CHAPITRE I : LES ANNEES TINA - Lycée Louis Pasteur - Lille
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Tina Modotti CHAPITRE I : LES ANNEES TINA Les 2 époux appartiennent à un groupe bohème et ouvert aux nouvelles idées du temps auquel appartiennent des intellectuels qui vont ouvrir TM au modernisme idéologique et artistique : - Sadakichi Hartmann (mi-japonais, mi-allemand), critique photographique et quintessence de l’agent provocateur intellectuel. C’est un ami du photographe Stieglitz. - John Cowper Powys, « amoureux de la poésie et bolchevik officiel » Et autour duquel gravitent aussi les membres de la communauté des Mexicains exilés, dont Ricardo Gomez Robelo, poète et traducteur de Poe et Wilde. En 1920, il publie son 2ème livre de poèmes, illustré par Robo. Robo est aussi introduit à une publication mensuelle, en anglais, mais éditée à Mexico, Gale’s Magazine, qui se désigne comme le « Journal de la nouvelle civilisation » (titre complet : Gale’s International Journal for Revolutionary Communism). Gale appartient au Parti Socialiste mexicain et diffuse des éditoriaux où la vision du Mexique est romanticisée. Son lectorat se trouve parmi les radicaux du sud de la Californie, et à partir de mai 1920, Robo y publie des caricatures de bourgeois et banquiers de Wall Street, toujours présentés comme responsables des malheurs des Mexicains ou transpirant de peur face aux bannières pro-révolutionnaires. « Viva el Bolshevismo ». Pendant ce temps-là, TM - Dévore les travaux de Wilde, Freud, Poe et Nietzsche… et devient très cultivée. - Connaît un certain succès au cinéma, dont le 1er rôle dans The Tiger’s coat. - Rencontre Edward Weston, par une amie danseuse qui circule entre les groupes artistiques de Hollywood. TM et Weston fréquentent les mêmes cercles : conférences et lectures, spectacles et expositions, soirées et sexe, alcool. Parallèlement, le mariage de TM et Robo est en train de s’effriter : Robo n’est pas prêt à faire face au monde et il souffre de ne savoir quelle carrière embrasser.
a) La découverte de la photographie b. La découverte de la photographie i. Edward Weston Né en 1886. Il est installé depuis 1911 à Tropico (banlieue de LA) sur un terrain que possède sa femme – qui assure le quotidien de la famille (4 enfants). Edward Weston, Autoportrait, 1908 Sa renommée va grandissante : - En 1915, il remporte une médaille de bronze à l’exposition Panama-Pacifique - En 1918, exposition au prestigieux London Salon of Photography. Edward Weston Il est connu pour ses fréquentations d’avant-garde ET ses aventures extra-conjugales. Il affecte une allure par Margrethe Mather, 1921 européenne : ce qu’il croit être le costume de l’artiste = cape et canne, lavallière, veste en velours. Voir les photos qu’Imogen Cunningham fait de lui et de son assistante Margrethe Mather. Edward Weston et Margrethe Mather, par Imogen Cunningham, 1922 et 1923 Il est aussi animé par une extraordinaire ambition. Cf. photos de 1924 par TM (sur une série de de 4): - Portrait : contre-plongée qui accentue l’effet sculptural du photographe et souligne l’admiration de TM pour lui. Le regard du photographe et l’orientation de l’appareil sont orientés dans la même direction (+ vers le haut) en une sorte de symbiose.
- Portrait en pied – contreplongée – contrapposto – l’appareil est comme un développement du photographe lui-même (couleur, forme, orientation) – illusion de légèreté de l’appareil. Regard lointain, au-dessus de la prise de vue. 1924 Tina Modotti ii. Histoire de la photographie américaine Weston incarne le pictorialisme et son glissement vers une photographie essentiellement tournée vers la netteté et la précision des formes (ce qui deviendra la straight photography). Pictorialisme : mouvement qui se développe dans la fin des années 90 et recherche une reconnaissance de la photographie en tant que discipline artistique et imite les moyens de la peinture et des arts graphiques. Õ Images douces et estompées avec une forme de flou. Õ Effets sur les tirages (virage chromatique) Nu, 1910 Danseurs, 1921 Représentants du mouvement : Alfred Stieglitz, Steichen… Au cours des années 20, Stieglitz, Paul Strand et Weston avec eux évoluent vers une photographie qui prend le parti pris de la netteté de tous les plans de la photo (ce qui implique un long temps de pose). Õ Vers le refus de « l’atmosphère » au profit du graphisme. Cf. étude de 2 tirages de Stieglitz de la même photo qui montrent le glissement du pictorialisme à la straight photography : The Hand of Man, 1903, platinotype, 16,2 x 21,3 cm, LA, Getty Center
Travail de retouche, prépondérance du flou, jeu sur des effets proches de ceux de l’impressionnisme The Hand of men, 1911, photogravure, 24,2 x 31,9 cm, NY, Metropolitan Museum. Plus grande netteté et précision des lignes : jeu graphique des rails et des poteaux Õ expression de la modernité. C’est cette démarche que va épouser Weston, et avec lui, dans une certaine mesure TM. [Mais l’évolution de TM n’est pas réductible à l’influence de Weston. Penser au travail des photographes européens comme Renger- Patzsch.] Ce mouvement est amorcé en 1922 quand son beau-frère lui offre un ticket pour NY, où il rencontre Stieglitz. Il commence alors un nouveau cycle de photos à son retour en Ohio (chez sa sœur) Aciérie Armco, American Rolling Mill Company In Edward Weston’s journals, which he began on his trip to Ohio and New York in fall 1922, the artist wrote of the exhilaration he felt while photographing the “great plant and giant stacks of the American Rolling Mill Company” in Middletown, Ohio. He then went to see the great photographer and tastemaker Alfred Stieglitz. Were he still publishing the magazine Camera Work, Stieglitz told him, he would have reproduced some of Weston’s recent images in it, including, in particular, one of his smokestacks. The photograph’s clarity and the photographer’s frank awe at the beauty of the brute industrial subject seemed clear signs of advanced modernist tendencies. In moving away from the soft focus and geometric stylization of his recent images, such as Attic of 1921 (MoMA 1902.2001), Weston was discovering a more straightforward approach, one of considered confrontation with the facts of the larger world much like that of his close friend Johan Hagemeyer, who was photographing such modern subjects as smokestacks, telephone wires, and advertisements. Shortly before his trip east, Weston had met R. M. Schindler, the Austrian architect, and had been excited by his unapologetically spare, modern house and its implications for art and design. Weston was also reading avant-garde European art magazines full of images and essays extolling machines and construction. Stimulated by these currents, Weston saw that by the time he got to Ohio he was “ripe to change, was changing, yes changed.” The visit to Armco was the critical pivot, the hinge between Weston’s Pictorialist past and his modernist future. It marked a clear leave-taking from his bohemian circle in Los Angeles and the first step toward the cosmopolitan connections he made in New York and in Mexico City, where he moved a few months later to live with the Italian actress and artist Tina Modotti. The Armco photographs went with him and became talismans of the sea change, emblematic works that decorated his studio in Mexico, along with a Japanese print and a print by Picasso. When he sent a representation of his best work to the Film und Foto exhibition in Stuttgart in 1929, one of the smokestacks was included. In the midst of such transformation, Weston maintained tried-and-true darkroom procedures. He had used an enlarger in earlier years but had abandoned the technique because he felt that too much information was lost in the projection. Instead he increasingly favored contact printing. To make the smokestack print, Weston enlarged his 3 ¼ by 4 ¼ inch (8.3 by 10.8 centimeter) original negative onto an 8 by 10 inch (20.3 by 25.4 centimeter) interpositive transparency, which he contact
printed to a second sheet of film in the usual way, creating the final 8 by 10 inch negative. Weston was frugal; he was known to economize by purchasing platinum and palladium paper by the roll from Willis and Clements in England and trimming it to size. He exposed a sheet of palladium paper to the sun through the negative and, after processing the print, finished it by applying aqueous retouching media to any flaws. The fragile balance of the photograph’s chemistry, however, is evinced in a bubble-shaped area of cooler tonality hovering over the central stacks. The print was in Modotti’s possession at the time of her death in Mexico City, in 1942. —Lee Ann Daffner, Maria Morris Hambourg (Moma) Le rôle que le Mexique va jouer sur lui est cependant absolument déterminant dans son évolution. Son 2ème séjour (en 25-26) le conduit à la radicalisation plastique qui sera ensuite sa marque de fabrique. Commentaire de TM sur Coquillages (27-28) : Ils ne me dérangent pas seulement mentalement mais aussi physiquement. Ils ont quelque chose de si peur et en même temps de si pervers. Ils contiennent à la fois l’innocence des choses naturelles et la morbidité d’un esprit sophistiqué et tordu. Ils sont mystiques et érotiques. (lettre à EW) EW n’y vit rien d’autre que de pures formes.
Weston, Margrethe et Tina Avec lui, TM découvre le monde de la photo : les techniques et les artistes qu’il fréquente. Imogen Cunningham ou Hagemeyer, 1923 — Son assistante depuis 1911 : Margrethe Mather — Imogen Cunningham + Johan Hagemeyer, passionné de photographie et ami de Stieglitz Anne of the crooked halo, 1920 — Dorothea Lange cf. photo de juin 20 : Anne of the Crooked halo The White Iris, Weston 1921 Début 21 : liaison entre TM et Weston et 1ers portraits de Tina, dans une veine pictorialiste. Ces portraits constituent l’une des clés à l’incompréhension dont a été victime TM : elle est d’abord un modèle, sensuel et offert, pour un grand photographe qui va l’initier à son art = une muse et une élève. Cette liaison est sans aucun doute le phénomène accélérateur qui pousse Robo à vouloir partir pour le Mexique. Il a été séduit par le tableau que Robelo, qui y retourne, lui en a fait. Il tente de convaincre Tina et Weston de partir aussi. Tous les deux sont tentés, lui pour partager un studio avec Robo, elle pour plusieurs raisons : Elle est attachée à son mari Sa relation avec Weston est frustrante ou à tout le moins insatisfaisante ; Le Mexique est un pays qui attire et fascine.
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