Cahier 1 AIX-MARSEILLE-PROVENCE, UNE MÉTROPOLE-NATURE VULNÉRABLE - juin 2021
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Les publications de l’atlas metropolitain de la biodiversité 2020 / 2021 Cahier 1 : Aix-Marseille-Provence, une métropole-nature vulnérable atlas de la biodiversité Le vivant nous rassemble cahier 3 Cahier 2 : Les portraits de LA biodiversité Janvier 2021 Portrait de la biodiversité continentale Cahier 3 : Les portraits communaux de la biodiversité À venir... ... une analyse sur les enjeux de patrimonialité, les enjeux de conservation en lien avec les pressions anthropiques, les enjeux de biodiversité marine, etc. CRÉDITS PHOTOS COUVERTURE © AURÉLIEN AUDEVAR | LPO © DJ POLDOC © LAURENT ROUSCHMEYER | LPO © AMP SERVICE COMMUNICATION © DELPHINE WAGNER © SONIA RICHAUD | CEN PACA 2.
PRÉAM- BULELa biodiversité connaît une crise sans précédent. Toutes les espèces, animale et végétale, sont uniques et irremplaçables, les préserver est de la responsabilité de tous. Ce patrimoine naturel vivant constitue un bien commun, aussi la crise actuelle invite-t-elle à réinventer les liens avec la nature et à en « prendre soin ». Cette initiative représente la parfaite occasion de regrouper et de partager toutes les connaissances écologiques disponibles. Fruit d’un travail collaboratif et d’expertises avec le Conservatoire botanique national méditerranéen, le Conservatoire d’espaces naturels et la Ligue de protection des oiseaux de Provence-Alpes- Côte d’Azur, il révèle la fragilité de la faune, la flore et La Métropole Aix-Marseille-Provence, plus que tout des habitats naturels dans la métropole, un territoire autre en France, se caractérise par des espaces de cohérent pour œuvrer efficacement. nature omniprésents et d’une très grande qualité écologique. Ce concentré de biodiversité est une Le présent cahier illustre la singularité d’une métropole- nécessité pour les équilibres homme-nature et la vie nature, la diversité et la richesse du patrimoine naturel des territoires. Il est constitutif du cadre de vie, il offre du territoire mais aussi sa vulnérabilité au regard des des lieux de respiration et de bien-être au quotidien et facteurs de pressions qui pèsent aujourd’hui sur sa garantit aussi l’attractivité de la métropole au travers de conservation. l’image d’excellence qu’il véhicule. Aujourd’hui, le constat partagé révèle que tous les enjeux environnementaux sont devenus cruciaux, pour ne pas dire vitaux, en ce qui concerne l’avenir des territoires. Ils ne connaissent pas de frontière, et exigent une gestion concertée et cohérente à l’échelle de l’ensemble du territoire métropolitain. Le partage, la complémentarité et la solidarité écologiques entre les communes et la Métropole sont bien une évidence. C’est pourquoi la Métropole Aix-Marseille-Provence s’est engagée dans l’élaboration d’un atlas métropolitain de la biodiversité, véritable démarche intégratrice qui est inscrite à l’agenda environnemental porté conjointement avec le Département des Bouches-du-Rhône. 3.
SOM MAI Préambule..................................................................................................................................................................................................3 Mémo chiffres clés.....................................................................................................................................................................5 INTRODUCTION.................................................................................................................................................................................6 RE Une MÉTROPOLE d’exception..................................................................................................................................................10 Une situation géographique d’interface............................................................................................................................................................... 10 Un socle géomorphologique singulier..................................................................................................................................................................12 Des héritages écologiques complexes..................................................................................................................................................................14 Un climat méditerranéen déterminant.................................................................................................................................................................15 La proximité entre l’homme et la nature, une spécificité ...................................................................................................................................16 UNE NATURE VARIÉE, BERCEAU D’UNE RICHESSE EXTRAORDINAIRE.....................................................................................18 Un concentré de nature méditerranéenne............................................................................................................................................................20 Biodiversité et milieux agricoles : des destins liés...........................................................................................................................................24 Les cours d’eau et zones humides : des trésors écologiques..........................................................................................................................28 Le littoral et les fonds matins : des milieux-ressources fragiles.......................................................................................................................32 La nature en ville : l’improbable biodiversité........................................................................................................................................................36 UNE RICHESSE ÉCOLOGIQUE RECONNUE MAIS INSUFISAMMENT PROTEGÉE........................................................................40 Les principales causes d’érosion de la biodiversité locale................................................................................................................................40 Le changement climatique, un facteur aggravant............................................................................................................................................44 Une protection inégale et insuffisante du patrimoine écologique......................................................................................................................46 CONCLUSION.................................................................................................................................................................................50 Partenaires...............................................................................................................................................................................51 4.
une métropole coeur de nature une métropole singulière 38 % 48 % 26 3 150 km 2 737 000 du territoire dans le du territoire dans le réseau unités paysagères plus vaste métropole de emplois réseau Natura 2000 des continuités écologiques reflets d’écosystèmes singuliers France (+ 6000 emplois par an) régionales 92 20 % 55 % des sites villes et villages de communes littorales d’espaces naturels sous statut emblématiques (protection / conservation / gestion) dont 1,85 million 69 % 2 4% 1 1 1 d’habitants (+6 500 habitants par an entre 2006 et 2014) de la population dans les 9 plus grandes villes du grands pôles urbains supérieurs à 100 000 habitants Grand Site de France Parc national Parc marin en protection forte Concors Sainte-Victoire Les Calanques La Côte Bleue territoire (Marseille 2e plus grande ville de France) 4 Parcs naturels régionaux Alpilles, Carmargue, Sainte-Baume, Luberon 2 e 47% une nature mise à rude épreuve lagune salée d’Europe (étang de Berre 15 500 ha) d’espaces naturels 360 HA / an 308 650 km d’espaces agricoles et obstacles sur les cours d’eau de linéaires autoroutiers naturels artificialisés (ponts, seuils, barrages…) et ferrés 75% entre 2006 et 2014 (bruit / pollution / fragmentation des milieux) 246 300 ha de nature 19% d’espaces 10 000 ha 1/4 12 % 255 km 51 9% de milieux aquatiques agricoles d’espaces naturels et agricoles sous pressions des continuités écologiques régionales à restaurer sur la métropole seulement de nature dans les espaces urbains soit 23 000 ha sur la Métropole d’urbanisation de littoral îles et îlots (zones à urbaniser - AU PLU en 2020) Sources (communes aux trois sous-parties) : 5. Diagnostic du SCoT AMP 2019 / Portrait agricole métropolitain 2018 / OCSOL CRIGE PACA, 2006- 2014 / Atlas de l’environnement AGAM 2017 / Analyse diachronique de l’évolution de l’occupation des sols, AGAM 2019-2020 / BDtopo et ING 2017 AGAM/ Insee RP2018
La biodiversité, un héritage fragile… ‘‘ frappé de manière globale l’humanité, montre les conséquences tragiques La biodiversité offre de que peuvent avoir des changements Introduction La biodiversité ou « diversité biologique » est l’ensemble du vivant nombreux bienfaits à l’humanité et constitue environnementaux brutaux. La crise sanitaire planétaire a mis en lumière les interactions étroites entre faune de la planète. Elle renvoie à la diversité une assurance vie sauvage, perte de biodiversité et santé des écosystèmes et des espèces qui pour l’avenir publique. Les scientifiques alertent sur les composent, à la diversité des gènes ’’ le risque de voir se propager d’autres que l’on trouve dans chaque espèce maladies infectieuses d’origine animale ainsi qu’aux interactions entre les SOURCE : WWF si l’homme poursuit son expansion organismes vivants et leurs milieux. sur les terres naturelles sauvages et Les millions d’espèces qui existent son utilisation, toujours plus intense, aujourd’hui sont le fruit de la longue des ressources planétaires, causant la évolution du vivant. destruction des écosystèmes. … un support de vie La biodiversité est partout. Quelle que soit l’échelle, de la planète à l’écosystème des jardins, sur terre ou en déclin ‘‘ en mer, la biodiversité est tout autour Aujourd’hui, la perte de biodiversité est L’humanité est à la fois de nous, mais nous ne sommes pas un constat alarmant, sans précédent la cause et la victime de à l’échelle mondiale : le rythme toujours conscients de la diversité la 6e grande extinction biologique qui nous entoure, des liens d’extinction des espèces est entre 100 et 1000 fois supérieur au rythme naturel du vivant qui est en qui nous relient. Pourtant la biodiversité dite « ordinaire », celle que nous constaté lors des 10 millions d’années cours ’’ côtoyons tous les jours, est le socle de passées. SOURCE : UICN, 2020 nos vies. La destruction et la fragmentation des SOURCE : NATIONAL GEOGRAPHIC En effet, les bienfaits « ou services milieux, les pollutions industrielles écosystémiques » qu’offre la biodiver- et agricoles et la surexploitation des sité sont nombreux : l’eau pour boire, ressources sont parmi les principales l’air pour respirer, des aliments pour causes de disparition du vivant. Ces se nourrir, des médicaments pour se dernières sont aggravées par le soigner, des matériaux pour se vêtir et changement climatique. s’abriter, le recyclage de la matière or- ganique, la régulation du climat, le stoc- L’homme est directement responsable kage du carbone, l’épuration de l’eau, le de cette érosion massive et accélérée maintien de la fertilité des sols, la lutte du vivant alors qu’il fait partie intégrante contre les maladies, la prévention des de cette biodiversité et ne peut s’y érosions, la qualité du cadre de vie, etc. soustraire… son existence, sa santé, sa Le bien-être, la santé et la survie de sécurité alimentaire, sa qualité de vie l’homme dépendent de la biodiversité et des pans entiers de son économie et pourtant, selon l’ONU, 60 % des ser- dépendent de la biodiversité. vices écosystémiques sont menacés. La Si l’ampleur des enjeux à court capacité des écosystèmes à fournir ces terme ne semble pas « remettre en services écologiques, à un niveau satis- question » en profondeur le modèle de faisant pour les générations actuelles développement et les modes de vie des Saint-Savournin et futures, est grandement mise à mal. sociétés humaines, la récente pandémie © DAVID GIRARD | MAMP SOURCE : UICN, PANORAMA DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES, 2012 du coronavirus (la Covid-19) qui a 6.
le saviez-vous ? • La vie est apparue sur Terre, il y a environ 3,8 milliards d’années. • 2 millions d’espèces sont répertoriées sur Terre alors que les scientifiques estiment que le nombre d’espèces vivantes pourrait atteindre 1 000 milliards. • 60 % de la population mondiale d’animaux sauvages a disparu au cours des quarante dernières années. • 1 million d’espèces sont menacées d’extinction dans le monde : 1 mammifère sur 5, 1 amphibien sur 3, 1 oiseau sur 8 et 7 plantes sur 10. • 50 % du PIB mondial (environ 40 billions d’euros) dépend de la nature. SOURCES : IUCN, WWF, PNUE ©PEXELS.COM | PIXABAY ‘‘ one health : l’interdépendance entre les santés humaine, animale et environnementale ’’ SOURCE : PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT (PNUE) © GSSV - X.NICOLLE | B.COULET | M.MAGNIER 7.
stratégie européenne pour la biodiversité - horizon 2030 La biodiversité nouvel interlocuteur privilégié accom- pagnant les acteurs et les territoires sur à l’agenda des ces questions. politiques publiques En 2018, le plan biodiversité, dont l’ob- jectif vise la mobilisation de l’ensemble Mise en place des zones protégées (a minima) La prise de conscience des enjeux des acteurs (collectivités, associations, de conservation de la nature dans monde socio-économique et citoyens) les politiques publiques est « assez autour de l’objectif commun de pré- récente ». Il faut attendre les années servation de la biodiversité, est mis en 1960, avec la création des parcs place. nationaux et des réserves naturelles, 30 % pour que la préservation d’un site pour ses qualités écologiques ou pour la protection d’un milieu, d’un habitat ou À la suite de la crise de la Covid-19, le plan de relance national de 2020 des terres rappelle l’importance stratégique de la d’une espèce spécifique soit reconnue Protection plus stricte des forêts biodiversité et de l’urgence climatique 30 % dans un texte législatif. dans le renouveau des politiques primaires et anciennes de l’Union publiques. Depuis plusieurs années, on observe des mers européenne encore présentes une accélération du calendrier face au Sur la scène internationale, l’année 2021 devrait être marquée par un agenda constat de l’érosion de la biodiversité. En chargé et des échéances cruciales 2016, la loi pour la reconquête de la bio- comme le Congrès mondial de la nature, diversité, de la nature et des paysages organisé par l’Union Internationale marque une nouvelle étape dans la pro- pour la Conservation de la Nature tection et la valorisation du patrimoine (UICN) et la COP 15 de la convention de Restaurer les écosystèmes terrestres et marins dégradés dans naturel national, en portant notamment l’Organisation des Nations Unies sur la toute l’Europe un objectif ambitieux d’absence de perte biodiversité. Cette conférence est une nette, voire de gain, de biodiversité. Elle échéance politique d’importance, fixant renforce également l’arsenal d’outils et la feuille de route et les engagements de de mesures comme la création de l’of- chaque État sur la décennie à venir. En étendant l’agriculture En rétablissant au moins fice français de la biodiversité (OFB), biologique et en augmentant 25 000 km de cours d’eau les structures agro-paysagères En enrayant et inversant En plantant 3 milliards photo détrourée le déclin des pollinisateurs d’arbres En réduisant de 50 % d’ici à 2030 l’utilisation des pesticides Saga pedo © MARIN MARMIER | CEN PACA 8.
Une métropole qui agit pour la biodiversité Une stratégie d’amélioration de la connaissance des richesses écologiques DE LA MÉTROPOLE Consciente de la valeur de son patrimoine naturel et des menaces qui pèsent sur sa conservation, la 2018 2019 2020 2021 2022 Métropole Aix-Marseille-Provence ATLAS DE LA BIODIVERSITÉ Définition de la HABITATS NATURELS ATLAS DE LA souhaite aujourd’hui renforcer sa CONTINENTALE (FAUNE-FLORE) patrimonialité et des BIODIVERSITÉ politique en matière de biodiversité et Stratégie d’amélioration enjeux de conservation MARINE d’espaces naturels. Stratégie d’amélioration des connaissances : de la connaissance : de la biodiversité • État des lieux des connaissances continentale. • État des lieux des L’atlas métropolitain de la biodiversité s’inscrit dans cet objectif. Il propose, connaissances • Enjeux d’amélioration de la connaissance à partir d’un état des lieux des • Enjeux de connaissances de la faune, la flore et • Inventaires faune-flore sur des secteurs conservation les habitats naturels connus sur le ciblés en lacune territoire, d’identifier et de qualifier les Vers un plan d’actions secteurs d’intérêt écologique. spécifiques pour la Métropole Il a pour ambition d’intégrer dans les politiques sectorielles animées par la Métropole Aix-Marseille-Provence, une meilleure prise en compte des équilibres fragiles et des enjeux de conservation de la nature du territoire. Il permettra, entre autres, d’évaluer les L’Atlas MéTROPOLITAIN de la Biodiversité pour : politiques publiques mises en œuvre. La réalisation de l’atlas est une • Produire une connaissance exploitable et valorisable de démarche pluriannuelle et multi- la faune, la flore et les habitats naturels à l’échelle de la partenariale. Pour en faire un document métropole de référence scientifique, la Métropole • Assurer une meilleure prise en compte du patrimoine naturel Aix-Marseille-Provence a collaboré dans les politiques publiques portées par la Métropole avec les organismes régionaux reconnus dans la conservation de la • Identifier les enjeux de richesse écologique et les enjeux de nature : le Conservatoire d’espaces conservation du patrimoine naturel naturels, la Ligue pour la protection des • Définir une stratégie d’intervention prioritaire : connaissance, oiseaux, le Conservatoire botanique protection, gestion, restauration, valorisation national méditerranéen. • Développer une « culture métropolitaine autour de la biodiversité » Forêt de Saint-Pons à Gémenos © JEAN-MARIE MUGGIANU 9.
chapitre 1 Une situation géographique d’interface UNE MÉtropole Unique par sa taille, le territoire s’étend Le territoire représente une « vaste zone Criquet hérisson d’exception sur 3150 km² et jouit d’une position relais » à la croisée des flux migratoires © CLAUDE FALKE | MAMP géographique exceptionnelle entre le nord-sud (entre l’Europe du Nord et littoral méditerranéen et l’arrière-pays l’Afrique) et est-ouest (entre les rives de provençal, à l’avant-poste des massifs la Méditerranée) pour de nombreuses préalpins. La Métropole est ainsi un espèces d’oiseaux, chauves-souris, véritable carrefour biogéographique à insectes, poissons. À titre d’exemple, l’interface des influences littorale et al- plus de 70 % des oiseaux migrateurs pine. de France affectionnent les lagunes littorales des Bouches-du-Rhône, À l’échelle de la Région Sud, 48 % du principalement la Camargue et l’étang territoire métropolitain est inclus dans de Berre, pour s’alimenter en halte le réseau des continuités écologiques migratoire, lors de l’hivernage ou régionales dont la diversité des éco- pendant la reproduction. SOURCE : LPO PACA 2019. systèmes compte parmi les plus riches Cette espèce protégée de France. Le territoire métropolitain L’identification du bassin méditerranéen n’est connue que sur quelques s’insère, en effet, dans une solidarité comme l’un des principaux « hotspots » stations de garrigues en écologique régionale prenant appui sur de biodiversité à l’échelle de la planète Provence. Elle possède des ailes la ceinture de grands espaces naturels vient conforter l’importance de la atrophiées ce qui la rend très littoraux et l’enchaînement de massifs biodiversité locale, tant terrestre que vulnérable ne pouvant voler pour collinéens calcaires de l’arrière-pays marine, mais aussi sa vulnérabilité. se déplacer. méditerranéen : les Alpilles, le Lube- En effet, si la métropole Aix-Marseille- ron, la montagne Sainte-Victoire, le Provence compte parmi les plus Concors, la Sainte-Baume. Les hydro- grandes métropoles de France, elle systèmes du Rhône et de la Durance renferme des trésors naturels qu’il sont par ailleurs des continuums éco- convient de préserver. logiques de première importance en Provence pour la faune comme pour la flore. Pic de Bertagne Le flamant rose : espèce en partie migratrice hivernant notamment en Afrique du Nord, très présente en Camargue et dans © DAVID GIRARD | MAMP une moindre mesure, sur l’étang de Berre 10. ©WOLFGANG HASSELMANN
le saviez-vous ? LA MÉDITERRANÉE, EXTRAORDINAIRE FOYER DE BIODIVERSITÉ ‘‘ 2 fois par an des millions d’oISEAUX EN Le bassin méditerranéen représente un des 34 points chauds (hotspots) de biodiversité identifiés dans le monde. MIGRATION (limicoles, Les hotspots de la biodiversité sont des régions très passereaux, rapaces) riches en espèces mais également très menacées : survolent les bouches- chacun accueille au moins 1 500 espèces endémiques et du-rhône a perdu plus de 70 % de ses habitats naturels d’origine. Le bassin méditerranéen abrite près de 10 % de la flore mondiale sur un territoire représentant seulement 1,5 % ’’ SOURCE : BIOTOPE ÉDITIONS LA FAUNE DES BOUCHES-DU-RHÔNE, 2019 de la surface terrestre. Environ 1/3 de la faune méditerranéenne est endémique. SOURCE : IUCN Étendue du hotspot méditerannéen ©AUPA hotspot du bassin méditerranéen autres hotspots AXE DE MIGRATION DURANCIEN MONTAGNES AXE DE MIGRATION RHODANIEN SUB-ALPINES PRÉALPES DU SUD LA MÉTROPOLE, UN TERRITOIRE DE TRANSITION À LA CROISÉE DES FLUX MIGRATOIRES ARRIÈRE-PAYS MÉDITERRANÉEN AMP Surnommée l’oiseau papillon BASSE PROVENCE SILICEUSE du fait de son vol onduleux, BASSE PROVENCE CALCAIRE cette espèce alpine arpente ©AUPA les falaises et affectionne les massifs méditerranéens en hiver. Tichodrome échelette © WIKIMEDIACOMMONS | KOOKABURRA 81 AXE DE MIGRATION LITTORAL 11.
Un socle géomorphologique singulier 60 % 2 Le territoire métropolitain se démarque l’eau, un élément gravitaire qui recharge aux deux tiers du territoire structuré nappes phréatiques par une succession de massifs calcaires fondamental des l’aquifère de Crau, la plus grande nappe par les grands massifs stratégiques : alternant avec un vaste réseau de phréatique d’Europe. calcaires plaines et vallées alluviales, par des paysages comme des la Crau / la Durance paysages d’eau saisissants et une écosystèmes Une double façade littorale 2 680 km façade littorale importante. Ici, les L’eau est ici sauvage, domestiquée, reliefs se prolongent sous la mer avec salée, saumâtre, douce, cachée ... Entre terre et mer, la métropole s’étire des canyons sous-marins profonds à quelques kilomètres du rivage. Cette L’hydrographie locale est complexe, sur 255 kilomètres de rivages entre la façades littorales de linaires de cours dictée par la géologie et les conditions Méditerranée (180 km) et les rives de géomorphologie singulière offre une climatiques méditerranéennes ainsi l’étang de Berre (75 km). Ces espaces emblématiques d’eau permanents mosaïque d’écosystèmes exceptionnels. que par bon nombre d’ouvrages littoraux offrent des séquences paysa- SOURCES : BD TOPO, IGN 2019; BD GEOTERROIR,DRAAF PACA 2000 -TRAITEMENT AUPA hydrauliques. gères très contrastées où coexistent et UN TERRITOIRE ENTRE s’entremêlent des sites naturels côtiers, Le territoire s’organise notamment au- des stations balnéaires, des complexes VALLÉES ET RELIEFS La métropole, quelques curiosités géologiques tour de la Durance au nord (la plus stra- industriels, des franges urbanisées et Les grands massifs calcaires dominent tégique rivière de Provence) et autour artificialisées. Ils cristallisent de nom- à l’est de la métropole avec un point de quatre fleuves côtiers structurants : breux enjeux écologiques tout comme culminant sur le massif de la Sainte- le Rhône à l’extrême sud-ouest, la Tou- les fonds marins foisonnants de vie. Baume à 1042 mètres d’altitude (le pic loubre, l’Arc et l’Huveaune. L’homme, à de Bertagne). Ils offrent des paysages des fins de protection contre les inon- sauvages avec des habitats naturels dations et de développement urbain et en mosaïque (affleurements rocheux, agricole, les a fortement domestiqués, pelouses sèches, garrigues, pinèdes, réduisant leurs lits et aménageant milieux forestiers, cours d’eau tempo- leurs bassins versants. Toutefois, les raires …) et jouent un rôle primordial en cours d’eau méditerranéens, supports tant que refuge écologique. de milieux naturels plus ou moins bien À noter, la montagne Sainte-Victoire, conservés, restent des couloirs écolo- les massifs des Calanques et de la giques à l’interface des reliefs méditer- L’étang de Lavalduc, secteur le plus bas de France, à -10 m au-dessous du Sainte Baume sont parmi les secteurs ranéens arides. Le cap Canaille, les plus hautes niveau de la mer les plus riches en espèces endémiques falaises maritimes d’Europe - 394 m © THIERRY DRAUS à l’échelle des Bouches-du-Rhône. Les réseaux d’eau douce souterrains © DJ POLDOC À l’ouest, les reliefs s’atténuent pro- sont également particulièrement gressivement en direction de la vallée développés (nappes phréatiques, du Rhône. Ils s’ouvrent sur la plaine de réseaux karstiques des massifs) et la la Crau (ancien delta durancien), sur la présence de nombreuses résurgences, Camargue toute proche et sur un ré- saisonnières ou pérennes, sont aussi seau d’étangs et de lagunes littorales des oasis de vie. La nappe de Crau est dont l’étang de Berre, la deuxième plus par exemple à l’origine de marais, dont grande lagune salée d’Europe (15 500 l’exceptionnelle biodiversité en fait des ha). Les zones humides, les plaines ir- milieux d’importance communautaire. Rognes, présence de l’unique Volcan riguées et la steppe de Crau (unique en L’originalité de ces zones humides, qui de Provence, le « volcan de Beaulieu » France) offrent des écosystèmes singu- s’étendent jusqu’au bord du complexe La plaine de Cuges-les-Pins, un des liers à forte valeur patrimoniale. industrialo-portuaire de Fos-sur- plus grands poljés d’Europe Mer, est conditionnée par l’irrigation © FRÉDÉRIC.D | PHOTOS-PROVENCE.FR 12.
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Des héritages écologiques complexes Le vivant s’est adapté aux évolutions La biodiversité locale s’inscrit également Ainsi, la gestion traditionnelle de l’eau géologiques, pédologiques et clima- dans des processus progressifs et en Provence, les pratiques agricoles tiques. variés de migration, de colonisation, extensives comme les cultures Ces multiples changements alternants, et d’adaptation d’espèces animales et sèches en terrasse, la riziculture, au fil des millénaires, des phases de végétales d’origine méditerranéenne, le pastoralisme, l’activité salinière repos et de mouvements tectoniques, montagnarde, euro-asiatique et euro- (aujourd’hui quasi-disparue) ou encore d’érosion des sols et de dépôts, d’avancée sibérienne. Ces espèces se sont l’exploitation forestière bénéficient à et de recul de la mer, des périodes de acclimatées. Aujourd’hui encore, la de nombreuses espèces sauvages qui glaciation et de réchauffement ont situation géographique « d’interface » dépendent en grande partie du devenir le saviez-vous ? favorisé des processus de persistance, du territoire, le climat méditerranéen de ces activités traditionnelles. de diversification et d’isolement des clément et les activités humaines DES ESPÈCES « RELIQUES » PRÉSENTES populations mais aussi des disparation notamment portuaires (ouvertes sur le d’espèces. monde) contribuent à faciliter l’arrivée SUR LE TERRITOIRE Les nombreux fossiles retrouvés sur d’espèces exotiques qui peuvent devenir Le Lys martagon, espèce végétale alpine le territoire et la découverte de grottes une menace. relique de la période glaciaire, est présente ornées de peintures sont notamment dans certains massifs du territoire, la Sainte- les témoins de cette évolution des L’héritage écologique du territoire Baume et la montagne Sainte-Victoire. Elle écosystèmes locaux. La grotte Cosquer est aussi lié à l’activité humaine. Si la affectionne les sous-bois frais de forêts abrite des peintures d’animaux Provence est mondialement reconnue dominées par des chênes, conifères et hêtres. (phoques, pingouins, cervidés, à travers ses paysages remarquables, bovidés…) suggérant un paysage froid leur diversité et les richesses naturelles de steppes à graminées, de forêts de qu’ils renferment sont intimement liées Lys martagon pins sylvestre et de bouleaux. La réserve à l’empreinte ancestrale de l’homme. © WIKIMEDIA COMMONS | IBEX73 naturelle géologique de la montagne Sainte-Victoire offre l’un des dix plus beaux gisements paléontologiques d’œufs de dinosaures au monde. Œuf de dinosaure découvert sur le site de la Galinière, lors des premières fouilles de décembre 2006 © V. ISAMBERT | GSSV 14.
Un climat méditerranéen déterminant Les espèces animales et végétales Mourguettes de Provence L’étang du Pourra asséché lors des sécheresses estivales de 2016 et 2017 présentes sur le territoire se sont © AUPA © MARION DI LIELLO progressivement adaptées aux contraintes du climat méditerranéen qui s’est mis en place il y a 32 millions d’années. Ce dernier se caractérise par des étés chauds et secs, des hivers doux, le pouvoir desséchant des vents souvent violents et fréquents (Mistral et Tramontane), la saisonnalité des précipitations et la récurrence d’événements climatiques extrêmes (orages violents, longues sécheresses…). La sécheresse estivale est un facteur majeur à laquelle se sont À titre d’exemple, les Mourguettes de adaptées la faune et Provence, ces petits escargots blancs la flore locales. accrochés aux hautes tiges du fenouil, s’adaptent à la sécheresse estivale en grimpant le long des tiges où ils se fixent, ferment leurs opercules et s’isolent du milieu ambiant et de la Pin d’Alep anémomorphosé Depuis la fin des années 1980, sécheresse plusieurs mois. Ils ne se © AUPA l’étang du Pourra est doté d’un réveillent qu’à l’occasion des pluies. fonctionnement hydraulique artificiel en faveur d’une Certaines espèces d’amphibiens, activité cynégétique. Il subit comme le Crapaud calamite, sont des assèchements réguliers aussi particulièrement adaptées aux liés à l’évapotranspiration et aléas climatiques méditerranéens, la sécheresse. Il fonctionne capables de pondre dès qu’une pluie comme une mare temporaire survient. Cette espèce affectionne les méditerranéenne. mares temporaires méditerranéennes. Celles-ci représentent des milieux remarquables très intéressants écologiquement et très bien représentés sur le site du Bolmon-Jaï (complexe des Pin d’Alep anémomorphosé, Paluns). c’est-à-dire « couché » sous l’effet des vents dominants. Cette adaptation du végétal est communément rencontrée sur le littoral et en montagne. 15.
La proximité entre l’Homme et la Nature, une spécificité Ici plus qu’ailleurs en France, la circulation. Les villes actuelles étalées, de profonds changements des pratiques proximité entre l’homme et la nature est fragmentées et complexifiées n’ont permettant de repenser les rapports une caractéristique singulière avec de plus de « limites ». Elles s’entrelacent entre l’homme et la nature. Replacer le fortes interpénétrations et interactions avec la nature et l’agriculture et se vivant et la protection des ressources au entre espaces naturels, agricoles et disputent l’espace. Découlent de cette cœur des stratégies sont la clé de voûte urbains, conditionnées par les reliefs et organisation un gradient de rapports à d’une Métropole plus résiliente. une armature urbaine multipolaire. la nature « brouillés » et des pressions multiples sur les ressources et la L’organisation « constellaire » des biodiversité : érosion et fragmentation bassins de vie, accompagnés de leur des milieux et de leurs fonctionnalités, écrin paysager, participe à l’identité du pollutions, introduction d’espèces territoire et offre aux Métropolitains des invasives, hyper-fréquentation des espaces de nature « jamais bien loin ». milieux naturels, etc. Mais ce polycentrisme renvoie aussi à Face à ces pressions, la protection des pressions foncières importantes et des espaces naturels et agricoles dispersées autour des noyaux urbains métropolitains revêt un enjeu majeur qui et le long des grands couloirs de doit nécessairement être accompagné L’Aigle de Bonelli © AUPA Ce rapace menacé de la Provence ne pourrait survivre sans le pastoralisme ni l’activité agricole qui lui offrent les milieux dont il a besoin pour chasser. L’espèce fréquente ainsi les garrigues méditerannéennes et les falaises préservées du dérangement et des activités. Douze couples sur les treize présents dans les Bouches-du- Rhône sont installés au coeur des massifs calcaires de la métropole. Il bénéficie d’un plan national d’actions. Garrigue - Carry-le-Rouet 16. © MARION DI LIELLO
‘‘ Sur la métropole, l’urbanisation galopante rogne les terres agricoles et S’engouffre sur les piémonts entraînant un isolement des massifs ’’ SOURCE : MÉTROPOLE AIX-MARSEILLE-PROVENCE 17.
chapitre 2 Une mosaïque exceptionnelle d’écosystèmes uniques, fragiles et en inter UNE NATURE Les milieux naturels, agricoles et aquatiques représentent plus de 75 % VARIéE, du territoire. La nature omniprésente est d’une BERCEAU D’UNE grande diversité : sauvage ou cultivée, sèche ou humide, rocheuse ou sableuse, steppique ou forestière, etc. RICHESSE EXTRA- La richesse écologique est d’autant plus remarquable sur ce territoire, ORDINAIRE qu’elle s’inscrit dans une solidarité écologique avec les espaces naturels emblématiques qui ceinturent la © AURÉLIE MAZEAU | MAMP métropole Aix-Marseille-Provence : le Grand-Rhône, les Alpilles, la Camargue, la Durance, la Sainte-Baume, le massif du Concors, la montagne Sainte-Victoire et au sud la Méditerranée. Cette mosaïque de milieux complémentaires et en interaction garantit les échanges écologiques indispensables à l’équilibre naturel et à la qualité de vie des Métropolitains. © JUSTINE GABRIEL | MAMP les formations rupestres (falaises, grottes, éboulis, cavités) les cours d’eau les prés-salés les ripisylves les îles © MATHIEU CHAVEAU | UNSPLASH les étangs les prairies humides les terres cultivées et leurs infrastructures agro-naturelles 18.
s et en interaction AURÉLIE MAZEAU | MAMP © AUPA © JUSTINE GABRIEL | MAMP © AUPA ‘‘ © CAMILLE MOIRENC DES SITES EMBLÉMATIQUES AUX ESPACES NATURELS DE PROXIMITÉ, TOUS CONTRIBUENT à L’exceptionnelle BIODIVERSITÉ ’’ © AUPA © DAVID GIRARD | MAMP SOURCE : AMP les lagunes littorales © MAMP Les plages - les dunes les fonds et reliefs marins (coralligène, canyons sous-marins, herbiers) les pelouses sèches le littoral rocheux les garrigues les chênaies vertes et pubescentes les salins les marais les coussouLs de Crau pinèdes à pin d’Alep 19.
Un concentré de nature méditerranéenne Première composante territoriale, les espaces naturels s’étendent sur plus de 156 000 hectares et représentent près de la moitié du territoire. Le couvert végétal repose sur une grande diversité d’espèces et sur une dynamique de milieux ouverts, semi-ouverts et boisés imbriqués en mosaïque. Les différentes strates et leurs essences caractéristiques traduisent les différentes phases successives d’évolution de la forêt méditerranéenne. Une forêt étendue et participe à leur dynamique naturelle Les très vieux arbres constituent par quand le phénomène n’est pas trop exemple des habitats remarquables en progression récurent. À ce titre, le Pin d’Alep, pour des espèces rares comme les Le couvert forestier s’étend sur près de essence pionnière et pyrophile, insectes saproxylophages, le Grand 104 000 hectares et représente 66 % des a développé une forte faculté de Capricorne et une faune cavicole milieux naturels. réensemencement. Sa progression comme le Pic-noir et la chauve- est très active notamment sur les souris forestière. Les forêts de Pin d’Alep prédominent terrains calcinés dès la première ou (36 % du couvert forestier) devant les la seconde année après le passage forêts de feuillus (chênaies vertes d’un feu. Chênaie du Taulisson à Jouques et pubescentes) et les peuplements • Elles sont un refuge privilégié pour © M.VERRECCHIA | GSSV mélangés. plusieurs espèces animales au cours de leur cycle de vie. L’exposition, Les forêts du territoire présentent l’altitude, le relief, le sol et la plusieurs points communs : structuration verticale des forêts (des racines à la canopée) offrent • Elles sont majoritairement de multiples habitats et réseaux jeunes (moins de 150 ans), en d’interactions entre les végétaux, les expansion, recolonisant les espaces animaux et les micro-organismes progressivement abandonnés (du sol notamment). par l’agriculture, le pâturage et l’exploitation forestière traditionnelle. • Malgré l’impression de stabilité Les forêts qualifiées « d’anciennes » et d’homogénéité, ce sont des sont rares hormis quelques secteurs écosystèmes complexes marqués de chênaies pluri-centenaires sur par une dynamique d’évolution très les massifs de l’Étoile, du Garlaban, puissante mais difficilement perçue de la Sainte-Baume et de montagne car elle s’étend sur des temporalités Sainte-Victoire. bien supérieures à la vie d’un homme. La forêt vit, évolue, meurt • Elles sont adaptées au climat et se régénère ... elle est constituée méditerranéen, au stress hydrique d’une mosaïque de stades d’évolution et à la sècheresse estivale. Elles avec leurs espèces caractéristiques. Vallon du Coucourdier ont intégré le facteur « feu » qui 20. © JUSTINE GABRIEL | MAMP
Les services rendus par les écosystèmes forestiers © AUPA Production d’oxygène et Production de matières premières et de 47 % DE MILIEUX OUVERTS, semi- séquestration du carbone nourriture pour l’homme ouverts et boisés SOURCE : BD OCSOL- CRIGE PACA 2014 Stabilisation des sols (atténuation de l’érosion) Régulation thermique journalière Activités de loisirs, de pleine nature / Chasse et cueillettes 23 massifs forestiers métropolitains Qualité des paysages / Attractivité territoriale Filtration de l’eau de pluie et touristique SOURCE : PDPFCI 13 +17 % croissance de LA forêt le saviez-vous ? entre 1980 et 2013 DANS LES Bouches-du-Rhône PROTÉGER LA FORÊT EN LA VALORISANT SOURCE : ORFM PROVENCE ALPES CÔTE D’AZUR Pour la plupart des élus et des habitants du territoire, la forêt est avant tout perçue comme un espace récréatif d’une grande valeur écologique et paysagère. L’enjeu ’’les crêtes et pentes productif est peu ou mal perçu. Il est pourtant essentiel à la gestion durable de la forêt méditerranéenne, façonnée par l’homme depuis le néolithique. rocheuses des massifs Aujourd’hui, le déclin des pratiques agro-pastorales calcaires de Sainte-Victoire et autrefois développées a conduit à la fermeture des milieux, à une homogénéisation des paysages, à de la Sainte-Baume, constituent une plus grande vulnérabilité des massifs face des « îles biogéographiques » où aux incendies et à une érosion de la biodiversité. se concentre la richesse de la Face à ces enjeux, la Métropole développe depuis plusieurs flore orophile* du département années une politique globale et multifonctionnelle de gestion et d’aménagement des forêts. La reconquête agricole, l’essor du pastoralisme, la structuration de ’’ SOURCE : LA FLORE REMARQUABLE DES BOUCHE-DU-RHÔNE, BIOTOPE ÉDITIONS 2019 Pastoralisme - Garlaban la filière bois sont des axes forts de cette politique. * ADAPTÉE À LA HAUTE-MONTAGNE © AMP SERVICE COMMUNICATION 21.
L’exceptionnelle Parmi les milieux ouverts, les pelouses biodiversité sèches méditerranéennes sont des des milieux ouverts habitats naturels à très forte valeur et semi-ouverts patrimoniale. Ce sont des lieux de vie pour la petite faune et des secteurs de Ces milieux naturels secs (non chasse privilégiés pour de nombreux forestiers) regroupent essentiellement rapaces notamment. Les pelouses des milieux temporaires correspondant sèches de graminées se retrouvent à un stade pionnier des milieux en mosaïque avec les garrigues forestiers comme les garrigues, et les pinèdes dans la plupart des mais aussi des milieux de végétation massifs du territoire, alors que les herbacée comme les pelouses sèches pelouses d’altitude, plus rares, comme ou les landes méditerranéennes. « les landes-hérisson » représentent l’habitat typique des crêtes et sommets Les formations de garrigues sont des montagnes provençales. Sabline de Provence caractéristiques des stades de ©JC.ARNOUX | CBNMED dégradation de la chênaie verte À l’ouest du territoire, la plaine de Crau méditerranéenne. Elles présentent un est particulièrement représentative de cortège végétal remarquable adapté à vastes étendues de pelouses sèches Les habitats la sécheresse estivale (feuilles petites, avec les Coussouls de Crau, steppes Les milieux rocheux forment également uniques au niveau européen, aux rupestres arides des zones d’hivernage, fréquentées poilues), souvent sélectionné par le feu et par les troupeaux (exemples : plantes richesses écologiques exceptionnelles. (parois, falaises, par des espèces de milieux plus à bulbes, aromatiques et/ou piquantes). éboulis…) : des niches montagneux, telles que le Crave à bec Sur les sols calcaires et compacts, on rouge, l’Accenteur alpin ou le Tichodome écologiques échelette. trouve les garrigues à Chêne kermès. Les garrigues à Ciste blanc s’installent Les falaises abruptes, les cavités, plutôt sur les secteurs récemment les grottes karstiques et les éboulis incendiés, alors que les sols meubles et forment des milieux où la végétation est profonds ont la préférence des garrigues soumise à des conditions écologiques à Romarin, à Bruyère et à Ajonc de drastiques, du fait de la quasi-absence Provence, constituant notamment de sol. l’habitat du Criquet des ajoncs. Peu accessibles sur les versants et Ces garrigues présentent un grand crêtes des massifs montagneux, la na- intérêt pour un cortège d’espèces, turalité et la minéralité des milieux ro- notamment les chiroptères et les Le Lézard ocellé cheux en font des espaces propices pour oiseaux insectivores (ex. : la Fauvette © BERNARD DUPONT de nombreuses espèces à forts enjeux pitchou, le Traquet oreillard, les Pies- locaux de conservation. Des espèces grièches). Il s’agit du plus grand lézard endémiques comme la Sabline de Pro- En effet, les plantes aromatiques de d’Europe pouvant atteindre vence ou le Scorpion languedocien sont garrigues (thym, romarin, ciste…) jusqu’à 50 cm de long. Il emblématiques des éboulis calcaires. attirent de nombreux insectes affectionne les milieux ouverts Des espèces de chauve-souris ,comme (papillons, cétoines…). Les sols méditerranéens. C’est un reptile le Grand Rhinolophe, gîtent dans les pauvres en humus sont favorables non menacé à l’échelle nationale et grottes et les cavités rocheuses. Des pas aux lombrics mais aux araignées, européenne. La fermeture des rapaces, comme l’Aigle de Bonelli ou le coléoptères, orthoptères et reptiles tels paysages semble être l’une des Grand-duc d’Europe, nidifient dans les que le Lézard ocellé. causes principales de disparition falaises, leur habitat privilégié. Falaises arides - Crête de la montagne Sainte-Victoire 22. de l’espèce. © WIKIMEDIA COMMONS | DDEVEZE
occupation naturelle des sols 66 % milieux forestiers 27 % garrigues et végétation arbustive 2 % landes et formations herbacées 4% milieux rocheux et végétation clairsemée (éboulis, falaises…) Zoom sur LE COUSSOUL de CRAU SOURCE : OCSOL 2014, CRIGE PACA DERNIER HABITAT NATUREL STEPPIQUE D’EUROPE OCCIDENTALE La Crau est une plaine alluviale de 60 000 hectares située entre les Alpilles et la Méditerranée. La Durance y a charrié, pendant cinq millions d’années, des galets des Alpes avant d’avoir été déviée, il y a 18 000 ans. Ce delta fossile a laissé place au Coussoul, un écosystème constitué de Une mosaïque de milieux, témoin de l’évolution de la forêt méditerranéenne prairies bocagères et de steppes à brachypode ©AUPA rameux, unique en Europe occidentale. Au cours des siècles, le pastoralisme extensif a façonné et conditionne toujours la végétation du Coussoul. Parcours de choix, il est pâturé essentiellement au printemps avant le départ en transhumance vers le massif alpin. De retour, à l’automne, les ovins réalisent la « quatrième coupe » de foin et apportent un engrais naturel pour les prairies. Le Vautour percnoptère Le Coussoul est renommé pour ses ©WIKIMEDIA COMMONS | CARLOS DELGADO oiseaux, typiques des steppes ibériques et du Maghreb. Espèce phare, le Ganga cata ne niche nulle part ailleurs en France. Le Faucon crécerellette, l’Alouette calandre La population nicheuse européenne de ce et l’Outarde canepetière ont ici une part rapace migrateur transsaharien est en importante de leurs effectifs nationaux. Le déclin continu : sa source de nourriture Vautour percnoptère y trouve un terrain de (les carcasses de bétail) disparaît avec chasse remarquable et cercle, au-dessus le recul des élevages extensifs et la des troupeaux ovins, à la recherche de législation sanitaire sur l’élimination des carcasses. animaux morts. Un plan national d’actions Le Coussoul abrite également le Criquet de coordonné par le CEN PACA est à l’œuvre Crau, invertébré endémique et très menacé, pour la conservation de l’espèce recensée, particulièrement sensible à la fragmentation notamment dans les Alpilles. des milieux. Sainte-Victoire 23.
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