Christopher taylor 15 janvier - 14 mars 2021 - Une histoire de l'origine des noms - Cjoint
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Steinholt Une histoire de l’origine des noms © Christopher Taylor, « Alfheidur tenant le miroir de sa grand-mère ». 15 janvier - 14 mars 2021 Christopher Taylor
Christopher Taylor Exposition du 15 janvier au 14 mars 2021 Steinholt Présentation Jeudi 14 janvier La dernière série de photographies de Christopher Taylor tire son titre, Steinholt, du nom de la maison que les grands-parents de son épouse Par l’artiste ont construite dans un petit village du nord de l’Islande, au bord de la mer. précisions à venir selon les mesures sanitaires en vigueur Christopher et son épouse Álfheiður ont par hasard, pu acheter cette maison en 2010. Ce projet photographique a vu le jour d’une façon imprévue elle est la troisième série de photographies qu’il réalise sur l’Islande. Ce n’est plus un invité de passage, il vit avec les villageois de Þórshöfn. Il rend éloquent le temps qu’il y passe en interprétant les paysages Visites commentées : et en observant les traces laissées par ceux qui y sont morts ou en sont partis, et qui relèvent de la mémoire colective. Samedi 6 février à 15h30 Mardi 9 mars à 18h30 Contacts: LeLieu Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi de 14h à 18h Dimanche 14 mars à 15h30 Hôtel Gabriel - Aile Est samedi et dimanche de 15h à 18h Enclos du Port - 56100 Lorient Par un médiateur du Lieu 02. 97. 21. 18. 02 Fermé les jours fériés www.galerielelieu.com contact@galerielelieu.com ENTRÉE LIBRE
STEINHOLT une histoire de l’origine des noms Dernière série de photographies de Christopher Taylor, à travers laquelle il remonte l’histoire familiale de son épouse. L’occasion d’explorer les liens qui unissent les générations et la marque du temps sur les paysages. Ce projet photographique a vu le jour d’une façon imprévue. Ma femme, Álf h eiður, a revisité Þórshöfn, le village de son père dans l’extrême nord-est de l’Islande. Elle avait l’intention de réparer la croix qui marque l’emplacement de la tombe de sa grand-mère dans le cimetière situé à sept kilomètres du village. Après s’être occupée de la tombe de sa grand-mère, Álf h eiður avait envie de revoir la maison où ses grands-parents avaient vécu. Le propriétaire, un célibataire âgé nommé Agnar, ouvrit la porte et l’invita à prendre un café. En fermant les yeux, elle imagine la cuisine comme celle d’il y a 40 ans, avec ses odeurs - un mélange de café, de poisson séché et de fumée - comme si rien n’avait bougé. En 1929, les grands-parents de ma femme ont construit une petite maison près de la mer à Þórshöfn où ils ont vécu pendant 40 ans. Ils la nomment Steinholt. Chaque été, lorsque Álf h eiður était enfant, sa mère l’envoyait de Reykjavik chez ses grands-parents pour les vacances scolaires. Les souvenirs de ce temps passé à Þórshöfn en compagnie de sa grand-mère, dont elle porte le nom, sont parmi les plus heureux de son enfance. L’année suivante après la visite d’Álfheiður, Agnar a déménagé à la maison de retraite du village. Se souvenant de ma femme enfant avec sa grand-mère, qui portaient toutes deux le nom Álf h eiður, il jugea que Steinholt devait appartenir à ma femme et nous contacta à propos de la maison. Le respect de la mémoire est le fil conducteur qui relie les événements qui précédent ces photographies. En cinq ans, la série prend progressivement forme à la lumière des histoires des ancêtres de ma femme, qui ont sillonné la région à la recherche de travail ou d’un endroit pour vivre. J’ai retracé leurs mouvements, voyageant souvent seul à pied dans le paysage. Les photographies ne sont pas destinées à être documentaires. Le but est d’évoquer un point de vue personnel sur la valeur de la mémoire, l’esprit du lieu et de donner libre cours aux émotions que j’ai ressenties en explorant cette région austère et belle. Christopher Taylor Svalbard church (2014)
Signes dans le temps Steinholt est la troisième série de photographies que Christopher Taylor consacre à l’Islande, pays de son épouse, Álf h eiður. Une première série, Sous le Glacier (1996-1998), est inspirée par le livre d’Halldor Laxness : Kristnihald undir Jökli (1968) tandis qu’une seconde est réalisée aux îles Westman (Vestmannaeyjar, 2006-2010) d’où la mère d’Álf h eiður est originaire. La relation de Christopher avec la nature et les Islandais s’est approfondie depuis que le couple a acquis Steinholt, la modeste maison construite par les grands-parents paternels d’Álf h eiður à Þórshöfn, sur la côte nord-est du pays. Maintenant, chaque année Christopher revient dans ce petit village d’environ 300 habitants. Il se consacre à la restauration de la maison, travaille de temps en temps à l’usine de congélation de poisson et surtout, quand le temps est favorable, il part explorer le paysage lors de longues randonnées escarpées. Christopher n’est plus un invité de passage, frappé et fasciné par la grandeur indomptable de l’environnement naturel. Il n’est pas non plus otage des espaces clos pendant les périodes de mauvais temps : désormais il vit avec les villageois de Þórshöfn. Il rend éloquent le temps qu’il y passe en interprétant les paysages et en observant les traces laissées par ceux qui y sont morts ou en sont partis, et qui relèvent de la mémoire collective. Christopher a été frappé par la rudesse et la simplicité des histoires dont certains ont été les témoins. Quelques uns de ces récits de survie ont été enregistrés dans les années 1940 par l’éleveur et écrivain local Benjamín Sigvaldason. Les protagonistes, pêcheurs quand la mer et le climat le permettaient, éleveurs de quelques moutons, ont été les acteurs héroïques de situations presque intolérables. Souvent incapables de gagner leur vie dans les fermes isolées où ils sont nés, ils partent ailleurs pour recommencer à zéro. Certains ont été exploités, d’autres ont lutté dans des circonstances très pénibles; ils ont survécu en glanant alentours le peu qu’ils pouvaient. La série Steinholt - Une histoire de l’origine des noms, fait allusion à la transmission des noms pour perpétuer la mémoire. En créant sa propre fresque ici, le photographe, parfois avec l’intention de se rappeler certains détails du passé, parvient à aller au-delà de la seule évocation des événements anciens. Même quand elles dépeignent des lieux et des expériences particulières, ces images ne renvoient pas à l’anecdote. Le milieu naturel de ces régions hostiles au maintien de la vie humaine conserve une beauté et une pureté rares dans des espaces plus hospitaliers. Depuis les fenêtres disloquées, les vues à couper Könguas, Nùspasveit (2014) le souffle compensent la pauvreté de l’ameublement des maisons en ruine ou abandonnées. Dans notre ère numérique de communication rapide et divertissante, Christopher continue à utiliser d’anciens appareils argentiques. Il développe les pellicules et réalise les tirages lui-même. Les mois passés à explorer le paysage de cette île exposée aux éléments sont suivis par de longues journées dans sa chambre noire du sud de la France. Il consacre son temps à fixer ces mémoires sur papier, travail précis et rigoureux réconforté par des tasses de thé. Les étés islandais inondés de lumière alternent avec de longues périodes d’obscurité. Avec ce régime austère, ses images sont distillées, livrées comme des hymnes à la beauté dans laquelle les noirs et les blancs de toutes nuances donnent une teinte éthérée à ces instantanés de vie.
Paysages, fragments architecturaux, animaux et portraits sont les thèmes des trois séries consacrées à l’Islande. Elles en véhiculent collectivement une image assez complète. Dans ces espaces vastes et naturels l’œil peut vagabonder vers des éléments proches ou lointains, se concentrer sur de simples détails rendus poétiques et chargés de signification (une cane qui couve, quelques feuilles de rhubarbe…) ou vers l’infini des horizons qui frappe et effraie dans toute son énergie originelle. Christopher aime la liberté d’être capable de disparaître et de ne pas être trouvé voire même recherché. Une attente comblée par le paysage islandais. Cela fait partie de la méthode qu’il utilise pour se placer dans des circonstances similaires à celles des habitants de cette région il y a cinquante ou cent ans, une tentative pour revivre leur expérience. Regards familiers Contrairement aux photos prises en Chine et en Inde - les deux autres pays où il séjourne le plus fréquemment - la vie privée du photographe est impliquée ici. Les photographies évoquent l’histoire de la famille d’Álf heiður et insufflent une certaine intimité. Christopher se penche sur les traces du passé dans le milieu environnant, à la recherche d’une clé pour une perception approfondie de la femme avec qui il partage sa vie depuis plus de trente ans. Rif, Melrakkaslétta (2015) En Islande, il est non seulement bien informé, voyageur éclairé, mais aussi un homme qui veut faire partie de ce qu’il voit et veut savoir ce que cela signifie. La façon dont il exprime ce sentiment d’appartenance est néanmoins suggéré : les détails autobiographiques sont emblématiques. Il n’est pas indispensable de savoir si l’une de ces fermes en ruine est celle des ancêtres de sa femme : la plupart des Islandais peuvent s’y identifier. Les portraits sont ceux de personnes vivant autour de Þórshöfn, ou qui ont une relation avec la famille d’Álfheiður. Christopher les a croisées au village ou pendant ses randonnées et il a reconnu en elles l’esprit emblématique de la région. Ces hommes et ces femmes ont discuté, partagé des repas, passé des heures ou des jours avec lui. Il les observe dans l’espoir de saisir à la fois leurs similitudes et leurs différences. On peut dire qu’ils posent, dans le sens où ils savent qu’ils sont photographiés, mais leur regard montre qu’ils ne changent pas devant l’objectif. Ils conservent une « intégrité » intérieure soutenue par le sentiment qu’ils sont en phase avec l’image que le photographe va transmettre - c’est un signe de grande confiance. Nous avons tendance à nous demander qui sont ces gens. Nous imaginons des anecdotes et des liens de sang qui existent souvent mais, comme on peut le dire pour toutes les images de Christopher, ces portraits semblent animés d’une vie propre, qui nous nourrit à travers un regard intense et muet. Le seul portrait vraiment « forcé » qui mériterait une précision est celui de son épouse qui tient le miroir ayant appartenu à sa grand-mère, Álfheiður (elles partagent le même prénom). Sur la photo, le visage de la petite-fille est reflété partiellement, comme pour suggérer qu’elle se reconnaît seulement à demi dans la figure de sa grand-mère bien aimée, mais que la vie l’a aussi conduite vers d’autres directions, Leader sheep / Forystufé, Svalbard (2014) vers des possibles inimaginables et insoupçonnés. Les lignes et les espaces. Je suis le travail de Christopher depuis plus de 10 ans, et j’ai remarqué depuis longtemps son penchant pour les compositions solides et centrales dans un format de préférence carré et souvent structuré par des lignes droites. Cette caractéristique est particulièrement évidente quand il photographie l’architecture, mais les horizons fortement délimités de ses nombreuses marines participent aussi de cet esprit.
Les images qu’il conçoit sont presque toujours symétriques et visent une harmonie qui tend à un parfait équilibre. Il possède un talent inné pour étalonner des éléments dans une photographie. Cela signifie que les espaces trop « pleins » ou sombres sont en contrepoint avec les zones lumineuses ou « vides » qui ne sont pas forcément de même taille mais contribuent à créer une image visuellement équilibrée. Parfois, ce sont des éclairs de lumière isolée, puissants et significatifs qui contrebalancent de vastes zones sombres. Par une combinaison organique et habile de lignes droites et doucement courbées il me semble que l’œil de Christopher ne fait pas de distinction entre ce qui est artificiel et ce qui est naturel. Au contraire, je pense qu’il se sert d’éléments caractérisant le lieu, où la nature est dotée d’une force sauvage qui consume tout artefact humain. Cela nous fait sentir que l’humanité et ses productions ne font qu’un avec la nature. Je ne me réfère pas uniquement aux images où l’héritage humain est seulement un vestige du passé et voué Artic terns / Kriur, Rif, Melrrakaslétta (2015) à disparaître lentement (Fagranes, Skinnalón, Rif, Heiðarhöfn, Ássel), mais aussi à celles où l’humain laisse une empreinte active (Fontur, Tungusel, Svalbarð church, From Steinholt). Pourtant, c’est une présence prégnante qui est déterminée par le contexte, montrant ainsi le profond respect que le photographe admire et partage. En effet, c’est vraiment l’hymne nostalgique déchirant de celui qui ne considère possible un échange respectueux avec l’univers que lorsque les multiples stratagèmes humains ne peuvent surmonter la puissance primordiale de la nature elle-même. Le Ciel et la Mer La mer photographiée par Christopher nous donne envie d’inventer des noms spécifiques pour chacun de ses « états », comme les différentes appellations utilisées par les Inuits pour décrire la neige dans ses nombreuses variations. Une marine plate est baignée par un rayon de soleil à peine voilé par un léger nuage : il ouvre nos cœurs et nous donne un sentiment de sérénité infinie (Sölvanöv). Dans une autre image une langue d’eau sinueuse glisse dans des criques, fixée contre une ligne de collines lointaines et un ciel en surplomb si immense qu’elle semble hors de proportion avec le reste de la scène (Langanes on the horizon). Il y a aussi la mer assombrie par une masse imposante de nuages qui apparaît si dangereusement proche de l’objectif du photographe et du spectateur comme pour susciter la peur d’être aspiré par sa force menaçante. Une mouette chasse des poissons, plane au-dessus d’une étendue de vagues sombres et donne une sensation de froideur désagréable (Þistilfjörður). Là encore, la mer est photographiée d’un point de vue légèrement surélevé : l’eau est agitée, mais ne menace pas, elle est séparée du ciel en son milieu par des couches de brume vaporeuse coupée par une étrange ligne formée par la fusion des courants (Sealine). Plus j’observe ces marines, plus que je me rends compte que, bien qu’elles constituent une réalité objective et macroscopique, elles incarnent le thème où Christopher exprime le mieux son état d’esprit. Stefan from Laxardalur (2014) Le ciel est tout aussi immense et intense et il est parfois en contraste avec l’étendue de la terre et de la mer où il est mis en miroir (Naustinn, Sandkrókur, Near Haldórskot). À d’autres moments, il devient le seul acteur, cisaillé par le vol libre ou coordonné des oiseaux (Arctic Terns, Geese) et devient le symbole d’une existence indicible encore plus grande.
Tout le reste Au-delà de l’harmonie de la composition, de l’équilibre des zones claires et sombres, de l’interaction entre les lignes nettes et droites et les courbes douces, de la variété thématique, il y a une chose qui frappe le spectateur par un examen plus approfondi de ces photographies. Chaque image est le fruit d’une seule qualité fondamentale : celle d’observer tous les aspects du monde avec un œil pensif, affectueux et prudent. Pour Christopher, la valeur n’a pas été attribuée à un ordre hiérarchique : il capture l’essence de chaque chose, humain, animal ou paysage et considère qu’il est un fragment de l’univers vivant. Il n’y a ni complexe d’infériorité ou de supériorité, et même pas un complexe d’égalité (tel que le maître bouddhiste Thich Nhat Hanh le suggère) parce que les frontières entre une chose et une autre disparaissent : le minéral, l’animal et le végétal font tous partie d’une seule symphonie. Une simple luge couchée dans la neige, un plat à gâteau en verre, un vieux fauteuil poussiéreux, un œuf de guillemot - tout cela nous fait passer du monde de la nature à des épisodes plus intimes de la vie quotidienne, où nous pouvons plus fortement reconnaître les signes qui marquent le passage du temps. C’est une notion qui distingue l’humanité spécifiquement et à laquelle nous devons peut-être notre conscience douloureuse du fini. Les images de Christopher et l’état suspendu, l’intemporel qu’elles évoquent nous aident à surmonter cette prise de conscience, nous élèvent vers des horizons plus vastes. Monica Dematté Vigolo Vattaro, le 2 mars 2016 Skinnalon, Melrakkaslétta (2012) Tungusel, Pistilfjordur (2014)
Assel, Langanes (2013) Steintun, Bakkafjordurt (2012)
BIOGRAPHIE Originaire de Skegness - une station balnéaire sur la côte est de l’Angleterre, je me suis enseigné la photographie suite d’un emploi d’été à photographier les touristes lors que j’étais au lycée dans les années 1970. À l’université, j’ai étudié la zoologie et j’ai ensuite travaillé dans la recherche. En m’installant à Londres en 1984, j’ai trouvé un emploi dans l’informatique. Pendant mon temps libre, je poursuivais des projets photographiques personnels. J’ai commencé à les exposer quelques années plus tard, notamment à Londres à la Photographers’ Gallery. À partir de 1986, j’ai voyagé pendant 2 ans avec ma femme Álfheiður et un Rolleiflex en Asie, principalement en Chine et en Inde. L’expérience s’est révélée décisive et a conduit à une fascination durable pour le patrimoine culturel de ces deux pays, auxquels je reviens régulièrement pour des projets photographiques, des publications ou des expositions, y compris Tasveer Arts (Bangalore / Mumbai / Delhi / Kolkata), la galerie Ofoto (Shanghai) Les autres séries photographiques de Christopher Taylor ou Moartspace (Henan). Depuis mon mariage en 1983 avec Álfheiður, qui est islandaise, je visite régulièrement son pays. Inspiré par les romans de l’auteur islandais Haldor Laxness (lauréat du prix Nobel de littérature en 1956), et des proches parents d’Álfheiður, j’ai réalisé trois séries photographiques en Islande. La plus récente, «Steinholt» (2011 - 2017), a fait l’objet d’expositions dans des lieux tels que ; Galerie Camera Obscura, Paris, Musée national d’Islande et Mind Set Art Center, Taipei, avec un livre publié par Kehrer Verlag (Heidelberg). J’habite en France près de Montpellier depuis 1992. Geese, Porshofn (2012)
Stèles La Chine a commencé pour moi par deux images : des personnages de la cour impériale représentés sur le papier peint de ma chambre d’enfant, et des foules révolutionnaires brandissant le Petit Livre rouge dont le professeur d’histoire, maoïste fervent, nous avait donné la vision au collège. Bien sûr, lors de mon premier voyage en 1988, je me trouvais devant un monde tout à fait différent. Rétrospectivement, si mes photographies d’alors m’apparaissaient trop liées à une expérience, parfois naïve, du dépaysement, volontaire, ce séjour en Chine fut le prélude à un travail autobiographique que j’entamais immédiatement à mon retour en Angleterre ; peut-être une vérification intime, et toute personnelle, de cette remarque de Simon Leys selon laquelle « la Chine est cet Autre fondamental Stèle #3, Shaanxi 2002 sans la rencontre duquel l’Occident ne saurait devenir vraiment conscient des contours et des limites de son Moi culturel ». A l’hiver 1994/95, dans la région du Fleuve Jaune, j’ai compris que ce qui m’intéressait était l’idée d’une permanence mobile. Là, depuis des siècles, la poussière déposée par le vent, est entraînée par l’eau. Heimaey, Vestmanaeyjar 2007 Le fleuve, en s’écoulant, forme un limon par lequel son lit s’élève ; il inonde la plaine ; le sol se renouvelle. A partir de 2000, j’ai surtout voyagé dans l’ouest du Huang He ; la plupart des photographies ici exposées datent de cette période. En pensant à la notion de Zhong, ce « milieu » dont la valeur en chinois est même temps nominale et verbale, j’ai essayé de saisir des opposés très marqués dans le paysage (vide/plein, ciel/terre, infime/immense) en un troisième terme – lieu adéquat, moment propice – qui signifierait à la fois action et arrêt. Stèles n’est pourtant ni une oeuvre symbolique, ni un exercice spirituel. Plutôt le résultat d’une élaboration plus large que la Chine a rendu pour moi possible. C’est aussi le sens de l’hommage rendu, par le titre du livre, à l’oeuvre de Victor Segalen.
Vestmanaeyjar Red Square Ce sont des îles au large de la côte Sud d’Islande dont une - Heimaey - est habitée par une population de quatre mille âmes environ. Chaque île de l’archipel s’est formée à partir Dans les années quatre-vingts, lorsque j’ai visité Calcutta pour la première fois, j’ai ressen- Ma belle-mère est originaire de Heimaey. d’une éruption volcanique. En 2010, j’ai rencontré ti une curieuse impression de déjà-vu. Au temps de la colonisation Britannique, Calcutta L’île a été évacuée en 1973 suites d’une éruption le fermier, maintenant âgé, qui m’a raconté qu’en avait été en quelque sorte modelée sur Londres, où je résidais à ce moment là, et j’en volcanique, puis repeuplées un ou deux ans après. 1963, il a vu du feu dans la mer. Il a cru que c’était percevais sur un antre continent un écho lointain, renvoyé à travers le temps et l’histoire. La maison des grands-parents de ma femme est un bateau en détresse et il a averti les urgences, maintenant recouverte par quelques dizaines mais en fait c’était une éruption qui laissait surgir Entre 2003 et 2013, je suis retourné tous les ans en Inde pour réaliser « Red Square », de mètres de lave. Ma femme, Álfheiður, une nouvelle île - Surtsey. projet photographique qui tente de révéler les émotions complexes provoquées par la l’a vue en train de brûler sur un reportage Parmi les huit enfants des grands-parents de ma rencontre avec ce monde si lointain et pourtant profondément lié à mon identité cultu- télévisé de l’époque. femme, seulement son oncle Siggi est retourné relle. Les photos de la série sont prises entre habiter sur l’île. Il était gardien de terrain de Mon idée était de fixer les traces architecturales de ce passé colonial avant que la mo- l’appartement à Reykjavik où ma belle-mère foot, et après un bref mariage, il devint solitaire. dernisation ne les efface. Suite à une première exposition de ce travail à Calcutta en résidait seul depuis nombreuses années, et son Plutôt excentrique, il avait tendance le soir 2005, j’ai été contacté par Soumitra Das, du quotidien indien The Telegraph pays natal, l’île de Heimaey que j’ai visité quatre à regarder trois télévisions simultanément, souvent pour réaliser un livre qui documente de façon corollaire autour du centre nerveux du fois entre 2005 et 2010. Álfheiður avait encore le foot, les nouvelles et le porno. L’expérience pouvoir colonial en Inde, l’endroit où le commerce britannique était établi au début en un oncle et une cousine qui habitaient sur l’île. d’une l’exposition mal passée à Reykjavik 1686. L’envergure de mon projet s’en est trouvée enrichie et l’image d’une histoire com- À la première visite, nous sommes restés chez sous des tempêtes de pluie et l’excentricité plexe et fascinante a commencé à prendre forme. sa cousine, et puis j’ai ensuite loué une petite de Siggi m’avaient laissé assez démoralisé quand, maison isolée (nommé Brekkahus) qui fut, finalement, je suis parti pour les I’Îles Westman, à l’origine, construite par un fermier qui avait mais comme par miracle, le jour où j’ai pris quelques moutons. le traversier, il a fait un temps ensoleillé et calme. Je suis arrivé dans le port d’embarquement, et puis j’ai trouvé le chemin pour Brekkahus en plein centre de l’île, après quarante minutes de marche. Il n’y avait personne pour prendre l’argent, la porte de la maison était ouverte. A l ‘intérieur, il y avait partout des motif de roses. Je parcourais l’île à pied quand le temps me le permettait. Un soir, quand le temps s’était dégradé, je suis allé regarder un match (et d’autres choses) chez Siggi, et une souris a sombré dans la nuit. Au bout d’une semaine, j’ai laissé l’argent sur la table sans fermer la porte à clé, avant d’y retourner l’année suivante. Ferry vers Heimaey, Vestmanaeyjar 2009
Anthropoda - Les menues actions La photographie ouvre notre regard à tous les possibles : que fera-t-on de cette liberté de choisir, parmi tous les objets et évènements qui s’offrent à nous, ceux que nous désirons fixer? Dresser des listes ? Rétablir les évènements dans leur «vérité»? Fixer quelques traces de notre incertaine présence au monde ? Arthropoda - la liste inventorier les insectes domestiques, ou tout au moins qui ont pénétré le cercle intime de la maisonnée : Ce recensement n’a rien d’une froide typologie mais relève plutôt d’une observation délicate, mélange de compassion et d’humour. Vus à cette échelle, ils semblent posséder En 1932, Brassaï avait étonné en montrant un «caractère». Si le mille-pattes s’affirme guilleret comment de minuscules objets de rebut et conquérant, la plupart des autres bestioles pouvaient devenir des sculptures sous paraissent avoir fait les frais d’une cohabitation avec son objectif grossissant. Les menues actions l’homme pleine de pièges (insecticides ?) : l’abeille de Christopher Taylor déplacent cette expérience couchée sur le flanc est particulièrement pathétique, dans le champ de l’évènement : elles sont quoique sa mort semble paisible « L’instant décisif » du presque rien. Comme et qu’elle évoque aussi la douceur et le recueillement. dans Arthropoda, nous retrouvons dans Cette proximité est étrange : elle n’est certes pas cette série l’observation détachée, voulue par le photographe pseudo-scientifique (on pense aux images (ce serait un anthropomorphisme un peu superficiel) de la couronne d’une goutte de lait s’écrasant mais découle naturellement d’une caractéristique sur une table) mêlée au sentiment que nous essentielle du regard de Christopher Taylor sommes intimement concernés par ce que nous que l’on peut définir comme un mélange paradoxal voyons : Comme si ces menues actions nous de détachement objectif et d’empathie. parlaient aussi de choses essentielles, ayant trait à la genèse, à la naissance, aux mystérieuses forces qui nous gouvernent. Fixer quelques traces. La certitude de notre existence n’est pas un sentiment permanent : certains états fugitifs nous font sentir intensément ce lien qui nous lie au monde, mais c’est une quête toujours recommencée que de chercher à nouveau à l’éprouver et à l’approfondir. J’ai le sentiment que la photographie de Christopher Taylor, dans ce perpétuel aller-retour circonspect entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’observation et l’empathie, est essentiellement une recherche de ce lien, de cette certitude, que nous voudrions acquise, de notre présence au monde. Anthropoda #6, 1999 Didier Brousse, Galerie Camera Obscura, Paris.
Christopher Taylor 2009 Red square, Gallery Out of Place, Tokyo/Nara, Japon Stèles, OFOTO Gallery, Shanghai, Chine Red square, Galerie Camera Obscura, Paris 1958 Né à Skegness, Angleterre. 1977-1980 Etudes zoologiques, Université de Sheffield, Angleterre. 2008 Stèles, OFOTO Gallery, Beijing, Chine Red square, La Cartonnerie, Reims 1981-1984 Chercheur, département de Zoologie, Université de Hull, Angleterre. Red square, Châteaux de sable, Stimultania, Strasbourg 1986-1988 Voyages en Asie. 2007 Red square, Seagull Foundation for the Arts, Calcutta, Inde Photographe autodidacte. Red square, Tasveer Arts, Delhi / Bangalore / Mumbai, Inde Red square, Galerie Auga fyrir auga, Reykjavik, Islande EXPOSITIONS INDIVIDUELLES 2006 Red square, Fadeur, OFOTO Gallery, Shanghai, Chine Red squareItineraire des Photographes Voyageurs, Bordeaux 2021 Steinholt, Galerie Le Lieu, Lorient 2005 Lianzhou Photography Festival, Lianzhou, Chine Atelier de visu, Marseille 2020 Steinholt, Ville de Narbonne Galerie Toshi-seitatu-kobo, Osaka, Japon Gallery Out of Place, Nara, Japon 2019 Steinholt, Mind Set Art Center, Taipei, Taiwan Toi qui franchis ce seuil, Musée Verlaine, Juniville, Ardennes Steinholt, Itineraire des Photographes Voyageurs, Bordeaux 2004 Stèles, Galeria Bacelos, Vigo, Espagne Tu che varchi questa soglia, Fondazione Tullio Castellani, Milan, Italie Stèles, Galerie Camera Obscura, Paris Stèles, Centre Atlantique de la Photographie, Galerie du Quartz, Brest 2018 Steinholt, NegPos/Fotoloft, Nîmes Stèles, Steles, Galerie Le Bleu du Ciel, Lyon Toi qui franchis ce seuil, Musée Rimbaud, Maison des ailleurs, Charleville-Mézières Steinholt, Galerie Focale, Nyon, Suisse 2003 Stèles, Pingyao International Photography Festival, Chine Stèles,, Palais du Tau, Reims 2017 Steinholt, Galerie Camera Obscura, Paris Steinholt, Musée national d’Islande, Reykjavik, Islande 2002 Stèles, Arthropoda, Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, Marseille Steinholt, Safnahus, Husavik, Islande Steinholt, Meicheng gallery, Shenzhen, Chine 2001 Stèles, Photofestival Noordelicht, Groningen, Pays-bas 2016 Stèles, Chapelle des Pénitents bleus, Narbonne Islande/Menues actions, Galeria Maria Martin, Madrid Steinholt, MoArtSpace, Henan, Chine Steinholt, Photography Triennale of Tianshui, Gansu, Chine 2000 Islande, Rencontres Photographique en Sud Gironde Islande, Galerie Camera Obscura, Paris 2015 Steinholt, Fundacio Forvm, Tarragone, Espagne Islande, Galerie Municipale du Chateau-d’Eau, Toulouse Steinholt, OFOTO Gallery, Shanghai, Chine 1999 Arthropoda, Galeria Forvm, Tarragone, Espagne 2014 Steinholt, Institutions, Exhibit 320/Tasveer, New Delhi, Harrington Street Art Centre, Kolkata Tasveer Bangalore, Story Ltd, Mumbai, National Institute of Design, Ahmedabad, Inde 1996 Primavera Fotographica, Barcelone, espagne 2013 Stèles, Fondazione Gesualdo Bufalino, Comiso, Sicily, Italie Stèles, Calcutta – la persistence de l’oubli, La Fenêtre, Montpellier 1994 Mai de la Photo, Reims Galerie de l’Opera, Ostrava, Republique Czech 2012 Close-up, Seagull foundation for the arts, Calcutta, Inde 1993 Espace Photo Angle, Le Corum, Montpellier 2011 Le silence est l’espace, OFOTO Gallery, Shanghai, Chine 2010 Le silence est l’espace, Hôtel Fontfreyde centre pour la photographie, Clermont Ferrand 1992 Tom Hopkinson Room, Photographers’ Gallery, Londres, Angleterre Le silence est l’espace, Galeria Bacelos, Vigo, Espagne Le silence est l’espace, Gucang Photography Space, Lanzhou, Chine 1990 Portfolio Room, Photographers’ Gallery, Londres, Angleterre
EXPOSITIONS COLLECTIVES 1986 Architecture, Formalism, Photography, Untitled Gallery, Sheffield, Angleterre 1985 Image and Exploration, Photographers’ Gallery, London, Angleterre 2016 PhotoFairs Shanghai, Shanghai Exhibition Center, Shanghai, Chine The Silk Road under the lens…, Luoyang Museum, Luoyang, Chine Water, Xishuangbanna Photo festival, Chine BOURSES 2015 Delhi Art fair / Photo London (Tasveer), Inde 2019 Aide individuelle à la création, DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Occitanie Des îles, Galerie le Bleu du Ciel, Lyon 2001 Bourse pour de la recherche et sejour a l’etranger, FIACRE - Centre National des arts plastiques, Paris 2014 Regards sur Guizhou, (avec Luo Yongjin), Confucius centre, Angers Pagoda, Ofoto gallery, Shanghai, Chine. 1999 Aide individuelle à la création, DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Languedoc Rousillon Oltre la materia, Mo art space, Xinmi, Zhengzhou, Chine & Academie des Beaux Arts Bologne, Italie Tasveer Arts, Paris Photo PUBLICATIONS 2013 Regards sur le Guizhou (avec Luo Yongjin), Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Paris 2017 Steinholt, Kehrer Verlag, Heidelberg, Allemagne 2012 Vision with two eyes (avec Luo Yongjin), OFOTO Gallery, Shanghai, Chine Regrouping, Bend in the River, Sheffield & Gainsborough, Angleterre 2015 Des îles, Galerie le Bleu du Ciel, Lyon Visioni di Cina, Deposito A, Verone, Italie L’Art de voir des choses, Galerie Camera Obscura, Paris 2014 Regards sur Guizhou, Cité de l’Architecture et de la Patrimoine, Paris Delhi Art fair, Inde Institutions, Tasveer exhibition catalogue, Bangalore, Inde Jadughar-200 years of the Indian Museum, The Director, Indian Museum, Kolkata, Inde 2011 Dali festival de photographie, Chine Delhi festival de photographie, Inde 2013 Immersions : Mumbai/Bombay, Niyogi Books, New Delhi, Inde Animal, de l’Air magazine, Paris 2009 Stèles, Photo Beijing, The Agricultural Exhibition Centre of China, Beijing L’évocation documentaire, Artraction, Genève, Suisse 2011 Close to water, Ofoto gallery catalogue, Chine 2008 AERA, Toulouse, Megacity en Chine 2009 White & Black (Journey to the Centre of Imperial Calcutta), Niyogi Offset, New Delhi, Inde 2007 Visioni di Cina, Centro Culturale Trevi, Bolzano, Italie 2007 Catalogue, Tasveer Arts, Bangalore, Inde Tokyo Art Fair, Out of Place Gallery, Japon 2004 Stèles, Le Point du Jour Editeur, Cherbourg 2006 ARCO, Madrid, Espagne Poiesis No.15, Inventer la Ville, L’Oeuvre Collective, Editions Poiesis 2002 ARCO, Madrid, Espagne 2003 Blind Spot magazine(Spring), New York Et le 5e Jour, Images au Centre, Chateau de Fougeres-sur-Bievre 2001 Noordelicht catalogue 2, Stichting Aurora Borealis, Pays-Bas 2001 Urbi and Orbi, Biennale de la photographie et de la ville, Sedan Carnets de Voyages, A contrecœur, Le Point du Jour Editeur 2000 5e Salon d’Art contemporain, The National Natural History Museum, Paris 2000 Histoires naturelles 5e Salon d’Art contemporain, Editions du Museum, national d’Histoire naturelle Catalogue, Galerie du Chateau d’Eau, Toulouse 1999 Le Presidial, Castelnaudary 1999 Source Magazine (Autumn), Belfast 1993 Audio Visual, Rencontres International Photographiques, Arles 1996 Source Magazine (Autumn), Belfast 1992 From the Humber to the Thames, Usher Gallery, Lincoln, Angleterre Primavera Fotographica, Festival Catalogue, Espagne 1989 Image and Imagination, Untitled Gallery, Sheffield, Angleterre 1994 Mai de la Photo, Festival Catalogue, Reims 1987 The Wall, Impression Gallery, York, Angleterre 1989 Creative Camera (April), Londres, Angleterre
1986 Creative Camera (January), Londres, Angleterre 1985 Catalogue, Image and Exploration, Photographers’ Gallery COLLECTIONS - Fonds National d’Art Contemporain, Paris - Artothèques de Brest, Grenoble et Angers - Musée National d’Islande, Reykjavik, Islande - La collection de M+M Auer, Hermance, Suisse - Galerie municipale du Chateau d’Eau, Toulouse - Fundació Forvm per la Fotografia, Tarragona, Espagne - Musée Rimbaud, Charleville-Mézières Pisfjordur (2015)
Le Lieu bénéficie du soutien de : la Ville de Lorient, le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Départemental du Morbihan, le Ministère de la Culture (Drac Bretagne) Villes d’Hennebont et de Lanester Le Lieu est membre des réseaux : Art Contemporain en Bretagne et Diagonal Contacts: Horaires d’ouverture : LeLieu du mardi au vendredi de 14h à 18h Hôtel Gabriel - Aile Est samedi et dimanche de 15h à 18h Enclos du Port - 56100 Lorient 02. 97. 21. 18. 02 Fermé les jours fériés www.galerielelieu.com contact@galerielelieu.com ENTRÉE LIBRE
Vous pouvez aussi lire