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LE JOURNAL # 122 MAI 2020 1,50 € - ISSN 1145-9131 DE L’INSTITUT CURIE COM PR E N D R E P O U R AG IR CO NTR E LE C A N CE R ACTUALITÉS COVID-19 L’Institut Curie contribue à l’effort Cancers sanitaire urologiques : ENTRE NOUS IFI 2020 : un enjeu majeur contre le cancer, donnez toute sa de la recherche force à votre impôt !
ÉDITO L’INSTITUT CURIE, PREMIER CENTRE FRANÇAIS Pedro Lombardi / Institut Curie DE LUTTE CONTRE LE CANCER, associe un centre de recherche de renommée internationale et un ensemble hospitalier de pointe qui prend en charge tous les cancers, y compris les plus rares. Fondé en 1909 par Marie Curie, l’Institut Curie rassemble sur 3 sites (Paris, Saint-Cloud et Orsay) 3400 chercheurs, médecins et soignants autour de ses 3 missions : soins, recherche et enseignement. Fondation privée reconnue d’utilité publique habilitée à recevoir des dons et des legs, l’Institut Curie peut, grâce au soutien de ses donateurs, accélérer L’Institut Curie les découvertes et ainsi améliorer les traitements et la qualité de vie des malades. face au Covid-19 P. 3 ACTUALITÉS À l’heure où j’écris cet éditorial, le Premier ministre a annoncé COVID-19 l’état de crise sanitaire, la France est confinée et l’épidémie L’Institut Curie, de coronavirus s’étend. Situation inédite pour chacune contribue à l’effort sanitaire et chacun d’entre nous, l’Institut Curie n’est pas épargné. Dans cette période particulièrement complexe, P. 6 tous nos moyens sont tournés vers nos patients et ACTUALITÉS nos soignants. L’hôpital modifie son organisation au jour le jour VIEILLISSEMENT DES NEURONES avec un professionnalisme exceptionnel : gestion Une structure inhabituelle d’ADN et sécurité des personnels et des patients, approvisionnement mise en cause pour les masques, anticipation quant aux questions relatives P. 7 au sang et aux médicaments, travail en réseau INFO PRATIQUE inter-établissements pour les patients diagnostiqués positifs Prévenir les cancers de la peau au Covid-19 mais également pour les patients atteints de cancers d’autres hôpitaux. P. 8 L’ensemble des équipes et des directions du Centre DOSSIER de recherche et du Siège est également mobilisé pour faire Cancers urologiques : face. Chacune des trois entités a mis en place, avec une un enjeu majeur de la recherche réactivité exemplaire, des plans de continuité d’activité (PCA). En effet, protéger les personnels et continuer les soins, s’adapter P. 16 aux nouvelles stratégies, aux urgences et aux recommandations ENTRE NOUS nationales et endiguer la propagation du coronavirus, Monoprix aux côtés de l’Institut Curie sont les grands enjeux qui s’imposent aujourd’hui à notre institut. P. 19 Nous pouvons garder confiance au regard des énergies ILS FONT CURIE déployées. L’Institut Curie, fort de son histoire et de son Dr Alexis Burnod, chef de service excellence, a toujours surmonté les crises et l’adversité, de l’Unité mobile de soins palliatifs et je peux vous assurer que c’est avec fierté que je préside aujourd’hui son Directoire. Pr Thierry Philip, président du Directoire de l’Institut Curie Le Journal de l’Institut Curie Comprendre Pour Agir Contre Le Cancer est édité par l’Institut Curie, 26 rue d’Ulm, 75248 Paris Cedex 05 - journal.curie@curie.fr - www.curie.fr - Directeur de la publication : Pr Thierry Philip - Rédactrice en chef : Alizée Lacroix – Rédaction : Alizée Lacroix, Claudia Legris, Stéphanie Cayrol, Emilie Gilet, Emilie Tran Phong, Yohan Philippe et Valérie Devillaine – Iconographie : Citizen Press et Phototheque.curie.fr – Dons et abonnements : Yves Congal (01 56 24 55 66) – Ont participé à ce numéro : Agnès Hubert, Véronique Masson, Elsa Oliveira, la Direction de la communication et la Direction des relations donateurs – le sommaire, les titres, chapos, intertitres, illustrations et légendes sont de la responsabilité de la rédaction en chef et n’engagent qu’elle – Photos de couverture : Uriel Chantraine/Institut Curie - Abonnement pour 4 numéros/an : 6 € – Création et réalisation : Citizen Press (01 77 45 86 86) – Fabrication : Tc Graphite (Montreuil) – Impression : La Galiote Prenant, 70 Rue Auber, 94401 Vitry-sur-Seine – Numéro de commission paritaire : 0922H82469 – Dépôt légal du # 122 : mai 2020 – Ce numéro a été imprimé à 270 000 exemplaires.
ACTUALITÉS CURIE Marie-Catherine Penot / Institut Curie FOCUS COVID-19 L’Institut Curie, maillon fort de la chaîne de soins, contribue à l’effort sanitaire La continuité des soins et de la recherche en cancérologie est assurée au sein de l’Institut Curie. Des patients COVID+ non atteints de cancer ont été admis au sein de l’unité de soins intensifs du site de Paris afin de faire face à la lutte contre l’épidémie et à la saturation des structures de réanimation des établissements de santé franciliens. Toute l’expertise scientifique et médicale qui s’exprime au sein du Centre de Recherche, est également tournée vers la lutte contre cette pandémie. «L a solidarité est notre moteur face à cette situation », souligne le Pr Pierre Fumoleau, directeur Une attention particulière a été portée au maintien du contact et du suivi des patients atteints de cancer et soignés à l’Institut Curie. «Notre solidarité est forte et résolument active. Elle est tournée vers les médecins, les soignants, et bien sûr vers la communauté scientifique général de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Les prises en charge se sont poursuivies par pour participer à l’effort national, explique le Curie. téléphone avec une psycho-oncologue, une Pr Alain Puisieux, directeur du Centre de « Trois objectifs ont guidé notre action : assistante sociale, une diététicienne pour recherche de l’Institut Curie depuis septembre prendre en charge les patients atteints de accompagner au mieux les patients qui en 2019. D’importants projets de recherche ont cancer COVID positif ou COVID négatif, ont le plus besoin. La téléconsultation a été développés sur le COVID-19, souvent dans participer à l’effort régional en ouvrant nos permis de poursuivre les prises en charge le cadre de collaborations avec l’Institut lits de soins critiques aux patients COVID médicales de soins de support (douleur, Pasteur, permettant de mettre à disposition positif non atteints de cancer, et bien sûr, effets secondaires, symptômes). nos expertises et nos équipes, en particulier protéger nos personnels. Je tiens à remercier en biologie cellulaire et en immunologie.» tous nos personnels sans qui cette continuité Du côté du Centre de recherche, l’Institut d’activité ne serait pas possible. Nos person- Curie a mis à disposition ses experts et ses A l’heure où nous imprimons ces pages, le nels sur site sont présents et assurent de plateformes technologiques, et a développé confinement n’a pas été levé. manière exemplaire et professionnelle leurs de nouveaux projets de recherche dans la L’Institut Curie vous remercie pour votre missions». lutte contre l’épidémie de COVID-19. solidarité et votre soutien sans faille. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 3
ACTUALITÉS CURIE INTERNATIONAL DISTINCTION L’Institut Curie au premier plan Yohanns Bellaïche sur la scène internationale décroche le Graal E de la recherche n février dernier, l’amélioration des soins aux l’Institut Curie présentait patients atteints de cancer. ses activités à l’international devant une centaine de personnes dont 25 diplomates En Jordanie, les experts de l’Institut Curie forment aux soins palliatifs le personnel du King européenne et des partenaires français Hussein Cancer Center ainsi que de grandes institutions. des patients guéris volontaires Les partenariats les plus souhaitant accompagner d’autres récents ont été présentés. patients dans leur prise en charge. En Tanzanie, l’Institut Curie Au Vietnam, l’Institut Curie travaille avec l’Agence française accompagne le développement de développement pour de la recherche clinique de l’Institut national du cancer En 2019, du pays. Au Brésil, le partenariat 1 200 vise à favoriser l’accueil et la formation de médecins du Camargo Cancer Center. demandes de consultation pour un second avis ont été Enfin, en Afrique subsaharienne, traitées et 400 patients sont l’Institut Curie mène des actions venus se faire soigner au sein humanitaires sur la prise de l’Ensemble hospitalier. en charge du rétinoblastome Pedro Lombardi / Institut Curie chez l’enfant. INNOVATION L’Institut national du cancer aux côtés de l’Institut Curie L U ’Institut national du cancer (Inca) a retenu cette année cinq n microscope « intelligent », projets de l’Institut Curie dans le cadre de son programme de qui anticipe les besoins des recherche translationnelle (PRT), soit 2,5 millions d’euros de chercheurs : c’est la promesse financements. Au programme : François-Clément Bidard étudiera les alléchante du projet de Yohanns mutations du gène ESR1 impliquées dans des mécanismes de résistance Bellaïche, chef de l’équipe polarité, aux traitements dans le cancer du sein. Olivier Ayrault cherchera, de division et morphogenèse de l’Institut Curie. son côté, à mieux qualifier le médulloblastome, une tumeur pédiatrique Le Conseil européen de la recherche lui maligne localisée dans le cerveau, afin de mettre en place des stratégies a attribué l’un des financements européens les thérapeutiques adaptées. Le projet de Franck Bourdeaut vise à mieux plus convoités – une bourse de 150 000 euros décrire les tumeurs rhabdoïdes (des sarcomes agressifs chez l’enfant), sur 18 mois – pour réaliser la preuve de concept. notamment sur le plan des protéines produites par leurs cellules, afin Le projet entend développer un outil informatique d’identifier comment articuler plusieurs approches thérapeutiques d’intelligence artificielle qui apprend à innovantes. Nicolas Girard, oncologue-pneumologue, réalisera quant à lui reconnaître, sur des images de microscopie, un suivi sanguin des patients atteints de cancers broncho-pulmonaires quand un phénomène biologique est sur le point afin d’identifier des facteurs prédictifs de leur réponse aux immunothérapies. de se produire, et adapter alors la prise d’image, Enfin, Marc-Henri Stern se penchera sur un processus de mutation en zoomant par exemple, ou en prenant concernant le gène de l’enzyme MBD4 que l’on retrouve dans différents une succession d’images plus rapprochées types de tumeurs solides et leucémies et qui constitue un nouveau facteur dans le temps. Ce nouvel outil pourra être mis de prédisposition au cancer. Les résultats de ces travaux conduiront à disposition de la communauté scientifique. à des recherches appliquées comme des essais cliniques afin de tester de nouvelles stratégies thérapeutiques pour ces différents cancers. 4 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE
ACTUALITÉS CANCERS TUMEURS DE L’HYPOPHYSE Une classification pour mieux les traiter ACTIVITÉ PHYSIQUE Un remède L es tumeurs hypophysaires ont livré anti-cancer ? leurs secrets moléculaires. Ces tumeurs cérébrales fréquentes (un cas pour 1000 personnes) jusqu’alors mal connues touchent l’hypophyse, une petite glande située dans le cerveau et qui produit différentes hormones contrôlant de nombreuses fonctions de l’organisme comme la croissance, le métabolisme ou la reproduction sexuelle. En répertoriant iStock précisément les différentes anomalies présentes dans un échantillonnage de 134 tumeurs de l’hypophyse, l’étude génomique de pointe réalisée par des chercheurs de l’Institut Cochin, de l’hôpital Foch et de l’hôpital Cochin (AP-HP), constitue une avancée majeure. Elle propose en effet iStock la première classification moléculaire complète de ces tumeurs. Une base essentielle pour mieux comprendre cette pathologie, prédire ses évolutions et ajuster L’ les traitements pour optimiser la prise en charge des malades. activité physique n’en a pas fini de dévoiler ses vertus. Source : Cancer Cell On la savait déjà efficace pour combattre les maladies SARCOMES cardiovasculaires, les maladies métaboliques et pour prévenir Prédire la réponse à l’immunothérapie l’apparition de certains cancers comme celui du sein ou du côlon L es sarcomes des tissus mous sont ou diminuer leur risque de récidive. des tumeurs qui peuvent toucher Une vaste étude américaine portant de nombreux tissus internes de sur 755 000 adultes de 32 à 91 ans, l’organisme : graisse, muscles, vaisseaux, suivis pendant 10 ans, vient de nerfs, etc. Face à ces cancers agressifs confirmer un bénéfice préventif et résistants à la chimiothérapie, le recours dans sept types de cancers : à l’immunothérapie est une stratégie celui du côlon chez les hommes, potentiellement intéressante. Néanmoins, du sein, de l’endomètre, du rein, seuls 15 % des patients y répondent. du myélome, du foie et le Afin de sélectionner les patients, lymphome non hodgkinien. une équipe internationale de scientifiques, Il faut pour cela suivre les iStock coordonnée par des chercheurs recommandations de l’OMS : du Centre de recherche des Cordeliers, pratiquer une activité physique à Paris, a étudié de près ces tumeurs. à « environnement immunologiquement modérée à intense à raison de Leurs résultats pointent pour la première riche », ont répondu à 50 % à une 2,5 à 5 heures par semaine. fois le rôle essentiel des lymphocytes B, immunothérapie, et ce avec un taux les globules blancs qui sécrètent de survie plus élevé que les patients dont Source : Journal of Clinical Oncology les anticorps, dans la réponse à la tumeur n’avait pas cette particularité. l’immunothérapie. En effet, certains Un espoir donc pour déterminer les sarcomes des tissus mous se distinguent patients pouvant bénéficier d’une immuno par un environnement riche en thérapie et améliorer la prise en charge lymphocytes B. Dans un essai clinique, des sarcomes des tissus mous. les patients avec ce type de tumeur, dite Source : Nature LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 5
ACTUALITÉS CANCERS CANCER DU CÔLON VIEILLISSEMENT DES NEURONES Vers une médecine Une structure de pointe personnalisée inhabituelle d’ADN mise en cause Q uelle solution pour les patients atteints de cancer du côlon et en échec thérapeutique ? Pour répondre à IStock ce défi, un essai novateur sera mené en 2021 par une équipe de recherche de Gustave Roussy, à Villejuif. Il proposera à ces patients un traitement inédit sur mesure, établi grâce à des organoïdes. Il s’agit de miniatures 3D de la tumeur, établies en laboratoire à partir de biopsies et qui modélisent en tout point leur tumeur; une sorte d’avatar tumoral au diamètre équivalent à celui d’un cheveu. L’objectif de ce premier essai français est d’identifier, grâce à ces mini-tumeurs en 3D, le meilleur traitement possible parmi un panel de médicaments, puis de l’administrer au patient. Les scientifiques espèrent ainsi identifier des options thérapeutiques supplémentaires dans le cancer colorectal, actuellement la deuxième cause de mortalité par cancer en France. iStock Source : Gustave Roussy L a célèbre structure de l’ADN en double hélice, RECHERCHE avec deux brins qui s’enroulent sur eux- mêmes, n’est pas la seule forme que peut Un nouveau lien entre adopter la molécule qui porte notre matériel obésité et mélanome génétique. Des quadruples hélices (appelées quadruplexes) d’ADN, structures transitoires faites de U ne équipe de recherche quatre brins enroulés les uns autour des autres, assurent de l’Institut de pharma- la régulation de certains gènes contre le cancer. cologie et de biologie Une étude internationale a récemment mis le doigt sur structurale, à Toulouse, a mis en un rôle jusque-là inconnu de ces quadruplexes : évidence un véritable dialogue ils inhibent l’autophagie dans les neurones, un processus métabolique entre le tissu primordial qui permet à ces cellules nerveuses de recycler graisseux (adipeux) et la tumeur déchets et composants inutiles et les protège contre dans le mélanome. En effet, les le vieillissement. À ce titre, les auteurs soulignent IStock cellules adipeuses alimentent la nécessité de prendre des précautions pour les stratégies les cellules tumorales en fabriquant et en leur envoyant des vési- anticancéreuses basées sur la stabilisation des cules qui contiennent la machinerie et le carburant nécessaire à quadruplexes. À la lumière des résultats obtenus, leurs besoins accrus en énergie. Pour, au final, rendre la tumeur l’administration de ces molécules stabilisatrices pourrait plus agressive. Une démonstration magistrale qui fait le lien avec en effet provoquer des troubles neuronaux ce que l’on savait de l’obésité : une cause de cancers agressifs, symptomatiques des maladies liées au vieillissement. mais aussi l’une des principales causes de cancers évitables. Source : eLife. Source : The EMBA Journal. 6 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE
INFO PRATIQUE PANORAMA Prévenir les cancers de la peau Deux tiers des cancers de le peau1 seraient imputables à une exposition au soleil trop importante. Quels sont les différents types de cancer cutanés et comment les prévenir ? Le nombre de nouveaux cas de cancer de la peau a triplé entre 1980 et 20122. Une augmentation qui s’explique par l’évolution des habitudes d’exposition COMMENT LES PRÉVENIR ? aux rayonnements UV solaires et artificiels au cours des quarante dernières années. Ces expositions constituent le facteur de risque le plus important. Les différents cancers Évitez le soleil entre 12 h et 16 h carcinome carcinome mélanome épidermoïde basocellulaire Appliquez une crème solaire haute protection et renouvelez souvent l’opération ÉPIDERME Couvrez-vous avec des vêtements, DERME un chapeau et des lunettes. HYPODERME iStock Ne recourez pas aux cabines de bronzage. > Les carcinomes > Les mélanomes I ls représentent 90 % des cancers Ils représentent 10 % des cancers de la peau. de la peau. • Localisation : les zones du corps • C’est la forme la plus grave de Consultez au plus vite en cas exposées : visage, cou, épaules, cancer de la peau. de lésion douteuse évolutive avant-bras, jambes… • Localisation : n’importe où sur le ou dont l’aspect s’est modifié. • Principal facteur de risques : corps, y compris sur le cuir chevelu. une exposition au soleil excessive • Principal facteur de risques : et chronique. exposition au soleil excessive et • Formes : basocellulaires chronique. Les mélanomes cutanés ou épidermoïdes. Les premiers, • Traitement : exérèse chirurgicale. représentent sont les plus fréquents et les moins graves. Les seconds, plus rares, sont plus agressifs. Ce cancer est à fort potentiel métastatique : il peut s’étendre 1,2 % DES DÉCÈS PAR CANCER • Traitement : exérèse chirurgicale. rapidement aux autres organes, d’où tous sexes confondus. l’importance d’un dépistage précoce. Ces cancers ne métastasent pas mais Des traitements complémentaires les tumeurs peuvent s’étendre en (radiothérapie, chimiothérapie, Pour en savoir + : www.e-cancer.fr surface sur la peau, d’où l’importance immunothérapie…) sont alors 1. Source : Fondation Arc d’un dépistage précoce. indiqués. 2. Source : Inca LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 7
DOSSIER CANCERS UROLOGIQUES Un enjeu majeur de la recherche Prostate, rein, vessie et testicule : ces cancers ont pour point commun de toucher exclusivement ou majoritairement les hommes. Si certains se soignent aujourd’hui très bien, d’autres nécessitent de nombreuses recherches afin d’améliorer la prise en charge des malades. Et cela évolue très vite ! - Par Émilie Gillet 8 Pedro Lombardi LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE
DOSSIER CANCERS UROLOGIQUES : UN ENJEU MAJEUR DE LA RECHERCHE « Aujourd’hui nous disposons d’outils de diagnostic très performants. Le revers de la médaille, c’est que l’on détecte des tumeurs qui n’ont pas de raison d’être traitées car elles ne sont pas dangereuses. » - Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, Paris). CANCER DE LA PROSTATE : LE PLUS FRÉQUENT EN FRANCE Avec plus de 50 000 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme mais aussi dans l’ensemble de la population française. Les tumeurs malignes se développent au sein d’une glande de l’appareil génital, de la taille d’un œuf, située sous la vessie : la prostate joue Pedro Lombardi un rôle dans la production et le stockage du liquide séminal, ainsi que dans l’éjacu- lation du sperme. Le cancer de la prostate est très rare avant 50 ans, et son incidence E augmente avec l’âge. En réalité, il n’existe n 2018, près de 82 000 nou- pas un mais des cancers de la prostate : cer- veaux cas de cancers urolo- taines tumeurs sont très agressives, d’autres giques ont été diagnostiqués vont se développer extrêmement lentement en France. À eux seuls, ces can- et ne présenter finalement aucun risque. cers représentent plus de 36 % « Aujourd’hui nous disposons d’outils de des tumeurs masculines, mais diagnostic très performants. Le revers de la seulement 4,2 % des tumeurs féminines. Il médaille, c’est que l’on détecte des tumeurs existe ainsi une profonde inégalité des sexes qui n’ont pas de raison d’être traitées car face aux cancers urologiques : cancers de la elles ne sont pas dangereuses, résume le prostate et du testicule ne concernent évi- Pr François Desgrandchamps, chef du ser- demment que les hommes, mais ils sont vice d’urologie de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, aussi quatre fois plus nombreux que les Paris). Or nous ne sommes pas capables femmes à souffrir d’un cancer de la vessie, actuellement de dire à l’avance quelles sont et deux fois plus nombreux pour ce qui est les tumeurs qui vont être dangereuses et du cancer du rein. Par ailleurs, au moment les autres. L’enjeu est donc d’en faire ni trop du diagnostic, un homme présente en géné- ni trop peu. » Ce que le chirurgien résume ral un cancer du rein à un stade plus avancé par : « Tous les cancers de la prostate doivent qu’une femme. De sorte qu’aujourd’hui le être diagnostiqués, mais tous ne doivent pas sexe est un facteur pronostique d’incidence, être traités. » Beaucoup de recherches se de récidive et de progression très important concentrent donc sur la mise au point d’ou- pour les cancers de la vessie et du rein. tils de diagnostic non invasifs – au contraire 10 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE
DOSSIER CANCERS UROLOGIQUES : UN ENJEU MAJEUR DE LA RECHERCHE de la biopsie, qui est aujourd’hui la norme – permettant de caractériser le risque d’évo- lution d’une tumeur. Il s’agit par exemple de 4 fois plus RECHERCHE D’HOMMES QUE DE FEMMES Un test urinaire pour tests urinaires ou de techniques d’imagerie médicale donnant des informations molécu- TOUCHÉS PAR LE CANCER éviter les biopsies inutiles laires sur les cellules cancéreuses. DE LA VESSIE Le dépistage du cancer de la Dans les formes localisées de cancer de la prostate repose actuellement prostate, le traitement repose sur la radio- sur le dosage sanguin du PSA thérapie. « Beaucoup de progrès ont été ciblées et des immunothérapies mais sans et la palpation de la prostate. faits récemment avec notamment l’ hypo résultats probants pour l’instant. » Mais seule la biopsie permet un fractionnement : en réduisant le nombre de diagnostic certain d’une tumeur. séances de radiothérapie tout en augmen- CANCER DU REIN : DES TUMEURS Or « la décision de prescrire ou DÉCOUVERTES PAR HASARD non une biopsie est très variable tant les doses délivrées à chacune d’entre d’un urologue à l’autre et, d’autre elles, on espère réduire la toxicité du trai- Le cancer du rein touche deux fois plus part, près de 50 % des biopsies se tement », précise le Pr Desgrandchamps. d’hommes que de femmes. Dans la très révèlent finalement négatives Autre traitement de référence, la chirurgie. grande majorité des cas, ils sont découverts alors qu’il s’agit d’un examen invasif « Malheureusement, l’avènement de la fortuitement, à l’occasion d’un examen d’ima- et stressant pour le patient », chirurgie robotisée n’a pas permis de réduire gerie médicale pour une autre raison. Le trai- explique Antonin Morillon, directeur les risques secondaires tels que l’ inconti- tement de ces cancers a beaucoup évolué ces de recherche à l’Institut Curie. nence et les problèmes d’érection. » Dans dernières années grâce à l’avènement de nou- Avec son équipe, ce chercheur 10 % des cas environ, les patients présentent velles techniques chirurgicales d’une part, et au travaille à la mise au point d’un test des métastases dès le diagnostic. « Ces trois développement des thérapies ciblées. « On dis- facile à mettre en œuvre et surtout dernières années, d’énormes progrès ont tingue trois schémas de prise en charge théra- qui permettrait d’affiner la sélection été faits pour prendre en charge ces formes peutique selon le stade de développement de des patients pour lesquels une avancées, notamment avec une augmen- la tumeur, explique le Pr Arnaud Méjean, chef biopsie est nécessaire : le test tation de la survie des malades grâce aux du service d’urologie de l’hôpital européen Prostator repose sur la détection traitements de type hormonothérapie de Georges-Pompidou (AP-HP, Paris). Dans 60 à dans les urines d’une combinaison dernière génération. Des essais cliniques 70 % des cas, il s’agit de tumeurs loca- de plusieurs ARN non codant, en sont par ailleurs menés avec des thérapies lisées. Les avancées technologiques quelque sorte la « matière noire » de notre génome. Il a été mis au point grâce à de nouveaux outils de séquençage et des algorithmes innovants d’intelligence artificielle. RECHERCHE « Nous avons démontré la preuve de concept de ce test, c’est-à-dire sa Rein : tester de nouvelles combinaisons thérapeutiques faisabilité, précise Antonin Morillon. La chimiothérapie n’a jamais été efficace pour traiter les cancers métastatiques Grâce à un financement européen du rein. Depuis une dizaine d’années, une thérapie ciblée de type antiangiogénique, ERC-POC, nous allons désormais c’est-à-dire qui empêche les tumeurs de former des nouveaux vaisseaux sanguins, mener une étude sur environ a amélioré considérablement la prise en charge de ces cancers avancés. 900 patients en France Elle est même devenue le traitement de référence en première ligne. « Mais il reste et outre-Atlantique afin de valider encore des formes agressives de cancers du rein métastatiques pour lesquelles nous son intérêt et de déterminer si devons faire des progrès, explique le Dr Francesco Ricci, oncologue médical à la combinaison de biomarqueurs l’Institut Curie. C’est pourquoi nous lançons cette année un essai clinique de phase I utilisés permet de distinguer où une combinaison entre antiangiogéniques et immunothérapie va être testée des sous-types de tumeurs associés en première ligne. » De telles combinaisons ont en effet déjà montré des résultats à différents pronostics. » encourageants. Cet essai international inclura des patients atteints de différents types de cancers métastatiques. « Il devrait être particulièrement intéressant pour les tumeurs urologiques comme le rein ou la prostate mais aussi le cancer de la thyroïde », précise l’oncologue. Les premiers résultats sont attendus pour l’automne prochain. 11
DÉCRYPTAGE RECHERCHE Les cancers urologiques Cancer de la prostate • 50 430 nouveaux cas estimés Cancer du rein en 2018 • 15 323 nouveaux cas > C’est le premier cancer chez estimés en 2018 l’homme (26 % de l’ensemble • Deux fois plus d’hommes des cancers masculins), touchés que de femmes avec une diminution régulière de la mortalité depuis 1990. > Le cancer du rein est proportionnellement Enjeux de la recherche le plus meurtrier des • Amélioration des techniques cancers urologiques. de dépistage afin de mieux caractériser les risques Enjeux de d’évolution des tumeurs. la recherche • Développement des • Diagnostiquer les thérapies ciblées et tumeurs à un stade plus immunothérapie pour la précoce : actuellement, prise en charge des formes dans 40 % des cas il s’agit avancées et métastatiques. de formes avancées ou déjà métastasées. • Développement de l’immunothérapie pour les formes avancées ou Cancer métastasées. de la vessie • 13 074 nouveaux cas estimés en 2018 • 80 % des cas surviennent Cancer du testicule chez l’homme • 2 769 nouveaux cas estimés en 2018 > Son incidence augmente d’environ • Cancer rare, qui survient essentiellement 1 % par an, avec une croissance plus chez l’homme jeune, entre 20 et 35 ans, importante chez la femme que chez avec un excellent pronostic l’homme. > Si l’incidence du cancer du testicule Enjeux de la recherche augmente depuis les années 1990, • Optimisation des techniques sa mortalité est en nette baisse, avec chirurgicales afin de réduire l’impact seulement 86 décès estimés en 2018. sur la qualité de vie des malades. • Identification de biomarqueurs permettant de mieux caractériser Enjeux de la recherche • Comprendre l’augmentation de l’incidence les cancers de la vessie. de ce cancer dans les pays industrialisés. • Développement de l’immunothérapie • Améliorer les chimiothérapies et les et association possible avec des critères de choix thérapeutiques pour les thérapies ciblées. formes avancées. iStock INCA, InVS, Association française d’urologie.
DOSSIER CANCERS UROLOGIQUES : UN ENJEU MAJEUR DE LA RECHERCHE RECHERCHE Vessie : identifier des biomarqueurs prédictifs En dépit de leur incidence élevée – c’est la 6e cause de cancer en Europe –, jusqu’à très récemment très peu d’études ont été réalisées pour mieux caractériser les tumeurs de la vessie et identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Ainsi, il n’existe aujourd’hui Uriel Chantraine aucune thérapie ciblée utilisée en clinique ni aucun biomarqueur permettant de suivre l’évolution de la maladie ou de prédire comme les robots chirurgicaux nous et l’exposition professionnelle à certains le risque de récidive, et permettent de réaliser une chirurgie agents chimiques font partie des facteurs seulement 20 % des patients mini-invasive et conservatrice, à savoir ôter de risque connus. Les tumeurs se déve- au stade métastatique répondent uniquement la tumeur et non pas le rein com- loppent sur la paroi interne de la vessie et à l’immunothérapie. Voilà entre autres les raisons pour plet, ou la détruire in situ par radiofréquence sont diagnostiquées lors d’une cystoscopie lesquelles la cohorte COBLAnCE ou cryoblation par exemple, sous simple (un endoscope est introduit dans la vessie a été mise sur pied en 2012. anesthésie locorégionale. » Lorsque la tumeur par les voies naturelles). On distingue deux Environ 1 800 femmes a commencé à infiltrer les ganglions et les tissus grands types de cancers : « Les formes et hommes atteints d’un cancer périphériques, la chirurgie la plus complète est superficielles sont les plus fréquentes de la vessie vont être suivis mise en œuvre. « Beaucoup d’essais cliniques [appelées TVNIM, pour tumeurs de la vessie pendant au moins six ans : cherchent à compléter avec de l’immuno- non infiltrantes du muscle, NDLR]. Elles évo- « Nous collectons des thérapie et/ou des antiangiogéniques. Mais luent peu, ne forment pas de métastases, informations épidémiologiques, se pose la question de la séquence des traite- et présentent peu de risques hormis celui cliniques, biologiques et ments : faut-il opérer avant ou après ? » détaille- de récidives locales fréquentes », explique génétiques sur chaque tumeur, t-il. Quant aux formes les plus avancées, où des le Pr Alain Ruffion, chef du service urologie explique François Radvanyi, métastases sont déjà présentes, un véritable de l’hôpital Lyon Sud (HCL, Pierre-Bénite). chercheur à l’Institut Curie et changement de paradigme s’est opéré récem- Leur traitement repose sur une interven- pilote du volet biologie ment : « Avant 2018, la combinaison chirurgie tion chirurgicale. Lorsque la vessie est très moléculaire de ce projet. puis antiangiogéniques avait déjà permis de inflammatoire et/ou que les polypes sont Cela va nous permettre doubler la survie des malades par rapport à difficiles à repérer, le chirurgien peut s’aider d’étudier par exemple les la chirurgie seule. Mais l’année dernière, nous du marquage par fluorescence des cellules différents types de tumeurs, avons montré avec l’étude Carmena que l’uti- cancéreuses. « Si nécessaire, cette inter- leur évolution, et de voir s’il existe lisation d’antiangiogéniques seuls pour traiter vention peut être complétée, à distance du un lien avec le génome ces malades n’est pas moins efficace qu’en geste chirurgical, par un traitement local de des patients, le mode de vie, combinaison avec la chirurgie », raconte le chimiothérapie, ou par le BCG, qui est en la consommation de tabac blond ou brun, ou encore l’exposition Pr Méjean, qui a dirigé cette étude. Désormais, quelque sorte l’ancêtre des immunothéra- professionnelle. » les essais cliniques se concentrent sur l’immu- pies », décrit le Pr Ruffion. En effet, l’instil- Les différences entre cancers nothérapie, seule ou en combinaison, avec lation de bacilles vivants de la tuberculose masculins et féminins vont aussi des résultats très encourageants qui devraient dans la vessie va réveiller localement le sys- être analysées. « Actuellement, à nouveau bousculer la prise en charge de ces tème immunitaire pour qu’il s’attaque aux nous participons à l’amélioration formes métastatiques. cellules cancéreuses résiduelles. « Cette de la classification moléculaire technique a de bons résultats, mais elle est des tumeurs de la vessie qui CANCER DE LA VESSIE : LES HOMMES délicate à utiliser, c’est pourquoi des essais n’envahissent pas le muscle BEAUCOUP PLUS TOUCHÉS cliniques envisagent actuellement d’en allé- (TVNIM, NDLR), afin d’être Plus de 80 % des tumeurs de la vessie sont ger le protocole. Par ailleurs, nous capables de mieux prédire leur diagnostiquées chez des hommes. Le tabac faisons face à de gros problèmes risque évolutif. » LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 13
DOSSIER CANCERS UROLOGIQUES : UN ENJEU MAJEUR DE LA RECHERCHE PAROLE PR YVES ALLORY, D’EXPERT SPÉCIALISTE DES CANCERS UROLOGIQUES ET CHEF DU SERVICE D’ANATOMOPATHOLOGIE DU SITE DE SAINT-CLOUD DE L’INSTITUT CURIE nothérapie. Depuis peu, elle est utilisée en L’Institut Curie Nous disposons d’une plateforme traitement de seconde ligne pour les can- dispose d’oncologie moléculaire qui permet cers métastatiques, mais seulement 20 % d’étudier précisément les particularités Pedro Lombardi / Institut Curie d’un arsenal génétiques et moléculaires des des patients traités bénéficient d’une réponse thérapeutique tumeurs, et ainsi de mettre en œuvre durable. C’est déjà beaucoup par rapport aux particulier des thérapies ciblées qui augmentent traitements précédents mais c’est encore très dans la prise les chances de survie d’un certain loin d’être satisfaisant », résume le Pr Ruffion. en charge nombre de patients. CANCER DU TESTICULE : des cancers UN CANCER RARE ET urologiques. Quel est-il ? L’accès aux thérapies DE TRÈS BON PRONOSTIC Il s’agit d’abord des cancers de la innovantes peut-il aussi Exclusivement masculin, le cancer du testicule prostate, où nous mettons en œuvre la passer par des partenariats se distingue très nettement de celui de la pros- curiethérapie ainsi que des techniques extérieurs ? tate par sa rareté, son âge de survenue – en de radiothérapie externe qui ciblent Oui, nous travaillons par exemple général chez des hommes entre 20 et 35 ans –, précisément la tumeur en épargnant étroitement avec l’hôpital Foch de ainsi que son excellent pronostic. La tumeur les tissus sains. Par ailleurs, pour toutes Suresnes. Ils sont en pointe notamment se développe le plus souvent à partir des cel- les formes avancées de cancers dans la chirurgie des cancers du rein et lules qui produisent les spermatozoïdes : on urologiques, nos patients ont accès à parle de tumeur germinale. Elle se manifeste des cancers de la vessie, avec des des thérapies innovantes en participant par une masse anormale lors de la palpation. techniques conservatrices et mini- à des essais cliniques de phase Dans tous les cas, l’ablation chirurgicale du invasives. Par ailleurs, nous allons précoce, nombreux à l’Institut Curie. testicule est le traitement initial. Ensuite, selon mettre en commun notre expertise en le stade évolutif de la tumeur, soit on met en anatomopathologie des cancers place une surveillance active, soit il est néces- Le plateau technique urologiques et développer LE JOURNAL notamment DE L’INSTITUT CURIE saire de compléter le traitement par une de l’Institut Curie est des projets de pathologie digitale, avec chimiothérapie ou une radiothérapie. Dans ce lui aussi très riche… la numérisation des examens et la cas, un recueil de sperme est proposé avant Pour mettre en œuvre ces possibilité de développer des le début des traitements, afin de prévenir radiothérapies particulières, il faut programmes d’intelligence artificielle d’éventuelles conséquences de ceux-ci sur la en effet des équipements adéquats. pour l’aide au diagnostic. fertilité des patients. Pour la majorité des can- cers du testicule, le taux de survie à 5 ans dépasse les 80 à 90 %. Aujourd’hui, les essais cliniques se concentrent sur les formes les plus avancées de ces cancers et la personna- lisation des chimiothérapies. Des thérapies ciblées sont quant à elles envisagées pour les formes récidivantes. Plus généralement, les d’approvisionnement en BCG actuellement, épidémiologistes essayent de comprendre au détriment des malades. » Pour les tumeurs pourquoi l’incidence des tumeurs du testicule de la vessie infiltrant le muscle (TVIM), il y a et plus généralement celle des cancers urolo- des risques importants de progression vers giques sont en augmentation. Quelle est des métastases et/ou des symptômes très l’influence de l’environnement, particulière- douloureux. Une chimiothérapie agressive est ment des perturbateurs endocriniens et de mise en œuvre par voie générale afin d’obtenir l’exposition professionnelle à des agents une régression de la tumeur, puis une ablation chimiques ? Pourquoi de telles disparités entre hommes et femmes pour les cancers du rein complète de la vessie est réalisée lors d’une et de la vessie ? En plus de mettre au point des chirurgie. C’est aujourd’hui la méthode la prises en charge de plus en plus personnali- plus efficace, elle est suivie de techniques de sées, l’enjeu de la recherche est aussi de com- reconstruction de la vessie ou de stomie, qui prendre le développement de ces tumeurs permettent à la plupart des patients d’avoir une particulières afin de mieux les prévenir. qualité de vie quasi normale. « Actuellement, l’enjeu principal des recherches c’est l’immu- 14 LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE
ENTRE NOUS GÉNÉROSITÉ IFI 2020 Contre le cancer, donnez toute sa force à votre impôt ! C ette année, si vous êtes assujetti à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), vous pouvez choisir de mettre tout ou partie de cet impôt au service de la lutte contre le cancer aux côtés de l’Institut Curie. En effectuant un don déductible de votre impôt sur la fortune immobilière 2020, vous contribuez aux grands programmes d’innovation de l’Institut Curie et vous nous aidez à nous rapprocher Uriel Chantraine / Institut Curie de notre objectif ultime, celui de prendre le cancer de vitesse. LES RESSOURCES PRIVÉES, VITALES POUR L’INSTITUT CURIE Les dons des personnes assujetties à l’IFI sont un formidable accélérateur avec plus de deux tiers des patients pour mener à bien nos missions de traités au cours de leur maladie Le saviez-vous ? recherche et de soins. Cette année, via ce procédé. Et avec l’amélioration Si vous n’êtes pas soumis à l’IFI cette année, elles contribueront à nos du pronostic des cancers, il faut vous bénéficiez toujours de la possibilité de réduire programmes de recherche, désormais prendre en compte votre impôt sur le revenu de 66 % du montant notamment au projet du Dr Youlia les séquelles à long terme de vos dons à l’Institut Curie, dans la limite de 20 % Kirova, qui travaille sur plusieurs des traitements pour améliorer de votre revenu imposable. fronts pour faire avancer la encore la qualité de vie des patients. recherche clinique en radiothérapie Si vous choisissez de faire un don de votre don, au service des patients. et en limiter les effets secondaires. à l’Institut Curie au titre de l’IFI, Pour bénéficier de cette mesure C’est essentiel aujourd’hui car vous pouvez décider de l’affectation fiscale et soutenir nos médecins et la radiothérapie reste une arme de votre impôt tout en permettant chercheurs, vous pouvez, en toute thérapeutique majeure dans le à nos équipes de chercheurs confidentialité, effectuer votre don traitement des tumeurs cancéreuses et médecins de disposer de la totalité dès aujourd’hui. Il sera déductible à 75 % de votre IFI dans la limite de 50 000 euros par an. En pratique La déclaration IFI doit être effectuée sur l’annexe n° 2042-IFI, dans VOS CONTACTS les mêmes délais que la déclaration d’impôt sur le revenu : le 12 juin pour Pour toute question Pour toute les déclarations papier, entre le 20 avril et le 11 juin pour les déclarations relative à l’IFI autre question Elsa Oliveira Yves Congal en ligne (la date varie selon votre département d’habitation). Institut Curie Institut Curie Détails sur le site impots.gouv.fr 26 rue d’Ulm 26 rue d’Ulm Votre don doit être effectué avant la date de déclaration afin d’être pris 75248 Paris Cedex 05 75248 Paris Cedex 05 en compte. Tél. : 01 56 24 55 02 Tél. : 01 56 24 55 66 elsa.oliveira@curie.fr yves.congal@curie.fr LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 15
ENTRE NOUS ILS SE MOBILISENT C’est sous le signe du renouveau que la campagne nationale de solidarité contre le cancer de l’Institut Curie a fait fleurir l’espoir du 10 au 22 mars. Un renouveau symbolisé par le changement de nom de l’opération, devenue Une Jonquille contre le Cancer pour porter plus fortement le combat de l’Institut Curie. C omme chaque année, La campagne Une Jonquille contre de rugby. Pierre, jeune patient de l’Institut Curie a mobilisé le Cancer en a été fortement impactée. l’Institut Curie, et le Dr Daniel Orbach, le grand public pour soutenir Les événements de collecte de dons oncologue pédiatrique, étaient prêts la lutte contre le cancer et accélérer organisés par les associations pour donner le coup d’envoi symbolique la médecine de précision, un espoir de et entreprises partenaires et par du match. Suite à l’interdiction nouveau traitement contre le cancer. l’Institut Curie ont été annulés. de rassemblements sportifs pour Cette médecine a révolutionné certains La traditionnelle Course de la Jonquille, des raisons sanitaires, le match traitements contre le cancer et porte la tournée solidaire dans les centres a été reporté au mois d’octobre 2020. l’ambition de proposer des thérapies commerciaux du réseau Klépierre, Nous sommes très honorés du soutien et un suivi personnalisés à chaque la vente de bouquets de jonquilles de la Fédération et du monde du rugby patient grâce à la caractérisation et l’arrondi en caisse dans toutes avec lesquels nous partageons moléculaire de chaque tumeur. les jardineries Truffaut ainsi que le des valeurs de solidarité et d’équipe. Jonquillo’Tour n’ont pas pu avoir lieu. Tous mobilisés malgré Le samedi 14 mars, le match de rugby du Tournoi des 6 Nations France- Solidaires contre le cancer le Covid-19 Irlande aurait dû faire porter les Malgré tout, l’espoir contre le cancer couleurs de notre jonquille au cœur a fleuri le temps d’une semaine : L’épidémie de Covid-19 a fortement du Stade de France grâce au fidèle les « villages jonquille » de Paris, place touché la France au mois de mars. soutien de la Fédération française du Panthéon, parvis de La Défense, Thibaut Voisin
ENTRE NOUS ILS SE MOBILISENT isin Thibaut Vo gare Saint-Lazare et au cœur de nos Au-delà de nos événements, et femmes de cœur, l’Institut Curie hôpitaux, ont accueilli nos généreux les Français ont répondu présents à a sensibilisé le grand public donateurs autour de la vente d’objets notre appel à mobilisation, en faisant à l’importance de la lutte contre solidaires comme des pots de un don sur le site de la campagne le cancer. Ils étaient également jonquilles offerts par notre partenaire unejonquillecontrelecancer.fr, par SMS présents le 10 mars à la mairie Truffaut. Le public a également en envoyant ESPOIR au 92 002 pour un du 5e arrondissement de Paris pour le transformé son énergie en dons grâce soutien de 5 euros directement prélevé lancement de la campagne et apporter, aux vélos connectés de notre sur la facture de téléphone, en achetant par leur présence, leur soutien aux partenaire Swiss Life, qui a reversé un objet solidaire sur la boutique en médecins et chercheurs de l’Institut. 1 euro à l’Institut Curie pour chaque ligne et en relayant sur leurs réseaux L’Institut Curie remercie les nombreux kilomètre parcouru. sociaux leur action. bénévoles qui se sont mobilisés, les Grâce à l’engagement de personnalités généreux donateurs, ses entreprises parrains et marraines de notre et associations partenaires, les campagne, comme Antoine de Caunes, parrains et marraines, les médias qui Stéphane Bern, Daphné Bürki, ont fortement relayé notre campagne Roselyne Bachelot, Vincent Niclo et qui se mobilisent chaque année pour et beaucoup d’autres hommes nous aider à faire fleurir l’espoir. La Jonquille fait peau neuve Cette année, l’emblème de la jonquille a été revisité pour donner Thibaut Voisin naissance à une nouvelle jonquille plus stylisée, déclinée sous forme de pin’s pour appeler le De gauche à droite : Maya Lauqué, Sandrine Quetier, Hervé Mathoux, Daphné Burki public à porter l’espoir. et Antoine de Caunes. LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE 17
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