Conflits entre Alain Desgris - Franc-Maçonnerie et Église romaine - Edilivre

La page est créée Franck Tessier
 
CONTINUER À LIRE
Conflits entre Alain Desgris - Franc-Maçonnerie et Église romaine - Edilivre
Alain Desgris
      Conflits entre
    Franc-Maçonnerie
    et Église romaine
    (Une fraternité à couteaux
       et goupillons tirés)

       Des origines à 1934

               L2

2
2
Dédicace

        À mes enfants et petits-enfants pour qu’ils se
    souviennent des œuvres de leur père et grand-père,
        Au Père Pierre Hoffmann, ancien curé de St Quentin
    en Yvelines, délégué diocésain pour les relations avec le
    judaïsme pour nos échanges pastoraux et nos envolées
    augustiniennes,
         À tous les autres Pères qui ont travaillé avec moi à la
    rédaction de cet ouvrage dont les Pères Gimmigues,
    Dominique, Blanc et Doigteau. Qu’ils soient remerciés à
    titre personnel et pour les services rendus par leurs
    communautés à la recherche et à la traduction de certains
    textes,
         À mes frères du Grand Prieuré ainsi qu’aux Franc-
    Maçons, Templiers qui ont œuvré dans le strict respect de
    leurs engagements pour que la lumière soit enfin faite sur
    les dérives « templaristes, maçonnes et vaticanes »,
         À tous ceux qui ont tenté et continuent de renouer un
    dialogue entre l’Église romaine et les obédiences
    maçonniques,

2                                                             3
À Nicolas About, maire, député et sénateur ami
indéfectible, pour l’ensemble de ses réflexions et sur la loi
qu’il a promulguée sur les sectes,
     Au P. Jean Vernette, ancien délégué auprès de
l’épiscopat français, spécialiste officiel des sectes pour ses
« critères de discernement »,
    Un clin d’œil à mes amis de « l’Opus » avec qui nous
avons partagé de nombreux repas,
     Et enfin, aux cardinaux Seper et Ratzinger alors Préfets
pour la congrégation de la foi pour ces échanges
« fructueux » à Rome.

     Page de couverture :
     La France catholique menée par les Juifs et les Francs-
maçons (Achille Lemot illustrateur, et caricaturiste français,
paru dans Le Pèlerin n° 1339 du 31 août 1902) -Légende (à
propos des Juifs et des Francs-maçons) : – Ne tire pas trop sur
la corde !… Si malheureusement il avait l’idée de regarder un
peu en bas, nous ne pèserions pas lourd !

42
Livres de l’auteur

                                  *
                              *       *

        Templiers, Histoire et mouvements de chevalerie
         Templiers, Hospitaliers, Ordre du Saint-Sépulcre de
    Jérusalem (Hypothétiques filiations) ; éd. Edilivre. Paris,
    2018. 376 p.
         Statuts secrets Templiers (De la Bible au Coran) ; éd.
    Edilivre. Paris, 2017. 560 p.
         La Traque des Chevaliers de l’Ordre ; éd. Vega. Paris,
    2011. 420 p.
         Moi, Jacques de Molay, dernier Grand Maître des
    Templiers (La lente agonie de l’Ordre) ; éd. Vega. Paris,
    2009. 389 p.
         Chronique de l’Histoire des Templiers au temps de ses
    Grands Maîtres ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 500 p.
         Chevalerie et Tradition ; éd. Trédaniel. Paris, 1999.
    278 p.
         L’ésotérisme Templier (Le livre des mystères et des
    Révélations) ; éd. Trédaniel. Paris, 1998. 350 p. (*)

2                                                            5
Organisation et vie des Templiers (Sociologie d’Orient
et d’Occident) ; éd. Trédaniel. Paris, 1997. 406 p.
     L’Ordre des Templiers et la chevalerie maçonnique
Templière au travers de leurs œuvres ésotériques et
mystiques ; éd. Trédaniel. Paris, 1995. 374 p. (*)
     L’Ordre des Templiers (Les secrets dévoilés) ; 2°
édition ; éd. Dervy. Paris, 1995. 268 p. (*)

                              *
                          *       *

      Franc-Maçonnerie, Symbolisme, Philosophie
     Collection « Du Coq à la Francisque » :
     Livre 1 : La Franc-Maçonnerie révélée (Origines-
Traditions-Spiritualités-Idéologies et politique) ; titre
provisoire – en cours d’édition.
     Livre 2 : Conflits entre Franc-Maçonnerie et Église
romaine (Une fraternité à couteaux et goupillons – Des
origines à 1934 ; éd. Edilivre. Paris, 2018 ; 318 p.
     Livre 3 : Franc-Maçonnerie et politique (Du
Corporatisme au Nationalisme) – 1715-1934 ; éd. Edilivre.
Paris, 2018. 228 p.
     L’Ordre des Templiers et la chevalerie maçonnique
Templière au travers de leurs œuvres ésotériques et
mystiques ; éd. Trédaniel. Paris, 1995. 374 p. (*)
     Rituels des grades maçonniques au RER ; éd. Trédaniel.
Paris, 1995. 814 p.

                              *
                          *       *

62
Dictionnaires
        Dictionnaire des Sites Sacrés ; éd. Trédaniel. Paris,
    2002. 700 p.
        Dictionnaire des Traités, Discours, Symboles à l’usage
    des Francs-Maçons ; éd. Dervy. Paris, 1995. 384 p. (*)

                                   *
                               *       *

           Études historiques, religieuses, universitaires
         Histoire secrète du Graal : « Cathares, Templiers, Rose-
    Croix et Francs-Maçons » ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 254
    p. (*)
         Graal : « Tradition et Queste » ; éd. Trédaniel. Paris,
    2002. 256 p. (*)
         Jésus et la gnose Templière (L’autre vision des Écritures
    et du procès qui s’en suivit) ; éd. Trédaniel. Paris, 1996.
    448 p.

                                   *
                               *       *

          Littérature merveilleuse et contes initiatiques
         Enguerrand et la terre des Gnomes-Livre 1 ; éd.
    Edilivre. Paris, 2017. 254 p.
         La légende merveilleuse du chevalier au blanc manteau
    (Le monde souterrain) ; éd. Trait d’Union. Paris, 1993. 314
    p. (*)

2                                                               7
*
                                *       *

               Essais divers (France et étranger).
     Humour, partage et raison pour sortir de l’exclusion
scolaire ; éd. Du Panthéon. Paris, 2013. 220 p.
     Chimère : « Au secours Hélène » ; éd. Comedia. Paris,
2006 ; 186 p.
     Macro-économie européenne (12 livres) ; éd.
d’Organisation. Paris, 1998 ; 516 p. (*)
     Diagnostic et management de l’entreprise ; éd. Pierre
Dubois. Paris, 1998 ; 70 p.
     L’humanisme de la machine. Paris, 1977 ; éd.
Municipales.
     Secrets et vertus des plantes de nos campagnes. Paris,
1977 ; éd. Municipales.
     Juin 1945 : Le Débarquement en Normandie. Paris,
1983 ; éd.mutualiste.

(*) Prix littéraires ; éditions traduites : Espagne, Guatemala, Mexique,
Pays de l’Est…

82
Note liminaire
               À nos vénérables Frères :
                 Salut et Bénédiction

        Que la lumière éclaire nos travaux avant d’être frappé
    d’anathème par nos vénérés anciens et qu’on ne me bannisse.
        Je n’appartiens, dois-je le rappeler, à aucune obédience
    mais à une congrégation en tant que clerc séculier !
         J’ai simplement été transporté par la démarche de
    l’auteur, son implication généreuse et désintéressée dans des
    œuvres Templaro-maçonniques ainsi que pour ses
    rapprochements et ses engagements en faveur des religions
    et de ses déshérités…
         Ceci étant dit je connais Alain Desgris depuis 1969 et plus
    précisément au moment de ses envolées Templières au pays
    des Franc-Maçons. Élevé, comme d’autres le furent, au grade
    d’apprenti de compagnon puis de Maître et de Maître Écossais,
    il sut se révéler assez rapidement pour se retrouver à la fois,
    Commandeur, Franc-Maçon respectable, Vénérable de Loge à
    l’Orient de Paris, orateur et Frère surveillant de plusieurs Loges
    de provinces… avant d’accéder à l’Ordre des Chevaliers

2                                                                   9
Bienfaisants de la Cité Sainte etc. Il fut aussi, membre pastoral
de son église, animateur de catéchèse, de culture religieuse, de
lecture de la Bible pour les anciens… et suffisamment ouvert
pour lire le Talmud, le Coran et les Védas.
     Il se trouvait, en tant que chrétien, ouvert aux autres et
tout aurait pu continuer ainsi si son intégrité ne l’avait pas
amené à vouloir réparer ce qu’il ressentait comme un retard
dans la vision de l’Église romaine sur la Franc-Maçonnerie
depuis 1738.
     C’est sur cette idée que, j’avais accepté, comme des
évêques, l’avaient fait avant moi, de préfacer ou postfacer
des livres qui me semblaient préciser un conflit qui s’auto-
alimentait, selon les circonstances. Tout en cherchant à
réparer les fautes commises en un temps qui n’était plus de
ce temps, Alain pensait que, libérée de toute contrainte,
notre Église prononcerait enfin cette phrase que peu ou
proue tous attendaient : « Maçons je te libère de ta dette et
ne fais plus courir contre toi ni anathème ni sentence… ».
     Il avait, soit préjugé de sa force de conviction, soit mal
analysé les forces antagonistes ; car, elles décidèrent de
renouer avec un conflit qui, bien que né, trois cent ans
auparavant, n’avait jamais cessé d’être soigneusement
entretenu au sein de la curie. Soit on était avec l’Église, dans
tous ses principes et ses dogmes, soit on se plaçait en dehors.
Quant aux chrétiens « Templiers et Maçons », engagés dans
les œuvres de Dieu, ils s’éloignaient irrémédiablement ne
pouvant plus s’approcher de la sainte Communion. Ce rejet
par l’Église était d’autant plus paradoxal qu’elle utilisait ces
entités au gré de ses nécessités ; en France et à l’étranger
pour la pérennité de ses œuvres.

2
10
Malgré les actions remarquables que l’auteur conduisit,
    en toute discrétion, avec le Révérend Père Riquet pour
    soustraire la Franc-Maçonnerie de la vindicte de notre
    Église, malgré leurs longues, âpres et souvent fastidieuses
    discussions avec des évêques, mieux disposés que d’autres,
    il avait pu constater que nos instances religieuses restaient
    les pieds et la tête murés dans des chapes de béton que la
    croix de la bonté et de la tolérance ne pouvaient pas détruire.
         Le déploiement de ces forces réactives, la volonté que
    manifestèrent ces opposants contre des prêtres convaincus,
    évincèrent les uns et renvoyèrent les autres dans un exil
    salutaire où évêques et abbés méditeraient désormais, par
    leurs prises de position, dans le silence d’abbayes ou de
    maisons diocésaines utiles à leurs retraites. Mais, comble de
    la vie pastorale, dans le même temps, la pénitencerie
    apostolique et quelques congrégations savouraient le
    paradoxe politique et fraternel de punir d’un côté et
    apprécier son adversaire « satanique » en lui confiant ses
    affaires mobilières et immobilières !
         En 1983, malgré quelques derniers remous hostiles
    commentés dans les couloirs et églises de Rome, il avait
    semblé que les derniers échanges de Castel Gandolfo et de
    Saint Louis des Français, avec l’auteur, portaient leurs fruits.
    Les rencontres entre le Préfet Ratzinger, le Révérend Riquet,
    dom Emmanuel et l’auteur permettaient d’augurer, au
    minima, que le rite Écossais et Rectifié de la Franc-
    Maçonnerie régulière serait absout des sentences papales
    depuis la bulle de S.S. Clément XII. Mais les couloirs de
    Rome sont longs et les prises de position déambulatoires
    jugées plus traditionalistes et immodérées que progressistes.
    La Maçonnerie et ses défenseurs n’avaient pas envisagé une

2                                                                11
Inquisition plus forte encore que celle qui avait condamné
les déviants tout au long de son Histoire. Le cardinal
Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine
de la foi, malgré sa bienveillance, ses pieux engagement et
ses prières à notre égard, renouvela une « excommunication
maçonnique » dont nous nous serions passés.
     À peine le document Ratzinger posé et le nouveau code
de droit canonique promulgué que des juristes, des aigris et
des athées se mirent à ergoter, dans le secret des Loges, sur
la forme et le fond des textes opposant la sentence et le Code
de droit canonique, trouvant dans l’un ce que l’autre
n’abrogeait pas. Cette réaction, quasi immédiate, de la
plupart des obédiences fut alors excessive et plus juridique,
analytique que spirituelle. Chacune d’elles cherchait en effet
la faille qui put confondre le Préfet cardinal alors qu’il eut
été préférable de chercher les véritables raisons qui avaient
conduit à ce nouveau rejet afin de reprendre les échanges
dans des commissions de travail et avancer sur un projet
différemment présenté.
     Eurent-ils tort d’agir ainsi alors que ce n’était plus que
des batailles d’arrière garde ? Selon les obédiences chacun
sera fondé à les prétendre mieux qu’une autre car toutes
justifieront leurs actions pour le « bonheur » et la quiétude
des frères adhérents. Mais ce qui se fit et se dit alors porta un
plus grand préjudice aux actions qui avaient été menées
préalablement et replongèrent chacun derrière des tranchées
philosophiques qu’ils n’auraient jamais du quitter.1

1
 L’auteur, qui avait eu à cœur de résoudre la difficulté maçonnique fut alors
reçu par le secrétaire général de la Grande Loge nationale Française, Yves
Trestournel et par le Grand Maître Jean Mons à la mairie de Paris. Ils
jugèrent son action bienveillante mais inopportune du fait, alléguaient-ils, du

2
12
Sur quoi se basèrent ces juristes de l’apocalypse ? Selon
    l’ancien Code de Droit canonique de 1917, le canon 2335
    stipulait que « les catholiques, affiliés à la Franc-Maçonnerie
    ou autres associations, censées intriguer contre l’Église ou les
    pouvoirs civils légitimes, encouraient ipso facto
    l’excommunication réservée au siège apostolique ». Or, dans
    le nouveau code de Droit canonique de 1983, édité le
    lendemain de la sentence Ratzinger, la référence à la Franc-
    « maçonnerie » avait disparu. L’ancien article 2335 avait été
    remplacé par l’article 1374 qui stipulait : « Celui qui s’inscrit
    à une association et conspire contre l’Église sera puni d’une
    juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige
    sera puni d’interdit. ». Cela était différent et susceptible
    d’être soulevé… mais !
         À ce qui apparaissait pour certains, comme une
    reconnaissance implicite de la Franc-Maçonnerie par la
    curie romaine, les Frères ajoutèrent, pour y faire bon poids,
    les déclarations de certains hommes d’Église qui étaient
    intervenus pour que ne soit pas reconduite l’ancienne peine
    d’excommunication ; en particulier, les cardinaux Casaroli

    démantèlement de la base de l’OTAN de Fontainebleau, de l’installation de
    Frères au Gabon ainsi que quelques vilaines affaires qui allaient éclater au
    grand jour et qu’il fallait à tout prix contenir ! Le reste attendrait donc de
    meilleurs auspices. Sans plus entrer dans les détails d’atermoiements plus ou
    moins sincères, relevons que la plupart préférèrent critiquer le sens des écrits
    et soulever que la « Sacrée Congrégation pour la foi » ne faisait que
    poursuivre l’œuvre des tribunaux d’Inquisition (Créés en 1231 par le pape
    Grégoire IX et confiés aux frères prêcheurs de l’ordre monastique de saint
    Dominique) auxquels l’Histoire avait raconté les dérives. La sentence
    Ratzinger montrait bien toute la duplicité d’une religion incapable
    paradoxalement de pardonner quoiqu’elle ait elle même grandement fauté
    depuis ses origines et alors qu’elle se prétendait « apostolique et romaine ».

2                                                                               13
(Secrétaire d’État), Rosalío José Castillo Lara (Cardinal-
prêtre, président de la Commission pour l’interprétation du
code de droit canon) et Mgr Vincenzo Fagiolo (Cardinal et
archevêque, président du Conseil pontifical pour
l’interprétation des textes législatifs).
    Mais, pour évoquer un tel hiatus entre curie et « incurie
Maçonnique », il aurait fallu que les frères soient plus ou
mieux instruits de ce que représentait chaque texte et de la
prééminence de chaque instance ; car l’Église supportait de
plus en plus mal les déclarations écrites, télévisuelles et les
manifestations de rues de frères « en tenue » tabliers et
cordons au vent qui remettaient en question ce qu’elle aurait
pu un jour juger bon d’amender ou de réformer ainsi que
pourraient le souhaiter un jour des papes en communion
avec leurs temps.
     Comment une curie et une sacrée congrégation
pouvaient-elles accepter, par exemple, les déclarations d’un
certain Frère Hiram, relevées dans la revue du Grand Orient
de France, L’acacia »2 qui disait : « Il appartient (aux Francs-
Maçons) d’assurer la direction spirituelle de la société
moderne… Il s’agit… non plus de réfuter bruyamment des
systèmes religieux, à juste titre discrédités, mais de mettre soi-
même debout une religion viable adaptée aux progrès des
lumières et susceptible de satisfaire les intelligences les plus
émancipées… N’avons-nous pas sapé, renversé, abattu,
démoli avec une fureur qui semblait parfois aveugle pour
rebâtir dans de meilleures conditions de goût et de solidité ? »
     Sans doute ce qui fut dit l’a été au moment où se

2
 Cité par Daniel Jacob dans « Permanences » n° 33, octobre 1966 : Les
courants maçonniques actuels.

2
14
développait en France l’eugénisme, le darwinisme social et
    le colonialisme, savante alchimie où Dieu avait du mal à
    retrouver ce qu’il avait créé ! De même et bien qu’à
    contrario, les dispositions fraternelles de Mgr Thomas, alors
    évêque de Versailles3 postfaçant un ouvrage de Jean-Jacques
    Gabut (grand-maître Honoris Causa de la Grande Loge de
    France) ne furent pas ce que l’on pouvait espérer de mieux
    en manière d’avocat à la défense. Ne soutenait-il pas en effet,
    de façon péremptoire : « Qu’un catholique peut
    parfaitement appartenir à une Loge Maçonnique sans pour
    autant perdre sa propre foi, puisque la « maçonnerie » n’est
    pas une religion » ?
         Comment l’Église pouvait-elle ne pas désavouer
    l’ensemble des frères qui, tout en louant Le Grand
    Architecte de l’Univers, sous le couvert d’une Bible ouverte
    voire d’un Coran ou d’un livre blanc, vivaient sans ou avec
    un Dieu appelé à façon ou à foison l’Un ou le Grand
    Architecte de l’Univers en recevant les consignes d’un
    Vénérable maître travaillant sur un « autel », épée levée ou
    posée par dessus ?
         Les Frères se sont-ils posés la question de la divergence
    de vue qui se posait alors au travers de l’acception des mots ?
    Ne pouvaient-ils appréhender le fait que, suivant les rites,
    l’épée droite ou flamboyante était censée représenter
    l’emblème de la création et de la purification ? Que c’était
    par elle que se transmettait l’ouverture au processus
    initiatique ou, pour d’autres, le lien qui unissait sur l’autel

    3
     Colloque entre chrétiens et francs-maçons organisé en novembre 1992 au
    centre Sèvres, à Paris, en présence du grand maître de la Grande Loge de
    France de l’époque, Michel Barat. Le Monde » des 14-15 novembre 1992.

2                                                                        15
du sacrifice, la terre au ciel ? Comment faire oublier aux
frères, instruits des catéchismes maçonniques, que cet autel
représentait le centre de l’action de la Loge où le vénérable
servait simplement d’intermédiaire ?
     L’Église ne pouvait en supporter l’idée ; non seulement
le rôle de médiateur avait été donné à Marie la mère de Jésus
et à ses saints mais l’autel (centre de toute l’action
liturgique) et les rites, qui s’ordonnaient, au cours des
célébrations, ne s’exerçaient que sur cette pierre,
représentant le Christ rendu vivant et permettant toutes les
interventions divines.
     Cela fut une des pierres d’achoppement que dut
combattre l’auteur avec cette position drastique, presque
incantatoire, de certains jésuites qui affirmaient que toutes
les obédiences se ressemblaient et que toutes, peu ou proue,
se montraient irrespectueuses, athées et simulaient, par de
pales copies, les rites ecclésiaux. Contraires à la foi elles
n’étaient que des groupuscules militants contre l’Église la
rejetant ou au contraire en lui étant mielleuses.
     Plus ouverts à la discussion, les pères Gonzague Callies,
Edmond Vandermersch et le père Jean-Marie Glé, du
« Service Incroyance-Foi » affirmaient, quant à eux, que des
différences fondamentales existaient malgré tout et que
certains Franc-Maçons pouvaient « aimer l’Église » tout en
« maçonnant ». Pour eux il n’était pas utile de faire un
distinguo entre des obédiences plus ou moins proches ou
hostiles à l’égard de dieu puisque cela se déterminait dans
l’esprit de chacun ; régulière ou non cela leur importait peu !
    Cette position fut encore défendue par Daniel Pézeril,
évêque auxiliaire de Paris, Jean-Charles Thomas, évêque de

2
16
Versailles ou André Collini, archevêque de Toulouse.
    Chacun connut alors, bien que différemment, des
    réprobations romaines. Mgr Thomas, aurait été mis à la
    retraite non seulement pour ses accointances maçonniques
    mais parce qu’il disait aussi : « Spiritualité, dogmatisme,
    laïcité, athéisme sont des concepts dont l’homme ne sait se
    défaire car il en méconnaît le sens. La laïcité, prétendait-il
    encore : « C’est laisser le choix d’appliquer telle ou telle
    sagesse, et non pas interdire le débat… Le tort de l’Église
    latine est d’avoir été plus attentive au bénéfice de l’institution
    qu’au bénéfice des consciences personnelles. »
         L’auteur de ce présent ouvrage, connaissant les
    démêlées de la curie romaine avec les Maçonneries avait,
    préalablement à ses rencontres parisiennes et versaillaises,
    pu rencontrer le cardinal-archevêque Franjo Seper, alors
    Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et
    pensait l’avoir convaincu que certaines « Loges » et non les
    obédiences devaient au moins échapper à une
    condamnation sans différenciation de leur appartenance.
    Son successeur, ne l’entendit pas ainsi et argua, que toutes
    les Loges n’étaient que le contenant d’une entité formée
    d’hommes que leurs élévations graduelles faisaient dévier de
    leur amour pour Dieu.
          Ce fut la raison essentielle qui fit que le cardinal
    Ratzinger, prit un avis radicalement contraire à Mgr Seper
    estimant que « L’inscription à ces associations restait, pour
    lui, interdite par l’Église et, la Franc-Maçonnerie, condamnée
    dans son ensemble (sans distinction de rites ou d’obédiences),
    parce que ses principes fondamentaux sont absolument
    incompatibles avec la doctrine de l’Église, qu’elle soit déiste
    ou athée, régulière ou irrégulière… Les catholiques qui font

2                                                                  17
partie de la Franc-Maçonnerie seraient donc en état de péché
grave et ne peuvent s’approcher de la Sainte Communion… ».
À moins que, comme ce fut le cas pour l’auteur, nous autres
prêtres, acceptions de lui donner la sainte communion si
nous trouvions, en la personne, un cœur pur et généreux.
Allons nous être excommuniés, envoyés en exil dans une
abbaye pour y relire nos textes sacrés ? Nous attendons !
     Quant à opposer le code canonique à la sentence se fut
une erreur grossière. Le cardinal Préfet se fit un plaisir de
souligner que sa congrégation était compétente pour
vérifier que les doctrines et les enseignements catholiques
restaient dans le cadre de la foi de l’Église. Il rappelait aussi
que les autorités, ecclésiastiques locales, n’avaient pas
compétence pour se prononcer sur la nature des
associations maçonniques par un jugement qui impliquerait
une dérogation à ce qui avait été affirmé dans la déclaration
de la Congrégation.4 En outre, le Préfet précisa que le droit
canonique n’avait pas de portée sur les accords conclus par
l’Église, ni sur les questions de dogme à proprement parler ?
     Le Vatican, plongé dans différentes affaires, soucieux
de s’en écarter ou encore de pointer un coupable
maçonnique renouvela, notamment en 2007, son
opposition aux « frères maçons ». Mgr Gianfranco Girotti,
régent du tribunal de la pénitencerie apostolique, dit alors :
« L’Église catholique a toujours critiqué la conception
mystique propre à la Franc-Maçonnerie, la déclarant
incompatible avec sa propre doctrine… elle n’a jamais cessé

4
 Colloque entre chrétiens et francs-maçons organisé en novembre 1992 au
centre Sèvres, à Paris, en présence du grand maître de la Grande Loge de
France de l’époque, Michel Barat. Le Monde » des 14-15 novembre 1992.

2
18
de dénoncer des idées philosophiques et des conceptions
    morales opposées à la doctrine catholique… comme le
    « naturalisme rationaliste » qui inspire les projets et les
    activités maçonniques voulues ou implicites contre l’Église. ».
         À la basilique St Jean du Latran et à l’église St Louis des
    Français, lors d’une ultime rencontre, avec quelques pères
    Jésuites, l’auteur avait dû se rendre à l’évidence : « Il n’y
    avait pas le moindre compromis possible entre cette
    déification de l’Homme sans Dieu, et la religion du Dieu fait
    homme. Il n’y avait pas d’entente possible entre le culte de
    l’Homme, travaillant sur lui-même, affranchi du dogme et de
    la morale, seule interprète du bien et du mal, du vrai et du
    faux « sans intervention divine superflue »5.
         Mais je dois faire confession et reconnaître que
    Chrétien et Franc-Maçon, chevalier bienfaisant « eques ab
    integra aequitate », avec une franchise et une sincérité que
    nous ne pouvons qu’admirer, l’auteur défend la vérité, telle
    qu’elle a besoin d’être, sans crainte et sans hésitation ; son
    engagement et son blason en témoignent. Qu’il en soit
    remercié car il est toujours « au Vray » et malgré la sentence
    de notre B.A.S.P. nous lui garderons sans retenue notre
    confiance et notre respect.
               Père André Gimm, vicaire apostolique.

    5
     Les grandes crises de l’Église : humanisme, réforme, contre-réforme. CRC
    tome 7, n° 94, juillet 1975, p. 3-14.

2                                                                         19
2
20
Vous pouvez aussi lire