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o R e v u e Tr i m e s t r i e l l e d e l a S E PA N S O N 162 Par d e s Pyrénées c National ter ritoire d'excepti n o n? U N° 162 - Hiver 2014 - 5 € Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest
SUD-OUEST NATURE édité par la SEPANSO Fédération des Sociétés pour l'Etude, la Protection Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Association loi 1901 à but non lucratif Affiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique La SEPANSO agit dans toute l'Aquitaine, et éventuellement dans les m m a i r e So départements voisins, dans le but de sauvegarder la faune et la flore na- turelles, en même temps que le milieu dont elles dépendent et d'oeuvrer en faveur de la protection des sites et du cadre de vie. EDITORIAL Inondations, érosion marine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 ACTUALITÉS Nouvelles en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 BIODIVERSITÉ Trame Verte et Bleue Régionale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Les espèces exotiques envahissantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 Un vendredi 13 qui porte bonheur aux opposants aux OGM ....9 ZOOM SUR... Parc national des Pyrénées, une charte pour un territoire . . . . . d'exception ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 RÉSERVES NATURELLES Marais de Bruges : L'Ecrevisse de Louisiane Procambarus clarki . . . . . . . . . . . . . . . . .16 Etang de Cousseau : Observations de la Loutre sur Cousseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17 Banc d'Arguin : Bilan d’un hiver tumultueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17 POINT DE VUE Accidents de chasse. Le retour de la chevrotine est-il la solution ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18 POINTS NOIRS Points noirs environnementaux en Dordogne 19 Prix du numéro : 5 € Hiver 2014 En couverture (photos 1ère et 4ème de couverture d'André Etchelecou) Les auteurs conservent l'entière responsabilité des opinions exprimées dans les articles de ce numéro. La reproduction, partielle ou intégrale, des textes et illustrations est acceptée après autorisation préalable. Fédération SEPANSO - 1-3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 - Email : federation.aquitaine@sepanso.org Visitez notre site Internet www.sepanso.org
E D I TO R I A L INONDATIONS, EROSION MARINE : LE RETOUR DU REFOULÉ L es intempéries actuelles semblent, tout d’un coup, faire prendre conscience à l’opinion de l’incontournable puissance de la nature. Comme si cette opinion se réveillait brutalement d’un long sommeil, découvrant soudain sa vulnérabilité vis-à-vis de désordres naturels qui ont toujours exis- té, mais qui aujourd’hui occupent dorénavant une nouvelle place dans l’espace médiatique. A vrai dire, ce long sommeil a été celui des fameuses « trente glorieuses » et au-delà, pour lesquelles, on peut le dire sans exagérer, la nature avait disparu de son agenda. Car, comme le souligne un ouvrage universitaire ré- cent1, le bilan des ravages écologiques provoqués par cette glorieuse époque, perçue aujourd’hui avec nos- talgie par les adorateurs des taux de croissance, n’a pas été encore fait. Appartenant à une génération qui l’a vécue douloureusement comme beaucoup de pêcheurs, chasseurs et naturalistes, je peux effectivement témoigner de la disparition de la nature dans l’imaginaire collectif, du côté des décideurs comme de celui des citoyens. C’était l’époque où les communes coupaient les platanes de leurs places pour faire des par- kings, tandis que les ingénieurs des Ponts et Chaussées faisaient de même le long de nos routes ombragées pour les élargir au profit de la nouvelle DS automobile ! Où tout le monde ignorait la pollution des rivières car il s’agissait « de la fatalité du Progrès » ! De leur côté, pour moderniser notre agriculture paysanne jugée archaïque, les bulldozers du remembre- ment entraient en action pour bouleverser des paysages lentement façonnés par la main de l’homme qui alors ne disposait pas des moyens techniques pouvant les faire disparaître2. Qu’importaient alors les cris de quelques lanceurs d’alerte solitaires, il fallait foncer vers l’avenir radieux de la modernisation de la France ! Toute objection était alors rejetée avec mépris : vous voulez donc revenir au Moyen Âge ?? C’est ainsi que notre côte aquitaine a vu fleurir de multiples constructions de Soulac à Hendaye en passant par Lacanau avec son Océanide initiée par la MIACA au début des années 70, alors même que déjà les bloc- khaus de l’organisation Todt commençaient à glisser lentement dans les flots de l’Océan. Ailleurs, les plai- nes inondables de la Garonne, de la Dordogne, de l’Adour et des Gaves voyaient progresser inexorablement l’urbanisation, la mémoire des risques naturels s’étant effacée de la tête des hommes. Il suffisait pourtant de se référer à la crue de la Garonne en 1930 pour imaginer le désastre représenté par un tel scénario pour la zone commerciale de Tartifume, le secteur de Latresne, de Bordeaux Nord ou du Bec d’Ambes que l’on a laissé coloniser par l’industrie et les grandes surfaces, dans l’inconscience la plus totale. Il est vrai que le rythme des agendas électoraux n’est pas celui de la nature ! Aujourd’hui donc, dans tous les domaines, tant économique que social et écologique, nous voilà arrivés au bout du chemin, car dorénavant il va nous falloir compter avec la puissance de la nature que nous avions oubliée, aveuglés par celle de la Technique qui nous avait donné l’impression d’en être émancipés pour toujours. Désormais, les comptes sont faits et il va nous falloir commencer à passer à la caisse, dès au- jourd’hui pour la génération actuelle, et demain pour la prochaine. C’est à dire, non seulement réparer les dommages actuellement émergeants et surtout prévoir ceux à venir, engendrés par le réchauffement cli- matique que nous continuons à alimenter par notre mode de vie insoutenable. Pour tous ceux qui aiment et respectent la terre, il s’agit là d’une tâche immense, peut-être d’ailleurs au-dessus des forces de l’humanité, mais qui devrait être considérée comme une priorité absolue, nous obligeant à sortir urgem- ment la tête actuelle du guidon. Simon CHARBONNEAU 1 Céline PESSIS, Sezin TOPCU et Christophe BONNEUIL : Une autre histoire des « trente glorieuses » : modernisation, contes- tations et pollutions dans la France d’après guerre. Editions La Découverte 2013. 2 Voir le témoignage de mon père récemment réédité : Tristes campagnes. Editions Parangon 2013. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
au fil des mois 2 Le progrès technique et internet qui n’ont rien de vir- Elle revient à la surface dans tous est-il un piège ? tuel car ils ont besoin d’énergie les débats entre « les écologistes électrique provenant du ther- hors sol » et les représentants po- Jacques Ellul avait posé le problè- mique, du charbon par ex.. Cette litiques « responsables », tels des me en premier : dans quelle me- trajectoire de la modernité tech- économistes, des banquiers, des sure l’évolution de notre société nique dépendant largement de industriels, des agriculteurs de la ne se trouve-t-elle pas aujour- l’électricité peut se rompre et FNSEA, la gauche en général et les d'hui déterminée par un progrès connaître une fin brutale. syndicats. Pour ces anthropocen- technique dont personne ne peut Il serait trop facile de se laisser al- tristes, l’homme est en position contrôler l’expansion ? ler au catastrophisme et à la pas- centrale ou dominante. Ils n’hé- Il dénonçait alors le piège dans le- sivité car il existe de nombreuses sitent pas à affronter ces « farfe- quel nous sommes tombés : celui réponses en favorisant par exem- lus » qui ne s’intéressent qu’à des de l’homme convaincu « qu’on ple la proximité, en développant futilités, à des choses « inutiles », n’arrête pas le progrès ». Le dis- des outils simples, des industries des petites fleurs, des petits zo- cours du pouvoir, des lobbies, des à basse technologie, donner à la ziaux ou autres bestiaux sans ren- sciences appliquées (OGM, nano, lenteur une valeur d’efficacité ce tabilité (espèces non domes- biotechnologies, communications qui permet de réfléchir, de lutter tiques, non comestibles, non etc) se construit selon cet adage contre l’obsolescence program- chassables, non commercialisa- commun. Ces discours sont inté- mée, de se libérer corps et esprit bles), voire sauvages, effrayantes, grés par les « évolutionistes ». des systèmes techniques dangereuses ou nuisibles. Ils les Pourtant, dans les temps anciens, D’après un article d’Alain Gras Pris dans présentent alors comme des il y a eu des résistances au « pro- la toile de la technique paru dans La adeptes du « retour au moyen- grès technique » : par exemple la Décroissance - Oct. 2013 âge ». Pour eux les écologistes Chine a refusé le canon et le mis- FC sont des empêcheurs de tourner sile après les avoir expérimentés. en rond (c’est à dire de produire, Le progrès : colosse au pied Des choses plus chasser, exploiter, délocaliser) d’argile ? importantes... Derrière ces phrases se cachent le Les systèmes techniques sont en mépris de la nature et d’autres vi- effet de plus en plus interconnec- Peut-on tolérer quelque part des sions des rapports de l’homme à tés : ainsi les transports ont be- animaux sauvages qui font ce celle-ci. Eux bien sûr sont les vrais soin de pétrole, de routes, de bi- qu’ils veulent, qui vont où ils veu- « écologistes » car ils font du « dé- tume (encore du pétrole), de télé- lent ? Au lieu d’être soumis à not- veloppement durable » depuis communications... re volonté ? La réponse est NON toujours. Ne changeons surtout Les villes exigent des canalisations sans équivoque... pas nos pratiques de conso-mma- d’eau, des réseaux de toutes sor- Encore une fois la Nature c’est, ce tion, de production ... ! L’emploi tes, des égouts avec des pompes, qui n’est pas nous (François est prioritaire par rapport à un des camions pour la distribution Terrasson) environnement de qualité. etc. Tous ces réseaux représen- Les défenseurs de la Nature font Chacun a sa vision du monde. tent l’hyper-complexité de la mo- sourire certains, en agacent d’au- Pour comprendre les controver- dernité : comme l’atome, la molé- tres : alors ils dénigrent les « éco- ses, liées à la protection de la cule, la bactérie autant que le logistes de salon » défenseurs des Nature (avant), appelée « envi- corps qu’elle colonise, la puce « petites fleurs » ou des « petits ronnement » maintenant, il faut électronique, l’ordinateur. Notre oiseaux » prendre les priorités de chacun en vie quotidienne est prisonnière La phrase « il y a des choses plus compte. de la toile d’araignée tissée par la importantes que de s’occuper D’après Baudouin de Menten déc 2013 méga-machine technicienne. Ce de... » est un véritable serpent de http://www.buvettedesalpages.be/2013 macro-système se joue des fron- mer chez tous les adversaires pro- /12/des-choses-plus-importantes.html tières et des états, le dispositif fonds de la Nature et donc de Brèves SO Janv 2014 technicien multiplie les interdé- l’écologie. SO 13-1-14 pendances, sa soif d’énergie ne fait que croître : vrai pour Google S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
Actualités 3 - dioxines ou polluants orga- La France importe niques persistants (POP) cancéri- Sans être « angélique », le bio est illégalement du bois gènes de type II s’accumulant débarrassé des pesticides ou en exotique : trafic tout cas en contient moins, bien dénoncé par dans les graisses, ainsi le lait ma- que ceux-ci soient partout dans Greenpeace ternel en contient ; l’environnement. - pesticides dont les champs sont FC Des grumes de sapelli, sipo, kossi- largement « tartinés » alors qu’ils po et bossé, essences de bois exo- sont limités ou interdits mais leur tique provenant du bassin du présence persiste. Congo ont été saisies par des mili- Des confrères au professeur Le Grand Orchestre tants de Greenpeace au port de Coumoul travaillent sur les « mé- Animal de Bernie Caen, un des trois ports avec La langes » de ces polluants car cela Krause. Rochelle et Nantes concernés par répond à une réalité environne- mentale à laquelle on est en per- Flammarion, 2013. le déchargement de bois exo- tique. manence exposé. Les dioxines et Une enquête de terrain a démon- les pesticides par exemple : le C’est une approche de la nature tré que ce bois provenait d’un cocktail des deux, qui provoque- originale. Ce n’est plus la vue qui village non compris dans le péri- rait un effet différent de celui est sollicitée pour prendre mètre de coupe « officiel » car il provoqué par chacun des pol- contact avec notre environne- ne comportait pas de numéro du luants, est très peu étudié en ment, mais l’ouïe. L’auteur, France et en Europe. Bernie Krause né en 1938 est permis annuel de coupe. musicien, naturaliste et profes- Cette action a permis de révéler Le professeur Coumoul travaille seur en bio-acoustique. Il a pas- que la loi sur l’avenir de l’agricul- plus particulièrement sur le « mé- sé sa vie à enregistrer sur ma- ture ne tient pas compte du lange de dioxine et de pesticides » gnétophone la musique de la na- Réglement européen entré en vi- trouvés dans la chaîne alimentai- ture : la géophonie (sons de l’eau, du vent, de la pluie) et la gueur en mars 2013 réprimant la re. Il a remarqué que ce « mélan- biophonie (son animal). « Les mise sur le marché du bois illégal : ge » majorait l’agressivité d’une habitats que j’ai enregistrés 15 à 30 % du bois commercialisé cellule tumorale du côlon car les étant en partie dégradés ou dans le monde est illégal dont POP se concentrent davantage disparus aujourd’hui, ma collec- 40 % du bois importé en Europe. tion représente des milliers de dans les aliments gras, les vian- biophonies que personne ne C’est ainsi que l’Europe dont la des, les poissons, les produits lai- pourra plus jamais entendre France contribue à la déforesta- tiers. dans leur état d’origine ». Au tra- tion en Afrique. Son équipe se penche aussi sur vers de sa quête des espaces na- SOD 12-1-2014 turels sauvages, c’est-à-dire sans les incidences de l’alcool conjugué bruit d’origine humaine, il nous aux dioxines. fait découvrir la mélodie des Pesticides : le contenu A ce stade de leurs recherches, ils sons de la nature. Les oiseaux, de nos assiettes est ont constaté que l’addition des les mammifères, les batraciens chantent en harmonie les uns plutôt alarmant différents polluants dans notre avec les autres. Le bruit d’un alimentation se révèle plus délé- avion suffit à les arrêter et par- A Bordeaux, en décembre 2013 se tère pour notre santé qu’un seul fois pendant plusieurs heures. Il sont tenues les 11e journées fran- analysé isolément. nous donne envie de s’enfoncer cophones de la nutrition aux- Que faire pour limiter cet « em- sans bruit dans un espace sauva- quelles assistaient professionnels poisonnement » ? Faire appel aux ge pour fermer les yeux et écou- de l’alimentation, chercheurs, in- ter le « Paysage sonore ». producteurs locaux, aux produits Comme il le dit, « les endroits où dustriels de l’agroalimentaire etc de saison, simplement parce que le bruit humain n’a pas encore Xavier Coumoul professeur de ces produits sont moins altérés porté atteinte aux biophonies et biochimie et toxicologie molécu- par les pesticides, fongicides ou géophonies sont merveilleuse- laire qui travaille sur le contenu autres conservateurs : tout le ment revitalisants et sources de nos assiettes dénonce celui-ci d’inspiration ». monde n’ayant pas les moyens de J.M. F. « riche » en : se payer du « bio » , et c’est dom- mage. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
bIODIVERSITé 4 Trame Verte et Bleue Régionale : Le point sur l’élaboration du SRCE C. Gouanelle, administratrice SEPANSO Il faut reconnaître que cette de- Après une série d’ateliers (thè- e Schéma Régional de L mande a été satisfaite puisque mes : Agriculture, Forêt, infras- Cohérence Ecologique tout le réseau Natura 2000 fait ac- tructure, urbanisme) effectués au (SRCE) est censé assurer la tuellement partie de la TVB. printemps 2013, des listes cohérence entre les projets Nous avons également pu propo- d’objectifs et de mesures à mett- d’aménagement du territoire et la ser d’autres zones naturelles (fo- re en œuvre ont été proposées Trame Verte et Bleue (TVB) dont rêts de feuillus ou mixtes, boca- aux différents groupes de travail l’élaboration avait été décidée lors du Grenelle de l’Environne- ges…) à intégrer dans les sous- départementaux (automne 2013) ment. C’était avant qu’il soit dit trames correspondantes, mais qui devaient les affiner, ceci dans que « l’environnement, ça com- toujours avec le regret que de le cadre d’ateliers constitués par mence à bien faire » ! nouvelles études de terrain ne grandes régions naturelles (7 L’objectif du SRCE est de « main- puissent avoir lieu, permettant pour l’Aquitaine : Littoral, vallées tenir ou de restaurer les capacités d’identifier d’autres sites à pré- alluviales majeures et marais lit- de libre évolution de la biodiversi- server. toraux estuariens ; Massifs fores- té au sein des territoires, notam- tiers des Landes de Gascogne, de ment en maintenant ou en réta- Etapes de l’élaboration du SRCE la Double et du Landais ; Périgord blissant les continuités écolo- blanc, Sarladais et Nontronnais ; giques ». • En Aquitaine, c’est la Région qui Coteaux et plateaux agricoles à En Aquitaine, l’élaboration du dès 2009 s’est empressée de met- dominante calcaire du Nord de la SRCE est co-pilotée par l’Etat via tre en place le dispositif prélimi- Garonne ; Coteaux et plateaux la DREAL et par la Région. naire à l’élaboration de la TVB : un agricoles de l’Adour ; Massif Bien que le travail ait démarré dès bureau d’études a été engagé Pyrénéen) 2009, c’est en 2011 que le Comité pour faire un inventaire des zones Au cours de la dernière réunion régional TVB a été officiellement naturelles, non fragmentées, déjà du Comité Régional TVB (31 jan- mis en place. Il comprend 5 collè- répertoriées et susceptibles de vier 2014) ont été présentées la ges : Etat, Elus, Socio-profession- constituer des réservoirs de biodi- Trame Verte et Bleue ainsi que les nels et usagers, Associations versité(RB), ainsi que des voies de propositions de mesures, ceci (c’est pourquoi la SEPANSO a été communication ou corridors éco- avant que ne débutent les consul- sollicitée), le cinquième collège logiques (CE) entre les différents tations et enquête publique en étant celui des Scientifiques et RB. Il fallait en outre identifier les vue de l’adoption du SRCE. Experts. obstacles (zones urbanisées, in- L’avis du Comité Scientifique frastructures…) empêchant la lib- Régional de Protection de la re circulation des espèces dans les Nature (CSRPN) est sollicité à CE. La TVB résulte de la cartogra- chaque étape. phie des RB, CE et obstacles. Participation de la SEPANSO : • En 2012 la première phase ex- Nous avons été invités à donner ploratoire (TERA) a été suivie de notre avis à chacune des étapes l’état des lieux des continuités de cette élaboration, et n’avons écologiques, l’identification des pas hésité à marquer notre désac- enjeux et la cartographie de la fu- Les éléments du SRCE cord lorsque des zones déjà re- ture TVB, en même temps que connues comme d’importance démarrait l’élaboration des plans Le document se compose de plu- nationale, voire européenne tel- d’action stratégiques. sieurs volets (diagnostic, descrip- les que les sites Natura 2000, tion des RB et CE, enjeux, atlas n’étaient pas systématiquement • Où en est-on en ce début de cartographique, plans d’action intégrées dans le projet de TVB. 2014 ? stratégiques.. : S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
Biodiversité 5 • Le diagnostic du territoire régio- même que les éléments fragmen- Les enjeux infra-régionaux par nal présente les grandes régions tants (infrastructures de trans- grandes régions naturelles ont été naturelles avec leurs caractéris- port, urbanisation, obstacles aux discutés lors de la concertation tiques et la biodiversité régionale continuités aquatiques), sont pré- par département. (espèces à enjeux majeurs de sentés par grande région naturel- conservation, faune et flore sau- le (7 régions citées plus haut). vages avec les politiques existan- Sont également présentés les ob- tes de conservation), les grandes jectifs de préservation ou de re- continuités naturelles (terrestres, mise en état des RB et des CE, les aériennes et aquatiques), ainsi cours d’eau classés et les zonages que les interactions entre les acti- du SDAGE 2010-2015 à préserver. vités humaines et la biodiversité (problèmes liés à l’agriculture et • Les enjeux relatifs à la préserva- la sylviculture, à l’urbanisation tion et la remise en bon état des croissante et au maillage continuités écologique, à l’échelle d’infrastructures de transport, régionale : les cartes présentent l’activité touristique, l’exploita- les zones où l’urbanisation et tion des ressources minérales l’artificialisation des sols sont à li- l’implantation d’activités produc- miter, le réseau d’infrastructures • Un atlas cartographique (cartes trices d’énergies renouvelables). à maitriser, les zones humides, les à l’échelle du 1/100 000ème) fait continuités latérales et longitudi- apparaître les composantes et les • La présentation et la description nales des cours d’eau à préserver objectifs de préservation pour les des continuités écologiques rete- ou remettre en bon état, un RB, les CE, les cours d’eau et les nues dans la TVB régionale : ces maillage de milieux ouverts à éléments fragmentants. continuités sont constituées de maintenir, une mosaïque de mi- • Des plans d’action stratégiques réservoirs de biodiversité (RB) des lieux favorables au déplacement présentés sous forme de ta- zones vitales riches en biodiversi- des espèces dans le massif des bleaux (d’objectifs, de niveau de té et des corridors écologiques Landes de Gascogne à préserver, priorité, d’actions à entreprendre, (CE) qui les relient. de même que dans l’arc forestier d’outils existants ou à développer, L’approche retenue est une cons- du Périgord, le littoral très fragile, de partenaires et de finance- truction par type de milieu (sous- l’espace montagnard et le mailla- ments potentiels). trames) : six sous-trames pour la ge de milieux naturels diffus des Les actions sont catégorisées en : trame verte, deux sous-trames grandes régions naturelles à do- - actions répondant aux orienta- pour la trame bleue. minante agricole du Nord de la tions transversales et aux enjeux Les continuités écologiques, de Garonne et de l’Adour. transversaux (amélioration des connaissances pour identifier les continuités écologiques et leur diffusion auprès des acteurs du territoire, sensibilisation et for- mation des acteurs du territoire, Trame Verte Trame Bleue limitation de l’urbanisation,…) Interface - actions territorialisées par gran- • Boisements de feuillus et forêts mixtes de région naturelle, en fonction • Boisements de conifères du particularisme des régions et milieux associés • Cours d'eau naturelles citées plus haut. • Milieux ouverts et semi- • Milieux humides Des fiches concernant les mesu- ouverts • Milieux côtiers res relatives aux actions prioritai- • Milieux rocheux d'altitude res figurent également dans le document. • Systèmes bocagers • Un dispositif de suivi et d’évaluation sera également mis en place. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
Biodiversité 6 Application au niveau Un comité de suivi et évaluation infra-régional est également prévu. Articulation de la TVB avec les La demande peut être faite en politiques publiques L’échelle régionale (1/100 000) phase de démarrage ou en cours n’étant pas adaptée pour une uti- d’élaboration d’un SCoT ou PLU. Afin, théoriquement, de ne pas lisation locale, des trames plus Ce serait gratuit pour les porteurs ajouter une strate supplémentai- précises devraient être élaborées de projets (financement par l’Etat re au mille-feuille existant, il localement. Les RB, CE et enjeux et la Région). convient de mettre le SRCE en co- devront faire l’objet d’un travail hérence avec tous les documents spécifique à l’échelle des SCoT • En Béarn : une expérience de re- dont les objectifs sont censés al- avant une prise en compte au ni- connexion de tourbières (plaine ler dans le même sens. Ainsi : veau des PLU. d’Ogeu) par le Conservatoire des • Le SRCE doit prendre en compte Espaces Naturels (CEN Béarn)5. les orientations nationales et le Un inventaire des zones humides Schéma Directeur d’Aménage- a montré que des tourbières à ment et de Gestion des Eaux Sphaignes étaient déconnectées (SDAGE), celui-ci devra en retour et en régression dans ce secteur. intégrer la TVB. En partenariat avec un agriculteur • Le SRCE doit être pris en comp- le CEN a entrepris de réhabiliter te dans les documents de planifi- les connexions. cation et les projets de l’Etat (ex. infrastructures de transport) ainsi La grande question étant de sa- Tout en reconnaissant la qualité que dans les Documents de plani- voir avec quels moyens les por- du travail effectué par les services fication et projets des collectivités teurs de projets (SCoT, PLU et au- publics, nous restons pessimistes territoriales et de leurs groupe- tres) vont pouvoir mettre en œu- quant à l’efficacité de cet outil ments (ex. SCoT, PLU, DTADD, vre ce SRCE, deux expériences lo- supplémentaire, sans portée juri- SRADT, PRAD, PPRDF…)1 ; cales ont été présentées lors de la dique réelle, et dont l’application dernière réunion du comité régio- reste tributaire de la volonté des • D‘autres documents doivent nal TVB : élus territoriaux. Malgré les expé- être articulés avec le SRCE riences intéressantes qui existent (ORGFH, SCAP, SRCAE, SRIT…)2. • En Dordogne : les CAUE4 propo- dans certains secteurs, seule une sent une « Assistance Continuités volonté politique permettra une Au regard des différents niveaux écologiques » aux porteurs de réelle préservation de notre envi- d’opposabilité existants3, on au- projets SCoT et PLU. Une expé- ronnement. rait souhaité que le niveau retenu rience est en cours sur des espa- pour la mise en œuvre du SRCE ces naturels sensibles (ENS) de soit nettement supérieur. 2009 à 2015. Le SRCE d’Aquitaine sera égale- Cette assistance comprend un vo- ment articulé avec ceux des ré- let expertise (en relation avec des gions voisines (Midi-Pyrénées, naturalistes et recherche appli- Poitou-Charentes et Limousin). quée) et un volet accompagne- ment (avec écologues, géogra- phes…). 1 SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale), PLU (Plan Local d’Urbanisme), DTADD (Directive Territoriale d’Aménagement et de Développement Durable), SRADT (Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du Territoire), PRAD (Plan régional d’Agriculture Durable), PPRDF (Plan Pluriannuel Régional de développement Forestier) 2 ORGFH (Orientations Régionales de la Faune Sauvage et de ses Habitats), SCAP (Stratégie de Création d’Aires Protégées), SRCAE (Schéma Régional Climat Air Energie), SRIT (Schéma Régional des Infrastructures, des Transports et de l’Intermodalité) 3 Trois niveaux d’opposabilité : la Prise en compte étant le plus bas (possibilité de déroger sous contrôle d’un juge), la compatibilité (nécessité de ne pas empêcher ou contrarier l’application de la norme de degré supérieur), la conformité (identité obligatoire à la norme de degré supérieur) est la seule véritable opposabilité. 4 CAUE : Conseil Architecture Urbanisme et Environnement (un par département) 5 Contact CEN : Maud Briand 05 59 04 49 13 ou http://patrimoine-naturel.aquitaine.fr/aquitaine-nature/le-reseau-aquitaine-nature/218-la-carte-des-sites-du- reseau-aquitaine-nature/tourbiere-de-buzy-et-de-la-plaine-d-ogeu-130/ S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
BIODIVERSITE 7 Les espèces exotiques envahissantes Georges Cingal SEPANSO, administrateur FNE, membre du Comité Economique C’est ainsi que la Commission en et Social Européen. 2006 en définissant le plan d’action de l’Union européenne e revenons pas sur les dé- N bats sémantiques (invasi- ve/envahissante, exogè- ne/exotique). L’expression est (UE) pour enrayer la biodiversité a souligné que des envahissantes dominaient certaines espèces in- digènes et qu’il convenait de désormais consacrée par des tex- prendre des mesures générales tes officiels puisque les expériences locales Ecrevisse de Louisiane Ce sujet préoccupant a fait l’objet étaient vouées à l’échec (ce qui ne signifiait pas qu’il fallait cesser La Commission décida de sensibi- d’un lobbying important de la SE- d’agir localement !). En 2008, la liser le public en publiant une ex- PANSO au niveau régional, natio- Commission lança une communi- cellente plaquette (4 pages) en nal et européen. Nous souhai- cation vers une stratégie de l’UE mai 2009 tions que le mal soit traité dès l’apparition des premières mani- relative aux espèces envahissan- Les propositions d’action tardè- festations du problème. Hélas il a tes. Les trois étapes se résument rent à arriver, mais après l’alerte fallu attendre que le problème ainsi : lancée en février 2013 par environnemental devienne un l’Agence européenne de l’envi- • la prévention reste la démarche problème économique pour qu’il ronnement, la Commission a la moins onéreuse et la plus effi- soit enfin traité. présenté en septembre 2013 une cace. Elle nécessite d’instaurer des contrôles plus stricts aux fron- proposition législative pour pro- Antérieurement la SEPANSO a pu- tières et d’échanger les informa- téger la biodiversité : « Proposi- blié en un numéro spécial (120- tions aux niveaux régional, natio- tion de Règlement du Parlement 121 - 2003 ), téléchargeable sur nal et international. Ainsi « la européen et du conseil relatif à la notre site Internet1. mise en application de la conven- prévention et à la gestion de Déjà à cette époque divers ac- l’introduction et de la propaga- teurs furent sensibilisés à la pro- tion pour le contrôle et la gestion des eaux de ballast pourrait régler tion des espèces exotiques enva- blématique à tel point que hissantes » COM(2013) 620 final – l'Agence de l’Eau et les Conseils un certain nombre de problè- mes ». 2013/0307 (COD)2. généraux de Dordogne, de • L’éradication est la mesure qui Dès lors le Comité Economique et Gironde, du Lot & Garonne ap- s’impose lorsque des espèces en- Social fut saisi pour émettre un portèrent un soutien financier vahissantes sont implantées. avis. Un groupe de travail fut pour que nous puissions rééditer « Pour couvrir ces zones étendues, constitué et je fus désigné comme ce numéro. L’arrivée du frelon de telles actions nécessitent une rapporteur. Les travaux furent asiatique en 2005 montra que coordination et un financement d’autant plus intéressants que chacun pouvait être affecté. centralisé. » l’expérience française (invasives Le lobbying des scientifiques et • Le confinement et l’endigue- apportées par les Américains lors des associatifs a permis dans un ment, si l’éradication est impossi- du débarquement en juin 1944) premier temps d’obtenir une ble, sont nécessaires pour préve- fut complétée par les expériences écoute au Parlement européen et nir la propagation des envahissan- hongroise et polonaise (invasives au Conseil de l’Europe, puis dans tes. « Les autorités locales sont apportées par les troupes russes). un deuxième temps de l’Agence souvent les premières concernées Toutefois l’immense majorité des Européenne de l’Environnement pour traiter ces problèmes, et doi- invasives sont les conséquences et enfin celle de la Commission de vent donc être accompagnées. » d’actions humaines en temps de l’Union européenne. paix. 1http://www.sepanso.org/so_nature/son120-121.php. 2http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:52008DC0789:FR:NOT S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
Biodiversité 8 Nous espérons une validation ra- pide par le Conseil et la gestion Nous sommes directement res- efficace de la problématique. ponsables des situations catastro- phiques identifiées : au niveau de Conclusions et recommanda- l’Union Internationale pour la tions du Comité Economique et Conservation de la Nature, les ex- Social Européen perts ont établi que 80% des pro- blèmes résultent des échanges 1 - Le CESE apprécie la communi- commerciaux cation de la Commission et la vo- lonté de faire adopter un instru- L’avis souligne que le problème ment juridique communautaire Ragondins des espèces exotiques envahis- d’autant plus nécessaire en raison santes nous concerne tous à un ti- des problèmes climatiques (mi- On s’accorde à penser que la fac- tre ou à un autre puisqu’il y a des grations naturelles vers le nord), ture risque encore de s’aggraver. milliers d'espèces et que tous les mais il tient à souligner que la ré- A titre de comparaison les cata- milieux sont concernés (même si ponse risque d’apparaître tardive strophes naturelles sur notre pla- les zones les moins fréquentées à ceux qui avaient lancé des aler- nète ont coûté 92 milliards. sont les plus touchées : zones hu- tes il y a longtemps. Le CESE esti- mides, délaissés, friches … et si la Le sujet est donc plutôt consen- me que la Commission aurait in- gravité est plus ou moins impor- suel comme nous avons pu le térêt à s’assurer que le titre tante) constater lors de nos travaux, les- même de la communication con- quels nous ont amené à dialoguer vient aux scientifiques dans les di- • Atteinte à la biodiversité : la avec divers experts et responsa- verses langues de l’Union. Nous compétition interspécifique se bles politiques des Etats memb- préférerions le terme d’espèces traduit toujours par un vainqueur res. Nous avons fait le même allogènes invasives (ou envahis- et un vaincu. C’est ainsi que les constat lors de nos échanges avec santes, EEE). populations d’écureuils roux, de la Commission et en examinant vison d’Europe, de cistudes, 2 - Le CESE estime que la lutte comment le sujet a été traité au d’écrevisses européennes (pieds contre les espèces invasives de- niveau du Parlement qui a organi- rouges ou blanc), de truites fario, vrait être considérée comme une sé une conférence à ce sujet le 17 de certains anatidés et de diver- grande cause européenne. Il se décembre. L’immense majorité ses plantes se sont avérées possé- félicite de l’engagement de la pense que nous avons trop tardé der un dynamisme inférieur à ce- Commission qui souhaite mettre et qu’il est urgent de passer à lui de leurs compétiteurs (écu- en place un dispositif général de l’action dans la mesure où l’on reuil gris de Sibérie, vison d’Amé- lutte contre les espèces allogènes peut craindre des effets de syner- rique, tortue de Floride, écrevisse invasives. Le CESE conseille toute- gie entre les invasions et les chan- de Louisiane, truite arc-en-ciel, fois à la Commission d’expliquer gements climatiques. Nous som- jussies…). plus clairement les causes de ces mes directement responsables • Atteinte aux infrastructures problèmes afin que la nécessité des situations catastrophiques • Atteinte aux secteurs écono- d’une mobilisation massive identifiées : au niveau de l’Union miques primaires : agriculture, fo- d’acteurs apparaisse nettement Internationale pour la Conserva- resterie, pêche pour apporter tous les éléments tion de la Nature, les experts ont • Atteinte à la santé : les organis- utiles à l’organisme en charge du établi que 80% des problèmes ré- mes vivants réagissent parfois dossier. sultent des échanges commer- très mal en présence de ces espè- ciaux. ces auxquelles ils n’étaient pas ha- bitués, au point de développer Vous serez sans doute heureux des allergies parfois sévères. d’apprendre que nous avons fait Le bilan économique, probable- les mêmes analyses que le groupe ment sous-évalué mérite toute de parlementaires et que nous notre attention : 12,5 milliards sommes arrivés pratiquement d’euros par an pour l’UE. aux mêmes conclusions. Marais envahi de jussies en fleurs S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
BIODIVERSITé 9 Le CESE conseille également à la experts, des animateurs sur le ter- Commission de rappeler les ef- rain et des porteurs de projets. Un vendredi 13 qui porte forts déjà consentis pour condui- re des expériences de lutte contre 5 - Le CESE espère que le disposi- bonheur aux opposants des proliférations d’espèces intro- tif sera effectivement présenté au aux OGM duites posant des problèmes: cours de la présente mandature programmes LIFE par exemple. Le du Parlement européen, ce qui En janvier 2012, BASF annonçait Comité émet des doutes quant à permettrait qu’il soit opération- qu’il renonçait à vendre Amflo- nel avant 2016. Le système de ra, cette pomme de terre OGM la limitation de la liste des espè- pour laquelle la Commission de ces invasives à cinquante espèces. surveillance tel qu’il est proposé devra reposer sur une validation l’Union européenne, sous l’in- fluence de son président José 3 - Le CESE apprécie la volonté de des communautés scientifiques Manuel Barroso, avait délivré la Commission d’associer les ci- et contribuer à la définition d’une une autorisation de commercia- toyens à la lutte contre les prolifé- liste d’indicateurs recommandés lisation en 2010. Le succès com- rations d’espèces allogènes qui par la Convention sur la diversité mercial n’était pas au rendez- sont constatées actuellement. biologique, en particulier dans vous puisque quelques centai- Mais le CESE apprécierait que la l’objectif 9: “D’ici à 2020, les espè- nes d’hectares seulement Commission invite également les ces exotiques envahissantes et les avaient été mis en culture en citoyens à s’informer et à partici- voies d’introduction sont identi- Allemagne, en Suède et en per à la lutte préventive. fiées et classées en ordre de prio- République Tchèque. La SEPAN- SO avait à Bruxelles en diverses rité, les espèces prioritaires sont Le CESE souligne le rôle important occasions souligné l’ineptie de la contrôlées ou éradiquées et des démarche de BASF puisque cha- joué par des organisations de la mesures sont en place pour gérer cun sait qu’il est impossible de société civile, en particulier pour les voies de pénétration, afin récolter 100% des tubercules ; la gestion d’espaces naturels ou d’empêcher l’introduction et n’est-ce pas d’ailleurs la raison récréatifs. l’établissement de ces espèces”. pour laquelle aussi peu d’agri- Le CESE invite la Commission à culteurs se sont montrés intéres- 4 - Le CESE invite donc la Com- sés ? mission à examiner la possibilité envisager la création d’un Groupe d’examen scientifique (Scienti- Nous n’avions pas été les seuls à de créer un Observatoire des contester. Au plus haut niveau, la plantes allogènes invasives, le- fic Study Group) sur la base du rè- glement (CE) n° 338/97 qui puisse Hongrie déposa un recours pour quel serait à la fois en charge du obtenir l’annulation de la déci- tableau de bord européen et en modifier la liste. sion européenne ; ce pays reçut charge des échanges avec les pays Le document complet est télé- le soutien de l’Autriche, de la en dehors de l’UE. Le CESE entend France, du Luxembourg et de la chargeable dans toutes les lan- par Observatoire européen un Pologne… Le vendredi 13 dé- gues de l’UE à l’adresse suivante : cembre la Cour Européenne de point focal bien identifié qui per- http://www.eesc.europa.eu/?i=portal.fr. mettrait de rapprocher les scienti- Justice a donné raison à ceux qui nat-opinions.30555 voulaient la fin des champs fiques et les citoyens de l’UE en d’Amflora. les mobilisant sur des problèmes La SEPANSO s’est réjouie ; elle concrets. Il serait alors possible considère comme José Bové que de valoriser les initiatives locales la décision juridique est un ca- et de souligner les convergences mouflet pour J.M. Barroso. dans un programme léger de Nous espérons que la Commis- communication (pages du site sion, au moment où il va falloir Internet). Le CESE estime que la prendre une décision concer- création d’un Observatoire, en nant le maïs OGM Bt de Pioneer charge de la gestion des ques- renoncera à passer en force tions transversales et transdisci- comme elle l’avait fait pour plinaires, serait probablement un Amflora. élément favorable à la mobilisa- G. Cingal Myriophylle du Brésil tion générale indispensable des S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
10 Parc national des Pyrénées, Une Charte pour ... Textes et photos : André Etchelecou Art. L. 331-1. − Un parc national peut être créé à partir d’espaces ter- Membre du Conseil Scientifique restres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particulièrement la du Parc national des Pyrénées de- faune, la flore, le sol, le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les paysa- puis 1980, Président (1995-2009). ges et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu’ils comportent pré- Coordinateur de la Conférence sentent un intérêt spécial et qu’il importe d’en assurer la protection des Présidents de Conseils scien- en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d’en tifiques des Parcs nationaux altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution (2006-2008). ... Charte, un terme nouveau qui s’applique désormais aux parcs na- tionaux français, depuis la loi de 2006 qui a rénové le régime juri- dique des espaces naturels d’ex- ception. La complexité naturaliste dépend maintenant de dispositions très compliquées, entraînant des appréciations fort divergentes dans la conduite des parcs. Une nouvelle loi, un nouveau décret de création du parc même pour les parcs natio- naux existants, et, pour chaque parc, un décret en Conseil d’Etat approuvant une charte qui a pour objet de poser pour la zone cœur, les modalités d’application des dispositions réglementaires et les objectifs de protection, et pour l’aire d’adhésion, les orientations de gestion. Vue sur le Pic d'Anie Autant dire que, localement, la On a ajouté une instance supplémentaire : outre le conseil d’administration, Charte devient le document de ré- son bureau, le conseil scientifique, les parcs nationaux ont désormais un férence même si, du strict point de conseil économique, social et culturel. La tutelle de l’Etat est juridiquement vue juridique, c’est d’abord la loi maintenue mais très affaiblie, de fait, par une majorité d’élus locaux dans qui sera la référence des arbitrages l’instance délibérante, le conseil d’administration. à faire, et notamment l’article fon- dateur. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
11 un territoire d’exception ? Panorama du Cirque de Lescun, d'Ansabère au Pic de Coutende Le Parc national des Pyrénées, trois quarts des communes ... favorables Seuls les Parcs nationaux du Mercantour, des Ecrins et des Pyrénées ont, à ce jour, bouclé l’ensemble de la lourde procédure instituée par la nouvelle loi de 2006 (arrêtés préfectoraux “constatant l’adhésion des communes à la Charte” : respectivement 12 août, 8 août, 18 novembre 20131). On note ainsi que, sur les 86 communes de l’ancien découpage territorial du Parc des Pyrénées, seules 12 commu- nes des Pyrénées-Atlantiques et 51 communes des Hautes-Pyrénées ont accepté la Charte. Restent donc 23 com- munes qui ont refusé d’adhérer ou de voter sur l’adhésion. Légende : Limite Nord du Parc national des Pyrénées Limite départementale Limite de l'Aire otpimale d'adhésion Limite administrative des communes en aire optimale d'adhésion Zone coeur du Parc national des Pyrénées Commune ayant délibéré favorablement Commune ayant délibéré défavorablement 1 Je remercie Gilles Landrieu (Parcs nationaux de France) pour la communication de ces arrêtés. S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
12 « La Charte du parc national définit des zones, leur vocation et les priorités de gestion en évaluant l’impact de chaque usage sur le patrimoine » (art. 2 Arrêté du 23 février 2007 arrêtant les principes La vie du PNP : une Refuser d’être dans la zone fondamentaux applicables à l’ensemble histoire toujours d’adhésion conduit théoriquement des parcs nationaux) compliquée ... à la suppression des possibilités de Le Parc national des Pyrénées a été struc- turé en sept types d’espace avec trois ty- subventions liées à l’appartenance pes d’enjeu : Le Parc national des Pyrénées a au territoire du parc2 et à une ac- Espace à vocation urbaine et architectu- toujours été en controverses per- rale tualisation du périmètre du PN, Espace à vocation agricole et urbaine manentes. Rappelons succincte- pour tracer l’aire d’adhésion obte- Espace naturel à vocation agricole et ment que le Conseil de l’Europe agro-pastorale nue. En réalité, bon nombre de ces Espace naturel à vocation agro-pastorale avait alerté les autorités françaises communes récalcitrantes ont fait et forestière en 1981 pour que soit davantage un vote malin : afficher une opposi- Espace naturel à vocation forestière Espace naturel à vocation touristique prise en compte la finalité biolo- tion de façade tout en gardant les Espace rocheux d’altitude à vocation na- gique du PNP, puis avait décidé, dix avantages de l’appartenance terri- turelle Enjeu écologique ans après, la non reconduction du toriale au coeur (Borce, Lescun, Enjeu culturel Diplôme européen tant que des Urdos, Laruns, Aragnouet). Enjeu paysager compensations substantielles n’au- ront pas été obtenues par un plan Un coeur de parc Les instances du parc des Pyrénées de protection efficace de l’Ours des avec de lourds n’ont pas attendu pour identifier Pyrénées et par la protection de la sans délai un programme quadrien- vallée du Soussouéou. arbitrages à venir nal d’actions qui ne peut laisser in- Rappelons encore que, si l’inscri- différent : la première action étant ption au Patrimoine mondial du Le Parc national des Pyrénées reste la réhabilitation du centre de jour massif transfrontalier du Mont- donc un espace valorisant très por- du Somport. Perdu a été obtenue en 1997, teur pour la très grande majorité l’UNESCO demande, d’ici le 1er fé- des communes. Toutefois, plus que vrier 2014, un rapport sur la reloca- des inquiétudes, des problèmes de lisation du Festival de Gavarnie (qui compatibilité entre actions pro- se déroule tous les ans dans le grammées et vocations prioritaires coeur du parc) et la fermeture de la de protection du patrimoine vont route de Troumouse (dans le coeur inévitablement se poser. du parc). Car, à vouloir à tout prix une Charte la plus consensuelle possible, on y trouve rassemblées toutes les de- mandes formulées tant en matière d’aménagements que d’activités. Pointons notamment les déroga- tions réglementaires très larges pour les personnes exerçant des ac- tivités agricoles, pastorales, fores- tières (article 20 du décret 2009- 406), ainsi que la carte des voca- tions du coeur du parc qui conduit à considérer que le coeur du parc peut avoir, selon le secteur, des dispositions d’aménagements et d’activités spécifiques (Annexe à la Charte du parc3) avec une énorme question pour le choix des priorités de gestion lorsque se superposent des vocations différentes. Grange patrimoine 2 En 2013, les aides liées à l’appartenance au parc national des Pyrénées ont concerné 78 projets pour un montant de 764 485 euros (source : Empreintes, n°34 p. 6). 3 Pour toutes les références, le téléchargement des textes est possible au site du parc national des Pyrénées : http://www.parc-pyrenees.com/diffusion-des-don- nees.html S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 162
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