Centre européen de la culture - Geneva ...

 
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Centre européen de la culture - Geneva ...
Centre européen
 de la culture

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Centre européen de la culture - Geneva ...
Centre européen de la culture - Geneva ...
Centre européEn
       de la culture

Le Centre européen de la culture a été fondé par Denis de Rougemont
                    à Genève le 7 octobre 1950
             en application de la Résolution culturelle
                 du Congrès de La Haye de 1948.

                           Genève
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Centre européen de la culture

                                               Genève

                                        Présidents d’honneur
          Dusan SIDJANSKI           José Manuel BARROSO               Micheline CALMY-REY

                                              Président
                                            Charles MÉLA

         Secrétaire général                                               Relations publiques
       François SAINT-OUEN                                                   Marlène BOREL

                                        ACTIVITÉS
Éducation européenne. «La Main à la Pâte» - «Pollen» - «Fibonacci» - Pluralisme et éducation.
Service de Conférences. Conférences sur des sujets européens - Édition de DVDs sur les Conférences.
Dialogue des Cultures. Conférences internationales - Symposiums et colloques - Publications - Expositions.
Fédération européenne et contribution de l’expérience suisse. Recherches - Colloques - Publications.
Europe des Régions selon Denis de Rougemont. Recherches – Colloques – Publications.
Russie - Union Européenne. Documentation - Groupe de travail - Séminaires - Conférences.
Projet Cathédrale. «L’ Art de France, un art européen».
Projet La Suisse entre démocratie directe et engagements internationaux
Publications. Collection d’ouvrages chez Bruylant (Bruxelles) - Ouvrages en partenariat avec
l’Institut d’études globales de l’Université de Genève - Articles et notes (BEPA, L’Europe en formation,
The Federalist Debate, Le Temps, etc…).

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en BREF

Présentation générale............................................................................................................6

Historique (1950-2000)....................................................................................................10

Renaissance et activités en cours (2002 - 2014)..............................................35

Publications...............................................................................................................................48

Conférences .............................................................................................................................48

Le CEC..........................................................................................................................................51

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Présentation
générale

        Dans la droite ligne de l’héritage de Denis de Rouge-
        mont, le Centre a, aujourd’hui comme hier, toujours
        pour vocation d’animer des groupes de réflexion et de
        promotion des idées et valeurs européennes. Il envisage
        la culture européenne, commune et diverse à la fois,
        comme le fondement de la quête vers un nouveau
        fédéralisme européen. Dans cet esprit, le Centre œuvre
        en faveur d’une Fédération européenne fondée sur
        l’autonomie et la participation des États, des Régions et
        des Communes, de même que des Personnes et de leurs
        associations dans le cadre d’une union pluraliste,
        complexe et diversifiée. Sa devise, comme celle de
        l’Union Européenne, est «L’union dans la diversité».

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La Mission
Le Centre représente un patrimoine européen en Suisse, dont la responsabilité est de contribuer à
l’union de l’Europe en ralliant les forces vives de la culture, et en leur offrant:
• Un lieu de rencontres et d’échanges
• Un foyer d’études et d’initiatives
• Un réseau de diffusion des valeurs européennes
• Des instruments de coordination
• Des moyens de promotion de l’idée de fédération européenne

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Le nouveau Musée de l’Acropole avec vue sur
le Parthénon (architecte : Bernard Tschumi).
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Les Statuts
Le Centre est une organisation non gouvernementale (ONG), sans but lucratif, indépendant de tout
parti, organisation, mouvement politique ou syndical, groupe de pression ou confession religieuse.
Domicilié à Genève depuis sa création il y a plus de soixante ans, il est régi par le droit suisse qui lui
confère personnalité juridique et autonomie.

La Structure
Par nécessité et par conviction, le Centre a opté pour une structure légère, s’appuyant sur la mise en
œuvre de projets dont la responsabilité est confiée à ses membres en fonction de leurs intérêts et de
leurs expertises. Sa force: un réseau de personnalités et de collaborateurs engagés et compétents.
Toute personne physique ou morale souscrivant aux buts et valeurs du Centre peut en devenir
membre.

Les Orientations
Le Centre demeure attaché aux orientations définies dès ses origines par ses fondateurs et dévelop-
pées au cours de plus de soixante ans d’activités. Les trois axes principaux de son action sont: le
fédéralisme européen, l’éducation européenne, le dialogue des cultures. Il concentre sa
réflexion sur «l’ensemble des finalités et des valeurs communes qui doivent orienter toute l’action
politique, sociale, scientifique, économique, et d’abord éducative pour l’Union fédérale des
Européens», comme l’écrivait Denis de Rougemont dans son testament européen (Présentation
d’un programme d’activités à venir pour le Centre, 24 octobre 1985).

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Historique
(1950-2000)

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À la fin de la deuxième Guerre mondiale, de nombreux mouvements prônant une Union de
l’Europe destinée à installer définitivement la paix sur le continent se mettent en place. Ils agissent le
plus souvent en dehors des gouvernements, avec pour objectif de leur «forcer la main». C’est dans
cette mouvance qu’a lieu un événement particulièrement important: le Congrès de l’Europe qui
réunit à La Haye du 7 au 10 mai 1948 environ 800 délégués d’une vingtaine de pays, surtout
d’Europe occidentale (étant donné le contexte de l’époque), sous la Présidence de Winston
Churchill, ancien Premier Ministre britannique. Le Congrès organise ses travaux en trois commissions:
une commission politique, une commission économique, une commission culturelle. Le rapporteur
de cette dernière est l’écrivain suisse Denis de Rougemont (1906-1985), réfugié aux États-Unis
durant la guerre et déjà célèbre notamment pour son livre L’ Amour et l’Occident publié à Paris en 1939.
La résolution culturelle du Congrès, adoptée à l’unanimité en séance plénière le 10 mai 1948,
prévoit notamment de travailler à la création d’un «centre européen de la culture».

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Voici le début de cette résolution:                    universitaires et populaires;
«Le Congrès: Considérant que l’union européenne
                                                       - d’offrir un lieu de rencontre aux représentants
a cessé d’être une utopie pour devenir une
                                                       de la culture, afin qu’ils puissent exprimer un
nécessité, mais qu’elle ne peut être fondée
                                                       point de vue proprement européen sur les
durablement que sur une unité déjà vivante;
                                                       grandes questions intéressant la vie du
                                                       continent, par voie d’appels à l’opinion et aux
Considérant que cette unité profonde, au sein
                                                       gouvernements;
même de nos diversités nationales, doctrinales
et religieuses, est celle d’un commun héritage         - de faciliter la coordination des recherches sur
de civilisation chrétienne, de valeurs spirituelles    la condition de l’homme européen au XXe
et culturelles, et d’un profond attachement aux        siècle, en particulier dans les domaines de la
droits fondamentaux de l’homme, notamment à            pédagogie, de la psychologie, de la philoso-
la liberté de pensée et d’expression;                  phie, de la sociologie et du droit.»

Considérant que les efforts pour nous unir             En application de cette résolution s’ouvre à
doivent être soutenus et vivifiés par un réveil de     Genève, en février 1949, un «Bureau d’études»
la conscience européenne, que celle-ci doit en         pour un Centre Européen de la Culture, dirigé
être informée, stimulée, et dotée de moyens            par Denis de Rougemont assisté de Raymond
d’expression;                                          Silva et de Jean-Paul de Dadelsen. Ce Bureau
                                                       organise, pour le lancer, la première Conférence
Propose la création d’un organisme permanent
                                                       européenne de la Culture qui a lieu à Lausanne
qui aurait notamment pour tâche d’étudier la
                                                       du 8 au 12 décembre 1949, sous la présidence
constitution et les attributions d’un Centre
                                                       de l’essayiste et ancien diplomate espagnol
Européen de la Culture. Constitué en toute
                                                       Salvador de Madariaga (1886-1978), et qui
indépendance des contrôles gouvernemen-
                                                       réunit 220 participants de 22 pays. La mission
taux, cet organisme aurait pour mission
                                                       du futur Centre est précisée à cette occasion. Sa
générale de donner une voix à la conscience
                                                       création est décidée.
européenne, et pour tâches immédiates:
- de promouvoir le sentiment de la communauté          Après rédaction des Statuts et constitution des
européenne par le moyen d’informations et              organes directeurs, le Centre Européen de la
d’initiatives, dans le domaine de la presse, du        Culture est officiellement inauguré le 7 octobre
livre, du film et de la radio, et aussi dans les       1950 à Genève. Son Président est Salvador de
établissements d’enseignement scolaire,                Madariaga, son Directeur Denis de Rougemont.

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Congrès de l’Europe, La Haye, cérémonie d’ouverture, 7 mai 1948. Winston Churchill vient de se rasseoir après son discours. Derrière
lui, Denis de Rougemont. A gauche, l’ancien chef du gouvernement français Paul Ramadier et le Polonais Jazef Retinger, à l’époque
secrétaire général du “ Comité international des mouvements pour l’unité européenne ”, cheville ouvrière du Congrès de la Haye dont
Denis de Rougemont fut chargé de la Déclaration finale (lue le 10 mai 1948).

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Globe de la Science et de l’Innovation au CERN

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Initiative
                                                           de la création
                                                                   du CERN

Une des premières initiatives du Centre sera de          lement les ressources pour développer cette
réunir à Genève, le 12 décembre 1950, en                 nouvelle source d’énergie à l’instar des
application d’une proposition faite par le Prix Nobel    États-Unis ou de l’URSS; il fallait donc impéra-
de physique Louis de Broglie lors de la                  tivement organiser la coopération et
Conférence de Lausanne, des représentants                l’institutionnaliser pour rattraper le retard et
d’Instituts de recherche nucléaire de six pays           éviter la fuite des cerveaux. Ces défis restent
ainsi que des représentants de l’UNESCO.                 présents aujourd’hui dans le domaine des
Une des résolutions adoptées lors de la                  nouvelles technologies de l’information et de la
Conférence de Lausanne chargeait le futur                connaissance.
Centre de «mettre à l’étude la création d’un             La réunion du 12 décembre 1950 organisée par
Institut de Science Nucléaire orienté vers les           le Centre Européen de la Culture permit de
applications de la vie courante». Dès son                dégager les traits de la mission du futur CERN et
établissement, la Commission de coopération              de dégager les critères devant guider le choix
scientifique du Centre Européen de la Culture,           de son futur lieu d’implantation. Elle suggéra
présidée par Raoul Dautry, administrateur                également que l’UNESCO prenne en main les
général du Commissariat français à l’énergie             premières étapes de réalisation, en réunissant
atomique, se mit au travail. Le physicien Pierre         notamment les gouvernements intéressés C’est
Auger y joua un rôle important. La tâche                 ainsi que l’année suivante, en 1951, l’UNESCO
était exemplaire des idées de subsidiarité et            soumit un projet de Laboratoire de recherches
d’intégration fonctionnelle par «spillover»              nucléaires devant être construit à Genève. Une
(pratiquée à la même époque par Jean Monnet              Conférence intergouvernementale aboutit à la
pour créer la Communauté Européenne du                   décision finale, le 15 févier 1952, de créer le «
Charbon et de l’Acier): il s’agissait de constater       Conseil Européen de Recherche Nucléaire »
que les différents pays n’avaient pas individuel-        (CERN) regroupant à l’origine onze États.

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L’Association
               des Instituts d’Études
               Européennes

Dès 1949, le Bureau d’études pour la création du Centre Européen de la
Culture avait pris la responsabilité de réunir à Genève des représentants des
tout premiers Instituts universitaires ayant pour mission d’étudier l’Europe et
de former les futures élites européennes. Plusieurs réunions du même type
eurent lieu par la suite, démontrant la nécessité de telles rencontres, et une
Association des Instituts d’Études Européennes (AIEE) fut créée en 1951, son
secrétariat étant assuré par le Centre Européen de la Culture. L’AIEE publia
régulièrement un Annuaire relatant l’activité des divers Instituts d’Études
Européennes et Centres de recherches (cours, colloques, conférences,
recherches, publications, etc…), instrument d’information précieux à l’époque,
ainsi qu’une première Bibliographie européenne (consignant les travaux sur
l’Europe) en 1954.

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En 1957, le rôle du secrétariat établi à Genève fut renforcé et un nouveau
Secrétaire général fut nommé, Dusan Sidjanski, qui occupa cette fonction jusqu’à
la cessation des activités de l’AIEE à la fin des années 1980. À la même époque fut
organisé un colloque avec l’Association des universitaires d’Europe débouchant
sur des propositions de création d’Instituts post-grade consacrés exclusivement
à l’étude de l’Europe et de la construction européenne. Les contributions, qui
furent publiées dans le Bulletin du Centre Européen de la Culture en 1958 sous le
titre «Vers une université européenne?», alimentèrent un type de réflexion qui
devait notamment conduire à la création en 1976 de l’Institut Universitaire
Européen de Florence.
L’AIEE et le Centre collaborèrent à maintes reprises, notamment en organisant
des colloques en commun dont les contributions furent publiées dans le Bulletin
du Centre. C’est ainsi qu’une partie significative de la réflexion qui fut conduite à
partir de 1967 et 1968 sur le thème de l’Europe des Régions et de la Fédération
européenne l’a été avec l’AIEE et sa capacité à mobiliser un réseau
d’universitaires de différents pays. Il en a été de même pour les études qui ont été
menées sur les régions transfrontalières et leur impact sur la construction
européenne (ainsi un colloque sur «Les régions transfrontalières et l’Europe» de
janvier 1975, publié dans le Bulletin l’année suivante). On mentionnera
également le colloque sur Les politiques régionales en Europe en 1982 qui a donné
lieu à une publication sous la direction de Dusan Sidjanski et Charles Ricq.
La collaboration avec l’AIEE, de même qu’avec le Département de science
politique de l’Université de Genève dirigé par le Professeur Dusan Sidjanski, s’est
étendue également à la science politique appliquée à la construction européenne
(Science politique et intégration européenne, 1965; Méthodes quantitatives et
intégration européenne, 1970) et à l’examen des propositions fédéralistes émises
au sein de la Communauté Européenne à l’occasion du rapport Tindemans
(«Autour du rapport Tindemans», 1976, fruit d’un colloque de l’AIEE organisé à
Athènes). L’AIEE a publié jusqu’à la fin des années 1980 un annuaire contenant la
liste de ses publications et celles des Instituts membres.

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L’Association Européenne
des Festivals de Musique

Avec le compositeur et chef d’orchestre Igor       de générer des synergies et des complémen-
Markevitch, le Centre a organisé en décembre       tarités dans les programmations, afin notam-
1951 une réunion où étaient présents les           ment d’éviter les répétitions et les doublons.
représentants des festivals de musique de          Pour la première fois, les festivals, outils impor-
Bayreuth, Aix-en-Provence, Pérouse, Vienne,        tants de promotion de la culture européenne
Berlin, Lucerne, Florence, Besançon et             (et non dépourvus par ailleurs de retombées
Strasbourg. Ils créèrent entre eux une Associa-    économiques) parlaient d’une seule voix pour
tion domiciliée à Genève, dans les locaux du       réaliser, écrivit le Centre en 1952, un authen-
Centre, avec notamment pour buts de diffuser       tique «concert européen». À des réunions
une information commune à tous ces festivals et    régulières et à un effort d’information et de
                                                   promotion matérialisé par une brochure
                                                   commune, se sont ajoutés, avec l’aide du
                                                   Centre, des colloques de réflexion, comme en
                                                   1956 sur «Le rôle des festivals dans la vie
                                                   culturelle de l’Europe».
                                                   Rebaptisée «Association Européenne des
                                                   Festivals» (ce qui permit d’inclure également le
                                                   théâtre ou la danse), l’association, qui s’est
                                                   installée en Belgique aux débuts des années
                                                   2000 (à Bruxelles, puis à Gand) compte
                                                   aujourd’hui 90 festivals de 31 pays européens
 photo by Young European Federalists
                                                   et diffuse indirectement des informations sur
                                                   environ 300 festivals en Europe.

                                                  16
La Fondation
                                                           Européenne
                                                         de la Culture
Durant l’année 1954, le Centre prit l’initiative de plusieurs
réunions dont le but était d’élaborer les plans d’une
Fondation permettant de financer les activités culturelles
au service de l’Europe. Ainsi fut créée la Fondation
Européenne de la Culture en décembre 1954 à Genève.
Denis de Rougemont en fut nommé Directeur, et le
Secrétaire général du Centre, Raymond Silva, Secrétaire
général. Parmi ses membres fondateurs figuraient Robert
Schuman, père de l’intégration européenne, et Henri
Brugmans, Recteur du Collège d’Europe de Bruges.
En 1957, la Fondation s’installa à Amsterdam où elle
pouvait plus facilement qu’à Genève stabiliser sa
situation financière grâce aux recettes de la loterie
nationale. De nos jours, elle donne des subventions aux
artistes et aux projets de développement et de coopération
culturelle, elle coordonne un réseau d’instituts d’études
et de recherches dans les domaines de l’éducation, des
médias, de l’environnement et des relations culturelles.
Elle exécute également des programmes pour le compte de
la Commission européenne, comme cela a été notamment
le cas pour le programme Erasmus à partir de 1987.

                                               17
L’Institut Universitaire
d’Études Européennes
de Genève

Au début des années 1960, le Centre Européen de la Culture a entamé
des démarches visant à la création d’un Institut d’Études Européennes
dans ses locaux de la Villa Moynier (Parc Mon-Repos) à Genève. Les
négociations, qui ont impliqué l’Université, les autorités cantonales
chargées de l’instruction publique ainsi que l’Institut universitaire de
Hautes Études Internationales, à l’époque dirigé par l’historien Jacques
Freymond, ont abouti en 1963, date de la première rentrée académique
du nouvel Institut, le premier de son genre en Suisse.
L’Institut était interdisciplinaire, avec trois branches formant autant
d’approches différentes de l’Europe et de la construction européenne:
histoire et culture (Prof. Denis de Rougemont); science politique et
institutions européennes (Prof. Dusan Sidjanski); économie (Prof. Henri
Schwamm). Denis de Rougemont cumulait à l’époque (et ce sera le cas
jusqu’à sa retraite académique en 1977) les fonctions de Directeur de
l’Institut ainsi que du Centre Européen de la Culture, ce qui marque
bien les liens entre les deux institutions.
En 1992, l’Institut sera transféré à l’Université et deviendra «Institut
Européen de l’Université de Genève», ce jusqu’en 2013, date à laquelle
il sera remplacé – toujours au sein de l’Université de Genève – par un
«Institut d’Études Globales» au sein duquel existe un «Pôle Denis de
Rougemont d’Études Européennes».

                             18
L’éducation
                                                                         civique
                                                                    européenne

photo by Vladimir Yaitskiy

Denis de Rougemont était persuadé que pour faire l’Europe, il
est essentiel de former des Européens, d’authentiques
citoyens européens. Or, après la deuxième Guerre mondiale, il
constatait que les programmes notamment d’histoire et
d’enseignement civique dispensés dans les écoles et les
collèges demeuraient surtout nationaux, avec parfois des
relents de nationalisme. Ils visaient ainsi à former des citoyens
nationaux, pas des citoyens européens. C’est pourquoi le
Centre développa dès les années 1950 plusieurs initiatives pour
contrer cette tendance néfaste à la construction européenne.

                                                 19
En 1956 commencèrent ainsi des expériences-pilotes d’éducation
européenne destinées à former les enseignants aux questions
européennes et à l’histoire commune des Européens. Ces
expériences se déroulèrent dans de nombreuses villes de
l’ouest de l’Europe, notamment en France, en Italie et en Suisse.
En termes de contenu, elles ont pu s’appuyer sur deux numéros
spéciaux du Bulletin du Centre Européen de la Culture :
«L’Europe s’inscrit dans les faits» (1956) qui relatait les débuts
de la construction européenne (80.000 exemplaires, traduit en
sept langues), et «Pour une Éducation européenne» (1957) qui
expliquait la démarche.
En 1958, le Centre s’allia à l’Association Européenne des
Enseignants pour rédiger un Guide européen de l’enseignant
(90.000 exemplaires, disponible en quatre langues), suivi en
1960-61 d’un Guide européen de l’instruction civique.
En 1961 fut lancée une vaste Campagne d’éducation civique
européenne qui devait durer jusqu’en 1974. Elle fut décidée
lors d’un colloque organisé en mai 1961 au Centre, durant
lequel fut constaté «l’état retardataire et démodé de
l’instruction civique dans presque tous nos pays, mais encore la
quasi-inexistence de perspectives européennes de cet
enseignement». Une enquête sur l’état de l’instruction civique
dans dix-neuf pays fut réalisée l’année suivante. Puis des stages
de formation européenne d’enseignants furent peu à peu
organisés au cours des années qui suivirent dans la plupart de
ces pays (en tout, pas moins de 32 stages furent mis sur pied),
tandis que le Centre ouvrait dans ses locaux de Genève un
Centre Européen de Documentation Pédagogique.
De 1992 à 1997, cette activité a été reprise par le Centre, cette
fois-ci sous forme d’Euro-Ateliers organisés sur les questions
européennes dans plusieurs régions de la Suisse et avec pour
participants des jeunes de 16-18 ans. Au début des années
2000, l’Institut Européen de l’Université de Genève s’inspirera
des Euro-Ateliers pour lancer dès 2004 une plate-forme
baptisée «Eurocité» d’information sur l’Europe utilisant
largement les ressources de l’Internet.

               20
Le Dialogue
                                                                 des Cultures

Le « Dialogue des Cultures » est une formule de
Denis de Rougemont qui a inspiré plus tard
diverses organisations internationales (notamment
l’UNESCO), ainsi que l’Union Européenne. En 1951,
lors d’un voyage en Inde, il avait été frappé par
les différences entre Orient et Occident. Il en tirera
un ouvrage, publié à Paris en 1957: L’aventure
occidentale de l’Homme (Albin Michel). Sur la
base de ces premières réflexions, il conçut l’idée        représentants des différentes cultures sur
– très novatrice à l’époque – qu’une des missions         l’émergence de nouveaux ensembles culturels
de l’Europe, qui avait colonisé les autres                après la décolonisation, ainsi que sur les notions
continents (on était en pleine période de la              de l’Homme et de la Liberté, sur la place de la
décolonisation), devait être de contribuer à une          religion et l’intégration des découvertes scienti-
nouvelle forme d’organisation du Monde basée              fiques et techniques dans les diverses cultures,
sur une compréhension entre les grands                    enfin sur l’éducation et la formation des élites
ensembles culturels de la planète.                        dans les différentes régions du globe.
Le Centre organisa ainsi un colloque en 1961 à            En octobre 1990, le Centre a organisé une
Genève sur le thème du «Dialogue des Cultures».           deuxième Conférence Europe-Monde à Lisbonne
Puis il mit sur pied en 1964 à Bâle une grande            en partenariat avec l’UNESCO. Outre le dialogue
conférence internationale baptisée Europe-                interreligieux, l’accent y a été mis sur la « gouver-
Monde qui réunit près de 150 participants répartis        nance de la globalité », l’environnement, les
en plusieurs commissions et groupes de travail.           médias, ainsi que sur le phénomène nouveau
La démarche du Centre et de Denis de Rouge-               des « réseaux culturels » dans sa contribution à
mont était de trouver un terrain d’entente entre          une culture vivante.

                                                     21
Réflexions
sur les liens
entre culture
et technologie

              À partir de 1956, le Centre a lancé un
              travail de réflexion sur les conséquences
              de la «révolution» cybernétique et de
              l’automation sur l’économie, l’emploi,
              les loisirs, ainsi que l’équilibre humain
              et social en général. Le Bulletin du CEC
              publiera «Automation et Cybernétique»
              en 1958 et «Éducation et Loisirs» en 1959.
              Plus tard, la réflexion s’est concentrée
              sur les questions de temps libre et
              d’emploi, avec notamment un numéro
              de la revue du Centre, Cadmos,
              consacré au thème Emploi-chômage-
              loisir en 1985, coordonné par Raymond
              Racine. Les travaux se sont poursuivis
              avec la constitution d’un groupe
              plurinational d’économistes et de
              sociologues qui ont publié L’Europe
              au-delà du chômage en 1992 aux
              Presses interuniversitaires de Bruxelles.

         22
Contribution
                                   à l’élaboration
                                d’une Constitution
                                           fédérale
                                     pour l’Europe
En 1953, la construction européenne est à un tournant, puisqu’il
s’agit à l’époque de la doter d’une communauté de défense (projet
de traité CED) ainsi que d’une union politique. Le Centre apporte sa
contribution en réunissant un groupe de personnalités, au nombre
d’une vingtaine, qui s’appellera le Groupe des Vingt. Parmi ses
membres: Salvador de Madariaga, Raymond Aron, l’essayiste et
prospectiviste français Bertrand de Jouvenel, le Recteur du Collège
de Bruges Henri Brugmans, le juriste français Georges Vedel, le juriste
et homme politique belge Fernand Dehousse, le sociologue et
homme politique belge Henri Janne, le publiciste allemand et
historien du nazisme Eugen Kogon, l’organisateur du Congrès de La
Haye le Polonais Jozef Retinger…
Le groupe se réunit régulièrement pendant plus d’une année et
publie périodiquement le fruit de ses réflexions dans une brochure
éditée par le Centre et intitulée Le Courrier fédéral, dont six numéros
paraîtront entre avril 1953 et mai 1954. L’activité prit fin après le refus
du traité CED par le Parlement français en août 1954.
Peu de temps après, le Centre conduisit une initiative du même ordre
avec cette fois-ci un groupe d’une vingtaine d’économistes
originaires de sept pays, ayant pour mission de réfléchir aux moyens
d’intégrer les économies européennes en créant notamment un
grand Marché sans frontières. Leurs travaux seront publiés à Paris
(chez Plon) dans un livre intitulé Demain l’Europe sans frontières? paru
en 1958, l’année même où était lancé le Marché commun entre les

                                        23
six pays fondateurs de l’Union Européenne que nous connaissons
aujourd’hui. Trois Bulletins du Centre témoignent également de ces
activités : «L’Europe s’inscrit dans les faits» (1956), «Promesses du
Marché commun» (1957), ainsi qu’une présentation sous forme de
«questions-réponses» des deux traités de Rome CEE et Euratom (1958).
En 1976, le Centre constitua un groupe de réflexion, baptisé
«Groupe Cadmos», formé de quatorze personnes issues de
plusieurs horizons et disciplines académiques afin d’effectuer un

 photo by Francois Schnell

état des lieux complet de la construction européenne et de
proposer un certain nombre d’orientations pour l’avenir. Le fruit de
ces réflexions, dont Denis de Rougemont assuma la rédaction
finale, fut publié en 1979 à Paris, chez Stock, sous le titre «Rapport
sur l’état de l’Union de l’Europe».
Dans cette même lignée, au moment des débuts du Traité de
Maastricht et dans la perspective d’un futur élargissement vers
l’Europe centrale et orientale, le Centre organisa en avril 1994 les
premières «Rencontres Denis de Rougemont» sur le thème «Où en
est l’Europe aujourd’hui?», dont il publiera les Actes l’année
suivante.

                                24
L’Europe
                                                                     centrale
                                                                    et de l’Est
Le Centre a toujours considéré l’Europe dans son acception géographique
la plus large. C’est ainsi que dès novembre 1955, il publiait dans son
Bulletin une série de réflexions et de propositions sur «Europe-URSS: la
question des échanges culturels». Plus tard, il organisait en 1983 un
colloque au château de Duino, près de Trieste, sur le thème de l’Europe
centrale, publié la même année. En 1984, la revue du Centre, Cadmos,
faisait paraître un épais numéro sous le titre «La culture commune des
Européens et le débat Est/Ouest». En 1988, la revue Cadmos publiait un
numéro à plus d’un titre prémonitoire sur «La Yougoslavie, maillon faible
de l’Europe».
Immédiatement après la chute du Bloc de l’Est, le Centre ouvrait, avec
l’aide du Canton de Genève, une antenne du Conseil de l’Europe à
Varsovie – la toute première de cette organisation dans un ancien pays
de l’Est – pour y diffuser de l’information sur la démocratie locale afin de
favoriser la renaissance des pouvoirs locaux en Pologne. Cette initiative,
qui dura de février à juillet 1990, trouva ensuite des prolongements
jusqu’en 1994, grâce à l’aide de la Confédération suisse, en Hongrie,
République tchèque et Slovaquie. En 1991, le Centre coéditait avec le
«European Centre for Regional and Ethnic Studies» basé à Bydgoszcz en
Pologne, l’ouvrage Regionalism in Europe: Traditions and New Trends
(édité par Janusz Slugocki).
En novembre 1991, le Centre organisait à Vienne, en présence du
vice-Chancelier autrichien Erhard Busek, un colloque sur la place de
l’Europe centrale dans l’Europe en voie de réunification, dans le
prolongement des initiatives qui venaient d’être lancées par François
Mitterrand et Vaclav Havel. Les Actes furent publiés par le Centre en 1993,
sous le titre L’Europe centrale dans une «Confédération européenne» avec
des textes en français et en allemand.

                                              25
L’Europe
des régions

              À partir de la deuxième moitié des années 1960, les régions
              vont occuper une place grandissante dans la pensée de
              Denis de Rougemont et dans les activités du Centre. Il s’agit
              de redéfinir l’approche de la Fédération européenne pour y
              incorporer le fait régional, qui est très important en particu-
              lier parce qu’il rapproche l’Europe du citoyen et qu’il est
              porteur de nouvelles formes d’engagement civique. En
              outre, les régions transfrontalières qui apparaissent au
              même moment – notamment à Bâle et à Genève – fournis-
              sent l’occasion d’expériences concrètes permettant de tirer
              des leçons sur les relations nouvelles qui s’établissent entre
              Europe et Régions.
              Entre 1967 et 1975, cinq Bulletins du Centre seront
              consacrés entièrement au thème de l’Europe des Régions,
              c’est-à-dire des Régions directement conçues dans le cadre
              de la Fédération européenne, deux de ces Bulletins ayant
              plus spécialement pour sujet les régions transfrontalières
              (une réunion organisée à Strasbourg avec le Conseil de
              l’Europe en 1972 et un colloque avec l’AIEE en 1975). En
              1982 est organisé au Centre un Colloque international sur
              «Les politiques régionales en Europe», qui sera publié en
              1985 chez L.E.P. à Lausanne sous la direction de Dusan
              Sidjanski et de Charles Ricq, responsable des études
              régionales au Centre.

                       26
L’Édition
                                                                      et l’Europe
                                                     En 1958, le Centre initie la création d’un pool
Enquête sur les                                      d’éditeurs appelé EDITEUROPA, reposant sur une
                                                     charte par laquelle ces divers éditeurs s’engagent
intellectuels                                        à publier, dans leurs langues respectives, des

et l’Europe                                          ouvrages sur l’Europe qui ont été identifiés par
                                                     ses soins. Le Centre a en effet publié dès 1954
                                                     une Bibliographie européenne, qui connaît en
Entre 1979 et 1984, une période qui correspond       1959 une version étendue et actualisée sous le
aux dates de la première législature du Parlement    titre L’Édition et l’Europe. Elle est introduite par
Européen élu au suffrage universel, le Centre        ces mots de Denis de Rougemont: «Il est clair
mène, grâce à un soutien de la Fondation             qu’on ne fera pas l’Europe avec des livres, mais
Veillon (Lausanne), une enquête sur la manière       pourra-t-on la faire sans eux? Car c’est en bonne
dont un certain nombre d’intellectuels perçoit       partie par leur moyen qu’on l’a défaite.»
l’Europe, sa culture, les évolutions qui la          Dans le domaine des études sur la construction
traversent, le rôle qu’ils souhaitent que les        européenne, le Centre initie un pool d’éditeurs
intellectuels jouent dans ce processus, les          de droit et de sciences économiques, regroupés
leçons qu’ils tirent de leur propre engagement.      sous le nom d’EUROLIBRI.
Les entretiens ont lieu à leur domicile, dans
                                                     En 1964 est publiée une nouvelle Bibliographie
divers pays d’Europe.
                                                     européenne qui recense 2000 titres d’ouvrages
Parmi les intellectuels qui ont répondu à
                                                     sur l’Europe. 150 d’entre eux, considérés comme
l’enquête: le dramaturge Eugène Ionesco, les
                                                     étant des ouvrages de base, font l’objet de
écrivains Michel Tournier et Jean d’Ormesson, le
poète Stephen Spender, le critique d’art Gillo       recensions détaillées afin de permettre aux
Dorfles, les essayistes Jacques Ellul et Denis de    libraires de composer plus facilement leurs
Rougemont, les philosophes Leszek Kolakowski         vitrines lors de Semaines européennes du livre
et Georg Picht, le sociologue Edgar Morin, les       initiées par le Centre lors des grands Salons du
historiens Philippe Ariès, Jacques Freymond,         Livre (l’initiative fut lancée au Salon de Francfort).
Emmanuel Le Roy Ladurie et Hugh Trevor-              En 1966, le Centre publie un Bilan des activités
Roper… L’ensemble des entretiens a été publié        culturelles au service de l’Europe recensant
en 1984 chez Gallimard à Paris (collection Idées)    l’ensemble des initiatives culturelles ayant pour
sous le titre Les intellectuels et l’Europe.         objectif l’Europe entre 1949 et 1964.

                                                    27
Information du
grand public
et sensibilisation
des médias
En 1952, le Centre initie la création d’un pool de six Agences de presse nationales (française,
allemande, italienne, belge, suisse et luxembourgeoise) pour diffuser des nouvelles et des papiers
de fond sur l’Europe. En 1956, il crée les Actualités européennes, un service de presse sur les
questions européennes en trois langues, dont les dépêches sont distribuées auprès de plus d’un
millier de journaux et périodiques qui y sont abonnés.
Créé en 1957, un Service de Conférences fournit des listes de conférenciers et permet l’organisation
de plusieurs centaines de conférences sur l’Europe au cours des deux décennies suivantes.
Dans les années 1990, le Centre a lancé, en partenariat avec l’éditeur Actes Sud, une série de «Que
Sais-je?» sur les questions européennes, sous forme de petits livres d’environ 80 pages réunis en
coffrets thématiques. La collection s’est appelée L’Europe en bref. Sept coffrets rassemblant en tout
27 petits livres ont paru entre 1994 et 2002.

                            Conférence de Dusan Sidjanski « L’Union Européenne face à la crise mondiale »
                            (Université de Genève, 17 mars 2009)

                                                      28
Publications
                                     et revues du Centre

Le Centre a publié un Bulletin, paraissant trois à quatre fois par
année entre 1951 et 1977. Ce Bulletin a été remplacé en 1978
par une revue trimestrielle nommée Cadmos, ressemblant
plus à une revue classique et moins centrée sur les activités du
Centre. La revue a eu pour rédacteurs en chef l’historien
André Reszler (1978-1983) puis le philosophe médiéviste
André de Muralt (1983-1991). Elle a paru au rythme de quatre
livraisons par an jusqu’en 1993 (en tout, 61 numéros) et a été
remplacée par Transeuropéennes, publiée à Paris au départ
en partenariat avec l’éditeur Actes Sud et qui a paru jusqu’en
2004, les liens avec le Centre ayant cessé en 1996. De 1996 à
1997, le Centre publia à Genève la revue Temps européens.
En 1970, à l’occasion de son XXe anniversaire, le Centre a
publié sous le titre Le cheminement des esprits, en partenariat
avec les éditions La Baconnière (Neuchâtel), un recueil de
textes relatifs à ses principales activités sur la culture, le
dialogue des cultures, l’éducation, le civisme, le rôle de la
technique, les régions. On y trouve également le rapport
général présenté lors de la Conférence européenne de la
culture de Lausanne en 1949 ainsi que d’autres textes sur les
origines du Centre ou de la Fondation Européenne de la Culture.

                                                 29
En avril 1988, le Centre a organisé un colloque de plusieurs
jours en hommage à son fondateur, qui a été suivi de la
remise du drapeau européen à la Ville de Genève par le
Conseil de l’Europe. Les Actes du colloque ont été publiés en
1989, sous le titre Du personnalisme au fédéralisme
européen: en hommage à Denis de Rougemont. Dans cet
ouvrage, on trouve des articles de fond et des témoignages
d’acteurs de la construction européenne qui ont côtoyé
Denis de Rougemont, comme Henri Brugmans, Alexandre
Marc créateur du CIFE à Nice, Jacques-René Rabier ancien
collaborateur de Jean Monnet, Max Richard du mouvement
français «La Fédération», Raymond Georis le Secrétaire
général de la Fondation Européenne de la Culture, le Professeur
Guy Héraud, le Professeur Dusan Sidjanski…
En 1990, le Centre a repris un projet de Denis de Rougemont,
interrompu à sa mort en 1985, de rédaction d’un Diction-
naire international du Fédéralisme. Il l’a fait paraître aux
Éditions Bruylant à Bruxelles en 1994. Le Centre a également
fait paraître aux éditions Georg à Genève un ouvrage sur
Denis de Rougemont: introduction à sa vie et son œuvre (1995)
et un autre sur Les grandes figures de la construction
européenne (1997), tous deux rédigés par François Saint-Ouen.
De 1994 à 2002, en partenariat avec l’éditeur Actes Sud, le
Centre a publié la collection L’Europe en bref formée de 27
petits livres d’introduction à diverses problématiques
européennes réunis en sept coffrets thématiques: Institutions
(1994), Courants politiques (1996), Courants sociaux et
environnementaux (1997), Identités et dynamiques
culturelles (1997), Energie et science (1998), Santé (1999),
Droits de l’Homme et action humanitaire (2002).

              30
Direction

Après le décès de Denis de Rougemont en décembre
1985, c’est le Professeur Jacques Freymond, historien de
formation et ancien directeur (1955-1978) de l’Institut
universitaire de Hautes Études Internationales, qui
reprend la Présidence du Centre. Il est assisté de
l’historien Gérard de Puymège, Secrétaire général.
En 1992, le journaliste de radio Jean-Fred Bourquin
succède à Jacques Freymond à la Présidence, tandis
que l’année d’après, l’historien Claus Hässig devient
Secrétaire général.

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Denis de Rougemont et Dusan Sidjanski lors du cinquantième anniversaire de ce dernier
Renaissance et
                     activités en cours
À la fin des années 1990, le Centre entre en crise       européenne José Manuel Barroso qui fut son
profonde. La direction établie en 1992 perd la           étudiant puis son assistant au début des
confiance des autorités politiques, notamment            années 1980 au Département de science
du Canton qui retire son appui financier, de             politique de l’Université, ce qui renforce les
même que celle de ses principaux collabora-              capacités du Centre de faire entendre sa voix
teurs. Il perd aussi ses locaux, puisque la Ville de     auprès des instances de l’Union Européenne.
Genève, propriétaire de la Villa Moynier,                De nouvelles activités se développent, notam-
souhaite entreprendre sa rénovation complète.            ment la «Main à la Pâte» dès 2002, la relance du
Durant ces temps troublés, Me Michael Schneider,         Dialogue des Cultures en 2004, avec une
avocat d’affaires, assure l’intérim de la Présidence,    réunion à Genève et un grand colloque à
alors même qu’une dissolution pure et simple             Lisbonne, ainsi qu’un nouveau cycle de
du Centre est envisagée.                                 conférences sur l’Europe inauguré en 2005 à
Dans ce contexte très difficile, le Professeur           l’Aula de l’Université de Genève par José Manuel
Dusan Sidjanski, fondateur et ancien Directeur           Barroso qui présente à cette occasion sa vision
du Département de science politique de                   de l’Union Européenne et de son avenir.
l’Université de Genève, s’oppose résolument              En 2008, le Professeur Charles Méla, ancien
durant les années 2000-2002 à la fermeture du            Doyen de la Faculté des Lettres de l’Université
Centre en faisant valoir notamment le patrimoine         de Genève et Directeur (jusqu’en 2013) de la
européen qu’il représente depuis le Congrès de           Fondation Martin Bodmer à Cologny, accède à
La Haye. Il est alors soutenu par le Doyen de la         la Présidence du Centre, tandis que le Professeur
Faculté des Lettres de l’Université de Genève, le        Sidjanski devient Président d’honneur tout en
Professeur Charles Méla, par le nouveau Premier          assurant la Présidence par interim jusqu’à ce
Ministre du Portugal José Manuel Barroso, ainsi          que Charles Méla ait quitté la direction de la
que par l’Union des Fédéralistes Européens.              Fondation Bodmer.
Dusan Sidjanski est élu Président en 2003. Avec          En novembre 2014, José Manuel Barroso,
beaucoup d’énergie, il lance de nouvelles                ancien Président de la Commission européenne,
activités. La Fondation Latsis offre l’appui             et Micheline Calmy-Rey, ancienne Ministre des
logistique indispensable en mettant à disposition        Affaires étrangères et ancienne Présidente de la
ses locaux et une partie de son secrétariat.             Confédération suisse, ont accepté d’être, aux
En 2004, le Professeur Sidjanski devient en outre        côtés du Professeur Sidjanski, Présidents
Conseiller spécial du Président de la Commission         d’honneur du Centre.

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Dusan Sidjanski avec Elisabeth Guigou, Présidente de «Europartenaires».

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Cycle
                                de Conférences
                                   européennes

Le cycle actuel des conférences-débats du Centre sur l’Europe
et l’avenir de l’Union Européenne a été inauguré à l’Aula de
l’Université de Genève en 2005 par José Manuel Barroso,
Président de la Commission Européenne. Ces conférences-
débats sont organisées avec le soutien de la Direction des
Affaires Européennes (anciennement, Bureau de l’Intégration)
du Département Fédéral des Affaires Étrangères, et en étroite
collaboration avec l’Institut d’Études globales (anciennement,
Institut Européen) et le Centre d’Études Juridiques Européennes
de l’Université de Genève, ainsi qu’avec l’Institut de Hautes
Études Internationales et du Développement.
De nombreuses personnalités figurent parmi les conférenciers
ayant honoré l’invitation du Centre, comme José Manuel
Barroso, Viviane Reding, José Maria Gil-Robles, Simone Veil,
Elisabeth Guigou, Bronislaw Geremek, Péter Balázs, Pascal
Lamy, Ernest-Antoine Sellière, Eneko Landaburu, Hélène
Carrère d’Encausse, Georges Nivat, Dusan Sidjanski,
Jean-Louis Quermonne, Joël de Rosnay, François Nordmann,
Fathallah Sijilmassi, Samir Frangieh, Fabrice Picod, Fausto de
Quadros, Bernard Guetta, Patrick Odier …
On trouvera en annexe une liste complète de l’ensemble des
conférences et des conférenciers depuis 2005.

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Éducation européenne
                                    La Main à la Pâte
Promouvoir une éducation européenne reste               de Suisse. L’expérience s’est ensuite très vite
un objectif important pour le Centre Européen           développée grâce à un partenariat avec la
de la Culture. En 1999, lors de la remise des Prix      plate-forme Sciences-Cité de l’Université de
de la Fondation Latsis, le Professeur Sidjanski a       Genève. L’introduction de l’expérience dans les
rencontré le Prix Nobel de Physique (1992)              programmes scolaires s’est ensuite malheu-
Georges Charpak, qui lui a parlé d’une méthode          reusement heurtée à des obstacles administratifs,
innovante de familiarisation des jeunes enfants         aggravés par le fractionnement cantonal des
à la démarche scientifique qu’il avait mise au          politiques d’éducation qui a entravé sa
point avec Leon Lederman, autre Prix Nobel de           diffusion en Suisse.
Physique (1988): «La Main              à la Pâte»       Au plan européen, le Professeur Sidjanski a
(http://www.fondation-lamap.org/).                      organisé en 2005 une rencontre à Paris entre
Il s’agit d’une méthode ludique et expérimentale        Georges Charpak et le Président Barroso pour
d’initiation des enfants de 4-5 ans à la démarche       sensibiliser ce dernier à l’importance de «La
et au raisonnement scientifiques. Elle éveille          Main à la Pâte». Cela lui a permis de recevoir
leur curiosité en leur apprenant à dialoguer avec       peu de temps après un financement d’1,75
les autres – donc à les respecter – par l’échange       million d’euros octroyé par l’Union dans le
d’arguments rationnels et convaincants. Au-delà         cadre du projet «Pollen» de mise en réseau de
de l’aspect scientifique stricto sensu, ses             douze villes pépinières de science. En 2010, le
caractéristiques en font aussi une méthode              projet «Fibonacci» (du nom d’un mathé-
d’apprentissage du débat démocratique et de la          maticien pisan du XIIIe siècle) a pris le relais de
vie en société. C’est ainsi que l’on a pu par           «Pollen». La transition avec «La Main à la Pâte»,
exemple constater, dans les classes où elle a été       puis avec «Pollen», a été présentée en septembre
introduite, une diminution sensible de la violence      2010 par le Professeur Sidjanski lors d’une
entre les élèves. C’est donc également un outil         conférence à l’Université de Bayreuth intitulée
d’intégration sociale.                                  «European Cultural Heritage and the Role of
Fort de ses premiers contacts avec Georges              Science and Mathematics» (http://www.dusan-
Charpak ainsi qu’avec certains de ses collègues         sidjanski.eu/pdf/Conferences_participation/Bayr
comme Yves Quéré et Pierre Léna (de l’Académie          euth_Conference_sept_2010.pdf).
des sciences de l’Institut de France), le Professeur    Il a aussi rendu hommage à Georges Charpak
Sidjanski a réuni en 2002 au Centre Européen            lors d’une cérémonie organisée le 1er mars
de la Culture un colloque animé par Georges             2011 à l’Académie des Sciences de l’Institut de
Chapark et Yves Quéré, auquel ont assisté une           France à Paris (http://www.dusan-sidjanski.eu/
vingtaine d’enseignants et responsables de la           pdf/Conferences_participation/11_Programm
politique d’éducation des cantons francophones          e_hommage_20110301.pdf).

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