COP26 : les églises chrétiennes s'unissent pour l'avenir de la planète
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Publié le 8 septembre 2021(Mise à jour le 11/09) Par Sophie Nouaille COP26 : les églises chrétiennes s’unissent pour l’avenir de la planète L’archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel des anglicans, le pape François et le patriarche orthodoxe Bartholomée ont lancé un vibrant appel mardi en faveur de la sauvegarde que de la planète. La crise due au changement climatique est pris au sérieux par les églises chrétiennes et réclame une réponse urgente. Les chefs des Eglises catholique, orthodoxe et anglicane ont uni leurs voix pour la première fois mardi dans “un appel urgent pour l’avenir de la planète” avant la COP26. Le pape François, le patriarche orthodoxe Bartholomée et l’archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel des anglicans, “exhortent chacun, quelles que soient ses croyance ou vision du monde, à s’efforcer d’écouter le cri de la Terre”.
Une nécessité pour l’avenir du monde “Nous devons choisir la nature du monde que nous voulons laisser aux générations futures (…). Alors que les dirigeants du monde s’apprêtent à se rencontrer en novembre à Glasgow pour débattre de l’avenir de notre planète, nous prions pour eux et envisageons les choix que nous devons tous faire”, écrivent les chefs des trois clergés dans un document conjoint publié par le Saint- Siège. Parler pour le climat d’une seule voix “C’est la première fois que nous nous sentons obligés de nous saisir ensemble de l’urgence de la protection de l’environnement, de son impact sur la pauvreté persistante, et de l’importance de la coopération mondiale. Ensemble, au nom de nos communautés, nous en appelons au coeur et à l’esprit de tout chrétien, de tout croyant et de toute personne de bonne volonté”, poursuivent-ils. “C’est un moment critique. L’avenir de nos enfants et l’avenir de notre maison commune en dépendent”, concluent les dignitaires chrétiens. La conférence mondiale sur le climat (COP26), à laquelle devrait participer le pape, doit se tenir du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow (Ecosse). Les conférences climat réunissent en général plusieurs dizaines de milliers de personnes, participants, ONG, société civile, entreprises, médias. Or beaucoup de pays, notamment les plus pauvres qui accusent un grand retard dans leurs plan de vaccination, ont exprimé ces derniers temps leurs inquiétudes sur leur capacité à y participer en raison de la pandémie de Covid-19. Mardi, le Climate Action Network, qui regroupe quelque 1.500 ONG dont Greenpeace, WWF, Action Aid, Oxfam ou encore Amnesty international, a réclamé le report du sommet de Glasgow, estimant “impossible” la tenue d’une réunion “juste et inclusive” dans les conditions sanitaires actuelles. Sophie Nouaille avec AFP Lire aussi Le réchauffement climatique, un problème spirituel
Publié le 14 juillet 2021(Mise à jour le 13/07) Par Rédaction Réforme Tatouage et protestantisme font- ils bon ménage ? Le tatouage se démocratise. Comme tout phénomène de société, il interroge le protestantisme, notamment dans la façon dont il reçoit les prescriptions de l’Ancien Testament. « Vous ne vous ferez pas de tatouages. » Ce texte biblique, tiré du livre du Lévitique (19, 28), invite à questionner son rapport au corps. Le pasteur et théologien Antoine Nouis voit dans ces paroles une double signification : celle de l’interdiction d’idolâtrer d’autres dieux, car tel était le dessein des tatouages à l’époque où le texte a été écrit, et celle du respect du corps que l’on a reçu. Il rappelle que « le protestantisme a développé une certaine éthique de la sobriété qui consiste non pas à interdire mais à éviter les comportements ostentatoires ». Et de livrer ce qu’il considère comme la clé de l’éthique protestante : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit » (1 Corinthiens 6, 12). Pour le théologien, il s’agit de faire preuve de discernement et d’interroger ses motivations. Il invite à aborder le sujet par le biais de l’éthique de responsabilité.
Les jeunes plus enclins à se tatouer D’après un sondage de l’IFOP réalisé en 2018 à la demande du journal La Croix, un Français sur cinq porte un tatouage ou en a déjà porté un. 18% des Français de plus de 18 ans sont tatoués, contre 10% en 2010. L’enquête révèle que les 18-35 ans représentent 29% des Français tatoués. D’après le pasteur Stéphane Lavignotte, l’évolution de cette pratique au sein des protestants est à l’image du reste de la société. Il rappelle que « les jeunes protestants sont d’abord des jeunes de leur époque et de leur temps ». Pour lui, la Bible n’a pas vocation à lister des interdits, mais à nous interpeler. Le pasteur ne pose pas la question en termes de « naturel ou pas », plutôt d’« habitable ». C’est-à-dire que le tatouage peut être un moyen « d’avoir un corps qui correspond à son identité et à son histoire, une certaine adéquation entre ce qu’on est psychologiquement et physiquement. Le tatouage est une manière de se faire beau pour soi, pour les autres, et pour Dieu ». Léa Prunier Publié le 12 juillet 2021(Mise à jour le 14/07) Par Cathy Gerig
Trois façons de faire rimer tourisme et protestantisme dans les Cévennes Théâtre de la guerre des Camisards, les Cévennes sont liées à l’histoire du protestantisme français. Voici trois façons de les (re)découvrir. Écrin de nature, les Cévennes sont aussi une terre historique du protestantisme. Voici trois idées pour partir à la découverte de ce passé, que vous soyez randonneur, en voiture ou conducteur de poussette. Champdomergue, un lieu de mémoire Pour les marcheurs.- Situé au cœur du Parc national des Cévennes, Champdomergue est un lieu chargé d’histoire à double titre. C’est là que, le 9 Septembre 1702, la première bataille de la guerre des Camisards éclata entre les paysans protestants et les soldats du roi Louis XIV. Près de deux siècles et demi plus tard, des résistants vécurent dans le maquis de Champdomergue, de 1943 à 1944, avant de participer à la libération de la ville d’Alès. Aujourd’hui, une randonnée de 9 kilomètres permet de parcourir un circuit à la mémoire de ces défenseurs de la foi protestante et de la liberté. “C’est un lieu de mémoire. Ce n’est pas l’endroit le plus connu des Cévennes, mais il a une symbolique très forte pour les protestants”, précise Jonathan Foraison, gestionnaire administratif du Musée protestant de Saint-Jean-du-Gard. Le musée des Vallées cévenoles Pour tous.- Aussi appelé Maison Rouge, le musée des Vallées cévenoles présente toute la culture cévenole et donc protestante. Le site culturel dispose de collections ethnographiques, historiques, d’arts et traditions populaires riches, permettant une découverte transversale de la société rurale et traditionnelle de la région entre les XVIIe et XXe siècle. Il est question de culture au sens large, des châtaigniers amis aussi du protestantisme. Pour l’anecdote, le musée a été fondé par Daniel Travier, qui s’est passionné pour l’histoire locale. Pendant plus de
cinquante ans, celui qui préside l’Association des amis de Maison Rouge a collecté des objets en lien avec les Cévennes avant de les léguer à l’agglomération d’Alès. Trois jours à la découverte du centre des Cévennes En voiture.- Amoureux des Cévennes, Daniel Travier propose un parcours de trois jours (ici résumé) pour partir à la découverte du centre de cette région. Il débute à Anduze, dite la Porte des Cévennes. Construite en amphithéâtre, la petite ville se convertit très tôt à la Réforme. Plus tard, entre 1622 et 1629, le duc de Rohan y installera le quartier général des forces protestantes du Midi. La cité deviendra une place forte et la base de sa résistance. Pendant la guerre des Camisards, Anduze joue également un rôle stratégique. L’itinéraire vous emmène ensuite au hameau de Luziers et au Mas de Soubeyran, autrefois réputés pour l’élevage de vers à soie. Et c’est au cœur des ruelles du Mas de Soubeyran que s’est niché le Musée du Désert. Poursuivez votre trajet en vous arrêtant à Mialet, Saint-Jean-du-Gard et Falguières. Votre deuxième journée débutera à Saint-Jean-du-Gard-Florac, avant de passer par Saint-André-de-Lancize. À Jalcreste, le temple a la particularité de ne pas avoir été détruit à la révocation de l’édit de Nantes. Au Plan-de-Fontmort, trois combats ont eu lieu lors de la guerre des Camisards. La fin de votre périple passe des lieux tout autant chargés d’histoire comme Anduze-Florac, ville de garnison, et chambre ardente pour l’instruction du procès des Camisards, ou encore le hameau de Salgas et son château réaménagé. Et tout en haut du col de Saint-Pierre, la vue est splendide, précise Daniel Travier. Les religions savent-elles rire d’elles- mêmes ? Si vous passez à proximité de Mialet, entre le 24 juillet et le 8 août, n’hésitez pas à vous arrêter au temple. Il propose une exposition gratuite bien ancrée dans l’actualité puisque consacrée aux caricatures et à la théologie. Elle
présente une centaine de dessins d’auteurs athées, agnostiques ou croyants, qui font rire ou sourire tout en évoquant les questions fondamentales du sens de la vie, du lien entre les religions et le politique, du rapport au sacré, etc. Du lundi au samedi : de 10h à 12h et de 16h à 20h ; le dimanche : de 16h à 20h. Avenue Jacques-Bernard, à Mialet. Publié le 21 juin 2021(Mise à jour le 20/06) Par Cathy Gerig Exposition : deux médecins protestants à l’honneur au Musée Jeanne d’Albret Le Musée Jeanne d’Albret, à Orthez, n’a jamais vraiment baissé le rideau. Mais depuis le 19 mai, son équipe redécouvre les plaisirs de l’interaction bien réelle avec les visiteurs. Consacré à l’histoire du protestantisme béarnais, le musée Jeanne d’Albret a
relancé à toute vitesse les rendez-vous avec ses visiteurs. Après une année sans Covid-19, le site orthézien en accueille quelque 3000. “Ravis et partants”, les bénévoles ont rappliqué au pas de course pour retisser du lien dès la réouverture. Alors que les sites culturels étaient contraints de rester portes closes pour freiner le virus, l’établissement a proposé des visioconférences. Il a aussi rouvert sa boutique dès qu’il en a eu l’autorisation. “Nous avons présenté des affiches réalisées par un dessinateur palois, Ohazar, sur le thème d’un super-héros. Il a revisité Henri IV à la mode Marvel”, explique la présidente, Elisabeth Rhodes. En plus d’animations régulières, le musée présente une exposition dédiée à Samuel Pozzi et Paul Reclus, médecins. Le premier a été l’un des pionniers de la gynécologie moderne. Le second, un grand chirurgien humaniste. “Pozzi comme Reclus ont chacun un père pasteur installé dans le Sud Ouest et profondément marqué par le Réveil”, précise la présidente. Médecins engagés, les deux hommes ont également en commun d’avoir manifesté un soutien sans faille au capitaine Dreyfuss, lors de l’affaire qui porte son nom. Des visites thématiques et des conférences Réalisée par Bertrand Gibert, administrateur, avec l’aide Estelle Delmas, chargée de conservation du patrimoine, l’exposition est visible jusqu’au 27 novembre. “À partir du jeudi 22 juillet, nous reprendrons les visites thématiques gratuites. Elles durent trente minutes”, souligne Estelle Delmas. Trois autres suivront au rythme d’une par semaine, également les jeudis. “Et le cycle de conférences programmées dans le cadre de l’exposition reprendra le 4 octobre”, complète Elisabeth Rhodes. Informations pratiques En juillet et août, le Musée Jeanne d’Albret est ouvert du mardi au dimanche, jours fériés inclus. Deux visites guidées sont proposées, 10h30, 15h. Inscription et réservation en ligne ou, pour les groupes, au 05 59 69 14 03.
Publié le 20 juin 2021(Mise à jour le 16/06) Par Cathy Gerig Des livres rares du consistoire protestant de Colmar seront bientôt exposés Composée d’incunables, de livres rares ou uniques, la bibliothèque du consistoire protestant de Colmar est un véritable trésor. Certains de ses ouvrages seront bientôt exposés dans la future bibliothèque patrimoniale des Dominicains de Colmar. La liste des ouvrages qui figureront dans la bibliothèque patrimoniale des Dominicains de Colmar, un nouvel espace au sein de la bibliothèque municipale, n’est pas encore arrêtée. Mais il s’agira forcément de pièces rares. Depuis 1972 et le transfert des quelque 5 100 références déposées jusque-là à l’église Saint- Matthieu, cédée aux protestants en 1575, seuls quelques spécialistes peuvent les consulter. “Le fonds est méconnu, même des protestants colmariens”, commente Jacques Schneider, chargé de mission du consistoire auprès de la bibliothèque. Avec l’ouverture du nouvel équipement prévue à l’automne 2021, une partie de ce trésor sera dévoilé à un public plus large. Les ouvrages les plus anciens du fonds protestant datent du XIIIe siècle. “Il y a 70
manuscrits, 92 incunables, des traités de démonologie, mais aussi trois exemplaires de la première Bible traduite en allemand imprimée par le Strasbourgeois Jean Mentelin, vers 1460”, liste le bénévole, en poste depuis cinq ans. La Nef des fous, de Sébastian Brant, s’y trouve aussi. Sans oublier des livres plus récents achetés par des jésuites et ceux légués par Théophile Conrad Pfeffel. À sa mort en 1809, l’auteur alsacien a fait don au consistoire des 2000 livres de la société de lecture ouverte par ses soins en 1760 et réservée à des érudits protestants. De quoi diversifier le fonds jusqu’alors essentiellement théologique, en le complétant par des ouvrages scientifiques, de littérature ou de voyages, Un ancien couvent classé aux Monuments historiques Depuis leur arrivée à la bibliothèque, les ouvrages sont entretenus au même titre que les autres livres précieux de l’établissement – sans égal dans la région. Il abrite, en effet, non loin de 400 000 documents précieux représentant la mémoire écrite de l’Alsace depuis le Moyen Âge. L’idée d’ouvrir une bibliothèque patrimoniale au sein même du site est née de cette profusion de documents rares, afin d’en mettre en valeur une partie. Pour ne rien gâcher, l’équipement est situé en plein centre-ville, dans un ancien couvent classé aux Monuments historiques, avec son cloître. Une fois le site rouvert, le bâtiment sera en accès libre, comme la bibliothèque incluse dans le réseau des bibliothèques de la Ville de Colmar avec ses collections accessibles à tous. L’ espace muséal de 500 m², destiné à la présentation permanente de la collection de livres anciens parmi les plus riches de l’espace rhénan, sera installé au rez-de-chaussée. Il sera possible d’y revenir avec d’autant plus de plaisir que les 92 ouvrages exposés changeront régulièrement.
Publié le 27 mai 2021(Mise à jour le 27/05) Par André Birmelé Martin Luther, un futur ex- excommunié ? Le groupe œcuménique allemand Altenberg vient de rediffuser son plaidoyer exhortant l’Église catholique à lever l’excommunication de Luther, prononcée en 1521 par le pape Léon X. Le théologien protestant André Birmelé revient sur les enjeux de ce débat, 500 ans après les faits. Pour bien comprendre ce qu’implique ce débat, rappelons que dans l’Église catholique, l’excommunication a un tout autre sens que dans les Églises de la Réforme. La question de l’excommunication de Luther et de sa levée éventuelle n’intéresse guère ces dernières. Dans le protestantisme, vous pouvez certes être momentanément exclu de votre communauté mais pareille décision ne vaut pas parole dernière de Dieu ; vous ne cessez pas pour autant d’appartenir par votre baptême à l’Église de Dieu. Dans le monde catholique, l’excommunication par l’Église vaut condamnation définitive par Dieu. Les théologiens catholiques qui souhaitent lever l’excommunication de Luther veulent qu’il soit réintégré dans l’Église et qu’ainsi sa condamnation dernière par Dieu soit annulée.
Luther, reconnu par Rome comme « un passionné de l’Évangile » Le texte publié conjointement par les Églises luthériennes et l’Église catholique en 1983, lors du 500e anniversaire du Réformateur, « Luther, témoin de Jésus- Christ », puis les propos du pape Jean-Paul II reconnaissant Luther comme « un passionné de l’Évangile » prouvent que le réformateur est aujourd’hui largement réhabilité et reconnu à et par Rome ! D’autant que cette idée a été reprise par les autorités romaines, et encore en dernier lieu par le pape François lors de sa visite à Lund, en Suède, à l’occasion de l’ouverture du jubilé des 500 ans de la Réforme. François avait alors évoqué les grandes richesses spirituelles qui ont été offertes à toutes les Églises par la Réforme du XVIe siècle. Pour les Églises de la Réforme, et en particulier l’Église luthérienne, l’enjeu est ailleurs. Il est d’être reconnue par Rome comme constituant une Église au plein sens du terme, une expression vraie et authentique de l’Église une du Christ, à côté de l’Église catholique romaine. Pour l’heure, cette dernière a une façon très exclusive de se considérer comme la seule Église du Christ (notons que les orthodoxes font de même). C’est ce point qui doit être dépassé. Propos recueillis par Claire Bernole Publié le 20 mai 2021(Mise à jour le 20/05)
Par Rachel Knaebel Kirchentag 2021 : débats de société et échanges interreligieux La crise sanitaire a contraint les organisateurs du grand rassemblement biennal des églises protestantes allemandes à adapter leur programme. Mais l’édition 2021, élargie aux catholiques, a pu être maintenue. La pandémie n’a pas eu tout à fait raison des rencontres œcuméniques organisées en mai à Francfort par le Kirchentag protestant et le Comité central des catholiques allemands. C’est le troisième Kirchentag œcuménique, après ceux de 2003 à Berlin et de 2010 à Munich. Restrictions sanitaires obligent, il s’est cette fois déroulé essentiellement en ligne. Une programmation adaptée « Avant la pandémie, nous nous préparions à accueillir 100 000 personnes à Francfort, rappelle Stefanie Rentsch, directrice des programmes du Kirchentag. Puis est arrivé le coronavirus… À l’été, nous pensions encore pouvoir organiser une manifestation hybride, en partie en présentiel, en partie en ligne, en réduisant le nombre de visiteurs à 30 000. À l’automne, nous avons bien vu que ce ne serait pas du tout possible, et avons décidé de tout transférer en numérique. Mais nous tenions à ce que ce Kirchentag ait lieu malgré tout, pour envoyer un signal œcuménique fort. » Finalement, le programme a été recentré sur trois jours, avec un peu moins de 100 débats, échanges d’études bibliques, services religieux œcuméniques. Les participants ont pu suivre depuis leurs ordinateurs des discussions sur le climat, la haine en ligne, la lutte contre l’extrême droite et l’antisémitisme, le maintien de la paix, les défis spirituels de la pandémie… Des représentants de l’Église catholique ont participé à ces échanges, comme le président de la Conférence épiscopale allemande, Georg Bätzing, ainsi que des responsables orthodoxes, et le prieur de la communauté de Taizé, frère Alois.
Un rendez-vous social et politique Les politiques allemands ont aussi répondu présents, dont les principaux candidats à la succession d’Angela Merkel après les élections de septembre, Annalena Baerbock, Armin Laschet et Olaf Scholz. La chancelière elle-même a pris part à un débat sur l’enjeu climatique, face à la jeune activiste Luisa Neubauer. « Nous avons envoyé les invitations aux responsables politiques très tard. Et pourtant, elles et ils nous ont dit oui très vite », souligne Stefanie Rentsch. « C’est important que les politiques soient présents au Kirchentag, c’est une belle tradition, ajoute le pasteur berlinois Jörg Zabka. Car c’est une manifestation où l’Église se comprend comme un mouvement social et politique, et les discussions qui y ont lieu sont très différentes de celle d’un talk-show. À la télévision, quand les politiques parlent, c’est très polarisé, les positions sont exagérées. Au Kirchentag, ils peuvent échanger dans le calme. » Échanges œcuméniques Jörg Zabka a de son côté participé à l’événement en organisant samedi 15 mai un service œcuménique décentralisé dans son église du Sud de Berlin. « Aux services œcuméniques du Kirchentag, protestants, catholiques et orthodoxes peuvent chanter ensemble sans que personne ne se sente blessé ou ignoré, précise-t-il. Ces services sont fêtés au même moment à de nombreux endroits d’Allemagne. Cela crée du lien entre nous tous. Nous sommes ensemble même si nous ne nous voyons pas. » Pour le pasteur, le Kirchentag joue depuis sa naissance un rôle central pour les échanges œcuméniques en Allemagne. « C’est un endroit où il est en général facile de se rencontrer. Quand le Kirchentag s’est créé, quelques années après la fin de la guerre, c’était vraiment un mouvement de laïcs, parti de la base. Ce n’était pas du tout un événement organisé par les institutions. Dans cet esprit, il peut se passer au Kirchentag beaucoup plus de choses sur le plan œcuménique que lorsque seules les hiérarchies des Églises se rencontrent. » Samedi, catholiques, protestants et orthodoxes ont partagé la communion à Francfort.
Une jeune et nouvelle présidente au synode de l’EKD Elle est devenue le 8 mai la plus jeune présidente jamais élue à la tête du synode de l’Église protestante allemande. Anna-Nicole Heinrich, étudiante en philosophie de 25 ans, succède à Irmgard Schwaetzer, 79 ans. « Mon Église a fait preuve de courage en m’élisant à ce poste », confie la jeune femme. Et d’ajouter : « J’espère que je ne serai pas réduite à être jeune. » Anna-Nicole Heinrich était déjà vice-présidente à la Jeunesse protestante d’Allemagne. Elle vient d’une famille est-allemande de Thuringe, partie en Bavière après la Réunification. C’est là, une fois adolescente, qu’Anna-Nicole Heinrich a décidé de se faire baptiser. Contrairement à celles qui lui ont précédé, Irmgard Schwaetzer, ancienne députée et ministre du Parti libéral-démocrate, et Katrin Göring-Eckardt, députée des Verts, la nouvelle présidente du synode n’est engagée dans aucun parti politique. Mais elle a déclaré vouloir s’investir pour une « Église ouverte, missionnaire, qui fait toujours référence aux questions sociales ». Lire également : Lecture: l’islam en Allemagne, une autre histoire de la laïcité En Allemagne, un État neutre qui coopère avec les religions En Allemagne, communier malgré tout à l’occasion de Pâques Départs des Églises d’Allemagne : questions à Tobias Faix En Allemagne, des centaines de milliers de protestants font défection
Publié le 20 mai 2021(Mise à jour le 20/05) Par Laure Salamon Synodes et congrès : les actualités des Églises protestantes Le week-end de l’Ascension est souvent une période propice au rassemblement d’Églises ou d’unions d’Églises. En cette année 2021, bouleversée par la crise sanitaire, les réunions ont été tenues en visioconférence, en plusieurs sessions ou transformées. Tour d’horizon. Église protestante unie de France (ÉPUdF) « C’était une belle journée, nous nous sommes vraiment mis en synode », se réjouit Emmanuelle Seyboldt, présidente du conseil national de l’ÉPUdF. Pour ce premier jour de synode exceptionnel, les délégués étaient répartis et réunis dans huit lieux connectés en simultané. Ainsi, le synode a pu approuver les comptes 2020 et voter le budget 2021. Ensuite, une bonne partie de la journée a été
consacrée au thème « Écologie, quelle(s) conversion(s) ? ». « Tout le monde s’est senti concerné par le sujet. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que nous voulions un texte audible par tout le monde, qui ne donne pas de leçon mais qui engage les membres de notre Église à s’engager par la parole et ensuite par les actes. » Pour la suite, il faudra patienter jusqu’à l’automne. La deuxième session aura lieu à Sète du 22 au 24 octobre 2021. Fédération des Églises évangéliques baptistes de France (FÉÉBF) Le congrès a eu lieu jeudi 13 mai. Le président Thierry Auguste a présenté son dernier rapport moral. Élu en 2015, il a terminé son mandat, tout comme Nathalie Guillet, vice-présidente. Le conseil de la Fédération, renouvelé de cinq membres, a élu Nicolas Farelly président. « Nicolas Farelly est issu d’une grande lignée familiale baptiste. À l’heure où la Fédération baptiste va fêter son centenaire, son arrivée est très symbolique », témoigne Joëlle Sutter-Razanajohary, secrétaire générale de la FÉÉBF. Jusqu’en 2022, la Fédération questionne son histoire et s’interroge sur son avenir, avec le leitmotiv « Des racines et du zèle ». Le congrès a voté des encouragements au gouvernement pour qu’il tienne ses promesses sur la lutte contre les violences conjugales et progresse sur le front de la justice climatique. Un dernier vœu visait à encourager la Fédération protestante de France (FPF) et le Conseil national des évangéliques de France (CNÉF) pour leur engagement commun dans la défense de la laïcité. Union nationale des Églises protestantes réformées évangéliques de France (UNÉPRÉF) Le synode de l’UNÉPRÉF se déroulait en deux journées, les 13 et 15 mai. L’Union a travaillé sur son entrée comme membre à part entière au CNÉF. « Nous restons convaincus que la seule instance de représentation des protestants est la
Fédération protestante de France. Mais il nous est apparu pertinent d’entrer au sein du CNÉF car l’émulation théologique, la réflexion sur les implantations d’églises… nous intéressent, explique Jean-Raymond Stauffacher, président de l’UNÉPRÉF. Avec notre identité réformée et notre théologie évangélique, nous pouvons être un trait d’union entre les deux mondes. » Un second sujet sur la jeunesse a été particulièrement discuté. Le synode était l’occasion d’évaluer le travail accompli par les formateurs nationaux et de renouveler la vision de la catéchèse. Une déclaration solennelle a porté sur le projet de loi confortant les principes républicains pour dire « notre émotion face au risque de basculement dans une laïcité de contrôle ». Union des Églises évangéliques libres de France (UÉÉL) Au lieu d’organiser un synode, comme d’habitude, l’UÉÉL a choisi de travailler la thématique différemment. « C’est un effet collatéral positif de cette crise. Nous avons le temps d’approfondir le sujet pendant une année, se réjouit le président Vincent Miéville. Nous avons ainsi créé un blog dédié au sujet du développement : quelle place pour chacun dans le développement de l’Église ? Toute l’année, nous fournissons des ressources pour réfléchir en église. Cette approche permet d’impliquer tout le monde à l’échelle locale. » L’Union a dû reporter ses rassemblements pour la jeunesse de 2020 mais prévoit un rassemblement pour les adolescents à la Toussaint 2021 et un pour les jeunes adultes au printemps 2022. Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (Uépal) Les 3 et 4 juillet, l’assemblée générale de l’Uépal aura lieu au Liebfrauenberg, centre spirituel et lieu d’hôtellerie. « Nous serons au Liebfrauenberg pour soutenir le lieu financièrement, explique Lysiane Collon-Bender, directrice des services de l’Uépal. Le thème de cette assemblée sera l’évangélisation. »
L’assemblée générale sera aussi l’occasion d’une reconnaissance pour certains postes de diacres et de prédicateurs laïcs. Les prochaines rencontres 31 mai : rencontre annuelle des pasteurs de l’Uépal en visioconférence sur le thème de la vocation 27 juillet – 13 septembre : session de l’école biblique pour la formation des pasteurs de Vie et Lumière 29 juillet – 2 août : Grand Kiff, rassemblement de la jeunesse de l’Église protestante unie, à Albi (Tarn) 25 septembre : synode de l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine avec élection pour la présidence 19-26 septembre : rassemblement de Vie et Lumière, celui prévu en juin ayant été annulé en raison de la situation sanitaire 8 décembre : centenaire de la création de la Fédération des Églises évangéliques baptistes de France Lire également : Synode de l’Eglise protestante unie : “une réussite”, selon la présidente Emmanuelle Seyboldt Le synode 2021 de l’Église protestante unie de France, en deux temps Congrès de la Fédération baptiste : un nouveau président et un centenaire à fêter
Le pasteur Nicolas Farelly devient président de la Fédération Baptiste L’Union des églises réformées évangéliques a voté son entrée au CNEF Publié le 19 mai 2021(Mise à jour le 25/05) Par Réforme 5 raisons pour lesquelles je suis protestant 5 raisons pour lesquelles je suis protestant Protestant ? Tu protestes contre quoi ? C’est déjà compliqué d’être chrétien, pourquoi être en plus protestant ? Les protestants sont austères et orgueilleux.
Une production Campus Protestant Publié le 12 mai 2021(Mise à jour le 12/05) Par James Woody Pas de culte des saints en protestantisme Aucune date n’a encore été fixée pour la célébration, mais le pape vient de l’annoncer : Charles de Foucauld sera canonisé. L’occasion de revenir sur le culte des saints et les raisons pour lesquelles le protestantisme n’y est pas attaché. Comme pour la plupart d’entre nous, ma foi tient principalement à des rencontres. Outre les témoignages familiaux, il y eut les rencontres décisives avec un pasteur et avec Baden-Powell. Ma foi d’adolescent s’est également nourrie de Marie Durand, de Calvin et de Luther. Puis il y eut des figures qui donnèrent plus d’épaisseur à mon engagement à la suite du Christ et plus de finesse à l’expression de ma foi. Y furent pour beaucoup des Albert Schweitzer, Madeleine Barot, Théodore Monod, Martin Luther King. Ils ont largement participé à ma sanctification, mais ce n’étaient pas des saints.
Au-delà de la morale Ce n’étaient pas des saints au sens où nous l’entendons souvent, c’est-à-dire sur le plan moral. Chaque personnage emblématique a ses zones d’ombre que nous ne pouvons pas cautionner, encore moins célébrer. Aucun être humain n’est sans tache parce que personne n’échappe à la condition humaine qui est marquée par le péché, pour le dire avec l’apôtre Paul. Nous sommes toujours en train de nous humaniser, toujours en train de nous débarrasser de ce qui nous fait aller de travers. Et nous n’en finissons jamais d’entrer en terre promise, pour reprendre une image biblique. Si nous prenons l’exemple du roi David, nous constatons que sa vie est constellée de fautes alors qu’il est considéré comme un point de référence pour juger les rois qui se sont succédé sur le trône d’Israël. Il y a là une sagesse biblique qui consiste à mettre à profit les aspects positifs des personnes sans pour autant les idéaliser, ce qui reviendrait à en faire des idoles. L’exemple de David nous fait comprendre que le point de vue biblique va au-delà de la morale et s’intéresse à la capacité que nous avons d’aller dans le sens d’une plus grande humanité et de dépasser nos mauvais moments. Cela conduira l’apôtre Paul à qualifier les croyants de « saints ». Cela nous invite à élargir l’usage du mot « saint » à l’ensemble du peuple de Dieu et non à quelques personnes triées sur le volet pour des mérites éminents. C’est l’ensemble de l’humanité qui est au bénéfice de la grâce de Dieu, c’est donc l’ensemble de l’humanité qui est appelée à être sainte comme l’est le Père céleste – et, pour ce qui me concerne, ce sont aussi des rencontres dans la vie quotidienne qui ont été décisives pour mon cheminement personnel. Pour Paul, les croyants sont des saints non parce qu’ils seraient des êtres sans fautes et sans reproches, mais parce qu’ils ont Dieu en ligne de mire, ce qui leur permet d’être lucides sur leur existence et de ne pas se considérer comme exemplaires en tout point. L’effacement des figures tutélaires Soyons, nous aussi, lucides sur leur existence, pour ne pas en faire des modèles à reproduire tels quels et pour nous rappeler que la sainteté n’est pas un état, mais une démarche de foi incessante et personnelle. De ce point de vue, il est heureux que l’Église catholique canonise des personnes. Nul grand personnage, aussi
inspirant soit-il, ne détient la grâce dont nous avons besoin pour mener notre propre route vers la terre promise. Faire d’une personne notre horizon de foi, ce serait en faire un obstacle à notre relation directe à Dieu. Instituer des figures tutélaires, c’est remplir le ciel d’intermédiaires qui, en fait, nous tiennent à distance de la grâce divine. Je dirais même qu’il peut y avoir un effet déresponsabilisant à faire des saints décédés de possibles intercesseurs car cela conduit à se débarrasser sur eux de sujets que nous devrions traiter nous-mêmes face à Dieu. L’enjeu de la pédagogie religieuse est là : les éclaireurs de la foi s’effacent pour laisser chacun tisser une relation personnelle à Dieu, à ce qu’il y a de plus sacré dans la vie. De même que Jean le Baptiste doit diminuer pour que Jésus croisse, de même qu’il est avantageux pour les disciples de Jésus que leur maître s’en aille, il est précieux de ne jamais saturer l’imaginaire religieux mais de s’effacer. C’est la raison pour laquelle un culte des saints serait contre-productif. Si l’action de grâces est particulièrement bienvenue pour tout ce dont nous bénéficions à travers la vie de tel ou tel, le culte des saints et la vénération liturgique de leurs reliques revient à entretenir un passé qui bouche notre vision du présent. C’est cela qui est contesté par l’ange qui s’adresse aux femmes venues au tombeau de Jésus pour embaumer son corps. Le culte qui plaît à Dieu consiste à vivre au milieu des vivants et à inventer la vie qui va avec eux. James Woody, pasteur de l’Église protestante unie de France Lire également : Église catholique : le missionnaire Charles de Foucauld sur le point d’être canonisé Les protestants fêtent–ils les saints ? Christianisme : qu’est-ce donc qu’un saint ?
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