Commentaire sur les marchés - Confusion sur le court

 
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Commentaire sur les marchés - Confusion sur le court
BMO Gestion privée de placements inc.                                                       Octobre 2019

Commentaire sur les marchés
Confusion sur le court
Lesley Marks, CFA, stratège en chef des placements

« Même si votre jeu est loin d’être le meilleur,
vous pouvez déstabiliser votre adversaire
en faisant rebondir méthodiquement la balle
une dizaine de fois avant de servir. »
Arnold J. Zarett

L
     es marchés ont plusieurs fois renvoyé la balle ce trimestre en réagissant aux données
     économiques mondiales contrastées et aux importants événements géopolitiques. L’Organisation
     de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit une croissance de l’économie
mondiale de 2,9 % cette année, soit son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008-2009. Les
banques centrales ont encore fait face à une croissance économique faible ou en baisse, et bon
nombre d’entre elles ont pris des mesures visant à stimuler l’économie de leur pays. Les marchés
obligataires ont réagi favorablement – les prix ont augmenté et les taux d’intérêt ont chuté pour
toucher des creux records. À l’échelle mondiale, des obligations d’État totalisant plus de
16 000 milliards de dollars se négocient actuellement en fonction de rendements négatifs, laissant
ainsi croire que les investisseurs ne s’attendent pas à ce que la croissance s’accélère nettement de
sitôt.

Au Royaume-Uni, alors que la date butoir du Brexit fixée au 31 octobre se rapproche, l’attente s’est
poursuivie, si bien que les observateurs se demandaient si le pays allait quitter l’Union européenne
sans accord. Aux États-Unis, les craintes au sujet des négociations commerciales ont été mises de côté
après l’annonce par Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, d’une enquête en vue
de la destitution du président Donald Trump.

États-Unis – Faute

Les actions américaines (mesurées par l’indice S&P 500) ont terminé le troisième trimestre en
territoire positif grâce à un mois de septembre vigoureux. Les actions ont enregistré leurs plus
importants gains depuis le début de l’année en près de deux décennies. Les données économiques
favorables ont soutenu les marchés boursiers et montré que l’économie américaine réagit bien à la
décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de réduire les taux d’intérêt. La construction de
logements a atteint son plus haut niveau depuis juin 2007. Ces nouvelles sont encourageantes pour
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les marchés haussiers, qui croient que l’économie américaine est à l’abri de l’incertitude
commerciale mondiale, puisque la vigueur des dépenses de consommation continue de stimuler
l’économie nationale. Cependant, l’optimisme des consommateurs est peut-être en train de
s’éroder : le dernier indice de confiance des consommateurs du Conference Board est passé de
133,3 à 125,1 en août.

Comme prévu, la Fed a réduit son taux d’intérêt de référence de 25 points de base en septembre.
Les marchés ont été déçus de ne pas avoir une idée claire de ce que la Fed prévoit de faire par la
suite et ils ont cherché à obtenir des prévisions supplémentaires auprès de son président,
Jerome Powell, et des décideurs. Le président Donald Trump a appelé la banque centrale à réduire
les taux à zéro et a écrit sur Twitter que « Jay Powell et la Réserve fédérale ont encore échoué ».

Fait quelque peu surprenant : les marchés ont fait peu de cas de la plainte d’un dénonciateur contre
M. Trump. La plainte soutient que le président a abusé de son pouvoir et a utilisé la politique
étrangère américaine dans le but de nuire à un rival politique avant de tenter de se faire réélire
en 2020. Elle allègue également que des représentants de la Maison-Blanche ont dissimulé des
preuves des actes de M. Trump. Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, a
annoncé la tenue d’une enquête officielle en vue de la destitution de M. Trump, faisant de ce
dernier l’un des quatre seuls présidents à faire face à cette menace.

Au vu de la façon dont les marchés boursiers ont réagi (ou n’ont pas réagi), on peut conclure que la
plupart des observateurs du marché pensent qu’il est peu probable que le président Trump soit
destitué ou doive quitter son poste. Par ailleurs, cette saga captivante masque un risque plus sérieux
contre les marchés boursiers : la récente progression d’Elizabeth Warren dans la course pour devenir
la candidate démocrate aux élections présidentielles, au détriment de Joe Biden, un candidat plus
modéré. Elle a fait campagne en tant que progressiste voulant diviser les grandes sociétés d’Internet
et poursuivre la politique contre le libre-échange initiée par l’actuelle administration. Aucune de ces
politiques n’est particulièrement favorable aux marchés boursiers.

Canada – Quelqu’un veut-il jouer au tennis?

Cette année, les Canadiens ont connu un succès exceptionnel en matière d’investissement et de sport.
Tout d’abord, les Raptors de Toronto ont remporté la coupe des vainqueurs du championnat de la NBA
à l’issue d’une victoire fracassante. Ensuite, nous avons célébré un moment de fierté septentrionale
grâce à Bianca Andreescu, une jeune prodige du tennis, qui a battu Serena Williams, la reine des courts
de tennis, et qui est ainsi devenue la première canadienne à remporter le U.S. Open – et un titre du
grand chelem en simple.

L’économie et le marché boursier du Canada ont aussi agréablement surpris les investisseurs. Les
robustes données économiques du Canada, la hausse des prix des produits de base et la baisse des
taux d’intérêt ont propulsé l’indice composé S&P/TSX à des niveaux records.

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Les actions canadiennes ont fait bonne figure au troisième trimestre. La hausse des prix des produits de
base comme le pétrole et l’or a stimulé les secteurs de l’énergie et des matières premières. La chute
des taux d’intérêt a fait bondir les secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme les services aux
collectivités et les FPI. Les services aux collectivités ont été le secteur le plus performant pendant le
trimestre, celui-ci ayant progressé de près de 9 %.

En septembre, le secteur de l’énergie a été le plus performant de l’indice composé S&P/TSX. Les prix du
pétrole ont augmenté après l’attaque menée sur des infrastructures énergétiques en Arabie saoudite,
qui a fait reculer de 5 % l’offre mondiale de pétrole. Le prix du pétrole est resté élevé, s’établissant à
environ 10 % au-dessus de creux récents.

L’économie canadienne, qui a progressé de 3,7 % au deuxième trimestre, a dépassé les attentes. Les
exportations, plus précisément les produits énergétiques, ont rebondi après les creux de 2018. Les
mises en chantier de logements, un baromètre économique clé, sont également demeurées
vigoureuses, malgré le scepticisme laissant entendre que l’effervescence de notre marché de
l’habitation ne peut pas durer. De solides données économiques ont permis à la banque centrale du
Canada de laisser son taux du financement à un jour inchangé. Le gouverneur de la Banque du Canada
(BdC), Stephen Poloz, a toutefois incité à la prudence en ce qui a trait aux incertitudes commerciales
croissantes entre les États-Unis et la Chine, lesquelles nuisent à l’élan économique mondial.

Malgré l’immobilisme de la BdC, les taux d’intérêt au Canada se sont négociés à la baisse tout au long
du trimestre. Lorsque les taux des obligations mondiales ont plongé pour toucher des niveaux négatifs,
les investisseurs se sont tournés vers les obligations canadiennes en raison de leurs taux de rendement
relativement plus élevés, ce qui a fait monter les prix et baisser les taux. Le marché obligataire
canadien, mesuré par l’indice obligataire universel FTSE Canada, a enregistré un rendement de 1,2 %
au troisième trimestre.

La BdC pourrait ne pas adopter l’attitude conciliante de la Fed en procédant à une réduction de ses taux
plus tard cette année. Tout dépend de deux facteurs, à savoir si la croissance de l’économie canadienne
se poursuivra et s’il est possible de sortir de l’impasse les négociations commerciales sino-américaines.

Les Canadiens iront aux urnes ce mois-ci, et un match décisif entre les libéraux et les conservateurs
déterminera probablement le résultat. La lutte étant très serrée, il est trop difficile de prédire ses
répercussions potentielles sur les marchés. Puisqu’aucun des deux partis n’est apte à former un
gouvernement majoritaire, ceux-ci ne seront pas en mesure de mettre pleinement en œuvre leur
plateforme électorale respective.

Europe et Royaume-Uni – Une raquette surdimensionnée

Le premier ministre britannique Boris Johnson est sur la sellette après avoir joué aux jeux du Brexit : La
Cour suprême du Royaume-Uni a déclaré que sa suspension du Parlement était illégale. Le Parlement

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de Westminster s’est ensuite remis au travail, et les législateurs ont vigoureusement débattu de la
possibilité et de la manière de conclure un accord de sortie avec l’Union européenne d’ici le 31 octobre.
Dans un contexte d’incertitude généralisée, les actions britanniques se sont redressées au même
rythme que les actions européennes. L’économie a tenu le coup malgré ce feuilleton parlementaire.

La Banque d’Angleterre a maintenu son taux du financement à un jour à 0,75 %, tout en signalant que
le Brexit et les inquiétudes commerciales pesaient sur l’économie. Si le Royaume-Uni quitte l’UE sans
avoir négocié un divorce, il y aura lieu de prévoir une réduction des taux d’intérêt.

Les actions européennes se sont aussi redressées en septembre, compensant ainsi les pertes
précédemment enregistrées au troisième trimestre; elles ont terminé relativement au même niveau.
La Banque centrale européenne (BCE) a mis en œuvre de nouvelles mesures de relance, lesquelles ont
soutenu les actions européennes. Le président de la BCE, Mario Draghi, a également appelé les
dirigeants de l’UE à utiliser la politique budgétaire pour dynamiser les économies régionales. Les
grandes économies comme l’Allemagne souffrent d’un marasme manufacturier créé par les tensions
commerciales, les difficultés que rencontre le secteur de l’automobile et l’incertitude entourant le
Brexit.

Chine – Avantage

Au troisième trimestre, les actions chinoises ont évolué dans une fourchette restreinte, reflétant les
hauts et les bas des négociations commerciales avec les États-Unis.

Les récentes données économiques mettent à l’épreuve la tolérance de Beijing à l’égard du
ralentissement de la croissance et suscitent d’autres appels à l’assouplissement de la politique
monétaire. La production industrielle a engendré une déception, signe que la croissance des activités
ralentit. Le manque de confiance des consommateurs a plombé les ventes au détail, qui ont progressé
de 7,5 %, un taux inférieur aux prévisions.

L’économie a progressé à l’intérieur de la fourchette cible de 6 % à 6,5 %. Pourtant, compte tenu de la
récente faiblesse des données économiques, la croissance pourrait plonger sous la limite inférieure de
la fourchette. Pour contrer ce ralentissement, la Chine a accru son soutien aux émissions de titres de
créance des gouvernements locaux. Beijing a également débloqué plus d’argent pour les banques, une
mesure visant à améliorer le financement des entreprises.

Les investisseurs se sont ragaillardis lorsque le président Trump a annoncé la tenue d’une nouvelle
série de pourparlers au début d’octobre. Les discours autour d’une entente soufflent le chaud et le
froid, mais les élections américaines pèsent lourd dans les possibilités d’un accord.

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Japon – Égalité

En ce qui concerne les actions japonaises, le mois de septembre a été le mois le plus vigoureux
en 2019. Le Nikkei a grimpé de près de 6 %, avec une hausse de 3 % au troisième trimestre. Les
actions japonaises sont toujours à la traîne depuis le début de l’année par rapport aux autres grands
marchés boursiers.

La Banque du Japon (BdJ) a maintenu son taux directeur inchangé, mais a laissé entendre qu’elle
pourrait réduire les taux d’intérêt lors de sa réunion de la fin d’octobre. Le gouverneur,
Haruhiko Kuroda, a fait part de ses inquiétudes au sujet de la faiblesse de l’inflation, de l’atonie des
économies étrangères et des tensions diplomatiques.

Avant de prendre des décisions stratégiques, la BdJ surveillera l’incidence de la hausse de la taxe de
vente, qui devrait passer de 8 % à 10 % le 1er octobre. La hausse précédente survenue en avril 2014
avait provoqué une baisse marquée des dépenses de consommation. De nombreux détracteurs
remettent en cause le moment choisi pour cette hausse : au mois d’août, la confiance des
consommateurs était de 37,1, soit son plus bas niveau depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima,
en 2011.

Sur une note positive, le Japon a signé un accord de renforcement des échanges commerciaux avec les
États-Unis. Cet accord permettra de réduire les tarifs douaniers sur les produits agricoles au Japon ainsi
que sur les produits industriels aux États-Unis, en plus d’établir de nouvelles règles pour le commerce
numérique entre les deux économies.

Notre stratégie

Notre scénario de base (les résultats les plus probables, selon nous) repose sur l’hypothèse que les
mesures de relance monétaire mondiales empêcheront une récession économique. À notre avis, les
conditions préalables à une récession ne sont pas encore visibles sur le terrain : les marchés du
travail sont solides, les taux d’intérêt sont bas et le crédit est accessible aux emprunteurs. De plus, la
vigueur du secteur des services compense la faiblesse du secteur manufacturier. Les économies
canadienne et américaine affichent la meilleure croissance relative par rapport aux autres grandes
régions.

Le risque le plus important pour le scénario de référence est la possibilité que le ralentissement du
secteur manufacturier américain se répercute sur le secteur des services. Jusqu’à présent, il a
contribué à stimuler l’économie et à maintenir un marché du travail solide. Nous surveillons de près
les statistiques sur la consommation et la main-d’œuvre afin de repérer d’autres points faibles dans
la plus grande économie du monde.

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D’autres risques se dessinent dans l’arène politique. Les élections fédérales au Canada pourraient
faire légèrement dévier la trajectoire en cas de modification du leadership politique. En revanche, un
changement de leadership aux États-Unis pourrait fortement influer sur l’économie, dont la tendance
est à la hausse. Les actions européennes et britanniques restent vulnérables aux négociations sur le
Brexit. Une élection au Royaume-Uni pourrait aussi modifier considérablement la trajectoire de
l’économie. Un Brexit sans accord aurait sans aucun doute une incidence négative importante sur les
économies des deux régions.

Des données fondamentales favorables appuient les placements dans les actions. Cela dit, le
maintien de ces données fondamentales présente des risques potentiels. Par conséquent, nous
sommes passés à une position généralement neutre, entre les obligations et les catégories d’actif
plus risquées.

Le mot de la fin

De nombreuses forces perturbent l’économie mondiale à l’heure actuelle; nous sommes
toujours dans une période d’incertitude accrue et de résultats imprévisibles. Les données
fondamentales des actions demeurent solides, mais la donne évolue. La guerre commerciale
entre les États-Unis et la Chine pourrait entrer dans une période de stabilité relative. Les deux
parties ont différentes raisons de s’asseoir à la table des négociations et de conclure un accord
de principe. Aux États-Unis, l’enquête visant la destitution du président ainsi que les élections
représentent désormais une menace réelle pour le plus long cycle haussier jamais observé. À
l’approche du dernier trimestre de 2019, notre stratégie misera sur les perspectives, la rigueur
et la priorité accordée aux faits plutôt qu’à la rhétorique.

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