Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard

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Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Travail de maturité n°2 : « Les routes qui font rêver… »

                    Mélina Martin 3MS2

 D’Athènes à Olympie,
            La route des JO
                antiques

Maître responsable : Mme Marie Asper
Gymnase Auguste Piccard                                           octobre 2011
Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Résumé
Athènes, la cité la plus importante de la Grèce antique.
Olympie, territoire sacré, choisi pour y établir les célèbres Jeux olympiques.
La route que ce travail veut vous faire découvrir relie ces deux endroits mythiques.
Se rendre à Olympie depuis Athènes n’était pas une chose facile, cela demandait de
l’endurance et une grande volonté. Qui avait donc envie de parcourir les 200 km pour
assister aux fameux Jeux? Les athlètes évidemment mais nombres d’artistes et de
philosophes affluaient aussi à Olympie en quête de célébrité... Quels étaient leurs buts,
leurs motivations? Car il n’était pas seulement question de récompense matérielle
mais surtout d’honneur et de gloire. Par où est‐ce que devaient passer les voyageurs ?
Dans ce travail, je tenterai de donner des réponses à ces questions.
Par ailleurs, les dimensions religieuses et mythologiques de la route y seront aussi
traitées. Car les Jeux étaient avant tout une cérémonie religieuse en faveur du tout
puissant Zeus.
Enfin, un retour au présent permettra de réfléchir sur l’existence, ou plutôt la forme
d’existence, que la route a aujourd’hui. Car bien que les JO n’aient plus lieu à Olympie,
nous verrons que la route ne cesse d’avoir un lien avec le présent.
Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Table des matières
Préface…………………………………………………………………………………………………………………………..…………2

Chapitre 1 : Présentation de la route………………………………………………………………………………………..3
    1.1 Période……………………………………………………………………………………………………………………..3
    1.2 Destination Olympie………………………………………………………………………………………………….4

    1.3 D’Athènes à Eleusis, la Voie Sacrée………………………………………………………………………….…5
    1.4 D’Eleusis à Corinthe, par la « Méchante Echelle »………………………………………………………9
    1.5 D’Elis à Olympie, le dernier parcours………………………………………………………………………..10

Chapitre 2 : Les voyageurs………………………………………………………………………………………………………14

    2.1 Artistes et philosophes…………………………………………………………………………………….…….14
    2.2 Commerçants…………………………………………………………………………………………………………..15
    2.3 Les athlètes………………………………………………………………………………………………………………16
    2.4 Les femmes………………………………………………………………………………………………………………17
    2.5 Les spectateurs………………………………………………………………………………………………………..18

Chapitre 3 : Pour les dieux…………………………………………………………………………………………….………20
    3.1 La Trêve sacrée………………………………………………………………………………………………………..20
    3.2 Rêves et buts des voyageurs…………………………………………………………………………………….21

    3.3 Plus près des dieux…………………………………………………………………………………………………..23

Chapitre 4 : La route de nos jours…………………………………………………………………………………………..25

    4.1 Utilité de la route aujourd’hui………………………………………………………………………………….25
    4.2 Renommée de la route…………………………………………………………………………………………….26
    4.3 Course actuelle sur l’ancien parcours……………………………………………………………………….26

Conclusion………………………………………………………………………………………………………………………………28

Bibliographie…………………………………………………………………………………………………………………………..29

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Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Préface
J’ai choisi le thème de mon travail grâce au titre accrocheur Les routes qui font rêver.
En effet j’avais bien envie de rêver, de suivre un chemin qui m’était encore inconnu, de
découvrir son histoire et les personnes qui l’ont arpenté. Une fois le thème choisi, il
fallut alors trouver le sujet, LA route en question. Qu’est‐ce qui me faisait donc bien
rêver? J’eus à vrai dire quelques difficultés à trouver ma voie…
Puis me vint l’idée d’étudier une route passant par la Grèce, un de mes deux pays
d’origine. Ce pays me plaît particulièrement, non seulement du fait que je suis à moitié
grecque, mais aussi grâce aux merveilleux paysages qu’il possède et à sa grande
richesse archéologique.
Par ailleurs, je voyais là une occasion d’enrichir ma culture géographique et historique
de ma seconde patrie, la Grèce.

J’ai eu envie d’explorer la route qui menait aux Jeux olympiques, car cela me
permettait, d’une part de m’intéresser aux valeurs des Grecs anciens, à leurs dieux et
ainsi à la mythologie.

D’autre part, les Jeux olympiques existent encore de nos jours, ce qui donne à la route
un certain lien avec le présent, bien qu’elle fût utilisée il y a de très nombreuses
années.
Le fait de découvrir le type de personne qui s’aventurait sur la route des JO, outre les
athlètes – des personnes que l’on n’imaginerait pas prendre part à ces festivités –
m’intéressait également.
De plus, j’avais pour but, ou plutôt pour ambition, d’explorer les différentes
« expériences de vie » que pouvait apporter ce voyage aux voyageurs de l’époque,
telles la peur, l’endurance ou l’atmosphère entre futurs concurrents.
Enfin, j’eus envie de m’intéresser au caractère sacré des Jeux antiques. Car le fait que
l’on parcourût tant de kilomètres avec pour seule récompense matérielle une
couronne d’olivier me surprenait et m’épatait. Je percevais déjà une dimension des
Jeux olympiques antiques bien différente de celle des Jeux modernes.

Je souhaite remercier Vicky Kalantzopulos, professeure à l’université de Thessalonique
et Christian Louedec, professeur au lycée franco hellénique d’Athènes, qui ont
répondu patiemment et avec intérêt à mes questions et qui m’ont fourni de précieuses
informations et documents de recherche.

Arrêtons à présent ce discours et mettons‐nous en route… Bon voyage!

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Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Chapitre 1 : Présentation de la route

1.1 Période
Pour découvrir la route qu’empruntaient les Athéniens voulant se rendre à Olympie
lors des fameux Jeux, il nous faut tout d’abord plonger dans l’Antiquité. C’est en effet
dans cette période, en 776 av J‐C que se déroulèrent les premiers Jeux olympiques
officiels.
D’autres jeux avaient bel et bien été organisés en Grèce avant cette date, mais ils
gardaient un caractère local et n’ont pas pu être datés précisément. C’est le sophiste
Hippias d’Elis qui a déclaré que l’année ‐776 serait la première à partir de laquelle on
commencerait à compter les Jeux, après avoir étudié les archives du sanctuaire se
trouvant à Olympie. Il établit d’ailleurs la première table des Olympiades, qui est la
base de la chronologie de la Grèce antique. Une olympiade étant une période de
quatre ans qui s’écoule entre deux Jeux olympiques, les Grecs de l’Antiquité
comptaient donc leurs années en Olympiades, et chacune d’elles portait le nom du
dernier vainqueur olympique de la course à pied. Ainsi à partir de ‐776, les noms des
vainqueurs ont commencé à être consignés dans un registre public.
Pendant près de douze siècles, les Jeux olympiques eurent lieu tous les quatre ans en
Grèce, mais ils finirent par être interdits par l’empereur romain Théodose Ier en 393
apr. J‐C. Ce dernier les supprima à la demande de l’évêque Ambroise, par le fait qu’ils
étaient accusés de diffuser le paganisme1.
Ce décret ne fut cependant pas une grande surprise, car les Jeux avaient déjà été
fortement dénaturés par la domination romaine. Premièrement, une tendance au
professionnalisme avait commencé à s’installer ; les athlètes étaient choisis avec
minutie, rigoureusement entraînés et très surveillés notamment dans leur régime
alimentaire. De plus, la récompense des Jeux olympiques, qui avait été pendant
longtemps uniquement la gloire et l’honneur, était devenue une récompense
appréciable. Les vainqueurs se voyaient attribuer une pension dans leur cité d’origine,
se faisaient nommer entraîneurs à vie ou recevaient une grande somme d’argent. De
ce fait les Jeux olympiques rapportaient bien et demandaient beaucoup
d’entraînement, ce qui donna naissance à une catégorie d’athlètes professionnels.
Bien que ce phénomène eût des aspects positifs, tels les grands progrès dans la
médecine du sport qui ont pu être réalisés, ces « nouveaux athlètes » étaient très
critiqués et les Jeux olympiques perdirent de leur authenticité et surtout leur caractère
sacré.

1
    Paganisme : Ensemble des religions polythéiste de l’Antiquité, dont celle de la Grèce fait partie.

                                                                                                         3
Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
1.2 Destination Olympie
Les Jeux olympiques n’étaient pas les seuls Jeux panhélleniques de l’Antiquité. Il
existait au contraire trois autres grandes fêtes solennelles et sportives, qui sont les
Jeux de Delphes, de Némée et d’Isthme. Quelques autres Jeux à caractère local étaient
également organisés dans différentes villes de la Grèce, comme par exemple à
Mégare, Rhodes, Argos, Epidaure ou Athènes.
Cependant, l’on constate que les Jeux Olympiques avaient une grande notoriété qui les
rendait plus importants que les autres Jeux de la Grèce antique.

« L’or étincelant de la flamme qui s’allume à Olympie efface tous les trésors de la fière
opulence… n’espère pas célébrer une lice1 plus glorieuse qu’à Olympie. » 2

Mais comment comprendre cette célébrité? Pourquoi est‐ce donc cet endroit précis –
Olympie – qui avait été choisi pour établir les Jeux ? Plusieurs facteurs peuvent nous
permettre de le comprendre.
Premièrement, les Jeux panhélleniques avaient une source sacrée (nous élargirons
davantage ce thème dans un prochain chapitre), ce qui demande que les fêtes
sportives se déroulent dans un lieu sacré, tel un sanctuaire. Or à Olympie se trouvait le
majestueux temple de Zeus, le roi des Dieux dans la mythologie grecque, dont
subsistent encore des ruines.
En outre, nous pouvons également préciser qu’Olympie était considéré comme l’un
des plus beaux endroits du pays. Le site se trouvant à la fois entre un fleuve, l’Alphée
et une montagne, le mont Kronion, il possédait de considérables avantages
géographiques, en plus de son charme rendu par son appartenance mythologique.

                                                                                      Site d’Olympie
                                                                                   Bordé par les pins du
                                                                                 mont Kronion (à gauche)
                                                                                 et par la rivière Alphée (à
                                                                                 droite), Olympie offre un
                                                                                 magnifique paysage à ses
                                                                                          visiteurs.3

1
   Une lice est une compétition
2
   Citation tirée du livre Douze siècles de jeux à Olympie, p. 37, Oly. V.1.11
3
  Image trouvée sur le site internet : http://maxmick.pagesperso‐orange.fr

                                                                                                          4
Mélina Martin 3MS2 D'Athènes à Olympie, La route des JO antiques - Maître responsable : Mme Marie Asper Gymnase Auguste Piccard
Selon la légende la plus répandue, le fondateur des Jeux olympiques ne serait autre
qu’Héraclès, le héros le plus vénéré de la Grèce antique. Etant donné que ce « demi‐
dieu » était adoré par les tous Grecs, les jeux d’Olympie avaient une importance
particulière.
Une autre raison pour laquelle les Jeux olympiques étaient les plus célèbres jeux de
Grèce, est que ces derniers avaient une très forte valeur symbolique de renaissance.
En effet, les jeux commençaient avec l’arrivée dans le stade des garçons nus, qui
devaient, pour y accéder, passer par un tunnel, tels des spermatozoïdes rejoignant
l’utérus. Puis, le combat entre les jeunes représentait à son tour la sélection et la
fécondation. Enfin, l’unique vainqueur, l’élu, permettait la renaissance.

1.3 D’Athènes à Eleusis, la Voie Sacrée
                                                                                 Carte de la Grèce
                                                                           Elle nous montre le parcours
                                                                           d’Athènes à la ville d’Eleusis,
                                                                            tout en nous aidant à nous
                                                                                situer dans le pays.1

Nous voilà en route pour parcourir les plus de 200 km qui séparent Athènes d’Olympie.
La première étape consistait à passer par la Porte Sacrée (en grec : Iera Pili), l’une des
nombreuses portes qui donnaient accès à la ville. Car dans l’Antiquité, Athènes –
l’actuelle capitale du pays – était entourée d’une muraille qui servait à protéger les
habitants des envahisseurs. Cette porte qui se trouvait à l’ouest de la ville emmenait
les voyageurs jusqu’à Eleusis. Elle se trouvait par ailleurs à proximité d’une autre porte,
le Dipylon (la « double porte »), considérée comme la plus majestueuse et la plus
officielle des portes, qui elle rejoignait la région d’Akademia Platonos (l’Ecole de
Platon). Il existe encore aujourd’hui des ruines de cette porte, sur le site de
Kerameikos à Athènes! On a également pu établir une reconstitution du site.

1
    Carte trouvée sur le site internet suivant : http://trefaucube.free.fr/index.php?id=55

                                                                                                             5
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Le Dipylon et la Porte Sacrée
 Nous pouvons observer sur
cette image la porte nommée
 Dipylon (à droite) et la Porte
    Sacrée (à gauche) par
 laquelle devaient passer les
 Athéniens voulant se rendre
   à Eleusis, puis Olympie.

                                                        Photo prise sur le site même

                                                                       Site de Keramikos
                                                                Les ruines de la Porte Sacrée se
                                                                trouvent au milieu de la photo.

     Photo personnelle prise sur le site même

Imaginons maintenant un Grec
ancien venant de franchir la
porte, se retournant pour faire
un dernier adieu à sa ville. Voici
ce qu’il verrait :

L’Acropole (le monument en haut
au milieu) était visible depuis la
Porte Sacrée.
                                         Photo personnelle prise sur le site même
                                         Photo prise sur le site même
                                                   Photo personnelle prise sur le site même

                                                                                                   6
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Une fois la porte passée, nous nous engagions sur une route d’environ 25 km qui
menait jusqu’à Eleusis, la « Voie Sacrée ».

                              La Voie Sacrée, d’Athènes à Eleusis

                  Sur cette carte nous pouvons voir le chemin tracé en rose.1

Dans l’Antiquité, plus ou moins chaque ville grecque possédait sa « Voie Sacrée »,
c'est‐à‐dire une route qui menait à un lieu sacré, tel un sanctuaire. A Eleusis c’est le
sanctuaire de Déméter, déesse de l’agriculture, qui attirait les pèlerins.

Déméter avait une grande importance dans la mythologie, car étant la «Terre Mère »
(« Dé » vient du mot « γη » voulant dire « terre » et « méter » vient du mot « μήτερ »
voulant dire « mère »), elle avait une grande influence sur les récoltes. De plus, les
populations dépendaient énormément de l’agriculture, étant donné que leur
alimentation était directement issue de ce que la terre produisait. La déesse était donc
très vénérée et le sanctuaire très visité.
La Voie Sacrée est l’une des plus vielles routes d’Europe. Son importance était
considérable, car elle était la seule route qui reliait Athènes à la Grèce du Nord et au
Péloponnèse. Elle permettait donc un important accès, mais était aussi utilisée à des
fins religieuses (grâce au sanctuaire de Déméter), économiques et politiques.

1
 Carte trouvée sur le site internet :
http://www.mediterranees.net/geographie/pausanias/livre1g.html

                                                                                      7
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En outre, l’endroit était connu pour être, en ce temps‐là, le plus important cimetière
d’Athènes. On a en effet retrouvé une quantité de tombeaux de part et d’autre de la
route, dont quelques‐uns appartenant à des personnalités. Nous pouvons citer par
exemple celui du fameux homme politique Thémistocle.
Des ruines de la voie (sur une longueur de 27 mètres) ont été elles aussi retrouvées
dans la région de Egaléo. On a ainsi pu apprendre que deux petits murs en pierre
bordaient alors la route, et que cette dernière avait déjà subi cinq revêtements de
chaussée consécutifs. Ils étaient faits soit de pierres lissées, de petites pierres, de terre
battue ou de gravier. Le premier revêtement aurait été quant à lui construit avec de la
roche, et des traces de chars d’environ 1,4 mètres de largeur ont pu être observées
lors de la découverte des ruines.
Par ailleurs, de grosses pierres faisant office d’indicateur de direction étaient présentes
le long de la route.

                                                    Indicateur de direction
                                  Nous pouvons y lire «H Οδός της Ελευσίνας » ce qui veut
                                                                 1
                                  dire « La route d’Eleusis ».

                             Sur cette photo contemporaine nous pouvons lire le nom de la
                               route qui est « IERA ODOS » c'est‐à‐dire « Voie Sacrée ».2

Lorsque je me suis rendue sur place, dans la région de Keramikos, afin de visiter les
ruines de la Porte Sacrée, je me suis aperçue que la route partant du site et menant à
Eleusis porte toujours le nom de « Voie Sacrée »!

1
  Image trouvée sur le site internet suivant :
http://el.wikipedia.org/wiki/%CE%99%CE%B5%CF%81%CE%AC_%CE%9F%CE%B4%CF%8C%CF%82
2
  Photo personnelle prise au début de la rue « Voie Sacrée » à Athènes

                                                                                            8
Il est amusant de constater la différence qu’il existe entre le cadre actuel (mur de
couleur intense, présence de graffitis) et la notion religieuse qui se cache réellement
derrière le nom de la route (du fait du mot « sacrée »).

1.4 D’Eleusis à Corinthe et au‐delà
La Voie Sacrée rejoignait donc la ville d’Eleusis. De là, nos voyageurs devaient atteindre
Corinthe1, qui se situe un peu plus à l’Est, en passant par Mégare.

                                                          Ce parcours d’Eleusis à Corinthe était
                                                          connu pour être particulièrement
                                                          périlleux, du fait de son relief très
                                                          rocailleux et du grand nombre de
                                                          voleurs et malfaiteurs qui y rôdaient.
                                                          Les Grecs devaient passer notamment
                                                          par un endroit appelé « la méchante
                                                          échelle » (Η Κακιά Σκάλα), qui se situe
                                                          en pleine montage et qui porte encore
                                                          son nom aujourd’hui. Elle demeure
                                                          toujours une route redoutablement
                                                          dangereuse.

La route de « la méchante échelle » contemporaine
Des tunnels (non visibles sur cette image) ont même
                                             2
dû être construits pour faciliter l’accès.

La légende raconte que c’est l’Athénien Thésée (fils d’Egée, roi d’Athènes, et d’Ethra)
qui a rendu l’accès possible, en exterminant tous les bandits qui se trouvaient le long
du chemin. Les plus fameux brigands étaient Sinis, habitant à Corinthe, Skiron de la
région de la Méchante Echelle et le terrible Procuste, qui demeurait dans les hauteurs
de la Voie Sacrée. Ce dernier, paraît‐il, attachait les voyageurs à qui il avait offert son

1
    Cf. carte p. 5
2
    Image tirée du site internet suivant : http://www.digital‐
camera.gr/index.php?option=photos&action=view&photo_id=17973

                                                                                               9
hospitalité à un lit avant de couper ce qui y dépassait ou d’étirer les trop petits afin
qu’ils atteignent les bords du lit.

                                                                          Thésée et Procuste
                                                                    Cette image représente Thésée
                                                                    (à droite) s’apprêtant à faire
                                                                    subir à Procuste (à gauche) le
                                                                    même sort qu’à ses victimes.1

Puis nos voyageurs devaient sans doute traverser les monts du Péloponnèse, où
régnait le dieu Pan2, avant de longer la rivière Bouraikos. Ils passaient ensuite
probablement par la vallée d’Aoranios, enchaînaient avec celle de Ladonas pour enfin
rejoindre la rivière d’Alphée.
Rappelons que ces chemins étaient empruntés depuis le VIIIe siècle av. JC et l’ont été
pendant plus de mille ans. L’itinéraire exact ne peut par conséquent pas être connu
avec grande précision. Mais nous disposons d’assez d’informations pour émettre des
hypothèses sûrement très proches de la réalité. De plus, en regardant la carte de la
Grèce, le parcours décrit ci‐dessus paraît être le plus adéquat.

1.5 D’Elis à Olympie, le dernier parcours
Bien que, comme nous le reverrons dans le prochain chapitre, les athlètes n’étaient
pas les seuls à emprunter cette route, nous nous attarderons spécialement à un
certain détour qu’il leur était nécessaire d’effectuer avant de rejoindre Olympie. Car
les futurs concurrents devaient arriver, un mois avant le commencement des Jeux, à
Elis. Cette ville, qui était la capitale de l’Elide, était chargée de l’organisation des Jeux,
étant donné qu’Olympie se trouvait sur son territoire.
Durant ce mois précédant les festivités avaient lieu les dernières qualifications des
athlètes. Ces derniers s’entraînaient en commun et étaient jugés non seulement sur

1
  Photographie d’un kylix (type de coupe à boire) attique à figures rouges de 440 à 430 av. J‐C., trouvée
sur le site : http://s2.e‐monsite.com/2010/05/29/12/Procuste.jpg
2
  Pan était, dans la Grèce antique, le dieu de « la totalité » (Pan venant d’un mot grec voulant dire le
tout), de la Nature toute entière. Cette divinité avait une apparence mi‐homme, mi‐bouc.

                                                                                                       10
leurs qualités physiques mais aussi sur leur sens moral et leur esprit. Ceci montre bien
l’importance spirituelle qu’accordaient les Grecs anciens à leurs Jeux.
Il était permis aux entraîneurs d’être présents durant les entraînements, mais ils
n’étaient cependant pas autorisés à intervenir ; c’étaient aux Hellanodices (les juges
des Jeux olympiques) qu’était réservé le droit d’évaluer les futurs champions.
Lorsque les dernières sélections étaient terminées, on formait un cortège qui quittait
la ville d’Elis pour enfin rejoindre Olympie. Cette dernière route, qui était empruntée
par tous les athlètes, était longue d’environ 57 km et portait elle aussi le nom de Voie
Sacrée. Mais elle était bien moins connue que la voie dont il a été question ci‐dessus,
car bien moins souvent utilisée.

                                                                      Sur cette carte est tracé le
                                                                    chemin que devait emprunter
                                                                             le cortège. 1

Le cortège, dirigé par les Hellanodices, faisait une halte à une source sacrée appelée
Pièra, où l’on pratiquait des rites purificatoires en s’aspergeant de sang de porc avant
de se laver dans de l’eau douce. Puis, la dernière nuit avant le commencement des
Jeux tant attendus était passée à Létrine.
Le deuxième jour – considéré officiellement comme le premier jour des Jeux
olympiques, puisque c’est en ce jour qu’avaient lieu les cérémonies d’ouverture – la

1
    Carte tirée du livre : Douze siècles de Jeux à Olympie, p. 64

                                                                                                11
procession pénétrait dans le site d’Olympie. L’ordre d’arrivée était bien spécifique :
d’abord entraient des joueurs de trompette, puis les prêtres et les Hellanodices suivis
des magistrats d’Elis et des villes avoisinantes. Venaient ensuite les athlètes
accompagnés d’un parent et de leur entraîneur et enfin les chevaux et les chars.
Une fois entré dans le site, le cortège s’arrêtait au Bouleutérion (bâtiment dans lequel
se réunissait la haute assemblée d’une cité grecque antique), devant le majestueux
autel de Zeus. A cet endroit, les athlètes prêtaient le serment olympique, qui consistait
à jurer de se conformer aux règles des Jeux et de se comporter de manière loyale. Il
est amusant de relever que les juges devaient eux‐aussi prêter serment, en
s’engageant à n’accepter aucun pot‐de‐vin. Puis les jeunes sportifs inscrivaient leur
nom sur une liste officielle, afin qu’on procède au tirage au sort et qu’ils puissent
découvrir leur futur adversaire.
La journée se terminait avec différents sacrifices et le soir, un riche banquet attendait
les dignitaires, les prêtres et les juges. Quand aux épreuves sportives, elles
commençaient le lendemain.

                                  Reconstitutions du site d’Olympie

Le « conseil olympique » (au milieu à droite) avait lieu dans le Bouleutérion, devant le temple
de Zeus.1

1
    Image trouvée sur le site suivant : http://www.google.ch/imgres?q=Olympie+Bouleut

                                                                                              12
Reconstitutions
                                                                                    du site d’Olympie

                                                                                      Cette image
                                                                                     nous montre le
                                                                                    Bouleutérion au
                                                                                      premier plan
                                                                                    (sur la droite) et
                                                                                      le temple de
                                                                                    Zeus à l’arrière.1

D’après Socrate, qui parcourut la route depuis Athènes, le trajet durait environ six
jours. Ce parcours devait donc être assez rude et éprouvant pour nos voyageurs, mais
les différents enjeux en valaient la peine. La plupart se déplaçaient à pied, mais les plus
riches préféraient parfois faire le chemin à cheval. Les traces de chars qui ont pu être
observées sur la Voie Sacrée2 révèlent quand à elles que les Grecs de l’Antiquité
utilisaient déjà ces moyens de transports.

1
    Image trouvée sur le site suivant : http://ookaboo.com/o/pictures/picture/1946724
2
    Cf. 1.3 parcours, p. 6

                                                                                                   13
Chapitre 2 : Les voyageurs

2.1 Artistes et philosophes
Il est évident que lorsqu’on réfléchit aux personnes qui empruntaient la route menant
à Olympie, on pense tout de suite aux athlètes, ainsi qu’à leurs entraîneurs, voire
également à leur famille. Mais ils n’étaient pas les seuls, loin de là!
Tout d’abord, de nombreux artistes avaient un grand désir de se rendre aux Jeux, car
c’était là une magnifique occasion de se faire connaître.
Les savants et philosophes y abondaient. Les plus jeunes cherchaient à se faire repérer
par des maîtres de philosophie réputés, afin de pouvoir devenir ensuite leurs élèves.
D’autres faisaient connaître leurs sages ou éloquentes théories et conceptions au
grand public. Nous pouvons mentionner par exemple l’un des plus célèbres sophistes
du monde hellénique, le légendaire Gorgias, qui tenta même de soulever l’opinion
publique en faveur d’une cause qu’il défendait, comme nous le confirme P. G‐Y.1 :

« (En parlant de Gorgias) On cite un discours prononcé sur les degrés du temple
d’Olympie pour engager les Grecs à la concorde et à s’unir pour repousser les Mèdes et
les Perses ».

Il en va de même pour quelques autres célébrités, tels les brillants orateurs
Démosthène et Lysias, ainsi que Socrate. Platon s’y rendait paraît‐il également, tout
comme Isocrate, un autre illustre sophiste. Nous pouvons imaginer qu’il y avait alors à
Olympie de véritable « joutes oratoires ».
Les écrivains, poètes et historiens profitaient aussi des grands regroupements
d’auditeurs que provoquaient les Jeux olympiques pour aller présenter leurs œuvres.
Il en va ainsi de l’historien Hérodote, comme l’affirme Philippe Remacle :

« Les grands Jeux d’Olympie approchaient : Hérodote pensa que c’était justement
l’occasion qu’il souhaitait si vivement. Aussi, quand il eut remarqué que l’assemblée
était au complet, que de toutes parts étaient arrivés les hommes les plus éminents, il
s’avança derrière le temple, se donna, non comme un spectateur, mais comme un
prétendant aux prix olympiques, lut son histoire, et charma tellement les auditeurs,
qu’ils donnèrent le nom d’une muse2 à chacun de ses livres.

1
  Citation trouvée sur le site internet suivant : http://books.google.ch
2
  Filles de Zeus, les muses représentaient la musique et la littérature et présidaient aux arts libéraux (soit
la musique, l’arithmétique, la géométrie et l’astronomie.)

                                                                                                           14
De ce moment, Hérodote fut plus connu que tous les vainqueurs eux‐mêmes : son nom
n’était ignoré de personne ; les uns l’avaient entendu à Olympie, les autres le
connaissaient par le récit de ceux qui avaient assisté aux Jeux. »1

Rappelons qu’il existait également des concours de trompette, lors de la cérémonie
d’ouverture des Jeux. Les vainqueurs recevaient d’ailleurs eux aussi le titre
d’olympionique2. Mais il avait quand‐même fallu attendre les jeux de 396 av. J‐C pour
que ce type de concours ait lieu. En effet, avant cette date, l’art occupait une place
moins grande que les concours de force physique.

D’autres concours artistiques ont vu le jour dès 66 apr. J‐C. Ainsi Olympie a pu
accueillir de plus en plus de musiciens (notamment des joueurs lyre, de cithare, de
flûte et d’aulos, un ancien instrument à vent), de chanteurs, de poètes et de rhéteurs.
Les peintres, eux aussi, venaient exposer leurs œuvres tout comme les sculpteurs
auxquels il incombait de tailler les portraits des vainqueurs dans la pierre.

En outre, acrobates, clowns et autres artistes du spectacle venaient divertir les foules,
créant ainsi une atmosphère de festival sur le site.

                                                      Un trompettiste
                                        Les musiciens devaient sans doute voyager

                                         avec leur trompette qui pouvait atteindre

                                                         jusqu’à 160 cm.3

2.2 Les commerçants
Les commerçants aussi avaient avantage à se rendre aux Jeux, car la demande d’objets
divers, comme des articles de poterie ou de bois, des statuettes de Zeus ou d’autres
divinités d’Olympie, des graines d’encens et des ex‐voto était très forte. Le commerce
des marchands de souvenirs prospérait donc à Olympie.

1
  Citation trouvée sur le site internet: http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucien/herodote.htm
2
  Olympionique vient du mot « Olympie » ainsi que du mot « Nikè » qui luit signifie « victoire ».
Olympionique veut donc dire vainqueur à Olympie.
3
  Extrait déroulé d’une coupe attribuée au peintre de Scheurleer, musée du Louvres, tiré du livre Douze
siècles de jeux à Olympie, p.127

                                                                                                      15
De plus, à partir d’un certain temps, les Jeux ont commencé à s’internationaliser, à
cause notamment de la domination romaine (cf. Chap.1.1). Etre Grec était toujours
une condition primordiale pour pouvoir y participer, mais cette notion sous‐entendait
qu’il fallait être né, ou vivre, non pas strictement sur le sol grec, mais aussi dans une
colonie. Nombre de Romains purent ainsi « emprunter » la nationalité grecque et
prendre part aux festivités.
Ce phénomène permit de favoriser grandement les échanges commerciaux ; car les
personnes venant de loin amenaient les produits typiques de leur région et
souhaitaient aussi découvrir ceux d’ailleurs. Les Jeux olympiques contribuèrent ainsi au
développement du commerce international.

2.3 Les athlètes
Revenons à présent aux athlètes qui devaient faire ce long voyage pour défier les
champions des autres villes grecques. Le règlement officiel des Jeux antiques stipulait
que seuls des citoyens hellènes libres avaient le droit de prendre part aux concours.
Ceci excluait donc les esclaves, les métèques (étrangers qui, bien que domiciliés dans
une cité, n’étaient pas admis à la citoyenneté de celle‐ci), ainsi que les personnes ayant
une fois été condamnées par la justice.
Nous constatons clairement que les Grecs exigeaient que leurs athlètes – et futurs
héros – soient dotés d’un comportement et d’une moralité exemplaires.

                    Images de jeunes athlètes sur leur chemin (reconstitution) 1

Par ailleurs, les concurrents étaient issus, pour la plupart, d’un milieu aristocratique.
En effet, participer aux Jeux olympiques demandait de posséder quelques moyens ; il

1
    Images tirées du film OLYMPIE, VAINCRE POUR ZEUS, (53 min 55 sec)

                                                                                       16
faillait tout d’abord pouvoir se permettre de prendre le temps de s’entraîner
suffisamment, payer les entraîneurs et l’entrée au gymnase ainsi que les offrandes
qu’il était nécessaire de faire une fois arrivé à Olympie. Un simple artisan avait donc
plus de difficultés à s’engager dans une telle aventure.

Mais les athlètes venant d’une classe sociale moins élevée n’étaient toutefois pas
exclus des Jeux. Leur participation restait cependant plus difficile, car il leur fallait être
dans un premier temps repérés par les dirigeants de leur ville, afin d’obtenir ensuite un
soutien matériel de celle‐ci. Il fallait donc qu’un nécessiteux soit particulièrement
talentueux pour qu’il puisse prendre part au voyage.
Par ailleurs, les athlètes ne voyageaient pas seuls. Ils étaient au minimum
accompagnés de leur entraîneur, d’une partie de leur famille, souvent d’un masseur et
éventuellement d’un palefrenier. Les voyageurs se déplaçaient ainsi en petits groupes,
parfois même en cortège.
Notons toutefois que la démocratisation du pays, survenue vers la fin du Ve siècle av.
J‐C, provoqua quelques changements dans l’origine sociale de nos champions. Ceci
vient du fait que l’éducation, autant intellectuelle que physique, devint plus accessible
à la population, ce qui encouragea des jeunes venants de milieux plus modestes à
tenter leur chance en tant que sportifs.

2.4 Les femmes
Abordons maintenant la place de la femme dans les Jeux olympiques. Il est vrai qu’il
est le plus souvent question de mâles lorsque l’on parle d’athlètes olympiques
antiques. Les femmes n’avait‐elle donc pas le droit de se présenter aux Jeux? La
réponse est bien évidemment non. Il était formellement interdit à toute femme,
mariée ou non, jeune ou âgée, de seulement assister aux Jeux Olympiques.

Il est complexe de comprendre les raisons d’une telle décision. Selon certains
historiens, le cliché grec montrait la femme comme recluse dans son gynécée (ceci est,
dans l’Antiquité, la partie de l’habitation réservée aux femmes) et donc elle n’était pas
apte à participer à des Jeux d’une telle renommée.
Si une femme tentait de transgresser cette loi stricte, elle risquait de se faire jeter du
haut d’une montagne, appelée le Typaeum. C’est dire combien les Grecs tenaient à ce
que le règlement soit respecté.
Une femme aurait pourtant osé tromper les organisateurs, en s’habillant en homme,
pour pouvoir admirer son fils qui était un des occurrents. Ce dernier ayant gagné l’une
des compétitions, sa mère ne put se contenir et courut le féliciter. A en croire la
légende, cette précipitation lui aurait fait perdre une partie de son vêtement, et aurait

                                                                                           17
ainsi dévoilé sa féminité aux autres. Mais elle n’eut pas à subir le châtiment fatal, du
fait qu’elle comptait dans sa famille un grand nombre d’olympioniques.
Une seule femme était pourtant présente tout au long du déroulement des Jeux. Ce
n’était autre que la prêtresse de Déméter Chamyne, qui s’installait sur un trône face
aux juges dès le premier jour des festivités, et qui présidait ainsi les Jeux.
Cependant, il arrivait qu’une femme devienne « vainqueur olympique ». Ceci se
produisait lors des courses de chars, car le vainqueur n’était pas celui qui conduisait le
char, mais le propriétaire de l’attelage.

Précisons que les femmes avaient quand‐même leurs propres Jeux athlétiques. Ceux‐ci
avaient lieu notamment à Sparte, à Argos et même à Olympie. Mais ils n’avaient
toutefois pas du tout la renommée des Jeux des hommes.

Nous pouvons constater qu’à cause de cette interdiction, le voyage, d’un peu moins
d’une semaine, se faisait entre hommes seulement.

                                 Jeune fille athlète                  Statuette d’une jeune
                                    1
                Jeune fille athlète                femme spartiate s’entraînant à la course2

2.5 Les spectateurs
Pour finir, n’oublions pas le nombre incroyable de spectateurs qui affluaient à
Olympie. Ils auraient été de 40 à 50 000 à assister aux Jeux tous les quatre ans! Un réel
village de tentes se formait d’ailleurs autour du sanctuaire.

1
    Image tirée du livre Olympic Games in ancient Greece, p.58
2
    Vers   550‐520    av.   J.‐C.   British   Museum,     Londres.   Image   trouvée   sur   le   site
http://enugmis.wordpress.com/2007/08/04/en-construction-enugnis-146-les-femmes-guerrieres-
en-grece-ancienne/

                                                                                                   18
De plus, les spectateurs pariaient sur les courses de char, ce qui les rendait fous
d’excitation, comme en témoigne l’orateur Dion du Pruse, surnommé Dion
Chrysostome (qui en grec veut littéralement dire « bouche d’or »), s’adressant au
public :

« Aucun de ces chevaux ne courrait moins vite si vous vous teniez correctement […]. Qui
peut décrire vos cris, votre émoi et votre angoisse, vos contorsions et vos rugissements,
les terribles imprécations que vous proférez ? Si vous n’étiez pas seulement en train de
regarder une course de chevaux (et de chevaux qui ont l’habitude de courir), mais en
proie aux affres d’une tragédie, vous n’en seriez pas aussi cruellement affectés. » 1

Il est vrai que la puissance de chaque cité grecque se faisait sentir durant les Jeux
olympiques. Lorsqu’un Athénien, par exemple, devenait olympionique, on pouvait en
déduire que le système sportif d’Athènes était d’un haut niveau. Ceci laissait entendre
que le système militaire était lui aussi bien au point. Les dirigeants des cités avaient
donc grand intérêt à observer les athlètes olympiques, qui reflétaient en quelque sorte
la grandeur de leur territoire, afin de repérer les fortes cités qui pourraient devenir des
ennemis potentiels.
En outre, il ne faut pas perdre de vue que la Grèce n’était pas encore un pays uni
comme de nos jours ; il s’agissait plutôt d’Etats‐cités ou de petites cités autonomes. Or
les Jeux olympiques représentaient le plus grand rassemblement des Grecs anciens se
déroulant dans une atmosphère pacifique. Ceci permettait aux dirigeants de régler les
problèmes qui existaient entre les cités, comme nous le confirment certains auteurs :
« Olympie était le centre panhellénique le plus fréquenté et de ce fait les problèmes y
étaient plus ou moins directement soulevés. Les champions de l’union de la Grèce
contre l’Empire Perse s’y firent entendre. » 2

                                                                   Fragment d’un vase peint par Sophilos,
                                                                  vers 580‐570 av. J.‐C., sur lequel sont
                                                                  représentés des spectateurs en folie.3

Pour conclure, sportifs, artistes, philosophes, commerçants, hauts dirigeants et toute
personne souhaitant atteindre la célébrité empruntaient le chemin menant à Olympie.

1
  Cité par M.I Finley et H.W Pleket, 1000 ans de Jeux Olympiques, p.99
2
  Citation tirée du livre Les Jeux olympiques dans l’antiquité, p. 71, par Elie Fallu
3
  Musée national d’archéologie d’Athènes. Extrait de Ph. De Carbonnières, Olympie, La victoire pour les dieux, 1995.
Site : http://www.peplums.info/pepcour40a.htm

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Chapitre 3: Pour les dieux

3.1 La Trêve sacrée
La route menant aux Jeux olympiques pouvait se montrer particulièrement
dangereuse, par son relief difficile, les mauvaises rencontres que l’on pouvait y faire et
la longueur du trajet.
Imaginons donc la dureté du parcours si nos voyageurs devaient, en plus de cela,
craindre de traverser le territoire d’une cité ennemie. C’est pour éviter ce risque que
l’on instaura la Trêve sacrée. Cette Trêve avait comme but de suspendre les hostilités
dans toute la Grèce pour qu’athlètes, entraîneurs, artistes et spectateurs puissent
atteindre Olympie sans risque d’être attaqués.
Ce serait le roi d’Elide, Iphitos, qui aurait le premier instauré cette loi, à la suite d’un
oracle de la Pythie de Delphes. Cette dernière aurait en effet déclaré qu’aucune guerre
ne devrait exister durant les Jeux.

                                                         Environ     un     mois     avant   le
                                              commencement des festivités, des messagers
                                              appelés « spondophores » (porteurs de trêve)
                                              partaient d’Elis et voyageaient de cité en cité à
                                              travers toute le Grèce pour y annoncer la date
                                              exacte des Jeux. Ils demandaient également aux
                                              dirigeants d’imposer et de respecter la Trêve
                                              sacrée et d’inviter leurs athlètes à prendre part
                                              aux Jeux d’Olympie.

      Un « spondophore » 1
Dans les premiers temps, la Trêve ne durait qu’un mois environ. Mais le Grèce ne
cessant de s’agrandir grâce à ses conquêtes, il fallu la rallonger jusqu’à trois mois, afin
de permettre aux habitants des colonies de se rendre au lieu sacré sans danger, et de
retourner dans leur territoire en toute tranquillité.

1
 Image d’un vase à fond rouge, trouvée sur le site suivant :
http://etwinning.sch.gr/projects/elia/ekexeiria_en.htm

                                                                                            20
Les conditions de ce décret, qui étaient paraît‐il gravées en rond sur un disque très
ancien, le disque d’Iphitos, étaient au nombre de quatre.
Le premier article demandait à toutes les villes hellènes de cesser les combats pendant
une période de un à trois mois. Le deuxième exigeait de ces villes de garantir la
sécurité et l’hébergement aux participants et spectateurs qui y passeraient. Le
troisième quand à lui déclarait neutre le territoire de l’Elide, interdisant aux troupes
militaires armées d’y pénétrer. Le quatrième enfin exigeait l’ajournement de toute
condamnation à mort.
Remarquons que le troisième point faisait de l’Elide le temple de la paix.
Il est intéressant de relever que cette trêve était « sacrée » par le fait que c’était une
loi de Zeus. Or, une malédiction divine frappait ceux qui s’aventuraient à désobéir à ce
dieu. De plus, une légende affirmerait que ce serait le héros Héraclès qui en aurait été
l’interprète auprès des hommes. Il était donc vu comme un sacrilège d’oser violer
cette Trêve, qui inspirait crainte et respect à tous les Grecs.
Ainsi, les Alytes (sortes de policiers chargés de défendre le territoire d’Olympie) qui
avaient le droit de réduire en esclavage les contrevenants ou bien même de les tuer, se
voyaient rarement amenés à appliquer de telles sanctions. Car en effet les Grecs, par
superstition, étaient découragés d’enfreindre les règles.
Une preuve du grand respect de cette Trêve est que l’on n’a jamais dû construire de
murailles afin de protéger Olympie. Le troisième article était donc respecté.
En somme, nos voyageurs pouvaient entreprendre ce voyage jusqu’au lieu des Jeux
olympiques sans craindre de se faire embarquer dans un conflit, et ce grâce à la Trêve
sacrée.
Nous pouvons relever la belle symbolique de paix que reflète la Trêve ; tous se
retrouvent comme Hellènes et marchent ensemble vers le lieu sacré d’Olympie.1

3.2 Rêves et buts des voyageurs
Contrairement aux autres concours locaux, les Jeux olympiques avaient une origine
religieuse (comme énoncé dans le Chapitre 1). Ils avaient pour but de rendre
hommage aux dieux, plus spécialement à Zeus, dont un temple magnifique avait été
construit à Olympie. Ils renvoyaient également à des rites funéraires, destinés à
glorifier les morts.
De plus, les Grecs pensaient que la victoire à Olympie dépendait de la décision des
dieux. C’était la divinité Niké (qui veut dire victoire), représentée sous forme de femme

1
    Citation tirée du site suivant : http://www.mediterranee‐antique.info/Grece/Schoemann/G_604.htm

                                                                                                  21
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