Caritas.mag - Être bénévole aujourd hui Un engagement à choix multiple
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Caritas.mag Le magazine des Caritas de Suisse romande N° 23 — AVRIL 2021 Être bénévole Les nouvelles logiques du bénévolat — aujourd’hui Page 4 Les gestes barrières Un engagement à choix multiple contre l’endettement — Page 16 Jura
Sommaire ÉDITORIAL 3 Jean-Nöel Maillard, directeur de Caritas Jura ÊTRE BÉNÉVOLE AUJOURD’HUI Les nouvelles logiques du bénévolat 4-7 Près de 5000 personnes ont offert une partie de leur temps pour Caritas en 2020. La pandémie du coronavirus a mis en lumière l’importance d’un renouvellement constant des bénévoles dont les motivations évoluent. La belle quête du sens 8 Commentaire de Corinne Jaquiéry, rédactrice en chef Almanach social 2021 : La pauvreté exclut 8 Caritas Suisse invite des chercheuses et chercheurs à s’expri- mer sur l’exclusion. Un écho à la crise actuelle qui augmente la marginalisation des Suisses et Suissesses déjà précarisé·e·s. Derrière le rideau se cachent les essentiels 9 - 10 Portrait. Chanteuse lyrique et jazz woman au répertoire 4 impressionnant, Barbara Hendricks est une femme à l’humanisme vibrant. Peter Marbet, nouveau directeur 11 de Caritas Suisse Il a succédé à Hugo Fasel en janvier 2021. Riche d’expérience dans les domaines de la santé et de la formation, le Bernois souhaite encore renforcer la collaboration entre Caritas Suisse et les Caritas régionales. CARITAS JURA . Bénévole ? pourquoi pas ! 12-13 Le bénévolat est essentiel au fonctionnement de Caritas Jura. Témoignages de celles et ceux qui s’engagent à nos côtés. La vélomania, une conséquence du covid-19 14 14 Caritas Jura a mis sur pied un atelier réparation vélo toutes marques pour répondre aux besoins des personnes à petits budgets. Familles d’accueil, lancez-vous ! 15 COVID-19 Pour des jeunes en rupture, Caritas Jura et Caritas Placement familial recherchent des familles motivées. BAISSE DE SALAIRE, CHÔMAGE... La crise du covid va faire mal 16-17 sur le long terme. Avec les baisses de salaire prolongées en RHT, Caritas s’inquiète. De nombreuses personnes aux budgets fragiles VOUS POUVEZ RECEVOIR DE L’AIDE ! risquent de basculer dans l’endettement. ✔ ✔ Agenda | Une idée qui en dit long 18 Appels à votre soutien 19 16Eviter de « jongler » avec les arrangements et délais de paiement Demander de l’aide SANS ATTENDRE : 032 420 51 40 ( aides ponctuelles covid ) Faire un budget et essayer de réduire ses charges et dépenses au maximum Caritas.mag 23/21 2
ÉDITO Le plaisir d’aider Aider et plaisir: ce sont les deux premiers mots qui res- sortent des motivations des personnes qui s’engagent bénévo- lement dans une organisation sociale, selon l’édition 2020 de l’Observatoire du bénévolat en Suisse. 3.3% de la population de notre pays travaille bénévolement pour des associations telles que Caritas, représentant plus de 230 000 personnes, Jean-Nöel Maillard dont 60% de femmes. Jour après jour, des centaines de béné- Directeur de Caritas Jura voles s’activent pour que nos Caritas puissent effectuer leurs missions. Pour beaucoup, le visage de Caritas, c’est le visage d’une ou d’un bénévole. Pourquoi tant de générosité et tant de dons, particuliè- rement en cette période difficile de crise sanitaire? Le don est constitutif de notre humanité. Il est notre manière de montrer à la personne que nous rencontrons qu’elle a de l’importance à nos yeux, que nous l’apprécions. Quand nous donnons, nous créons en même temps l’espace pour recevoir en retour. En fait quand nous donnons, nous sommes les premiers bénéficiaires de notre geste. Mais de quel bénéfice parlons-nous ? Cela nous rend heureux de donner, de nous donner. Au travers d’un geste, nous faisons vivre et circuler une relation, une attention à l’autre, en d’autres termes nous faisons circuler la bienveil- lance, certains évoqueront l’amour. En off rant bénévolement de notre temps, on entre dans l’échange et dans le mouvement du don réciproque. Chacun d’entre nous en a fait l’expérience: lorsque nous accompagnons et soutenons des personnes Impressum Caritas.mag – Le magazine des Caritas de Suisse romande – souvent par de petits gestes ou un simple regard généreux - (Jura, Fribourg, Genève, Neuchâtel, Vaud) nous nous apercevons que nous avons plus reçu que donné. paraît deux fois par an Tirage global : 40 543 ex. Caritas signifie charité qui traduit le terme grec Agapè Tirage Caritas Jura : 8447 ex. (amour divin), il représente un amour inconditionnel et gratuit. Responsable d’édition : Jean-Noël Maillard, directeur de Caritas Jura Les bénévoles qui s’engagent à Caritas nous confient leur envie Rédactrice en chef : Corinne Jaquiéry de donner, leur besoin de créer du lien, leur aspiration à se sentir Rédaction : Françoise Schaff ter utiles et solidaires. Ce numéro du Caritas.mag évoque plusieurs Corrections : Florence Marville parcours de bénévoles qui ont trouvé – parmi les nombreuses Maquette : www.tier-schule.ch Impression : www.pcl.ch prestations proposées par Caritas – une activité répondant à Caritas Jura leur aspiration profonde. Leur témoignage suscitera peut-être Rue du Temple 19 2800 Delémont | 032 421 35 60 en vous, qui sait, une envie de vous engager. Si tel devait être www.caritas-jura.ch le cas, n’hésitez pas à nous contacter. Enfin, cet édito manquerait son but s’il se terminait sans Caritas Jura remercier chaleureusement toutes les personnes qui s’engagent par ZEWO. bénévolement à Caritas et ailleurs. Un immense merci. 3
Être bénévole aujourd’hui Les nouvelles logiques du bénévolat Textes : Corinne Jaquiéry / photos : Sedrik Nemeth Près de 5000 personnes « Merci. C’est bien ce que vous faites ! » Accom- pagnés d’un grand sourire, ces quelques mots font ont offert une partie de instantanément oublier le froid qui vous étreint et vos pieds devenus glaçons lors de cette journée de leur temps pour Caritas récolte alimentaire de fin novembre dernier placée sous le signe du Samedi du partage. Organisée régu- en 2020. La pandémie lièrement dans la région lausannoise et à Genève, elle permet de récolter des tonnes de nourriture et du coronavirus a mis en de produits d’hygiène redistribuées aux plus pré- caires. Aux côtés d’autres bénévoles, le plaisir de se lumière l’importance sentir utile aide à surmonter sa frilosité et stimule l’envie de s’engager plus régulièrement. d’un renouvellement Si le plaisir est la motivation essentielle des constant des bénévoles suisses (70%), c’est la volonté de rencon- trer (56%) et d’aider (52%) les autres qui pousse plus bénévoles dont les particulièrement ceux qui s’engagent dans des orga- nisations caritatives comme Caritas selon L’Obser- motivations évoluent. vatoire du bénévolat 2020. Caritas.mag 23/21 4
« Le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui » Jean de La Bruyère Récolte de denrées alimentaires et de produits d’hygiène par des bénévoles lors du Samedi du partage. Stockage à la CA-RL (Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise) qui les redistribue à différentes associations. On m’a aussi soutenu à risque. Sans elles, les organisations Caritas qui en comptent un grand nombre, ont rapidement dû « J’ai toujours eu le besoin d’aider les autres », trouver d’autres solutions pour continuer à répondre explique Alex Lehmann, 42 ans, engagé auprès de aux besoins de ses bénéficiaires. Les plateformes de la Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise bénévolat en ligne mises en place au niveau national (CA-RL), une prestation soutenue par la Ville de et cantonal ont contribué à trouver rapidement les Lausanne gérée par Caritas Vaud, qui a pour mis- forces nécessaires. La plateforme principale, www. sion de fournir une aide alimentaire à plus de trente benevol-jobs.ch, relaie en tout temps les demandes associations du grand Lausanne venant en aide aux de quelque 2783 organisations dont Caritas. Les personnes en situation de précarité. Grâce au der- réseaux sociaux sont également devenus une source nier Samedi du partage, elle a reçu plus de 50 tonnes d’informations pour certains bénévoles, comme de denrées alimentaires et de produits d’hygiène. Alex qui y a trouvé la recherche de volontaires de « On m’a aussi soutenu », relate le bénévole de la Caritas Vaud pour la CA-RL. CA-RL en précisant : « Ce sont souvent les gens qui ont le moins qui vous donnent le plus. Je passe ma vie entre la Suisse et les Philippines. Là-bas, je suis Être en lien avec les autres arrivé sans rien. J’ai même connu la faim et ce sont Audrey Corlay, 30 ans, est passée quant à elle les plus pauvres qui ont partagé de la nourriture par la plateforme, créée spécialement par le Canton avec moi. Cela fait chaud au cœur et au corps. » de Vaud au plus fort de la crise, pour s’engager dans le bénévolat. Celle-ci a retenu toute son attention. Du temps sans argent « Sans travail, je voulais me sentir utile et aussi nouer Plus de 200 000 heures de travail ont été des liens avec de nouvelles personnes. Aujourd’hui, offertes au réseau Caritas (organisations régionales) j’ai retrouvé du travail. J’aimerais continuer à faire et à Caritas Suisse en 2020, de la part de bénévoles quelque chose pour les autres tout en ayant une plus nombreux avant la pandémie, car une partie certaine flexibilité. » Estime de soi et entretien d’un d’entre eux est constituée de personnes retraitées réseau relationnel sont des motivations phares pour invitées à rester à la maison en tant que personnes le bénévolat actuel, notamment parmi les jeunes Photos © Sedrik Nemeth 5
Être bénévole aujourd’hui qui souhaitent effectivement une activité flexible dans notre société, ils sont issus en partie de l’utili- voire en ligne, et acquérir de nouvelles compétences. sation de nouvelles technologies censées nous faci- « En travaillant à la centrale alimentaire, j’ai pris liter l’accès à plus de liberté, mais paradoxalement conscience de l’importance de chaque don car j’ai elles sont chronophages. De cette manière, elles aussi travaillé pour le Samedi du partage. Tout cela accroissent aussi le rythme de la vie avec une accé- m’a aussi appris à moins gaspiller. » lération qui touche à la fois la vie personnelle et la vie sociale. Les identités deviennent tissées d’expé- En Suisse, en 2020, 35% des bénévoles désirent riences juxtaposées : chaque engagement, amical, aussi rendre un peu de ce qu’ils ont reçu. C’est le cas amoureux ou social finit par prendre la forme d’un de Laurence Strippoli, 51 ans, secrétaire bénévole à « projet » sans projection. la CA-RL. Psychologue indépendante, elle aimerait retrouver un poste de salariée. « J’ai eu des gros sou- Selon Sandrine Cortessis, docteure en sciences cis de santé quand j’étais jeune. Dans ce contexte, de l’éducation, Senior Researcher à l’Institut fédé- le soutien d’autres personnes a été fondamental. J’ai ral des hautes études en formation professionnelle moi-même créé une association pour les malvoyants. (IFFP), la quête d’éternité a été remplacée par une Aider les autres m’enrichit, me porte et renforce quête d’intensité, même chez les adultes. Coautrice mon estime personnelle. J’aimerais dire aux jeunes du Bénévolat des jeunes : une forme alternative d’édu- qui hésitent à s’engager dans une activité bénévole cation, elle observe qu’il faut aujourd’hui faire toutes que ce n’est pas une contrainte, mais vraiment un sortes d’expériences, y compris dans le domaine du plaisir de rencontrer des personnes différentes de soi, bénévolat, mais que ces expériences doivent être de et qui ouvre sur de nouveaux horizons. » courte durée. « Actuellement, en cette période de semi-confinement, on apprend plutôt à renoncer, à ne plus faire de nouvelles expériences, puisque L’aspiration vers les expériences nous sommes contraints de moins voyager, de faire Selon l’enquête de l’Observatoire du béné- moins de sport en équipe ou de ne pas participer à volat, l’affirmation d’un déclin du bénévolat lié un événement festif. Une situation qui va peut-être au déclin du lien social (lire notamment le livre donner envie de décélérer et de prendre plus de Bowling Alone du sociologue américain Robert temps pour chaque projet bénévole. » Putnam (1995, 2000) doit être largement tempé- rée. Divers chercheurs – notamment en Suisse et en Allemagne – ne constatent pas un déclin géné- Laurence, secrétaire bénévole à la CA-RL, ral du travail bénévole, mais plutôt un abandon échange avec Dorian, apprenti, sur les stocks. des formes traditionnelles d’engagement au profit de nouvelles formes et de nouveaux domaines (lire pour la Suisse : par ex. Samochowiec, Thalmann et Müller 2018). Aujourd’hui, il faudrait toutefois pérenniser les élans spontanés du type de ceux nés pendant la pandémie malgré notre époque qui invite à zapper. Pour Hartmut Rosa, sociologue et philosophe allemand, nul n’échappe aux effets de l’accélération BÉNÉVOLES POUR LE RÉSEAU CARITAS (CANTONS) ET CARITAS SUISSE EN 2020 4726 PERSONNES } 237 061 * Estimation HEURES DE TRAVAIL FOURNIES* Caritas.mag 23/21 6 Photos © Sedrik Nemeth
Bénévolat écologique Au XXIe siècle, les activités bénévoles sur La Suisse, un pays d’engagement internet foisonnent. On gère le site d’une associa- tion ou d’une organisation, on anime un groupe sur La population suisse fait preuve d’un très fort les réseaux sociaux ou on publie et diffuse des infor- engagement: 39% des Suisses âgés de 15 ans et mations concernant des initiatives d’utilité publique plus ont une activité formelle au sein d’associa- telles celles destinées aux bénéficiaires de Caritas. tions ou d’organisations; 46% accomplissent un La thématique écologique est également très travail bénévole informel en prodiguant des soins attendue. Elle correspond aux nouvelles logiques ou un accompagnement à des personnes hors du bénévolat qui s’érigent sur quatre piliers prin- du cadre d’associations ou d’organisations, en cipaux : du temps, une thématique intéressante, de apportant leur aide à d’autres, ou en donnant des la flexibilité et une bonne équipe. De quoi imagi- coups de main dans le cadre de manifestations ner des projets collectifs dans lesquels beaucoup de ou d’événements. Une autre forme de bénévolat jeunes se reconnaîtront et qui pourraient s’articu- est le don: 71% de la population suisse donne de ler autour de l’économie de partage – covoituring, l’argent, 7% donne son sang. prêt de matériel, plantations de potagers commu- Il est presque impensable d’imaginer la Suisse nautaires, etc. – ou recyclages et upcycling divers sans travail bénévole. Qu’il s’agisse des organes et variés dans lesquels les Caritas régionales se pro- et postes politiques et publics, des organisa- filent déjà aisément. tions d’aide et des églises, des acteurs sociaux, des nombreuses activités de loisirs, du domaine Source : L’Observatoire du bénévolat 2020. Markus Lamprecht, des soins ou de l’entraide de voisinage : partout, Adrian Fischer, Hanspeter Stamm (dir.) Éditions Seismo, 2020. le travail bénévole joue un rôle central. Sans Accélération. Une critique sociale du temps, Hartmut Rosa. engagement bénévole, l’un des piliers de notre Traduit de l’allemand par Didier Renault, La Découverte, 2013. vie en collectivité s’effondrerait. Le bénévolat des jeunes. Une forme alternative d’éducation. Éditions Seismo, 2019. Renseignements : www.benevol-jobs.ch Samedi du partage : prochaine récolte 4 et 5 juin 2021. www.samedidupartage.ch Dessin © Pitch Comment 7
Être bénévole aujourd’hui COMMENTAIRE Almanach social 2021 : La pauvreté exclut Caritas Suisse invite des chercheuses et cher- cheurs à s’exprimer sur l’exclusion. Un écho à la La belle crise actuelle qui augmente la marginalisation des Suisses et Suissesses déjà précarisé·e·s. quête du sens La crise du coronavirus pousse nombre de Suissesses et de Suisses dans les difficultés financières, mais plus d’un demi-million de personnes vivaient déjà dans la pauvreté et étaient socialement marginalisées bien avant. La pauvreté augmente continuellement en Suisse. Une société où la valeur argent est cardinale a parfois du En 2018, selon l’Office fédéral de la sta- mal à accorder sa considération à un travail bénévole qui tistique, 660 000 personnes étaient recèle pourtant, et il est bon de le souligner, les clés d’une pauvres , et 500 000 autres personnes vie épanouie. se trouvaient juste au-dessus du seuil Il ne suffit pas d’avoir un salaire pour se nourrir, s’abriter et de pauvreté, et étaient donc menacées se vêtir, il faut aussi satisfaire ses besoins fondamentaux. de pauvreté. Avec la crise, cette situa- Ceux de l’être humain ont fait l’objet de diverses classifi- tion devrait encore s’aggraver. cations, dont celle très célèbre du psychologue américain S’il est vrai que la précarité limite la participation sociale, le Abraham Maslow avec sa fameuse pyramide. Les besoins y manque d’argent n’en est pas la seule raison ; dans notre Suisse sont classés des plus basiques, les besoins physiologiques prospère, la pauvreté est considérée comme un échec person- (respirer, manger), aux plus élaborés (créer). Être bénévole nel et les personnes en ont honte. Elles se mettent donc en permet surtout de satisfaire les besoins des trois niveaux retrait. L’Almanach social 2021 se concentre sur les liens entre les plus élevés qui sont les liens avec les autres et le sen- pauvreté et exclusion sociale. Il observe en particulier un mar- timent d’appartenance à une communauté, l’estime de soi ché du travail qui perd de plus en plus sa capacité d’intégration. et la réalisation de soi. Les personnes travaillant dans des secteurs à bas salaire et à Pour les jeunes bénévoles en particulier, ces trois besoins temps partiel, majoritairement des femmes, sont les grandes sont essentiels car ils participent à leur construction per- perdantes de la crise du coronavirus. Soit elles ont très vite sonnelle. Si une organisation leur donne la possibilité de perdu leur emploi, soit elles ont été mises au chômage partiel se nourrir dans des projets qui les inspirent, le pari de la avec pour conséquence que leurs revenus ne suffisent plus fidélisation de leur engagement sera gagné. Être considéré pour vivre puisque ces derniers ne couvrent que 80% du salaire comme membre à part entière de notre société en accé- d’origine. Si, de manière générale, le système de sécurité sociale dant, grâce au milieu associatif, à une visibilité et à une en Suisse fonctionne plutôt bien, ses lacunes sont particuliè- forme de légitimité peut s’avérer très gratifiant pour eux. rement évidentes s’agissant des personnes à faibles revenus. Le besoin d’agir sur le monde en aidant des personnes à Les longues files d’attente pour la distribution de nourriture à améliorer leur quotidien en leur apprenant par exemple à Genève ou à Zurich ont donné un visage à la pauvreté en Suisse. cuisiner bio et pas cher ou en proposant de nouvelles voies Il a été démontré que de nombreuses personnes dans notre d’accompagnement des personnes âgées par le biais d’in- pays n’ont pas la possibilité de mettre de côté un peu d’argent et ternet est également un des critères qui peut les pousser que si leurs revenus diminuent ou disparaissent soudainement, à s’engager dans une activité bénévole. Celle-ci apparaît elles se retrouvent immédiatement en difficulté. Un divorce, le alors parfois plus épanouissante que le travail en entre- manque de formation ou un chômage de très longue durée prise, trop répétitif, car elle s’accompagne d’un sentiment sont des facteurs de risque particuliers s’agissant de la pau- d’autodétermination et de libre choix. vreté. Parmi les auteurs de l’Almanach, Michel Cornut, secré- Ainsi, s’engager dans le bénévolat est un moyen de don- taire général de l’Association Cantons zéro chômeur de très ner du sens à sa vie tout en contribuant à en donner à celle longue durée, née d’un projet des Caritas de Suisse romande, des autres. présente le dispositif d’offre d’emplois inclusifs qui permettra de proposer à des chômeurs de très longue durée la possibi- Corinne Jaquiéry, rédactrice en chef lité de retravailler dans un emploi créé pour eux ª sur mesure «. CJ/Caritas Suisse Almanach social 2021 : La pauvreté exclut peut être commandé ici : shop@caritas.ch ou par téléphone au numéro 041 419 24 19, ou encore en ligne sur www.caritas.ch/shop Caritas.mag 23/21 8 Photo © Sedrik Nemeth
« Derrière le rideau se cachent les essentiels » Chanteuse lyrique et jazz woman au répertoire impres- sionnant, Barbara Hendricks est une femme à l’humanisme vibrant pour qui aider les autres est une évidence. « Il nous faut être intrépide, nous devons Outre le répertoire du lied allemand, elle s’est dis- avoir le courage de regarder celui que nous appe- tinguée comme une interprète majeure et une lons l’autre et lui dire mon frère, ma sœur, mon ardente défenseuse de la musique française, alle- enfant. » En prononçant ces mots devant le Parle- mande et scandinave. Depuis les années soixante, ment européen lors du 60e anniversaire du Traité elle se consacre à la défense des droits humains, de Rome, il y a quatre ans, Barbara Hendricks met- aussi bien ceux des Noirs américains que de toutes tait aussi en garde les pays européens et occiden- celles et ceux qui en sont privés, notamment les taux contre le risque de laisser les « marchands de réfugié·e·s du monde entier. Après près de vingt ans peur, de haine et d’exclusion » maîtres du discours au service de la cause des réfugié·e·s en collaboration et de la définition des identités nationales. Pour la avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour chanteuse, née en Ar ansas (USA) il y a 73 ans, s’en- les réfugiés (UNHCR), elle a reçu le titre d’Ambas- gager pour les autres et tenter de les aider quelles sadrice Honoraire à Vie. que soient leurs origines est indispensable à son équilibre. Plus généralement, selon elle, si chacun Penser aux plus vulnérables s’engage, cela participe à l’équilibre de l’humanité. « En cette période si curieuse de la pandémie « Enfant, j’étais sensible à l’injustice, comme du coronavirus qui restera certainement dans les je pense tous les enfants. Ne serait-ce que celle des mémoires, je pense aux personnes qui sont les plus parents qui portent parfois une attention plus grande vulnérables comme les réfugiés. Leur situation est à la sœur ou au frère ou celle qui peut exister à l’école vraiment compliquée, dans les camps notamment. dans la cour de récréation, mais à neuf ans j’ai été Même s’ils peuvent porter le masque, garder les dis- confrontée à la véritable injustice, celle de la ségré- tances est difficile. Se laver les mains est aussi ardu gation.» En 1957, neuf étudiants noirs devaient inau- car parfois le point d’eau est très loin de leur lieu gurer la « déségrégation » en entrant dans un presti- d’habitation. Ils figurent parmi les plus démunis gieux lycée de Little Rock, capitale de l’Arkansas, de notre société. » jusqu’alors réservé aux Blancs, mais des cen- taines de soldats de la garde nationale, fusil au poing, les ont brutalement repoussés. En regardant un reportage sur l’événement, le soir à la télévision, la petite Barbara Hendricks, jusqu’alors protégée par ses parents des réa- lités de la ségrégation, en prend brutalement conscience. « Je n’ai jamais oublié ces images. J’ai su que je lutterais toute ma vie contre la discrimination. Je suis devenue activiste et j’ai continué jusqu’à aujourd’hui. » Après avoir passé une Licence en mathé- matiques et chimie, elle étudie le chant à la Juilliard School of Music. Remarquée pour la qualité de sa voix pure et expressive, elle fait ses débuts en 1974 à l’Opéra de San Fran- cisco et au Festival de Glyndebourne, puis dans les salles d’opéra du monde entier. Dans le réper- toire du jazz, elle débute au Festival de Montreux en 1994. Barbara Hendricks est reconnue comme l’une des récitalistes les plus actives de sa génération. Photo © Mattias Edwall
Être bénévole aujourd’hui Barbara Hendricks, qui partage sa vie entre qu’une culture musicale approfondie n’est pas néces- la Suède et la Suisse, possède les deux nationali- saire pour venir l’entendre chanter du Verdi, du tés. Elle a pu observer de près les longues files d’at- Mozart ou des gospels. «Depuis le début de l’huma- tente lors de la distribution de nourriture à Genève. nité, l’art est une conversation entretenue les uns avec « Les gens qui sont essentiels sont invisibles la plu- les autres pour parler de notre condition humaine. « part du temps. On ne les voit pas. On ne les apprécie En concert, il y a ce moment de grâce o le public pas, mais ce sont quand même eux qui sont obligés entend la musique d’une seule oreille et ressent les d’aller travailler et qui ont donc besoin d’être pro- mêmes vibrations. Le pouvoir de l’art, celui de la tégés. Pendant cette crise, nous avons vu derrière musique, est de nous faire ressentir faire partie d’un le rideau. J’espère qu’une fois la situation calmée, même instrument, le cœur battant de l’humanité.» nous allons repenser à leur condition et réfléchir aux faiblesses de notre société occidentale. Quand nous nous serons occupés des malades du corona- virus, il faudra s’occuper de notre société malade… » Le travail avec les réfugiés » Se battre contre l’injustice m’incite à ne pas être Inlassable, la chanteuse s’active toujours sur déprimée trop longtemps. plusieurs fronts et continue à s’indigner contre les injustices, notamment celles qui touchent toujours Ils ont cette force les Noirs américains. « J’en apprends encore sur la période d’apartheid aux USA. J’ai récemment acheté de vie qui inspire. deux livres de la journaliste et auteure Isabel Wil- kerson, Prix Pulitzer, parce que j’ai entendu une Parfois heurtée par des faits divers expri- interview où elle parlait de Caste, son dernier livre. mant le rejet de l’autre, l’artiste ne veut pourtant Elle se penche sur l’histoire américaine et le traite- pas perdre confiance. « En général, je suis quelqu’un ment des Noirs qu’elle appelle un système de castes de positif. Je vois toujours le verre à moitié plein. durable et invisible – un peu comme ceux de l’Inde Le bon côté des personnes et de la vie. Je suis par- ou de l’Allemagne nazie – qui n’a pas encore été tout fois déçue quand je donne ma confiance, mais pen- à fait reconnu. Elle disait notamment que « vous ser que les autres n’ont que des mauvaises inten- ne pouvez pas résoudre un problème à moins de tions n’est pas juste. Il faut réapprendre à se faire l’identifier et de le définir ». J’ai aussi lu son pre- confiance mutuellement. Je rencontre souvent des mier livre The Warmth of Other Suns sur la migration êtres humains qui me donnent de l’espoir. Le travail des Noirs du Sud au début du XXe siècle pendant avec les réfugiés m’incite à ne pas être déprimée trop trois générations dans les années 30, 40 et 50. J’ai longtemps. Ils ont cette force de vie qui inspire. » moi-même vécu certaines des souffrances qu’elle y Le bénévolat participe pour elle de cette éner- évoque. Je suis fière de voir la persévérance des Noirs gie qui pulse aussi lors de ses concerts et qui unit américains et leur envie de continuer à participer à les spectateurs au-delà des différences. « Pour moi, l’expérience démocratique bien que la démocratie entreprendre une démarche de bénévolat, c’est américaine soit désignée comme de deuxième choix aussi faire partie de l’autre. Faire partie du vivant, par le classement des États du monde par indice de de ses hauts et ses bas. À Bruxelles, j’ai rencontré démocratie*. Si des gens, après une expérience si des citoyens qui se sont organisés entre eux pour difficile, ont continué à vouloir s’en sortir, cela veut aller à la rencontre des sans-abri pendant l’hiver et dire que l’on a tous en nous la possibilité d’y arriver les inviter à dormir chez eux. J’ai vu combien c’était et de construire un monde meilleur. » enrichissant pour eux de tendre la main et pour les sans-abri d’accepter de la prendre. Cela fait du bien L’art de rassembler à l’âme. Une main tendue ne revient jamais vide. La chaleur de l’humanité reste à l’intérieur. » CJ La cantatrice n’oublie pas la musique pour autant, qu’elle exerce seule après avoir vu plusieurs The Road to Freedom , un concert où Barbara de ses récitals annulés. « L’autre jour, j’ai entamé Hendricks présente les gospels qui ont encouragé le Requiem de Verdi que je n’ai interprété qu’une les activistes pour les droits civiques aux États- fois. Juste pour travailler quelque chose. Je chante Unis dans les années 60. Prévu fin mai à Renens, aussi l’air du ténor ou les parties des autres voix. le concert est finalement reporté à la saison pro- Je m’amuse. Je fais des duos avec moi-même. Chan- chaine en raison de la situation sanitaire. ter fait du bien au corps et à l’esprit. » Renseignements : www.renens.ch ou Sur scène, Barbara Hendric s affirme une 021 632 75 04 ou culture.jeunesse.sport@renens.ch profonde communion avec son public en précisant Caritas.mag 23/21 10 * Classement des États du monde par indice de démocratie. Source: The Economist Intelligence Unit.
PETER MARBET «Être directeur de Caritas Suisse est un privilège» BIO Le Bernois a succédé à Hugo Fasel en janvier 2021. 1967 Naissance le 19 juil- Riche d’expérience dans les domaines de la santé et de let à Berne. 1988 Étudie l’histoire, la formation, il souhaite encore renforcer la collaboration la psychologie sociale et les sciences politiques à entre Caritas Suisse et les Caritas régionales. Berne jusqu’à l’obtention d’une licence. Il détient également un Master en « L’argent n’a jamais manqué dans ma famille. « Je suis particulièrement attaché à la formation et management de l’Univer- Nous n’étions pas riches, mais pas pauvres non plus. à la santé qui sont pour moi les deux piliers d’une sité de Fribourg. Enfant, j’ai été protégé et choyé. Plus tard j’ai pu bonne politique sociale. » Dans ce cadre notam- 1990 Séjourne une année faire des études. C’est à cette époque que j’ai eu ment, la collaboration entre Caritas Suisse et les aux USA et deux ans au Bré- envie de m’engager dans une organisation caritative. seize Caritas régionales est pour lui essentielle. « Col- sil où il rencontre sa femme. Le couple a deux fils. J’ai l’impression d’en avoir appris plus sur les enjeux laborer est un enrichissement pour toutes les struc- sociaux et politiques dans ce cadre, qu’au gymnase. » tures en présence. Nous le voyons avec les Épiceries 2000 Membre de la direc- ou la CarteCulture, mais nous avons aussi bien tra- tion et responsable de la Longtemps chef du Département politique communication de santé- vaillé ensemble avec l’argent donné par la Chaîne et communication pour santésuisse, et membre suisse, Association suisse du Bonheur afin d’aider ceux qui souffrent le plus des assurances maladies. du Parlement bernois, il connaît bien les arcanes de la crise économique engendrée par la crise sani- du monde politique. « Cela a été une expérience 2013 Entre au Parlement taire. D’autre part, un projet comme Cantons zéro de la Ville de Berne. Il le très positive pour connaître les processus de prise chômeur, initié par les Caritas de Suisse romande, quitte en 2020. de décision et comprendre comment on peut les pourrait potentiellement intéresser toutes les Cari- influencer. » 2008 Devient directeur tas car la question du chômage va devenir impor- de l’École supérieure ber- Peter Marbet apprécie que sa nouvelle fonc- tante. Ce sera en tout cas une expérience intéres- noise de soins infirmiers (Berner Bildungszentrum tion de directeur à Caritas Suisse s’articule autour sante à observer. » Pflege). des trois domaines qui l’intéressent particulière- Le nouveau directeur veut mettre l’accent sur 2021 Directeur de Caritas ment : le social, la politique et l’international. les actions de Caritas autour de la question clima- Suisse depuis le 1er janvier. tique dans les pays les plus pauvres. Ce qui inté- resse particulièrement les nouvelles générations. « Accroître notre rôle dans la lutte contre les effets du changement climatique sur les plus pauvres et aider ces derniers à s’y adapter au mieux est un objectif important de la stratégie 2021-2025 de Cari- tas Suisse. D’autant plus important que trop souvent encore, les discussions sur la question du climat sont déconnectées des questions de pauvreté et d’accès aux ressources. » Lui qui n’a jamais vraiment eu l’occasion d’ac- tiver ses compétences linguistiques et l’expérience acquise lors de ses séjours au Brésil et aux États-Unis se réjouit de travailler sur des projets internatio- naux, mais aussi locaux dans ce domaine. « En ce qui concerne le nouveau bénévolat qui est la thématique de ce numéro, je pense qu’il faut donner aux jeunes l’occasion de travailler pour des projets concrets en lien avec ce qui les intéresse, notamment l’écologie. Nous avons l’aide aux paysans de montagne, mais nous pourrions développer d’autres actions pour inviter les jeunes à s’engager pour Caritas. » CJ Photo ©Nique Nager 11
Caritas Jura Bénévole ? pourquoi pas ! Textes : Françoise Schaffter Donner, s’engager, s’investir, offrir de son temps: le bénévolat représente énormément pour Caritas Jura comme pour de nombreuses institutions sociales. À Caritas Jura, c’est l’équivalent de dix-sept emplois plein temps. Autant dire qu’il serait plutôt difficile de faire tourner la maison sans les bénévoles. Il existe différentes formes de bénévolat à Caritas, et plusieurs possibilités en fonction des intérêts. Du ponctuel à l’après-midi hebdoma- Comment s’engager à Caritas Jura : daire, l’engagement peut aussi se traduire au sein Animation d’ateliers à LARC en tant que bénévole ressource du comité de l’institution. (décoration, bricolage, cours de langue, yoga, photographie, Si les bénévoles sont des femmes dans leur etc. Tout est ouvert si c’est réaliste). grande majorité (246 sur 293), on compte aussi Transport pour des activités à l’extérieur de LARC des hommes qui donnent de leur temps. On les Vente dans les magasins de vêtements retrouve plutôt engagés pour les cafés réparations, dans l’accompagnement des personnes en fin de Accompagnement de longue durée ou en fin de vie vie ou dans la vente dans les magasins. Si le pro- Café réparation fil type d’une femme de plus de 60 ans dont les Bénévolat ponctuel pour des événements particuliers enfants ont quitté la maison reste dominant (156 ont plus de 65 ans), il tend à diminuer, pour faire bénévolat en ateliers (blanchisserie, intendance, valorisation place à du bénévolat plus militant et rajeuni. ou selon les besoins) À l’image de Barbara qui s’est engagée depuis deux ans, et anime désormais l’atelier tri- cot, certaines formes de bénévolat sont adaptables à la personne. Dans les magasins ou pour l’ac- Bénévole d’accompagnement, compagnement des personnes en fin de vie, la une autre possibilité consigne est claire dès le départ et il faut répondre à des besoins précis. En ce qui concerne LARC, le Différent, mais tout aussi enrichissant, le bénévolat d’accom- cadre est plus souple, le champ des possibles plus pagnement est ouvert aux personnes qui ont suivi la formation large. Dans la mesure d’une certaine faisabilité, mise sur pied depuis de nombreuses années par Caritas Jura. un passionné pourra transformer son hobby en Ce parcours sur 14,5 jours aborde les aspects qui touchent à atelier et partager ses compétences. La créativité la maladie et à la fin de vie en quatre thématiques : et la liberté font la particularité et l’intérêt de Communication – écoute LARC. Pour Barbara, c’est peu dire qu’elle estime recevoir beaucoup. Juste après s’être engagée, elle Les pertes, la mort et le deuil a mis sur pied l’atelier tricot et prend un énorme Les spécificités de l’accompagnement chez la personne plaisir à cette activité. Ce n’est pas difficile, le démente jeudi, c’est le jour de la semaine qu’elle préfère ! Bénévolat et ateliers pratiques. À l’issue de ce parcours, une journée de formation pratique et spécifique au bénévolat d’accompagnement au sein de Caritas est organisée pour toute personne du Jura bernois ou du Jura souhaitant rejoindre un groupe de bénévoles. 5 x 2 h d’analyse de pratique sont aussi offertes aux nouveaux bénévoles afin de favoriser leur intégration au sein des groupes déjà existants. Caritas.mag 23/21 12
Stéphanie Sylvie Active, quarantaine Active, quarantaine Suzanne Égalem e n t b én é vole c h ez A la retraite Maman d’ados, Sylvie est active Pro Senectute, Stéphanie est professionnellement. S’enga- Ancienne restauratrice réputée employée de commerce et sou- ger maintenant qu’elle a plus pour ses recettes savoureuses, haite mettre ses compétences à de temps lui paraît une évi- Suzanne se plaît comme un poisson disposition. Elle a envie d’être dence, elle y pense depuis dans l’eau à LARC, où elle cuisine utile dans un autre cadre que longtemps. Avec la crise, ça avec passion une fois par semaine. le travail. Sa motivation pre- lui semble d’autant plus perti- Habituée à voir du monde, sen- mière ? L’envie de partager son nent : la précarité qui guette, sible aux difficultés des gens, elle temps, offrir son aide. Pour ça la touche. Elle a choisi de apprécie de sortir, de se sentir Stéphanie, c’était important faire du bénévolat dans la utile. « Le sourire des clients de de « prendre conscience de la vente, parce que le contact LARC, c’est ma plus belle récom- réalité que vivent certaines est important pour elle. pense » conclut Suzanne dans un personnes que je n’aurais sans bel éclat de rire. doute jamais rencontrées sans mon activité bénévole ». Barbara Annick Active, cinquantaine Active, soixantaine Après avoir eu quelques soucis de santé et être sor- C’est suffisamment rare pour être tie du marché de l’emploi depuis un certain temps, signalé. Annick est active profes- Barbara s’est investie sans compter à LARC. Chaleu- sionnellement à 100% et met de son reuse et assoiffée de contacts, Barbara apprécie les temps et son énergie à disposition échanges, le respect et l’écoute qu’elle trouve à LARC. pour une cause. Arrivée dans le Jura Avant de s’engager, elle redoutait un peu de se faire sans connaître personne, elle voit « happer » par les soucis des accueillis. Se décrivant dans le bénévolat un moyen de s’in- elle-même comme une éponge, elle arrive désormais tégrer, d’entrer en relation avec du à être à l’écoute, empathique sans emporter les pro- monde. Les cafés réparations cor- blèmes à la maison. Que du bonheur ! respondent à ce qu’elle sait faire et se déroulent le samedi, c’est par- fait ! Elle se sent utile sans assis- tanat, mais dans un cadre bien- veillant, avec à la clé de nouvelles Geneviève rencontres, des échanges qui font A la retraite du bien à tous, réparateurs comme Elle aime la couture, rendre service et lutter contre le gaspillage : l’acti- demandeurs. Pour elle, c’est clair, vité était toute trouvée, elle serait bénévole aux cafés réparations. Cet « certaines personnes viennent pour échange de compétences lui convient à merveille et cela lui permet de parler ». Et elle aussi, elle en parle s’engager sans empiéter sur la garde de ses petits-enfants. Mais quel volontiers à son travail, cassant ainsi plaisir et quelle gratification de redonner vie à un objet et de voir la définitivement l’image d’un bénévo- personne repartir avec des étincelles dans les yeux. lat occupationnel. 13
Caritas Jura Du personnel en insertion remet votre vélo en piste pour un prix attractif Pédaler, c’est bien. Entretenir, c’est mieux! Le Covid et ses effets sur les loisirs ! Avec la limitation des possibilités de se déplacer et l’incitation à pratiquer des activités en extérieur, le vélo a été pris d’assaut. De nombreuses personnes ont ressorti leur vieux cycle ou fait un achat à moindres frais. Après utilisation plus ou moins Pour les vélos électriques, seules les pres- Développer de nouvelles intensive, il faut penser à entretenir voire à tations de base pourront être effectuées. compétences faire les réparations adéquates. Conscient Les clients sont invités à venir dépo- Sous la responsabilité d’un moni- que les marchands de cycles étaient dépas- ser leur engin directement à la rue teur spécialisé dans le domaine, des per- sés par la demande et qu’ils privilégiaient St-Henri 10 à Delémont, dans la zone sonnes en insertion peuvent ainsi déve- leurs services à leurs clients, le Départe- industrielle, du lundi au vendredi, de lopper de nouvelles compétences. Trois ment Insertion a mis en place un atelier de 8 h 30 à 11 h 30 et de 13 h 30 à 16 h 30. à quatre personnes travaillent en per- réparation toutes marques baptisé «vélo manence dans cet atelier « vélo pour pour tous». Du personnel qualifié remet La liste des prix est disponible sur le tous ». Une manière de répondre à plu- le cycle en bon état afin de repartir sur les site à l’adresse : www.caritas-jura.ch/ sieurs besoins : l’insertion, les prestations routes en toute sécurité. Différentes caté- prestations/velo-pour-tous « vélos » pour les petits budgets, réparer gories de lavage et de services sont propo- Les détenteurs de la CarteCulture plutôt que jeter et décharger les maga- sées, ainsi que des prestations uniques sur bénéficient d’un rabais de 30%. sins spécialisés qui ne réparent que leurs demande. Un devis est établi dans les six propres marques. jours ouvrables. Jusqu’à présent, Caritas Renseignements : 032 421 35 70 Jura réparait les vélos donnés qui étaient ensuite mis en vente par l’institution. Caritas.mag 23/21 14 Photo © Caritas Jura
Familles d’accueil, lancez-vous ! Suivre un horaire régulier et des règles de vie, manger en famille: ces petites choses qui paraissent normales, forgent l’éducation, ne sont pas évidentes pour tous. Pour les jeunes en rupture qui passent par un placement familial, elles sont essentielles. Caritas Placement Familial et sance de cause. Et Ghislaine est convain- Caritas Jura cherchent en permanence cue que c’est un élément décisif pour Qui peut devenir de nouvelles familles – en priorité, des franchir le cap. famille d’accueil ? familles paysannes, mais pas seulement – Les familles du réseau sont compo- Les attentes envers la famille prêtes pour cette expérience forte et enri- sées de personnes seules, de couples chissante, mais aussi très prenante. Pour La famille doit offrir au jeune un avec ou sans enfants, dans différentes tenter cette aventure familiale, il faut une environnement stable, bienveillant et tranches d’âge. Vous avez de la dispo- bonne dose de motivation, de la place et sécurisant dans lequel il peut se dévelop- nibilité quelques périodes par année du temps à consacrer à ces jeunes en dif- per et tisser des liens de confiance. Cette ou davantage, une capacité d’écoute ficulté, qui restent sous la responsabilité activité d’accueil exigeante est rétribuée et d’accompagnement ? Caritas vous de Caritas Suisse, Placement Familial. comme une activité sociale annexe. De accompagne dans les démarches Placés à la suite d’une décision de justice plus, l’équipe de Caritas Placement Fami- administratives auprès de votre canton ou de problèmes familiaux, ils viennent lial propose des formations et un coaching pour obtenir une autorisation d’accueil. pour quelques semaines à quelques mois, personnalisé durant la période d’accueil. C’est ensuite que peut débuter cette pour reprendre pied. riche aventure humaine ! La famille Jobin des Bois accueille Quelles attentes ? Renseignements au 021 311 11 14 des jeunes depuis deux ans. « Ça se passe Environnement stable, bienveillant ou par courriel à : bien ? » À cette question, Ghislaine sou- et sécurisant placementfamilial@caritas.ch. rit. « On ne peut pas dire ça si simple- Tisser des liens de confiance Plus d’infos sur : ment. Il y a beaucoup de défis à rele- Ouvert à une formation www.placementfamilial.ch ver, il faut apprendre à se connaître, à se De la place et du temps faire confiance, à faire des compromis. Là aujourd’hui, ça se passe bien, mais il Famille d’accueil : exigeant, mais ô combien enrichissant ! y a sans cesse des adaptations. » Pour la famille franc-montagnarde avec deux enfants en bas âge, c’est une décision qui doit être partagée à 100% par le couple : s’investir pour offrir un cadre de vie et des activités appropriés à des jeunes en rupture nécessite toute l’énergie de la cellule familiale. Madame a arrêté de travailler pour pouvoir s’y consacrer pleinement. Et pour réussir, Ghislaine Jobin estime qu’il vaut mieux avoir plusieurs relais : sa propre famille, ici les beaux-parents, mais aussi si pos- sible la famille du jeune qui peut être plus ou moins partenaire selon les situa- tions. Pour le jeune, c’est aussi une garan- tie que le cadre est solide et qu’il ne se fissurera pas au moindre obstacle. Dans leur cas, les discussions menées avec des familles d’accueil les ont aidés à s’engager en meilleure connais- Photo © Caritas Jura 15
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