Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 - EcoAct
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Le secteur aérien n’est pas encore inscrit initié en Suède, témoigne des attentes fortes dans une trajectoire d’émissions de CO2 de la société qui pointe du doigt son impact compatible avec un objectif mondial de sur l’environnement et sa mise à contribution limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C à l’action climatique mondiale jugée par rapport à son niveau préindustriel. insuffisante. Par son boycott du transport aérien, ce mouvement presse l’aviation de En effet, il enregistre une augmentation prendre des objectifs climatiques ambitieux et de ses émissions de CO2 forte et continue concrets pour réduire son impact. depuis plusieurs décennies : en 2020, les émissions mondiales annuelles de l’aviation internationale sont déjà supérieures d’environ 70 % à celles de 2005. L’Organisation de La crise du l’aviation civile internationale (OACI) prévoit qu’en l’absence de mesures supplémentaires COVID-19 d’ici à 2050, elles pourraient augmenter de Depuis peu, l’aviation vit également plus de 300 %. une crise sans précédent avec l’arrêt brutal de son activité dans Même s’il ne représente que 2,4 % des le contexte de la crise sanitaire du émissions de CO2 mondiales1, ce secteur COVID-19. est aujourd’hui sous le feu des critiques de l’opinion publique pour son manque L’impact de cette épisode est encore d’ambition dans l’action climatique mondiale. incertain, mais aura sans aucun Le mouvement récent de « flygskam », doute des conséquences sur la littéralement « la honte de prendre l’avion » transition bas-carbone du secteur. 1 Source : IATA 2018, chiffre qui ne prend pas en compte l’effet du forçage radiatif ni des trainées de condensation 1
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 L’aviation sous pression Face à l’urgence mondiale d’endiguer les émissions de CO2, le secteur de l’aviation doit désormais répondre, d’une part à des réglementations internationales, régionales ou nationales de tarification du carbone (systèmes de quotas d’émissions, taxe carbone ou mécanismes de crédits carbone de compensation), et d’autre part à la pression de l’opinion publique pour une réduction massive de ses émissions de CO2. Du côté des politiques de tarification du carbone, le transport aérien international est contraint par le système de compensation carbone CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation), établi en 2016 par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour engager le secteur à partir de 2021 de manière progressive vers une croissance « neutre » en carbone. Ce dispositif CORSIA rentrera en vigueur pour une période pilote volontaire dès 2021 et deviendra ensuite obligatoire pour toutes les compagnies aériennes à travers le monde en 2027. Autre politique de tarification du carbone pour le secteur aérien : le système européen d’échange Regard à de quotas de CO2 (EU ETS) contraint depuis 2013 l’international les vols intra-européens à respecter un plafond annuel d’émissions de CO2. Avec une hausse de Au-delà de l’Europe, si les ses émissions de CO2 de 20 % entre 2013 et 2018, politiques nationales de le secteur aérien européen a supporté un réel coût tarification du carbone se du carbone. Pour respecter sa contrainte, même en multiplient à travers le monde3, bénéficiant de quotas gratuits à hauteur de 55 % seules l’Union européenne, la de ses émissions de CO2 depuis 2013, il a dû payer Suisse, la Corée du Sud et la 45 % de ses émissions de CO2 en achetant 15 % aux Nouvelle-Zélande ont inclus enchères et 35 % aux autres secteurs industriels, à l’aviation dans les secteurs un prix moyen de 10,5 euros depuis 20132. contraints. Quant à la pression portée par les mouvements citoyens tels que le « climate strike », elle a trouvé écho auprès des compagnies aériennes par un engagement climatique volontaire croissant. Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses à définir des programmes de transformation pour assurer leur pérennité et viser la neutralité carbone. 2 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/ PDF/?uri=CELEX:52019DC0557R(01)&from=EN 3 https://icapcarbonaction.com/en/
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Réglementation internationale : le programme CORSIA C’est en 2009 que l’Organisation de l’aviation Après de longues négociations politiques civile internationale (OACI, en anglais : entre les États membres de l’OACI, cet International Civil Aviation Organization, engagement s’est concrétisé par la ICAO) engage le secteur aérien international signature en 2016 d’un accord sectoriel de à « stabiliser » ses émissions nettes de CO2 compensation et de réduction des émissions au niveau de 2020, malgré le contexte de de CO2 pour l’aviation internationale, croissance continue du secteur. Dans l’attente dénommé CORSIA. de mesures technologiques de rupture, l’OACI s’est fixée un plan d’action qui comporte trois Signé par 191 pays, CORSIA est un mécanisme phases : basé sur le marché visant à compenser la part des émissions de CO2 des vols internationaux • 2005-2020 : Ralentissement des excédant leur niveau de 2020, comme l’illustre émissions via l’amélioration de l’efficacité la Figure 1. énergétique des avions de 1,5 % par an en moyenne de 2009 à 2020, Il oblige les compagnies aériennes à acheter • 2020-2035 : Croissance « neutre » en des crédits générés par des projets de carbone compensation carbone internationaux • 2035-2050 : Réductions de 50 % des admissibles par CORSIA. émissions de CO2 par rapport à 2005. Figure 1 Source : OACI
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Les grands principes du mécanisme CORSIA Un périmètre international CORSIA concerne les vols internationaux entre les pays participants. Néanmoins, parmi ces vols, sont exclus les vols militaires, gouvernementaux ou sanitaires, ainsi que ceux effectués par de petits opérateurs (dont les émissions annuelles sont inférieures à 10 000 tCO2) ou par de petits aéronefs (dont la masse maximale au décollage est inférieure à 5,7 tonnes). Une mise en œuvre progressive Le programme CORSIA prévoit trois phases : une phase pilote entre 2021 et 2023, suivie d’une phase I entre 2024 et 2026, puis une phase II entre 2027 et 2035. Un nombre de pays participants croissant En février 2020, 82 États ont indiqué leur intention de participer aux phases pilote et I, ce qui représente environ 77 % de l’activité du transport aérien mondial (en tonnes-kilomètres transportées, RTK). La phase II sera obligatoire pour les États représentant 90 % du volume de transport aérien.
Fiche d’information Le calcul par étape Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Étape 1 Chaque année, chaque État participant à CORSIA calcule la quantité d’émissions Le calcul du montant pour chaque compagnie aérienne qui lui est assignée sur la base du des émissions de CO2 reporting annuel de ses émissions de à compenser CO2, auquel il applique un facteur de croissance déterminé par l’OACI. Ce facteur de croissance change chaque Calculer le montant des émissions de année en fonction de la croissance CO2 à compenser pour parvenir à une des émissions du secteur et de chaque croissance « neutre » en carbone nécessite compagnie ; il correspond au pourcentage de déterminer un niveau d’émissions de d’augmentation de la quantité des référence auquel les émissions des années émissions de l’année de référence suivantes seront comparées. Le niveau jusqu’à une année future donnée. de référence des émissions de CO2 de Sectoriel jusqu’en 2030, ce facteur sera l’aviation internationale couvert par CORSIA progressivement individualisé pour chaque sera défini par le niveau moyen observé compagnie aérienne entre 2030 et 2035 en 2019 et 2020. Ainsi, chaque année à pour l’être intégralement après 2035. partir de 2021, lorsque les émissions de CO2 de l’aviation internationale couvertes par CORSIA dépassent les émissions de Étape 2 référence, cette différence représente les exigences de compensation du secteur pour Après le calcul du montant de ses cette année. Dans le contexte d’une forte émissions de CO2 à compenser, chaque baisse des émissions de CO2 en raison de compagnie aérienne rend compte de la crise sanitaire du coronavirus, l’année de l’utilisation de carburants admissibles par référence 2020 fera certainement l’objet CORSIA pendant la période de conformité. d’une révision. Étape 3 Émissions annuelles de la compagnie aérienne x facteur de croissance L’État déduit les réductions d’émissions = quantités de CO2 à compenser issues de l’utilisation de carburants admissibles par CORSIA et informe la compagnie aérienne du montant final de crédits carbone de compensation De manière plus opérationnelle, chaque qu’elle doit acheter pour la période de année entre 2021 et 2023 durant la phase conformité de 3 ans. pilote, le calcul du montant préliminaire des émissions de CO2 à compenser pour chaque compagnie aérienne sera réalisé Étape 4 par l’État. En 2023, l’État effectuera le calcul du montant final des émissions de CO2 à La compagnie aérienne achète et annule des unités d’émissions ou crédits compenser, autrement dit le montant de carbone admissibles pour une quantité crédits carbone que chaque compagnie équivalente aux exigences pour la période aérienne devra acheter pour les restituer de conformité 2021-2023. Elle se doit à l’OACI. L’État doit décompter des ensuite de présenter à l’État un rapport émissions de CO2 vérifiées chaque année les d’annulation d’unités d’émissions validé ; réductions d’émissions issues de l’usage des l’État vérifie le rapport et en informe l’OACI. carburants éligibles par CORSIA.
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Les crédits de compensation carbone admissibles par CORSIA : la décision du Conseil de l’OACI En mars 2020, le Conseil de l’OACI a décidé quels types de projets de compensation carbone pourront être utilisés par les compagnies aériennes dans le cadre de CORSIA. Les règles d’éligibilité des crédits carbone annoncées suivent les recommandations du Comité consultatif technique (Technical Advisory Board, TAB) de janvier 2020 et sont les suivantes : Seuls les crédits issus de projets de compensation dont la période de comptabilisation des crédits démarre à partir de janvier 2016 sont éligibles ; Seuls les crédits issus de ces projets et émis entre 2016 et 2020 (inclus) pourront être utilisés lors de la phase pilote entre 2021 et 2023 ; Seuls les crédits issus des projets validés par les 6 organismes de certification suivants seront acceptés, avec pour certains des demandes de clarifications : • American Carbon Registry • Chinese Credit Emission Reduction (CCER) • Mécanisme de développement propre (MDP ou Clean Development Mechanism, CDM) • Climate Action Reserve • Gold Standard • Verified Carbon Standard (VCS) ; Par ailleurs, 2 autres organismes sont invités à améliorer leur procédures et méthodologies et à les resoumettre à l’appel à candidature d’avril 2020 : • Le fonds Forest Carbon Partnership Facility (FCPF) de la banque mondiale • Global Carbon Council ; Enfin, deux organismes sont invités à soumettre leur candidature à nouveau en avril 2020 : • British Columbia Offset Program • Thailand Voluntary Emission Reduction Program.
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Derniers sujets à considérer pour une mise en œuvre de CORSIA efficace Après cette décision très attendue sur les types de crédits carbone admissibles, plusieurs interrogations restent à traiter pour que CORSIA soit opérationnel et efficace dès 2021. 1. Articuler les deux systèmes CORSIA et l’EU ETS (système européen d’échange de quotas d’émission). Aux yeux de l’OACI, un système CORSIA mondial et exclusif est l’option à privilégier pour assurer son efficacité. Mais, si CORSIA vise à stabiliser les émissions de CO2 liées à l’aviation internationale au niveau de 2020, le système ETS européen entend réduire les émissions des vols intra-européens de 43 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Pour convenir de l’articulation des deux dispositifs et pour proposer des amendements à la directive européenne de l’EU ETS, la Commission européenne doit publier d’ici à la fin de l’année 2020 un rapport pour déterminer si CORSIA est conforme aux ambitions de l’UE et pour savoir comment les deux dispositifs pourraient fonctionner ensemble. Pour maintenir son ambition, la Commission européenne prévoit déjà l’application du facteur de réduction linéaire de 2,2 % (facteur de réduction du plafond annuel d’émissions de CO2) à l’aviation à partir de 2021 comme pour les autres secteurs (électricité et industries). Dans son prochain rapport, la Commission européenne pourrait prévoir aussi qu’à partir de 2024 le « champ d’application de l’EU ETS » aux vols extra-européens soit rétabli.
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 2. Garantir l’intégrité environnementale de la permanence des réductions et éviter le risque de fuites de carbone dans les projets forestiers. Bien que le dispositif REDD+ (« Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation ») soit reconnu pour délivrer des crédits admissibles dans le cadre de CORSIA, il doit toutefois être encore amélioré. L’organisme de certification VERRA va proposer des améliorations dans les méthodologies appliquées à ce type de projet pour répondre aux recommandations de l’OACI et soumettre à nouveau ces méthodologies au deuxième appel à candidature d’avril 2020 pour intégrer le dispositif REDD+ dans le programme CORSIA4. 3. Maîtriser le risque du double compte des émissions de CO2. Il est indispensable qu’un crédit carbone émanant d’un État au bénéfice du système de régulation CORSIA soit effacé de la comptabilité carbone nationale de ce même pays. C’est pourquoi la décision de l’OACI exige que l’ensemble des standards fournissent des lignes directrices pour proposer une méthode permettant d’éviter le double comptage. L’accord de Paris devrait faciliter la mise en œuvre de CORSIA en contraignant les pays à la transparence, notamment sur le double comptage (Article 6). La poursuite des négociations climatiques internationales à la COP26 en décembre 2020 est essentielle. 4 https://verra.org/the-verified-carbon-standard-program-has-been-accepted-to-supply-carbon- credits-under-corsia/
Fiche d’information Dernières décisions pour le programme CORSIA avant son décollage en 2021 Une action massive pour réinventer et décarboner le secteur à long terme est nécessaire Dans le secteur de l’aviation, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, l’introduction de biocarburants durables et l’écopilotage permettent de réduire ses émissions de CO2. La compensation carbone réalisée dans le cadre du programme CORSIA permettra au secteur de maintenir ses émissions de CO2 au niveau de 2020. Pour aller au-delà d’une croissance « neutre » en carbone, des progrès en termes de biocarburants durables et d’avions alternatifs seront nécessaires pour une réelle transformation requise par l’ambition zéro émission nette à l’horizon 2050. Le défi est de taille, car l’objectif de zéro émission nette implique notamment que le secteur s’engage pour contribuer à la trajectoire mondiale de réduction d’émissions de GES d’au moins 7,6 % par an jusqu’en 2030 pour y parvenir. Votre expert climat. Votre partenaire pour un changement positif. EcoAct France EcoAct propose la gamme de contact@eco-act.com solutions la plus performante + 33 (0) 1 83 64 08 70 et la plus complète pour EcoAct USA aider ses clients à relever usaoffice@eco-act.com efficacement les défis du (+1) 646-757-8174 changement climatique. EcoAct UK ukoffice@eco-act.com Fort de plus de 15 ans +44 (0) 203 589 9444 d’expérience dans le EcoAct Spain développement de stratégies contacta@eco-act.com et de solutions climat à +34 935 851 122 l’échelle internationale, EcoAct EcoAct Turkey accompagne les dirigeants contacta@eco-act.com dans la transformation de leur +90 (0) 312 437 05 92 business model, pour faire de EcoAct Kenya l’action climat un véritable info@climatepal.com levier de performance.
Vous pouvez aussi lire