HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...

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HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
HOTSPOT

Biodiversité & économie
Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique
       Informations du Forum Biodiversité Suisse
                                          23 | 2011
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Auteurs et auteures
                                              Bernd Hansjürgens est profes­                                    Michael Curran a étudié la zoo­                               Angelika Zahrnt est présidente
                                              seur de sciences économiques,                                    logie à l’Université de Dublin ainsi                          honoraire de la Confédération al­
                                              notamment d’économie environ­                                    que la biogéographie et l’écologie                            lemande pour l’envi­ronne­ment et
                                              nementale, à l’Université Martin                                 à l’Université de Bâle. A l’issue de                          la protection de la nature (BUND),
                                              Luther de Halle-Wittenberg; il di­                               son travail de Master, il a pris part                         qu’elle a présidé de 1998 à 2007.
                               rige le département d’économie au Centre                          à une expédition dans le nord du Mozambique.                 Elle s’est vue décerner en 2006 la Croix fédéra­
                               Helmholtz de recherche environnementale                           Son objectif était de documenter le degré de                 le du mérite et en 2009 le Prix allemand de
                               (UFZ). Il s’occupe en outre du programme                          protection de deux montagnes peu étudiées,                   l’environnement. Elle est membre du Conseil
                               Helmholtz «Terrestrial Environment» et a pris                     abritant les ultimes restes de forêt vierge intac­           pour le développement durable du gouverne­
                               part à la coordination de l’étude TEEB. Ses tra­                  te de l’Afrique australe. Il travaille depuis 2009           ment allemand et du Comité stratégique en re­
                               vaux de recherche portent principalement sur                      sur l’intégration des aspects biodiversitaires               cherche socio-écologique auprès du ministère
                               les évaluations en économie environnementale                      dans les écobilans, dans le cadre de la thèse                allemand de la Recherche.
                               et sur les instruments de la politique environne­                 qu’il prépare à l’EPF Zurich.                                > page 20
                               mentale. > page 6                                                 > page 17
Photo André Künzelmann / UFZ

                                              Carsten Neßhöver est directeur                                    Lic. rer. pol. Andreas Hauser est                             Gabi Hildesheimer est co-
                                              adjoint du département de re­                                     économiste et travaille depuis                                directrice d’Öbu, réseau pour une
                                              cherche en protection de la natu­                                 2004 au titre de collaborateur                                économie durable (www.oebu.
                                              re du Centre Helmholtz de recher­                                 scien­tifique à l’Office fédéral de                           ch). Ce réservoir d’idées zurichois
                                              che environnementale (UFZ) à                                      l’en­vironnement (OFEV). Il s’inté­                           s’engage en faveur d’un dévelop­
                               Leipzig. Il opère à l’interface entre science et                  res­se principalement à l’économie de la biodi­              pement économique fondé sur le principe de
                               politique, et coordonne le réseau de recherche                    versité et des paysages, aux instruments de                  durabilité; il est soutenu par 370 entreprises
                               sur la biodiversité en Allemagne (www.biodi­                      marché et à l’information en économie envi­                  suis­ses. A titre de membre de l’OcCC (Organe
                               versity.de). Dans le cadre de son travail sur les                 ronnementale. Il était au préalable chef d’entre­            consultatif sur les changements climatiques),
                               évaluations écosystémiques, il a aussi pris part                  prise, conseiller en stratégie, professeur de ges­           Gabi Hildesheimer assiste le Conseil fédéral en
                               à la coordination scientifique de l’étude TEEB                    tion et collecteur de fonds pour une ONG.                    matière de climat. En outre, elle siège au Comi­
                               sur l’économie des écosystèmes et la biodiversi­                  > page 18                                                    té consultatif du «Climate Forum» et au Con­
                               té. Il est actuellement secrétaire du Comité di­                                                                               seil des Hautes écoles spécialisées de Zurich.
                               recteur de la Plateforme européenne pour une                                    Irmi Seidl dirige l’unité de recher­           > page 22
                               stratégie de recherche sur la biodiversité (EP­                                 che en sciences économiques et
                               BRS).                                                                           sociales de l’Institut fédéral de re­
                               > page 6                                                                        cherche sur la forêt, la neige et le                          Fabian Rüdy est un illustrateur
                                                                                                               paysage. Elle enseigne l’économie                             indépendant établi à Berne . Son
                                                                                                 écologique à l’Université de Zurich et à l’EPF de                           travail por­ te avant tout sur les
                                                                                                 Zurich. Ses travaux de recherche portent essen­                             illustrations rédactionnelles de
                                                                                                 tiellement sur l’économie de la protection de la                            jour­­­naux et magazines, ainsi que
                                                                                                 nature, le développement urbain et les instru­               les illustrations scientifiques. Les billets de
                                                                                                 ments de gouvernance économique de même                      banque qu’il a créé confèrent une nouvelle di­
                                                                                                 que le développement des régions périphé­                    mension (optique) au thème de la biodiversité
                                                                                                 riques de la Suisse.                                         (www. an­draia.ch).
                                                                                                 > page 20

                               I M P R E S S U M Le Forum Biodiversité Suisse encourage          sion: Print Media Works, Schopfheim. Papier: Circle matt
                               l’é­
                                  change des connaissances entre la science, l’ad­         mi­   white 115 g/m2, 100% recyclé. Ti­rage: 4500 ex. en alle­
                               nistration, la pratique, la politique et la société. HOTSPOT      mand, 1500 ex. en français. Contact: Forum Biodiversité
                               est l’un des ins­truments de cet échange. HOTSPOT paraît          Suisse, Schwarztorstrasse 9, CH-3007 Berne, tél. +41
                               deux fois par an en allemand et en français; il existe en         (0)31 312 02 75, biodiversity@scnat.ch, www.biodiversity.
                               format PDF sur www.biodiversity.ch. Le prochain HOT­              ch. Direc­trice: Dr. Daniela Pauli. Coût de production: 15
                               SPOT 24| 2011 paraîtra en octobre 2011 et sera consacré           CHF par exemplaire.
                               au thème «Biodiversité et espace» Editeur: © Forum Bio­
                               diversité Suisse, Berne, avril 2011. Rédaction: Dr. Gregor        Pour que le savoir sur la biodiversité soit accessible à
                               Klaus (gk), Dr. Daniela Pauli (dp), Elisabeth Karrer (ek), Pas­   toutes les personnes intéressées, nous souhaitons mainte­
                               cale Larcher (pl). Traduction en français: Henri-Daniel           nir la gratuité de HOTSPOT. Mais toute contribution sera
                               Wibaut, Lausanne. Photos: Les photos sont accompa­                bienvenue. Compte postal: PC 30-204040-6. Les manu­s­
                               gnées de l’indication de leur auteur. Illustrations: Fabian       crits sont soumis à un traitement rédactionnel. Ils ne
                               Rüdy, Berne. Mise en page: Esther Schreier, Bâle. Impres­         doivent pas forcément refléter l’opinion de la rédaction.

                               2                                                                                                                                                             HOTSPOT 23 | 2011
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Editorial                                      Biodiversité & économie
                                               04        Biodiversité = Economie
                                                         L’économie et les entreprises reconnaissent de plus en plus les risques liés à l’appau­v­ris­
                                               sement de la biodiversité, mais aussi les opportunités offertes par sa conservation. Il était temps!
                                               Car sans une biodiversité riche et des écosystèmes en état de fonctionner, une économie prospère
                                               n’est pas envisageable à long terme.

                                               06      Valeur de la biodiversité: meilleure visibilité
                                                       L’étude TEEB révèle l’importance économique de la nature et favorise, à l’aide de recom-
                                               mandations concrètes, l’intégration de la biodiversité dans les entreprises.

«Biodiversify yourself», ainsi s’in­ti­tule
l’ap­pli­cation Facebook que la Commission
environnementale de l’UE a lancée dans le
                                               08       La biodiversité, une opportunité pour les entreprises
                                                        Nous avons interrogé cinq entreprises exemplaires du tourisme, du secteur alimentaire,
                                               du secteur des investissements, de la filière bois ainsi que de l’industrie pharmaceutique et cosmé-
cadre de sa campagne pour la biodiversité.     tique sur leur contribution à la sauvegarde et à la promotion de la biodiversité, sur le rôle que joue
Ce petit programme permet d’établir son        la biodiversité dans leur philosophie d’entreprise et sur la motivation qui les incite à adopter une
portrait sous forme d’une composition de       gestion durable des ressources naturelles.
motifs animaux et végétaux. Le message
sous-jacent est évident: nous n’existerions
pas sans la diversité des espèces, des éco-
systèmes et des gènes. La combinaison
                                               14       «La biodiversité est un puits d’opportunités»
                                                        Entretien avec Markus Nöthiger, de PricewaterhouseCoopers SA et Peter Lehmann, dire­c­
                                               teur de sanu, au sujet de la biodiversité dans les sphères directoriales, des instruments de marché
entre art, kitsch, réseaux sociaux et volon-   et du rôle de la science.
té de faire le bien semble avoir du succès:
plus de 23 000 personnes se sont déjà fait
«biodiversifier».
La biodiversité est le fondement de notre
                                               17      Mon produit nuit-il à la biodiversité?
                                                       Par rapport à la biodiversité, l’écobilan en est à ses balbutiements. Il faut intensifier la
                                               recherche.
vie. La seule création de zones rigoureuse-
ment protégées ne sert à rien pour assurer
notre survie; sa sauvegarde et sa promo­
tion doivent aussi être intégrées dans
                                               18        Le charme des incitations
                                                         Les forces du marché n’iront dans la bonne direction que si le prix des activités néfastes
                                               à la biodiversité est majoré et si un comportement soucieux de la biodiversité est financièrement
notre vie quotidienne. Il importe donc que     encouragé. Des instruments de marché adéquats s’imposent.
le thème dépasse le stade ringard du dé-
fenseur de la nature vêtu de «tricot fait
maison». Sur le plan international, l’étude
très estimée sur l’économie des écosys­
                                               20        Croissance économique menaçante
                                                         Bien que les ressources naturelles soient limitées, la politique et l’économie s’en tiennent
                                               à la persistance de la croissance économique,… avec des conséquences désastreuses pour la biodi-
tèmes et de la biodiversité (TEEB) a montré    versité.
l’exemple l’an dernier. Selon les enquêtes
de PricewaterhouseCoopers, déjà 27% des
CEO dans le monde se montrent préoccu-
pés par le déclin de la biodiversité.
                                               22       Öbu, réseau pour une économie durable
                                                        Chez les membres d’Öbu, la durabilité, c’est l’affaire du patron.

Cette édition de HOTSPOT présente les
imbrications de l’économie et de la biodi-
versité, et le potentiel que ce domaine
représente pour les entreprises ET pour        Rubriques
le maintien de notre base existentielle.
L’application de Facebook était une bonne      23 Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées (CPC)
idée, les campagnes menées par les deux        Les cépages anciens à la conquête des amateurs
plus grands détaillants de Suisse à l’oc­ca­
sion de l’année de la biodiversité ont été     24 Office fédéral de l’environnement (OFEV)
fructueuses… mais l’intégration de la          Rétrospective de l’année de la biodiversité
biodiversité dans l’économie privée n’en
est qu’à ses balbutiements. «Biodiversify      25 Forum Biodiversité Suisse
your business»: tel devrait être la devise     Nouvelle échéance: objectif 2020
de tous les CEO à l’avenir.
                                               26 Monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD)
                                               Cinq experts et témoins s’expriment à l’occasion de son 10ème anniversaire
Elisabeth Karrer
Forum Biodiversité Suisse                      28 Carte de la biodiversité
elisabeth.karrer@scnat.ch                      Le recul du crapaud calamite en Suisse

                                                                                                                                     3
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Introduction
Exploiter les opportunités, réduire les risques
Gregor Klaus, rédacteur

L’économie peut et doit jouer un rôle          merci!». L’économie et les entreprises          concernés, en particulier l’agriculture et
majeur dans la sauvegarde et la promo­         commencent à intégrer dans leurs bilans         la sylviculture, ainsi que l’industrie mi-
tion de la biodiversité.                       et leurs stratégies les risques de perte de     nière, mais aussi l’ensemble du secteur
                                               biodiversité, mais aussi les opportunités       des biens de consommation et des chaînes
S’interroger sur les causes de l’appauvris-    liées à la conservation et à la promotion de    d’approvisionnement. L’intégration de la
sement de la biodiversité implique tou-        la biodiversité.                                biodiversité dans les stratégies d’entre-
jours la recherche des forces motrices du      Le mérite en revient tout d’abord à l’étude     prise dépend de certains facteurs:
phénomène. L’espèce invasive prospère          «The Economics of Ecosystems and Biodi-         Demande en hausse: Ce sont les consomma-
dans une zone protégée, parce que, faute       versity» (TEEB), confiée par le Programme       teurs qui déterminent en fin de compte le
d’étude des risques, l’horticulture l’a in-    des Nations Unies pour l’environnement          comportement des entreprises. S’ils de-
troduite et mise en circulation. L’agricul-    (PNUE) à une équipe internationale de           mandent des produits et des services sou-
teur surfertilise une prairie maigre, parce    scientifiques (p. 6). L’étude TEEB est parve-   cieux de la biodiversité, le marché les leur
que le consommateur veut de la viande et       nue à améliorer la visibilité économique        offrira.
que l’Etat donne (encore) de mauvaises in-     de la nature. La surpêche effrénée, par         Capital naturel menacé: Sans nature intacte,
citations. Le groupe énergétique inonde        exemple, entraîne une perte de recettes         bon nombre d’entreprises ne peuvent plus
une vallée, parce qu’il peut s’enrichir en     annuelles d’environ 50 milliards de dol-        fonctionner. Cela ne se limite pas du tout
produisant de l’électricité «durable». Les     lars par rapport à une gestion durable des      aux agences de voyages, qui fondent leur
trois exemples montrent que le déclin – et     pêches à l’échelle mondiale. Soudain, la        publicité sur de beaux paysages, mais
donc aussi le maintien de la biodiversité –    biodiversité a un lien avec l’argent et les     concerne aussi toutes les entreprises tri­
sont étroitement liés à l’économie. Si les     décisions d’entreprises. A Nagoya, où avait     butaires d’une biodiversité en qualité et
entreprises adoptaient une gestion compa-      lieu la Conférence des Etats signataires de     en quantité suffisantes à un quelconque
tible avec la biodiversité et si les consom-   la Convention sur la biodiversité et où fut     stade de leur approvisionnement.
mateurs ne demandaient plus que des pro-       présenté le rapport final TEEB, Pavan           Réputation compromise: Aucune entreprise
duits et des services conviviaux, il n’y au-   Sukhdev, responsable de l’étude et chef de      ne peut aujourd’hui se permettre d’être
rait plus de crise de la biodiversité.         département auprès de la Deutsche Bank          taxée de pollueuse. En prenant des me-
Longtemps, l’économie n’a pas jugé bon         déclara: «Si nous ne faisons rien, nous ne      sures de sauvegarde et d’encouragement
d’agir: la biodiversité n’était pas une res-   perdrons pas seulement un capital natu-         de la biodiversité en tant que base existen-
source rare, n’avait aucun prix, n’était pas   rel, actuel et futur, de plusieurs milliards    tielle, une entreprise peut même sensible-
demandée par les consommateurs et              de dollars, mais nous appauvrirons encore       ment améliorer son image.
n’était donc pas intégrée dans la stratégie    les plus pauvres de la planète et nous met-     Menaces d’interdits et de règlements: Les entre-
des entreprises. Les conséquences sont         trons en péril les générations futures.         prises n’ont aucun intérêt à ce que l’Etat
dramatiques: la biodiversité et les services   L’époque de l’ignorance envers la biodiver-     édicte de nouvelles lois pour la conserva-
écosystémiques diminuent rapidement en         sité et de la persistance d’une pensée          tion de la biodiversité ou renforce la légis-
qualité et en quantité partout dans le         conventionnelle en matière de bien-être         lation existante. Des mesures volontaires
monde et à tous les niveaux. Dos au mur,       est révolue.»                                   de la part des entreprises peuvent écarter
les organisations et les services de protec-                                                   ce danger.
tion de la nature s’évertuent à préserver la   Tous les secteurs sont concernés
biodiversité dans des zones protégées à        Les pertes de plusieurs milliards de dollars    Il serait cependant fatal de croire que le
coups d’interventions en catastrophe. De-      en ressources naturelles commencent déjà        marché pourrait tout régler. La biodiversi-
puis quelque temps pourtant, plus per-         à affecter les marchés. A vrai dire, peu        té et les services écosystémiques de-
sonne n’ignore que les réserves naturelles     d’entreprises pionnières recourent jusqu’à      meurent trop bon marché, des méca-
à elles seules ne peuvent sauvegarder la       présent à une gestion systématique de la        nismes de prix font encore défaut. L’Etat
diversité biologique.                          biodiversité, afin de réduire les risques et    doit définir des règles du jeu, en renchéris-
                                               d’exploiter les opportunités (p. 8 sqq.). Pe-   sant les comportements néfastes à la bio-
Visibilité économique                          ter Lehmann de la sanu est toutefois            diversité et en récompensant les compor-
Les défenseurs de la nature se deman-          convaincu que l’économie ne tardera pas à       tements soucieux de la nature. Les instru-
daient ce qui devait se passer pour que le     jouer un rôle majeur dans le domaine de la      ments existants tels que subventions,
recul soit enrayé. La réponse est désormais    biodiversité (p. 14). La gestion des risques    taxes ou paiements directs doivent être
claire: si le déclin de la biodiversité est    et des opportunités liés à la biodiversité ne   développés et de nouveaux instruments,
douloureux sur le plan économique, l’hu-       cessera de gagner en importance au ni-          introduits sur le marché (p. 18). Les e­­xem­
manité agira. Et ce stade est atteint au-      veau du profil et de la rentabilité des en-     ples probants ne manquent pas: le Me­xi­
jourd’hui. On serait tenté de dire «Dieu       treprises. Tous les secteurs d’activité sont    que, par exemple, a créé un système natio-

4                                                                                                                           HOTSPOT 23 | 2011
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
nal d’indemnisation des services écosysté-       ny») est un guide complet de mise en                  biodiversité riche et des écosystèmes en
miques. Les forêts brumeuses riches en           œuvre d’un système de gestion de la biodi-            état de fonctionner, l’économie ne pourra
espèces notamment fournissent de l’eau           versité dans les entreprises. Le thème y est          prospérer à long terme.
potable aux habitants de la plaine et les        traité systématiquement et présenté du
protègent des crues. Comme ces presta-           point de vue de l’entreprise. Le contenu a
tions ne se négocient pas sur le marché,         été élaboré par le Center for Sustainability          Liens
personne ne se sentait jusque-là respon-         Management de l’Université Leuphana de                www.business-and-biodiversity.de
sable de la protection de cet écosystème.        Lüneburg, en étroite collaboration avec
                                                                                                       www.oree.org/7priorites/biodiversite-
Les propriétaires fonciers qui préservent        l’initiative en question. Le livre Intégrer la
                                                                                                       economie/guide-biodiversite-entreprises.
leur forêt sont dorénavant indemnisés.           biodiversité dans les stratégies d’entreprises (co-   html
Plus de 300 millions de dollars ont ainsi        publié par la Fondation pour la recherche
été versés au cours des sept dernières an-       sur la biodiversité et Orée) renseigne tout
nées; le taux de déboisement s’est réduit        entrepreneur qui désire s’investir dans ce
de moitié depuis lors.                           domaine.
                                                 Ces activités montrent qu’un changement
Manuel de gestion de la biodiversité             de paradigme est imminent en matière de
Afin que les entreprises puissent engager        conservation et de promotion de la biodi-
ces processus, il faut encore les sensibili-     versité. Il faudra cependant que les forces
ser et les soutenir dans leur démarche en-       du marché se mettent aussi au service de
trepreneuriale. La science doit ici interve-     la biodiversité pour que non seulement
nir. Le Handbuch Biodiversitätsmanagement        notre base existentielle mais aussi la réus-
(co-publié en allemand et en anglais par         site des entreprises soient assurées à long
l’initiative «Biodiversity in Good Compa-        terme. Il n’y a pas d’autre option. Sans une

HOTSPOT 23 | 2011   Dossier   Biodiversité & économie                                                                                             5
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Etude TEEB
Intégrer la biodiversité dans l‘entreprise
Bernd Hansjürgens et Carsten Neßhöver, Centre Helmholtz de recherche environnementale (UFZ), D-04318 Leipzig,
bernd.hansjuergens@ufz.de

Les entreprises influent sur la biodiversi­     TEEB pour les entreprises                       biodiversité à l’être humain, et donc aux
té. En même temps, l’état de la biodiver­       L’étude «The Economics of Ecosystems            clients des entreprises, sont de plus en
sité influence la rentabilité des entrepri­     and Biodiversity» (TEEB) a pour but d’y re-     plus reconnus. Souvent, ils sont soumis à
ses. L’étude TEEB attire l’attention de         médier. TEEB est une initiative qui émane       des changements liés à d’autres tendances
l’économie et de l’opinion publique sur         de l’Union européenne et de la République       planétaires comme le changement clima-
les risques liés à l’appauvrissement de la      fédérale d’Allemagne et qui fait suite à la     tique, la dynamique démographique, l’ur-
biodiversité et les opportunités offertes       réunion des ministres de l’Environnement        banisation, l’évolution de la demande et
aux entreprises par la sauvegarde et            du G8+5 à Potsdam en 2007, visant à             l’offre alimentaire.
l’exploitation durable de la biodiversité.      mettre en évidence les répercussions éco-
                                                nomiques du déclin de la biodiversité et        Recommandations et exemples
En tant que systèmes socioéconomiques           des services écosystémiques. L’étude            de bonne pratique
ouverts, les entreprises n’ont pas seule-       consiste en une synthèse des résultats ob-      Des recommandations et des exemples de
ment besoin de facteurs de production           tenus jusqu’à présent dans la mise en va-       bonne pratique sont donnés aux entre-
sous forme de main-d’œuvre et de capital.       leur de la biodiversité et des services éco-    prises dans les secteurs suivants. Ils
Elles sont aussi liées de multiples ma-         systémiques ainsi que des différents ins-       peuvent être considérés comme une étape
nières à leur environnement: elles uti-         truments et options à l’échelle mondiale.       vers un comportement écologique du-
lisent des ressources naturelles (eau sa-       Elle entend rendre visibles des valeurs         rable.
lubre, p. ex.) pour leur production, dé-        (jusqu’à présent) invisibles, favoriser leur    > Identifier l’impact sur la biodiversité:
gagent des substances toxiques (eaux            prise de conscience et leur meilleure inté-     La plupart des entreprises dépendent de
usées ou déchets, p. ex.) et consomment de      gration dans les activités économiques. À       l’état de la biodiversité ou contribuent à sa
la surface. Les entreprises contribuent ain-    cet effet, une multitude d’approches scien-     transformation. Il est important que l’ana-
si à l’appauvrissement de la biodiversité.      tifiques et d’instruments politiques sont       lyse de cet impact identifie et recense non
Mais elles sont aussi soumises en grande        disponibles, que TEEB a condensés dans          seulement les effets directs mais aussi les
partie aux incidences de cet appauvrisse-       différents rapports en fonction des             effets indirects. Il se peut, par exemple,
ment. Une étude de TruCost a révélé que         groupes cibles.2                                que la perspective d’un gérant de forêt
les effets écologiques négatifs produits par    Le rapport «TEEB for Business» est une pu-      change totalement si celle-ci est perçue
les 3000 plus grandes entreprises du            blication spécifique qui s’adresse à la com-    non seulement comme fournisseuse de
monde se chiffraient à 2,2 milliards de         munauté économique.1 Il est destiné à           bois, mais aussi dans ses multiples fonc-
dollars par an.1                                toutes les entreprises qui, par leur com-       tions écologiques (rétention des polluants,
L’ampleur de l’utilisation des ressources et    portement, exercent une quelconque in-          circulation de l’eau, stockage du CO2, dé-
l’impact de l’activité des entreprises sur la   fluence sur la biodiversité et les services     tente etc.).
biodiversité sont souvent méconnus, no-         écosystémiques. En font également partie        > Evaluer les risques et les opportunités:
tamment pour la bonne raison que la             les entreprises du secteur financier dési-      Les interdépendances entre activité entre-
consommation de capital naturel ne coûte        reuses de fonder leur activité sur les prin-    preneuriale et biodiversité s’accompa­­       -
rien. Les entreprises ne tiennent donc pas      cipes d’une gestion écologique et durable.      g­nent de risques et d’opportunités. Les op-
compte des répercussions de leurs activi-       Ce rapport montre que de nombreuses en-         portunités se situent au niveau de la dé-
tés sur la biodiversité. Et même quand          treprises tiennent déjà compte de la biodi-     couverte de nouveaux souhaits de clients
elles ont l’intention d’adopter une gestion     versité dans leurs décisions. Selon une         et ainsi de nouveaux marchés. Outre la
écologique, les informations et les outils      étude de PricewaterhouseCoopers, 27%            perte de réputation et de reconnaissance
disponibles sont souvent insuffisants. Glo-     des grandes entreprises à vocation mon-         de la clientèle en cas de fortes incidences
balement, le déclin de la biodiversité est      diale indiquent qu’elles se préoccupent de      néfastes à la biodiversité, les risques con­
un défi pour l’entreprise, car de nombreux      l’appauvrissement de la biodiversité. En        sistent principalement à ne pas exploiter
impacts se produisent ailleurs et plus tard,    font notamment partie les entreprises des       les potentiels liés à la sauvegarde et à l’uti-
et de manière indirecte, car ils concernent     pays industrialisés dont l’activité a une in-   lisation durable de la biodiversité et à se
peut-être des secteurs en amont ou des          cidence directe sur l’environnement.1           faire distancer par la concurrence. Le re-
pays où l’entreprise s’approvisionne en         Cette prise de conscience est encore plus       censement de ces interdépendances re-
matières premières. Il n’existe pas d’unité     marquée dans les entreprises de pays en         pose sur la mesure des influences et des
de mesure telle que les émanations de CO2       développement.                                  réactions sous forme de chiffres et d’indi-
sur le plan climatique.                         Il ressort nettement du rapport que de          cateurs pertinents. A cet effet, un certain
                                                nombreuses entreprises sont directement         nombre de méthodes sont disponibles,
                                                ou indirectement tributaires de l’état de la    comme l’analyse du cycle de vie (ACV ou
                                                biodiversité. Les «services» rendus par la      «Life Cycle Assessment»; cf. p. 17), l’em-

6                                                                                                                           HOTSPOT 23 | 2011
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
preinte écologique ou les systèmes de ges-                           breuses entreprises ont         Bibliographie
tion de l’environnement. Il convient toute-                        compris les perspectives          1
                                                                                                       TEEB 2010a: The Economics of Ecosys-
fois de les développer et de les améliorer                      offertes par de nouveaux pro-          tems and Biodiversity for Business.
pour pouvoir évaluer avec précision l’in-         duits «verts», non seulement dans le sec-             www.teebweb.org > For Business
fluence de l’entreprise sur la biodiversité       teur agricole, mais aussi en sylviculture et       2
                                                                                                         TEEB 2010b: The Economics of Nature
et les services écosystémiques. Il faut re-       en écotourisme. Pour pouvoir étendre ces
                                                                                                         – A synthesis of the approach, conclu­
courir à des normes et des mesures stan-          activités, une entreprise doit au préalable
                                                                                                         sions and recommendations of TEEB.
dards, reconnues par tous et applicables          recourir à des systèmes agréés de certifica-
                                                                                                         Synthèse du rapport en français:
aux entreprises. Tandis que de nom-               tion et de compte rendu, tels que le «Inter-           www.teebweb.org > TEEB Synthesis Re-
breuses entreprises établissent d’ores et         national Finance Corporations’s Perfor-                port
déjà des rapports de durabilité contenant         mance Standard on Biodiversity Conserva-
ces informations, les rapports d’activité         tion and Sustainable Resource Manage-              3
                                                                                                         www.business-biodiversity.eu
des entreprises ignorent souvent l’évalua-        ment», dont s’inspire l’activité d’investis­­­­-
tion et la présentation de ces impacts.1          sement d’une soixantaine de grandes
> Gérer les risques: En dehors de l’évalua-       banques internationales.
tion des répercussions sur la biodiversité,       Si ces approches sont mises en œuvre à
les entreprises ont la possibilité de gérer       grande échelle, elles doivent être intégrées
les risques. Il convient de mentionner, par       dans le débat sur la responsabilité durable
exemple, le «no net loss», la «neutralité         des entreprises. Les premières réactions
écologique» ou encore le «net positive im-        aux rapports TEEB ainsi que les activités
pact», sans oublier des règles de gestion         menées dans ce secteur, comme la cam-
spécifiques (utilisation de l’eau, p. ex.). Si    pagne européenne Business+Biodiversity3,
les entreprises ont épuisé leurs propres          révèlent que la nécessité d’agir est de plus
mesures de compensation, elles peuvent            en plus reconnue. La science doit soutenir
s’efforcer de compenser ailleurs les im-          le processus par la mise au point d’instru-
pacts écologiques négatifs.                       ments et de méthodes interdisciplinaires
> Exploiter les opportunités: De nom-             adéquats.

HOTSPOT 23 | 2011   Dossier    Biodiversité & économie                                                                                            7
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Exemples de bonne pratique
La biodiversité,
une opportunité pour les entreprises
L’utilisation durable des ressources biolo­       Afin de ne pas laisser passer ces occasions,
giques ou la sauvegarde et la promotion           un nombre croissant d’entreprises a­­
de la biodiversité peuvent-elles améliorer        doptent une gestion de la biodiversité qui
les résultats d’une entreprise? La réponse        englobe la définition systématique des
est incontestablement «oui», comme en             processus, produits et projets, et permet
témoignent les cinq exemples présentés            en même temps d’assurer la réussite de
ci-dessous.                                       l’entreprise et la sauvegarde de la biodi-
                                                  versité. Les pages suivantes présentent
(gk) Réduire le thème de la biodiversité à        cinq entreprises exemplaires opérant
des questions de risque, c’est ignorer les        dans le tourisme, l’agro-alimentaire, les
opportunités nombreuses et remarquables           investissements, la filière bois ainsi que
qui s’offrent à pratiquement toutes les en-       les médicaments et les cosmétiques natu-
treprises. Tous les secteurs d’activité           rels: que font-elles pour préserver et favo-
peuvent tirer bénéfice d’une biodiversité         riser la biodiversité, quel rôle joue la bio-
intacte. C’est vrai pour les groupes agro-        diversité dans la philosophie de l’entre-
alimentaires, les agriculteurs, le secteur        prise et quel facteur motive la gestion du-
des pêches, la filière bois, l’énergie, les so-   rable des ressources naturelles?
ciétés minières, le bâtiment, l’industrie
cosmétique et pharmaceutique, la mode et
même le secteur financier. Le principe
«biodiversité rime avec opportunité» est
partout évident, car la diversité biologique
non seulement suscite des émotions et
constitue une ressource vitale, mais elle
recèle également un gigantesque potentiel                                                         En quoi l’entreprise contribue-t-elle à la
d’innovation. Tous les niveaux de la bio­                                                         promotion de la biodiversité?
diversité sont importants: le tourisme                                                            A l’occasion de l’Année de la biodiversité
proche de la nature commercialise des                                                             2010, l’Office allemand de protection de la
paysages variés ou uniques, le gérant de                                                          nature, la société TUI SA et d’autres entre-
remonte-pente est heureux que la diversi-                                                         prises gravitant autour de TUI ont lancé
té des espèces stabilise les pentes et l’in-                                                      une campagne d’information sur la pro-
dustrie pharmaceutique recherche des                                                              tection des espèces dans les régions de va-
substances actives dans l’étendue infinie                                                         cances. Ainsi, pour enrayer le commerce
de la diversité génétique.                                                                        illégal des souvenirs, un guide est distri-
Dans l’ensemble, la compétitivité des en-         Campagne d’information                          bué depuis fin 2009 dans plus de vingt ré-
treprises qui exploitent durablement, pré-        sur la protection des espèces                   gions concernées. Ce guide, intitulé Der
servent et encouragent la biodiversité se                                                         kleine TUI Artenschützer informe sur les sou-
voit considérablement renforcée. Selon les        Portrait                                        venirs illégaux et les variantes durables.
prévisions, le marché des produits sou-           Siège mondial		                                 Nous sensibilisons nos clients dans les ca-
cieux de la biodiversité connaîtra une            TUI SA, Hanovre (Allemagne)                     talogues et les documents de voyage ainsi
croissance notable. Le rapport TEEB for           Siège suisse                                    que sur place. Par ailleurs, depuis fin 2009,
Busi­ness (cf. p. 6) présente des estimations     TUI Suisse Ltd, Zurich                          des spots d’une minute sur la protection
qui montrent que les opportunités com-            Segment de produit		                            des espèces figurent au programme de
merciales mondiales liées à la durabilité et      Tourisme                                        bord de TUIfly. Le magazine pour enfants
aux ressources naturelles (notamment              Chiffre d’affaires mondial 		                   Kinatschu im Urlaub a pour but de susciter
énergie, sylviculture, alimentation, agri-        16,35 milliards d’euros (2009/10)               l’enthousiasme pour la nature et les es-
culture, eau et métaux) pourraient avoisi-        Nombre de salariés dans le monde                pèces qui y vivent.
ner 2 à 6 milliards de dollars d’ici 2050. Le     env. 71 000, dont 540 en Suisse
seul volume des produits agricoles certi-         Sites Internet 		                               Quel rôle joue la biodiversité dans la phi-
fiés pourrait grimper à environ 900 mil-          Environnement: www.tui-umwelt.com >             losophie de l’entreprise?
liards de dollars par an dans les 40 années       Biodiversity (en anglais)                       TUI a inscrit la protection de la diversité
à venir.                                          Entreprise: www.tui-group.com                   des espèces dans le code de déontologie du

8                                                                                                                            HOTSPOT 23 | 2011
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
Quelles incidences sur le développement
                                                                                                 de l’entreprise ont été constatées?
                                                                                                 L’importance économique de la richesse
                                                                                                 des espèces est de mieux en mieux perçue
                                                                                                 par le personnel et la direction. Y a contri-
                                                                                                 bué l’étude TEEB (cf. p. 6), mais aussi l’ex-
                                                                                                 position itinérante «Ohne Vielfalt der Na-
                                                                                                 tur, keine Vielfalt der Wirtschaft» de l’ini-
                                                                                                 tiative «Business in Good Company» et les
                                                                                                 «Green Days» annuels organisés pour
                                                                                                 notre personnel. Ainsi, la construction
                                                                                                 prévue d’une route nationale à travers le
                                                                  ment parmi les fonda-          Serengeti a été ressentie comme une me-
                                                                 teurs de l’association «Fu-     nace pour les activités en Afrique. Sous
                                                                touris – Die Nachhaltigkeit-     l’égide de TUI, la fédération allemande des
                                                              sinitiative» («initiative pour     agences de voyages (DRV) et le World Tra-
groupe                                                       la durabilité»). Futouris est       vel & Tourism Council (WTTC) ont réagi
en tant que                                                 une organisation internatio-         en adressant une lettre de préoccupation
base de son activité                                       nale indépendante, qui con­           au gouvernement tanzanien.
commerciale; elle en a dérivé                             jugue les énergies d’entreprises
une stratégie en faveur de la biodiver-                  axées sur la durabilité et en fait un   L’impact des prestations proposées sur
sité. TUI AG est membre de l’initiative                 usage ciblé. Futouris s’engage dans      la biodiversité est-il analysé?
«Biodiversity in Good Company», qui s’en-        des projets visant à préserver la diversité     Depuis le début des années 1990, TUI ef-
gage pour une meilleure intégration du           biologique (www.futouris.org).                  fectue chaque année une surveillance éco-
secteur privé dans la réalisation des objec-                                                     logique de destinations, d’hôtels sous
tifs de la Convention sur la diversité biolo-    Quel facteur incite l’entreprise à préser-      contrat et de sociétés en participation. Les
gique. Le thème de la biodiversité est trai-     ver et à favoriser la biodiversité?             aspects liés à la protection des espèces
té dans un chapitre du rapport de durabi-        TUI a conscience que ses activités ont une      sont pris en compte et adaptés aux règle-
lité.                                            incidence sur la diversité biologique. En       mentations internationales. Ce contrôle
Le site de TUI fournit des informations dé-      même temps, le tourisme est tributaire          an­­­
                                                                                                    nuel facilite la sélection des destina-
taillées sur la stratégie de l’entreprise en     d’une nature et d’un environnement in-          tions pour lesquelles est fourni le guide
la matière (cf. portrait). Le rapport de du-     tacts. Des études montrent que la faune et      sur la protection des espèces; dans les cata-
rabilité (en allemand ou en anglais) peut y      la flore des pays de destination influent       logues, au chapitre «Nature et culture», il
être téléchargé.                                 sur le choix du lieu de vacances. Depuis le     recherche avec précision l’apparition
La TUI AG ainsi que d’autres entreprises         début des années 1990, TUI s’engage pour        éventuelle de commerces illégaux de sou-
appartenant au «World of TUI» s’engagent         une valorisation durable de la diversité        venirs.
également pour la biodiversité en dehors         biologique en tant que capital naturel des
de l’entreprise. TUI AG, TUI Suisse, TUI         régions touristiques et donc de la base na-     Roland Schmid, roland.schmid@tui.ch
Allemagne, TUI Autriche, TUI Leisure Tra-        turelle du tourisme, pour les générations
vel, Gebeco et Airtours figurent notam-          présentes et futures.

HOTSPOT 23 | 2011   Dossier   Biodiversité & économie                                                                                       9
HOTSPOT - Biodiversité & économie Biodiversité: dialogue entre recherche et pratique Informations du Forum Biodiversité Suisse 23 | 2011 ...
faveur de la diversité des espèces et les      L’impact des produits offerts sur la bio-
                                               nombreuses activités que Coop a menées         diversité est-il analysé?
                                               durant l’Année de la biodiversité pour sen-    De nombreuses études scientifiques at-
                                               sibiliser un large public à la conservation    testent l’influence positive de l’agricul-
                                               de la biodiversité. L’importance de la bio-    ture biologique sur la biodiversité. Ainsi,
Nous laissons la biodiversité s’épanouir       diversité pour Coop se mesure à la priorité    les fermes bio présentent en moyenne
                                               accordée à ce thème dans le rapport de         30% en plus d’espèces animales et végé-
Portrait                                       gestion et le rapport pour le développe-       tales et 50% d’individus en plus que les
Siège suisse                                   ment durable 2009. Les galeries de photos      exploitations conventionnelles. Avec une
Bâle                                           du rapport pour le développement durable       part de 50%, Coop permet à près de 3000
Segment de produit		                           montrent de manière éloquente où et            cultivateurs bio l’écoulement de leurs pro-
Alimentaire et non alimentaire                 comment la diversité biologique peut s’é­      duits en Suisse. Pour Coop Naturaline, en-
(détail et négoce)                             pa­­nouir grâce à Coop.                        viron 10 000 agriculteurs ont adopté une
Chiffre d’affaires mondial 		                                                                 culture biologique en Inde et en Tanzanie.
18,7 milliards CHF (2009)                      Quel facteur incite l’entreprise à préser-     Le soutien de Coop permet à ProSpecieRa-
Nombre de salariés dans le monde               ver et à favoriser la biodiversité?            ra de sauvegarder des variétés de plantes
52 974 (situation en déc. 2009)                En tant que coopérative, Coop n’est pas        cultivées et des races d’animaux de rente,
Sites Internet 		                              axée sur une valeur actionnariale à court      et de préserver ainsi la diversité génétique.
Biodiversité: www.coop.ch/biodiversite         terme, mais elle s’engage vis-à-vis de ses     Voilà quelques exemples qui témoignent
Entreprise: www.coop.ch                        coopérateurs, c’est-à-dire des consomma-       de la contribution apportée par les pro-
                                               teurs. Nous sommes convaincus que seule        duits durables de Coop à la protection de
En quoi l’entreprise contribue-t-elle à la     une consommation aussi durable que pos-        la biodiversité.
sauvegarde et à la promotion de la biodi-      sible peut connaître le succès à long terme.
versité?                                       La biodiversité est une des ressources les     Denise Stadler, Denise.Stadler@coop.ch
Coop s’engage activement depuis plus de        plus importantes, et sa protection fait
quinze ans en faveur de la culture biolo-      donc partie intégrante du développement
gique. En mettant sur pied le plus grand       durable. Coop assume sa responsabilité et
assortiment bio du monde, Coop et Bio          s’engage donc pour la protection de la bio-
Suisse ont facilité la percée de l’agricul-    diversité,… pour le seul monde que nous
ture biologique en Suisse. L’engagement        ayons!
de Coop pour la biodiversité va toutefois
au-delà du simple «bio». Ainsi, Coop offre     Quelles incidences sur le développement
toute une série de marques à plus-value        de l’entreprise ont été constatées?
écologique, qui encouragent la diversité       L’engagement de Coop pour un développe-        Nos décisions d’investissement ont
des espèces, telles que Naturaline pour les    ment durable a des incidences positives.       un impact sur la diversité des espèces
produits en coton bio, ProSpecieRara ou        Coop offre aujourd’hui l’assortiment le
Hochstamm Suisse. Le fonds Coop pour la        plus complet et le plus compétent en ma-       Portrait
durabilité investit en outre chaque année      tière de durabilité, ce dont nos clients se    Siège suisse
plusieurs millions de francs dans des pro-     rendent tout à fait compte. Cela se re-        Zurich
jets de durabilité, comme le développe-        marque aussi aux parts impressionnantes        Segment de produit
ment de l’agriculture biologique.              de marché acquises par Coop: plus de 50%       Investissement responsable
                                               de tous les produits bio et Max Havelaar de    Fonds sous gestion
Quel rôle joue la biodiversité dans la phi-    Suisse sont vendus chez Coop. Dans le sec-     14,7 milliards CHF (décembre 2010)
losophie de l’entreprise?                      teur des textiles en coton bio issus d’un      Nombre de salariés dans le monde
Convaincue que le succès à long terme          commerce équitable, la part de Coop est        env.100
d’une entreprise doit se fonder sur des va-    même encore bien supérieure. Nous              Sites Internet
leurs vécues, Coop a inscrit la durabilité     sommes convaincus que la conscience            www.sam-group.com
dans ses principes directeurs et sa mission.   d’une consommation durable fait son che-
Elle a reçu deux distinctions internatio-      min dans l’opinion publique et nous            En quoi l’entreprise contribue-t-elle à la
nales en 2010 pour son engagement pour         sommes donc parfaitement positionnés           sauvegarde et à la promotion de la biodi-
la biodiversité, lesquelles ont récompensé     pour l’avenir.                                 versité?
à la fois l’action menée de longue date en

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SAM est une boutique d’investissement            Quel facteur incite l’entreprise à préser-     s’efforcent de ne pas prêter le flanc à la cri-
qui se concentre exclusivement sur l’in-         ver et à favoriser la biodiversité?            tique de ses groupes cibles. Par consé-
vestissement responsable («Sustainability        SAM considère tous les thèmes sous un          quent, les grandes entreprises en particu-
Investing»). SAM a une influence directe         angle double: du point de vue des risques      lier prennent la question au sérieux et es-
limitée sur la biodiversité. Depuis de nom-      et des opportunités. Pour certains sec-        saient de trouver des solutions optimales
breuses années, SAM compense cependant           teurs, comme l’industrie minière, l’ana-       pour protéger et utiliser les habitats d’es-
ses émissions de CO2 et utilise du papier        lyse des risques est plus importante; pour     pèces menacées, notamment en collabora-
FSC. En revanche, les décisions d’investis-      d’autres, comme l’industrie pharmaceu-         tion avec des ONG ou des universités. Des
sement de SAM ont une incidence nette-           tique, c’est l’analyse des opportunités.       sociétés minières leaders, par exemple, es-
ment supérieure sur la diversité des es-         Tandis que le risque lié à la diversité des    timent la valeur écologique d’une région
pèces. SAM gère au total environ 15 mil-         espèces peut générer un surcoût et com-        où des activités sont prévues avant de
liards de francs sur la base de critères de      promettre la réputation, l’utilisation des     commencer l’extraction. Elles établissent
durabilité. Toutes les entreprises dans les-     opportunités permet quant à elle un ac-        un programme précis garantissant que la
quelles SAM investit ont été soumises à          croissement des bénéfices à venir. Pour        diversité des espèces sera au moins aussi
une évaluation de durabilité dont le résul-      SAM en tant que gestionnaire de fortune,       riche à l’issue de l’exploitation du site
tat est intégré dans l’analyse financière        la corrélation entre la performance liée à     qu’auparavant («net positive impact»).
d’investissements potentiels. La biodiver-       la durabilité et la performance financière
sité fait partie de l’évaluation des entre-      est bien sûr intéressante. Les entreprises     Y a-t-il un suivi des résultats?
prises qui exercent une forte influence di-      qui accomplissent par exemple du bon tra-      Concernant l’évaluation de la durabilité
recte ou indirecte sur la diversité des es-      vail dans le domaine de la biodiversité        des entreprises, SAM est tributaire de
pèces.                                           sont moins confrontées à des ajourne-          leurs informations. Il est possible de véri-
                                                 ments de projet résultant de protestations     fier la fiabilité de ces informations en re-
Quel rôle joue la biodiversité dans la phi-      ou de contraintes supplémentaires. Ce          cherchant dans la presse mondiale des ar-
losophie de l’entreprise?                        sont aussi les entreprises qui laissent en-    ticles dénonçant des abus éventuels. SAM
SAM est convaincue que les entreprises           trevoir une performance financière supé-       y consacre un gros travail et coopère sur ce
vouées à une gestion responsable sont plus       rieure à la moyenne.                           plan avec des ONG. Le résultat de cette
performantes. SAM exploite le rôle essen-                                                       surveillance est intégré dans l’évaluation
tiel joué par les marchés financiers pour        Quelles incidences sur le développement        de la durabilité et peut aboutir à la vente
promouvoir des pratiques commerciales            de l’entreprise ont été constatées?            de l’action concernée.
durables, y compris par rapport à la biodi-      Les entreprises pour lesquelles le déclin de
versité.                                         la biodiversité constitue plutôt un risque     François Vetri, Francois.Vetri@sam-group.com

HOTSPOT 23 | 2011   Dossier   Biodiversité & économie                                                                                          11
la biodiversité. Ce principe est ancré dans
                                                  l’entreprise au niveau de l’achat des ma-
                                                  tières premières ainsi que de la gestion de
                                                  la qualité et de l’environnement. Dans           Durabilité et sauvegarde de la biodiversi­
La promotion de la biodiversité est notre         notre rapport environnemental consolidé,         té, principes de gestion des bois tropi­
principale activité                               un chapitre complet est consacré à l’ap-         caux
                                                  provisionnement en matières premières et
Portrait                                          à la biodiversité.                               Portrait
Siège suisse                                                                                       Siège suisse
Arlesheim (BL)                                    Quel facteur incite l’entreprise à préser-       Zoug
Segment de produit		                              ver et à favoriser la biodiversité?              Segment de produit
Pharmacie et cosmétique naturelle                 Depuis sa création, c’est-à-dire une époque      Sylviculture durable
Chiffre d’affaires mondial 		                     où ce concept n’était pas encore répandu,        Chiffre d’affaires mondial
399,4 millions CHF (2009)                         Weleda adhère au principe de durabilité.         env. 90 millions CHF
Nombre de salariés dans le monde                  L’exploitation sous forme d’un tout orga-        Nombre de salariés dans le monde
1879 emplois à plein temps (2009)                 nique, telle que Rudolf Steiner l’avait dé-      env. 2300
Sites Internet 		                                 veloppé dans son Cours aux agriculteurs          Sites Internet
www.weleda.com                                    en 1924, désigne exactement ce principe.         www.preciouswoods.com
                                                  Tout doit être considéré comme intercon-
En quoi l’entreprise contribue-t-elle à la        necté dans un «équilibre de la nature». Par      En quoi l’entreprise contribue-t-elle à la
sauvegarde et à la promotion de la biodi-         ail­
                                                     leurs, en tant qu’entreprise, nous            sauvegarde et à la promotion de la biodi-
versité?                                          sommes fortement tributaires de la diver-        versité?
La biodiversité fait partie intégrante de         sité des espèces, car l’éventail très varié de   Entreprise responsable, Precious Woods
notre philosophie. Nous fournissons une           nos produits est fabriqué presque exclusi-       contribue à une conservation durable des
contribution directe par le biais de la           vement à partir de matières premières en         forêts tropicales et ainsi à la sauvegarde de
culture biodynamique de plantes médici-           repousse. Par conséquent, nous devons            la biodiversité, en adoptant une gestion
nales et sur des sites d’entreprise voués à       l’entretenir et l’encourager.                    durable et modérée des forêts naturelles et
un entretien écologique. Par ailleurs, nous                                                        des plantations, de même qu’en produi-
avons une gestion intégrée des fournis-           Quelles incidences sur le développement          sant et en commercialisant des produits
seurs, qui nous permet de promouvoir              de l’entreprise ont été constatées?              ligneux et non ligneux. Precious Woods
chez nos partenaires le passage de la cul­        La crédibilité et la popularité de la marque     est une entreprise internationale leader
ture conventionnelle à une culture biolo-         Weleda reposent en grande partie sur des         dans le secteur de la forêt et du bois des
gique et biodynamique. Cela représente            principes que nous vivons – en dehors de la      régions tropicales, qui crée une plus-value
déjà plusieurs milliers d’hectares, et l’im-      qualité de nos produits. C’est ce qu’a révélé    économique, sociale et écologique confor-
pact est positif sur la diversité des espèces à   une récente enquête auprès de notre public       mément au principe de durabilité. L’en-
l’échelle mondiale. Nous gérons et encou-         cible.                                           semble de ses activités sont soumises aux
rageons des collections durables de plantes                                                        exigences rigoureuses du Forest Ste­ward­
sauvages et cultivons chez nous des plantes       Y a-t-il un suivi des résultats?                 ship Council (FSC).
menacées. De plus, nous informons notre           Un suivi systématique est en cours d’é­
personnel, nos clients et fournisseurs ainsi      laboration. Avec le concours de membres          Quel rôle joue la biodiversité dans la phi-
que le public sur l’importance de la sauve-       de l’initiative «Business & Biodiversity»,       losophie de l’entreprise?
garde de la diversité biologique.                 nous sommes en train d’analyser l’in­flu­        La biodiversité joue un rôle majeur dans la
                                                  ence de l’entreprise sur la diversité biolo-     philosophie de l’entreprise, car la plus-
Quel rôle joue la biodiversité dans la phi-       gique et d’en dériver des indicateurs mes-       value écologique en particulier revêt une
losophie de l’entreprise?                         urables appropriés.                              importance capitale dans l’ensemble des
Depuis notre création, nous nous soucions                                                          activités de Precious Woods, en dehors de
de la conservation et de l’assainissement         Andreas Ellenberger et Bas Schneiders,           la plus-value sociale et économique. Les
de la nature ainsi que de la santé humaine.       aellenberger@weleda.ch                           zones forestières et les plantations de Pre-
Par conséquent, nous avons signé la «Lea-                                                          cious Woods sont gérées systématique-
dership Declaration» de l’initiative «Bu-                                                          ment selon les méthodes propres à une
siness & Biodiversity», selon laquelle nous                                                        sylviculture durable. Ainsi, les ressources
nous engageons à préserver et à favoriser                                                          naturelles renouvelables et leur biodiver-

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