Crise climatique, un dossier indigeste Sénégal : des solutions locales à un problème global - Brot für alle
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Le magazine pour « lire et agir » Décembre 4/2017
Crise climatique,
un dossier
indigeste
Page 3
Sénégal : des
solutions locales
à un problème
global
Page 4
Editorial 2
Chère lectrice, cher lecteur,
Le changement climatique fait de plus en plus de victimes
qui, au Sud, souffrent des conséquences d’un phénomène
qu’elles n’ont pratiquement pas provoqué. Dans le Nord,
parmi les responsables de cette crise climatique, le nombre
de personnes touchées et préoccupées augmente lui aussi.
Notre économie et notre mode de vie se fondent sur des mo-
dèles générateurs d’émissions de CO2. Il a fallu plus de
20 ans pour conclure un accord sur le climat alors que les
risques sont identifiés depuis longtemps. Malgré l’essor des CONTENU
énergies renouvelables, les émissions de CO2 ne cessent VUE DU SUD
Les terres des peuples
d’augmenter. Conclusion : sans une diminution drastique de indigènes doivent
être protégées
notre consommation énergétique, des transports et de Page 5
l’agriculture industrielle, tous nos efforts seront anéantis. BERND NILLES
Aide au développe-
ment : un budget
détourné ?
Pour le climat, 2018 sera une autre année cruciale qui verra Pages 6 - 7
la votation d’une loi sur le CO2, en Suisse, et une nouvelle DANS LES RÉGIONS
« Tout peut (encore)
conférence climatique, en Pologne. Grâce à votre soutien, changer », cycle de
conférences et ateliers
Pain pour le prochain continuera à s’engager en faveur de Pages 9
la justice climatique en finançant des projets qui montrent
qu’il est possible de vivre, ici et ailleurs, sans énergies
fossiles.
Impressum :
Une publication de
Pain pour le prochain, 2017
Rédactrice en chef :
Pascale Schnyder (pst)
Rédaction : Colette Kalt (ck), Tiziana
Conti (tc), Daniel Tillmanns (dt)
Mise en page et réalisation :
Crafft Kommunikation, Zurich
Travail sur les photos : Schellenberg
Druck AG, Pfäffikon (ZH)
Impression : imprimerie Kyburz AG,
Dielsdorf
Tirages : 28 500 de / 7000 fr
Paraît : quatre fois par an
Prix : CHF 5.– par donateur/donatrice
Bernard DuPasquier, sont utilisés pour l’abonnement
Contact : Pain pour le prochain,
directeur de Pain pour le prochain ppp@bfa-ppp.ch, 021 614 77 17
Portrait : Patrik Kummer Image de couverture : travailleur dans les champs au Burkina Faso. Photo : Meinrad Schade
Politique climatique 3
La Global Alliance for cli-
mate-smart technology, dont fait
aussi partie la Suisse officielle,
prétend que le modèle dominant,
caractérisé par un recours massif
à la chimie, à la génétique et à la
haute technologie, produit de fa-
çon aussi respectueuse du climat
que l’agriculture biologique. Sur
la liste des membres, notre pays
vient immédiatement derrière
Syngenta, l’un des tout grands
groupes de l’agroalimentaire et
l’un des principaux fabricants de
pesticides au monde.
Substituer le savoir à la chimie
Jusqu’ici, la politique climatique
internationale pèche par son
manque de courage et de clair-
voyance : elle n’agit guère – et
Le lobby agricole essaie à tous les souvent mal – pour réduire effec-
niveaux de vendre son modèle tivement les émissions tout en
industriel et économique comme
étant favorable au climat. préservant les forêts, les prairies
et les marais, qui fixent d’énormes
quantités de CO2. Plutôt que de
Crise climatique,
s’attaquer aux multinationales
de l’agroalimentaire, elle préfère
faire porter le fardeau de la pro-
tection climatique aux autoch-
tones et aux petit-e-s paysan-ne-s
un dossier indigeste
du Sud. Elle finance ainsi de
vastes projets de reboisement qui
privent la population locale de
ses ressources, en la spoliant de
ses terres et de la possibilité de
rester maîtresse de son destin.
Il sera impossible de maîtriser le changement climatique sans une Au sein d’une vaste alliance in-
révolution dans la façon dont nous nous alimentons et produisons notre ternationale, Pain pour le pro-
chain œuvre pour que la politique
nourriture. La politique climatique internationale pourrait jouer à cet climatique internationale sai-
égard un rôle déterminant. sisse l’occasion qui lui est offerte
et réoriente le modèle agricole
vers l’agroécologie. Si l’on veut
En Suisse, les effets du réchauffe- La propagande des géants triel, l’emploi de fertilisants de que l’agriculture freine le ré-
ment du climat sont incontes- de l’agroalimentaire synthèse et l’abattage des forêts chauffement, il faut privilégier,
tables : les températures moyennes Il est donc clair qu’il faut redou- au profit des pâturages et de la ici comme partout ailleurs, de pe-
ont augmenté de deux degrés bler d’efforts pour freiner le ré- production de fourrage et d’huile tites exploitations diversifiées et
depuis le début des enregistre- chauffement et en atténuer les de palme. des personnes qui connaissent
ments, les glaciers fondent, les conséquences. Plus de 40 % de Dès lors, les initiatives visant à parfaitement les cycles de la na-
éboulements, les périodes de ca- toutes les émissions de gaz à effet freiner le réchauffement doivent ture. Elles pourront ainsi appro-
nicule et de sécheresse de- de serre sont à mettre sur le s’attaquer au nœud du problème : visionner les marchés locaux en
viennent plus fréquents. Il est compte de l’industrie alimentaire l’agriculture industrialisée. A aliments sains en contôlant leur
aisé d’imaginer que cette évolu- (y compris les biens de produc- cette fin, elles devront affronter destin et en misant sur la créativi-
tion a des effets bien plus drama- tion, le transport, la réfrigéra- le lobby mondial de l’agroali- té plutôt que sur la chimie,
tiques sur les paysans et les tion, la transformation et l’élimi- mentaire, qui fait feu de tous bois l’argent et les énergies fossiles.
paysannes les plus vulnérables nation des déchets). Principaux pour vendre une image « verte » — Julia Jawtusch
vivant dans les pays du Sud. responsables : l’élevage indus- de son modèle agricole.
Photo : iStock
Sénégal 4
5
Des solutions
banque de semences pour
conserver les variétés locales de
céréales, plus robustes, et
échange de connaissances sur la
locales à
fumure biologique et la lutte
contre les ravageurs.
La situation des Sissoko s’est au-
jourd’hui nettement améliorée.
Avec 20 autres familles, ils ont
un problème global
appris à cultiver des légumes en
pratiquant l’agroécologie et ont
reçu les semences nécessaires à
cette fin. Financé par le fond Cli-
mat de Pain pour le prochain et
Action de Carême, ce projet per-
Les conditions climatologiques deviennent de plus en plus extrêmes. En met aux familles de vivre à nou-
veau du produit de leurs récoltes,
maints endroits, les familles paysannes ne savent plus quand semer, malgré la sécheresse. Actuelle-
car il est devenu impossible de prévoir le régime de précipitations. C’est ment, elles participent à des pro-
grammes radio pour diffuser ces
avec l’aide de Pain pour le prochain qu’elles affrontent ces difficultés. techniques dans toute la région.
Les projets climatiques sont un
bon exemple de notre collabora-
tion œcuménique. Depuis 2009,
météorologiques extrêmes se Pain pour le prochain a réalisé
produisent dans le monde entier. des ateliers climat dans 24 pays
C’est le choc ! Que faire contre un et formé ainsi 600 représentantes
phénomène global dont l’origine et représentants de ses parte-
est située ailleurs ? naires à l’utilisation des mé-
Il n’y a pas une seule réponse va- thodes de l’atelier. Ces forma-
lable à cette question. Dès lors, tions ont été à l’origine de 48
Pain pour le prochain tient à ce projets financés en commun par
que les familles de petits paysans nos deux organisations.
cherchent elles-mêmes des solu- — Mathias Raeber
tions lors des ateliers, car ce sont
elles les expertes de leur région * Nom modifié par la rédaction
et de leurs terres. En groupes,
elles identifient les principaux
risques : dans le cas qui nous in-
téresse ici, il s’agit de la salinisa-
tion du sol et de l’augmentation
des ravageurs. Après avoir mis
en places les mesures adoptées,
les groupes s’aperçoivent géné- Lire et agir
L’approche communautaire aboutit à de meilleures solutions contre ralement que chaque famille a
la sécheresse que les efforts individuels. déjà cherché des solutions de son
côté. Mais celles-ci sont plutôt
Notre action
appliquées après l’apparition du
Pain pour le prochain aide les
problème et ne sont pas toujours
familles de petits exploitants à
Les pluies se font plus rares et velles techniques agricoles. Elle durables. Ainsi, la vente du bétail
trouver et à mettre en œuvre des
moins prévisibles. Pourquoi ? assiste ainsi à un atelier sur le cli- est certes un moyen de survivre à
solutions face au changement
Telle est la question que se posent mat, une formation d’une se- une sécheresse, mais ce joker,
climatique.
Votre soutien
les habitantes et les habitants de maine organisée par un groupe- qui ne peut être utilisé qu’une
la région de Thiès, dans l’ouest ment paysan et financée par Pain seule fois, aggrave l’endette-
du Sénégal. La famille Sissoko, pour le prochain. Les paysannes ment. En revanche, les initiatives Grâce à votre don, les familles
qui ne veut pas s’en remettre au et les paysans qui y participent communautaires donnent de paysannes du Sud ont un avenir
hasard pour son alimentation, est apprennent qu’ils ne sont pas les bons résultats : création de coo- meilleur malgré le changement
disposée à apprendre de nou- seuls concernés : des événements pératives, constitution d’une climatique. CP 10-26487-1
Photo : Pain pour le prochain Photo : Pain pour le prochain
Vue du Sud 8
5
Maria Paula est fondatrice et directrice
d’Uma Gota no Oceano, une agence de
communication d’utilité publique qui
prête aide et assistance aux organisa-
tions et mouvements sociaux.
EN CHIFFRES
Les terres des peuples
indigènes doivent être protégées 860 000
autochtones
Il a fallu attendre la constitution de 1988, près climatique sur l’ensemble de notre planète. vivent aujourd’hui
de 500 ans après l’arrivée des Portugais au Bré- Or, il sera impossible d’atteindre les objectifs de dans 240 commu-
sil, pour que les droits ancestraux des peuples l’Accord de Paris si l’environnement et le mode
indigènes soient reconnus. Or, cet acquis est de de vie traditionnel des peuples indigènes ne nautés différentes
nouveau menacé : depuis l’accession au pou- sont pas protégés. Aussi fautil enfin recon- du Brésil.
voir de Michel Temer, l’influence du lobby de naître l’importance de leur contribution aux
l’agrobusiness, dénommé ruralistas, n’a cessé efforts visant à limiter le réchauffement.
120 000
de croître, ce qui inflige de gros dommages En 2011, Uma Gota no Oceano a lancé la cam-
d’ordre socio-économique au pays. Détenant pagne É A Gota D’Água + 10, récoltant en une
plus de 40 % des sièges au Parle- seule semaine plus d’un million
ment, la bancada ruralista ne
recule devant rien pour imposer
« Notre mission est de de signatures contre la construc-
tion de la centrale hydroélec-
son propre programme de déve- faire comprendre à trique de Belo Monte sur le personnes sont
loppement, ouvrant grand les l’opinion publique les Xingu, qui mettait en péril directement
vannes aux monocultures, au l’existence non seulement des
détriment des forêts primaires
problématiques so- peuples indigènes, mais aussi menacées par
et de leur biodiversité. Ce mo- ciales et écologiques. » d’autres groupes de populations la planification
dèle agricole étant énergivore, Maria Paula établis de longue date dans la
le gouvernement entend déve- région. Cette pétition a porté sur ou la construction
lopper la production d’hydroélectricité et pré- la place publique un sujet qui était auparavant de centrales
voit ainsi la construction de plus d’une centaine resté confiné aux cercles les plus fermés du
de centrales pour le seul bassin du Juruena, gouvernement et de l’économie. hydroélectriques.
dans le Mato Grosso, pour la plupart sur des ter- Notre mission est de faire comprendre à l’opi-
44
ritoires indigènes ou à proximité. Protégés par nion publique les problématiques sociales et
la constitution, ces territoires sont ainsi le seul écologiques, et de susciter sa solidarité, notam-
obstacle aux visées des ruralistas. ment lorsqu’il s’agit des droits des peuples au-
Si les ruralistas parviennent à imposer leur pro- tochtones, du changement climatique ou de
gramme, le Brésil risque de ne pas atteindre les l’énergie verte. Dans ce sens, nous concevons et
objectifs de l’Accord de Paris sur le climat de coordonnons des stratégies afin d’œuvrer à centrales hydro-
2015, en vertu duquel les pays signataires l’avènement d’un monde plus conscient, plus
s’étaient engagés à tout faire pour que le ré- équitable et plus durable. Pour y parvenir, nous
électriques sont
chauffement planétaire moyen ne dépasse pas créons des réseaux, faisons intervenir des fai- prévues dans
2 degrés. Les peuples indigènes vivent dans de seurs d’opinion, engageons des personnalités
grandes réserves, dans le bassin de l’Amazone influentes, préparons des contenus pour les
la forêt tropicale
ou dans le Cerrado, où se situe le bassin du Ju- médias et mettons sur pied des campagnes arti- amazonienne
ruena. Dans ces régions, les forêts primaires culées autour de récits susceptibles de toucher
retiennent d’immenses quantités de CO2, qui les gens et de les amener à s’engager.
et menacent
seraient libérées si ces forêts étaient détruites, les territoires
ce qui aggraverait considérablement la crise indigènes.
Photo : Stela HerschmannEntretien : Bernd Nilles 6
Aide au développement :
un budget détourné ?
Après avoir présidé durant neuf ans la fédération catholique CIDSE, Bernd Nilles est
le directeur d’Action de Carême depuis mai dernier. Dans cet entretien, il explique
pourquoi la politique climatique et l’aide au développement doivent cheminer main dans
la main, pourquoi la coopération au développement doit se réinventer et le rôle
crucial de la société civile.
Dans l’Accord de Paris sur le de nouvelles ressources, la
climat, il avait été convenu que Suisse entend identifier les
les pays industrialisés dégage- mesures et projets de protection
raient des fonds pour atténuer climatique inscrits à son budget
les conséquences du change- de coopération et les faire
ment climatique au Sud. Or, le figurer au chapitre de la lutte
Conseil fédéral a annoncé, ce contre les changements clima-
printemps, qu’il rognerait sur le tiques, au détriment de la
budget de l’aide au développe- coopération au développement.
ment pour tenir ses engage- Cette décision va à l’encontre de
ments. Qu’en dites-vous ? nos engagements internatio-
C’est problématique à mes yeux, naux, nuit à la lutte contre les
car c’est l’idée même de justice changements climatiques et
qui est en jeu. Ceux qui diminue les fonds disponibles
souffrent le plus du réchauffe- pour construire des écoles,
ment sont précisément ceux qui mettre sur pied des systèmes de
y ont le moins contribué, et les santé et garantir la sécurité
pays de l’OCDE, principaux alimentaire.
émetteurs de gaz à effet de
serre, portent en l’occurrence Avant d’être nommé directeur d’Action de Carême, Bernd Nilles a dirigé Le financement de projets
une responsabilité particulière. pendant neuf ans l’alliance catholique internationale CIDSE, dont d’adaptation au réchauffement
le siège est en Belgique. Né en Allemagne, il vit avec sa femme et leurs
A Paris, les Etats se sont accor- deux enfants à Lucerne. climatique n’est pas le seul
dés sur le relèvement des fonds poste à émarger au budget de la
destinés à combattre le réchauf- coopération au développement :
fement et à en atténuer les effets il y a aussi les coûts de l’asile.
afin de les porter à 100 milliards Oui, le budget de l’aide au
de dollars par an à partir de développement est la nouvelle
2020. Pour la Suisse, une vache à lait à laquelle tout le
contribution équitable serait de monde vient se servir. Une des
l’ordre d’un milliard de dollars, raisons en est son caractère
eu égard à sa puissance écono- volontaire, puisque le Parlement
mique. Nous en sommes encore en négocie le montant chaque
très loin. Plutôt que de mobiliser année. Et, une année de plus, les
Photo : Virginia Fernandez7
Chambres fédérales prévoient tée, certains voient même dans du développement, qui ne l’agroécologie et de la participa-
des coupes budgétaires qui les entreprises les nouveaux finance pour ainsi dire jamais de tion, par exemple.
toucheront en particulier la sauveurs des pays du Sud. petits projets dans des zones
coopération au développement. Malgré tout, je vois que le particulièrement pauvres, où Ne faudrait-il pas repenser la
Aujourd’hui déjà, 19 % du gouvernement suisse a la nous sommes très présents. coopération au développement
budget suisse d’aide au dévelop- volonté de soutenir la société de fond en comble ?
pement est consacré à l’asile, ce civile et voit aussi d’un bon œil Quelles sont les caractéris- Pour moi, la coopération au
qui constitue à mes yeux un les campagnes que nous réali- tiques d’un modèle de coopéra- développement signifie conti-
détournement caractérisé. La sons. Il n’en reste pas moins que tion au développement effectif ? nuer à appuyer les pauvres dans
plupart des réfugiés ne viennent la tendance est négative à Les Objectifs de développement une démarche de solidarité,
pas en Europe, mais émigrent l’échelon international. durable (ODD) apportent une mais aussi œuvrer à la transfor-
dans le même continent, comme réponse tout à fait pertinente. mation de la société et de
l’Afrique par exemple. Nous Des exemples ? Pour la première fois, une l’économie et à la préservation
abandonnons de nombreux pays Au Sud, de nombreuses organi- approche du développement de l’environnement en approfon-
pauvres à leur sort. sations sont pour ainsi dire aborde à la fois les questions dissant le dialogue avec nos
réduites au silence. Les défen- sociales et les questions écolo- partenaires. Le facteur temps a
La Suisse est-elle un cas isolé ? seurs des droits humains et de giques et s’attaque aux causes certainement modifié la donne.
Non, malheureusement. Actuel- l’environnement sont de plus en structurelles des crises, comme Compte tenu de la gravité des
lement, de nombreux pays de plus menacés et persécutés. Il la crise climatique, la crise crises mondiales, comme la crise
l’OCDE ont tendance à détour- semble que nos organisations et financière ou la crise écono- climatique, nous devons agir
ner les fonds de l’aide au nos partenaires locaux s’at- mique. Il s’agit aussi du premier maintenant et non attendre
développement, pour le climat, taquent davantage à la cause des cadre de référence qui s’ap- demain, car le temps est compté.
pour l’asile, pour des intérêts plique au Nord comme au Sud.
économiques et commerciaux et La société civile a joué un rôle de Que devons-nous modifier
même pour des activités en lien « Nous devons premier plan dans la démarche concrètement ?
avec la sécurité. accorder de qui a abouti à l’adoption des Ces 20 dernières années, les
ODD, un progrès important pour ONG se sont beaucoup profes-
l’importance à
Les gouvernements ne font-ils la communauté des nations. sionnalisées, aussi dans le
plus confiance aux ONG ? nos idées et à notre domaine des pressions poli-
Apparemment, nous sommes conception d’un Et qu’en est-il de la mise en tiques. Nous avons également
trop critiques pour de nombreux œuvre des ODD ? sous-estimé le fait que les
gouvernements. Notre concep-
avenir meilleur. » En adoptant les ODD, les modifications de fond ne passent
tion du développement a évolué : gouvernements ont solennelle- pas uniquement par la politique.
non seulement nous aidons les problèmes, menaçant ainsi ment reconnu que nous sommes Quand on analyse les trans-
bénéficiaires à prendre leur certains intérêts, comme lorsque à l’aube d’une grande trans- formations essentielles des
destin en main, mais nous nous exigeons la fermeture formation et que nous devons sociétés, on s’aperçoit qu’elles
dénonçons désormais aussi les d’une mine. En Angleterre, les opérer une refonte de nos ne peuvent presque jamais être
causes structurelles de la ONG n’ont pas le droit de systèmes. La question de la mise attribuées à des élections ou à
pauvreté, comme les politiques s’exprimer durant les cam- en œuvre reste toutefois entière. des responsables politiques,
économiques aberrantes, le pagnes électorales. D’autres Pour cela, la participation mais plutôt à des personnes qui
triomphe de l’agriculture gouvernements ne financent les de la société civile est cruciale, ont pris l’initiative, à des mouve-
industrielle, les émissions de gaz ONG que si elles mettent en j’en suis persuadé. Il faut des ments. Nous ne devons ainsi pas
à effet de serre, etc. Et nous œuvre leurs stratégies, ce qui citoyens engagés qui font nous contenter de dénoncer les
proposons des modèles poli- nuit à l’indépendance de celles- entendre leur voix et qui injustices, mais aussi accorder
tiques qui mettent l’économie au ci, mais aussi à l’efficience : les tiennent leur gouvernement à l’importance voulue à nos idées
service des personnes, de œuvres d’entraide comme la l’œil. Toutefois, la critique ne et à notre conception d’un avenir
l’environnement et de la justice. nôtre sont des exemples d’effica- suffit pas, il faut aussi proposer meilleur. Nous devons nous
Certains pays d’Europe ont ainsi cité et de gestion économe. des solutions. Ces dernières rapprocher des personnes qui
tendance à moins financer les De nombreux gouvernements décennies, nous avons acquis nous soutiennent et de celles qui
ONG, ou à les soumettre à des préfèrent toutefois verser de des compétences très pointues partagent nos visions et nos
conditions draconiennes, et à grosses sommes à des agences en dialogue avec nos parte- valeurs, afin d’opérer ensemble
attribuer davantage de fonds de développement dispen- naires. Nous avons identifié de le changement qui s’impose.
destinés à la coopération au dieuses, qui coûtent bien plus nombreux problèmes et les — Pascale Schnyder
développement à des entre- cher que les ONG et poursuivent solutions formulées pour un
prises. Et, alors que la preuve de clairement un but de rentabilité contexte local peuvent parfaite-
l’efficacité de l’aide au dévelop- financière. La participation et ment se transposer à d’autres
pement confiée au secteur privé l’autonomie des bénéficiaires pays, dans les domaines du
n’a pratiquement pas été appor- font les frais de cette conception commerce des semences, deActualité 8
ÉVALUATION DES MARQUES INFORMATIQUES 2017 DROIT À L’ALIMENTATION
Le point sur la
Les conditions de travail restent dernière décennie
le grand chantier « L’ Observatoire du droit à
l’alimentation et à la nutri-
tion » publie en 2017 son 10e
numéro « Vaincre la crise
Pain pour le prochain et Action de Carême réalisent alimentaire mondiale ». Afin
leur troisième évaluation des dix premières marques de marquer ce 10e anniver-
informatiques du marché suisse. saire et faire le point sur la
dernière décennie, un lance-
ment international, co-organi-
sé par Pain pour le prochain,
Même si elle n’est pas compa- Commençons par les progrès : tamment en raison des lois adop-
a eu lieu le 19 octobre dernier
rable à tous les égards à celle de les pressions de plus en plus tées aux Etats-Unis et en Europe.
à Genève sous la forme d’une
2014, l’évaluation de cette année fortes exercées par l’opinion pu- Des progrès sont aussi à signaler
table ronde. Les panélistes
ne révèle pas moins clairement blique sur la branche de l’infor- en matière de protection de l’en-
ont débattu à la fois des causes
les principaux points noirs dans matique semblent porter peu à vironnement; HP et Apple, les
structurelles de la crise ali-
les domaines des droits du tra- peu leurs fruits. Dans le domaine deux marques qui étaient jusque-
mentaire et de la voie à suivre.
vail, des minerais des conflits et des minerais des conflits, les là en tête du classement, s’étant
La publication est disponible
de l’environnement. améliorations sont nettes, no- fixé comme objectif de n’utiliser
sur :
que des énergies renouvelables.
www.righttofoodandnutrition.
Tout n’est pas rose pour autant :
org/files/rtfanw-2017_fr.pdf
Droits du Minerais des Environ- dans le domaine des conditions
travail conflits nement de travail, les « bons élèves »,
Apple et HP, ont même régressé :
Apple la marque à la pomme a réduit
CAMPAGNE HUILE DE PALME
son engagement dans des ini
tiatives multipartites au sein Bilan positif
desquelles des entreprises, des
Dell
syndicats et des ONG œuvrent
et engagement
ensemble à l’amélioration des renouvelé
HP conditions de travail, tandis que
La campagne de politique de
HP a supprimé des mesures posi-
développement 2017 d’Action
tives qu’elle avait adoptées pour
de Carême et Pain pour le
favoriser l’auto-organisation des
Lenovo prochain demandait aux
employés et imposer des salaires
grands distributeurs suisses
de subsistance. Toutes les
de réduire le nombre de
marques examinées continuent à
Acer produits contenant de l’huile
refuser toute responsabilité en
de palme dans leurs rayons.
matière de respect des droits des
Bilan : plus de 12 300 signa-
travailleurs, préférant laisser
Samsung tures, une vidéo visionnée un
cette « patate chaude » à leurs
demi-million de fois et des
fournisseurs.
pourparlers actuellement en
Pain pour le prochain et Action de
cours avec plusieurs grands
Sony Carême interpellent les écoles et
distributeurs. Ces résultats
les universités de Suisse à ame-
nous réjouissent et notre
ner les marques informatiques à
engagement pour limiter le
Asus progresser aussi dans le domaine
phénomène de l’accapare-
des conditions de travail.
ment des terres et l’expulsion
— Pascale Schnyder
des personnes dans les zones
HTC touchées reste une de nos
AVANCÉ priorités.
www.stop-accaparement.ch
MOYEN
Huawei
INSUFFISANT
Graphique : Pain pour le prochain / Action de CarêmeDans les régions 9
CYCLE DE CONFÉRENCES ET ATELIERS DATES DES CONFÉRENCES NOËL SOLIDAIRE
Du 14 au 16
TOUT
14. NOVEMBRE 2017 - 19H
décembre à Pôle Sud
Thomas d’Ansembourg
L’intériorité citoyenne : prendre Devenu LE rendez-vous
soin de soi et du monde incontournable avant les fêtes
peut (encore) Psychothérapeute et formateur en de fin d’année, ce marché
communication non violente organisé par Pôle Sud et la
FEDEVACO est une excel-
CHANGER
28. NOVEMBRE 2017 - 19H lente occasion de faire plaisir
à vos proches, en leur déni-
Pablo Servigne chant des cadeaux originaux
Comment traverser et porteurs de sens. Profi-
l’effondrement tez-en pour partager un
Collapsologue et conférencier, chaleureux moment autour
« Entre un monde qui décline et un autre à auteur de « Comment tout peut
d’un verre ou d’une spécialité
s’effondrer »
construire se trouve une transition qu’il ne faut concoctée sur place.
pas gâcher par notre inertie », Pierre Rabhi 12. DÉCEMBRE 2017 - 19H
Les stands seront ouverts les
jeudi 14 et vendredi 15
Mathieu Labonne décembre, de 17h à 22h, et le
L’engagement citoyen par samedi 16 décembre, de 11h à
Avec le soutien de 21 partenaires, Pain pour le prochain, Action
la spiritualité 20h. Restauration et buvette
de Carême, Théofil et Pôle Sud proposent un cycle de conférences
Ingénieur et directeur du jusqu’à 00h00.
et d’ateliers avec des intervenants de renom pour explorer les mouvement Colibris Lausanne/Flon – Centre
dimensions intérieures de la transition vers un nouveau paradigme
socioculturel Pôle Sud
dans différents domaines : les mouvements citoyens, l’agriculture
23. JANVIER 2018 - 19H (Av. Jean-Jacques Mercier 3)
et l’alimentation, l’éducation, l’économie et l’écologie.
Philippe Desbrosses
Chaque conférence sera suivie d’un témoignage à travers lequel Restaurer notre lien à
un invité partagera son expérience en lien avec la thématique. la terre pour mieux nourrir
A VOIR
Les conférences seront également accompagnées d’un atelier, les humains
généralement le jour suivant la conférence, en présence de l’inter- Pionnier de l’agriculture biologique « Demain Genève »
venant, offrant un espace de rencontre pour approfondir sur et écrivain
Le film « Demain Genève »,
le sujet, expérimenter, échanger mais aussi tisser des liens avec
c’est l’histoire d’un groupe
d’autres acteurs de la transition. 27. FÉVRIER 2018 - 19H
de jeunes qui, fascinés par ce
Programme complet :
Antonella Verdiani qu’ils ont appris dans le
Inventer une nouvelle éducation documentaire « Demain », se
www.theofil.ch
Pédagogue et consultante, demandent si de telles
initiatrice de l’alliance citoyenne solutions existent près de
Page Facebook : « Printemps de l’éducation » chez eux. Ne connaissant ni
www.facebook.com/transitioninterieure
les défis environnementaux,
27. MARS 2018 - 19H économiques et sociaux
Sébastien Henry auxquels leur ville est
Remettre du sens et du souffle confrontée, ni les initiatives
au coeur du monde des affaires de la région, les amis décident
de rencontrer des experts et
Entrepreneur et écrivain
CONFÉRENCES des porteurs de projets
19h, Lausanne, Casino de durables, et vous invitent à
Montbenon, Salle des fêtes 24. AVRIL 2018 - 19H
partager leur aventure.
Suivies d’un temps d’échange
autour d’une soupe. Gauthier Chapelle L’Association Demain Genève
Se reconnecter à la toile s’est donnée pour mission
du vivant d’inspirer et d’encourager les
ATELIERS habitants à construire un
Agronome et biologiste, auteur
9h-12h, Lausanne, Pôle Sud,
de « Le vivant comme modèle » meilleur avenir pour nos
Av. Jean-Jacques Mercier 3,
En général, le jour après enfants.
laconférence.
Programme et inscriptions :
www.theofil.chA vous de jouer ! 10
QUIZ SUR L’ÉNERGIE S’ENGAGER AVEC NOUS
Quelle est notre « Sortons de l’énergie
consommation d’énergie fossile et innovons ! »
au quotidien ? « Nos autorités n’ont pas pris les
mesures courageuses qui s’im-
posent face à l’urgence clima-
Testez vos connaissances : tique et mettent en danger la san-
té de la population, en particulier
la nôtre ». Voici comment Anne
A. A partir d’un quart d’heure Mahrer résume la problématique
B. A partir de deux heures à l’origine de la création de l’as-
C. A partir de quatre heures sociation Aînées pour la protec-
tion du climat, dont elle est co-
1.
Combien d’énergie éco-
fondatrice.
C’est au mois d’août 2016 que
plusieurs femmes de la même gé-
nomise-t-on en abaissant nération, sensibles aux questions
de 1 degré la température environnementales, se sont ren-
de l’appartement ?
A. 1 %
4.
Quelle est la part
du compte que le gouvernement
avait fait beaucoup de promesses,
notamment en s’engageant dans Anne Mahrer, co-présidente
B. 6 % des transports dans l’accord conclu lors de la Confé- de l’association Aînées pour
la protection du climat et
C. 15 % les émissions de rence sur le climat de Paris ancienne conseillère nationale.
CO2 en Suisse ? (COP21), mais que la mise en
œuvre n’était pas satisfaisante.
A. 13 % Active depuis des décennies dans
B. 25 % le domaine de la protection de matière du Département fédéral
C. 34 % l’environnement, d’abord dans de l’environnement, des trans-
2.
Combien d’énergie éco-
sa commune, puis au Grand
Conseil genevois, et pour finir au
Conseil national, Anne Mahrer a
ports, de l’énergie et de la com-
munication (DETEC). Un recours
contre cette décision a été remis
nomise-t-on en cuisinant eu du mal à refuser la proposition par l’association au Tribunal ad-
avec un autocuiseur ? de prendre la coprésidence de ministratif fédéral, qui ne s’est
l’association. « Je suis encore très pas encore prononcé.
A. 20 %
B. 40 %
C. 60 %
5.
Quelle est la consomma-
motivée et j’ai encore suffisam-
ment d’énergie pour me battre
pour les générations futures ! »
Selon Anne Mahrer, si on ne
prend pas les mesures néces-
saires maintenant et qu’on ne
tion d’eau potable par Avec l’aide de juristes et en s’ins- change pas totalement de para-
jour et par habitant en pirant d’une fondation néerlan- digme, la situation deviendra ca-
Suisse ? daise qui avait déjà franchi le pas tastrophique. « Un pays riche et
avec succès, les Aînées pour la industrialisé comme la Suisse a
A. 50 litres protection du climat ont présenté une grande responsabilité et de-
3.
A partir de combien de
B. 160 litres
C. 250 litres
une action en justice au public le
25 octobre de la même année.
« Nous avons décidé de nous ba-
vrait faire beaucoup plus. Il faut
sortir de l’énergie fossile et en-
trer dans une transition énergé-
temps de non-utilisation ser sur le droit à la santé et les tique digne de ce nom. On se
vaut-il la peine de débran- problèmes qu’avaient eus les per- vante d’être un pays innovant,
cher les appareils électro- sonnes âgées, notamment les alors allons-y ! » — Tiziana Conti
ménagers qui se mettent femmes, pendant les grandes ca-
en mode veille ? nicules qui ont eu lieu depuis ainees-climat.ch
2003. »
Une année après, l’association a
reçu la réponse de non-entrée en
Solutions : 1. : B / 2. : C / 3. : A / 4. : A / 5. : B
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