1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194

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1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
N° 194

European Landowners’ Organization   JUILLET-AOUT 2021 - BIMENSUEL- FR

1er Sommet sur la
biodiversité agricole :
le rôle de l’agriculture
dans le monde de demain
                                                                        © Philippe GARGUIL
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
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    des matières
                                                                             Editorial
                                                                             Thierry de l’ESCAILLE, Secrétaire général

                                                                     Au moment où le monde politique lance son Pacte vert, sans se don-
    3    1er Sommet sur la biodiversité agricole :                   ner le temps d’une vraie concertation avec le chapitre rural de la so-
         le rôle de l’agriculture dans le monde de                   ciété européenne cela me semble être le moment de saluer le courage
         demain                                                      des paysans et des forestiers ainsi que de tous ceux qui font vivre le
                                                                     tissu rural. Aucun autre segment de la population n’a dû évoluer aussi
    6    Des synergies entre le 1er Sommet sur la                    profondément ni aussi constamment depuis 1960. Ils n’ont pas été
         biodiversité agricole et les projets européens              avares de leurs efforts ni manqué d’avoir la capacité de se remettre
         liés à la durabilité agricole et à la biodiversité          en question, et n’ont jamais remis la démocratie en jeu eux ! Pour-
                                                                     tant ils sont la cible d’une avalanche de reproches justifiant la mise en
    7    Nations Unies - Sommet sur les systèmes                     place d’une autre politique. Pour citer Philippe DULAC « la campagne
         alimentaires Dialogue Indépendant : étendre                 comme en 1950 reste le creuset de valeurs différentes de celles de la
         l’agriculture régénérative                                  ville. Simplement la proportion de ceux qui les portent dans la po-
                                                                     pulation a été divisée par dix. Ce n’est pas pour cela que l’Europe va
    10   L’avenir des céréales en Espagne :                          mieux. Au contraire, la campagne fut pendant longtemps la quille du
                                                                     navire. Celle-ci ne possède plus le poids qu’il faudrait pour jouer son
         produire en conservant
                                                                     rôle bienfaisant. »
    12   Dynamique de l’agriculture                                  Nos décideurs doivent éviter de tomber dans l’excès que leur propose
         pour des campagnes vivantes                                 la tentation populiste qu’elle soit de droite ou de gauche. Il y a plus
                                                                     qu’une nuance entre soit adapter la production alimentaire, fores-
    13   Atelier sur le tout nouveau rapport du JRC sur              tière ou la gestion des activités rurales à ce que la science nous invite
         les réglementations du marché des terres                    à prendre en compte, ou soit suivre les apôtres de nouveaux dogmes
         agricoles dans les États membres de l’UE                    politiques ou philosophiques.
                                                                     La crainte des ruraux qui ont toujours cherché la voie du bon sens est
    14   Récupération innovante de nutriments à                      de se faire imposer par des décideurs urbains des solutions idéalisées
         partir de sources secondaires - production                  par la ville mais non durable dans les campagnes.
         d’engrais à haute valeur ajoutée à partir de
                                                                     Le Pacte vert doit être l’occasion de mettre en place avec la partici-
         FUMIER animal
                                                                     pation franche et convaincue du secteur, les solutions nécessaires
         HERIT - Gestion efficace du patrimoine par                  aux impératifs du temps, et heureusement nous en voyons de nom-
         une utilisation pertinente de l’informatique                breuses poindre mais il ne peut se contenter d’être simplement l’impo-
                                                                     sition par une classe qui se déclare savante de ce qu’il y a lieu de faire.
    15   Résoudre les problèmes de technologie                       Le respect mutuel et la démocratie sont à ce prix, je crois en leur ré-
         dans les campagnes                                          silience.

    16   Agenda

2

                                                         L'équipe ELO à Santárem, Portugal.
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
Thierry de l'ESCAILLE, Eduardo OLIVEIRA e SOUSA, Jurgen TACK

             1er Sommet sur la biodiversité agricole :
        le rôle de l’agriculture dans le monde de demain
    Le 27 mai dernier, le lendemain de la réunion régionale du FFA2021 au Portugal, ELO et la CAP (Confederação Dos Agricultores De
Portugal) ont organisé à Santarem, au Portugal, le 1er Sommet sur la biodiversité agricole. De nombreuses personnes en Europe et au-delà
  ont suivi la conférence en personne ou en ligne en utilisant la plateforme FFA, une initiative d’ELO et de Syngenta, en partenariat avec
                          TNC, WWF, Cargill, Thought for Food, le Chicago Council on Global Affairs et John Deere.

                                                     Jurgen TACK, Directeur scientifique, ELO

La réunion a été organisée sous les auspices       que l’agriculture n’était pas la seule à devoir     à promouvoir les synergies tout en faisant
de la Présidence Portugaise de l’Union eu-         jouer un rôle.                                      face aux compromis. L’intégration de la bio-
ropéenne. ELO et la CAP ont obtenu le sou-                                                             diversité dans l’agriculture nécessite une
                                                   Avec Maciej GOLUBIEWSKI (Chef de cabinet
tien de plusieurs partenaires pour cet évé-                                                            bonne compréhension du rôle de la biodi-
                                                   du commissaire européen à l’agriculture),
nement : CropLife Europe, Consulai, Tra-                                                               versité dans l’agriculture, mais aussi des
                                                   les participants ont pu obtenir les dernières
vel Tomorrow et le partenaire média de la                                                              pratiques agricoles plus technologiques et
                                                   informations sur la nouvelle Politique Agri-
conférence, Agroportal.
Dans leurs remarques introductives, les
                                                   cole Commune. La PAC a été finalisée à
                                                   Bruxelles pendant le sommet au Portugal.
                                                                                                       innovantes.
                                                                                                       Une deuxième session était plus orientée
                                                                                                                                                        3
hôtes Thierry de l’ESCAILLE et Eduardo                                                                 vers les politiques. La ministre portugaise
                                                   La première session s’est concentrée sur les
OLIVEIRA E SOUSA (Président de la CAP)                                                                 de l’agriculture a évoqué les opportunités
                                                   preuves scientifiques. Xavier LE ROUX (Se-
ont évoqué l’impact croissant des poli-                                                                offertes par le Pacte vert et la PAC plus am-
                                                   nior Scientist - INRAE) a donné aux partici-
tiques de biodiversité sur l’agriculture. D’un                                                         bitieuse dans laquelle la biodiversité et le
                                                   pants plusieurs aperçus sur la relation entre
autre côté, l’intensification de l’agriculture                                                         changement climatique jouent un rôle im-
                                                   l’agriculture et la biodiversité. Il est scienti-
au cours des 50 dernières années a certai-                                                             portant.
                                                   fiquement prouvé que l’agriculture, en par-
nement eu un impact sur la biodiversité. Si
                                                   ticulier l’agriculture intensive, a un impact       L’ancien commissaire européen à l’agricul-
l’agriculture doit s’adapter à cette nouvelle
                                                   négatif sur la biodiversité. Deux modèles           ture Franz FISCHLER a déclaré : « Nous de-
situation, elle offre également plusieurs
                                                   principaux peuvent être mis en œuvre pour           vons mettre de l’ordre dans notre propre mai-
possibilités aux agriculteurs et aux proprié-
                                                   la conservation de la biodiversité : « land         son ». Il a indiqué plusieurs domaines dans
taires fonciers. Les agriculteurs devront
                                                   sharing » et « land sparing ». Le « land sha-       lesquels nous devons faire preuve d’innova-
trouver un nouvel équilibre avec la nature
                                                   ring » fait référence aux pratiques agricoles       tion en introduisant de nouvelles mesures
et la société. Les services écosystémiques
                                                   permettant de maintenir la biodiversité             pour garantir des paysages agricoles biodi-
feront partie de l’activité agricole quoti-
                                                   au sein du paysage agricole. Le « land spa-         versifiés, en se concentrant sur des ques-
dienne.
                                                   ring » (économie des terres) favorise l’agri-       tions majeures telles que la densité animale
António GUTERRES (Secrétaire général               culture à haut rendement qui nécessite une          sur les terres agricoles (y compris la gestion
des Nations unies) l’a reconnu en parlant          plus petite surface de terre pour atteindre         du fumier et le risque de réduire la biodiver-
de l’interdépendance de la biodiversité et         les mêmes rendements, ce qui entraîne une           sité des prairies et des pâturages en inten-
de l’agriculture. Il a souligné que l’agricultu-   augmentation des surfaces d’habitat natu-           sifiant l’élevage bovin).
re devrait protéger la nature, restaurer les       rel intact. Il a souligné la nécessité d’inclure
écosystèmes et établir un équilibre dans sa        un troisième point de vue : la nécessité d’in-      Herbert DORFMANN (membre du Parle-
relation avec la planète. Les récompenses,         clure la biodiversité ayant un rôle clé dans        ment européen) a informé l’auditoire de
a-t-il dit, seront énormes. Mais il a précisé      les systèmes agricoles. Le défi consiste ici        l’état d’avancement des négociations sur
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    la PAC tout en réfutant l’accusation d’éco-
    logisation de la PAC. Il a déclaré que la plu-
    part des Etats membres étaient beaucoup
    moins ambitieux sur ce sujet que la Com-
    mission européenne, mais il a également
    espéré que la PAC serait équitable et qu’elle
    créerait une politique agricole sociale.
    L’ancien commissaire européen à l’environ-
    nement, Janez POTOČNIK, a demandé une
    action immédiate. Pour de nombreuses es-
    pèces, l’accent mis sur la biodiversité arrive
    déjà trop tard. 80 % de la perte mondiale
    de biodiversité liée à la terre est causée par
    l›extraction de ressources et la transforma-
    tion de la biomasse, souvent étroitement
                                                                                                Antonio GUTERRES
    liées à l›agriculture et à la sylviculture. Il a
    déclaré qu’aucun des objectifs d’Aichi (ob-
    jectifs de biodiversité) n’a été atteint et        agricoles ne sont pas compatibles avec la bio-       biodiversité. Elle a également rappelé que
    qu’il est donc essentiel de s’attaquer aux         diversité ». Il a déclaré que les objectifs de la    l’alimentation est un secteur essentiel et
    facteurs de perte de biodiversité. Il a pro-       stratégie européenne en matière de biodi-            que nous ne pouvons pas jouer avec la sécu-
    posé 4 recommandations : (1) nous de-              versité ne peuvent être atteints sans le sou-        rité alimentaire.
    vrions connaître l’impact sur le climat et la      tien des agriculteurs : « Les agriculteurs sont
                                                                                                            Luc BAS (Directeur, Bureau régional eu-
    biodiversité pour chaque secteur, et chaque        les gardiens de la terre, et sont en fait les ges-
                                                                                                            ropéen de l’UICN) a souligné le rôle clé des
    consommateur doit comprendre comment               tionnaires des actifs, ils ont donc un rôle vital
                                                                                                            agriculteurs et des propriétaires terriens
    et pourquoi il peut avoir un impact sur la na-     à jouer dans la préservation de la biodiversi-
                                                                                                            et a déclaré que la PAC doit devenir plus
    ture ; (2) nous devrions planifier ensemble        té ». Il a informé le public des objectifs de la
                                                                                                            verte et doit mettre la nature au cœur de
    - les décideurs politiques doivent travailler      stratégie de l’UE en matière de biodiversi-
                                                                                                            son action. Il a demandé à ce que les pro-
    avec les scientifiques et les locaux ; la crois-   té liés aux terres agricoles : rétablissement
                                                                                                            cessus soient pratiques et a expliqué que
    sance est la nature ; (3) nous devons encou-       d’une grande diversité de caractéristiques           les agriculteurs, etc. ne sont pas seulement
    rager l’agriculture urbaine économique et          paysagères (remettre 10 % en terres agri-            des producteurs mais aussi des gardiens.
    d’autres politiques pour favoriser les solu-       coles) ; un quart des exploitations agricoles        Il a demandé que les règles du jeu soient
    tions basées sur la nature et la transition        en agriculture biologique d’ici 2030 ; objec-        les mêmes pour tous en ce qui concerne la
    vers une bioéconomie sociale ; et (4) nous         tifs de réduction des risques et de l’utilisa-       comptabilisation du capital naturel.
    devons valoriser la nature - nous avons be-        tion des pesticides de 50 % et de réduction
    soin d’un système économique pour recon-           des pertes de nutriments de 50 %.                    Mark TITTERINGTON (Conseiller principal,
    naître les avantages de la nature.                                                                      stratégie et partenariats, Forum for the Fu-
                                                       Arnold PUECH D’ALISSAC (membre du                    ture of Agriculture) a expliqué le label Agri-
    Lors de la troisième session, Jurgen TACK          Conseil de la FNSEA) a parlé de la multi-            Life en cours de développement par ELO. Il
    (auteur de ce texte) a essayé de savoir ce         fonctionnalité et de la manière dont l’agri-         reconnaîtra les meilleures pratiques mises
    que nous pouvons faire en Europe pour              culture a essayé de la mettre davantage en           en œuvre par les agriculteurs et fournira des
    stopper la perte de biodiversité et atténuer       œuvre. Il a fait spécifiquement référence à
    le changement climatique. Dans une pre-                                                                 connaissances pour soutenir les processus
                                                       la manière dont la France essayait déjà de           politiques. Ce sera également le meilleur
    mière contribution à cette session, Hum-           valoriser la valeur biologique et/ou environ-
    berto DELGADO ROSA (Directeur, Capital                                                                  moyen de responsabiliser les agriculteurs et

4   naturel, DG Environnement, Commission
    européenne) a déclaré : « Le problème n’est
                                                       nementale élevée de ses agriculteurs.
                                                       Geraldine KUTAS (Directrices Générale, Cro-
                                                                                                            les propriétaires fonciers.
                                                                                                            Álvaro AMARO (Membre du Parlement eu-
    pas que l’agriculture détruit la biodiversité,     pLife Europe) estime que l’innovation est            ropéen) a clôturé la réunion avec Marcelo
    mais que certaines pratiques et tendances          essentielle pour lutter contre le déclin de la       REBELO DE SOUSA (Président de la Répu-
                                                                                                            blique du Portugal). M. AMARO a déclaré
                                                                                                            que les agriculteurs ne peuvent pas être les
                                                                                                            seuls à supporter le poids de la réforme de la
                                                                                                            production. Il a soulevé la question de savoir
                                                                                                            comment nous pouvons donner aux agri-
                                                                                                            culteurs les moyens d’être plus efficaces
                                                                                                            et efficients dans l’utilisation de leurs res-
                                                                                                            sources, de produire avec moins d’intrants
                                                                                                            et d’avoir une agriculture durable avec le
                                                                                                            moins d’impact possible.
                                                                                                            Marcelo REBELO DE SOUSA a souligné le
                                                                                                            rôle de la biodiversité dans l’agriculture et
                                                                                                            le rôle important que les agriculteurs ont
                                                                                                            à jouer.

                                                                                                            Cet événement vous intéresse ?
                                                                                                            Veuillez consulter la plateforme FFA2021
                                                                                                            sur www.forumforagriculture.com pour
          Humberto DELGADO ROSA, Arnold PUECH d'ALISSAC, Géraldine KUTAS, Luc BAS                           visionner l’intégralité de la conférence à
                      Alvaro AMARO, Mark TITTERINGTON, Jurgen TACK                                          la demande.
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
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                  fera gagner beaucoup de temps. Configurez simplement vos tâches
                  à l’avance dans le John Deere Operations Center, puis utilisez une
                  connexion sans fil pour les envoyer à la machine connectée de votre
                  choix. Dès votre entrée sur la parcelle, un clic suffit pour commencer
                  le travail. Aucun retard, aucun risque d’erreur, et vous bénéficiez d’une
                  consignation et d’une documentation simplifiées.

                  AutoSetup prend en charge toutes les tâches courantes : travail du sol,
                  ensemencement, pulvérisation, fertilisation et récolte. Gratuit, cet outil
                  est compatible* avec les machines John Deere plus anciennes et les
                  modèles de marques concurrentes.

                  Votre concessionnaire se fera un plaisir de vous montrer comment
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                  *La machine doit être équipée d’une console universelle ou CommandCenter™ de 4e génération (avec au
                   minimum le logiciel SU20-3) et d’un récepteur StarFire™ 3000/6000, assortis d’un abonnement actif à
                   JDLink™ Connect et d’un compte John Deere Operations Center. Si la machine n’est pas équipée d’une
                   passerelle télématique modulaire 4G, un kit d’adaptation est nécessaire.
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
CountrySide 194

                       Des synergies entre le 1er Sommet
          sur la biodiversité agricole et les projets européens liés
                  à la durabilité agricole et à la biodiversité
          Le 27 mai dernier, l’équipe de projets d’ELO a organisé un atelier de solutions coïncidant avec le Sommet sur la biodiversité
                   agricole d’ELO et l’événement hybride régional FFA2021 qui a eu lieu à Santarém, au Portugal, la veille.

                                                                     Julian CORTES, ELO

    L’atelier de solutions visait à établir des sy-
    nergies entre le 1er Sommet sur la biodiver-
    sité agricole et les projets européens liés à
    la durabilité agricole et à la biodiversité, et à
    discuter des solutions concrètes qui ont été
    ou seront développées pour soutenir la bio-
    diversité.
    L’atelier a été ouvert par le modérateur Mar-
    tin FOX (ELO), qui a souhaité la bienvenue
    au public par le biais d’un sondage interac-
    tif. Les huit projets mis en avant ont en-
    suite été présentés. Les liens entre tous les
    projets et la biodiversité ont été mis en lu-
    mière, chaque projet ayant des objectifs et
    des résultats uniques qui contribuent à la
    durabilité globale de l’environnement et de
    l’agriculture et qui ont un impact direct sur
    l’état de la biodiversité. Après la présenta-
    tion des projets, un représentant de chaque
    projet a été invité à prendre la parole et à        Zürich), est axé sur la compréhension des           sur les résultats, les paiements sont accor-
    développer les objectifs, les résultats, les        fonctions microbiennes dans le sol afin de          dés aux agriculteurs en fonction des résul-
    réalisations et les liens avec la biodiversité      développer une base de connaissances sur            tats qu’ils obtiennent, ce qui favorise les
    de son projet.                                      les impacts de la biodiversité du sol sur la        pratiques innovantes et durables.
                                                        multifonctionnalité des écosystèmes et la
    Cosette KHAWAJA (WIP) a présenté BIO-               productivité agricole. Le projet vise à pré-        Enfin, le Dr Gerald SCHWARZ (THÜNEN) a
    PLAT-EU, un projet visant à promouvoir              dire les impacts du changement climatique           parlé du projet UNISECO, qui traite du di-
    l›adoption de la bioénergie durable en Eu-          sur cette diversité. SOILGUARD, présen-             lemme de la production de nourriture et de
                                                                                                            biomasse tout en se concentrant sur les ap-
6   rope en utilisant des terres marginales,
    sous-utilisées et contaminées pour la pro-
                                                        té par le Dr Salvador LLADÓ FERNÁNDEZ
                                                        (LEITAT), traite également des pratiques de         proches agro-écologiques qui renforcent la
    duction de biomasse non alimentaire via             gestion des sols en recherchant et en déve-         durabilité des systèmes agricoles, contri-
    une plate-forme basée sur le web qui sert           loppant des connaissances sur le potentiel          buant ainsi à une sécurité alimentaire du-
    d›outil d›aide à la décision. Ce projet, a fait     de la biodiversité des sols en tant que solu-       rable. Des pratiques telles que la culture
    remarquer Cosette KHAWAJA, vise à offrir            tion naturelle clé pour améliorer la résilience     intercalaire peuvent être adoptées et avoir
    la possibilité d’utiliser des terres sous-uti-      des sols et des exploitations agricoles.            des effets positifs sur la biodiversité. Ces
    lisées et, grâce à la croissance de la bio-                                                             pratiques sont encouragées par différents
    masse, et de contribuer à la restauration de        Dr. Ingolf STEFFAN-DWEENTER (Universi-
                                                                                                            réseaux de connaissances, des technolo-
    la biodiversité dans ces zones.                     té de Würzburg) a présenté le projet SAFE-
                                                                                                            gies et la coopération entre diverses parties
                                                        GUARD, qui, bien qu›il soit encore dans ses
    Le professeur J.J. LEAHY (UL) a fait une pré-                                                           prenantes.
                                                        phases initiales, vise la perte de pollinisa-
    sentation au nom de deux projets : BIOWILL          teurs sauvages et tente d›inverser cette            Après une discussion fructueuse et en-
    et REFLOW. BIOWILL est un projet visant à           perte en incorporant les pollinisateurs dans        gageante et une session de questions-ré-
    réaliser un système de production de bio-           le capital naturel en évaluant les services         ponses, le modérateur Martin FOX a fait
    polymères à zéro déchet par l’utilisation de        écosystémiques fournis par les pollinisa-           des remarques finales et a présenté les
    l’extraction de salicine à partir de saules. Le     teurs.                                              prochains événements qu’ELO organisera.
    projet REFLOW se concentre sur la récupé-                                                               L’enregistrement de l’atelier sur les solu-
                                                        Ensuite, le Dr Davide VIAGGI (UNIBO) s’est
    ration du phosphore, en relevant les défis                                                              tions ainsi que des informations sur chacun
                                                        exprimé au nom de CONSOLE, un projet vi-
    techniques et socio-économiques associés                                                                de ces projets et plus encore sont acces-
                                                        sant à promouvoir la fourniture de biens pu-
    à la récupération du phosphore et à son re-                                                             sibles sur le site web d’ELO.
                                                        blics agro-environnementaux climatiques
    cyclage en produits fertilisants.
                                                        dans l’agriculture et la foresterie. Il s’agit de
    Les projets MICROSERVICES et SOIL-                  favoriser la mise en place de cadres contrac-       Pour revoir l’atelier des solutions, veuil-
    GUARD sont directement liés à la diversi-           tuels pour les agriculteurs qui les aident à        lez-vous rendre sur la plateforme FFA2021
    té microbienne des sols. MICROSERVICES,             produire des biens publics, notamment liés          via www.forumforagriculture.com pour
    présenté par le Dr Martin HARTMANN (ETH             à la biodiversité. Grâce à une solution basée       visionner son intégralité à la demande.
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
Nations Unies - Sommet sur les systèmes alimentaires
                           Dialogue Indépendant :
                   étendre l’agriculture régénérative
Le 30 juin 2021, 77 experts et acteurs de la chaîne de production alimentaire se sont réunis pour débattre de l’agriculture régénératrice
  et de son implémentation. La conversation était axée sur sa définition, son périmètre d’action, ses indicateurs de performance et
      les moyens de son extension. Co-organisé avec le Forum pour le Futur de l’Agriculture et Nestlé, les fruits de ces réflexions
                      ont été mis à disposition pour le Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations Unies..

                                       Caroline MAHR-VAN EVERDINGEN, ELO & Elodie CHAMPSEIX, ELO

Résultats                                         autour des pratiques d’agricultures régéné-      outre, les agriculteurs doivent être pla-
                                                  ratives, les fermiers et leur chaîne de valeur   cés au centre des systèmes agro-alimen-
Il n’existe à ce jour pas de définition précise   constatent que les pratiques doivent à tout      taires, en les soutenant par des systèmes
de l’agriculture régénératrice, reconnue et       prix être flexibles afin de prendre en consi-    d’accompagnement et de conseil adéquats
approuvée en tant que telle par l’ensemble
de la chaîne de production alimentaire, les
                                                  dérations les spécificités régionales et les
                                                  contextes climatiques spécifiques des par-
                                                                                                   émanant d’organismes indépendants. Ce
                                                                                                   dernier point semble être un élément clé de     7
autorités académiques ou publiques. De            celles. Ce n’est qu’avec le soutien d’une rè-    la transition vers de possibles pratiques du-
façon générale, l’agriculture régénératrice       glementation législative forte et des ef-        rables à grande échelle.
s’efforce de « restaurer la biodiversité et re-   forts orchestrés en amont et en aval de la
                                                                                                   Parmi les solutions possibles, on peut ci-
hausser les capacités d’un sol sain » et, dans    chaîne de valeur agro-alimentaire que les
                                                                                                   ter l’organisation de conseils indépendants
la pratique actuelle, celle-ci se concentre sur   fermiers seront enfin aptes à adapter et
                                                                                                   ou encore le développement de nouveaux
l’impact positif des capitaux naturels, sans      modifier leur pratiques. En effet, si les lé-
                                                                                                   outils aidant les agriculteurs à comprendre
jamais négliger les dimensions sociales et        gislateurs, acheteurs et transformateurs ne
                                                                                                   l’impact de leurs pratiques sur le climat,
économiques rattachées à l’agriculture.           reconnaissent pas cette nécessité de chan-
                                                                                                   l’environnement et la santé. Assurer des re-
                                                  gement des pratiques, on ne peut malheu-
L’agriculture régénératrice correspond à                                                           lations à long terme entre les acteurs de la
                                                  reusement que prédire un échec similaire
une approche globale prenant en compte                                                             chaîne agro-alimentaire permet d’instaurer
                                                  aux autres tentatives d’implémentation à
non seulement l’environnent biophysique                                                            un climat de confiance et donner à la com-
                                                  grande échelle de systèmes agricoles plus
du sol mais également le rendement global                                                          munauté agricole une sécurité pérenne dont
                                                  respectueux de la nature.
de son utilisation. Elle s’étend sur une large                                                     elle a besoin pour être économiquement
gamme de production de biens communs,             Un large consensus s’est dégagé sur la né-       viable. Plus important encore, l’agriculture
et inclut des pratiques visant à la protec-       cessité d’un langage commun à toutes les         régénératrice se doit d’être rendue facile à
tion du sol et à la régénération de systèmes,     parties prenantes de la chaîne agro-ali-         comprendre pour les agriculteurs, tout en
d’opérations d’aide à la biodiversité, l’inté-    mentaire afin de s’accorder sur la termino-      réduisant la charge administrative par l’in-
gration de meilleurs systèmes de gestion          logie et d’éviter le greenwashing. Une autre     tégration des comptes rendus et systèmes
de l’eau, la restauration de la vie du sol, et    conclusion claire projette l’agriculture régé-   de collecte de données déjà existants plu-
autres. Définir le statut initial d’un fermier    nératrice comme se produisant au niveau          tôt que de créer de nouvelles grilles de rap-
souhaitant mettre en œuvre une agricultu-         local/régional. Tenter d’établir des normes      port. Ceci aiderait les agriculteurs à com-
re régénérative est crucial afin de pouvoir       strictes et rigides à plus grande échelle ne     muniquer sur leur travail et à sensibiliser
mesurer une évolution des résultats. Avec         peut qu’échouer, en raison de la complexi-       le public tout en transférant leurs connais-
la croissance continue des connaissances          té des écosystèmes et de leur variété. En        sances ; cela pourrait de surcroit accélérer
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
CountrySide 194

    l’éducation des consommateurs et les mo-        l’échange de connaissances et l’éducation          de formation publics-privés déjà existants
    tiver à faire de meilleurs choix, à la condi-   des parties prenantes, et permettrait de           permettrait aux agriculteurs de progresser
    tion que les distributeurs et chaînes de su-    lancer des campagnes de communication              sur des pratiques durables. Les écoles et
    permarché reflètent les efforts des agricul-    plus fortes, qui pourraient être reprises par      universités agronomes devraient systéma-
    teurs et que les entreprises de Produits de     les différents organismes engagés dans le          tiquement intégrer ces pratiques dans leurs
    Grande Consommation lissent les prix entre      processus.                                         programmes d’enseignements, afin que la
    les produits provenant d’une agriculture ré-                                                       prochaine génération d’agronomes, d’agri-
    génératrice et les produits conventionnels.     Accélérer la diffusion de l’expertise, à la        culteurs et de conseillers soit prête à relever
                                                    fois des informations, des conseils et des         les défis d’aujourd’hui et de demain.
    Le principal défi actuel est d’ordre so-        meilleures pratiques, par la création de
    cio-économique. Comment intégrer ces            communautés de pratique. De nombreuses
    pratiques, tout en poursuivant l’activité et    connaissances ont été accumulées et pré-
    en maintenant la rentabilité ? Les aliments     sentées aux agriculteurs, mais les transfor-       Points de divergence
    transformés actuellement issus des fermes       mateurs, les détaillants et les consomma-
    régénératives sont pour la plupart des pro-     teurs doivent également être éduqués. Les          Les conversations autour de l’agriculture
    duits haut de gamme ; le défi pour de nom-      pouvoirs publics pourraient créer un fonds         régénérative étaient axées autour de son
    breuses entreprises de transformation ré-       d’investissement pour la communication et          utilité, de ses mesures et de son évolutivité.
    sulte donc dans la manière de rendre ces        la sensibilisation.                                En raison de la diversité des points de vue
    produits courants. Pour ce faire, les coûts
                                                    La collaboration entre les secteurs publics        des participants, ces sujets ont été débat-
    de production doivent être reflétés et par-
    tagés d’une manière ou d’une autre dans la      et privés devrait être davantage soutenue          tus avec des perspectives variées, condui-
    chaîne de valeur afin de sécuriser la place     et renforcée ; elle devrait devenir un pilier de   sant à des divergences d’interprétations
    des agriculteurs dans cette transition.         l’organisation des agriculteurs en commu-          et de recommandations entre les interve-
                                                    nautés de pratiques, en promouvant le rôle         nants, entre les sous-groupes, mais égale-
    Par conséquent, les systèmes locaux             d’ambassadeur des pionniers de cette pra-          ment entre les attentes et les recomman-
    doivent changer de manière holistique si        tique. D’autres acteurs de la chaîne de va-        dations convenues. Ce dernier point en par-
    l’on veut les intégrer dans un système plus     leur agro-alimentaire bénéficieraient égale-       ticulier souligne la complexité et l’ampleur
    global. Tenter d’établir des normes strictes    ment d’une collaboration plus étroite dans         des enjeux associés.
    et rigides à plus grande échelle ne peut        le cadre de partenariats public-privé. Cela
    qu’échouer, en raison de la complexité et de                                                       Une divergence importante reflétée par
                                                    permettrait de combler les lacunes et les
    la variété des systèmes.                        erreurs d’interprétation des systèmes agri-        les débats réside dans la place consacrée
                                                    coles actuels.                                     aux bénéfices économiques dans la défi-
                                                                                                       nition de l›agriculture régénérative. Cette
    Recommandations                                 Des régimes de subventions, des incita-            controverse économique a révélé deux ap-
                                                    tions financières pour les agriculteurs (prix      proches distinctes sur la fonction de l›agri-
                                                    premium), des marchés de résultats de du-          culture régénératrice elle-même. Certains
    La collecte et la centralisation des don-       rabilité (carbone) et des systèmes de taxa-        participants l›envisagent comme un moyen
    nées sont au cœur du succès de la mise en       tion différentielle pourraient compenser les       d›augmenter les revenus et de réduire les
    œuvre de l’agriculture régénérative. L’un       véritables coûts et prix de transition ; les       impacts environnementaux grâce à l›in-
    des moyens serait d’établir des conseils ali-   produits bruts (non-transformés) devraient         novation dans les produits (biochimie), les
    mentaires européens, nationaux et régio-        être moins taxés que les produits transfor-        processus (agriculture de précision) et les
    naux qui constitueraient un organe cen-         més. En outre, les pratiques agricoles régé-       systèmes (agriculture carbone, recyclage
    tralisé pour conseiller tous les acteurs et     nératives pourraient être utilisées en tant
    créer des protocoles pour guider les transi-                                                       des matières premières, économie circu-
                                                    que référence pour le carbon farming, ces          laire). Une autre école de pensée préférerait
    tions des systèmes alimentaires, y compris      certificats carbone délivrés aux acheteurs
    l’analyse des données et la certification. De                                                      que les résultats environnementaux pré-
                                                    et aux transformateurs, en tant qu’indica-
    même, la création de coalitions autour d’ob-                                                       valent, tout en profitant de l’occasion pour
                                                    teur de leur impact.
8   jectifs spécifiques, tels que la résolution
    des nombreux systèmes de certification          L’évolution du métier d’agriculteur au cours
                                                                                                       repenser l’ensemble du modèle de produc-
                                                                                                       tion avec des intrants externes très limités,
    en matière d’harmonisation des exigences        des quarante dernières années appelle à une        un travail du sol minimal, un recyclage des
    et des résultats, ou l’évolution vers des ré-   adaptation en profondeur de leur forma-            matières organiques et beaucoup de main-
    gimes alimentaires plus sains, favoriserait     tion ; redéfinir l’orientation des systèmes        d’œuvre. Il est fort probable que d’autres
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
CountrySide 193

débats et compromis sur ce point permet-        Bien que la question du renforcement de            dement à la facilité de sa mise en œuvre
tront de parvenir à un alignement, au moins     la voix des agriculteurs au sein de la chaîne      pour les agriculteurs et à la sélection de me-
sur la question de la limitation des critères   agro-alimentaire ait été un autre accord           sures cohérentes.
de base à la santé des sols ou à l’englobe-     central entre les participants, soutenu par
ment de la biodiversité et l’utilisation de     la proposition de partenariats au sein de          Pour plus d’informations :
l’eau au sens large.                            cette même chaîne, la collaboration entre          www.forumforagriculture.com
                                                les agriculteurs et les entreprises de trans-
L’ambiguïté du rôle des incitations écono-      formation alimentaire ou les acheteurs n’a
miques se reflète naturellement dans le dé-     pas été abordée pour la question du coût de
bat sur les mesures et évaluation des pra-      transition. Pourtant, l’orientation visant à
tiques. La plupart des critères mention-        responsabiliser et à garantir les flux de reve-
nés étaient orientés vers les impacts envi-     nus des agriculteurs pendant cette période
ronnementaux et sociaux, les participants       difficile est cruciale, car la restauration des
soulignant ici l’importance du bien-être et     sols peut durer de 5 à 10 ans.
de l’intégration de la dimension sociale des
agriculteurs dans le processus. Mais alors      Ce point spécifique sur les pratiques de pro-
                                                tection des sols a été largement cité comme
que la présence et la diversité des flux de
revenus ont été mentionnées comme une           un exemple d’exigence de base pour les cri-
                                                tères et la mesure des progrès, révélant
                                                                                                                                                     9
stricte nécessité, il est surprenant que la
comparaison avec les bénéfices écono-
                                                à nouveau des disparités et des conflits                    Exploitant et/ou coordinateur
miques de l’agriculture conventionnelle
                                                d’orientation entre la réalité agronomique                    d’exploitations agricoles
                                                et les effets parfois négatifs de certaines
n’ait pas été ni envisagée ni débattue par
                                                pratiques sur d’autres fonctions du sol,
les participants.
                                                et les exigences actuelles définies par les
Ce déséquilibre des attentes en matière de      acheteurs et autres. En effet, si les partici-
bénéfices économiques de l’agriculture ré-      pants ont reconnu la pertinence de la santé
générative soulève la question de la légiti-    des sols en termes de diversité et de réten-
                                                                                                                         Belgique
mité et de la nécessité de la transition des    tion du carbone, ils ont également mis en
                                                avant des fonctions du sol telles que le les-                      support@agriland.be
agriculteurs vers l’agriculture régénéra-
                                                sivage de l’azote et la production primaire,                       ✆ +32 (0)10 23 29 00
tive. Pourtant, ce point est d’autant plus
vital que tous les participants ont reconnu     deux attentes dépourvues de complémen-
                                                tarité mais qui devraient être abordées si-
que, de par leur position, les agriculteurs                                                                               France
sont les premiers acteurs de terrain au bas     multanément en raison de la variation des
                                                qualités des sols. Plus généralement, en ce                damien.deriberolles@agrilandfrance.fr
de la chaîne d’approvisionnement agro-ali-                                                                        ✆ +33 (0)6 50 98 17 13
mentaire, supportant les coûts structurels      qui concerne les systèmes d’incitation et le
et les incertitudes liées aux risques. Par      suivi des résultats, il n’y a pas eu d’accord
                                                sur la question de savoir si le système de-
conséquent, les coûts de transition actuels
                                                vait être axé sur les résultats ou sur les poli-
et l’absorption des risques pour le modèle
                                                tiques d’actions enclenchées.
d’agriculture régénérative qui tente d’inté-
grer les systèmes de marché convention-         Par conséquent, un objectif clair de l’agricul-                    www.agriland.be
nels doivent être supportés principalement      ture régénératrice et la pertinence de ses ré-
par les agriculteurs.                           sultats économiques contribueraient gran-
1er Sommet sur la biodiversité agricole : le rôle de l'agriculture dans le monde de demain - N 194
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                    L’avenir des céréales en Espagne :
                         produire en conservant
                                        Emilio NAVARRO MARTÍNEZ, Ingénieur agricole et entrepreneur, Espagne

     L
          es céréales sont cultivées depuis l’aube
          de l’agriculture et ont évolué avec la
          technologie et le développement agri-
     cole jusqu’à aujourd’hui, améliorant leur
     qualité et leur rendement à l’hectare et
     s’adaptant à une demande mondiale en
     constante augmentation. Le monde pro-
     duit environ 2 725 millions de tonnes de cé-
     réales chaque année (données USDA récolte
     2020), dont environ 1,1 milliard de tonnes de
     maïs, 760 millions de tonnes de blé, 510
     millions de tonnes de riz et près de 155 mil-
     lions de tonnes d’orge. Les stocks mondiaux
     (ce qui est détenu à des fins de sécurité)
     s’élèvent à près de 900 millions de tonnes,        L’auteur à la fin du mois de mai 2021 dans une culture de tournesol biologique à Paradas (Séville).
     bien qu’ils varient en fonction de la récolte
     et de la consommation dans le monde. Les
     principaux producteurs de céréales sont
     les États-Unis, la Russie, la Chine, l’In-        gneuses - olives, amandes et agrumes - qui          très faible aux prix actuels, c’est pourquoi
     de, l’UE, l’Argentine, le Brésil et le Canada,    sont plus rentables que les céréales.               certains agriculteurs se reconvertissent
     mais d’autres pays comme l’Ukraine, le Ka-                                                            dans les cultures ligneuses ou tentent de
     zakhstan et l’Australie, entre autres, aug-                                                           cultiver des céréales de meilleure quali-
     mentent leur production.                          Perspectives de la culture des céréales et          té à meilleur prix (blé dur, blé dur tendre,
                                                       autres grains en Espagne                            épeautre, orge pour le malt, etc.), voire se
     L’UE produit environ 290 millions de tonnes                                                           reconvertissent dans l’agriculture biolo-
     de céréales, dont 115 millions de tonnes de       Comme nous l’avons déjà noté, l’Espagne             gique.
     blé tendre, 65 millions de tonnes de maïs et      est un pays qui produit moins de céréales
     environ 60 millions de tonnes d’orge. En ce       que ce dont il a besoin, et qui doit donc en        La production de céréales et d’autres grains
     qui concerne le blé dur, environ 40 millions      importer. Le fait d’être un importateur net         (oléagineux, protéagineux, légumineuses,
     de tonnes sont produites dans le monde,           signifie que nos prix aux agriculteurs ont          etc.) reste un pilier fondamental pour le
     dont près de 8 millions de tonnes pro-            tendance à être un peu meilleurs que ceux           bien-être et la sécurité alimentaire de la po-
     viennent de l’UE.                                 des principaux pays producteurs, car les            pulation de tout pays développé. L’Espagne
                                                       coûts de logistique et de transport sont            doit donc continuer à produire autant que
     L’Espagne est un pays d’un peu plus de 50
10   millions d’hectares, dont seulement 20 mil-
     lions d’hectares environ sont cultivables.
                                                       considérables, et le seront encore plus à
                                                       l’avenir avec la hausse des prix du pétrole et
                                                                                                           possible, en recherchant des grains spéci-
                                                                                                           fiques de haute qualité adaptés à notre cli-
                                                       l’augmentation du coût du transport mon-            mat qui nous permettent d’obtenir le prix
     Notre production annuelle de céréales varie                                                           le plus élevé possible pour l’agriculteur. De
                                                       dial. Cependant, les faibles rendements que
     entre 12 et 25 millions de tonnes, selon l’an-                                                        nombreuses entreprises et organismes
                                                       nous obtenons (pas plus de 2 500 kg/ha en
     née climatique ; et comme notre consom-                                                               publics travaillent à l’amélioration des cé-
     mation annuelle de céréales, d’autres grains      moyenne) par rapport aux autres pays qui
                                                       nous entourent font que la rentabilité est          réales et autres cultures arables extensives
     et de sous-produits est de 35 millions de                                                             en Espagne, afin d’augmenter la production
     tonnes, nous sommes un pays purement                                                                  et d’améliorer la qualité dans tous les do-
     importateur, bien que nous exportions nor-                                                            maines.
     malement du blé dur et, les bonnes années
     de récolte, de l’orge et de l’avoine. Nous im-                                                        Nos subventions de la PAC sont malheu-
     portons non seulement des céréales, mais                                                              reusement faibles par hectare par rapport à
     aussi des farines protéiques (notamment                                                               celles des autres pays de l’UE, car elles ont
     de soja), des protéagineux, des oléagineux                                                            été définies en fonction des rendements
     et leurs dérivés, principalement pour la fa-                                                          moyens des différentes zones de l’Espagne,
     brication d’aliments pour animaux. A titre                                                            qui sont généralement faibles par rapport à
     de comparaison, un pays voisin comme la                                                               l’Allemagne, la France, la Belgique, etc.
     France produit entre 30 et 40 millions de
     tonnes de blé seulement par an.
                                                                                                           L’avenir : nouvelles techniques agricoles et
     En Espagne, la production céréalière se
                                                                                                           la valeur ajoutée
     distingue en Castille-Leon, en Castille-La
     Manche, en Andalousie et en Aragon, sur-                                                              La pression exercée par les organisations
     tout dans les zones pluviales, car dans les                                                           environnementales, l’opinion publique et la
     zones irrigables, on assiste à une évolu-               Du blé de haute qualité produit en            Commission européenne face à la perte de
     tion rapide de la culture vers les cultures li-                Andalousie en 2021.                    biodiversité, au changement climatique et
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à la pollution croissante conduit à un sou-                                                       risquent de perdurer cette année : les ren-
tien accru à une agriculture plus durable et                                                      dements peuvent continuer à s’améliorer,
moins dommageable pour l’environnement                                                            la technologie y contribuera mais, ne nous
naturel, comme l’agriculture biologique.                                                          leurrons pas, les hectares cultivables dans
L’objectif est de produire des céréales de                                                        le monde sont ce qu’ils sont, il n’y en a pas
bonne qualité de manière rentable, tout en                                                        beaucoup plus, et s’il y en a, ils seront culti-
préservant l’environnement et la biodiver-                                                        vés dans des zones de forêts, de toundra et
sité naturelle.                                                                                   de déserts, ce qui semble de plus en plus
                                                                                                  difficile en raison de la pression de l’opi-
L’Espagne possède de vastes zones où les                                                          nion publique et de la société civile face à
céréales et autres grains sont déjà cultivés                                                      un avenir de plus en plus incertain en raison
de manière biologique, de plus en plus dans                                                       du changement climatique et de la perte de
des exploitations plus grandes et avec des                                                        zones boisées et de biodiversité à l’échelle
agriculteurs plus technicisés, obtenant de                                                        mondiale. Il est vrai que le marché à terme
bons rendements et une magnifique adap-                                                           des céréales de Chicago (CBOT) déplace plus
tation dans de vastes zones de ses terres                                                         de 25 fois les céréales physiques des op-
arides. La croissance de la consommation               Orge de brasserie à Manzanares             tions à terme, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un
de produits biologiques semble inarrêtable,       (Ciudad Real) à la fin du mois de mai 2021.     marché financier plutôt qu’agricole.
tant dans notre pays qu’au niveau mon-
                                                 Toutes ces techniques, en plus d’amélio-         Cependant, la réalité s’impose à tous les
dial, ce qui entraîne une augmentation de
                                                                                                  marchés lorsqu’un grand pays producteur
la demande de grains et de qualités spéci-       rer la rentabilité et la valeur ajoutée de nos
                                                                                                  a une mauvaise récolte (la saison dernière,
fiques. Cette augmentation de la demande         cultures de céréales et autres grains, ont
                                                                                                  c’était le cas de l’Ukraine et de la Russie), et
est transférée aux champs en quelques an-        également un impact minimal sur le pay-
                                                                                                  la demande est si proche de l’offre que tout
nées seulement, produisant ce dont le mar-       sage, l’environnement et la biodiversité na-
                                                                                                  événement météorologique défavorable
ché a besoin. Les céréales et les grains bio-    turelle et contribuent à atténuer le chan-
                                                                                                  dans l’un des principaux producteurs peut
logiques espagnols deviennent de plus en         gement climatique et sont fondamentales
                                                                                                  déclencher les marchés, ce que l’on appelle
plus prestigieux et sûrs dans l’UE et au-de-     dans la lutte contre la pollution de l’eau, du   le « Marché de la météo ».
là, ce qui pour de nombreux acheteurs est        sol et de l’air en Espagne.
plus important que le prix.                                                                       Comme le disait un bon ami agriculteur de
                                                                                                  Zamora : nous devons être « optimistes »
Mais il n’y a pas que l’agriculture biolo-                                                        quant à l’avenir de la production de céréales
                                                 Des conclusions positives
gique pour la production de conservation :                                                        et d’autres cultures extensives en Espagne.
des techniques innovantes sont également         On considère que nous sommes entrés dans         Nous avons un climat rude, des sols très va-
utilisées dans la culture conventionnelle de     une nouvelle ère de prix élevés pour les cé-     riés, des rendements normalement faibles
céréales et d’autres cultures extensives en      réales et autres grains et sous-produits au      et de nombreux problèmes, dont aucun
Espagne, telles que l’agriculture de conser-     niveau mondial : c’est un fait qu’il y a une     n’est insoluble. Mais nous avons aussi une
vation (lutte contre l’érosion), l’agriculture   demande croissante de la part de pays            grande qualité dans les céréales que nous
durable (minimum d’intrants tels que les         en développement exponentiel évident,            produisons, nous sommes leaders dans
engrais et les pesticides dans la culture),      comme la Chine, l’Inde, les pays d’Asie du       l’agriculture biologique, nous avons un pays
l’agriculture intégrée (contrôle intelligent     Sud-Est et l’Afrique, qui sont tous très peu-    avec la biodiversité la plus riche de l’UE,
des parasites, des maladies et des mau-          plés et ont une demande croissante (et im-       nous savons comment cultiver en respec-
vaises herbes dans les cultures), l’agricultu-   parable) de nourriture en termes de quanti-      tant l’environnement, le sol, l’eau et l’air, la
re régénératrice (restauration des zones dé-     té et surtout de qualité. De l’avis de nom-      nature, et nous continuerons à le faire avec
                                                                                                  travail et enthousiasme dans les zones cé-
gradées à leur gloire passée), etc.              breux experts, les prix élevés des céréales
                                                                                                  réalières de notre grand pays, en pensant
                                                                                                  aux générations futures et à leur bien-être.
                                                                                                                                                     11

                                                                                                            www.telemak.com
Blé dur cultivé selon les techniques de l’agriculture de conservation à Hornachuelos (Córdoba).
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                            Dynamique de l’agriculture
                           pour des campagnes vivantes
                                                                Flora WINDEBANK, ELO

     Cet événement a commencé par une pré-            qué que la concurrence est difficile pour les   Sur le même sujet, les panélistes ont
     sentation de l’Intergroupe par son pré-          jeunes agriculteurs, et - avec leur position    convenu que la transparence des prix
     sident, le député européen Alvaro AMA-           dans la chaîne de valeur et les difficultés     pourrait aider, car souvent ils couvrent les
     RO. Il a été suivi par l’eurodéputé Paolo de     financières - est l’une des principales rai-    coûts. Ils ont également souligné que les
     CASTRO qui a souligné que les objectifs de       sons pour lesquelles il est difficile de les    agriculteurs devaient raconter leurs his-
     la stratégie du Pacte vert et de La ferme        attirer. L’aspect éducatif de la future gé-     toires sur leurs solutions au changement
     à la fourchette doivent s’engager dans di-       nération a été abordé par Mona-Anitta           climatique et l’histoire derrière la produc-
     verses activités avec une approche multi-        RIIHIMAKI, de l’Université de Hame, qui a       tion.
     fonctionnelle.                                   expliqué la nécessité de disposer d’une va-
                                                                                                      L’eurodéputé Alvaro AMARO a clôturé la
                                                      riété de moyens pour obtenir un diplôme.
     Tassos HANIOTIS, Directeur de la DG AGRI,                                                        discussion sur une note optimiste ; il s’est
                                                      Elle a expliqué que le nom du diplôme était
     en tant qu’orateur principal, s’est concen-                                                      montré optimiste quant à l’avenir de l’agri-
                                                      vital, et que les valeurs des jeunes jouaient
     tré sur la manière dont les agriculteurs                                                         culture et a souligné la nécessité de don-
                                                      un grand rôle dans leurs études.
     peuvent bénéficier de la transition numé-                                                        ner la priorité à la formation, à l’améliora-
     rique. Il s’est également penché sur la né-      A la question de savoir si l’UE fait suffi-     tion des réseaux de communication, aux
     cessité d’un échange de connaissances            samment d’efforts pour développer l’édu-        progrès technologiques, à l’accès à un plus
     efficace et sur la nécessité de rendre les       cation, Tassos HANIOTIS a déclaré que la        large éventail d’informations, aux nou-
     zones rurales plus attrayantes. En ce qui        jeune génération est plus capable de tra-       velles compétences numériques et à une
     concerne les jeunes agriculteurs, il a dé-       vailler de manière multidisciplinaire et que    meilleure connaissance des écosystèmes -
     claré qu’en tant qu’agriculteurs du futur,       le type d’outils dont disposent les agricul-    autant d’éléments qui nécessitent d’ame-
     ils sont ceux qui seront les plus ouverts        teurs plus âgés devrait être mis à leur dis-    ner les jeunes agriculteurs sur le terrain
     aux demandes et aux pressions de la façon        position. Il a souligné que l’atout le plus     pour être efficaces.
     dont les aliments sont produits et prêts à       fort de l’UE est sa diversité. Doris LETTI-
     s’adapter. Il a souhaité que l’on mette da-      NA a également fait remarquer que l’ap-
     vantage l’accent sur la réflexion contre-        prentissage tout au long de la vie et l’ap-
     factuelle pour observer les faiblesses           prentissage interdisciplinaire sont essen-
                                                                                                      Pour plus d’informations :
     concrètes des politiques, et sur la synchro-     tiels et que, pour innover, il est important
                                                                                                      www.biodiversityhuntingcountryside.eu
     nisation des politiques au sein de l’UE.         de découvrir de nouvelles connaissances
                                                      non seulement dans le
     L’eurodéputé Jeremy DECERLE a ensuite            domaine de l’agricultu-
     discuté de la manière de revigorer l’agricul-    re, mais aussi dans ce-
     ture et le monde agricole, suggérant que         lui de la technologie, de
     cela pourrait se faire par le biais d’un ni-     l’économie et d’autres
12   veau plus élevé de cohérence avec les poli-
     tiques publiques. Il s’est inquiété de la dé-
                                                      disciplines. Zeno PIAT-
                                                      TI a ajouté que cela
     mographie dans les zones rurales : seule-        doit pouvoir se tra-
     ment 5% des agriculteurs ont moins de 30         duire dans les exploi-
     ans en Europe et plus de 50% ont plus de         tations agricoles ; il
     50 ans. Il a également souhaité que la PAC,      a également fait des
     les stratégies De la ferme à la fourchette       suggestions pour
     et Biodiversité donnent la priorité à la pré-    améliorer la concen-
     sence de plus d’hommes et de femmes sur          tration du pouvoir,
     le terrain. Il a terminé son discours en di-     notamment en lan-
     sant qu’il fallait insister sur les avantages    çant activement
     et les qualités des personnes travaillant        des organisations
     dans l’agriculture, plutôt que de les blâ-       de producteurs, en
     mer.                                             rendant la cam-
     Doris LETTINA, Conseil européen des              pagne et les zones
     jeunes agriculteurs, a évoqué les pro-           rurales plus at-
     blèmes auxquels sont confrontés les              trayantes pour les
     jeunes agriculteurs, notamment l’accès           investissements
     à la terre, aux financements et aux reve-        dans les PME, et
     nus, ainsi qu’au savoir-faire. Elle a souligné   en ayant un ac-
     l’importance du mentorat et des systèmes         cord politique
     de pair à pair (ang. peer to peer) pour as-      sur le fait que
     surer l’échange de connaissances. Un su-         les produits de
     jet similaire a été abordé par Zeno PIAT-        la nature ont
     TI, membre d’ELO en Autriche, qui a expli-       un prix.
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