Cycle III - CM1 vers CM2 Français - CM1 vers CM2 Français

 
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Cycle III - CM1 vers CM2
        Français

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Cycle III - CM1 vers CM2 Français - CM1 vers CM2 Français
Cher élève de CM1,

Ces devoirs sont très importants cette année pour que tu puisses rentrer en
classe de CM2 et entamer ton année prochaine plus facilement.

Tu dois les faire, complets et soignés proprement, sur un cahier spécial que tu
donneras à ton professeur début septembre.

Bonnes vacances...

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Cycle III - CM1 vers CM2 Français - CM1 vers CM2 Français
Séquence 1
                  Des récits divers (1)
                                          Texte

                       Les nouvelles farces de Zozo la Tornade
   Le 27 juillet, quel réveil épouvantable ! À quatre heures du matin, Lina fut
brusquement tirée de son sommeil par une souris qui lui sauta au visage. Elle fit un bond,
saisit une bûche, mais la souris était déjà cachée derrière le tas de bois, près de la
cheminée. Après cet événement, on décida d’avoir un chat dans la cuisine pendant la
nuit.
                        Zozo entendit parler de la souris et, malgré la fièvre qu’il avait
                    ce jour-là, il se dit : « Il faut que ze devance le chat. »

                          À dix heures du soir, toute la maisonnée dormait : le père, la
                       mère, la petite Ida dans sa chambre, Lina dans la cuisine, Alfred
                       dans les communs, près de l’atelier. Chacun était à sa place. Les
                       cochons étaient dans la porcherie, les poules dans le poulailler, les
                       chevaux et les moutons dormaient dehors, dans les champs. Seul
                       veillait le chat dans la cuisine.

                          « Pauvre Minou ! Tu es prisonnier ici ! Va dehors. » Et Zozo lui
                       ouvrit la porte, car il avait pitié de lui. Mais il fallait le remplacer et
attraper la souris. Zozo prit un piège à souris, y mit un petit morceau de lard, et cacha le
piège tout près du tas de bois.
   « L’idée n’est pas bonne. Si la souris aperçoit le piège, elle ne se laissera pas prendre. »

   Il se mit à réfléchir. [La souris aime se promener tranquillement dans la cuisine ; il faut
donc placer la tapette à l’endroit inattendu. Pourquoi
pas sur la figure de Lina, puisque la souris a
l’habitude ? Non, elle va encore crier et affoler toute
la maison. Et sous la table ! Justement là, parmi les
miettes …. Non ! Ne plaçons pas le piège à la place du
père car si, à défaut de miettes, elle se mettait à
grignoter l’orteil de son papa ? C’est impossible !]
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Zozo se décida enfin et laissa la tapette à l'endroit où son papa mettait les pieds. Puis,
    très fier de son idée, il alla se recoucher tout doucement.

        Il fut réveillé de bonne heure par des cris venant de la cuisine.
    « Ils sont contents ! Une souris est attrapée », pensa Zozo. À cette minute, sa mère se
    précipita dans sa chambre, le tira du lit et lui chuchota : « File à l'atelier avant que ton
    père ne sorte son orteil de la tapette, sinon ta dernière heure est arrivée. »
       Zozo était en chemise et n'avait pas encore eu le temps de s'habiller.

    «Ze veux emporter mon fusil en bois qu'Alfred m'a donné et ma cache-tête », cria Zozo.
Il saisit ses deux trésors et s'enfuit à toute allure vers l'atelier.

    C'est là qu'on avait l’habitude de l'enfermer quand il avait fait une bêtise. Sa maman qui
le suivait ferma le verrou de l'extérieur afin qu'il ne puisse pas s'échapper, et Zozo fit de
même de I‘intérieur, pour que son père ne puisse pas entrer. On était prévoyant des deux
côtés !

    Chaque fois qu'il était puni, enfermé dans l'atelier, Zozo taillait des bonshommes en bois,
et il en avait déjà 97 ! IIs étaient bien alignés sur une étagère, et Zozo pensait arriver bientôt
au centième. « Ce sera la fête, ce jour-là, et j’inviterai Alfred », se dit-il tout en taillant le
bois du 98 bonhomme. ...]

    Vers midi, alors que tout le monde s'affaire à préparer du boudin, Zozo renverse la jatte
de sang de boudin sur son père. Il est de nouveau enfermé dans l’atelier !

     Sur les ordres de la patronne, Lina prépara une belle pâte à crêpes, bien jaune et épaisse,
et la laissa reposer dans la jatte que Zozo avait renversée sur son père.

    Celui-ci, nettoyé, calmé et réconforté, partit dans les champs pour commencer à couper
le seigle, en attendant que les crêpes soient prêtes.

    Zozo fut libéré par sa mère. Il était resté si longtemps dans l'atelier qu'il devait bouger
un peu, maintenant.
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« Allons zouer au furet », proposa-t-il à sa petite sœur.

     Ils se mirent à courir l'un derrière l'autre, en essayant de s'attraper. Les deux enfants se
poursuivaient de la cuisine dans l'entrée, de l'entrée dans les chambres, des chambres dans
la cuisine, et ainsi de suite. Courir, toujours courir, à s'en faire tourner la tête. Au dix-huitième
tour, Zozo entra en courant dans la cuisine et se cogna contre Lina. Elle tenait la terrine entre
ses mains et se dirigeait vers la cuisinière pour commencer à faire les crêpes. En se cognant
contre elle, Zozo, histoire de la distraire, la chatouilla un peu, chose à ne pas faire à Lina qui
était si chatouilleuse.

        « Oh ! là ! là ! » fit Lina en se tortillant comme un ver, et elle lança la terrine en l'air.
Juste à ce moment, le papa de Zozo arrivait, mort de faim, et la terrine rebondit sur son
visage.

        « Zut alors », dit-il encore une fois (ne pouvant en dire plus),
la figure recouverte de pâte à crêpes.

        La maman de Zozo accourut, reprit, pour la troisième fois,
son fils par la main et le traîna vers l'atelier. Derrière lui, Zozo
entendit les cris de son père, d'abord assourdis par la pâte à crêpes,
mais un peu plus tard, de tout le village, on put l'entendre crier.

        De nouveau enfermé, Zozo taillait son 100ème bonhomme de bois et il n'était pas du
tout de bonne humeur. Lui qui pensait faire la fête avec Alfred à cette occasion ! Tout au
contraire, il était fou de rage. Être enfermé trois fois dans la même journée, c'en était trop
et ce n'était pas juste.

       « Ze ne peux pas m'empêcher de faire des blagues. Quel mal y a-t-il à mettre un piège
à souris ? Pourquoi faut-il que ze me trouve toujours là où il ne faut pas ? près de la terrine
de sang à boudin ou à bousculer Lina avec sa jatte de pâte à crêpes ? »

                                                     Astrid Lindgren, Les nouvelles farces de Zozo la Tornade
                                                                         © Le Livre de poche Jeunesse, 2003.

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Questions de compréhension

1. Fais la liste de tous les personnages de cette histoire.
   Qui sont-ils les uns par rapport aux autres ?
2. Précise le cadre spatio-temporel de l’histoire. (Le lieu et le temps)
3. Quel événement perturbe le calme de la maison de Zozo le 27 juillet ?
4. Que décide de faire Zozo ?
5. Où place-t-il enfin la tapette ?
6. Pourquoi Zozo se retrouve-t-il enfermé ?
7. Que fait Zozo quand il est enfermé ? Justifie ta réponse tout en citant le texte.
8. Zozo dit : « Il faut que ze devance le chat ».
   Que peux-tu dire à propos de sa façon de s’exprimer ?
   A ton avis, quel est le vrai prénom de Zozo ?
9. Zozo perçoit-il les conséquences de ses actes ?
   Relève les endroits où l’on nous indique les pensées de Zozo.
10. Zozo est-il un personnage que tu aimes bien ?
   Donne tes arguments.

                               Vocabulaire

   1- A l’aide de ton dictionnaire, donne la définition des mots suivants :
   Les communs – lard – furet – chatouilleuse – terrine.

   2- Retrouve les synonymes aux mots suivants dans le texte :
      Consolé – Sculpter – Farce – Emprisonner

                           Production écrite
      Comme Zozo la Tornade, il t’est sûrement arrivé de faire des bêtises ou de voir un
      autre enfant en faire…
      Choisis une situation dont tu te souviens.

      N’oublie pas de réinvestir le champ lexical des sensations et du bonheur. (10 à 15
      lignes)

                                                                                       6
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Connaissance de la langue

1- Relève du texte :
   a- Une phrase déclarative
   b- Une phrase interrogative
   c- Une phrase exclamative
   d- Une phrase injonctive

2- Transforme la phrase suivante en une phrase interrogative de 3 manières
   différentes :
   Les cochons étaient dans la porcherie.

3- Mets les phrases suivantes à la forme affirmative ou négative selon le cas :
     a- Elle va encore crier.
     b- Ne plaçons pas le piège à la place du père.
     c- Je ne fais jamais de blagues.
     d- Zozo entend déjà les cris de son père.

4- Relève les verbes conjugués dans le passage mis entre crochets dans le texte et
   complète le tableau suivant :

        v. conjugué          infinitif               Groupe

5- Donne la nature et la fonction des mots soulignés :
   Sur les ordres de la patronne. Lina prépara une belle pâte à crêpes, bien jaune et
   épaisse, et la laissa reposer dans la jatte que Zozo avait renversée sur son père, ce
   matin.

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Activités loisirs

Zozo, le farceur, t’envoie des blagues et des devinettes :
Les blagues de Zozo la Tornade :
  Une maman dit à une autre maman :
  Moi, mon bébé marche depuis 3 mois
  Et l'autre lui répond : Waouh, il doit être loin maintenant.
     Accident de trottoir :
 -    Dis papa, t’as vu la voiture ?
 -    Oui oui                         uigbrxbe
 -    Dis papa, t’as vu la moto ?
 -    Oui oui
 -    Dis papa, t’as vu la …
 -    OUI…
 -    Alors pourquoi tu as marché dedans ?
     L’escargot :
      La mère d’un escargot dit à son fils :
      Fais attention le bus passe dans deux heures !

Les devinettes de Zozo la Tornade :

     a- Quel est le début de l’éternité et quelle est la fin du monde ?
     b- Comment peut-on écrire vert avec un feutre rouge ?
     c- Qu’est ce qui est blanc en l’air et jaune en redescendant ?

                                                                          8
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Séquence 2
                       Des récits divers(2)
                                              Texte

                                         Catastrophe
      “Aaaaaaaaaaaaaahhhh !!”

        Le hurlement de Christophe Pimpan éclate à travers la maison de couture. Dans
l’atelier, les « petites mains » sursautent ; la coupeuse lâche ses ciseaux ; une apprentie
couturière se pique le pouce avec une aiguille ; un mannequin crie : « Hou ! j’ai peur ! » Les
dessinateurs sortent en hâte de leur bureau vitré!

       Pimpan jaillit hors de la pièce, l’air affolé. Il hurle : « C’est affreux, c’est épouvantable !
Venez voir ! Vite, venez tous ! ». Le petit homme
au crâne chauve s’agite avec la frénésie d’un chat
de dessin animé poursuivi par une méchante
souris. La maisonnée se précipite, s’engouffre dans
le bureau, se bouscule pour voir, pour savoir.
Rouge d’émotion, piétinant de rage, le couturier
braque un index qui tremble vers l’écran d’un
téléviseur ou apparait une dame vêtue d’une robe
jaune. Il glapit :

       « Regardez ! Regardez-moi ça ! C’est notre « Bouton d’or » ! C’est mon « bouton
d’or » ! Une robe signée Christophe Pimpan ! »

     Des exclamations fusent. La première main s’écrie : « Mais oui ! c’est bien notre
modèle ! La même forme, le même tissu, la même couleur…

   - Et maintenant, là…Ce tailleur bleu à rayures blanches…notre « joyeux matelot ».
     Toute notre collection, je vous dis ! Toute la collection de haute couture Christophe
     Pimpan !
     L’un des dessinateurs questionne fébrilement le patron :

   « Mais qui ? qui donc, qui présente cette collection ?
                                                                                                    9
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- Brigantini. Notre concurrent. Notre rival jusqu’à présent. Mais maintenant qu’il a
     copié nos modèles, il est devenu notre ennemi mortel ! » Epuisé par l’émotion,
     Christophe Pimpan se laisse choir sur son fauteuil tournant. Il tire une pochette de
     soie portant sa griffe brodée, éponge son front ruisselant.

       Il soupire :
       « Ah ! quel coup de cœur ! Brigantini a volé tous mes modèles ! Et il a l’infernal toupet
de les présenter trois jours avant nous, pour torpiller notre collection ! Tout notre travail
par terre ! Une saison complètement perdue ! Sans compter ma réputation…Je ne peux plus
sortir mes robes, maintenant ! C’est moi qui aurais l’air d’avoir copié sur lui ! Ah ! Le bandit !
Ah ! L’affreux ! Il faut qu’on le prenne, qu’on le couse dans un sac de cachemire et qu’on le
jette à la Seine. Ah ! j’étouffe ! Qu’on me donne à boire ! »

      Dans tout l’atelier, c’est la désolation. Les couturières poussent des cris lamentables,
les mannequins gémissent, soupirent ou pleurent avec l’abondance du Niagara, la première
main tord les siennes en sanglotant…

       Mais Christophe Pimpan se ressaisit, appuie sur le bouton d’un interphone.

       « Lahury, venez immédiatement !

   - Bien, maître. »
      Lahury est le secrétaire de Christophe Pimpan. C’est un grand jeune homme, mince
qui regarde le monde d’un ton rêveur. On pourrait lui faire éclater une bombe atomique
sous le nez sans l’émouvoir.

       « Vous m’avez demandé, maître ?

   - Oui Lahury. Le couturier Brigantini vient de me voler la collection d’automne.
   - Bien, maître. »
     La nouvelle le laisse aussi froid qu’un pingouin congelé. Christophe Pimpan précise :

       « Voici, ce qui a dû se passer. Par un moyen que j’ignore, mais qu’il faudra découvrir,
       Brigantini s’est procuré les dessins de nos robes et les a fait confectionner à toute
       vitesse pour pouvoir les présenter avant nous.
   -   Sans doute, maître….
   -   Que faut-il que je fasse ?
   -   Prévenir la police ?
   -   Non ! Tout le monde serait aussitôt au courant. Les journalistes, la radio, la télé…
   -   Non, non ! Je veux que l’enquête, puisqu’il en faut une, se fasse avec le maximum de
       discrétion.
                                                                                               10
- Cependant monsieur Pimpan, il faudra bien que vous trouviez une explication pour
  justifier l’ajournement de votre propre présentation ? »
  Pimpan soupire :

« C’est vrai. Il va falloir que je refasse tout et que j’explique ce retard…. Il me faut des
résultats rapides, Lahury ! Vous m’entendez ?

    Est-ce que vous ne connaîtriez pas une agence de détectives privés ? »

   Lahury réfléchit une seconde, lève vers le plafond ses yeux globuleux en se caressant
le menton, puis répond :

   « Je crois que j’ai beaucoup mieux que ça. Il existe quelqu’un qui pourrait
certainement vous débrouiller cette affaire, rapidement et discrètement. Quelqu’un
dont vous avez déjà entendu parler, lorsqu’une de vos clientes a perdu son diamant… »

    Le couturier sursaute, fait claquer ses doigts.

    « J’y suis ! Vous voulez parler de Fantômette ?
-   Oui maître.
-   Sûrement, elle peut me tirer d’affaire. Passez-lui un coup de fil, vite !
-   J’ignore son numéro de téléphone…
-   Alors, débrouillez-vous ! Faites sortir ma voiture et allons tout de suite trouver cette
    Fantômette. Hop ! au galop ! »

                                                                               Georges CHAULET,
                                                               Fantômette et le masque d’argent,
                                                                   Bibliothèque rose ». Hachette.

                                                                                              11
Questions de compréhension
   1. Qui est Christophe Pimpan ?
   2. Relève les mots et les expressions qui montrent que Pimpan est bouleversé.
   3. Quel est le problème de Pimpan ? Justifie tout en citant le texte.
   4. Pourquoi parle-t-on d’« une abomination » ? Explique.
   5. Pourquoi Christophe dit-il que la saison était perdue ?
   6. Quel sentiment prédomine dans tout l’atelier ? Justifie ta réponse.
   7. Alerté, comment le secrétaire du célèbre couturier réagit-il ?
   8. Pour quelle raison, Pimpan refuse-t-il d’avertir la police ? Justifie ta réponse tout en
      citant le texte.
   9. Après mûre réflexion, que propose Lahury à Pimpan ?
   10. À ton avis, qui est Fantômette ?

                                   Vocabulaire

   1- Donne un synonyme aux mots suivants :
      Prévenir - Affreux

   2- Donne un antonyme aux mots suivants :
      Impardonnable - Ignorer

                              Production écrite
Christophe Pimpan arrive à Framboisy, s’engage dans l’avenue des Roses et s’arrête devant
un coquet pavillon moderne.
Il descend de sa Cadillac et appuie sur le bouton de sonnette.
C’est alors que Fantômette lui ouvre la porte, le sourire aux lèvres.
Rédige la suite.

                                                                                             12
Connaissance de la langue

1- Souligne les sujets dans le passage suivant et donne la nature de chaque sujet
   souligné :
   Les arpètes poussent des petits cris lamentables, les mannequins gémissent,
   soupirent ou pleurent. On sanglote et Christophe perd connaissance.

2- Repère les verbes conjugués dans le passage ci-dessus et complète le tableau
   suivant :

        v. conjugué          infinitif                groupe

3- Mets au pluriel. Fais attention à l’accord.
   L’homme jaillit hors de la pièce, se ressaisit, appuie sur le bouton d’un interphone et
   d’un seul coup sort de ses gonds en hurlant.

4- Donne la nature et la fonction des mots soulignés :
   Lahury réfléchit une seconde, lève vers le plafond ses yeux globuleux en se caressant
   le menton puis il répond.

                                                                                        13
Activités loisirs

Christophe Pimpan n’a pas encore colorié ses créations.
Amuse-toi bien !

                             uigbrxbe

                                                          14
Séquence 3
               Des récits mythologiques
                                             Texte

                                  La révolte des Géants
   Saturne gouvernait en maître absolu sur l'univers, dévorant ses propres enfants pour
éviter d'être un jour détrôné par sa femme Rhéa, parvint néanmoins à sauver Jupiter qui
combattit Saturne et les Titans, et s'empara du pouvoir. Fils des Titans, les Géants, monstres
de taille énorme et d'aspect effroyable, se révoltèrent à leur tour contre le souverain des
dieux.
    JUPITER, en détrônant son père Saturne, avait donné un bien mauvais exemple. Sans
doute avait-il pu apaiser ses deux frères et complices Neptune et Pluton en partageant avec
eux l'empire du monde : il s'était réservé le ciel, avait attribué à Neptune la mer et toutes
les eaux, à Pluton les Enfers. Mais ses cousins germains, les Géants, fils innombrables des
Titans, formèrent contre lui un très vaste complot.
                                                             Ces Géants, d'une taille, d'une force
                                                          extraordinaire, doués les uns de la
                                                          forme humaine, les autres de jambes
                                                          et de pieds en forme de serpents,
                                                          s'unirent tous pour le renverser. Ils
                                                          n'étaient vulnérables qu'à condition
                                                          d'être tués à la fois par un dieu et par
                                                          un mortel. Encore pouvaient-ils guérir
                                                          de leurs blessures, même funestes, s'ils
                                                          appliquaient sur leurs plaies une herbe
magique, qui poussait dans un coin désertique du Hoggar, en Afrique du Nord. Jupiter, dès
qu'il sut que les Géants préparaient contre lui la guerre, interdit au Soleil et à la Lune
d'éclairer la terre pendant le jour et la nuit et, à la faveur des ténèbres, réussit à cueillir lui-
même l’herbe magique, privant d'elle ainsi les Géants. Comme on disait aussi que certains
Géants demeuraient immortels tant qu'ils étaient sur terre, il résolut d'attendre qu'ils aient
pris l'offensive pour les tuer dans les airs. [..]

                                                                                                 15
Armé du foudre, assisté de Neptune, et aussi de Junon, de Minerve, de Vénus, d'Apollon,
de Mars, de Mercure, de Vulcain, et d'Hécate et même de Cupidon, le fils ailé de Vénus, il
obtint le concours, qu'il savait nécessaire, de deux-héros mortels, Bacchus aux torches
puissantes, et Hercule, aux flèches infaillibles, qu'il fit monter tous deux sur son char de
diamant.
   Pour s'approcher des hauteurs célestes, les Géants entassèrent montagne sur montagne,
l'Ossa sur le Pélion et l'Olympe sur l'Ossa, puis lancèrent leurs fusées-bolides, grands arbres
incendiaires, et surtout de gros blocs de pierre, qui retombaient tantôt dans la mer en y
formant des îles, et tantôt sur la terre, où ils se fichaient durs et hauts.

   Mais que peuvent-ils contre Jupiter, le souverain des dieux, contre Hercule, le plus
puissant des demi-dieux, et contre toutes les autres divinités du ciel, les Géants réunis ?

    Tous périrent un à un, même Typhon, même Encelade, même Otus, même Polybotès.
Typhon, mi-homme, mi- fauve, surpassait par la taille et la force tous les Géants, ses frères.
Plus haut que toutes les montagnes, il heurtait quelquefois de sa tête les étoiles. Étendait-il
les bras, il touchait de l'un l'Orient et de l'autre le Couchant. Son corps avait des ailes, ses
yeux lançaient des flammes. Cent vipères, sifflantes et venimeuses, ceignaient ses cuisses
et ses jambes puissantes. Quand il monta à l'attaque du ciel, sauf Jupiter, Hercule et
Minerve, tous les dieux, frappés d'épouvante, s'enfuirent dans le désert d'Egypte et se
dissimulèrent sous des formes de bêtes ou d’oiseaux ; Vulcain prit celle d'un bœuf, Bacchus
d'un bouc, Hercule d'un ibis, Apollon d'un milan, Mars, affolé, celle d'un poisson rouge qui
se cacha dans les eaux du Nil. Jupiter, Hercule et Minerve lui tinrent, seuls, tête [...]. Jupiter,
emporté par la colère, commit l'imprudence de descendre de son char et, dans un corps à
corps, fut blessé à une jambe et perdit son harpon, avec lequel put s'enfuir Typhon.

   Fort heureusement, Mercure, l'ibis, veillait et put voir Typhon se cachant sous une peau
d'ours. Il le rapporta à Jupiter, qui remonta sur son char au ciel pour frapper de son foudre
Typhon. Le Géant, qui s'enfuyait devant lui, essaya de lancer une contre-attaque, à coups
                                                                                                16
de masses rocheuses, contre le char ailé. Jupiter à coups de foudre fit retomber sur lui ces
rochers qui le blessèrent […]. Ce fut la fin du monstre.
   L'Etna, lui, fut le tombeau d'Encelade. Cet autre Géant qui avait cinquante têtes et cent
bras trouva devant lui Minerve. La déesse, dans la mer de Sicile, le foudroya.

   Comme il remuait encore de trente-six têtes et de
soixante- douze bras, elle renversa sur lui l'Etna en
éruption, l'Etna qui lançait vers le ciel des fumées sombres,
des cendres incandescentes et des globes de flammes ou
qui projetait en hoquetant des rochers tirés de ses
entrailles. Le Géant mit longtemps, très longtemps à
mourir, et la légende rapporte que, chaque fois qu'il se
retournait sur son flanc fatigué, la Sicile tout entière
tremblait d'un long murmure et le ciel se couvrait
d'obscurcissantes vapeurs. [...]

   Polybotès n'eut pas un meilleur sort. Après une tentative manquée contre le ciel,
poursuivi par Neptune et rattrapé dans l'ile de Cos, le dieu des Ondes détachant de cette île
un grand morceau de montagne l'écrasa en pleine mer, formant ainsi l'île de Nisyros.

   Faut-il parler aussi du Géant Hippolyte, que Mercure, affublé d'un casque de Vulcain qui
le rendait invisible, tua aussi dans une île ? de Mimas, que Vulcain massacra avec des
projectiles de fer rougis au feu ? de Clytios, qu'Hécate embrasa à coups de torches ?
d'Emytos, percé par le thyrse de Bacchus ? d'Alcyonien enfin, le plus grand de tous, qui,
lançant un énorme rocher, écrasa d'un seul coup vingt compagnons d'Hercule, et que le
demi-dieu réussit à percer d'une flèche mortelle au cœur |...
                                                                            Maurice RAT et Clément BORGAL,
                                 La révolte des Géants dans Belles histoires de la mythologie. Droits réservés.

                                                                                                            17
Questions de compréhension

 1. Qui est Jupiter ?
 2. Comment s’empare-t-il du pouvoir ?
 3. Qui sont les Géants ?
    Que cherchent-ils ?
 4. Pourquoi Jupiter interdit au Soleil et à la Lune d’éclairer la terre ?
 5. Dans cette guerre, qui s’affronte ? Qui sort vainqueur ?
    Justifie ta réponse.
 6. Par quel moyen les Géants parviennent-ils à s’approcher des divinités du ciel ?
 7. Quelles sont les trois conditions à réunir pour tuer un Géant ?
    Cite le texte.
 8. D’après cette légende, quelles îles se sont formées et comment se sont-elles formées ?
 9. Quelle est la cause d’un tremblement de terre en Sicile ?
   Justifie ta réponse.

                                   Vocabulaire
   1- Complète le tableau suivant :
         Nom                        Verbe                       Adjectif
         Jour
                                  Révolter
                                                              Désertique
          foudre
                                                                Mortel

   2- Quel est le champ lexical prédominant dans ce texte ?
      Relève les expressions et les mots qui le montrent.

                              Production écrite
Jupiter, fils de Saturne, combat les Géants qui voulaient le renverser.
Décris-le physiquement et moralement.
N’oublie pas de réinvestir le champ lexical de la mythologie.

                                                                                        18
Connaissance de la langue
1- Relève du texte :
   Deux COD (GN – Pr pers)
   Deux COI (GN)
   Un COS

2- Souligne les CO dans les phrases suivantes et précise de quel CO il s’agit.
   Remplace les CO soulignés par des pronoms personnels.
   a- Il heurtait les étoiles.
   b- Jupiter attribue la mer à Neptune.
   c- Hercule perce le cœur de son ennemi.
   d- Jupiter parle à Rhéa, sa femme.

3- Mets les verbes du texte ci-dessous au futur.
   Il heurtait de sa tête les étoiles. Étendait-il les bras, il touchait de l’un l’Orient et de
   l’autre le Couchant. Son corps avait des ailes, ses yeux lançaient des flammes. Cent
   vipères ceignaient ses jambes et ses cuisses.

4- Mets les verbes du passage suivant à l’imparfait.
   Jupiter (commettre) des imprudences. Il n’(être) pas très vigilant. Ses ennemis
   l’(attendre) et le (guetter) de loin.
   Ils (préparer) sa chute.
   Souvent, Jupiter (blesser) sa jambe et (perdre) son harpon.

5- Quelle est la valeur de l’imparfait dans les phrases suivantes ?
   a- Les Géants étaient d’une force extraordinaire.
   b- Saturne gouvernait en maître absolu.
   c- Chaque nuit, il veillait devant l’entrée de sa caverne.

6- Donne la nature et la fonction des mots soulignés :
   Jupiter se réservait le ciel et attribue la mer à Neptune.
   Il la lui accorde sans hésitation.

                                                                                            19
Activités loisirs

Les mots croisés des Dieux grecs

                                     uigbrxbe

Verticale
a- Moitié homme moitié taureau
b -Caniche des Enfers
c- Déesse de la chasse
d- Déesse de la sagesse
e -Dieu de la lumière et de la musique
f -Dieu des Enfers
Horizontale
1- Dieu du ciel
2 -Dieu du vin et de la fête
3 -Dieu de la mer
4 -Dieu de la métallurgie
5 -La plus jalouse des déesses
6 -Anciens dieux enfermés au Tartare
7 -Dieu de la guerre
8 -Monsieur muscle de la mythologie
9 -La plus belle des déesses
10-Dieu avec des ailes aux pieds

                                                   20
Devinettes :

Je suis un animal ailé et je
suis originaire de la Grèce.
Je ressemble à un cheval.
Qui suis-je ?

J’ai une tête et une
poitrine de femme,
J’ai un corps de lion,
une queue de dragon et
des ailes d’aigle.
Qui suis-je ?

                               21
Séquence 4
                         Le conte détourné
                                        Texte

                               Le septième petit chevreau

       Deux jours plus tard, quand la mère de Polly partit faire les commissions, elle oublia
sa clé pour de bon. Et Polly entendit une voix qui criait :

      « Polly ! Descends m’ouvrir ! J’ai oublié ma clé, et je suis très
chargée !
   - Oh non ! dit Polly la futée, en riant doucement. Pas question, tu
      m’as déjà fait le coup deux fois !
   - Dépêche-toi ! J’ai des œufs dans un sac qui se déchire, ce filet à
      provisions me coupe les doigts !
   - Va-t’en mon loup ! dit Polly. Je suis occupée, je n’ai pas envie de
      jouer avec toi ce matin !
   - Polly ! cria la voix, très en colère. Ouvre cette porte tout de suite
      ou ça va barder. »

   Puis on entendit un curieux craquement. Polly descendit l'escalier quatre à quatre et
regarda par la fenêtre. Elle vit sa mère sur le perron. Celle-ci avait l'air furieuse. Des œufs
étaient cassés devant ses pieds. Polly ouvrit aussitôt.

    « Il faut que j'y retourne, dit sa mère. Je n'ai pas fini les commissions. Quand je rentrerai,
j'espère que tu m'ouvriras plus vite que ça !» Aussi, dès que la sonnette retentit à nouveau,
Polly se précipita pour ouvrir tout de suite, sans poser de questions, ni regarder par la
fenêtre. Et le loup entra dans la maison. Il portait une paire de gants blancs. Polly ne prit pas
le temps d'admirer les gants. Elle se rua dans le salon, ouvrit la porte de l'horloge et se cacha
dedans.

   Le loup la suivit sans se presser ; il alla droit vers l'horloge et l'ouvrit sans hésiter,
découvrant une Polly toute tremblante.

   « Sors de là, dit-il d'une petite voix douce. Au diable ce miel !»

                                                                                               22
II le cracha par terre et continua d'une grosse voix rauque :

« Voilà qui est mieux. Sors de là !»

Polly avait très peur, mais elle n'allait pas se laisser faire comme ça.

« Tu vas me manger, loup ? demanda-t-elle.
- Cette question ! Bien sûr ! répondit-il.
- Comme le septième petit chevreau ?
- Exactement comme ça ! Sauf que je vais mieux t'apprécier vu que je n'ai pas mangé
   les six autres avant toi !
- Mon loup, dit Polly, as-tu lu toute l'histoire ?
- J'ai lu jusqu'au moment où il mange les six petits chevreaux c'est tout, dit le loup. La
   suite ne m'intéresse plus !
- Alors, tu ne sais pas ce qui est arrivé à ce loup ? Tu
   ne sais pas ce qui va t'arriver si tu me manges ?
- Non, non, dit le loup. Si tu veux me le dire, dis-le-
   moi vite ! J'ai très faim !
- Je vais faire vite, alors, promit Polly. Mais il vaut
   mieux que tu saches exactement ce qui va
   t'arriver, non ? La maman chèvre savait très bien
   ce qui était arrivé à ses six petits chevreaux, aussi
   quand elle trouva le loup endormi, elle lui ouvrit le
   ventre avec ses grands ciseaux, elle fit sortir ses six
   enfants ; puis elle mit six grosses pierres à leur
   place dans le ventre du loup, avant de le recoudre
   avec une aiguille et du fil.
- Oh là là ! s'écria le loup. J'imagine qu'elle lui avait
   fait une piqûre pour l'insensibiliser, ajouta-t-il
   après réflexion. Pour qu'il ne sente rien, quoi...
- Ça m'étonnerait beaucoup, répondit Polly.
- Je me demande si la blessure lui faisait encore mal
   quand il s'est réveillé ? dit le loup.
- Il y a des chances ! dit Polly.
- Dis donc, Polly, ta mère a-t-elle de grands ciseaux?
- De très grands ciseaux pour couper la haie.
- Et des aiguilles ? Et du fil ?
- De grosses aiguilles de tapissier et du fil très
   solide, tout rugueux comme de la ficelle.
- Si seulement j'étais sûr de ne pas m'endormir après le repas... murmura le loup entre
   ses crocs. Bon, allez, salut, Polly ! A la prochaine ! dit-il en s'en allant. Bien le bonjour
                                                                                             23
à ta mère ! Je ne peux pas l'attendre, malheureusement, il faut que je file tout de
      suite ! Au fait, tu peux sortir de cette horloge ! » cria-t-il en claquant la porte d'entrée.
  Puis Polly entendit un bruit de langue sur le perron. Et le loup qui parlait tout seul.
  « Des œufs ! se disait-il. Quelle bonne idée ! Miam-miam... Hum Faute de Polly, c'est
toujours ça de pris !
                                                     Catherine STORR Polly la futée et cet imbécile de loup
                                                   Traduit de l'anglais par Xavier Seguin (Fernand Nathan)

                    Questions de compréhension
   1. Pourquoi Polly n’ouvre pas la porte à sa mère au début du texte ?
   2. Pourquoi finit-elle par lui ouvrir la porte ?
   3. La deuxième fois, Polly ouvre la porte sans même y penser. Pourquoi à ton avis ?
   4. À la vue du loup, que fait Polly ?
   5. Comment Polly savait-elle que le loup allait la dévorer ?
   6. Quelle question Polly pose-t-elle au loup ? Et pourquoi ?
   7. Que raconte Polly au loup ? Dans quel but le fait-elle ?
   8. Pourquoi le loup a-t-il eu peur ? Justifie ta réponse.
   9. Que fait le loup à la fin du texte ? Justifie ta réponse.
   10.Quel est le titre du conte original qui est détourné dans ce récit ?
   11.Quels éléments de ce conte connu retrouves-tu ? Quels changements remarques-tu ?

                                     Vocabulaire

   1- Ajoute un préfixe aux verbes suivants pour avoir de nouveaux mots.
      Ecris une phrase avec le mot obtenu.
      Faire - Laisser

   2- Complète le tableau suivant :
          Nom                       Verbe                            Adjectif
                                Poursuivre
        question
                                                                       blanc
                                                                       long
                                      admirer

   3- Relève le champ lexical de la « couture ».

                                                                                                        24
Production écrite
Le loup est crédule et n’arrive pas à manger Polly la futée. La petite fille devine à chaque fois
ses ruses. Mais il va entrer dans la chambre de Polly pour la dévorer grâce au haricot géant.
Rédige ton récit tout en réinvestissant le vocabulaire du conte détourné (15 à 20 lignes).

                  Connaissance de la langue
   1- Souligne les adjectifs dans ce passage :
      Puis on entendit un curieux craquement. La petite Polly descendit le long escalier et
      regarda par la fenêtre ouverte. Elle vit sa mère. Celle-ci avait l’air furieuse et très
      fatiguée.

   2- Mets au pluriel le groupe souligné et fais les changements nécessaires :
      La petite fille n’a pas eu peur du grand méchant loup. Elle a cherché le livre des sept
      petits chevreaux et a relu toute l’histoire. Elle a su que se cacher dans l’horloge sera
      la meilleure solution.
      « Je vaincrai le loup » dit-elle fière d’elle-même.

   3- Conjugue les verbes au passé composé :
      La sonnette (retentir) à nouveau. Polly (se précipiter) pour ouvrir tout de suite, sans
      poser de questions ou regarder par la fenêtre. Et le loup (entrer) dans la maison. Il
      portait une paire de gants blancs. Polly n’(prendre) pas le temps d’admirer les gants.
      Elle (se cacher) dans l’horloge.

   4- Donne la nature et la fonction des mots soulignés :
      La maman chèvre était très intelligente. Elle savait bien ce qui était arrivé à ses petits
      chevreaux. Elle ouvrit le ventre du loup avec ses grands ciseaux et fit sortir ses petits.
      Le loup restait ensommeillé.

                                                                                              25
Activités loisirs

Aide Polly à retrouver son chemin.

                      uigbrxbe

                                     26
Quel Micmac !
Dans ce fouillis de cordes,retrouve celle à laquelle Polly est attachée et celle qu’elle
tient par erreur.
Fais vite de l’aider avant l’arrivée du grand méchant loup.

                                                                                      27
Séquence 5
                                 Le théâtre
                                           Texte
                                 Le château de l'oubli
Quand la scène commence, la princesse Agathe, coiffée à la diable et vêtue de haillons, est
assise en train d'éplucher des pommes de terre avec un mauvais couteau, sur une table où
s'amoncellent des chaussures à cirer, de la vaisselle sale, du linge à repasser...

                                            AGATHE
    - Aïe ! Je me suis encore coupée ! Le roi fait exprès de me donner le couteau le plus
       émoussé du château...
Elle se lève en suçant son doigt blessé, et marche
jusqu'au soupirail, où elle se hisse sur la pointe
des pieds pour apercevoir un bout de ciel.

                     AGATHE
    - Mon Dieu, le soleil est déjà haut ! Brutus ne
       va pas tarder à venir voir si j'ai fini...
Elle jette un coup d'œil au travail qui l'attend sur
la table, et se rassoit pour continuer son
épluchage.

                     AGATHE
   - Et toutes ces chaussures, quelle horreur !
      Chaque jour, il y en a davantage ! Ce n'est
      pas lui qui salit tout ça : il n'a que deux
      pieds, comme tout le monde ! Mais il me
      fait décrotter les souliers de tous ses
      soldats, et même de tout le village !
Accablée, la princesse ne peut se retenir de pleurer. Elle sort de sa poche un mouchoir et se
tamponne les yeux.

                                         AGATHE
   - J'étais si heureuse chez mes gentils parents ! Où sont-ils maintenant ? Ils doivent me
     chercher partout, certainement. Ils ne peuvent pas se douter que cette vieille brute
                                                                                           28
de roi Brutus m'a enlevée et me tient enfermée ici. Je ne sais même plus combien de
      jours sont passés dans ce maudit cachot où je ne vois jamais le soleil. Malheur : le
      voilà qui arrive !

On entend des pas lourds et des bruits de métal. La porte s'ouvre. C'est le roi Brutus. Barbu,
moustachu, chevelu, sa couronne sur la tête et traînant les pieds dans ses grandes bottes,
vêtu ď une longue robe de chambre et ceint d'une corde chargée de trousseaux de clés, il
s'approche de la princesse, sourcils froncés.

                               BRUTUS (l’air menaçant)
   - Alors, petite malheureuse, as-tu fini ton ouvrage du matin ?

                                       AGATHE
   - Comment pourrais-je avoir fini en deux heures toute la besogne dont vous
     m’accablez, Messire ? Dix servantes en pleine santé n'en viendraient pas à bout en
     une journée !

                                        BRUTUS
   - Tais-toi, tête de bois ! Ton malheur ne dépend que de toi ! Il suffit que tu dises un
     mot, un seul, et tu auras toutes les servantes du château à tes pieds pour faire tes
     trente-six volontés… Le mot, c'est oui. Et tu vas me le dire, là, tout de suite : veux-tu
     m'épouser ? Dis oui.

                                      AGATHE
   - Mais non, voyons ! Je ne vous aimais déjà pas le jour où vous m'avez enlevée,
     comment pourrais-je changer d'avis maintenant que je connais votre méchanceté ?

                                      BRUTUS
   - Rrrraaaahhhhh ! Maudite gamine, entêtée comme trente-six mulets ! Mais pourquoi
     est-ce que tu ne veux pas m'épouser ?

                                           AGATHE
   - Je vous l'ai déjà dit trente-six fois : j'ai promis mon cœur au prince Jean, si doux, si
     gentil, si élégant, avec son regard d'ange...

                                      BRUTUS (furieux)
   - ... et son beau cheval blanc ! Je connais ton couplet par cœur.
     N'ajoute pas un mot ou je t'ajoute le dégraissage de mes friteuses, l'astiquage de mes
     armures, le rafistolage de mes caleçons, et la dératisation à fond !

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AGATHE
   - Ça m'est bien égal, je préfère mourir que de renoncer à mon amour pour le prince
     Jean !

                                       BRUTUS
   - Mais tu ne me trouves pas beau. Regarde, j’ai mis ma couronne d'apparat et ma robe
     de chambre en cachemire pour toi.
   -

                                       AGATHE
   - Vous pouvez mettre tous vos bijoux, vous serez toujours plus laid qu'un caillou, qu'un
     hibou, qu'un chou, qu'un genou, et même qu'un pou !

                                           BRUTUS
   - Méfie-toi, tu me rends furibard et mes nerfs ne sont pas en bois !
      Pour ta peine, tu vas me finir tout ton ouvrage dans le quart d'heure, sinon gare à toi!
Le roi furieux s'en va en claquant la porte. A cet instant, on entend un sifflement en
provenance du soupirail. Puis une petite voix qui appelle.

                      LA VOIX (off)
   - Dddrrrr princesse Agathe !

                          AGATHE
  - Holà ! Qui est là ? Qui m'appelle ?
Agathe se lève et va au soupirail.

                        LA VOIX (off)
   - C'est moi, je suis l'oiseau-coursier. J’ai volé par-dessus tous les murs pour t'apporter
     une bonne nouvelle ! Le prince Jean a demandé aux meilleures fées du royaume de
     préparer un plan pour te sortir d’ici !
                                                          Fanny JOLY, Les Trois Coups : 6 pièces à lire,
                                                                  à dire et à jouer pour rire, ©F. Joly.

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Questions de compréhension
1. Qui est Agathe et que fait-elle chez Brutus ?
2. Quels genres de travaux Agathe accomplit-elle au château ?
3. Pourquoi Agathe pleure-t-elle amèrement quand elle se rappelle ses parents ?
   Justifie ta réponse.
4. Qui est Brutus ? Comment te parait-il ?
5. Comment appelle-t-on les passages en italique ? Que montrent-ils ?
6. Comment Brutus traite-t-il Agathe ? Justifie ta réponse.
7. Quel est le problème entre Agathe et Brutus ? Justifie ta réponse.
8. Pour quelle raison Agathe refuse-t-elle l’amour de Brutus ?
9. De quoi le roi Brutus menace-t-il Agathe ?
10.Que vient dire l’oiseau-coursier à Agathe ?
11.A ton avis, quelle serait la réaction d’Agathe après avoir entendu le messager de son
   bien-aimé ?

                               Vocabulaire
1- Ajoute un préfixe et un suffixe aux mots suivants :
   Nouvelle – Beau – Couronne – Couper

2- Complète le tableau suivant :

       Nom                       Verbe                      Adjectif
                                éplucher
      Horreur
                                                             vieille
                                                              laid
      monde

                             Production écrite
   Rayonnant de joie, le prince Jean vient d’avoir la promesse de la fée Félicita qui va
   tout faire pour ramener la princesse Agathe à ses côtés.
   Raconte tout en rédigeant un récit de 20 à 25 lignes.
   N’oublie pas d’utiliser un vocabulaire riche et varié.

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Connaissance de la langue
1- Souligne les compléments circonstanciels et indique pour chacun la circonstance
   qu’il précise :
   a- Chaque jour, il y en a davantage !
   b- Elle regarde discrètement le travail qui l’attend sur la table.
   c- Quand le roi Brutus est parti, la princesse pleure amèrement devant la porte
      fermée à double tour.
   d- Soudain, du soupirail, Agathe entendit la voix du messager.

2- Recopie les phrases tout en mettant les verbes entre parenthèses au passé
   composé :
   a- La princesse ne peut se retenir de pleurer. Elle sort de sa poche un mouchoir et
      tamponne ses yeux.
   b- On entend des pas lourds et des bruits de métal.
   c- Ils connaissent le couplet de la princesse par cœur.
   d- Tu mets ta couronne d’apparat !

3- Donne la nature et la fonction des mots soulignés :
   Brutus enferme la princesse Agathe depuis des jours dans son château.
   Cette vieille brute la traite méchamment. Il ne lui demande qu’une seule chance.
   Mais malheureusement, la ravissante princesse est déçue et désenchantée.
   Sûrement, elle ne va pas la lui donner.

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Activités loisirs
Agathe a beaucoup changé.
Elle n’a plus peur de Brutus et attend avec impatience sa liberté.
Du matin jusqu’au soir, elle ne fait que s’amuser avec les mots
cachés.

                                     uigbrxbe

                                                                     33
Retrouve les sentiments cachés de Brutus :

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