Conflits entre Alain Desgris - Franc-Maçonnerie et Église romaine - Edilivre
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Alain Desgris Conflits entre Franc-Maçonnerie et Église romaine (Une fraternité à couteaux et goupillons tirés) Des origines à 1934 L2 2
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Dédicace À mes enfants et petits-enfants pour qu’ils se souviennent des œuvres de leur père et grand-père, Au Père Pierre Hoffmann, ancien curé de St Quentin en Yvelines, délégué diocésain pour les relations avec le judaïsme pour nos échanges pastoraux et nos envolées augustiniennes, À tous les autres Pères qui ont travaillé avec moi à la rédaction de cet ouvrage dont les Pères Gimmigues, Dominique, Blanc et Doigteau. Qu’ils soient remerciés à titre personnel et pour les services rendus par leurs communautés à la recherche et à la traduction de certains textes, À mes frères du Grand Prieuré ainsi qu’aux Franc- Maçons, Templiers qui ont œuvré dans le strict respect de leurs engagements pour que la lumière soit enfin faite sur les dérives « templaristes, maçonnes et vaticanes », À tous ceux qui ont tenté et continuent de renouer un dialogue entre l’Église romaine et les obédiences maçonniques, 2 3
À Nicolas About, maire, député et sénateur ami indéfectible, pour l’ensemble de ses réflexions et sur la loi qu’il a promulguée sur les sectes, Au P. Jean Vernette, ancien délégué auprès de l’épiscopat français, spécialiste officiel des sectes pour ses « critères de discernement », Un clin d’œil à mes amis de « l’Opus » avec qui nous avons partagé de nombreux repas, Et enfin, aux cardinaux Seper et Ratzinger alors Préfets pour la congrégation de la foi pour ces échanges « fructueux » à Rome. Page de couverture : La France catholique menée par les Juifs et les Francs- maçons (Achille Lemot illustrateur, et caricaturiste français, paru dans Le Pèlerin n° 1339 du 31 août 1902) -Légende (à propos des Juifs et des Francs-maçons) : – Ne tire pas trop sur la corde !… Si malheureusement il avait l’idée de regarder un peu en bas, nous ne pèserions pas lourd ! 42
Livres de l’auteur * * * Templiers, Histoire et mouvements de chevalerie Templiers, Hospitaliers, Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem (Hypothétiques filiations) ; éd. Edilivre. Paris, 2018. 376 p. Statuts secrets Templiers (De la Bible au Coran) ; éd. Edilivre. Paris, 2017. 560 p. La Traque des Chevaliers de l’Ordre ; éd. Vega. Paris, 2011. 420 p. Moi, Jacques de Molay, dernier Grand Maître des Templiers (La lente agonie de l’Ordre) ; éd. Vega. Paris, 2009. 389 p. Chronique de l’Histoire des Templiers au temps de ses Grands Maîtres ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 500 p. Chevalerie et Tradition ; éd. Trédaniel. Paris, 1999. 278 p. L’ésotérisme Templier (Le livre des mystères et des Révélations) ; éd. Trédaniel. Paris, 1998. 350 p. (*) 2 5
Organisation et vie des Templiers (Sociologie d’Orient et d’Occident) ; éd. Trédaniel. Paris, 1997. 406 p. L’Ordre des Templiers et la chevalerie maçonnique Templière au travers de leurs œuvres ésotériques et mystiques ; éd. Trédaniel. Paris, 1995. 374 p. (*) L’Ordre des Templiers (Les secrets dévoilés) ; 2° édition ; éd. Dervy. Paris, 1995. 268 p. (*) * * * Franc-Maçonnerie, Symbolisme, Philosophie Collection « Du Coq à la Francisque » : Livre 1 : La Franc-Maçonnerie révélée (Origines- Traditions-Spiritualités-Idéologies et politique) ; titre provisoire – en cours d’édition. Livre 2 : Conflits entre Franc-Maçonnerie et Église romaine (Une fraternité à couteaux et goupillons – Des origines à 1934 ; éd. Edilivre. Paris, 2018 ; 318 p. Livre 3 : Franc-Maçonnerie et politique (Du Corporatisme au Nationalisme) – 1715-1934 ; éd. Edilivre. Paris, 2018. 228 p. L’Ordre des Templiers et la chevalerie maçonnique Templière au travers de leurs œuvres ésotériques et mystiques ; éd. Trédaniel. Paris, 1995. 374 p. (*) Rituels des grades maçonniques au RER ; éd. Trédaniel. Paris, 1995. 814 p. * * * 62
Dictionnaires Dictionnaire des Sites Sacrés ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 700 p. Dictionnaire des Traités, Discours, Symboles à l’usage des Francs-Maçons ; éd. Dervy. Paris, 1995. 384 p. (*) * * * Études historiques, religieuses, universitaires Histoire secrète du Graal : « Cathares, Templiers, Rose- Croix et Francs-Maçons » ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 254 p. (*) Graal : « Tradition et Queste » ; éd. Trédaniel. Paris, 2002. 256 p. (*) Jésus et la gnose Templière (L’autre vision des Écritures et du procès qui s’en suivit) ; éd. Trédaniel. Paris, 1996. 448 p. * * * Littérature merveilleuse et contes initiatiques Enguerrand et la terre des Gnomes-Livre 1 ; éd. Edilivre. Paris, 2017. 254 p. La légende merveilleuse du chevalier au blanc manteau (Le monde souterrain) ; éd. Trait d’Union. Paris, 1993. 314 p. (*) 2 7
* * * Essais divers (France et étranger). Humour, partage et raison pour sortir de l’exclusion scolaire ; éd. Du Panthéon. Paris, 2013. 220 p. Chimère : « Au secours Hélène » ; éd. Comedia. Paris, 2006 ; 186 p. Macro-économie européenne (12 livres) ; éd. d’Organisation. Paris, 1998 ; 516 p. (*) Diagnostic et management de l’entreprise ; éd. Pierre Dubois. Paris, 1998 ; 70 p. L’humanisme de la machine. Paris, 1977 ; éd. Municipales. Secrets et vertus des plantes de nos campagnes. Paris, 1977 ; éd. Municipales. Juin 1945 : Le Débarquement en Normandie. Paris, 1983 ; éd.mutualiste. (*) Prix littéraires ; éditions traduites : Espagne, Guatemala, Mexique, Pays de l’Est… 82
Note liminaire À nos vénérables Frères : Salut et Bénédiction Que la lumière éclaire nos travaux avant d’être frappé d’anathème par nos vénérés anciens et qu’on ne me bannisse. Je n’appartiens, dois-je le rappeler, à aucune obédience mais à une congrégation en tant que clerc séculier ! J’ai simplement été transporté par la démarche de l’auteur, son implication généreuse et désintéressée dans des œuvres Templaro-maçonniques ainsi que pour ses rapprochements et ses engagements en faveur des religions et de ses déshérités… Ceci étant dit je connais Alain Desgris depuis 1969 et plus précisément au moment de ses envolées Templières au pays des Franc-Maçons. Élevé, comme d’autres le furent, au grade d’apprenti de compagnon puis de Maître et de Maître Écossais, il sut se révéler assez rapidement pour se retrouver à la fois, Commandeur, Franc-Maçon respectable, Vénérable de Loge à l’Orient de Paris, orateur et Frère surveillant de plusieurs Loges de provinces… avant d’accéder à l’Ordre des Chevaliers 2 9
Bienfaisants de la Cité Sainte etc. Il fut aussi, membre pastoral de son église, animateur de catéchèse, de culture religieuse, de lecture de la Bible pour les anciens… et suffisamment ouvert pour lire le Talmud, le Coran et les Védas. Il se trouvait, en tant que chrétien, ouvert aux autres et tout aurait pu continuer ainsi si son intégrité ne l’avait pas amené à vouloir réparer ce qu’il ressentait comme un retard dans la vision de l’Église romaine sur la Franc-Maçonnerie depuis 1738. C’est sur cette idée que, j’avais accepté, comme des évêques, l’avaient fait avant moi, de préfacer ou postfacer des livres qui me semblaient préciser un conflit qui s’auto- alimentait, selon les circonstances. Tout en cherchant à réparer les fautes commises en un temps qui n’était plus de ce temps, Alain pensait que, libérée de toute contrainte, notre Église prononcerait enfin cette phrase que peu ou proue tous attendaient : « Maçons je te libère de ta dette et ne fais plus courir contre toi ni anathème ni sentence… ». Il avait, soit préjugé de sa force de conviction, soit mal analysé les forces antagonistes ; car, elles décidèrent de renouer avec un conflit qui, bien que né, trois cent ans auparavant, n’avait jamais cessé d’être soigneusement entretenu au sein de la curie. Soit on était avec l’Église, dans tous ses principes et ses dogmes, soit on se plaçait en dehors. Quant aux chrétiens « Templiers et Maçons », engagés dans les œuvres de Dieu, ils s’éloignaient irrémédiablement ne pouvant plus s’approcher de la sainte Communion. Ce rejet par l’Église était d’autant plus paradoxal qu’elle utilisait ces entités au gré de ses nécessités ; en France et à l’étranger pour la pérennité de ses œuvres. 2 10
Malgré les actions remarquables que l’auteur conduisit, en toute discrétion, avec le Révérend Père Riquet pour soustraire la Franc-Maçonnerie de la vindicte de notre Église, malgré leurs longues, âpres et souvent fastidieuses discussions avec des évêques, mieux disposés que d’autres, il avait pu constater que nos instances religieuses restaient les pieds et la tête murés dans des chapes de béton que la croix de la bonté et de la tolérance ne pouvaient pas détruire. Le déploiement de ces forces réactives, la volonté que manifestèrent ces opposants contre des prêtres convaincus, évincèrent les uns et renvoyèrent les autres dans un exil salutaire où évêques et abbés méditeraient désormais, par leurs prises de position, dans le silence d’abbayes ou de maisons diocésaines utiles à leurs retraites. Mais, comble de la vie pastorale, dans le même temps, la pénitencerie apostolique et quelques congrégations savouraient le paradoxe politique et fraternel de punir d’un côté et apprécier son adversaire « satanique » en lui confiant ses affaires mobilières et immobilières ! En 1983, malgré quelques derniers remous hostiles commentés dans les couloirs et églises de Rome, il avait semblé que les derniers échanges de Castel Gandolfo et de Saint Louis des Français, avec l’auteur, portaient leurs fruits. Les rencontres entre le Préfet Ratzinger, le Révérend Riquet, dom Emmanuel et l’auteur permettaient d’augurer, au minima, que le rite Écossais et Rectifié de la Franc- Maçonnerie régulière serait absout des sentences papales depuis la bulle de S.S. Clément XII. Mais les couloirs de Rome sont longs et les prises de position déambulatoires jugées plus traditionalistes et immodérées que progressistes. La Maçonnerie et ses défenseurs n’avaient pas envisagé une 2 11
Inquisition plus forte encore que celle qui avait condamné les déviants tout au long de son Histoire. Le cardinal Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, malgré sa bienveillance, ses pieux engagement et ses prières à notre égard, renouvela une « excommunication maçonnique » dont nous nous serions passés. À peine le document Ratzinger posé et le nouveau code de droit canonique promulgué que des juristes, des aigris et des athées se mirent à ergoter, dans le secret des Loges, sur la forme et le fond des textes opposant la sentence et le Code de droit canonique, trouvant dans l’un ce que l’autre n’abrogeait pas. Cette réaction, quasi immédiate, de la plupart des obédiences fut alors excessive et plus juridique, analytique que spirituelle. Chacune d’elles cherchait en effet la faille qui put confondre le Préfet cardinal alors qu’il eut été préférable de chercher les véritables raisons qui avaient conduit à ce nouveau rejet afin de reprendre les échanges dans des commissions de travail et avancer sur un projet différemment présenté. Eurent-ils tort d’agir ainsi alors que ce n’était plus que des batailles d’arrière garde ? Selon les obédiences chacun sera fondé à les prétendre mieux qu’une autre car toutes justifieront leurs actions pour le « bonheur » et la quiétude des frères adhérents. Mais ce qui se fit et se dit alors porta un plus grand préjudice aux actions qui avaient été menées préalablement et replongèrent chacun derrière des tranchées philosophiques qu’ils n’auraient jamais du quitter.1 1 L’auteur, qui avait eu à cœur de résoudre la difficulté maçonnique fut alors reçu par le secrétaire général de la Grande Loge nationale Française, Yves Trestournel et par le Grand Maître Jean Mons à la mairie de Paris. Ils jugèrent son action bienveillante mais inopportune du fait, alléguaient-ils, du 2 12
Sur quoi se basèrent ces juristes de l’apocalypse ? Selon l’ancien Code de Droit canonique de 1917, le canon 2335 stipulait que « les catholiques, affiliés à la Franc-Maçonnerie ou autres associations, censées intriguer contre l’Église ou les pouvoirs civils légitimes, encouraient ipso facto l’excommunication réservée au siège apostolique ». Or, dans le nouveau code de Droit canonique de 1983, édité le lendemain de la sentence Ratzinger, la référence à la Franc- « maçonnerie » avait disparu. L’ancien article 2335 avait été remplacé par l’article 1374 qui stipulait : « Celui qui s’inscrit à une association et conspire contre l’Église sera puni d’une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d’interdit. ». Cela était différent et susceptible d’être soulevé… mais ! À ce qui apparaissait pour certains, comme une reconnaissance implicite de la Franc-Maçonnerie par la curie romaine, les Frères ajoutèrent, pour y faire bon poids, les déclarations de certains hommes d’Église qui étaient intervenus pour que ne soit pas reconduite l’ancienne peine d’excommunication ; en particulier, les cardinaux Casaroli démantèlement de la base de l’OTAN de Fontainebleau, de l’installation de Frères au Gabon ainsi que quelques vilaines affaires qui allaient éclater au grand jour et qu’il fallait à tout prix contenir ! Le reste attendrait donc de meilleurs auspices. Sans plus entrer dans les détails d’atermoiements plus ou moins sincères, relevons que la plupart préférèrent critiquer le sens des écrits et soulever que la « Sacrée Congrégation pour la foi » ne faisait que poursuivre l’œuvre des tribunaux d’Inquisition (Créés en 1231 par le pape Grégoire IX et confiés aux frères prêcheurs de l’ordre monastique de saint Dominique) auxquels l’Histoire avait raconté les dérives. La sentence Ratzinger montrait bien toute la duplicité d’une religion incapable paradoxalement de pardonner quoiqu’elle ait elle même grandement fauté depuis ses origines et alors qu’elle se prétendait « apostolique et romaine ». 2 13
(Secrétaire d’État), Rosalío José Castillo Lara (Cardinal- prêtre, président de la Commission pour l’interprétation du code de droit canon) et Mgr Vincenzo Fagiolo (Cardinal et archevêque, président du Conseil pontifical pour l’interprétation des textes législatifs). Mais, pour évoquer un tel hiatus entre curie et « incurie Maçonnique », il aurait fallu que les frères soient plus ou mieux instruits de ce que représentait chaque texte et de la prééminence de chaque instance ; car l’Église supportait de plus en plus mal les déclarations écrites, télévisuelles et les manifestations de rues de frères « en tenue » tabliers et cordons au vent qui remettaient en question ce qu’elle aurait pu un jour juger bon d’amender ou de réformer ainsi que pourraient le souhaiter un jour des papes en communion avec leurs temps. Comment une curie et une sacrée congrégation pouvaient-elles accepter, par exemple, les déclarations d’un certain Frère Hiram, relevées dans la revue du Grand Orient de France, L’acacia »2 qui disait : « Il appartient (aux Francs- Maçons) d’assurer la direction spirituelle de la société moderne… Il s’agit… non plus de réfuter bruyamment des systèmes religieux, à juste titre discrédités, mais de mettre soi- même debout une religion viable adaptée aux progrès des lumières et susceptible de satisfaire les intelligences les plus émancipées… N’avons-nous pas sapé, renversé, abattu, démoli avec une fureur qui semblait parfois aveugle pour rebâtir dans de meilleures conditions de goût et de solidité ? » Sans doute ce qui fut dit l’a été au moment où se 2 Cité par Daniel Jacob dans « Permanences » n° 33, octobre 1966 : Les courants maçonniques actuels. 2 14
développait en France l’eugénisme, le darwinisme social et le colonialisme, savante alchimie où Dieu avait du mal à retrouver ce qu’il avait créé ! De même et bien qu’à contrario, les dispositions fraternelles de Mgr Thomas, alors évêque de Versailles3 postfaçant un ouvrage de Jean-Jacques Gabut (grand-maître Honoris Causa de la Grande Loge de France) ne furent pas ce que l’on pouvait espérer de mieux en manière d’avocat à la défense. Ne soutenait-il pas en effet, de façon péremptoire : « Qu’un catholique peut parfaitement appartenir à une Loge Maçonnique sans pour autant perdre sa propre foi, puisque la « maçonnerie » n’est pas une religion » ? Comment l’Église pouvait-elle ne pas désavouer l’ensemble des frères qui, tout en louant Le Grand Architecte de l’Univers, sous le couvert d’une Bible ouverte voire d’un Coran ou d’un livre blanc, vivaient sans ou avec un Dieu appelé à façon ou à foison l’Un ou le Grand Architecte de l’Univers en recevant les consignes d’un Vénérable maître travaillant sur un « autel », épée levée ou posée par dessus ? Les Frères se sont-ils posés la question de la divergence de vue qui se posait alors au travers de l’acception des mots ? Ne pouvaient-ils appréhender le fait que, suivant les rites, l’épée droite ou flamboyante était censée représenter l’emblème de la création et de la purification ? Que c’était par elle que se transmettait l’ouverture au processus initiatique ou, pour d’autres, le lien qui unissait sur l’autel 3 Colloque entre chrétiens et francs-maçons organisé en novembre 1992 au centre Sèvres, à Paris, en présence du grand maître de la Grande Loge de France de l’époque, Michel Barat. Le Monde » des 14-15 novembre 1992. 2 15
du sacrifice, la terre au ciel ? Comment faire oublier aux frères, instruits des catéchismes maçonniques, que cet autel représentait le centre de l’action de la Loge où le vénérable servait simplement d’intermédiaire ? L’Église ne pouvait en supporter l’idée ; non seulement le rôle de médiateur avait été donné à Marie la mère de Jésus et à ses saints mais l’autel (centre de toute l’action liturgique) et les rites, qui s’ordonnaient, au cours des célébrations, ne s’exerçaient que sur cette pierre, représentant le Christ rendu vivant et permettant toutes les interventions divines. Cela fut une des pierres d’achoppement que dut combattre l’auteur avec cette position drastique, presque incantatoire, de certains jésuites qui affirmaient que toutes les obédiences se ressemblaient et que toutes, peu ou proue, se montraient irrespectueuses, athées et simulaient, par de pales copies, les rites ecclésiaux. Contraires à la foi elles n’étaient que des groupuscules militants contre l’Église la rejetant ou au contraire en lui étant mielleuses. Plus ouverts à la discussion, les pères Gonzague Callies, Edmond Vandermersch et le père Jean-Marie Glé, du « Service Incroyance-Foi » affirmaient, quant à eux, que des différences fondamentales existaient malgré tout et que certains Franc-Maçons pouvaient « aimer l’Église » tout en « maçonnant ». Pour eux il n’était pas utile de faire un distinguo entre des obédiences plus ou moins proches ou hostiles à l’égard de dieu puisque cela se déterminait dans l’esprit de chacun ; régulière ou non cela leur importait peu ! Cette position fut encore défendue par Daniel Pézeril, évêque auxiliaire de Paris, Jean-Charles Thomas, évêque de 2 16
Versailles ou André Collini, archevêque de Toulouse. Chacun connut alors, bien que différemment, des réprobations romaines. Mgr Thomas, aurait été mis à la retraite non seulement pour ses accointances maçonniques mais parce qu’il disait aussi : « Spiritualité, dogmatisme, laïcité, athéisme sont des concepts dont l’homme ne sait se défaire car il en méconnaît le sens. La laïcité, prétendait-il encore : « C’est laisser le choix d’appliquer telle ou telle sagesse, et non pas interdire le débat… Le tort de l’Église latine est d’avoir été plus attentive au bénéfice de l’institution qu’au bénéfice des consciences personnelles. » L’auteur de ce présent ouvrage, connaissant les démêlées de la curie romaine avec les Maçonneries avait, préalablement à ses rencontres parisiennes et versaillaises, pu rencontrer le cardinal-archevêque Franjo Seper, alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et pensait l’avoir convaincu que certaines « Loges » et non les obédiences devaient au moins échapper à une condamnation sans différenciation de leur appartenance. Son successeur, ne l’entendit pas ainsi et argua, que toutes les Loges n’étaient que le contenant d’une entité formée d’hommes que leurs élévations graduelles faisaient dévier de leur amour pour Dieu. Ce fut la raison essentielle qui fit que le cardinal Ratzinger, prit un avis radicalement contraire à Mgr Seper estimant que « L’inscription à ces associations restait, pour lui, interdite par l’Église et, la Franc-Maçonnerie, condamnée dans son ensemble (sans distinction de rites ou d’obédiences), parce que ses principes fondamentaux sont absolument incompatibles avec la doctrine de l’Église, qu’elle soit déiste ou athée, régulière ou irrégulière… Les catholiques qui font 2 17
partie de la Franc-Maçonnerie seraient donc en état de péché grave et ne peuvent s’approcher de la Sainte Communion… ». À moins que, comme ce fut le cas pour l’auteur, nous autres prêtres, acceptions de lui donner la sainte communion si nous trouvions, en la personne, un cœur pur et généreux. Allons nous être excommuniés, envoyés en exil dans une abbaye pour y relire nos textes sacrés ? Nous attendons ! Quant à opposer le code canonique à la sentence se fut une erreur grossière. Le cardinal Préfet se fit un plaisir de souligner que sa congrégation était compétente pour vérifier que les doctrines et les enseignements catholiques restaient dans le cadre de la foi de l’Église. Il rappelait aussi que les autorités, ecclésiastiques locales, n’avaient pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui avait été affirmé dans la déclaration de la Congrégation.4 En outre, le Préfet précisa que le droit canonique n’avait pas de portée sur les accords conclus par l’Église, ni sur les questions de dogme à proprement parler ? Le Vatican, plongé dans différentes affaires, soucieux de s’en écarter ou encore de pointer un coupable maçonnique renouvela, notamment en 2007, son opposition aux « frères maçons ». Mgr Gianfranco Girotti, régent du tribunal de la pénitencerie apostolique, dit alors : « L’Église catholique a toujours critiqué la conception mystique propre à la Franc-Maçonnerie, la déclarant incompatible avec sa propre doctrine… elle n’a jamais cessé 4 Colloque entre chrétiens et francs-maçons organisé en novembre 1992 au centre Sèvres, à Paris, en présence du grand maître de la Grande Loge de France de l’époque, Michel Barat. Le Monde » des 14-15 novembre 1992. 2 18
de dénoncer des idées philosophiques et des conceptions morales opposées à la doctrine catholique… comme le « naturalisme rationaliste » qui inspire les projets et les activités maçonniques voulues ou implicites contre l’Église. ». À la basilique St Jean du Latran et à l’église St Louis des Français, lors d’une ultime rencontre, avec quelques pères Jésuites, l’auteur avait dû se rendre à l’évidence : « Il n’y avait pas le moindre compromis possible entre cette déification de l’Homme sans Dieu, et la religion du Dieu fait homme. Il n’y avait pas d’entente possible entre le culte de l’Homme, travaillant sur lui-même, affranchi du dogme et de la morale, seule interprète du bien et du mal, du vrai et du faux « sans intervention divine superflue »5. Mais je dois faire confession et reconnaître que Chrétien et Franc-Maçon, chevalier bienfaisant « eques ab integra aequitate », avec une franchise et une sincérité que nous ne pouvons qu’admirer, l’auteur défend la vérité, telle qu’elle a besoin d’être, sans crainte et sans hésitation ; son engagement et son blason en témoignent. Qu’il en soit remercié car il est toujours « au Vray » et malgré la sentence de notre B.A.S.P. nous lui garderons sans retenue notre confiance et notre respect. Père André Gimm, vicaire apostolique. 5 Les grandes crises de l’Église : humanisme, réforme, contre-réforme. CRC tome 7, n° 94, juillet 1975, p. 3-14. 2 19
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