Silvan Mühlemann Genève 2019 - CONSCIENCE, ALIÉNATION ET THERMODYNAMIQUE
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Silvan Mühlemann [Genève 2019] CONSCIENCE, ALIÉNATION ET THERMODYNAMIQUE Enquête sur les philosophies de Jean-Pierre-Voyer, Pierce, Spencer-Brown et Jeremy Griffith Je vais commencer avec une idée de Kant, commenté par le philosophe et linguiste français Jean- Pierre Voyer: les choses-en-soi sont pensables, mais pas connaissables. Et pour cause – ce qui est négligé par Kant – la conscience ne peut observer soi-même pendant l’acte d’observation. La conscience est sélectivement aveugle, comme dirait le mathématicien britannique Spencer-Brown, transitive comme diraient les linguistes. Le piège à éviter est donc de penser la conscience soit uniquement comme étant transitive, soit uniquement comme étant aveugle. Toute tentative de connaître le monde est à la fois objective et résultat d’un préjugé, mais objective exclusivement au sens que le non-objet est le non-pensable absolu: On ne peut répondre à l’absurdité par des absurdités, il faut se documenter. J’ai pu constater ainsi que Gödel avait montré, grâce à sa célèbre proposition auto référentielle, que si tous les théorèmes de l’arithmétique sont des propositions vraies, toutes les propositions vraies de l’arithmétique ne sont pas des théorèmes et cela pour la simple raison que la vérité arithmétique ne peut être exprimée dans l’arithmétique (…) Pour ma part, j’ai découvert que le phénomène en tant que phénomène n’étant pas une chose, ou pour parler comme Hegel, qui d’ailleurs ne l’entend pas du tout en ce sens, dans Force et entendement (Phénoménologie): "le suprasensible est le phénomène en tant que phénomène", et si seules les choses sont observables, et si les phénomènes sont toute l’observation possible, le phénomène en tant que phénomène n’est pas observable. C’est une limite à la faculté d’observation. L’observation n’est pas observable. Contrairement à la célèbre proposition de Gödel, l’observation n’est pas auto référentielle, quoi qu’en pense Hegel avec sa conscience de soi : soi est un autre, soi est un objet comme un autre (Jean-Pierre-Voyer, 2019 [1]). La conscience, étant une ouverture sélective à l’objet, à l’altérité, présuppose une disposition altruiste chez l’homme; cet altruisme ne pouvant surgir que dans un univers gouverné par l’entropie négative. Ceci distingue la philosophie de Jean-Pierre Voyer, d‘un côté, de G.W.F. Hegel, pour lequel tout es connaissable, et donc pensable, et de l’autre côté, des philosophèmes postmodernistes, pour lesquelles les choses-en-soi ne sont même pas pensables. Inversement, si nous pouvons penser les choses-en-soi, nous pouvons améliorer notre savoir approximatif de celles-ci; en faisant des analogies de la forme: A se rapporte à B comme C se rapporte à D; le rapport de C à D demeurant un présupposé indémontrable. Dans d’autres mots : la nature du rapport de C à D est l’inconscient. Pour Charles S. Peirce, la vérité non-démontrable de C se rapporte à D réside bien dans le consensus humain, mais dans le consensus savant qu’il projette dans l’avenir indéterminé. L’émergence d’un ordre est pour lui un principe à la fois ontologique et épistémologique: Although in thermodynamic terms there is a tendency towards disorganization due to the expenditure of force, chance actually suggests motion in the opposite direction, towards concentration. A set of equal bettors playing a random game will end up with all the money in the hands of a single player; a set of neurons with equal connections will develop into a sentient brain. In other words, “Uniformities in the modes of action of things have come about by their taking habits. At present, the course of events is approximately determined by law. In the past that approximation was less perfect; in the future it will be more perfect…” (Peirce, Charles S. (1984-2010). Writings of Charles S. Peirce. Volume 4; p. 549. Nathan Houser et al., Eds.. Bloomington, IN: Indiana University Press). Citation dans: John Levi Martin. Peirce and Spencer-Brown on Probability, Chance and Lawfulness, Cybernetics and Human Knowing, Vol. 22 (2015); no.1, pp.9-33. Peirce connaissait bien la mathématique correspondant à la thermodynamique. Sur la question de l’ordre ontologique, il se distingue du mathématicien britannique George Spencer-Brown. Par contre, Spencer-Brown et Peirce sont d’accord sur l’impossibilité de prouver le hasard: The essence of randomness has been taken to be absence of pattern. But what has not hitherto been faced is that the absence of one pattern logically demands the presence of another (George Spencer- Brown, 1957; p.105). 1
Dans d’autres mots: le point de vue duquel nous jugeons la réalité comme étant sans régularité modélisable implique une modélisation du second degré pas plus fiable que la modélisation du premier degré. Nous ne pouvons pas sortir de nos modélisations pour connaitre la réalité: We are, let us say, attempting to determine whether a coin is a fair coin—a probability machine with p = .5. It is indeed true that the sequence (with 1 = heads, 0 = tails) 1111111111111111111111111111111111111 is extremely unlikely if our coin is a chance machine. But the sequence 1101001010101001011001010101001010100 is equally unlikely! Yet we reject the claim of chance for the first, and not for the second. Why? Because we collapse the second with all other sequences with 18 ones and 20 zeroes. Why? Because we have decided in advance what is important, and what is of interest to us. However, as Spencer- Brown argued, a chance machine means not only that this sum should follow the binomial formula, but an approaching-infinite number of other specifiable tests (on the order of the factorial of the number of tosses)—that the set of adjacent pairs should have certain properties; that the transitions from one run to another happen according to a certain distribution, and so on. (…) Different expectations, different probabilities; different probabilities, different tests and conclusions; different tests and conclusions, different realities (John Levi Martin 2015, Ibid. pp.9-33). Le de-constructivisme est illusoire dans la mesure où il se veut une théorie purement négative; le constructivisme, au contraire, nous incite à construire des modèles toujours meilleurs, en partant de la nature et l’origine de la conscience humaine. Ceci vaut aussi pour le sexe: Après la dérèglementation du commerce dite « mondialisation » voici la dérèglementation de la sexualité (et sa reréglementation). Nouvel ordre mondial, nouvel ordre sexuel. C’est l’hédonisme selon Huxley, c’est allo maman bobo (…). La boboesse veut un enfant sans les inconvénients. Elle ne veut pas mettre en danger sa carrière (…) Ce sont ceux-là mêmes qui ont fait en sorte que les enfants n’apprennent plus à lire et à écrire dans les écoles primaires qui (...) prétendent désormais détruire les affreux stéréotypes concernant les hommes et les femmes chez les enfants de la maternelle, pour en installer d’autres ce faisant, à leur insu, ceux des branques des gender studies eux même héritiers de la French theorie (Barthe, Derrida, Deleuze, Foucault, Lacan, Lyotard ) J.P. Voyer, 2019 [2]. Le stade postmoderne du savoir humain n’est pas le stade de la liberté enfin réalisée, mais bien le stade ultime de l’aliénation de l’homme (femmes inclus) de ses instincts altruistes depuis le développement original de sa conscience. A partir de quand peut-on parler de «conscience»? Selon le biologiste australien Jeremy Griffith, la conscience implique logiquement et historiquement l’altruisme dans une espèce, un trait que nous partageons avec les singes bonobos. Les bonobos sont une espèce matriarcale qui met l’accent sur le soin pour la jeune génération. Dans le royaume des animaux, en générale, la constitution des «systèmes reproductives» ne va pas au-delà de l’individu se reproduisant sexuellement, ceci est dû à l’égoïsme des gènes. Le facteur qui amena à briser l’égoïsme génétique individualiste est la fausse impression d’altruisme que fait l’amour maternelle sur les jeunes bonobos; en tant qu’adultes, ils imiteront cet altruisme perçue en se comportant, cette fois, différent de leurs mères, réellement comme des altruistes. La façon dont le système des nerves, toujours selon Griffith, procède avec l’information, se distingue fondamentalement de la façon dont les gènes procèdent avec l’information. Le système nerveux des grands singes et des hommes doit connaitre l’origine d’un stimulus, ce qui se montre par exemple dans le fait qu’il est impossible de se chatouiller soi-même. Le but du système génétique est l’action instinctive, le but du système nerveux est la réaction guidée par la compréhension de l’objet. Or, puisque la conscience manque au début l’auto-connaissance, elle demeurait, dès ses origines, en conflit avec les instincts altruistes. Historiquement, c’est la femme qui a pris le rôle et la défense de l’instinct altruiste, et l’homme celui/celle de la conscience et la recherche de la connaissance. C’est la racine de la lutte entre hommes et femmes enfin révélée. 2
LE SYSTÈME DES BESOINS SELON JEAN-PIERRE VOYER « Il y a système des besoins quand in abstracto: 1) Tous les producteurs font face aux consommateurs. 2) Tous les producteurs ne produisent pas des chaussures alors que tous les consommateurs en portent. 3) Tous les producteurs ne produisent pas du bifteck alors que tous les consommateurs en mangent. 4) Etc. 5) Cependant, tous les producteurs sont les mêmes, exactement, que tous les consommateurs. 6) Donc le prétendu producteur n’est qu’en apparence un producteur mais en fait un consommateur qui se prostitue. 7) Le producteur de chaussures ne produit qu’en apparence des chaussures mais en réalité des chaussures, du bifteck etc., chaussures, bifteck etc. qu’il a déjà achetés en pensée avec l’argent de sa passe. A quoi pense la pute pendant la passe ? A son vison blanc. 9) Le but affiché de la « science économique » est que tous les consommateurs trouvent chaussure à leur pied et bifteck à leur faim dans le plus parfait équilibre. A chacun sa chacune, à chacun ses chaussures et les vaches seront bien gardées. En fait, calculer un prix de revient est très simple, il suffit, depuis deux cents ans seulement, de savoir additionner. Ce qui est difficile pour les maîtres qui achètent l’obéissance des prostitués, c’est de savoir 1) s’ils vendront la merde produite par les prostitués pour les prostitués, b) s’ils vendront au dessus du prix de revient, c) s’ils vendront suffisamment au dessus du prix de revient. C’est la seule chose qui les intéresse. Toute la « science économique » est là. Le problème est donc que les chaussures aillent depuis un certain endroit aux pieds auxquels elles sont destinées, ce qui est manifestement un problème de communication. Concrètement, cette structure in abstracto est réalisée dans des institutions concrètes qui, toutes, doivent satisfaire le critère de réalité de Lévy-Strauss. Mais… cette structure n’est pas réalisée comme le serait un plan, un modèle, une maquette etc., elle est,au contraire un résultat qui n’est possible que du fait des institutions et de la logique des institutions. La logique des institutions repose dans les institutions et non dans la structure qui n’est qu’une abstraction a posteriori. La structure a posteriori n’a aucune efficacité. Cette structure n’est en fait qu’un idealtype ! C’est beau la civilisation. Bétail, tant de veaux ! tant ! « Source http://leuven.pagesperso-orange.fr/NOTES_2bis.htm#a53; 13.05.2019 » LA LOI DE LA VALEUR D’APRÈS EGMONT KAKAROT-HANDTKE (1) AXIOM 1: Yw = WL. Salaire = Taux du salaire * heures de travail. (2) AXIOM 2: O = RL. Output = productivité * heures de travail (3) AXIOM 3: C = PX. Dépenses de consommation = prix * quantité demandé (4) Condition 4: X = O. Market Clearing (5) Condition 5: C = Yw. Budget balancing (6) De (3), (4) et (5): Yw= PO (7) De (6): P = Yw/O (8) De (1), (2) et (7): P = W/R (9) De (8): W/P= R. LOI DE LA VALEUR Salaire réel = productivité 3
L’ORIGINE DE L’INÉGALITÉ SOCIALE ET L’INDÉCIDABILITÉ EN ÉCONOMIE A partir du modèle quantitative de la loi de la valeur d’Egmont Kakarot-Handtke, nous pouvons déduire que le travailleur reçoit un pouvoir d’achat égal à sa productivité et qu’une accumulation des richesses a seulement lieu si la condition 5 est violée, plus précisément C > YW. L’origine de l’inégalité sociale est donc à chercher dans la surconsommation et dans l’endettement des ménages et des états. Si nous voulons en finir avec le capitalisme, nous devons terminer l’endettement et la surconsommation. Or, il y a un autre problème à résoudre, celui de l’équivalence abstrait définit par G. Frege comme identité. L’échange marchand est paradoxal, et c’est à cause de cela que la mathématique des fonctions l’est aussi (Bockelmann, Eske, 2004). En effet, la loi de la non-contradiction demande que les deux qualités échangées soient égales; mais la loi de la raison suffisante demande que les deux qualités échangées soient inégales. La proposition «X vaut Y» est donc équivalent à la proposition «X ne vaut pas Y». Puisque l’égalité abstrait produit l’inégalité abstrait, nous devons refuser les deux «équations». La valeur est un échange, effectué en pensée – ou bien sa représentation (Voyer). Il y’a incomplétude en économie puisque la loi de la raison suffisante = = ≠ (si quelque chose s’échange avec une autre chose, les deux choses doivent être inégales) ne peut être vrai au même titre que la loi de la non-contradiction = ≠ ≠ (des choses inégales ne peuvent être échangées). Sans les deux lois, l’économie politique – c’est-à- dire, la formalisation de l’échange marchand – est incomplète, avec les deux lois, elle est inconsistante. Si X = Y, = = ≠, et donc X ≠ Y, et donc = ≠ ≠. Donc parfois = = ≠, et parfois = ≠ ≠ (I. Yardley, 2010). La solution de ce paradoxe réside dans l’abandon de la logique binaire abstrait de l’identité (des choses X et Y échangées) et dans le surgissement d’une logique analogique du don réciproque concret (entre individu a et individu b): a/b b/a. L’échange, sous l’emprise du système des besoins une affaire égoïste guidée par des arrière-pensées, deviendra en communisme réelle le premier besoin humain. Définissons la conscience comme conscience du Bien et du Mal, et la vérité comme adhésion altruiste d’un sujet à ses propres énoncés (voir P. Jorion, 2007). Imaginons-nous une situation de jeu. Soit une population de N individus qui relèvent de l’un ou l’autre de deux types. Chacun sait de tous les autres individus ce qu’ils déclarent, mais non pas s’ils croient ce qu’ils déclarent. Il y a donc possiblement des individus du type α qui proclament des mensonges (les idéologues), et des individus du type β qui déclarent ce qu’ils déclarent avec adhésion. Chacun assume que tous les autres individus savent s’ils sont des individus du type α ou β, mais personne n’adhère à ce qu’il déclare lui-même et personne ne sait ce que croient vraiment les autres individus. Donc, effectivement, il y a seulement des individus α. Au commencement du jeu, un arbitre extérieur énonce publiquement la proposition P : «II y a, parmi vous, au moins un idéologue». Cette proposition, notons-le, n'apprend rien à quiconque qu'il ne sache déjà, mais elle est désormais un savoir publique. Chacun estime maintenant publiquement le nombre minimal des idéologues parmi le groupe. Puisque tous les participants de ce jeu essaient de dissimuler la vérité, mais ce faisant, ne peuvent pas dire une fausseté évidente (comme le nombre minimal des idéologues étant 0), ils déclarent donc que le nombre minimal des idéologues est 2 ou plus grand. Mais par ce qu’une personne honnête n’aurait pas de raison suffisante de déclarer le nombre des idéologues plus grand que 1, le mensonge universel du groupe est ainsi révélé et toute communication (et donc tout consensus) sera impossible – un scénario qu’il faudrait éviter à tout prix. Si nous savions a) que nous disons nous-même pas la vérité et que b) nous savions que tout le monde sait que certains personnes ne disent pas la vérité, nous pourrions en déduire une méthode pour prouver le fait que personne ne dit la vérité et que tout le monde le sait – conséquence absurde, car dans ce cas, le mensonge devient auto-réfutant. Puisque prémisse b) est intuitivement plausible, il s’en suit qu’il vaut mieux de dire la vérité que de mentir (Dupuy, Jean-Pierre, 1989; p.361-400). 4
BIBLIOGRAPHIE Bockelmann, Eske. Im Takt des Geldes. Zur Genese modernen Denkens. Zu Klampen Verlag, 2004. Dupuy, Jean-Pierre. Convention et Common knowledge. Revue économique, 1989; p.361-400 Griffith, Jeremy. Is ist to be? Terminal alienation or transformation for the human race? WTM Publishing and Communications Pty Ltd, 2014 Jorion, Paul. Prix, verité et socialité. Dans : Revue du Mauss No,30, Paris 2007 ; p.102ss Kakarot-Handtke, Egmont. Basics of Value Theory. http://axecorg.blogspot.com/2019/02/basics-of- value-theory.html; 23/05/2019 Levi Martin, John. Peirce and Spencer-Brown on probability, chance, and lawfulness. Cybernetics and Human Knowing. Vol. 22 (2015), no. 1, pp. 9-33. Peirce, Charles Sanders (1984-2010). Writings of Charles S. Peirce. Volume 4; p. 549.Nathan Houser et al., Eds.. Bloomington, IN: Indiana University Press Spencer-Brown, George. (1957). Probability and scientific inference. London: Longmans, Green and Co. Voyer, Jean Pierre [1] Négation de l’économie. Source: http://leuven.pagesperso- orange.fr/4068.htm; 16.05.2019 Voyer, Jean-Pierre [2]. Le Knock-Blot de Monsieur Ripley, page 2. Source : http://leuven.pagesperso- orange.fr/noc-blot-11.htm; 16.05.2019 Voyer, Jean Pierre [3]. Le système des besoins. http://leuven.pagesperso- orange.fr/NOTES_2bis.htm#a53; 13.05.2019 Yardley, Ilexa. The circular theory.Integrated Thought Concepts 2010. 5
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