Comparaison chômage US - CH - Economie nationale Prof. Assistant S. Frochaux J.C. Lambelet
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Economie nationale Comparaison chômage US - CH Prof. J.C. Lambelet Assistant S. Frochaux Auteurs : Wissam Boustany Anton Rachinski Daniel v. Wittich
Table des matières Introduction..........................................................................................................................1 PARTIE I .............................................................................................................................2 Pourquoi mesure-t-on le taux de chômage ? ....................................................................2 La mesure du taux de chômage en Suisse........................................................................3 Chômeurs inscrits.........................................................................................................5 Personnes actives .........................................................................................................5 Personnes non actives ..................................................................................................6 Principales limites de la mesure du taux de chômage selon SECO.................................8 La mesure du taux de chômage selon l’OFS .................................................................10 La mesure du taux de chômage aux Etats-Unis .............................................................12 L’enquête sur la population actuelle (Current Population Survey) aux Etats-Unis ...12 La définition des personnes sans emploi ...................................................................13 La définition des personnes actives occupées selon le BLS......................................13 La définition des personnes non actives ....................................................................13 Principales limites de la mesure du taux de chômage selon l’ESPA et BLS.................14 Avis personnel des auteurs .............................................................................................15 PARTIE II..........................................................................................................................16 Proposition de facteurs explicatifs de la différence des taux de chômage entre la Suisse et les Etats-Unis entre 1949 et 2002 ..............................................................................16 Comment se fait-il que le taux de chômage suisse soit proche de zéro jusqu'en 1977 tandis qu'aux Etats-Unis, il ne descend pas en dessous des 2,9%? ............................16 Impact de l’évolution de la population active sur le chômage à partir de 1975 ........18 Facteurs d’influence probables sur le taux de chômage après 1990..........................20 Assurance chômage jusqu’en 1995............................................................................20 Assurance chômage après 1995 .................................................................................22 L’obsolescence du système éducatif comme facteur probable de l’augmentation du chômage .....................................................................................................................25 Le rôle du salaire minimum dans la différence entre les taux de chômage entre 1949 et 2002................................................................................................................................28 Le salaire minimum ...................................................................................................28 Conclusion .........................................................................................................................30 Annexe ...............................................................................................................................32 Bibliographie......................................................................................................................34
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Introduction La courbe du taux de chômage aux Etats-Unis a une allure tout à fait différente de celle de la Suisse. Il semble qu'en Suisse, le phénomène du chômage était quasi inexistant entre les années 1949 et 1977 tandis que, pendant cette même période, le taux aux Etats- Unis fluctuait autour de 5%. C'est à partir des années 77 jusqu'à 1990 que le taux de chômage suisses commença à fluctuer entre 0,3 et 1 pourcent. A partir de 1991, nous observons une croissance drastique du taux de chômage qui atteint son maximum de 5,2% en 1997. Parallèlement, on peut constater que le chômage aux Etats-Unis dépasse , pendant toute la période étudiée, en point de pourcentage celui de la Suisse, et ce, jusqu'en 1997, où ce dernier le rejoint. Au vu de ces constats, plusieurs questions se posent: • Comment se fait-il que le taux de chômage suisse soit proche de zéro jusqu'en 1977 tandis qu'aux Etats-Unis, il ne descend pas en dessous des 2,9%? • Comment explique -t-on les différences entre le niveau de chômage en Suisse et aux Etats-Unis après 1977? • Quelles seraient les raisons de la croissance du chômage suisse après 1990? Comparaison du chômage Etats-Unis-Suisse 1 12 Taux de chômage 10 8 Chômage US 6 Chômage Suisse 4 2 0 1949 1953 1957 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997 2001 Année 1 http://www.snl.ch/dhs/externe/protect/textes/F13924.html et http://data.bls.gov Boustany, Rachinski, v.Wittich 1/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Dans la première partie, nous décrirons la nécessité de mesurer le taux de chômage et nous analyserons les différentes façons de mesurer ce taux. Ensuite, nous nous efforcerons dans la deuxième partie de tenter de répondre aux questions précédemment mentionnées à l’appui d'hypothèses qui nous semblent pertinentes. PARTIE I Pourquoi mesure-t-on le taux de chômage ? Selon (Mankiw 2000), le chômage est un problème qui touche les gens d’une manière directe et sévère. Pour la plupart des personnes, la perte du travail entraîne une dégradation du niveau de vie et une détresse psychologique. Il n’est pas étonnant que le chômage fait fréquemment partie des débats politiques et que les politiciens affirment souvent que leur politique aiderait à créer des places de travail. Les économistes étudient le chômage pour identifier ses causes et d’améliorer les politiques qui pourraient affecter le chômage. Certain es mesures, comme par exemple le programme d’emploi temporaire, sont des aides proposés aux personnes qui cherchent un travail. D’autres, par exemple les assurances de chômage, protègent les chômeurs contre la déroute financière. Il y a également des politiques qui, même si non voulu, amplifient le chômage. Ainsi, la loi garantissant des salaires minimum très élevés est réputée avoir cet effet. De plus, le taux de chômage est un indicateur économique de performance. Afin d’être performant, il est nécessaire d’ utiliser les ressources économiques d’une manière efficace. Puisque l’être humain est la principale ressource d’un système économique, les politiciens ont intérêt à réduire le nombre de chômeurs à un seuil minimal. Boustany, Rachinski, v.Wittich 2/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH La mesure du taux de chômage en Suisse Deux statistiques traitent du phénomène du chômage en Suisse: la statistique des chômeurs inscrits du secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) et la statistique des personnes sans emploi (chômeurs selon les normes internationales) selon l'enquête suisse sur la population active (ESPA), réalisée par l'Office Fédéral de la Statistique (OFS). Le SECO publie également la statistique des de mandeurs d'emploi inscrits, qui regroupe les chômeurs au sens strict et les demandeurs d'emploi inscrits qui ne sont pas au chômage. Ces derniers comprennent el s personnes inscrites comme demandeurs d'emploi dans un Office régional de placement (ORP), mais qui ont actuellement un emploi régulier ou sont enga gées dans un programme d'occupation, de reconversion ou de perfectionnement ainsi que les personnes en gain intermédiaire 2 . Selon le SECO, en moyenne, 149'609 personnes étaient inscrites auprès d'un ORP comme demandeurs d'emploi en 2002, dont 100’504 en tant que chômeurs. Dans le même temps, ’l ESPA recensait 120’004 personnes sans emploi qui en cherchaient un. Bien que ces statistiques ne soient pas entièrement compatibles, les définitions propres à chacune permettent d'expliquer la plupart des incompatib ilités. La statistique du SECO n'enregistre que les demandeurs d'emplois et les chômeurs inscrits, alors que la statistique de l'OFS tient compte de toutes les personnes sans emploi qui en cherchent un. Donc, l’OFS inclut également les personnes qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas inscrit au chômage alors qu’ils n’ont pas de travail. Le graphique 1 ci-dessous clarifie cette différence de mesure. 2 Les définitions du programme d’occupation, de reconversion, de perfectionnement ainsi que du gain intermédiaire (selon SECO) sont données dans l’annexe Boustany, Rachinski, v.Wittich 3/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH ________________________________________________________________________ Graphique 1 Les personnes sans emploi selon l’ESPA, les demandeurs d’e mploi et les chômeurs selon le SECO Statistique du SECO Demandeurs d’emploi inscrits non chômeur Ne sont pas immédiatement disponibles pour placement ou ont un emploi puisqu’ils sont classés dans un des programmes suivants : Statistique de l’OFS - programme d’emploi Chômeurs complets temporaire Cherchent un travail à plein - programme de temps reconversion - programme en gain Chômeurs partiels intermédiaire / Cherchent un travail à perfectionnement temps partiel Sans emploi (A) Chômeurs inscrits qui, selon les normes internationales, font partie des actifs occupés (B) Chômeurs inscrits qui sont également sans emploi selon les normes internationales 3 (C) Personnes sans emploi qui en cherchent un, mais qui ne sont pas inscrites dans un office du travail. ________________________________________________________________________ 3 Il est important de noter que le nombre de personnes inscrites selon le SECO n’est pas forcement égal à celui mesuré par l’ESPA (voir le cadre B sur le graphique 1). Ainsi, en 2002, l’ESPA indique que le nombre moyen des «sans emploi inscrits » s’élève à 59’453 alors que le nombre moyen de chômeurs inscrits pendant cette même année est de 100'504 selon le SECO. Ces différences viennent du fait que le chiffre d’ESPA sort d’une estimation. Cette estimation est basée sur un échantillon de la population résidente permanente. Boustany, Rachinski, v.Wittich 4/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Mais regardons d’abord la formule qu’utilise le SECO afin de déterminer le taux de chômage : Chômeurs inscrits Taux de chômage = × 100 Personnes actives Chômeurs inscrits Les chômeurs inscrits, représentant la demande de travail, se divisent en deux groupes, à savoir les chômeurs complets et les chômeurs partiels. Les premiers cherchent un travail à plein temps tandis que les derniers sont à la recherche d’un travail à temps partiel. La définition officielle des chômeurs inscrits selon le SECO4 est : « Font partie des chômeurs inscrits les personnes annoncées auprès des offices régionaux de placement, qui n’ont pas d’emploi et qui sont immédiatement disponible en vue d’un placement, indifféremment du fait qu’elles touchent ou non une indemnité de chômage ». De plus, il doit s’agir des personnes ayant 15 ans ou plus, qui n’avaient pas de travail au cours de la semaine de référence mais qui ont cherché activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes. Personnes actives Le nombre de personnes actives (effectif total de 3'621'716 personnes) qui constituent l’offre de travail se base sur le recensement fédéral de la population résidente de 1990. Le graphique 2 à la page 4 permet de reconstituer et de définir les deux principales composantes du dénominateur de la formule du taux de chômage. 1. Personnes actives occupées selon le concept intérieur D’après le graphique 2, le nombre de personnes actives occupées selon le concept intérieur ne comprend pas uniquement les personnes résidant (comme c’est le cas de l’ESPA) en Suisse et travaillant à l’étranger ou en Suisse mais aussi les pe rsonnes résidant à l’étranger mais qui travaillent en Suisse. Font partie de ces dernie rs notamment Boustany, Rachinski, v.Wittich 5/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH les frontaliers, le personnel des ambassades ainsi que les employés de la marine suisse. Selon la définition du SECO, il s’agit des personnes : • qui ont au moins 15 ans au cours de la semaine de référence • qui ont travaillé au moins une heure contre rémunération • ou qui, bien que temporairement absentes de leur travail (absence pour cause de maladie, de vacances, de congé maternité, de service militaire, etc.) ont un emploi en tant que salarié ou indépendant • ou qui ont collaboré dans une entreprise familiale sans toucher de rémunération 2. Personnes sans emploi Les personnes sans emploi, la deuxième composante du dénominateur, constituent un sous -ensemble de la population résidante. D’après le SECO, la définition des personnes sans emploi est conforme avec celle des chômeurs inscrits. Personnes non actives Les personnes accomplissant uniquement du travail ménager dans leur propre ménage, des activités d’entraide non rémunérées ou des autres activités bénévoles ainsi que les étudiants 5 et les retraités ne sont pas classés dans la catégorie « Personnes actives occupées ». 5 Les écoliers et les étudiants qui exercent une activité parallèlement à leurs études et les retraités qui continuent à travailler sont compris dans la catégorie « Personnes actives occupées » Boustany, Rachinski, v.Wittich 6/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Graphique 2 : Schéma synthétique de la mesure du taux de chômage Boustany, Rachinski, v.Wittich 7/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Principales limites de la mesure du taux de chômage selon SECO Premièrement, cette mesure ne compte comme personnes au chômage que les personnes inscrites dans un Office régional de placement. Il serait intéressant de savoir combien de personnes n’ont pas de travail mais qui, pour une raison ou pour une autre, ne se sont pas inscrites. Les chiffres de l’enquête sur la population active (ESPA) faits par l’Office Fédéral de la Statistique nous fournissent plus d’informations. Au cours de l’année 2002, quelque 60’500 personnes sans emploi (50% de l'ensemble des sans-emploi) n'étaient pas enregistrées comme chômeurs. Ce chiffre absolu est presque constant depuis 1991. Malheureusement, ni Ma dame Lässig ni Mme Siegenthaler (les personnes de contact concernant l’ESPA) ne pouvaient nous donner de réponse à la question : Pourquoi la moitié des sans -emploi ne s’inscrivent pas auprès d’ un Office régional de placement ? D’après nous, les raisons peuvent être multiples. Il se pourrait que les personnes veuillent éviter les incombances que doivent respecter les personnes qui se sont inscrites. Parmi ces dernières, notons la participation aux mesures de réinsertion, sous peine de perdre ses droits à l’assurance -chômage après 150 jours - ou 250 jours pour les pers onnes de 50 ans et plus. Outre, il serait possible qu’un conjoint n’ait pas besoin ou ne veuille pas s’inscrire puisqu’il partage le salaire de son conjoint afin de poursuivre d’autres activités non rémunérées. Selon le communiqué de Taux de chômage en Suisse 1991-2002 (moyenne sur l'année) presse de l’office fédéral de 7.00% statistique de septembre 2000 6.00% Taux de chômage selon 5.00% SECO 4.00% sur l’enquête de la population 3.00% Taux de chômage, sans active, « Les femmes en 2.00% emploi, non 1.00% inscrits inclus particulier sont nombreuses à 0.00% 97 99 01 91 93 95 19 19 20 19 19 19 ne pas s'annoncer auprès d'un Boustany, Rachinski, v.Wittich 8/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH ORP: au cours du 2ème trimestre 2000, seules deux femmes sans emploi sur cinq étaient inscrites au chômage. » A titre illustratif, le graphique ci-contre montre bien que le taux de chômage en Suisse augmenterait en moyenne de 1,4 points entre 1991 et 2002 si on tenait compte des sans emploi qui ne sont pas inscrits dans un Office fédéral de placement6. Deuxièmement, le SECO met Taux de chômage en Suisse 1991-2002 (moyenne sur l'année) le nombre de chômeurs 6.00% 5.00% inscrits en rapport avec le Taux de chômage 4.00% selon SECO niveau de la population active 3.00% 2.00% d’il y a 13 ans. Cependant, Taux de chômage, sans emplois non 1.00% inscrits inclus, entre 1990 et 2002, le nombre 0.00% dénominateur ajusté (Déf. selon l'ESPA) 91 93 95 97 99 01 19 19 19 19 19 20 de personnes faisant partie de la population active occupée a augmenté de 3'621’716 à 3'959’166. Cette augmentation du dénominateur diminue notre taux de chômage construit dans le paragraphe précédent. En intégrant, dans notre graphique , le taux de chômage selon les évaluations de l’ESPA, on constate que ce taux se situe , en moyenne , entre 1991 et 2002, a environ -0,05 points en dessous du taux indiqué par le SECO. Finalement, la statistique du SECO dépend directement de l’évolution de la loi fédérale sur l’assurance chômage. Ainsi, (selon Pellaz, Pipoz et Lufkin 2002 qui se réfèrent à l’étude de George Sheldon) « l’allongement de la durée d’indemnisation des chômeurs a toujours suivi une augmentation massive du chômage [augmentation du nombre de chômeurs inscrits en Suisse] ». L’adaptation de la nouvelle loi sur l’assurance chômage au 24 novembre 2002 concernant le raccourcissement de la durée maximale d’indemnisation de 520 à 400 jours7 devrait donc diminuer le nombre de chômeurs inscrits. Néanmoins , le nombre de chômeurs inscrits en Suisse n’a pas cessé d’augmenter et se situe , en fin avril, à 141’624 par rapport à 120'674 à la fin de novembre 2002. Ce résultat renforce le constat de Pellaz, Pipoz et Lufkin, « qu’à la suite d’un allongement de 6 Les données ainsi que les calculs des taux de chômage se trouvent dans l’annexe 2 7 Ne sont pas concernés les travailleurs âgés de plus de 55 ans et les allocataires de rentes et de l’assurance accidents s’ils ont cotisé pendant au moins 18 mois Boustany, Rachinski, v.Wittich 9/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH la période de couverture, le chômage n’est jamais redescendu au niveau qu’il avait avant ». La mesure du taux de chômage selon l’OFS Depuis 1991, l’ESPA réalise chaque année au cours du 2ème trimestre (d’avril à juin) une enquête ayant pour but de fournir des données sur le monde du travail. De 1991 à 2001, l’enquête se base sur un échantillon de 16'000 ménages qui a été, dès 2002, augmenté à 40'000. Chaque année, ces derniers sont tirés au sort dans l’annuaire téléphonique. Dans chaque ménage, une personne est ensuite choisie de façon aléatoire. Ainsi, chaque individu qui participe à cette enquête représente en moyenne environ 150 personnes de la population résidente permanente. En plus des estimations qui permettent de déterminer le taux de chômage au sens strict, l’ESPA fournit encore d’autres statistiques comme, entre autre, la statistique sur le métier (appris et exercé), les conditions de travail, la mobilité sur le marché du travail, la branche économique, les heures de travail, la formation (y compris la formation continue), le travail non rémunéré ainsi que le nombre de personnes qui ont un travail à temps partiel mais qui cherchent un travail à plein temps (personnes en sous emploi). Ces dernières permettent d’approfondir certaines analyses que l’on ne pourrait effectuer si on se basait sur les informations fournies par le SECO. Les statistiques du SECO et celle de l’ESPA offrent donc des indicateurs complémentaires. Plus important encore, les définitions suivantes sont conformes aux recommandations du Bureau international du travail ; elles facilitent la comparaison du taux de chômage au niveau international. 8 Personnes sans emploi Font partie des personnes sans emploi les personnes d’au moins 15 ans révolus 8 http://www.statistik.admin.ch Boustany, Rachinski, v.Wittich 10/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH • qui n’étaient pas actives occupées au cours de la semaine de référence, • qui ont cherché activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes • et qui pourraient commencer à travailler au cours des quatre semaines suivantes A part le fait que les «chômeurs » ne doivent pas être inscrits auprès d’un Office fédéral de placement afin de figurer dans la catégorie «sans emploi », le troisième point cité en dessus représente une autre différence par rapport à la définition des chômeurs selon le SECO. En effet ce dernier exige la disponibilité immédiate en vue d’un placement. Personnes actives occupées Font partie des personnes actives occupées les personnes d’au moins 15 ans révolus qui, au cours de la semaine de référence, • ont travaillé au moins une heure contre rémunération • ou qui, bien que temporairement absentes de leur travail (absence pour cause de maladie, de vacances, de congé maternité, de service militaire etc.), avaient un emploi en tant que salarié ou indépendant • ou qui ont collaboré dans l’entreprise familiale sans toucher de rémunération Cette définition ne diffère pas visiblement de la définition du SECO. Néanmoins, il y a une différence. L’ESPA se base sur la population résidante permanente afin de déterminer le nombre de personnes actives occupées. Dans cette mesure on ne tient pas compte des individus résidants à l’étranger mais qui travaillent en Suisse (Frontaliers, personnel des ambassades et des consulats suisses, marine suisse). Par contre, le SECO utilise le concept intérieur lorsqu’il définie les personnes actives occupées. Boustany, Rachinski, v.Wittich 11/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH La mesure du taux de chômage aux Etats-Unis Depuis 1940, le bureau de statistique d’emploi, en anglais «Bureau of Labor statistics (BLS) », conduit tous les mois une enquête sur le marché de travail qui se base sur un échantillon. A travers le temps, la méthode d’échantillonnage s’est modifiée plusieurs fois et les derniers changements majeurs avaient eu lieu en 1994. Cette nouvelle méthode pour mesurer le taux de chômage trouve encore son application à l’état actuel et sera analysée dans la suite de notre rapport. Dans un premier temps, nous allons regarder de plus près comment le gouvernement construit cet échantillon. Par la suite, nous aborderons la définition d’une personne se trouvant dans la population active ainsi que celle du chômeur ce qui va permettre au lecteur de comprendre les principales différences entre la mesure du taux de chômage en Suisse et aux Etats-Unis. L’enquête sur la population actuelle (Current Population Survey) aux Etats-Unis Le Bureau of Labor Statistics (BLS) regroupe 60'000 ménages dans l’échantillon pour la réalisation de l’enquête sur la population actuelle. Afin d’obtenir un échantillon représentatif de la population totale des Etats-Unis, 3'141 districts, ou villes étant équivalent à un district, sont choisis et groupés dans 1'973 zones géographiques. Parmi ces zones, seuls 754 sont choisies pour représenter chacun des 50 Etats ainsi que le district de Colombie. Ensuite, chacune de ces zones est de nouveau subdivisée en plusieurs districts qui contiennent environnement 300 ménages. A l’étape finale, chacun de ces « subdistricts » est de nouveau fractionné en petites «unités de logement » qui contiennent 4 ménages respectivement. Les «unités de logement » qui seront retenues pour l’enquête sont sélectionnées selon une méthode statistique. Chaque mois, pour éviter qu’aucun ménage ne soit interrogé pendant plus de 4 mois consécutifs, un quart des ménages dans l’échantillon sera remplacé. Donc, pendant une semaine et ceci à chaque mois, 1500 employés du BLS interviewent les membre des ménages sélectionnés afin d’obtenir des renseignements sur la Boustany, Rachinski, v.Wittich 12/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH population. Ces derniers seront ensuite classés dans un des trois catégories suivantes : Personnes actives occupées, personnes sans emploi ainsi que personnes non actives. La définition des personnes sans emploi Font partie de la catégorie «Personnes sans emploi » : • des personnes d’au moins 16 ans n’ayant pas de travail au cours de la semaine de référence et qui ont cherchées activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes et qui sont immédiatement disponibles en vue d’un placement. La définition des personnes actives occupées selon le BLS Il s’agit des personnes qui, au cours de la semaine de référence: • ont au moins 16 ans • travaillent au moins une heure contre rémunération • bien que temporairement absentes de leur travail (absence pour cause de maladie, de vacances, de congé maternité, de problèmes familiales, de grève, de mauvaise temps empêchant d’aller travailler, de service militaire) ont un emploi en tant que salarié ou indépendant • collaborent dans une entreprise familiale pendant 15 heures ou plus par semaines sans toucher de rémunération La définition des personnes non actives Sont classées dans la catégorie de « personnes non actives » : • les personnes ayant moins de 16 ans • les personnes travaillant moins de 15 heures dans une entreprise familiale sans toucher de rémunération • les prisonniers ou des personnes dans les hôpitaux psychiatriques • les personnes incapables de discernement • les personnes actives dans les forces armées • les personnes qui n’ont pas de travaille et qui n’en cherchent pas un Boustany, Rachinski, v.Wittich 13/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH • les écoliers, étudiants et les retraités9 Ces définitions ressemblent à celles de l’ESPA (ou vice versa). Aux Etats-Unis, la définition de « temporairement absentes de leur travail » semble être plus large et inclue les personnes ayant des problèmes familiaux, le facteur temps ainsi que les personnes qui sont en grève 10 . De plus, sont recensée les personnes qui ont plus de 16 ans et les individus qui collaborent dans une entreprise familiale sans toucher de rémunération ne doivent pas uniquement travailler au moins une heure (voir définition de l’ESPA) mais au moins 15 heures ou plus pour qu’ils soient classés dans la catégorie « personnes actives occupées » Principales limites de la mesure du taux de chômage selon l’ESPA et BLS L’ESPA ainsi que le BLS basent la détermination du taux de chômage sur un échantillon. On peut se poser la question si un échantillon peut valablement représenter la population totale mais il convient au préalable de définir ce que l'on entend par le terme «valablement ». Dans le cas des Etats-Unis, l’intervalle de confiance est égale à 90 c'est-à-dire – en prenant un exemple - dans 90% des cas, le nombre moyen de chômeurs estimé ne diverge pas plus que de 115'000 personnes de la moyenne de la population totale. De plus, on pourrait critiquer le fait que l’enquête se fasse par téléphone ou, dans certains cas, par mail. Ainsi, les intervieweurs n’ont aucune possibilité de vérifier l’exactitude des réponses. 9 Selon la définition du BLS, les écoliers et les étudiants qui exercent une activité parallèlement à leurs études et les retraités qui continuent de travailler font partie de la catégorie « Personnes actives occupées » 10 Il est possible que l’ESPA en tient également compte puisqu’on utilisant l’abréviation « etc » dans la définition, l’ESPA pourrait se réserver d’inclure d’autres éléments que ceux mentionnés dans cette défintion. Boustany, Rachinski, v.Wittich 14/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Avis personnel des auteurs Les définitions et méthodes servant à l’évaluation du taux de chômage diffèrent d’un pays à l’autre. Dans la présentation nous allons voir que, malgré l’existence des définitions « officielles » du Bureau international du travail, de nombreux pays ne les suivent pas à la lettre. MAIS, on peut demande r si certaines des critiques sont justifiées. Ainsi, dans plusieurs articles ou sites Internet on peut lire que le taux de chômage selon SECO sous-estime le taux de chômage. Ces critiques étaient d’autant plus fortes pendant les périodes où l’OFS annonça un taux supérieur à celui du SECO. Cependant, dans le graphique ci-dessus, on voit clairement que le taux de chômage selon SECO se situait, au milieu des années 90, en dessous du taux indiqué par l’ESPA. Finalement, est-ce que ce ne pas plutôt l’ESPA qui « sous-estime » le taux de chômage en Suisse ? De plus, même si le SECO ainsi que l’ESPA mesurent tous les deux le taux de chômage, on ne peut pas dire que la statistique du SECO est plus juste que celle de l’ESPA. En effet, l’objectif de ces statistiques diverge largement. Le SECO est étroitement lié à l’assurance chômage. Les statistiques du SECO peuvent fournir des informations exactes sur les conséquences financières du chômage. Par contre si l’objectif est de comparer le taux de chômage suisse avec celui d’autres pays, il faut prendre le taux de l’ESPA. Ce qui importe est que les deux taux reflètent bien les tendances et comme on l’a vu, d'ailleurs le coefficient de corrélation à 0.97, le confirme. Boustany, Rachinski, v.Wittich 15/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH PARTIE II Proposition de facteurs explicatifs de la différence des taux de chômage entre la Suisse et les Etats-Unis entre 1949 et 2002 Comment se fait-il que le taux de chômage suisse soit proche de zéro jusqu'en 1977 tandis qu'aux Etats-Unis, il ne descend pas en dessous des 2,9%? En Suisse, le premier système d'assurance chômage fut crée en 1884 par l'Union suisse des typographes. A titre d'illustration, 204 caisses assuraient 552 000 personnes en 1936, soit 28% de la population active 11 . Les années de l'après-guerre marquèrent une période de prospérité économique pour la Suisse. En effet, il semblerait que dans les années 60, la Suisse ait connu une période de plein-emploi. L'assurance chômage perdit donc de son attrait au point de ne plus assurer que 18% des personnes actives (545 000) en 1974. D'ailleurs, à ce moment-là, l'adhésion à une assurance chômage n'était pas obligatoire. Ceux qui n'avaient plus de travail et qui n'étaient pas préalablement inscrits auprès d'une assurance, n'avaient pas d'incitation à se déclarer auprès d'un Office fédéral en tant que personne cherchant du travail. En effet, cette inscription ne leur donnait pas le droit à une indemnisation de la part des assurances. Faute d'assurance obligatoire, les étrangers licenciés regagnèrent leurs pays d'origine tandis que les salariés indigènes non protégés abandonnèrent le marché du travail. Il s’avère donc, étant donné le très faible nombre d’inscriptions auprès des Offices de placement, que la proportion des personnes sans travail à la recherche d’un emploi, selon les statistiques officielles12, n’aient pas été justement estimées. Cela pourrait être pour cette raison que le chômage tendait vers 0 entre 1960 et 1974. Avec le premier crash pétrolier on observe une augmentation notable du chômage à partir de 1974. C'est uniquement en 1976, et en réponse à se phénomène semble t-il, que l'affiliation de tous les salariés à une assurance de chômage devint obligatoire. Ainsi, le 11 http://www.snl.ch/dhs/externe/protect/textes/F16613.html 12 Estimées, à cette époque par l’Office Fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT). Boustany, Rachinski, v.Wittich 16/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH plein-emploi et l’inscription non obligatoire pourraient être deux raisons d’un chômage quasi inexistant en Suisse de 1960 à 1974. Comme la méthode de mesure aux Etats-Unis était et reste toujours basée sur un échantillonnage 13 , les personnes actives à la recherche d’un emploi pouvaient être estimées sans qu’elles ne soient nécessairement inscrites auprès de l’assurance chômage. Ceci pourrait expliquer le fait que, avant 1977, il n’y avait pas ou peu de chômeurs recensés en Suisse, alors qu’aux Etats-Unis, le taux de chômage était bel et bien présent. Sans trop rentrer dans les détails, nous pouvons survoler les phénomènes qui ont influencé ce dernier taux dans la période étudiée. En regardant la courbe du chômage aux Etats-Unis, nous constatons que les « pointes » surviennent lors quatre périodes de récession de l’après-guerre, en 1948-1949, 1953-1954, 1957-1958, 1960-1961, et que le chômage, après avoir monté, ne s’abaisse jamais à son niveau antérieur. A partir de 1963, sous l’influence des politiques de l’administration du parti démocrate, le niveau de chômage s’abaisse progressivement. Cette baisse s’accélère à partir de 1966 avec l’accélération de l’activité économique, suscitée par l’intensification de la guerre au Vietnam, avec un taux qui tombe en dessous de 4% en 1969. Ensuite, la politique de lutte contre l’inflation mise en oeuvre entraîne un ralentissement de l’économie qui est accentué par la réduction des hostilités au Vietnam. En conséquence, la croissance de l’emploi se ralentit, alors que la population active augmente rapidement, en raison de la réintégration des quelques 750000 militaires américains de retour au pays dans cette population, ainsi que du nombre croissant des femmes en faisant partie. Il en résulte une nouvelle hausse du chômage, avec un taux dépassant les 6% en 1970 qui va se maintenir jusqu’en 1973. 13 Voir première partie, L’enquête sur la population actuelle (Current Population Survey) aux Etats-Unis Boustany, Rachinski, v.Wittich 17/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Impact de l’évolution de la population active sur le chômage à partir de 1975 Comme l’illustre le graphique ci-dessous, la population active suisse totale augmente sur la période 1975-1992. En 1992, la population Population active 1975 - 2002 active totale était de 4'058’000 contre 3'173’000 en (Echelle Semi-log) 1975, ce qui représente un taux de croissance 10'000 En millier de personnes annuel de 1,45%. Nous remarquons également qu’entre 1992 et 2002 l’augmentation n’est que de 0,29%. Donc, le taux de croissance de la population active entre 1975 et 1992 est plus fort que celui de la population totale. En effet, comme nous le 1'000 constatons à l’aide du graphique ci-contre, 75 79 83 91 95 7 9 198 199 19 19 19 19 19 l’augmentation de la participation de la femme Pop. active totale Hommes Femmes dans la population active a contribué à amplifier le taux de participation. Aussi, le taux de Taux de participation en Suisse participation, c'est-à-dire la population active 51 divisée par la population totale, lui aussi a 50 49 % bien cru sur la période (voir graphique ci- 48 47 contre). 46 Essayons maintenant d’expliquer la 77 87 75 79 81 83 85 89 19 19 19 19 19 19 19 19 croissance vigoureuse du taux de Taux de participation participation suisse entre 1975 et 1990. Il semblerait que le changement soit imputable à l’évolution des mœurs et comportements de la population suisse qui l’ont rendue plus active et également plus présente sur le marché du travail. En d’autres termes, l’offre relative de main d’œuvre croit de façon considérable sur cette période. En même temps, dans la situation de la crise pétrolière de 1974 ainsi que celle du début des années 80, où la conjoncture économique suisse s’est trouvée affectée, l’accroissement de l’offre de travail se confronte à une baisse de la demande du travail. Ce qui pourrait expliquer, dans cette même période, une croissance annuelle moyenne du taux de chômage de l’ordre de 12%. Boustany, Rachinski, v.Wittich 18/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Si notre étude ci-dessus ne s’étend que jusqu'au début des années 90, c’est parce qu’en Suisse il convient de distinguer la période qui suit. En effet, le chômage s’accroît nettement après et pendant les années 1990, ce qui contraste avec le niveau comparativement faible des années Taux de participation en Suisse précédentes. Sortant du contexte de la crise pétrolière des années 80, la Suisse se voit 58 56 confrontée à des problèmes sévères ; en 54 % 52 effet, sans en reparler les motifs , le PIB par 50 48 tête suisse (voir graphique à la page 20) est 46 en constante diminution après 1990, avec 93 97 01 91 95 99 19 19 20 19 19 19 une pente relativement importante. Le taux Taux de participation de participation14 s’étant stabilisé à un niveau nettement plus élevé qu’auparavant, la demande de travail induite par cette dernière ne s’est pas vue absorbée par le marché de l’emploi au même titre que les années précédentes. La situation aux Etats-Unis n’est pas la même. En effet, en observant le graphique du professeur Lambelet à la page 20, nous nous Population active 1975 - 2002 Etats-Unis apercevons que non seulement le PIB par (Semi-log) 1000000 tête n’est pas en baisse, comme c’est le cas en Suisse, mais qu’il subit un trend positif Personnes en milliers lent à partir de 1991. Nous pouvons ainsi 100000 supposer que le marché américain de l’emploi est capa ble d’absorber une 10000 population active elle aussi en plein essor 75 78 81 84 87 90 93 96 99 02 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 (voir graphique ci-contre). Cette hypothèse Pop. active totale Hommes Femmes est confirmée par une étude du FMI 15 qui 14 Jusqu’en 1990, le numérateur (population active) était constitué des personnes actives occupées exerçant une activité professionnelle d'au moins 6 heures par semaine et des chômeurs inscrits. Dès 1991, le numérateur est constitué des actifs occupés à partir d’une heure par semaine (définition recommandée par le Bureau international du Travail) et des personnes sans emp loi. Il s’agit de la population permanente et du taux d’activité brut calculé pour la population totale. 15 Pour plus de détails, consulter l’article du Prof.Lambelet dans Bilan, 17 décembre 1995 Boustany, Rachinski, v.Wittich 19/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH suggère que la faiblesse du ratio capital réel/main d’œuvre aux Etats-Unis est due à un niveau de salaire réel significativement plus bas qu’en Europe. Ainsi, la rationalisation du travail (c'est-à-dire le remplacement de la main d’oeuvre par le capital) ne touche que peu les Etats-Unis sur cette période, moins que la Suisse (le ratio étant de 122 en Suisse et de 150 aux Etats-Unis). Le volume de l’emploi est donc plus susceptible de suivre une augmentation de la population active aux Etats-Unis. Facteurs d’influence probables sur le taux de chômage après 1990 Assurance chômage jusqu’en 1995 En observant le graphique ci dessous retraçant l'évolution du chômage en suisse à travers le temps on remarque à partir de 1990 une montée significative par rapport aux années précédentes. Cela est notamment dû à une phase de stagnation prolongée que le Prof. Lambelet démontre 16 par l’évolution du PIB par tête depuis 1990. Cette soudaine augmentation du chômage PAYS EN ESSOR RELATIF (plus la Suisse) a donc pour cause un déclin relatif de PIB par tête, OCDE=100 dans chaque année Graphique 1 160 l’économie non pas aux proches environs USA 140 de l’année 1994 mais bien avant. Les Suisse raisons avancées sont multiples, « Le 120 Australie problème est donc bien plutôt du côté des 100 Pays-Bas Irlande marchés intérieurs, des branches travaillant pour ces marchés, ainsi que du 80 côté d’une bonne partie du secteur public. 60 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 Structures inefficaces et sclérosées, absence ou insuffisance de concurrence, rentes de situation, fiscalité mal conçue et toujours plus lourde, appareil éducatif qui « ne suit pas » ou qui suit mal, Etat social toujours plus généreux et plus onéreux, rigidité du cadre réglementaire ». Les causes que 16 Dans l’article « Déclin de l’économie suisse » Boustany, Rachinski, v.Wittich 20/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH l’on vient de citer ont donc fini par déclencher une montée remarquable du chômage en 1990, un taux qui d’une part atteint des proportions officielles jamais vue auparavant et d’autre part qui tend à se rapprocher de celui des Etats-Unis. Nous allons voir par la suite, jusqu’en 1994, dans quelle mesure l’Etat social, en particulier l’assurance chômage à cette époque, aurait pu avoir un impact sur cette croissance du chômage. En regardant de plus près et en comparant certains attributs de l’assurance-chômage en vigueur à cette époque en Suisse et aux Etats-Unis, on obtient des données assez pertinentes pour être sujettes à interprétation. Comparaison de l'assurance chômage Suisse - Etats-Unis Suisse Etats-Unis Durée de cotisation 6 mois 6 mois nécessaire Durée d'indemnisation 400 18217 Pourcentage moyen du 70% 50 a 70% salaire versé mensuellement Pourcentage du seuil de 130% pour une personne pauvreté couvert par 140% pour une personne 85% 19 pour une famille de l’indemnisation18 trois personnes Nous constatons, d'après ce tableau, que les conditions de l'assurance chômage suisse sont plus généreuses qu'aux Etats-Unis. Le chômeur suisse serait donc d’une part plus incité à « profiter » de son indemnisation, et d'autre part d’utiliser pleinement la période d'indemnisation qu’un chômeur américain, durée qui est plus élevée qu'aux Etats-Unis. En effet, cette dernière étant 2.2 fois plus grande, on ne serait donc pas étonnés de voir qu’un chômeur suisse persiste dans sa situation plus longtemps qu’un chômeur Américain. 17 Gregory Mankiw (2000) 18 A titre d’exemple, en suisse le seuil de pauvreté étant de 2500 CHF (pour 2000), l’indemnité moyenne perçue par un chômeur étant de 3500CHF (70% du salaire moyen qui est de 5000 CHF), ce dernier vivra au dessus du seuil de pauvreté. Le rapport entre l’indemnité moyenne ainsi perçue et le seuil de pauvreté est de 140%. (3500/2500). Les chiffres proviennent du rapport de Mr Manfred Reist, ADC Bale. 19 http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er137.pdf Boustany, Rachinski, v.Wittich 21/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Assurance chômage après 1995 Sans expliquer en profondeur les mécanismes qui ont causé la récession de 1994-1997, nous allons en fournir, dans ce qui suit, un bref rappel : en 1994 la suisse enregistre une hausse du PIB de l’ordre de 1% en termes réels. Pour éviter l’inflation, la BNS décide de réduire la masse monétaire. Cette action, combinée avec l’effondrement du dollar à la même époque, fait apprécier le franc suisse, ce qui à son tour produit un effet néfaste sur les exportations. La baisse des exportations freine l’économie, ce qui a pour conséquence d’augmenter le chômage. Dans cette période la suisse connaît une croissance faible, en effet après la croissance de 1% de 1994 le PIB ne croît plus que de 0.1% 20 en 1995, ce qui s'explique, selon le conseil fédéral, (archives mars 1997) par « …les efforts entrepris entre 1994 et 1995 pour redresser les finances publiques, de même que par la crise qui a frappé le secteur de la construction [qui, avec 52,2 milliards de francs, était en recul de 4,4% ] 21) et de l'immobilier, par le régime restrictif adopté par les banques en matière de crédit … ». En réponse à cette augmentation soudaine et inattendue du chômage, qui a contribué à augmenter la dette publique (la dette de l’assurance-chômage frôlait les 9 milliards de francs suisses 22 ), le gouvernement suisse a modifié le système d'assurance -chômage. Ainsi, le taux de cotisation a été augmenté de 2 à 3% et une contribution de solidarité de 1% ou 2% en fonction du salaire a été introduite23 . Cela dit, il semblerait que par un souci social la durée maximale d’indemnisation a été rallongée de 400 à 520 jours. En revanche, le demandeur d’emploi s’est vu l’obligation de fournir une contre-prestation, par sa participation à des mesures de réinsertion, sous peine de perdre ses droits à l’assurance-chômage après 150 jours - ou 250 jours pour les personnes de 50 ans et plus. 20 http://www.statistik.admin.ch/news/archiv96/fp96082.htm 21 http://www.statistik.admin.ch/news/archiv96/fp96082.htm 22 http://www.pdc.ch/francais/aktuell/text -detail.asp?contentid=1670 23 Le lecteur interessé peut se réferer au travail « Révision de la loi sur l’assurance-chômage » de Lufkin, Pipoz, Pellaz (Novembre 2002) Boustany, Rachinski, v.Wittich 22/32 Juin 2003
Economie nationale Prof. Lambelet Comparaison chômage US-CH Comme déjà mentionné plus haut24, une augmentation de la durée d’indemnisation semble influencer à la hausse le taux de chômage. Par la suite, nous allons nous demander s’il d’autres facteurs au sein de l’assurance-chômage, pourraient avoir une influence semblable. A cet effet, nous allons examiner les attributs de la politique en vigueur après 1995 et de celle en vigueur aux Etats-Unis sur la même période; à savoir : • La durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d'une indemnisation en cas de chômage • La durée d'indemnisation maximale dont un chômeur peut bénéficier • La durée d'indemnisation maximale dont un chômeur peut bénéficier sans qu'il ne fournisse de contre-prestations • Le pourcentage du salaire versé dans le cadre de l'indemnisation • Le seuil de pauvreté en suisse et aux Etats-Unis • Salaire moyen mensuel en vigueur dans chacun de ces deux pays 24 voir partie sur la mesure du taux de chômage Boustany, Rachinski, v.Wittich 23/32 Juin 2003
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