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Document generated on 08/18/2020 4:33 a.m. Vie des arts Lectures Volume 23, Number 92, Fall 1978 URI: https://id.erudit.org/iderudit/54807ac See table of contents Publisher(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (print) 1923-3183 (digital) Explore this journal Cite this review (1978). Review of [Lectures]. Vie des arts, 23 (92), 88–92. Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1978 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
lectures LA FIN DE L'ART GOTHIQUE F.W. FISCHER, J.J.M. TIMMERS et J.A. SCHMOLL, Le Gothique tardif - Entre le plaquée une éblouissante décoration, où aux éléments provenant de différentes traditions locales, se mêlent des motifs décoratifs venus d'Italie, annonciateurs mysticisme et la Réforme, Paris, Albin des temps modernes. Le gothique est, Michel, 1976. 287 p., 73 ills en noir et blanc par ailleurs, le premier style européen à et 54 en couleur. être exporté outre-mer, en Inde, en Amé- rique et en Méditerranée orientale (Dou- Cet ouvrage passe en revue les arts de brovnik et Rhodes), ce qui demeure d'ail- la deuxième moitié du 14e siècle et du 15e leurs insuffisamment étudié. siècle, dans un certain nombre de pays F.W. Fischer est l'auteur de la section européens. Un autre volume de la même consacrée à l'architecture, tandis que collection fut consacré à la seule Italie, J.J.M. Timmers a écrit sur les arts figurés qui connaissait alors les débuts de la Re- la deuxième partie de l'ouvrage. Elle com- naissance. Ce siècle et demi constitue, prend des chapitres sur la sculpture, la bien entendu, une trop vaste période pour peinture, la tapisserie, l'orfèvrerie et la les quelque 237 pages qui lui sont consa- gravure. L'estampe, qui fait son apparition crées. Le livre reste par conséquent ce à cette époque, sera appelée à jouer un qu'il prétend être: une introduction à l'art rôle de premier plan dans la diffusion des d'une époque passionnante de l'histoire formes et des styles. Cet art nouveau, de l'Occident, adressée à un public amou- bientôt associé à l'imprimerie, dévelop- reux de beaux livres. J.A. Schmoll écrit, pera un public spécialisé. en manière d'introduction, un essai dont Le livre s'achève avec quelques pages le sujet sert de sous-titre au livre: Entre sur l'orfèvrerie et les illustrations de deux le mysticisme et la Réforme. merveilleux objets: le Petit cheval d'or Organisé en deux grandes parties — d'Altotting (1403) et un collier (vers 1470) architecture et arts figurés — le texte est de corail, or et pierres précieuses du agrémenté d'une cinquantaine de très château de Hohenlohe-Langenburg. LE GOTHIQUE TARDIF belles reproductions en couleur. Une sec- tion documentaire a été regroupée à la fin Luis de MOURA SOBRAL du volume et comprend: un supplément illustré avec des photos en noir et blanc; un tableau synoptique des phénomènes artistiques les plus importants, ordonnés L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE par nations (le sentiment national connaît AU QUÉBEC de nouvelles impulsions à cette époque, ce qui justifie l'emploi du concept); la Nicole TARDIF-PAINCHAUD. Dom Bellot. bibliographie, qui gagnerait dans certains Québec, Les Presses de l'Université Laval, cas à être mise à jour; un glossaire et un 1978. 262 pages; 191 pi. en noir et blanc. index des œuvres, des noms de personne Bien que l'histoire de l'architecture reli- et de lieu, à quoi s'ajoutent une carte géo- gieuse québécoise au 20e siècle ne soit graphique, la table des planches et l'index pas encore écrite, Marie Tardif-Painchaud général. nous présente ici le dom-bellotisme (1935 L'époque traitée a connu des change- à1955)'. ments profonds. Depuis l'étonnant élar- Né en Europe, l'Art Chrétien Nouveau gissement des horizons géographiques, s'inspire de l'esprit médiéval. Après main- jusqu'à la montée de la bourgeoisie qui tes critiques, le désir et le goût d'un art prend progressivement le pas sur la no- nouveau se font sentir, et plusieurs grou- blesse et le clergé; depuis la nouveauté pes de travail prennent naissance, dont de la théorie héliocentrique de Copernic, trois: L'Arche (1918), les Artisans de l'Au- jusqu'à l'invention de l'imprimerie; depuis tel (1919) et les Ateliers d'Art Sacré (fin toute une série de découvertes techniques 1919). Tous ont pour principe «qu'il n'y a et scientifiques, jusqu'aux écrits des an- pas de formule spéciale d'art chrétien». nonciateurs de la Rélorme, c'est effective- La revue d'art en est la première messa- ment tout un monde qui est progressive- gère au Québec. Le nouvel art arrive en ment remplacé par un autre. Tout l'art de même temps que dom Paul Bellot, mem- cette période nous parle, d'une façon ou bre du Groupe de l'Arche. Le moine a ses d'une autre, de ces changements, de ces propres principes esthétiques et architec- idées nouvelles, de ces espaces soudaine- DCM BELLOT ment dégagés. Ce sont alors les immenses turaux et une conception de l'église à la fois logique et mystique. Son style, la et l'architecture religieuse cathédrales construites plutôt «en am- pleur» (celle de Seville, commencée en brique, la polychromie, les arcs paraboli- ques et polygonaux, la lumière sont les au Québec 1402, est, en superficie, la plus grande éléments essentiels du dom-bellotisme. qui ait été élevée à l'époque gothique) et C'est en 1934 que dom Bellot devient les églises en forme de halles; c'est l'es- conférencier à l'Institut Scientifique Fran- pace qui envahit également les tableaux co-canadien et qu'il enseigne à l'École des peintres du Nord (comme de ceux de des Beaux-Arts de Montréal. Vite, il se fait l'Italie); ce sera, à Barcelone, ville mar- des adeptes (le jeune clergé tout entier) chande, la prépondérance, en architec- et inculque à ses auditeurs le désir du ture, des bourses, symboles orgueilleux travail, de l'unique et des nouvelles for- (au même titre que les hôtels de ville des mes. Mais peu avant sa mort, la polémique cités des Flandres) de l'importance de la s'engage: dom Bellot nuit par trop à la nouvelle classe; ce sont les arts industriels concurrence car, étant religieux, il obtient qui, petit à petit, se sécularisent. A la toute plus que sa part de contrats de construc- fin du 15e siècle et pendant les deux pre- tion d'églises. mières décennies du 16e siècle, l'explo- sion isabéline en Castille et manuéline au C'est à Adrien Dufresne, Edgar Cour- Portugal, apparaît comme le chant du chesne et dom Claude-Marie Côté, aux cygne de l'époque: des structures archi- adeptes et au mouvement dom-bellotisme tecturales gothiques sur lesquelles est que Marie Tardif-Painchaud consacre son dernier chapitre. 88
L'ouvrage, hautement fouillé, riche en C'est indirectement un hommage à A. renseignements et en illustrations, trans- Y. Jackson que ce livre consacré à Anne porte le lecteur au second tiers du siècle. Savage. Il en devient le personnage dyna- A cette époque, on se demande avec mique, et Anne McDougall nous montre anxiété si, en France, cet art nouveau la place qu'il a occupée dans la vie de percera ou non la membrane conservatri- l'arrière-petite-fille de John Galt. Présent ce de l'après-guerre et, au Québec, celle aux premiers jours du Groupe de Beaver du stoïcisme. Marie Tardif-Painchaud dé- Hall Hill, il tient Anne Savage au courant crit ces deux sociétés sans ne jamais de ses déplacements, de sa production, perdre le fil de son objectif: le dom-bello- de ses activités dans le monde artistique. tisme. Il offre des encouragements à l'enseignan- te, des conseils à sa collègue de quatorze 1. Il y a peut-être lieu de rappeler que, dans l'esprit ans plus jeune et fait exposer ses œuvres. de ses détracteurs, le terme dom-bellotisme était Ces rapports, extrêmement bien documen- préjoratif. Les professeurs de la Section d'Archi- tecture de l'École des Beaux-Arts de Montréal, tés par la lecture des quelque trois cent entre autres, reprochaient particulièrement à soixante lettres échangées entre A. S. et dom Bellot de donner à croire qu'il avait Inventé A.Y.J., devaient se développer dans cette l'architecture de brique alors que l'utilisation de double passion platonique qui semble la ce matériau remontait à l'Antiquité, sans parler des nombreuses cathédrales et grandes églises raison d'être du livre. gothiques du nord de l'Europe. — J. B. C'est un ouvrage tout de suggestions Isabelle LELARGE ou de détails trop fortement appuyés. Les citations, nombreuses, ne sont pas utili- sées pour une analyse des rapports entre Anne Savage, A. Y. Jackson et le milieu artistique, non plus que l'art et les princi- pes pédagogiques d'Anne Savage ne sont UN DRÔLE DE PIONNIER DANS clairement présentés. Bien documenté, L'ENSEIGNEMENT DE L'ART semble-t-il, en ce qui concerne la généa- Anne McDOUGALL, Anne Savage: The logie et la vie familiale d'Anne Savage, ce Story of a Canadian Painter, Montréal, livre trop rapide, nostalgique, lisez-le si Harvest House Limited, 1977. 215 p. vous voulez prendre un premier contact avec «these days (which) have vanished Pour bien des Montréalais, la figure into a canyon of useful high-rises» quand d'Anne Savage (1896-1971) restera encore «the art community of Montreal (...) longtemps bien vivante. Non pas tant French and English, was small enough for comme peintre que comme pédagogue. painters to know and contact each De 1922 à 1948, elle a développé à l'école other...» secondaire Baron Byng, rue Saint-Urbain, Laurier LACROIX un type d'enseignement artistique fondé essentiellement sur la spontanéité créa- trice des adolescents. En ce sens, elle UN MOYEN D'EXPRESSION occupe un rôle de pionnier dans l'ensei- gnement artistique montréalais, bientôt La Photo d'Amateur. Sherbrooke, Éditions suivie par le travail d'Irène Senécal, d'Ar- Premières Oeuvres, 1977. 284 p.; photos thur Lismer, avec qui elle avait travaillé, en noir. en 1925, à {'Ontario College of Art, du Frère Jérôme, de Paul-Émile B o r d u a s . . . Cet album de photographies contient les L'auteur énonce les qualités pédagogi- sujets suivants: portraits, portraits d'en- ques de sa tante: une personnalité origi- fants, natures mortes, animaux, paysages, nale qui puisait dans son charme, son mouvement, photogrammes, effets spé- corps, sa voix, les ressources susceptibles ciaux, humour, l'insolite. L'album est le d'inspirer ses élèves. Elle n'hésitait pas à résultat des travaux en photographie ac- amener dessiner ses grands adolescents complis par les étudiants du cours de dans le quartier juif montréalais environ- photographie de l'École Montcalm de nant l'école, reprenant l'exemple de son Sherbrooke. L'organisation de cette publi- professeur à l'Art Association, Maurice cation a été confiée à une vingtaine d'étu- Cullen. Par des entrevues avec les an- diants finissants: sélection des meilleures ciens étudiants, la biographe arrive à re- images, page couverture, etc. Un texte créer succinctement le milieu pédagogi- important par la forme et le fond, rédigé que dans lequel Anne Savage a évolué. par les étudiants, accompagne parfois Mais quand il s'agit d'analyser son œuvre l'image et prouve, comme le dit avec d'artiste des difficultés se présentent. L'au- humour Claude Choquette, professeur de teur n'arrive à prendre aucune distance photographie, que contrairement à l'opi- avec son sujet. Anne Savage reste ce per- nion généralement admise, les jeunes sa- sonnage merveilleux qui l'a éveillée au vent encore écrire. Ces travaux revalori- monde des arts visuels. On aimerait trou- sent donc la photographie d'amateur, avec ver, même en filigrane, des éléments d'une un grand A, en ce sens que l'Amateur, tel analyse formelle, au lieu de remarques qu'il se définit aujourd'hui, conçoit et trop fréquentes du type: «Her best pic- exécute dans toutes ses phases le travail tures are a cry for beauty.» (p. 45) qui, qui consiste non seulement à prendre des pour être ressenties par l'auteur ne nous photos, mais comprend aussi l'exécution permettent pas d'entrer dans «cette technique de l'impression sur pellicule. beauté». Une liste des étudiants qui ont réalisé les photos de ce volumineux album se trouve Anne Savage s'est surtout concentrée à la fin du volume. Ainsi comprise, la sur le paysage: lac Wonish dans les Lau- photographie devient un moyen d'expres- rentides, où la famille avait un chalet et sion qui permet à l'artiste de cerner l'es- où elle construira son studio; les Cantons sentiel et élève la photographie au niveau de l'Est; Métis; ou encore le comté de de l'art. Charlevoix et la baie Géorgienne, sur les traces d'A. Y. Jackson. Lucile OUIMET 89
ft VISAGES URBAINS pitre trois, l'un des plus intéressants, étu- die la réaction fantaisiste et néo-classique L'Art et la Ville. Secrétariat Général du qui, à partir de 1920, frappe maints artistes L'zAKT ET LA VILLE Groupe Central des Villes Nouvelles, 1976. d'avant-garde comme Stravinsky, Proko- 116 p.; 119 photos en couleur et en noir fiev, Picasso, Paul Valéry et Cocteau. Le et blanc. problème posé est celui, riche de possibi- Robert-Guy SCULLY, Morceau du Grand lités de recherche, des rapports entre les Montréal, Édition du Noroît, 1978. 143 p.; avant-gardistes et la tradition culturelle de 32 photos en noir et blanc. laquelle ils essayent de s'échapper. Le chapitre sur René Crevel nous montre cet Ce premier ouvrage reconcilie la ville enfant du siècle se débattant entre un avec notre temps. Ainsi, neuf villes nou- dandysme désarmant et un militantisme velles françaises, de l'est à l'ouest du politique qui le mènera dans les rangs du pays, deviennent un tout autre univers. Parti Communiste; entre une frénésie de On y travaille pour un meilleur urbanisme vivre et une obsession suicidaire qui l'em- et un cadre de vie plus humain. Pour ce portera, en 1935. Le surréalisme belge, faire, on y installe l'art dans la rue et on étudié dans le chapitre sept, peut réserver investit dans un problème tout autre que d'heureuses découvertes. Effectivement, si celui de l'architecture, celui des espaces les images d'un Magritte ou d'un Delvaux publics. Le rôle des arts plastiques y est font partie de notre environnement cultu- s"^S?s* morceaux morceaux morceaux donc considérable. Les ateliers d'urbanis- rel depuis longtemps, les écrits et les morceaux morceaux morceaux me des Villes Nouvelles, préoccupés par idées d'un Paul Nougé, d'un Marcel Le- morceaux morceaux morceaux la qualité des espaces urbains ont tout comte, d'un Camille Goemans ou d'un morceaux morceaux morceau \ d'abord étudié le problème de la couleur. E.L.T. Mesens, restent encore aujourd'hui morceaux morceaux morceaux Il fallait donc, compte tenu des identités morceaux morecaux morceaux ignorés du public. Relégués dans l'ombre géographiques paysagères, définir les par l'éclat du surréalisme français? Pro- morceaux morceau v s morecaux morceaux, morceaux grandes orientations des ambiances de bablement. Faucherau avance, avec rai- morecaux morceaux morceaux couleur des sites, pour en arriver à un son, une autre explication qui vient lancer du grand système de la couleur et de son effet dans une lumière toute particulière sur ces au- monlréal l'aménagement. On s'intéressa, enfin, aux teurs. C'est que ces écrivains ont mené réalisations d'artistes liés à la Construc- leur refus de jouer le jeu des convenances tion d'Équipements Publics et à l'Aména- littéraires jusqu'au point d'un presque non gement d'Espaces Urbains, tels que ter- retour. Nougé écrit à Breton en 1929: rains de jeux, places de quartiers et au- «J'aimerais assez que ceux d'entre nous tres. L'ouvrage est bien fait, fertile en dont le nom commence à marquer un peu documents, en maquettes et en photogra- l'effacent.» On dirait que les écrivains sur- phies. Bien réparti, il laisse toute place à réalistes belges ont tout fait pour y parve- l'artiste, dont l'intervention est nécessaire nir: souvent les écrits les plus importants à la création urbaine. du groupe ont été réunis après la mort de Quant au second ouvrage, il est consa- leurs auteurs, ou dans leur plus complète cré à Montréal. Montréal est vivant. Il indifférence. Ce chapitre reste ainsi une grouille sous la plume de nos écrivains bonne introduction à ces auteurs surréa- avant même d'aller se coucher sur le listes. papier d'un bon ouvrage. En effet, les des- criptions y sont amusantes, intéressantes, Un index des deux volumes se retrouve variées, voire même surprenantes. Cer- à la fin de ce deuxième tome. taines poésies, intimes complices du sou- L. de M. S. venir, teintent la ville de couleurs un peu trop oubliées. On ne pourra parcourir les textes sans y laisser quelques sourires, et Montréal sera peut-être différent. LES PETITES ETUDES I. L. John R. PORTER, Antoine Plamondon — Sœur Saint-Alphonse. Ottawa, Galerie Na- tionale du Canada (Chefs-d'œuvre de la Galerie Nationale, N° 4), 1975. 10 reprod. en noir et 2 en couleur. DADAÏSME ET SURRÉALISME FRANÇAIS La Galerie Nationale a fait paraître, en Serge FAUCHERAU, Expressionnisme, 1975, dans cette excellente série, une Dada, Surréalisme et autres ismes. (Vol. 2. étude de John R. Porter sur un des trois Domaine français). Paris, Denoel, 1976, portraits de religieuses de l'Hôpital géné- 286 p. ral de Québec peints par Antoine Pla- mondon. Ce tableau, qui se trouve à Ot- Ayant consacré un premier tome de tawa depuis 1937, représente la Sœur son ouvrage au domaine étranger, Serge Saint-Alphonse, et l'artiste y déploie ses Fauchereau étudie ici le domaine fran- rares qualités de portraitiste. Porter, çais. Divisé en sept grands chapitres, le après une analyse très poussée du ta- livre est avant tout une étude portant sur bleau lui-même, fait sa description et son un certain nombre d'écrivains dadaïstes histoire et montre ses qualités sur le plan et surréalistes. pictural. Il consacre ensuite une large Le premier chapitre est consacré au part de l'ouvrage à Antoine Plamondon et dadaïsme parisien. Quatre chapitres cons- au sujet du tableau: Sœur Saint-Alphon- tituent autant de monographies sur Tzara, se, jeune femme de la bourgeoisie qué- Soupault, Péret et Crevel, «romantique et bécoise, Marie-Louise-Émilie Pelletier, née pamphlétaire». Fauchereau analyse les à Québec, en 1816, et morte en 1843. œuvres les plus significatives de chaque La dernière partie de l'ouvrage est con- écrivain, et, en outre, ce que les premiers sacrée à la place que les portraits ont écrits de certains de ces auteurs devaient tenue dans l'œuvre de Plamondon, parti- aux symbolistes, aux unanimistes, ou au culièrement le portrait de Sœur Saint- fantaisisme d'un Paul-Jean Toulet. Le cha- Alphonse où l'artiste fait preuve de ses
remarquables qualités de coloriste et d'analyste des caractères. En appendice, Antoine Plamondon se trouve une lettre signée «un ami de la Sccur Saint-Alphonse Sister Saint-Alphonse peinture», parue dans Le Canadien du 20 août 1841, qui donne une idée juste de l'appréciation qu'avaient les gens de l'é- poque pour les portraits de religieuses de Plamondon. Une bibliographie générale et une bibliographie relative au portrait de Sœur Saint-Alphonse, une liste des expo- sitions d'Antoine Plamondon et une chro- nologie comparée de la vie de l'artiste et des événements historiques qui se sont déroulés à la même époque au Canada et en Europe complètent cette étude. L.O. MISE EN VALEUR DE L'ART ANCIEN DU QUÉBEC À DÉTROIT UNE MÉDITATION TROUBLANTE Ross Allan C. FOX, Quebec and Related André CHABOT, Le petit monde d'outre- Silver at the Detroit Institute of Arts, Wayne par/byjohn R. Porter tombe, Paris, Éditions Cheval d'Attaque. State University Press, Detroit, 1978, 174 p., 109 ill., $12.00. La vie ne tire pas un trait définitif sur la mort. Les mots et les signes ne man- Le directeur du Musée du Québec, M. quent pas pour maintenir le mort (et sa Laurent Bouchard, évoquait, dans les pa- mort) dans la vie. Le mort est un savant ges du dernier numéro de Vie des Arts\ dosage d'imaginaire et de réalité qui dis- le problème des collections d'œuvres pose d'un environnement propre à quel- d'art ancien qui quittent le Québec pour ques pas de notre quotidien. Le cimetière des collections publiques américaines. se présente comme un lieu à part, une Dans ces musées, elles semblent recevoir crique de silence, où la vie ne s'oppose une meilleure attention que dans les nô- nullement à la mort mais l'entretient dans tres. Son propos trouve une illustration des limites très strictes. Le mort possède dans le magnifique catalogue préparé par aussi son discours sculpté dans le vif de Monsieur Ross Fox pour le compte du la pierre qui, à l'abri du temps, implique Detroit Institute of Arts. L'exemple de une lecture religieuse et pratiquement dé- Detroit peut servir de modèle sur tous les tachée de toutes les préoccupations de plans. l'ici-bas. Ces inscriptions disent tout du La collection est pourtant récente, la mort, de son histoire et du rôle qu'il tenait pièce cataloguée la plus ancienne a été parmi les vivants mais elles annulent aussi acquise en 1946 (no 35) à l'occasion de la son essentiel, c'est-à-dire son corps. Du célèbre exposition «The Arts of French «Souvenir à mon ouvrier regretté» au Canada». A l'aide d'un personnel compé- «Ci-gît personne et peut être rien», se tent (la bibliographie de chacune des piè- dénoue le bref (mais combien éloquent) ces permet de voir qu'elles ont fait l'objet langage que nous échangeons avec la de nombreuses études), de fonds spé- mort. Il trahit cette peur extrême que nous ciaux destinés à cette partie des acquisi- en avons, et même si nous mâchons du tions (principalement fournis par la famille mort — à tort et à travers —, c'est tou- Shelden) et avec la collaboration des col- jours avec un arrière-goût de profonde lectionneurs québécois (Gouin, Carrier, amertune. Ce superbe livre d'André Cha- Baron, Octeau), de marchands (Breitman, bot nous entraîne dans une troublante John L. Russell), et de nos fabriques, le visite de ce «petit monde d'outre-tombe» Musée de Détroit possède maintenant une qui suscite en nous à la fois l'effroi et la collection qui représente un excellent fascination. Les photographies, accompa- échantillonnage de l'orfèvrerie produite gnées de légendes, restituent l'atmos- au Québec (religieuse, domestique ou de phère silencieuse et sèche de la mort et traite) par vingt orfèvres au XVIIIe siècle de ses lieux. En tant qu'artiste, André et au début du XIXe siècle. Chabot réalise, depuis plusieurs années, des phantasmobjets et des environne- Le texte d'introduction rappelle à un ments autour du thème de la mort. Ce public non canadien les faits socio-histo- livre est la somme d'un long travail mais riques importants, retrace certaines fili- c'est aussi et surtout une profonde et en- ations dans l'évolution de la corporation voûtante méditation sur la mort. des orfèvres et propose une analyse sty- listique du développement de l'orfèvrerie jusqu'au XIXe siècle. Le catalogue des Didier ARNAUDET quarante-sept pièces étudiées est suivie de deux appendices. Le plus généreux fournit la liste des éléments de chacun des objets analysés. C'est ainsi que l'on peut se rendre compte de la très haute teneur en argent de ces pièces et com- prendre le judicieux alliage nécessaire pour façonner ces pièces d'argenterie. Une bibliographie, un lexique et un index complètent cet ouvrage qui se présente sous la classique jaquette couleur argent. 1. Vol. XXIII, N° 9 1 , p. 15. L. L. 91
UN ÉVÉNEMENT DANS L'ÉDITION Mechanical Automatism: CANADIENNE: TRADUCTION ANGLAISE Produced by strictly physical means DES ÉCRITS DE PAUL-ÉMILE BORDUAS such as folding, scratching, rubbing, depositing, smoking, gravitation, rotation, Écrits de Paul-Emile Borduas. Sous la di- etc. rection de Dennis Young, du Nova Scotia Objets so made possess universal plas- College of Art and Design, et de François- tic qualities (the same physical laws Marc Gagnon, de l'Université de Montréal. fashion the matter). New York University Press/Presses du These objects reveal little of the person- Nova Scotia College of Art and Design. ality of their author. Pour donner une idée aux lecteurs de On the other hand, they are excellent Vie des Arts de cette traduction, avec paranoiac screens. texte français en regard, nous publions Psychic Automatism: ici, à l'avance, quelques passages des In literature: writing, without restraint on Commentaires sur des mots courants qui, the movement of the mind. In particular comme on le sait, faisaient partie du Refus states of sensitivity, has permitted the global (1948) et constituaient une sorte hallucinatory prophecies of modern times: de lexique essentiel de l'automatisme. surrealism. Has greatly stimulated in- Rédigé par Borduas, ce petit lexique se creased interest in the process of artistic présentait comme un dictionnaire où cha- creation. que terme était suivi de sa définition. In painting: has mainly used the mem- Nous reproduisons le texte et la traduction ory. Oneiric memory: Dali; memory of mild de quelques définitions. hallucinations: Tanguy, Dali; memory of chance events of many kinds: Duchamp, etc. Because of the use of memory, inter- est attaches more to the theme treated AUTOMATIQUE (idea, similarity, image, unforeseen asso- ciation of objects, mental association) Adj. Caractère de tout geste, de toute than to the real subject (plastic object, œuvre non prémédités. springing from the physical properties of Automatisme: the material used). Un des moyens suggérés par André Breton pour l'étude du mouvement de la pensée. On distingue trois modes d'auto- matisme: mécanique, psychique, surra- tionnel. Automatisme mécanique: Produit par des moyens strictement phy- QUELQUES CATALOGUES REÇUS siques, plissage, grattage, frottements, dépôts, fumage, gravitation, rotation, etc. Catalogue de La nouvelle tapisserie Les objets ainsi obtenus possèdent les québécoise. Gouvernement du Québec, qualités plastiques universelles (les mê- Ministère des Affaires Culturelles, Musée mes nécessités physiques façonnent la d'Art Contemporain, 1978. Reprod. en matière). Ces objets sont peu révélateurs noir. de la personnalité de leur auteur. En re- Catalogue de Veillez comme Québécois vanche ils constituent d'excellents écrans au bord d'un feu de bois. Pierre-Léon paranoïaques. Tétreault et Réal Lauzon. Gouvernement du Québec, Ministère des Affaires Cultu- Automatisme psychique: relles, Musée d'Art Contemporain, 1978. En littérature: écriture sans critique du Reprod. en noir. mouvement de la pensée. Dans des états Catalogue The Artists Jazz Band. Paris, sensibles particuliers a permis les hallu- Centre Culturel Canadien, 1978. Reprod. cinantes prophéties des temps modernes: en noir. surréalisme. Contribua largement au bond Catalogue Jean McEwen. Paris, Centre en avant de l'observation du processus de Culturel Canadien, 1978. Reprod. en noir la création artistique. et en coul. En peinture: a surtout utilisé la mémoi- Catalogue Jiri Kolar — Transforma- re. Mémoire onirique: Dali; mémoire d'une tions. Buffalo, Albright-Knox Art Gallery, légère hallucination: Tanguy; Dali; mé- 1978. Reprod. en noir. moire des hasards de toute espèce: Du- Catalogue Duchamp's Readymades. champ, etc. A cause de la mémoire utili- Vancouver, Musée des Beaux-Arts, 1978. sée, l'intérêt se porte davantage sur le Reprod. en noir. sujet traité (idée, similitude, image, asso- Catalogue Claude Breeze. Owens Art ciation imprévue d'objets, relation men- Gallery, s.d. Reprod. en noir et en coul. tale) que sur le sujet réel (objet plastique, Catalogue de L'Art du serrurier et du propre aux relations sensibles de la ma- ferronnier — Serrurerie t r a d i t i o n n e l l e tière employée). européenne. Montréal, Musée des Beaux- Arts de Montréal, 1978. Reprod. en noir. Catalogue S. Guité — Sculptures et ta- pisseries. Ministère des Affaires Culturel- AUTOMATIC les, Musée du Québec, 1978. Reprod. en noir et en coul. Adj. Character of any unpremeditated Catalogue R. Fish. Vancouver, Musée gesture or work. des Beaux-Arts, 1978. Reprod. en noir. Automatism: Catalogue Sheerin. Madrid, Galeria One means of studying the dynamics of Kreisler Dos, 1978. Reprod. en noir et en thought proposed by André Breton. Three coul. methods of automatism should be distin- Catalogue A. J. Casson. Toronto, The guished: mechanical, psychic and super- Canada Council et The Ontario Arts Coun- rational. cil, 1978. Reprod. en noir et en coul. 92
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