commercialisation de produits de base); • Relève et ententes commerciales (y compris la planification de la retraite, le transfert d’entreprise, la planification successorale, les ententes d’exploitation, les ententes avec les actionnaires et les partenaires, la planification de transition de gestion, la propriété et le contrôle); • Planification stratégique et d’entreprise (y compris la planification successorale, le contexte commercial, l’analyse financière, l’analyse FFPM, la planification des actions, l’étude de faisabilité, l’évaluation de risque, la planification opérationnelle, la planification d’urgence, la recherche de subventions et de financement); • Ressources humaines (y compris la sécurité à la ferme, le guide des employés, la description des emplois, l’embauche, l’examen du rendement, l’évaluation du rendement, les employés étrangers, la structure organisationnelle, la direction, la gestion de conflits, la médiation, la facilitation, la prise d’initiatives, le profil de personnalité); • Environnement (y compris les évaluations de risque, la planification, le plan de gestion des nutriments, les lois et les politiques, la gestion des ressources naturelles, la planification fiscale des produits et des services écologiques, les crédits carbone); • Salubrité des aliments et biosécurité (y compris la traçabilité, la gestion de risque, la santé et le bien-être des animaux, les programmes HACCP, BPF et BPG, la transformation, la réglementation, la recherche de subventions et de financement); • Organisation et structure d’entreprise (y compris les partenariats, les ententes entre actionnaires, les coopératives, les coentreprises, les conseils consultatifs, la direction); • Gestion de risque (y compris l’évaluation, la planification, les probabilités, l’impact, l’évaluation de risque de contrepartie, la planification d’urgence, la planification du risque d’entreprise). 5 Ibid. 6 Ibid. 7 Source : archives de GAC Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 5
Autres définitions Les exploitations agricoles sont souvent classées selon le type d’agriculture qu’on y effectue et leur taille dans le cadre d’analyses de données agricoles (p. ex. les enquêtes auprès des entreprises agricoles canadiennes et britanniques8,9). Définir ce qu’est un « agriculteur » n’est pas une simple tâche en raison du grand nombre de variations qui rend la définition souvent inutile. À la place, un nombre d’auditoires cibles portant tous le titre général « d’agriculteur » a été identifié comme important en matière d’enjeux reliés à la gestion d’entreprise. Auditoires cibles Bien que les agriculteurs (et les gestionnaires agricoles) constituent l’audience la plus vaste pour le matériel et les programmes de gestion d’entreprise, il est intéressant de constater la présence de sous-groupes au sein de ces appellations générales qui méritent d’être décrits aux fins de cette discussion : • Entreprises commerciales desquelles les agriculteurs tirent leur revenu principal et dont les revenus bruts annuels excèdent généralement 250 000 $; • Exploitations avec source de revenus additionnelle où une source externe quelconque de revenus est nécessaire au dégagement d’une marge nette pour la famille, et ce type d’exploitation peut à son tour être catégorisé en exploitations qui démarrent et celles bien établies qui décident d’agrandir et de se transformer en entreprises commerciales; • Exploitations à leur fin où les agriculteurs prévoient prendre leur retraite sans avoir un membre de la famille ou un autre jeune agriculteur pour prendre la relève de l’entreprise (résultant soit en une fermeture ou à une vente ou une location à une autre entreprise). Notre auditoire cible serait constitué de : • Gestionnaires et d’ouvriers agricoles dont le nombre est en croissance de même que le niveau de responsabilité de gestion, notamment au sein des exploitations de grande taille; • Professionnels (conseillers) qui jouent un rôle grandissant de soutien auprès des agriculteurs relatif à l’intégration des pratiques de gestion d’entreprise dans les activités de l’exploitation; • Professionnels (effectifs) qui fournissent des conseils et d’autres types de soutiens liés à la gestion concernant les achats d’intrants ou d’autres services agricoles (p. ex. les produits financiers); • Agences, institutions et organismes agissant comme entités canalisatrices des programmes, des produits et des services de gestion d’entreprise. 8 Source : http://www4.agr.gc.ca/AAFC-AAC/display-afficher.do?id=1215534217128&lang=fra 9 Source : http://www.defra.gov.uk/foodfarm/farmmanage/advice/documents/def-of-terms.pdf 6 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
QUE SAVONS-NOUS À PROPOS DE LA GESTION D’ENTREPRISE AGRICOLE AU CANADA? Contenu, accessibilité et prestation Cette section résume les éléments importants concernant la gestion du savoir sur l’entreprise et son transfert en employant la structure suivante : • Formel • Informel • Informatif Chacune de ces catégories est ensuite caractérisée en matière de contenu, d’accessibilité et de prestation. Formel - Les programmes de gestion d’entreprise agricole offerts par les établissements d’enseignement et qui procurent une attestation quelconque (diplôme ou certificat); ceux-ci se classent en tant que programmes éducatifs. Informel - Les programmes de gestion d’entreprise agricole offerts par les établissements d’enseignement, les gouvernements (et les organismes gouvernementaux) et autres organismes qui ont un certain aspect formatif, mais ne mènent pas à un processus officiel d’accréditation (même si les participants réussissent un cours ou reçoivent un certificat attestant l’achèvement du programme); de façon générale ces programmes consistent en une série de cours ou d’ateliers et se classent en tant que programmes formatifs. Informatif - Les programmes et les services pour entreprise offerts par les établissements d’enseignement, les gouvernements (et les organismes gouvernementaux) et autres organismes qui diffusent de l’information visant une sensibilisation et une meilleure compréhension par l’entremise de documents, de matériel, de site Web, de conférences, d’ateliers, de webinaires, etc.; de façon générale, ces programmes se classent en tant que programmes, services ou produits informatifs. Même si un programme ou un service en particulier a été classé dans une des catégories aux fins de cette discussion, il se peut qu’ils puissent se classer parmi d’autres catégories d’une manière quelconque. Programmes formels Bien qu’il existe au Canada une grande variété de programmes éducatifs en agriculture, à moins de s’inscrire au baccalauréat en gestion d’entreprise conjointement aux études en agriculture, peu d’entre eux offrent ou comprennent un contenu substantiel ou de base sur la gestion d’entreprise agricole. Parmi les programmes visant les agriculteurs et les gestionnaires et ouvriers agricoles offerts par les diverses universités, les divers collèges (cégeps au Québec) et centres de formation pour adultes, on y trouve des cours de gestion d’entreprise. Ces cours, toutefois peu nombreux, sont souvent offerts en option et ont peu de constance quant au choix de cours au sein des programmes, et invariablement, ils jouent un rôle secondaire par rapport aux cours techniques et de production des programmes dans leur ensemble. Cette situation s’applique aux programmes menant à un diplôme en gestion agricole au niveau collégial. Les exceptions dignes de mention sont : • La M.B.A en gestion des entreprises agricoles et alimentaires offerte par le College of Management and Economics de l’Université de Guelph. Bien qu’il ne soit pas offert par une faculté d’agriculture, le contenu du programme en ligne de deux ans porte exclusivement sur la gestion d’entreprise agricole (et alimentaire) et vise les propriétaires et les gestionnaires professionnels du secteur agroalimentaire 10. • Les différents programmes sont (habituellement) offerts par les départements de sciences économiques de la faculté d’agriculture des universités, comme le Department of Agribusiness & Agricultural Economics de la Faculty 10 http://www.uoguelph.ca/cme/mba/courses Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 7
of Agricultural & Food Sciences de l’Université du Manitoba 11, le baccalauréat en Science in Agribusiness, de l’Université de la Saskatchewan12 ou le programme AgriBusiness du Department of Food, Agriculture and Resource Economics de l’Université de Guelph13. Les cours de gestion d’entreprise agricole de ces programmes universitaires ont tendances à se concentrer sur les aspects économiques et financiers de la gestion d’entreprise, ce qui ne constitue pas une approche aussi vaste et multidimensionnelle comparativement à la définition présentée dans la section « contexte » de ce document. Programmes informels Seulement quelques programmes de formation sur la gestion d’entreprise agricole sont offerts au Canada et, en fait, ce nombre est moindre maintenant en raison de la disparition de deux programmes (Competitive Advantage Program for Agriculture, Olds College, et Agribusiness Entrepreneurship Program, Université de la Saskatchewan) causée par une demande insuffisante. Il y a deux programmes de formation pour la direction : • Le programme canadien d’excellence totale en gestion agricole (C-TEAM) offert au centre George Morris (Guelph, Ontario) qui cible la planification stratégique, la planification opérationnelle, les ressources humaines, les communications et le système d’information de gestion pendant quatre sessions d’une semaine dans différents endroits au Canada 14; • Le Syngenta Grower’s University est offert par le Richard Ivey School of Business de l’Université de Western Ontario (London, Ontario). Ce cours d’une semaine traite de finances agricoles, de la prise de décision, de la gestion des RH, de communications et de planification agricole stratégique15. Quelques programmes de formation en gestion d’entreprise offrent des cours et des ateliers, notamment : • L’AgriBusiness eCampus, un centre national en ligne de ressources dédié à la gestion d’entreprise agricole et aux connaissances et à l’information reliées à l’entrepreneuriat, est offert par le campus Kemptville de l’Université de Guelph. Les cours en ligne non crédités d’enseignement individuel et de courte durée, accessibles en tout temps, sont destinés aux étudiants matures et aux adultes qui traitent de la planification de la relève et des nouveaux intrants, de la planification stratégique et d’entreprise, de la commercialisation de produits de base, de la commercialisation nationale et mondiale et de la gestion des ressources humaines16; • Financement agricole Canada (FAC) offre une série d’ateliers sur les entreprises agricoles d’une ou deux journées dans le cadre de son programme Centre de formation. Ces ateliers abordent la commercialisation avancée de produits agricoles, la commercialisation de produits agricoles, la planification successorale, la gestion financière agricole, la gestion pour un rendement élevé, le recrutement et le maintien en poste des employés, le transfert de l’exploitation, le travail en famille et la façon de définir des objectifs et de les atteindre17; • Everdale est un organisme caritatif, un centre de formation environnementale et une ferme biologique située à Hillsburgh en Ontario. Cette organisation se concentre sur la formation pratique et offre le programme Farmers Growing Farmers (FGF) : un programme à plusieurs niveaux conçu pour aider les nouveaux agriculteurs à planifier une entreprise durable et prospère ou pour les aider à repenser leur entreprise ou à en démarrer une nouvelle18. 11 http://www.uoguelph.ca/cme/mba/courses 12 http://www.umanitoba.ca/afs/agric_economics/course/course.html 13 http://agbio.usask.ca/index.php?page=pros-bsa-agbus 14 http://tinyurl.com/georgemorris 15 http://tinyurl.com/syngenta 16 http://www.kemptvillec.uoguelph.ca/abecampus.html 17 http://tinyurl.com/fccworkshops 18 http://farmersgrowingfarmers.everdale.org 8 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
S’il semble y avoir très peu de programmes dans cette catégorie sur la gestion d’entreprise agricole au Québec, on doit noter que les agriculteurs de cette province ont opté pour un modèle différent dont l’accent porte sur des programmes de groupement, et en ont profité. Depuis 1968, les agriculteurs du Québec se sont organisés en syndicats de gestion agricole ou en groupements de gestion agricole, où 20 à 40 agriculteurs s’associent et engagent un expert en gestion agricole afin d’obtenir des conseils sur les aspects de la gestion de leur exploitation, en particulier sur l’analyse et la gestion financière. Une fédération provinciale a été créée en 1982 (maintenant appelée la Fédération des groupes conseils agricoles du Québec) afin d’offrir un soutien centralisé à chacun des groupements et, bien que ces organisations n’offrent pas de cours en tant que tel, elles ont collaboré à une vaste gamme d’activités d’apprentissage dans le cadre de leur rôle principal de consultant. De façon similaire, le Centre régional d’établissement en agriculture (CRÉA) a été créé en 1990 et veille au soutien du processus de transfert d’entreprise ainsi qu’à d’autres « dimensions humaines » des exploitations agricoles. Il convient de noter que des modèles semblables de groupement d’apprentissage en entreprise ont été utilisés avec succès en Australie et en Nouvelle-Zélande. Services et programmes informatifs La grande majorité des services produits et services offerts en gestion d’entreprise agricole, et il y en a plusieurs, se trouve dans cette catégorie, qui inclue la plupart des programmes et des services offerts par GAC. Ces programmes peuvent être divisés de manière générale en trois sous-catégories : Information : dépliants, brochures, articles, sites Web et présentations. Cette information se veut surtout un moyen pour sensibiliser les agriculteurs à l’importance de la gestion d’entreprise dans les exploitations ou pour promouvoir un service ou un programme en particulier sur le même sujet. Éducation : livres, articles, présentations, webinaires. Cette approche sert à prodiguer aux agriculteurs des instructions (comment faire), de conseils ou d’information plus détaillée à propos d’un aspect de la gestion d’entreprise agricole. Soutien : manuels, trousses d’outils, logiciels, DVD. Ces outils veillent à procurer une aide technique aux agriculteurs lorsqu’ils suivent le processus de gestion d’entreprise comme la planification ou l’analyse financière. Un grand nombre de ces outils sont maintenant facilement accessibles aux agriculteurs et sont offerts en ligne. De plus, certains de ces programmes informatifs, éducatifs et de soutien se trouvent dans la partie références du rapport intégral de GAC qu’on peut obtenir en écrivant au gestionnaire de projets, Mathieu Lipari, à mathieu@fmc-gac.com. Où se trouvent les lacunes? Les études sur les besoins des agriculteurs en matière de gestion d’entreprise concluent en général que : • La gestion d’entreprise constitue un facteur important de succès au sein des exploitations agricoles; • Il existe de réels défis à surpasser avant que la majorité des agriculteurs considèrent la valeur et la nécessité des pratiques de gestion d’entreprise ou qu’ils comprennent les facteurs présentés dans la définition; • La réticence des agriculteurs à adhérer aux programmes et aux pratiques de gestion d’entreprise fait que de nombreux besoins restent insatisfaits, surtout du point de vue de la prestation des programmes, même s’il y a amplement de contenu et que l’accès est facile; Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 9
Les recherches dans le domaine de la gestion d’entreprise agricole démontrent clairement qu’un lien direct existe entre les facteurs de succès à long terme (y compris la rentabilité de l’exploitation) et le degré (la mesure) d’application de la gestion d’entreprise dans une quelconque exploitation19. Malgré ce lien et le fait qu’un grand nombre de programmes et de services soient offerts aux agriculteurs : • De sérieuses questions demeurent quant à l’adoption (en masse) de ces programmes et de ces services par les agriculteurs (ce sujet est abordé dans la partie observations); et • Un manque d’études récentes ref létant les besoins des agriculteurs reste à combler, non seulement en matière du contenu sur la gestion d’entreprise, mais également à l’égard des meilleures façons et mesures d’augmenter le taux d’adoption et d’application des aptitudes et des connaissances en gestion d’entreprise (étant donné les avantages éprouvés). • Les enjeux majeurs semblent se situer dans l’emballage et la présentation de l’information technique décrite ci-dessus dans un format adéquat selon les divers styles d’apprentissage, la disponibilité, la pertinence et les champs d’intérêts des individus. De plus, étant donné l’ampleur du cursus de gestion d’entreprise, les gestionnaires agricoles sont découragés et ne savent pas où commencer. Malgré le manque d’études exhaustives sur les besoins des agriculteurs en matière de gestion d’entreprise, l’ensemble de l’information indique qu’il y a amplement de contenu (matériel disponible) et peu d’obstacles véritables à l’accessibilité. La plupart des agriculteurs ont accès aux sites Web diffusés par les organismes comme GAC et un grand nombre d’entre eux est en mesure de participer aux webinaires de GAC, de Financement agricole Canada (FAC) et d’autres organismes, de suivre un cours par l’entremise des programmes en ligne offerts par le Kemptville College et autres, ou de prendre part aux nombreux ateliers offerts par FAC et autres partout au pays. Les agriculteurs, en revanche, ne semblent pas adopter ni intégrer l’information des programmes sur la gestion d’entreprise à leur exploitation agricole. Cette situation révèle de sérieuses lacunes quant aux méthodes de prestation ou à la compréhension d’un segment important d’agriculteurs et de leurs , on besoins particuliers en matière de gestion d’entreprise. Sans dénigrer quelconque programme ou méthode de prestationdoit simplement souligner qu’une des difficultés à effectuer une évaluation générale réside dans le fait que le « marché » canadien en matière de gestion d’entreprise agricole est découpé et très diversifié. Cette fragmentation est principalement causée par : La régionalisation Le Canada est une fédération et ainsi, tout programme de gestion agricole est confronté au fait que chaque province a sa propre autorité agricole, scolaire et de formation ainsi que ses institutions et ses programmes, en plus des méthodes à part de financement et de priorisation, le tout englobé par des programmes et des politiques fédérales séparés; La structure des produits agricoles Les agriculteurs qui exploitent dans un cadre d’exportation, soumis à la gestion de l’offre, à comptoir unique (plan de commercialisation), de coopératives, de produits en vrac, de marchés de niche ou de ventes directes aux consommateurs auront tous des priorités différentes dans le cadre de la gestion d’entreprise. À tout cela, devront bientôt être ajoutées les exploitations agricoles « urbaines ». 19 Défis du secteur agricole canadien, l’importance des compétences et des connaissances, AAC. 10 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
Les démarches En mettant de côté ceux qui n’utilisent pas les pratiques et les programmes de gestion au-delà de la tenue de dossiers et la déclaration de revenus, les agriculteurs adoptent diverses démarches pour implanter les processus de gestion d’entreprise : • auto planification; • participation à des activités informelles entre voisins ou producteurs locaux de secteurs agricoles similaires (associations locales); • embauche de services d’un conseiller en entreprise; • utilisation des services de gestion d’entreprise offerts par l’entremise d’autres achats pour l’exploitation (p. ex. de fournisseurs d’intrants ou d’institutions financières); • adhésion à un groupement (p. ex. syndicat, cercle, coopérative); ou • inscription à un programme gouvernemental. La taille de l’exploitation L’ère de l’approche à « taille unique » des exploitations a pris fin il y a longtemps, même si les programmes et les politiques semblent parfois en faire fi. Même s’il est difficile de définir les agriculteurs modernes, on trouve dans les programmes et les pratiques de gestion d’entreprise non seulement au moins trois sortes principales d’agriculteurs (commerciales, avec source de revenus additionnelle et près de la retraite), mais ces derniers se recoupent dans diverses sous-catégories de produits agricoles. Lorsque cette situation fragmentée est comparée aux dix aspects principaux de la gestion d’entreprise mentionnés dans la partie définition, il est clair qu’une approche globale et planifiée des nombreux segments fragmentés qui répond aux besoins en gestion d’entreprise est essentielle à l’établissement d’un ensemble utile de programmes. Gestion agricole du Canada | www.fmc-gac.ca 11
PERSPECTIVE INTERNATIONALE Que savons-nous de la gestion d’entreprise des exploitations agricoles d’ailleurs? Une revue des programmes et des services de gestion d’entreprise de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis a été effectuée dans le cadre de la recherche destinée au présent document, afin de comparer les résultats avec ceux du Canada. En général, comme au Canada, il y a peu de documentation récente concernant les tendances en gestion d’entreprise agricole et la documentation pertinente date de plus de cinq ans. L’étude globale intitulée « Foresight: The Future of Food and Farming » (l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture, un aperçu) a été publiée par le gouvernement du RU le 24 janvier 2011. L’étude détaillée expose les tendances et les besoins actuels et futurs à l’égard du système alimentaire national (RU) et mondial. Ce rapport est le plus récent que l’on trouve en matière d’éducation, de formation et d’extension de la gestion d’entreprise et fait brièvement référence aux programmes mis en place en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux É.-U. D’autres documents internationaux ont aussi été cités et sont inscrits dans les références du rapport intégral. La conclusion principale du rapport sur l’aperçu au RU indique qu’il est primordial de considérer la connexion entre les politiques au moment de leur élaboration. Le rapport souligne que les politiques et les programmes antérieurs traitaient en général de l’agriculture et de l’alimentation de manière relativement isolée par rapport aux éléments essentiels du système alimentaire - c’est-à-dire l’environnement naturel et la société - les consommateurs finaux qui mangent trois repas par jour. Le rapport Foresight insiste sur l’importance de la corrélation et mentionne que les décideurs des secteurs externes au système alimentaire doivent élaborer des politiques en considérant attentivement la nourriture et les agriculteurs. Cette approche repose sur le fait que les agriculteurs et le système alimentaire constituent un élément essentiel à la réduction de la pauvreté, au développement physique et mental, au bien-être économique et à l’ouverture des sociétés, et que si l’approvisionnement alimentaire est menacé, cette situation dominera les programmes politiques et empêchera le progrès d’autres secteurs. De plus, la croissance du système alimentaire exigera de plus en plus des secteurs sensibles comme l’énergie, l’eau et le sol qui sont rattachés de près au développement économique et à la durabilité mondiale. D’un autre côté, les agriculteurs et l’agriculture contribueront de plus en plus au secteur des ressources organiques non alimentaires, comme les fibres, les combustibles, les médicaments, et des services comme l’environnement et le renouvellement de la biodiversité, et deviendront ainsi les moteurs dans l’atteinte d’une économie et d’une société plus durables. Le rapport du RU stipule que l’innovation et le changement sont souvent contraints, et l’efficacité et la durabilité compromises, en raison de l’inaccessibilité des agriculteurs aux connaissances et à l’information dont ils ont besoin. Le rapport explique pourquoi les modèles du 20e siècle sur l’extension, l’éducation et la formation sont maintenant désuets. Dans une grande partie du monde industrialisé, le rôle du secteur public perd du terrain en raison d’un recul général des systèmes publics uniques. L’avenir réside dans la compréhension que l’agriculture et les systèmes de ressources naturelles constituent plus que la production et la gestion, qu’ils sont en fait multidimensionnels et incluent la connaissance des écosystèmes locaux, des microclimats, des systèmes communautaires sociaux et des marchés en évolution. Il s’agit d’amalgamer les points de vue de différents ensembles de savoir pour aborder les enjeux actuels et futurs. Cette tâche deviendra de plus en plus complexe pour les agriculteurs et les conseillers. Les besoins varient entre les connaissances qui changent peu avec le temps, diffusées sous forme d’information et de conseils sur les choix stratégiques, et l’information requise à la prise de décision immédiate. Il n’est pas surprenant que les agriculteurs recherchent et utilisent de plus en plus de sources d’information et de conseils. Le plus difficile pour ceux qui souhaitent mettre sur pied un programme national (ou même régional) de gestion d’entreprise agricole réside dans la diversité croissante au sein du système alimentaire. De nombreuses exploitations agricoles sont de petite taille, fonctionnent à temps partiel et contribuent peu au revenu familial. Dans tous les pays, l’agriculture à temps partiel est une tendance bien établie et constitue un outil d’expansion vers la production commerciale à temps plein. 12 2020 Planifier selon les besoins des agriculteurs canadiens en gestion d’entreprise
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