Down et aspectualités - Brill
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Down et aspectualités Claude M. Delmas* Down anglais fonctionne soit comme préposition soit comme particule verbale. Il est communément admis que les emplois de ce type de marqueurs induisent des valeurs aspectuelles (Brinton 1988, Depraetere 1995, Smith 1997, Jackendoff 2002, 2010, Merle 2008, Dufaye 2009, Cappelle 2010, Corre 2010, Stunnel 2010, etc.). L’apport de cet article consiste à mettre à profit ce qui relie et ce qui sépare les emplois de ce marqueur tout en tenant compte de sa plasticité. On dégagera pour les analyser deux types d’aspectualité, précisément induits par la différence de statut qu’impliquent ses emplois. Dans un premier temps, nous verrons que l’emploi prépositionnel induit des valeurs aspectuelles variables dérivées du domaine spatial. Le calcul dépend alors de la mise en place d’un intervalle ou d’un sous-intervalle. Ce type d’emploi peut également, dans certains cas et dans un registre plus familier, faire l’objet d’une extension modulatrice qui dépasse la simple spécification de l’aspect et exprimer des nuances de proximité, de voisinage, de familiarité, qui affectent de manière significative la relation coénonciative. Dans un second temps, nous défendrons l’hypothèse que l’emploi de down comme particule, c’est-à-dire, comme augment adverbial du verbe, est également apte à mettre en place des valeurs aspectuelles, bien que de nature différente. La notion aspectuelle d’aboutissement est liée, dans ce second type d’emploi, à une valeur maximale sur une échelle d’intensité. L’analyse montrera que comme dans le cas précédent une extension est possible. Nous souhaitons dégager ce qui rapproche les deux types d’emploi de down : sa capacité à induire certaines valeurs aspectuelles ainsi que des extensions à partir de ces dernières, mais nous envisagerons également de préciser ce qui les sépare : la nature même des valeurs aspectuelles et la spécificité des extensions en question. 1. DOWN PRÉPOSITION, INTERVALLES ASPECTUELS 1.1. Verbe de déplacement et aspectualités Down prépositionnel peut être utilisé dans des constructions localisantes spatiales, statives, temporaires ou non (the old house that stands down the street / he stood down the street,etc.). Dans ces situations, le domaine spatial est adossé au domaine aspectuel et ne contribue pas à l’enrichir ou à le modifier. Il en va de même avec les énoncés actifs qui n’impliquent pas de déplacement (The dogs * Université Sorbonne Nouvelle. Courriel : claude.delmas@univ-paris3.fr Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
124 Claude M. Delmas barked down the street / were barking down the street). L’aspect dépend alors, d’une part, de l’aspect prédicatif (situation type, chez C. Smith 1997), du sens du verbe (bark tend à favoriser la valeur d’itération), et d’autre part, de l’aspect de point de vue (dans le sens de C. Smith, ± be & v-ing). En revanche, la situation est différente en (1), qui contient un verbe de déplacement : (1) The house moved down the street … all the way down from here to this. Il s’agit d’un cas classique de déplacement résultant (caused motion). Le sujet non animé the house a un référent à priori non mobile. Le déplacement ainsi que l’état résultant en question ont pour cause un cyclone. Plusieurs éléments coopèrent pour déterminer un intervalle en fonction de leur programme de sens : a) move, b) down, c) the street. La notion de déplacement renvoie, ne serait-ce qu’étymologiquement, à plusieurs points, au moins deux (dé-place-ment). Down est directionnel et suppose donc au moins deux points. Street évoque une linéarité, donc la possibilité d’inscrire deux points. Les constituants de la description du procès suggèrent en première analyse une idéalisation (au sens de Herszkovits 2009) en termes d’intervalle, conventionnellement [A B] : une valeur maximale peut être assignée au «chemin» (path, dans le sens de Langacker 1987, 1991). Dans l’exemple (1) ci-dessus, la première partie de l’énoncé n’exclut pas d’envisager la longueur totale ou maximale de la rue, du premier numéro au dernier. La projection de l’intervalle spatial sur celui de l’aspectualité signifie dans ce cas que le déplacement de la maison a été effectué sur toute la longueur de la rue et que l’aboutissement du procès correspond à un état stabilisé au bout de cette dernière, à strictement parler. Ceci correspondrait à l’intervalle maximal [A B]. Cependant, il y a deux raisons d’envisager un sous-intervalle, conventionnellement [ [a b] ]. J’adopte ici la notion d’intervalle communément évoquée. Pour un traitement topologique formalisé, je renvoie à Dufaye (2009). L’inspection d’un vidéo-clip du site internet d’où est extrait (1) montre que l’interprétation du déplacement n’est pas maximale. Le déplacement de la maison commence bien après le début de la rue et se termine bien avant. De plus, une détermination contextuelle supplémentaire confirme en la restreignant la mesure du déplacement : «from here to this» (Le second point n’est indiqué dans la légende de la photographie que par le déictique seul). A l’intérieur de l’intervalle maximal (the street), nous avons bien un retour sur le calcul qui focalise l’attention (au sens de Talmy 1996, 1999) sur le sous-intervalle [A [a b] B] = from here to this. L’évidentialité inhérente à la perception des images du vidéo- clip aurait de toute façon suffi à orienter l’interprétation vers le sous-intervalle [ [a b] ]. Ce sous-intervalle est aspectuellement globalisé (cf.. 'all the way down from a to b'. Il faut noter une relative flexibilité due à la localisation variable du sous-intervalle [a to b] au sein de l’intervalle maximal : [A[a b]///////B] ou [A ///[a b]///B] ou encore [A ///////[a b]B] Seules les données pragmatiques liées à l’observation de la séquence des images permettent de résoudre cette sous-détermination de la localisation du sous-intervalle. Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
Down et aspectualités 125 Une autre possibilité interprétative est susceptible de caractériser cette construction. Sans entrer dans le détail, on peut considérer que les valeurs de base de down pourraient être associées aux divers mode d’accès à sa conceptualisation : l’accès diachronique, l’idée de pente, dérivée de la grammaticalisation de dūn (= colline), l’accès expérientiel commun (communication personnelle de J.-M. Merle) prenant appui sur la différence de hauteur entre l’être qui perçoit le monde et ce dernier qui s’étend à ses pieds, et l’accès lié à l’acquisition (down est l’une des premières particules, sinon la première, à être acquise par l’enfant qui apprend vite à faire correspondre à un très jeune âge, down avec may I get down from my highchair). On ne peut développer plus ici. Down pourrait renvoyer à ces valeurs de base qui se confortent (différence de hauteur, pente, etc.), mais aussi à des extensions sémantiquement appauvries, grammaticalisées de ces sens, assumant des valeurs de repère quasi-déictique (qui rappelle, toute proportion gardée, le rôle de 'bas' dans 'là-bas', en français). Dans ce cas, c’est encore l’inspection de la scène qui permet de préciser l’horizontalité du chemin. 1.2. Déplacement et relation de ‘voisinage’ Le fait qu’en certaines constructions la préposition down puisse renvoyer à une partie limitée de l’intervalle [A B], c’est-à-dire au sous-intervalle [ [a b] ], permet de réanalyser ce dernier en termes de relative proximité et même de voisinage. 'Voisinage' est pris dans son sens familier, mais ce sens est crucial dans certains emplois dialectaux : cf. l’extension de l’emploi de down dans une variété de bristolien, par exemple (Delmas, à paraître). Dans le cas d’un déplacement, l’interprétation en terme de voisinage équivaut aux expressions «un peu plus loin, un peu plus bas après un repère (souvent familier)». Dans ce cas, le sous- intervalle réanalyse la relation de voisinage en termes de mesure de la valeur aspectuelle (cf. They moved down the street, less than a mile from the old location (déménagement) ou We’re moving just a few blocks down the street) = [A [a (just a few blocks) b] B]). 1.3. Une opposition aspectuelle Jackendoff 1990 oppose les deux groupes prépositionnels suivants to the house / down the road et déclare : […] ‘to the house’ is a bounded path, no subparts of it except those including the terminus can be described as ‘to the house’. By contrast, ‘towards the house' and ‘down the road’ are unbounded paths, any part of which can also be described as towards the house or down the road. (p. 30) Notons que to convertit le référent de the house en un point-repère et peut jouer le rôle de borne identifiable à ce que nous représentons par ] B] point terminal de l’intervalle maximal [A [ ] B]. En revanche, the road a une épaisseur et renvoie au concept de 'chemin' (path). Une segmentation du chemin est possible, ce qui lui permet de jouer le rôle d’instrument de mesure de la structure Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
126 Claude M. Delmas événementielle. Le chemin peut impliquer des étapes, il est donc fragmentable, ce qui rend possible le glissement vers une interprétation de type sous-intervalle, c’est-à-dire de bornage (boundedness chez Depraetere 1995). Le sous-intervalle peut impliquer une dimension spatiale he swam down the river for half a mile ou temporelle He swam down the river for ten minutes. Le sous-intervalle étant mesurable, il permet une valeur aspectuelle perfective et ne correspond plus strictement à un parcours non borné (unbounded path) puisque le locuteur peut en donner la mesure et donc la clôture. Envisageons trois cas, en convenant, que le premier reste plus rare ou théorique : il peut, par exemple, s’agir de nageurs professionnels qui se donnent pour tâche de descendre une rivière de la source à son embouchure. La mesure du parcours est alors maximale et se trouve en phase avec la longueur totale de l’entité à laquelle renvoient le lexème river et le syntagme the river. Ceci correspond à une lecture télique, maximale, de l’intervalle [A B], chaque point de l’intervalle est validé. Le deuxième cas est différent, il se rapproche d’une expérience plus fréquemment vécue : des nageurs chevronnés, tels que J. Figg, peuvent parcourir à la nage un segment important du cours de la rivière comme dans l’énoncé James Figg swam down the river from Thame to Gravesend. La dimension maximale qui correspondrait à the river n’est pas prise en compte, c’est le sous- intervalle qui se trouve explicitement mis en relief à l’aide du double repérage [… from a…] et [… to b …]. Un troisième cas, plus courant encore peut également se présenter : des nageurs, dans le cadre d’une simple baignade, peuvent parcourir un fragment plus limité de la rivière (entre deux écluses, par exemple), quelques mètres ou centaines de mètres. Dans ce cas, nous avons également affaire à un sous- intervalle, même si la structure [ [from a to b] ] reste dans l’implicite. En revanche, il est possible de mentionner la durée du parcours à l’aide de for + durée1. Sur les sites consultés, j’ai trouvé 48 800 occurrences de ce type d’énoncé. La durée peut être approximative ou précise (x swam for a while, for a bit, for ten minutes). En ce qui concerne la phrase I mowed the lawn for half an hour, Depraetere propose la remarque suivante : The sentence in (18a) can be interpreted in two ways: for half an hour […] can form part of the telic proposition itself, in which case the telic proposition is I mow the lawn for half an hour […], if for half an hour is not the intended endpoint to the situation of mowing, I mow the lawn is understood as an atelic activity. [son exemple (18a)] Si l’on applique cette caractérisation aux exemples qui nous concernent et si l’on considère le cas dans lequel le référent du sujet grammatical a 1 Je remercie J.-M. Merle pour ses remarques sur le rôle possible de certains groupes prépositionnels tels que for a while dans le type d’énoncés qui nous concerne. Je remercie également G. Girard-Gillet pour les nombreuses discussions que nous avons eues sur l’opposition entre les prépositions for et in et sur la caractérisation de ces prépositions telles qu’elles sont proposées par Depraetere (1995:18). Pour le détail de la discussion, je renvoie aux articles de ces deux collègues (voir la bibliographie). Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
Down et aspectualités 127 intentionnellement accordé une durée précise au procès correspondant au sous- intervalle, le nageur a parcouru chacun des points du sous-intervalle spatial qu’il s’était fixé et a validé chaque moment de l’intervalle temporel correspondant. Dans ce cas, le bornage de ‘type b’ est tributaire du choix du nageur. Cette possibilité de choix souligne le caractère variable du bornage. Ce qui accorde deux propriétés à la structure de l’événement : a) le nageur aurait pu prolonger ou interrompre le procès dans lequel il est engagé, b) tout aussi important, le nageur a néanmoins choisi et limité le procès : par exemple, il a effectivement nagé dix minutes. Dans le cadre du sous-intervalle, tous les points ont été validés y compris le point terminal de ce dernier et l’on a une forme perfective (swam). Pour en revenir aux exemples de Jackendoff, down the river ou down the road ne relèvent d’une lecture atélique (unbounded) au sens strict du terme que si l’on prend l’intervalle [A B] comme repère. Cependant, la non explicitation du sous- intervalle (par from a to b, par exemple) n’exclut pas sa récupération via certaines données pragmatiques. La mesure du sous-intervalle quand elle est explicitée révèle que c’est bien ce dernier qui compte ainsi que la validation de tous ses points y compris son point terminal. Par ailleurs, on considère généralement que la préposition in exprime la télicité de l’événement. Elle le fait, mais seulement dans la mesure où elle implique un contraste entre la fin du procès envisagé a priori et sa fin constatée a posteriori. On rapprochera cette notion de contraste avec celle de «confrontation» (Dufaye 2009:195). Dans le recueil d’énoncés au passé du type x swam down the river, j’observe la possibilité de l’emploi de for + durée [he] swam down the river for 10 minutes et non celui de la préposition in. Ceci s’explique dans la mesure où for + durée signale une identité entre la durée décidée par le nageur et la durée vérifiée lors de la réalisation du procès. La décision du nageur règle la grandeur du sous-intervalle à sa convenance. Ceci induit une relation harmonique entre for + durée et down, qui n’est en soi que directionnel. En revanche, l’emploi de in serait paradoxal dans la mesure où le nageur aurait, par exemple, décidé de nager 10 minutes mais aurait mis moins de temps ( … à nager 10 minutes!). Cependant, dans le cas où la distance est figée d’avance, si la durée vérifiée du procès est inférieure à celle qui servait de référence a priori, in redevient possible mais au prix de l’absence de down, qui n’est que directionnel, et au prix d’un changement de sens (d’axe, en fait, cf. l’emploi du verbe cross dans le contexte) : He swam the river in 10 minutes. Seeing this the second man […] said please G-d, give me the strength and ability to cross this river. Par ailleurs, dans le type d’énoncés relevés (sans down), le contraste implique un exploit accompli ou à accomplir, c’est-à-dire que l’emploi de in s’accompagne d’une valuation positive. Je renvoie à Dufaye (2009:195), qui montre qu’avec des procès et des contextes différents on ne peut exclure une valuation négative. Pour un autre point de vue sur l’opposition for / in, je renvoie à l’article de G. Girard-Gillet à paraître. 2. PARTICULES, ASPECT ABSOLU, ASPECTS MODULÉS L’adjonction de particules telles que up ou down correspond à la mise en place d’un augment intensif ‘marqué’ dans l’expression et dans l’expressivité de Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
128 Claude M. Delmas l’aspect. L’expression aspectuelle s’en trouve modulée. Les propriétés directionnelles, spatiales, ainsi que le sémantisme de base associé à la notion de pente de la particule down facilitent des extensions en résonance avec le sémantisme du verbe. Down suggère soit un intervalle dans lequel un état peut être localisé, soit le degré d’avancement d’un événement qui peut être mesuré ainsi que, corrélativement, son degré d’effection. Ce qui à notre connaissance n’a pas été souligné dans la littérature est la modulation de la valeur aspectuelle qu’induit l’augment down (réévaluation quantitative de l’état résultant et/ou valuation complexe de l’aboutissement décrit). 2.1. Closed, valeur aspectuelle absolue et valeurs modulées L’anglais contemporain dispose d’un système d’opposition entre aspect 'absolu' (verb-ed sans particule), et aspect augmenté (d’une particule) : [close-d + up] ou [ close-d + down]. Dans son emploi aspectuel absolu, closed + (SN) tend à renvoyer directement à l’événement physique décrit. La modulation est alors quasi-nulle. En revanche, la modulation apportée par l’augment up est liée à ses valeurs de base origines. Up peut, par exemple, promouvoir l’idée d’un effort spécifique pour contrecarrer la tendance naturelle de la gravité. Dans une construction agentive, up rehausse le caractère originellement volontaire et contrôlé de l’action décrite par le verbe. Ce qui est visé alors est l’énergie mise à contribution pour atteindre l’état de fermeture. L’intérêt de l’utilisation de l’augment up réside dans le fait que l’inférence liée à l’état atteint peut être modifiée voire annulée, d’où les gloses qui soulignent les propriétés de l’agent (volontaire) ou celles de l’état (temporaire) : closed up till the next morning, closed up for the night. Avec up, l’état atteint est réversible, une réouverture peut être inférée ou explicitée. Le procès impliqué étant voulu et contrôlé, nous avons une modification valuée positivement. L’emploi absolu de closed ne dit rien de comparable et se contente d’opposer une fermeture à une ouverture antérieure. Dans le cas de closed down, l’augment down signale un état résultant mais celui-ci est caractérisé comme étant non réversible, définitif. La fermeture est stabilisée et toute notion de réouverture se trouve en principe exclue. La modulation valuée est négative (cf. l’emploi de painful decision en (2)) : (2) The Music shop Duck, Son, and Pinker, […] first opened in 1848 […] the company has struggled to survive and its directors said today they had made the “painful decision” to close it down. (Bath Chronicle, 3 Avril 2011) La modulation de l’aspect mis en place à l’aide de close down, renvoyant à une fermeture définitive, est complexe. A l’interprétation de fermeture définitive, il faut ajouter l’idée d’une absence de contrôle, pénible, imposée de l’extérieur (par l’état des finances du commerce Duck, Son, and Pinker, par exemple). On note une 'chute' par rapport au statut saillant antérieur de l’entité concernée. L’établissement hautement prestigieux Music shop Duck, Son and Pinker dans la ville anglaise de Bath se caractérisait par une visibilité certaine. Duck, Son, and Pinker a glissé sur l’échelle de visibilité et de notoriété. Les énoncés recueillis dans la presse locale de la ville de Bath (Le Bath Chronicle, notamment) Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
Down et aspectualités 129 montrent que la fermeture, même définitive, d’une boutique modeste rendrait plus difficile le recours à down car la chute sur l’échelle de saillance n’est pas assez importante pour être marquée dans les médias. Les contextes qui rhématisent ce que down présuppose restent douteux # ? they closed down for the last time, # ? they closed down for good. On peut également noter des emplois de close up (fermeture provisoire) là où l’on aurait peut-être pu s’attendre à un emploi de close down (fermeture définitive). Le fait qu’en (3) l’on ait be + ing signale qu’au moment de parole le procès is closing up n’est pas encore envisagé comme étant accompli, l’énonciateur reporte mentalement la disparition qu’il redoute cf. le mot death dans l’expression its impending death2. (3) Jan 17, 2011 Plastic.com is closing up next month. I was addicted to Plastic for its first few years. I loved the mix of topics, conversation and people and that it took the community tools of Slashdot with a focus beyond just news for nerds […] the news of its impending death […] makes me a little sad. Une évolution semble se dessiner. Jusqu’à une époque relativement récente, certaines contraintes nettes semblaient de rigueur. Ainsi, on envisageait difficilement que les églises, les écoles, les hôpitaux ferment de manière définitive pour des raisons économiques. Les nouveaux modèles économiques de gouvernance ont pour conséquence que cette distinction s’estompe. L’évolution vers une privatisation de ces institutions semble leur accorder un statut d’entreprise. Ceci induit une généralisation progressive de l’échelle de saillance. 2.2. Cleaned, valeur aspectuelle absolue et valeurs modulées Comme dans la section précédente, l’emploi absolu du verbe, ici [cleaned], renvoie plus directement à la notion simple, assortie d’une valuation nulle. Le recours à l’augment up intensifie l’aboutissement dans l’ordre de la spatialité à deux dimensions, celles qui limitent l’objet considéré à sa surface, d’où une interprétation du type : le nettoyage concerne toute la surface de l’entité nettoyée mais on ne peut exclure que le résultat reste ‘superficiel’, c’est-à-dire, non effectué en profondeur. D’où une valuation négative souvent notée dans les dictionnaires : … cleaned up = completely … but not thoroughly ! En revanche, cleaned down permet de satisfaire une plus grande exigence, ce qui entraîne conventionnellement quelques contraintes sur les lieux ou entités affectés. Il s’agit préférentiellement de salles d’hôpitaux, blocs opératoires, salles d’eau, toilettes, etc. qui exigent un nettoyage à fond et non de simple surface, etc. L’aboutissement simple du procès ne suffit pas, down active le champ notionnel de la profondeur, d’où l’importance accordée également à la puissance et l’efficacité du produit nettoyant (désinfectant utilisé, etc.), qui agit en profondeur. La prise en compte de chacun des constituants favorise une valuation positive : We then cleaned down the room with lysol disinfectant (10-04-2010, Google). 2 Je remercie le lecteur anonyme pour cette remarque. Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
130 Claude M. Delmas Up donnerait à penser que la qualité du nettoyage peut être dépassée, ce que ne permet pas l’augment down. 2.3. Drank, valeur aspectuelle absolue et valeurs modulées L’emploi absolu de drink au passé renvoie à la notion simple de boire, la modulation dans ce cas est nulle ou minimale. Le recours à l’augment up, en revanche, soulignerait la dimension agentive du responsable du procès ainsi que l’atteinte de l’aboutissement envisagé ‘There, all gone now. I've drunk up all our milk’ he said proudly, pushing his plate away. L’impératif qui vise l’agentivité et l’aboutissement s’inscrirait dans la logique de cet augment drink up your tea! Up expliciterait une maximalisation de l’action. Capelle 2010 souligne l’emploi douteux de l’augment up avec be + ing : télicité et aspect imperfectif induisent une dissonance. Cependant, un emploi de be + ing allégé de sa charge aspectuelle bascule dans une quasi-modalité et tolère up. L’énonciateur prédit alors l’aboutissement du procès : She is drinking up all my Hennessy relève d’une réanalyse de be + v-ing du type She's going to drink all my Hennessy. Associé au verbe drink, l’augment down, quant à lui implique une modulation plus complexe (non pas simplement ‘boire’ mais ‘avaler jusqu’au bout une boisson désagréable’). L’agencement focalise sur les propriétés suivantes : a) la boisson possède une propriété qui devrait faire obstacle à l’ingestion (amertume, goût désagréable, forte teneur en alcool, etc.) b) l’obstacle doit néanmoins être franchi et permettre l’aboutissement forcé du procès : (4) It [the beer] being a bomber and me being only one man, albeit thirsty, it took me a good 45 minutes to drink this down. c) très souvent la réalisation du procès est facilitée par une ingestion rapide mais l’exemple (4) montre qu’il ne s’agit pas là d’une condition nécessaire. En revanche, la notion d’obstacle semble plus conforme à la propriété pertinente requise : I drank down the nasty tasting tea / drink down your medecine! / She drank the poison down. She would soon be with her husband. Une condition supplémentaire semble souvent intervenir : d) le franchissement de l’obstacle tend à produire un résultat valué positivement. L’ingestion forcée apporte réconfort, améliore l’état de l’agent de l’ingestion, qui en devient in fine le bénéficiaire. Dans ce cadre, les boissons prototypiquement ou culturellement agréables sont jugées douteuses – ?drink down your Saint Emilion. Des verbes tels que sip impliquent plaisir et durée, une durée qui prolonge le plaisir, ne favorisent pas l’emploi de l’augment down : #?sip down your sherry. Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
Down et aspectualités 131 CONCLUSION Une étude détaillée permet une analyse fine du fonctionnement aspectuel des constructions en down. L’emploi prépositionnel s’appuie sur la mise en place d’un intervalle spatial fragmentable. Une sous-partie de l’intervalle maximal peut faire l’objet d’une extension analogique ou figurée. Elle représente dans ce cas une modulation valuée liée à la notion de limitation de distance et associe une relation de voisinage à une subjectivité induite par ladite relation, sans que toute notion de télicité soit interdite pour autant. Dans son emploi comme augment verbal (particule), down prend quelques distances avec le domaine des repérages spatiaux et réinvestit l’intervalle dans une perspective aspectuelle plus abstraite, plus élaborée, qui remodèle l’aboutissement en termes de valuation modulée marqués qui entrent en relation avec des domaines tels que l’intensification ou la mesure en 'profondeur' associée à une inférence non dirimante. BIBLIOGRAPHIE Brinton L. J., 1988, The Development of English Aspectual Systems, Cambridge, Cambridge U.P. Busuttil P., 1994, Les verbes complexes en anglais : verbes prépositionnels et verbes adverbiés, thèse Paris 13, http://djamet42.free.fr/ALAES/Ressources/ Theses/ busuttil.pdf. Cappelle B., 2010, The Time is Space Metaphor : some Linguistic Evidence that its End is Near, in C. Delmas (ed.), Espace-temps anglais, Faits de Langues 33, p. 53-62. Chauvin, C., 2010, Les verbes directionnels et les prépositions (at / to, quelques éléments sur against, towards, on, for), in C. Delmas (dir.), Espace-temps anglais, Faits de Langues 33, p. 123-132. Corre E., 2010, Verbal particles / prefixes and lexical aspect, in C. Delmas (dir.), Espace-temps anglais, Faits de Langues 33, p. 163-185. Culioli A., 1990, Pour une linguistique de l’énonciation, opérations et représentations, tome 1. HDL, Paris, Ophrys. Delmas C., à paraître, Down en bristolien non standard, un exemple de condensation, actes du colloque de Besançon du 5 septembre 2012. Depraetere I., 1995, Tests to distinguish unboundedness from boundedness and atelicity from telicity, in The tense system in English Relative clauses. A corpus-based analysis, Berlin, Mouton de Gruyter. Dufaye L., 2009, I wrote this article in the space of a week. In et since / for, analyse topologique des emplois temporels in C. Delmas (dir.), Espace-temps anglais, Faits de Langues 33, p. 187-197. Girard-Gillet, à paraître, La quantification des temporalités dans les recettes de cuisine anglaises. Herskovits A., 1986, 2009, Language and Spatial Cognition, Cambridge, Cambridge U.P. Jackendoff R., 2002, English Particle Constructions, the Lexicon, and the Autonomy of Syntax, in N. Dehé, R. Jackendoff, A. McIntyre & S. Urban (eds), Verb-Particle Explorations, Berlin New York, Mouton De Gruyter, p. 67-94. Downloaded from Brill.com04/26/2020 12:45:46PM via free access
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