1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
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N° 194 European Landowners’ Organization JUILLET-AOUT 2021 - BIMENSUEL- FR 1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l’agriculture dans le monde de demain © Philippe GARGUIL
CountrySide 194 Tables des matières Editorial Thierry de l’ESCAILLE, Secrétaire général Au moment où le monde politique lance son Pacte vert, sans se don- 3 1er Sommet sur la biodiversité agricole : ner le temps d’une vraie concertation avec le chapitre rural de la so- le rôle de l’agriculture dans le monde de ciété européenne cela me semble être le moment de saluer le courage demain des paysans et des forestiers ainsi que de tous ceux qui font vivre le tissu rural. Aucun autre segment de la population n’a dû évoluer aussi 6 Des synergies entre le 1er Sommet sur la profondément ni aussi constamment depuis 1960. Ils n’ont pas été biodiversité agricole et les projets européens avares de leurs efforts ni manqué d’avoir la capacité de se remettre liés à la durabilité agricole et à la biodiversité en question, et n’ont jamais remis la démocratie en jeu eux ! Pour- tant ils sont la cible d’une avalanche de reproches justifiant la mise en 7 Nations Unies - Sommet sur les systèmes place d’une autre politique. Pour citer Philippe DULAC « la campagne alimentaires Dialogue Indépendant : étendre comme en 1950 reste le creuset de valeurs différentes de celles de la l’agriculture régénérative ville. Simplement la proportion de ceux qui les portent dans la po- pulation a été divisée par dix. Ce n’est pas pour cela que l’Europe va 10 L’avenir des céréales en Espagne : mieux. Au contraire, la campagne fut pendant longtemps la quille du navire. Celle-ci ne possède plus le poids qu’il faudrait pour jouer son produire en conservant rôle bienfaisant. » 12 Dynamique de l’agriculture Nos décideurs doivent éviter de tomber dans l’excès que leur propose pour des campagnes vivantes la tentation populiste qu’elle soit de droite ou de gauche. Il y a plus qu’une nuance entre soit adapter la production alimentaire, fores- 13 Atelier sur le tout nouveau rapport du JRC sur tière ou la gestion des activités rurales à ce que la science nous invite les réglementations du marché des terres à prendre en compte, ou soit suivre les apôtres de nouveaux dogmes agricoles dans les États membres de l’UE politiques ou philosophiques. La crainte des ruraux qui ont toujours cherché la voie du bon sens est 14 Récupération innovante de nutriments à de se faire imposer par des décideurs urbains des solutions idéalisées partir de sources secondaires - production par la ville mais non durable dans les campagnes. d’engrais à haute valeur ajoutée à partir de Le Pacte vert doit être l’occasion de mettre en place avec la partici- FUMIER animal pation franche et convaincue du secteur, les solutions nécessaires HERIT - Gestion efficace du patrimoine par aux impératifs du temps, et heureusement nous en voyons de nom- une utilisation pertinente de l’informatique breuses poindre mais il ne peut se contenter d’être simplement l’impo- sition par une classe qui se déclare savante de ce qu’il y a lieu de faire. 15 Résoudre les problèmes de technologie Le respect mutuel et la démocratie sont à ce prix, je crois en leur ré- dans les campagnes silience. 16 Agenda 2 L'équipe ELO à Santárem, Portugal.
Thierry de l'ESCAILLE, Eduardo OLIVEIRA e SOUSA, Jurgen TACK 1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l’agriculture dans le monde de demain Le 27 mai dernier, le lendemain de la réunion régionale du FFA2021 au Portugal, ELO et la CAP (Confederação Dos Agricultores De Portugal) ont organisé à Santarem, au Portugal, le 1er Sommet sur la biodiversité agricole. De nombreuses personnes en Europe et au-delà ont suivi la conférence en personne ou en ligne en utilisant la plateforme FFA, une initiative d’ELO et de Syngenta, en partenariat avec TNC, WWF, Cargill, Thought for Food, le Chicago Council on Global Affairs et John Deere. Jurgen TACK, Directeur scientifique, ELO La réunion a été organisée sous les auspices que l’agriculture n’était pas la seule à devoir à promouvoir les synergies tout en faisant de la Présidence Portugaise de l’Union eu- jouer un rôle. face aux compromis. L’intégration de la bio- ropéenne. ELO et la CAP ont obtenu le sou- diversité dans l’agriculture nécessite une Avec Maciej GOLUBIEWSKI (Chef de cabinet tien de plusieurs partenaires pour cet évé- bonne compréhension du rôle de la biodi- du commissaire européen à l’agriculture), nement : CropLife Europe, Consulai, Tra- versité dans l’agriculture, mais aussi des les participants ont pu obtenir les dernières vel Tomorrow et le partenaire média de la pratiques agricoles plus technologiques et informations sur la nouvelle Politique Agri- conférence, Agroportal. Dans leurs remarques introductives, les cole Commune. La PAC a été finalisée à Bruxelles pendant le sommet au Portugal. innovantes. Une deuxième session était plus orientée 3 hôtes Thierry de l’ESCAILLE et Eduardo vers les politiques. La ministre portugaise La première session s’est concentrée sur les OLIVEIRA E SOUSA (Président de la CAP) de l’agriculture a évoqué les opportunités preuves scientifiques. Xavier LE ROUX (Se- ont évoqué l’impact croissant des poli- offertes par le Pacte vert et la PAC plus am- nior Scientist - INRAE) a donné aux partici- tiques de biodiversité sur l’agriculture. D’un bitieuse dans laquelle la biodiversité et le pants plusieurs aperçus sur la relation entre autre côté, l’intensification de l’agriculture changement climatique jouent un rôle im- l’agriculture et la biodiversité. Il est scienti- au cours des 50 dernières années a certai- portant. fiquement prouvé que l’agriculture, en par- nement eu un impact sur la biodiversité. Si ticulier l’agriculture intensive, a un impact L’ancien commissaire européen à l’agricul- l’agriculture doit s’adapter à cette nouvelle négatif sur la biodiversité. Deux modèles ture Franz FISCHLER a déclaré : « Nous de- situation, elle offre également plusieurs principaux peuvent être mis en œuvre pour vons mettre de l’ordre dans notre propre mai- possibilités aux agriculteurs et aux proprié- la conservation de la biodiversité : « land son ». Il a indiqué plusieurs domaines dans taires fonciers. Les agriculteurs devront sharing » et « land sparing ». Le « land sha- lesquels nous devons faire preuve d’innova- trouver un nouvel équilibre avec la nature ring » fait référence aux pratiques agricoles tion en introduisant de nouvelles mesures et la société. Les services écosystémiques permettant de maintenir la biodiversité pour garantir des paysages agricoles biodi- feront partie de l’activité agricole quoti- au sein du paysage agricole. Le « land spa- versifiés, en se concentrant sur des ques- dienne. ring » (économie des terres) favorise l’agri- tions majeures telles que la densité animale António GUTERRES (Secrétaire général culture à haut rendement qui nécessite une sur les terres agricoles (y compris la gestion des Nations unies) l’a reconnu en parlant plus petite surface de terre pour atteindre du fumier et le risque de réduire la biodiver- de l’interdépendance de la biodiversité et les mêmes rendements, ce qui entraîne une sité des prairies et des pâturages en inten- de l’agriculture. Il a souligné que l’agricultu- augmentation des surfaces d’habitat natu- sifiant l’élevage bovin). re devrait protéger la nature, restaurer les rel intact. Il a souligné la nécessité d’inclure écosystèmes et établir un équilibre dans sa un troisième point de vue : la nécessité d’in- Herbert DORFMANN (membre du Parle- relation avec la planète. Les récompenses, clure la biodiversité ayant un rôle clé dans ment européen) a informé l’auditoire de a-t-il dit, seront énormes. Mais il a précisé les systèmes agricoles. Le défi consiste ici l’état d’avancement des négociations sur
CountrySide 194 la PAC tout en réfutant l’accusation d’éco- logisation de la PAC. Il a déclaré que la plu- part des Etats membres étaient beaucoup moins ambitieux sur ce sujet que la Com- mission européenne, mais il a également espéré que la PAC serait équitable et qu’elle créerait une politique agricole sociale. L’ancien commissaire européen à l’environ- nement, Janez POTOČNIK, a demandé une action immédiate. Pour de nombreuses es- pèces, l’accent mis sur la biodiversité arrive déjà trop tard. 80 % de la perte mondiale de biodiversité liée à la terre est causée par l›extraction de ressources et la transforma- tion de la biomasse, souvent étroitement Antonio GUTERRES liées à l›agriculture et à la sylviculture. Il a déclaré qu’aucun des objectifs d’Aichi (ob- jectifs de biodiversité) n’a été atteint et agricoles ne sont pas compatibles avec la bio- biodiversité. Elle a également rappelé que qu’il est donc essentiel de s’attaquer aux diversité ». Il a déclaré que les objectifs de la l’alimentation est un secteur essentiel et facteurs de perte de biodiversité. Il a pro- stratégie européenne en matière de biodi- que nous ne pouvons pas jouer avec la sécu- posé 4 recommandations : (1) nous de- versité ne peuvent être atteints sans le sou- rité alimentaire. vrions connaître l’impact sur le climat et la tien des agriculteurs : « Les agriculteurs sont Luc BAS (Directeur, Bureau régional eu- biodiversité pour chaque secteur, et chaque les gardiens de la terre, et sont en fait les ges- ropéen de l’UICN) a souligné le rôle clé des consommateur doit comprendre comment tionnaires des actifs, ils ont donc un rôle vital agriculteurs et des propriétaires terriens et pourquoi il peut avoir un impact sur la na- à jouer dans la préservation de la biodiversi- et a déclaré que la PAC doit devenir plus ture ; (2) nous devrions planifier ensemble té ». Il a informé le public des objectifs de la verte et doit mettre la nature au cœur de - les décideurs politiques doivent travailler stratégie de l’UE en matière de biodiversi- son action. Il a demandé à ce que les pro- avec les scientifiques et les locaux ; la crois- té liés aux terres agricoles : rétablissement cessus soient pratiques et a expliqué que sance est la nature ; (3) nous devons encou- d’une grande diversité de caractéristiques les agriculteurs, etc. ne sont pas seulement rager l’agriculture urbaine économique et paysagères (remettre 10 % en terres agri- des producteurs mais aussi des gardiens. d’autres politiques pour favoriser les solu- coles) ; un quart des exploitations agricoles Il a demandé que les règles du jeu soient tions basées sur la nature et la transition en agriculture biologique d’ici 2030 ; objec- les mêmes pour tous en ce qui concerne la vers une bioéconomie sociale ; et (4) nous tifs de réduction des risques et de l’utilisa- comptabilisation du capital naturel. devons valoriser la nature - nous avons be- tion des pesticides de 50 % et de réduction soin d’un système économique pour recon- des pertes de nutriments de 50 %. Mark TITTERINGTON (Conseiller principal, naître les avantages de la nature. stratégie et partenariats, Forum for the Fu- Arnold PUECH D’ALISSAC (membre du ture of Agriculture) a expliqué le label Agri- Lors de la troisième session, Jurgen TACK Conseil de la FNSEA) a parlé de la multi- Life en cours de développement par ELO. Il (auteur de ce texte) a essayé de savoir ce fonctionnalité et de la manière dont l’agri- reconnaîtra les meilleures pratiques mises que nous pouvons faire en Europe pour culture a essayé de la mettre davantage en en œuvre par les agriculteurs et fournira des stopper la perte de biodiversité et atténuer œuvre. Il a fait spécifiquement référence à le changement climatique. Dans une pre- connaissances pour soutenir les processus la manière dont la France essayait déjà de politiques. Ce sera également le meilleur mière contribution à cette session, Hum- valoriser la valeur biologique et/ou environ- berto DELGADO ROSA (Directeur, Capital moyen de responsabiliser les agriculteurs et 4 naturel, DG Environnement, Commission européenne) a déclaré : « Le problème n’est nementale élevée de ses agriculteurs. Geraldine KUTAS (Directrices Générale, Cro- les propriétaires fonciers. Álvaro AMARO (Membre du Parlement eu- pas que l’agriculture détruit la biodiversité, pLife Europe) estime que l’innovation est ropéen) a clôturé la réunion avec Marcelo mais que certaines pratiques et tendances essentielle pour lutter contre le déclin de la REBELO DE SOUSA (Président de la Répu- blique du Portugal). M. AMARO a déclaré que les agriculteurs ne peuvent pas être les seuls à supporter le poids de la réforme de la production. Il a soulevé la question de savoir comment nous pouvons donner aux agri- culteurs les moyens d’être plus efficaces et efficients dans l’utilisation de leurs res- sources, de produire avec moins d’intrants et d’avoir une agriculture durable avec le moins d’impact possible. Marcelo REBELO DE SOUSA a souligné le rôle de la biodiversité dans l’agriculture et le rôle important que les agriculteurs ont à jouer. Cet événement vous intéresse ? Veuillez consulter la plateforme FFA2021 sur www.forumforagriculture.com pour Humberto DELGADO ROSA, Arnold PUECH d'ALISSAC, Géraldine KUTAS, Luc BAS visionner l’intégralité de la conférence à Alvaro AMARO, Mark TITTERINGTON, Jurgen TACK la demande.
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CountrySide 194 Des synergies entre le 1er Sommet sur la biodiversité agricole et les projets européens liés à la durabilité agricole et à la biodiversité Le 27 mai dernier, l’équipe de projets d’ELO a organisé un atelier de solutions coïncidant avec le Sommet sur la biodiversité agricole d’ELO et l’événement hybride régional FFA2021 qui a eu lieu à Santarém, au Portugal, la veille. Julian CORTES, ELO L’atelier de solutions visait à établir des sy- nergies entre le 1er Sommet sur la biodiver- sité agricole et les projets européens liés à la durabilité agricole et à la biodiversité, et à discuter des solutions concrètes qui ont été ou seront développées pour soutenir la bio- diversité. L’atelier a été ouvert par le modérateur Mar- tin FOX (ELO), qui a souhaité la bienvenue au public par le biais d’un sondage interac- tif. Les huit projets mis en avant ont en- suite été présentés. Les liens entre tous les projets et la biodiversité ont été mis en lu- mière, chaque projet ayant des objectifs et des résultats uniques qui contribuent à la durabilité globale de l’environnement et de l’agriculture et qui ont un impact direct sur l’état de la biodiversité. Après la présenta- tion des projets, un représentant de chaque projet a été invité à prendre la parole et à Zürich), est axé sur la compréhension des sur les résultats, les paiements sont accor- développer les objectifs, les résultats, les fonctions microbiennes dans le sol afin de dés aux agriculteurs en fonction des résul- réalisations et les liens avec la biodiversité développer une base de connaissances sur tats qu’ils obtiennent, ce qui favorise les de son projet. les impacts de la biodiversité du sol sur la pratiques innovantes et durables. multifonctionnalité des écosystèmes et la Cosette KHAWAJA (WIP) a présenté BIO- productivité agricole. Le projet vise à pré- Enfin, le Dr Gerald SCHWARZ (THÜNEN) a PLAT-EU, un projet visant à promouvoir dire les impacts du changement climatique parlé du projet UNISECO, qui traite du di- l›adoption de la bioénergie durable en Eu- sur cette diversité. SOILGUARD, présen- lemme de la production de nourriture et de biomasse tout en se concentrant sur les ap- 6 rope en utilisant des terres marginales, sous-utilisées et contaminées pour la pro- té par le Dr Salvador LLADÓ FERNÁNDEZ (LEITAT), traite également des pratiques de proches agro-écologiques qui renforcent la duction de biomasse non alimentaire via gestion des sols en recherchant et en déve- durabilité des systèmes agricoles, contri- une plate-forme basée sur le web qui sert loppant des connaissances sur le potentiel buant ainsi à une sécurité alimentaire du- d›outil d›aide à la décision. Ce projet, a fait de la biodiversité des sols en tant que solu- rable. Des pratiques telles que la culture remarquer Cosette KHAWAJA, vise à offrir tion naturelle clé pour améliorer la résilience intercalaire peuvent être adoptées et avoir la possibilité d’utiliser des terres sous-uti- des sols et des exploitations agricoles. des effets positifs sur la biodiversité. Ces lisées et, grâce à la croissance de la bio- pratiques sont encouragées par différents masse, et de contribuer à la restauration de Dr. Ingolf STEFFAN-DWEENTER (Universi- réseaux de connaissances, des technolo- la biodiversité dans ces zones. té de Würzburg) a présenté le projet SAFE- gies et la coopération entre diverses parties GUARD, qui, bien qu›il soit encore dans ses Le professeur J.J. LEAHY (UL) a fait une pré- prenantes. phases initiales, vise la perte de pollinisa- sentation au nom de deux projets : BIOWILL teurs sauvages et tente d›inverser cette Après une discussion fructueuse et en- et REFLOW. BIOWILL est un projet visant à perte en incorporant les pollinisateurs dans gageante et une session de questions-ré- réaliser un système de production de bio- le capital naturel en évaluant les services ponses, le modérateur Martin FOX a fait polymères à zéro déchet par l’utilisation de écosystémiques fournis par les pollinisa- des remarques finales et a présenté les l’extraction de salicine à partir de saules. Le teurs. prochains événements qu’ELO organisera. projet REFLOW se concentre sur la récupé- L’enregistrement de l’atelier sur les solu- Ensuite, le Dr Davide VIAGGI (UNIBO) s’est ration du phosphore, en relevant les défis tions ainsi que des informations sur chacun exprimé au nom de CONSOLE, un projet vi- techniques et socio-économiques associés de ces projets et plus encore sont acces- sant à promouvoir la fourniture de biens pu- à la récupération du phosphore et à son re- sibles sur le site web d’ELO. blics agro-environnementaux climatiques cyclage en produits fertilisants. dans l’agriculture et la foresterie. Il s’agit de Les projets MICROSERVICES et SOIL- favoriser la mise en place de cadres contrac- Pour revoir l’atelier des solutions, veuil- GUARD sont directement liés à la diversi- tuels pour les agriculteurs qui les aident à lez-vous rendre sur la plateforme FFA2021 té microbienne des sols. MICROSERVICES, produire des biens publics, notamment liés via www.forumforagriculture.com pour présenté par le Dr Martin HARTMANN (ETH à la biodiversité. Grâce à une solution basée visionner son intégralité à la demande.
Nations Unies - Sommet sur les systèmes alimentaires Dialogue Indépendant : étendre l’agriculture régénérative Le 30 juin 2021, 77 experts et acteurs de la chaîne de production alimentaire se sont réunis pour débattre de l’agriculture régénératrice et de son implémentation. La conversation était axée sur sa définition, son périmètre d’action, ses indicateurs de performance et les moyens de son extension. Co-organisé avec le Forum pour le Futur de l’Agriculture et Nestlé, les fruits de ces réflexions ont été mis à disposition pour le Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations Unies.. Caroline MAHR-VAN EVERDINGEN, ELO & Elodie CHAMPSEIX, ELO Résultats autour des pratiques d’agricultures régéné- outre, les agriculteurs doivent être pla- ratives, les fermiers et leur chaîne de valeur cés au centre des systèmes agro-alimen- Il n’existe à ce jour pas de définition précise constatent que les pratiques doivent à tout taires, en les soutenant par des systèmes de l’agriculture régénératrice, reconnue et prix être flexibles afin de prendre en consi- d’accompagnement et de conseil adéquats approuvée en tant que telle par l’ensemble de la chaîne de production alimentaire, les dérations les spécificités régionales et les contextes climatiques spécifiques des par- émanant d’organismes indépendants. Ce dernier point semble être un élément clé de 7 autorités académiques ou publiques. De celles. Ce n’est qu’avec le soutien d’une rè- la transition vers de possibles pratiques du- façon générale, l’agriculture régénératrice glementation législative forte et des ef- rables à grande échelle. s’efforce de « restaurer la biodiversité et re- forts orchestrés en amont et en aval de la Parmi les solutions possibles, on peut ci- hausser les capacités d’un sol sain » et, dans chaîne de valeur agro-alimentaire que les ter l’organisation de conseils indépendants la pratique actuelle, celle-ci se concentre sur fermiers seront enfin aptes à adapter et ou encore le développement de nouveaux l’impact positif des capitaux naturels, sans modifier leur pratiques. En effet, si les lé- outils aidant les agriculteurs à comprendre jamais négliger les dimensions sociales et gislateurs, acheteurs et transformateurs ne l’impact de leurs pratiques sur le climat, économiques rattachées à l’agriculture. reconnaissent pas cette nécessité de chan- l’environnement et la santé. Assurer des re- gement des pratiques, on ne peut malheu- L’agriculture régénératrice correspond à lations à long terme entre les acteurs de la reusement que prédire un échec similaire une approche globale prenant en compte chaîne agro-alimentaire permet d’instaurer aux autres tentatives d’implémentation à non seulement l’environnent biophysique un climat de confiance et donner à la com- grande échelle de systèmes agricoles plus du sol mais également le rendement global munauté agricole une sécurité pérenne dont respectueux de la nature. de son utilisation. Elle s’étend sur une large elle a besoin pour être économiquement gamme de production de biens communs, Un large consensus s’est dégagé sur la né- viable. Plus important encore, l’agriculture et inclut des pratiques visant à la protec- cessité d’un langage commun à toutes les régénératrice se doit d’être rendue facile à tion du sol et à la régénération de systèmes, parties prenantes de la chaîne agro-ali- comprendre pour les agriculteurs, tout en d’opérations d’aide à la biodiversité, l’inté- mentaire afin de s’accorder sur la termino- réduisant la charge administrative par l’in- gration de meilleurs systèmes de gestion logie et d’éviter le greenwashing. Une autre tégration des comptes rendus et systèmes de l’eau, la restauration de la vie du sol, et conclusion claire projette l’agriculture régé- de collecte de données déjà existants plu- autres. Définir le statut initial d’un fermier nératrice comme se produisant au niveau tôt que de créer de nouvelles grilles de rap- souhaitant mettre en œuvre une agricultu- local/régional. Tenter d’établir des normes port. Ceci aiderait les agriculteurs à com- re régénérative est crucial afin de pouvoir strictes et rigides à plus grande échelle ne muniquer sur leur travail et à sensibiliser mesurer une évolution des résultats. Avec peut qu’échouer, en raison de la complexi- le public tout en transférant leurs connais- la croissance continue des connaissances té des écosystèmes et de leur variété. En sances ; cela pourrait de surcroit accélérer
CountrySide 194 l’éducation des consommateurs et les mo- l’échange de connaissances et l’éducation de formation publics-privés déjà existants tiver à faire de meilleurs choix, à la condi- des parties prenantes, et permettrait de permettrait aux agriculteurs de progresser tion que les distributeurs et chaînes de su- lancer des campagnes de communication sur des pratiques durables. Les écoles et permarché reflètent les efforts des agricul- plus fortes, qui pourraient être reprises par universités agronomes devraient systéma- teurs et que les entreprises de Produits de les différents organismes engagés dans le tiquement intégrer ces pratiques dans leurs Grande Consommation lissent les prix entre processus. programmes d’enseignements, afin que la les produits provenant d’une agriculture ré- prochaine génération d’agronomes, d’agri- génératrice et les produits conventionnels. Accélérer la diffusion de l’expertise, à la culteurs et de conseillers soit prête à relever fois des informations, des conseils et des les défis d’aujourd’hui et de demain. Le principal défi actuel est d’ordre so- meilleures pratiques, par la création de cio-économique. Comment intégrer ces communautés de pratique. De nombreuses pratiques, tout en poursuivant l’activité et connaissances ont été accumulées et pré- en maintenant la rentabilité ? Les aliments sentées aux agriculteurs, mais les transfor- Points de divergence transformés actuellement issus des fermes mateurs, les détaillants et les consomma- régénératives sont pour la plupart des pro- teurs doivent également être éduqués. Les Les conversations autour de l’agriculture duits haut de gamme ; le défi pour de nom- pouvoirs publics pourraient créer un fonds régénérative étaient axées autour de son breuses entreprises de transformation ré- d’investissement pour la communication et utilité, de ses mesures et de son évolutivité. sulte donc dans la manière de rendre ces la sensibilisation. En raison de la diversité des points de vue produits courants. Pour ce faire, les coûts La collaboration entre les secteurs publics des participants, ces sujets ont été débat- de production doivent être reflétés et par- tagés d’une manière ou d’une autre dans la et privés devrait être davantage soutenue tus avec des perspectives variées, condui- chaîne de valeur afin de sécuriser la place et renforcée ; elle devrait devenir un pilier de sant à des divergences d’interprétations des agriculteurs dans cette transition. l’organisation des agriculteurs en commu- et de recommandations entre les interve- nautés de pratiques, en promouvant le rôle nants, entre les sous-groupes, mais égale- Par conséquent, les systèmes locaux d’ambassadeur des pionniers de cette pra- ment entre les attentes et les recomman- doivent changer de manière holistique si tique. D’autres acteurs de la chaîne de va- dations convenues. Ce dernier point en par- l’on veut les intégrer dans un système plus leur agro-alimentaire bénéficieraient égale- ticulier souligne la complexité et l’ampleur global. Tenter d’établir des normes strictes ment d’une collaboration plus étroite dans des enjeux associés. et rigides à plus grande échelle ne peut le cadre de partenariats public-privé. Cela qu’échouer, en raison de la complexité et de Une divergence importante reflétée par permettrait de combler les lacunes et les la variété des systèmes. erreurs d’interprétation des systèmes agri- les débats réside dans la place consacrée coles actuels. aux bénéfices économiques dans la défi- nition de l›agriculture régénérative. Cette Recommandations Des régimes de subventions, des incita- controverse économique a révélé deux ap- tions financières pour les agriculteurs (prix proches distinctes sur la fonction de l›agri- premium), des marchés de résultats de du- culture régénératrice elle-même. Certains La collecte et la centralisation des don- rabilité (carbone) et des systèmes de taxa- participants l›envisagent comme un moyen nées sont au cœur du succès de la mise en tion différentielle pourraient compenser les d›augmenter les revenus et de réduire les œuvre de l’agriculture régénérative. L’un véritables coûts et prix de transition ; les impacts environnementaux grâce à l›in- des moyens serait d’établir des conseils ali- produits bruts (non-transformés) devraient novation dans les produits (biochimie), les mentaires européens, nationaux et régio- être moins taxés que les produits transfor- processus (agriculture de précision) et les naux qui constitueraient un organe cen- més. En outre, les pratiques agricoles régé- systèmes (agriculture carbone, recyclage tralisé pour conseiller tous les acteurs et nératives pourraient être utilisées en tant créer des protocoles pour guider les transi- des matières premières, économie circu- que référence pour le carbon farming, ces laire). Une autre école de pensée préférerait tions des systèmes alimentaires, y compris certificats carbone délivrés aux acheteurs l’analyse des données et la certification. De que les résultats environnementaux pré- et aux transformateurs, en tant qu’indica- même, la création de coalitions autour d’ob- valent, tout en profitant de l’occasion pour teur de leur impact. 8 jectifs spécifiques, tels que la résolution des nombreux systèmes de certification L’évolution du métier d’agriculteur au cours repenser l’ensemble du modèle de produc- tion avec des intrants externes très limités, en matière d’harmonisation des exigences des quarante dernières années appelle à une un travail du sol minimal, un recyclage des et des résultats, ou l’évolution vers des ré- adaptation en profondeur de leur forma- matières organiques et beaucoup de main- gimes alimentaires plus sains, favoriserait tion ; redéfinir l’orientation des systèmes d’œuvre. Il est fort probable que d’autres
CountrySide 193 débats et compromis sur ce point permet- Bien que la question du renforcement de dement à la facilité de sa mise en œuvre tront de parvenir à un alignement, au moins la voix des agriculteurs au sein de la chaîne pour les agriculteurs et à la sélection de me- sur la question de la limitation des critères agro-alimentaire ait été un autre accord sures cohérentes. de base à la santé des sols ou à l’englobe- central entre les participants, soutenu par ment de la biodiversité et l’utilisation de la proposition de partenariats au sein de Pour plus d’informations : l’eau au sens large. cette même chaîne, la collaboration entre www.forumforagriculture.com les agriculteurs et les entreprises de trans- L’ambiguïté du rôle des incitations écono- formation alimentaire ou les acheteurs n’a miques se reflète naturellement dans le dé- pas été abordée pour la question du coût de bat sur les mesures et évaluation des pra- transition. Pourtant, l’orientation visant à tiques. La plupart des critères mention- responsabiliser et à garantir les flux de reve- nés étaient orientés vers les impacts envi- nus des agriculteurs pendant cette période ronnementaux et sociaux, les participants difficile est cruciale, car la restauration des soulignant ici l’importance du bien-être et sols peut durer de 5 à 10 ans. de l’intégration de la dimension sociale des agriculteurs dans le processus. Mais alors Ce point spécifique sur les pratiques de pro- tection des sols a été largement cité comme que la présence et la diversité des flux de revenus ont été mentionnées comme une un exemple d’exigence de base pour les cri- tères et la mesure des progrès, révélant 9 stricte nécessité, il est surprenant que la comparaison avec les bénéfices écono- à nouveau des disparités et des conflits Exploitant et/ou coordinateur miques de l’agriculture conventionnelle d’orientation entre la réalité agronomique d’exploitations agricoles et les effets parfois négatifs de certaines n’ait pas été ni envisagée ni débattue par pratiques sur d’autres fonctions du sol, les participants. et les exigences actuelles définies par les Ce déséquilibre des attentes en matière de acheteurs et autres. En effet, si les partici- bénéfices économiques de l’agriculture ré- pants ont reconnu la pertinence de la santé générative soulève la question de la légiti- des sols en termes de diversité et de réten- Belgique mité et de la nécessité de la transition des tion du carbone, ils ont également mis en avant des fonctions du sol telles que le les- support@agriland.be agriculteurs vers l’agriculture régénéra- sivage de l’azote et la production primaire, ✆ +32 (0)10 23 29 00 tive. Pourtant, ce point est d’autant plus vital que tous les participants ont reconnu deux attentes dépourvues de complémen- tarité mais qui devraient être abordées si- que, de par leur position, les agriculteurs France sont les premiers acteurs de terrain au bas multanément en raison de la variation des qualités des sols. Plus généralement, en ce damien.deriberolles@agrilandfrance.fr de la chaîne d’approvisionnement agro-ali- ✆ +33 (0)6 50 98 17 13 mentaire, supportant les coûts structurels qui concerne les systèmes d’incitation et le et les incertitudes liées aux risques. Par suivi des résultats, il n’y a pas eu d’accord sur la question de savoir si le système de- conséquent, les coûts de transition actuels vait être axé sur les résultats ou sur les poli- et l’absorption des risques pour le modèle tiques d’actions enclenchées. d’agriculture régénérative qui tente d’inté- grer les systèmes de marché convention- Par conséquent, un objectif clair de l’agricul- www.agriland.be nels doivent être supportés principalement ture régénératrice et la pertinence de ses ré- par les agriculteurs. sultats économiques contribueraient gran-
CountrySide 194 L’avenir des céréales en Espagne : produire en conservant Emilio NAVARRO MARTÍNEZ, Ingénieur agricole et entrepreneur, Espagne L es céréales sont cultivées depuis l’aube de l’agriculture et ont évolué avec la technologie et le développement agri- cole jusqu’à aujourd’hui, améliorant leur qualité et leur rendement à l’hectare et s’adaptant à une demande mondiale en constante augmentation. Le monde pro- duit environ 2 725 millions de tonnes de cé- réales chaque année (données USDA récolte 2020), dont environ 1,1 milliard de tonnes de maïs, 760 millions de tonnes de blé, 510 millions de tonnes de riz et près de 155 mil- lions de tonnes d’orge. Les stocks mondiaux (ce qui est détenu à des fins de sécurité) s’élèvent à près de 900 millions de tonnes, L’auteur à la fin du mois de mai 2021 dans une culture de tournesol biologique à Paradas (Séville). bien qu’ils varient en fonction de la récolte et de la consommation dans le monde. Les principaux producteurs de céréales sont les États-Unis, la Russie, la Chine, l’In- gneuses - olives, amandes et agrumes - qui très faible aux prix actuels, c’est pourquoi de, l’UE, l’Argentine, le Brésil et le Canada, sont plus rentables que les céréales. certains agriculteurs se reconvertissent mais d’autres pays comme l’Ukraine, le Ka- dans les cultures ligneuses ou tentent de zakhstan et l’Australie, entre autres, aug- cultiver des céréales de meilleure quali- mentent leur production. Perspectives de la culture des céréales et té à meilleur prix (blé dur, blé dur tendre, autres grains en Espagne épeautre, orge pour le malt, etc.), voire se L’UE produit environ 290 millions de tonnes reconvertissent dans l’agriculture biolo- de céréales, dont 115 millions de tonnes de Comme nous l’avons déjà noté, l’Espagne gique. blé tendre, 65 millions de tonnes de maïs et est un pays qui produit moins de céréales environ 60 millions de tonnes d’orge. En ce que ce dont il a besoin, et qui doit donc en La production de céréales et d’autres grains qui concerne le blé dur, environ 40 millions importer. Le fait d’être un importateur net (oléagineux, protéagineux, légumineuses, de tonnes sont produites dans le monde, signifie que nos prix aux agriculteurs ont etc.) reste un pilier fondamental pour le dont près de 8 millions de tonnes pro- tendance à être un peu meilleurs que ceux bien-être et la sécurité alimentaire de la po- viennent de l’UE. des principaux pays producteurs, car les pulation de tout pays développé. L’Espagne coûts de logistique et de transport sont doit donc continuer à produire autant que L’Espagne est un pays d’un peu plus de 50 10 millions d’hectares, dont seulement 20 mil- lions d’hectares environ sont cultivables. considérables, et le seront encore plus à l’avenir avec la hausse des prix du pétrole et possible, en recherchant des grains spéci- fiques de haute qualité adaptés à notre cli- l’augmentation du coût du transport mon- mat qui nous permettent d’obtenir le prix Notre production annuelle de céréales varie le plus élevé possible pour l’agriculteur. De dial. Cependant, les faibles rendements que entre 12 et 25 millions de tonnes, selon l’an- nombreuses entreprises et organismes nous obtenons (pas plus de 2 500 kg/ha en née climatique ; et comme notre consom- publics travaillent à l’amélioration des cé- mation annuelle de céréales, d’autres grains moyenne) par rapport aux autres pays qui nous entourent font que la rentabilité est réales et autres cultures arables extensives et de sous-produits est de 35 millions de en Espagne, afin d’augmenter la production tonnes, nous sommes un pays purement et d’améliorer la qualité dans tous les do- importateur, bien que nous exportions nor- maines. malement du blé dur et, les bonnes années de récolte, de l’orge et de l’avoine. Nous im- Nos subventions de la PAC sont malheu- portons non seulement des céréales, mais reusement faibles par hectare par rapport à aussi des farines protéiques (notamment celles des autres pays de l’UE, car elles ont de soja), des protéagineux, des oléagineux été définies en fonction des rendements et leurs dérivés, principalement pour la fa- moyens des différentes zones de l’Espagne, brication d’aliments pour animaux. A titre qui sont généralement faibles par rapport à de comparaison, un pays voisin comme la l’Allemagne, la France, la Belgique, etc. France produit entre 30 et 40 millions de tonnes de blé seulement par an. L’avenir : nouvelles techniques agricoles et En Espagne, la production céréalière se la valeur ajoutée distingue en Castille-Leon, en Castille-La Manche, en Andalousie et en Aragon, sur- La pression exercée par les organisations tout dans les zones pluviales, car dans les environnementales, l’opinion publique et la zones irrigables, on assiste à une évolu- Du blé de haute qualité produit en Commission européenne face à la perte de tion rapide de la culture vers les cultures li- Andalousie en 2021. biodiversité, au changement climatique et
CountrySide 194 à la pollution croissante conduit à un sou- risquent de perdurer cette année : les ren- tien accru à une agriculture plus durable et dements peuvent continuer à s’améliorer, moins dommageable pour l’environnement la technologie y contribuera mais, ne nous naturel, comme l’agriculture biologique. leurrons pas, les hectares cultivables dans L’objectif est de produire des céréales de le monde sont ce qu’ils sont, il n’y en a pas bonne qualité de manière rentable, tout en beaucoup plus, et s’il y en a, ils seront culti- préservant l’environnement et la biodiver- vés dans des zones de forêts, de toundra et sité naturelle. de déserts, ce qui semble de plus en plus difficile en raison de la pression de l’opi- L’Espagne possède de vastes zones où les nion publique et de la société civile face à céréales et autres grains sont déjà cultivés un avenir de plus en plus incertain en raison de manière biologique, de plus en plus dans du changement climatique et de la perte de des exploitations plus grandes et avec des zones boisées et de biodiversité à l’échelle agriculteurs plus technicisés, obtenant de mondiale. Il est vrai que le marché à terme bons rendements et une magnifique adap- des céréales de Chicago (CBOT) déplace plus tation dans de vastes zones de ses terres de 25 fois les céréales physiques des op- arides. La croissance de la consommation Orge de brasserie à Manzanares tions à terme, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un de produits biologiques semble inarrêtable, (Ciudad Real) à la fin du mois de mai 2021. marché financier plutôt qu’agricole. tant dans notre pays qu’au niveau mon- Toutes ces techniques, en plus d’amélio- Cependant, la réalité s’impose à tous les dial, ce qui entraîne une augmentation de marchés lorsqu’un grand pays producteur la demande de grains et de qualités spéci- rer la rentabilité et la valeur ajoutée de nos a une mauvaise récolte (la saison dernière, fiques. Cette augmentation de la demande cultures de céréales et autres grains, ont c’était le cas de l’Ukraine et de la Russie), et est transférée aux champs en quelques an- également un impact minimal sur le pay- la demande est si proche de l’offre que tout nées seulement, produisant ce dont le mar- sage, l’environnement et la biodiversité na- événement météorologique défavorable ché a besoin. Les céréales et les grains bio- turelle et contribuent à atténuer le chan- dans l’un des principaux producteurs peut logiques espagnols deviennent de plus en gement climatique et sont fondamentales déclencher les marchés, ce que l’on appelle plus prestigieux et sûrs dans l’UE et au-de- dans la lutte contre la pollution de l’eau, du le « Marché de la météo ». là, ce qui pour de nombreux acheteurs est sol et de l’air en Espagne. plus important que le prix. Comme le disait un bon ami agriculteur de Zamora : nous devons être « optimistes » Mais il n’y a pas que l’agriculture biolo- quant à l’avenir de la production de céréales Des conclusions positives gique pour la production de conservation : et d’autres cultures extensives en Espagne. des techniques innovantes sont également On considère que nous sommes entrés dans Nous avons un climat rude, des sols très va- utilisées dans la culture conventionnelle de une nouvelle ère de prix élevés pour les cé- riés, des rendements normalement faibles céréales et d’autres cultures extensives en réales et autres grains et sous-produits au et de nombreux problèmes, dont aucun Espagne, telles que l’agriculture de conser- niveau mondial : c’est un fait qu’il y a une n’est insoluble. Mais nous avons aussi une vation (lutte contre l’érosion), l’agriculture demande croissante de la part de pays grande qualité dans les céréales que nous durable (minimum d’intrants tels que les en développement exponentiel évident, produisons, nous sommes leaders dans engrais et les pesticides dans la culture), comme la Chine, l’Inde, les pays d’Asie du l’agriculture biologique, nous avons un pays l’agriculture intégrée (contrôle intelligent Sud-Est et l’Afrique, qui sont tous très peu- avec la biodiversité la plus riche de l’UE, des parasites, des maladies et des mau- plés et ont une demande croissante (et im- nous savons comment cultiver en respec- vaises herbes dans les cultures), l’agricultu- parable) de nourriture en termes de quanti- tant l’environnement, le sol, l’eau et l’air, la re régénératrice (restauration des zones dé- té et surtout de qualité. De l’avis de nom- nature, et nous continuerons à le faire avec travail et enthousiasme dans les zones cé- gradées à leur gloire passée), etc. breux experts, les prix élevés des céréales réalières de notre grand pays, en pensant aux générations futures et à leur bien-être. 11 www.telemak.com Blé dur cultivé selon les techniques de l’agriculture de conservation à Hornachuelos (Córdoba).
CountrySide 194 Dynamique de l’agriculture pour des campagnes vivantes Flora WINDEBANK, ELO Cet événement a commencé par une pré- qué que la concurrence est difficile pour les Sur le même sujet, les panélistes ont sentation de l’Intergroupe par son pré- jeunes agriculteurs, et - avec leur position convenu que la transparence des prix sident, le député européen Alvaro AMA- dans la chaîne de valeur et les difficultés pourrait aider, car souvent ils couvrent les RO. Il a été suivi par l’eurodéputé Paolo de financières - est l’une des principales rai- coûts. Ils ont également souligné que les CASTRO qui a souligné que les objectifs de sons pour lesquelles il est difficile de les agriculteurs devaient raconter leurs his- la stratégie du Pacte vert et de La ferme attirer. L’aspect éducatif de la future gé- toires sur leurs solutions au changement à la fourchette doivent s’engager dans di- nération a été abordé par Mona-Anitta climatique et l’histoire derrière la produc- verses activités avec une approche multi- RIIHIMAKI, de l’Université de Hame, qui a tion. fonctionnelle. expliqué la nécessité de disposer d’une va- L’eurodéputé Alvaro AMARO a clôturé la riété de moyens pour obtenir un diplôme. Tassos HANIOTIS, Directeur de la DG AGRI, discussion sur une note optimiste ; il s’est Elle a expliqué que le nom du diplôme était en tant qu’orateur principal, s’est concen- montré optimiste quant à l’avenir de l’agri- vital, et que les valeurs des jeunes jouaient tré sur la manière dont les agriculteurs culture et a souligné la nécessité de don- un grand rôle dans leurs études. peuvent bénéficier de la transition numé- ner la priorité à la formation, à l’améliora- rique. Il s’est également penché sur la né- A la question de savoir si l’UE fait suffi- tion des réseaux de communication, aux cessité d’un échange de connaissances samment d’efforts pour développer l’édu- progrès technologiques, à l’accès à un plus efficace et sur la nécessité de rendre les cation, Tassos HANIOTIS a déclaré que la large éventail d’informations, aux nou- zones rurales plus attrayantes. En ce qui jeune génération est plus capable de tra- velles compétences numériques et à une concerne les jeunes agriculteurs, il a dé- vailler de manière multidisciplinaire et que meilleure connaissance des écosystèmes - claré qu’en tant qu’agriculteurs du futur, le type d’outils dont disposent les agricul- autant d’éléments qui nécessitent d’ame- ils sont ceux qui seront les plus ouverts teurs plus âgés devrait être mis à leur dis- ner les jeunes agriculteurs sur le terrain aux demandes et aux pressions de la façon position. Il a souligné que l’atout le plus pour être efficaces. dont les aliments sont produits et prêts à fort de l’UE est sa diversité. Doris LETTI- s’adapter. Il a souhaité que l’on mette da- NA a également fait remarquer que l’ap- vantage l’accent sur la réflexion contre- prentissage tout au long de la vie et l’ap- factuelle pour observer les faiblesses prentissage interdisciplinaire sont essen- Pour plus d’informations : concrètes des politiques, et sur la synchro- tiels et que, pour innover, il est important www.biodiversityhuntingcountryside.eu nisation des politiques au sein de l’UE. de découvrir de nouvelles connaissances non seulement dans le L’eurodéputé Jeremy DECERLE a ensuite domaine de l’agricultu- discuté de la manière de revigorer l’agricul- re, mais aussi dans ce- ture et le monde agricole, suggérant que lui de la technologie, de cela pourrait se faire par le biais d’un ni- l’économie et d’autres 12 veau plus élevé de cohérence avec les poli- tiques publiques. Il s’est inquiété de la dé- disciplines. Zeno PIAT- TI a ajouté que cela mographie dans les zones rurales : seule- doit pouvoir se tra- ment 5% des agriculteurs ont moins de 30 duire dans les exploi- ans en Europe et plus de 50% ont plus de tations agricoles ; il 50 ans. Il a également souhaité que la PAC, a également fait des les stratégies De la ferme à la fourchette suggestions pour et Biodiversité donnent la priorité à la pré- améliorer la concen- sence de plus d’hommes et de femmes sur tration du pouvoir, le terrain. Il a terminé son discours en di- notamment en lan- sant qu’il fallait insister sur les avantages çant activement et les qualités des personnes travaillant des organisations dans l’agriculture, plutôt que de les blâ- de producteurs, en mer. rendant la cam- Doris LETTINA, Conseil européen des pagne et les zones jeunes agriculteurs, a évoqué les pro- rurales plus at- blèmes auxquels sont confrontés les trayantes pour les jeunes agriculteurs, notamment l’accès investissements à la terre, aux financements et aux reve- dans les PME, et nus, ainsi qu’au savoir-faire. Elle a souligné en ayant un ac- l’importance du mentorat et des systèmes cord politique de pair à pair (ang. peer to peer) pour as- sur le fait que surer l’échange de connaissances. Un su- les produits de jet similaire a été abordé par Zeno PIAT- la nature ont TI, membre d’ELO en Autriche, qui a expli- un prix.
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