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N° 19 www.levifweekend.be
NUITÉE INSOLITE DANS UNE 2e cahier du Vif/L’Express n°19
du 13 au 19 mai 2021
MAISON D’ARCHITECTE Le Vif Weekend (ISSN 0774-3491),
13 mai en vente chaque semaine avec
2021 Le Vif/L’Express et Focus Vif
IN T É R IE UR
SWEET SIXTIES
Rénover un bungalow des années 60 tout en veillant à conserver
son âme, c’est le pari réussi de ce couple. Un projet qui l’a amené
à quitter la frénésie anversoise pour la paisible campagne,
à Bonheiden.
Texte Thijs Demeulemeester
Photos Jan Verlinde
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Page précédente : Sous les époque que le bungalow,
panneaux en bois d’origine, renforce l’ambiance des lieux.
les architectes ont découvert A l’avant-plan, une chaise
un plafond en béton, qui a été longue de Geoffrey Harcourt
peint en blanc pour agrandir pour Artifort. La salle à manger
l’espace. est de Jean Prouvé, pour Vitra.
Ci-dessus : Un mur en noyer Page de droite : La nouvelle
unifie la porte du débarras et cuisine mixe laiton, noyer et
celle donnant vers le hall de marbre italien. La forme en
nuit. goutte d’eau du coin repas est
reprise dans le meuble de salle
En bas à droite : Le mobilier de bains.
vintage, datant de la même
'Nous trouvons cela
exaltant d’établir des
liens entre la vie d’hier
et d’aujourd’hui. '
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Au nord du pays, cette maison peut sem- restauré et les murs étaient humides. 'Pour chaque
bler familière. Non pas en raison de son
architecture, même si on retrouve plu-
Notre budget initial de rénovation a dis-
paru dans des interventions invisibles.
élément du
sieurs bungalows du milieu du XXe siècle Jusqu’à ce qu’une souris vienne se nicher bungalow, nous
dans le quartier de Bonheiden, en pro- derrière nos armoires de cuisine jaune
vince d’Anvers, où elle se trouve. Mais pâle. Lorsque nous sommes rentrés après nous sommes
bien grâce à ses propriétaires : un couple trois semaines de vacances, la puanteur demandé :
du paysage audiovisuel flamand qui uti- était insupportable. Il était temps de faire
lise parfois son habitation comme lieu de disparaître ce mobilier. » pourquoi le
tournage pour des émissions télévisées ou C’est ici que B-architecten est entré en remplacer s’il est
des vidéos Instagram. scène, dont le portfolio prouve qu’il par-
vient à traiter le patrimoine avec en bon état ? '
ÉVASION URBAINE beaucoup de délicatesse. En réalité, le
Lorsqu’il a acheté cette propriété, le tan- bureau anversois a déjà effectué des réno-
dem savait exactement ce qu’il voulait : vations de maisons modernistes de
modifier le moins possible les choses. En Nachman Kaplansky, Paul Caulier et
effet, l’ambiance des années 60, l’archi- Jackie Cuylen. Il a fait de même à Bonhei-
tecture compacte, l’emplacement boisé et den. Ici aussi, les architectes n’ont le ton chaud de cette matière, tandis que
Les châssis en aluminium ont
été remplacés par du bois. A la circulation horizontale, tout lui conve- absolument pas traversé la maison équi- dehors, nous les avons laissés grisonner,
l’extérieur, les architectes ont nait. « Et ce, même si le contraste était pés d’une masse. Dirk Engelen, afin que la couleur soit en harmonie avec
laissé celui-ci grisonner pour assez important, souligne le propriétaire. cofondateur du bureau, explique : « Nous la maçonnerie. De nouvelles fenêtres
se fondre dans la façade en Nous avons vécu pendant des années trouvons cela exaltant d’établir des liens gâchent parfois toute une rénovation...
briques de béton lavé.
dans une maison du XIXe siècle à Ber- entre la vie d’hier et d’aujourd’hui. C’est comme des lunettes mal choisies. »
chem. A vrai dire, nous n’avions pas inspirant de créer quelque chose de
l’intention de déménager. Mais grâce à contemporain avec l’esprit de l’époque. UN NOUVEAU DÉFI
des amis du quartier, nous avons appris C’est une maison actuelle, mais toujours La transformation la plus radicale a eu
que ce bungalow était à vendre. Et l’idée a ancrée dans le passé. » lieu dans la cuisine et la salle de bains. La
germé de venir vivre dans un endroit pai- cuisine jaune pâle a laissé place au vert
sible et tranquille. En prime, nos parents DE MAUVAISES LUNETTES avec des détails en laiton, noyer et
sont tous deux originaires de Bonheiden. C’est exactement la raison pour laquelle marbre. Ces matériaux se retrouvent éga-
Nous étions donc en terrain connu. Cela les interventions sont restées focalisées lement dans la pièce d’eau compacte, où
dit, échanger la ville contre la campagne a sur quelques zones précises. Une nouvelle une tablette de lavabo en forme de goutte
nécessité une préparation mentale. Vivre cuisine, une salle de bains, une porte s’est avérée idéale pour maximiser l’es-
ici signifie devoir prendre la voiture pour d’entrée pivotante et des menuiseries : pace. « Ces pièces étaient celles qui
le moindre déplacement. Ce qui n’est pas rien de vraiment drastique. « C’est égale- nécessitaient le plus de travaux. Pour
B-architecten
EN BREF
très écologique. Afin de compenser, nous ment une bonne chose car nous avions un chaque élément du bungalow, nous nous
La salle de bains a été Evert Crols, Dirk Engelen
réaménagée avec des formes avons réduit la terrasse en béton et planté délai serré, avance la maîtresse de maison. sommes constamment demandé : pour-
(photo) et Sven Grooten
douces et une palette de des arbres. Je dois avouer que pendant la Lorsque les rénovations ont débuté, il quoi le remplacer s’il est en bon état ?
ont fondé B-architecten
matériaux chaleureux – noyer, crise de la Covid, nous avons apprécié nous restait six mois avant mon accou- C’est la raison pour laquelle les carrelages
laiton et marbre rose. en novembre 1997 à
notre maison et notre salon de jardin chement. Mais nous avons réussi. Quand et les luminaires du couloir sont encore
Anvers et à Bruxelles.
au-delà de toute mesure. J’ai bien peur que je suis rentrée de la maternité, tout venait d’origine, ainsi que les appuis de fenêtre
le confinement n’ait été la pire des publi- d’être nettoyé. » des chambres. »
Tous trois se sont
cités pour la vie citadine. » En outre, B-architecten n’a pas altéré le C’est à la propriétaire que l’on doit la
rencontrés lors de leurs
volume de base ni la circulation. Tout minutie apportée au choix des meubles,
études à Anvers (Institut
D’HIER ET D’AUJOURD’HUI comme pour la façade en carreaux de un mélange de vintage, de rééditions et
Henry van de Velde) et
Les premières années, le couple a vécu béton lavés et en briques vernissées. A de nouveau design. Après une aventure
à Amsterdam (Berlage
dans le bâtiment d’origine, avec sa cuisine l’exception de la porte d’entrée, l’extérieur dans le secteur de la restauration et une
Institute).
funky et son plafond en lambris. « On n’a pas changé depuis les années 60. L’in- ligne de tricot, elle s’est récemment lan-
découvre alors au fur et à mesure de la térieur, lui, s’est considérablement cée dans un nouveau défi : un cours
Leur premier projet
rénovation ce qu’il y a à changer, confie enrichi. Le carrelage usé du salon a été d’architecture d’intérieur. « J’aime vrai-
a été la rénovation
l’habitant. Attendre un peu avant de com- remplacé par du parquet. Sous les pan- ment apprendre des choses neuves. Et
du Beursschouwburg,
mencer les travaux nous a permis d’éviter neaux en bois du plafond, les architectes puis, le design et l’architecture m’ont tou-
dans notre capitale.
les surcoûts et les mauvaises décisions. Il ont découvert un coffrage en béton. « Ce jours fascinée. D’ailleurs, j’avais
b-architecten.be est plus facile de voir les qualités de son dernier n’a jamais été conçu pour être également moi-même décoré les bars que
habitation si on laisse sa fièvre acheteuse visible, mais une fois peint en blanc, il a je dirigeais. Mais la formation est plus
se calmer pendant un certain temps. » rendu l’espace plus léger. Par ailleurs, abstraite que je ne le pensais. Cela va bien
Après quelques années, la maison a com- nous avons remplacé les châssis en alu par au-delà du choix des meubles et des
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mencé à se révéler. « Le toit devait être du bois. Au dedans, nous avons conservé rideaux. »
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