DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor

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DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
Divercity
                               #7

     DONNONS DU SENS À LA VILLE

                              PORTRAIT

                            BONOM        2

                              MOBILITÉ

               RENDRE PIÉTONNIER LE      4
                   CENTRE-VILLE DE
                         BRUXELLES

                               DOSSIER

                 LE SPACE PLANNING       7
                     CONTRIBUE-T-IL
                     AU BONHEUR AU
                           TRAVAIL ?
                               CULTURE

                       BRUXELLES :       8
                      OÙ EST L’ART
                   CONTEMPORAIN ?
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
STEPHAN SONNEVILLE
                                                       AT E N O R G R O U P

                                                    Edito
                                                    Quand la ville stimule
                                                    les idées
                                                    Au moment de terminer cette nouvelle édition de votre magazine DiverCity, les grands défis qui
                                                    attendent nos villes étaient plus que jamais à la Une de l’actualité. Au cœur des villes antiques, l’agora
                                                    était un espace public où chacun venait défendre ses projets de gestion de la Cité. Nous partageons
                                                    la même vision dans ce magazine : la ville n’est pas uniquement un sujet de débat, elle est également
                                                    le lieu qui stimule précisément ce débat.
                                                    En tant qu’acteur du développement de nos villes, Atenor a dès lors souhaité donner la parole aux
                                                    différentes parties prenantes. Chacun a ainsi pu dresser son propre bilan, exposer sa vision,
                                                    développer ses arguments et objectiver ses propos. Il en ressort des débats d’opinions animés sur
                                                    l’avenir de nos Cités qui nous éclairent sur la profondeur des enjeux. Penser la ville aujourd’hui, ce n’est
                                                    pas uniquement s’intéresser aux aspects architecturaux ou immobiliers. C’est aussi oser le pari d’une
                                                    politique ambitieuse, capable de concilier le rayonnement extérieur avec des revendications légitimes
                                                    en matière de qualité de vie, de mobilité, de diversité, de développement social, environnemental,
                                                    économique et culturel.
                                                    Tous ces aspects se retrouvent dans les différents sujets que nous abordons dans ce numéro. Comme
                                                    vous le verrez, la place de l’art dans nos rues et nos musées est une question qui oppose plusieurs
                                                    visions qui ne sont pas forcément inconciliables. De même, la mobilité nous amène à repenser la place
                                                    de chacun sur la voie publique : piétons, cyclistes, automobilistes, transports en commun. Enfin, le
                                                    monde du travail traverse également de profondes mutations qui appellent des solutions innovantes
                                                    en termes de gestion de l’espace.
                                                    Voilà autant de débats auxquels nous apporterons notre modeste contribution dans ce numéro.
                                                    J’espère que vous prendrez beaucoup de plaisir à découvrir les positions de chacun et que vous
                                                    pourrez ainsi étoffer votre propre opinion.

                                                    Bonne lecture,

                                                    Stéphan Sonneville
                                                    CEO
                                                    Atenor Group

COLOPHON
Éditeur Responsable : www.atenor.be
Concept, design, contenu éditorial et rédaction :
www.concerto.be
Octobre 2015

PHOTO DE COUVERTURE © GettyImages
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
Projet dévoilé pour le
                                                                                             Guggenheim Helsinki
                                                                                             Après s’être installée à New York, à Venise, à Bilbao, à Berlin et, très
                                                                                             prochainement, à Abou-Dhabi, la Fondation Guggenheim vient de
                                                                                             dévoiler le projet retenu pour son futur musée à Helsinki. Parmi plus de
                                                                                             1.700 participants à l’appel à projets, c’est le bureau d’architecture franco-
                                                                                             japonais Moreau Kusunoki Architectes (MKA) qui a été retenu. Le projet
                                                                                             s’étendra sur 18.000 m2 le long des quais du quartier d’Eteläsatama, dans la
                                                                                             capitale finlandaise. Le musée s’érigera ainsi tel une porte d’entrée culturelle
                                                                                             sur la Mer baltique. Toutefois, la Fondation Guggenheim n’a pas encore
                                                                                             communiqué de date officielle pour l’inauguration du futur musée.
 © Moreau Kusunoki / ArteFactoryLab
                                                                                             Plus d’infos : http://designguggenheimhelsinki.org

                                                                                                                                                                              © Voetbalbelgie.be DC
                                                           L’architecture
                                                           à l’honneur
                                                           à Venise
                                                           La prochaine édition de la Biennale d’Architecture
                                                           de Venise se tiendra en juin 2016. Parmi les
                                                           pavillons qui ont déjà été annoncés, celui des
                                                                                                                        Charleroi :
                                                           États-Unis attise déjà les curiosités. Sur le thème
                                                           « Architectural Imagination », le pavillon américain
                                                                                                                        un futur stade
                                                           présentera de nombreux projets de réaffectation
                                                           pour la ville de Detroit, en ruine depuis qu’elle a
                                                                                                                        zébré
                                                           été frappée de plein fouet par la crise. L’accent            La ville de Charleroi lance un concours
                                                           sera porté sur des projets qui misent sur la                 d’architecture européen pour la rénovation de
                                                           créativité urbaine et environnementale.                      son stade de football. Parmi les conditions qui
                                                           Le thème du pavillon belge sera pour sa part                 sont imposées dans le cahier des charges, la ville
                                                           « The Crafts(wo)man and the city ». Il interrogera la        souhaite un stade en noir et blanc, aux couleurs
                                                           manière dont les concepteurs et les constructeurs            du maillot du club de foot local, le Sporting de
                                                           stimulent la cohésion sociale dans le contexte               Charleroi, également surnommé « Les Zèbres ».
                                                           urbain européen d’aujourd’hui. Atenor avait                  L’objectif de la ville est de pouvoir disposer du
                                                           d’ailleurs sponsorisé le pavillon belge en 2014.             stade rénové pour la saison 2018 – 2019.
© L a Biennale di Venezia, ASAC, Fototeca,
  Allestimenti : Fundamentals, fotografo Francesco Galli   Plus d’infos : http://www.labiennale.org                     Plus d’infos : http://www.charleroi.be

4 scénarios pour la Côte d’ici 2100
L’info a fait l’effet d’une bombe dans les médias qui n’en ont retenu qu’un scénario catastrophe : inonder une
partie de la Côte. Pourtant, l’étude « Metropolitaan Kustlandschap 2100 » va plus loin et présente quatre
pistes pour redessiner le littoral à l’horizon 2100. Ces pistes passent notamment par une urbanisation accrue
des grandes villes côtières comme Ostende, Zeebruges ou Knokke, la création d’une Baie de l’Yser plus
sauvage sur le modèle de la Baie de Somme ou encore le renforcement des transports en commun. Outre
les aspects paysagers et environnementaux (comment faire face à la montée des eaux ?), l’étude aborde
également la problématique du futur développement économique et touristique de la Côte. Au-delà de la
polémique qu’elle a pu susciter, elle a l’avantage de mettre sur la table de nombreuses questions auxquelles
nous devrons répondre si la Belgique souhaite pérenniser son littoral.
Plus d’infos : http://mkl2100.laboruimte.be/
                                                                                                                          © DR

                                                                                                                                                    Focus D I V E R C I T Y # 7 / 1
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
© Aurore Martignoni
 Portrait

Bonom,
l’artiste qui n’a
pas peur du vide
© Albin Wantier

                  RECONNAISSANCE DIFFICILE
                  Le Street Art peine encore à être reconnu comme discipline à part entière. Le célèbre
                  grapheur anglais Banksy voit désormais certaines de ses créations affoler les enchères et
                  s’arracher pour plus d’un million d’euros. Mais il fait figure d’exception. Ainsi, à Porto, de
                  nombreuses œuvres de Hazul et Costah, deux figures incontournables du Street Art
                  portugais, ont été recouvertes de peinture jaune par les autorités communales. Celles-ci
                  voyaient dans les œuvres peintes sur les bâtiments un facteur d’insécurité. Les défenseurs
                  du Street Art leur rétorquent qu’au contraire, les peintures de Hazul et Costah amenaient un
                  peu de couleur dans des rues souvent balafrées par des chancres urbains laissés à l’abandon.
                  Question de point de vue… La situation a atteint des sommets de surréalisme lorsque Hazul
                  lui-même a inauguré en 2013 une exposition qui lui était consacrée… à 500 mètres à peine
                  des murs où ses œuvres venaient d’être recouvertes par le pouvoir local.
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
© Patricia Mathieu
                                                                                                                 © Aurore Martignoni
Bonom s’exprime par l’intermédiaire                                                                                                    BEN DURANT,
                                                                                                                                       PROFESSEUR D’ART CONTEMPORAIN

de son bestiaire et grâce à la
                                                                                                                                       À L’INSTITUT ROYAL D’HISTOIRE
                                                                                                                                       DE L’ART DU CINQUANTENAIRE ET
                                                                                                                                       DIRECTEUR DE L A GALERIE QUADRI.

complicité de la nuit. Son œuvre a
provoqué des réactions multiples                                                                                                       Interview

passant des débats juridiques aux                                                                                                      Quelle est l’origine du Street
vagues de soutien. Mais, au final, à qui                                                                                               Art ?
                                                                                                                                       Ben Durant, Professeur d’art
appartient l’espace urbain ? Et quel sens lui                                                                                          contemporain à l’Institut Royal
                                                                                                                                       d’Histoire de l’Art du Cinquantenaire
accordons-nous ?                                                                                                                       et directeur de la galerie Quadri. :
                                                                                                                                       « Naissant comme moyen
                                                                                                                                       d’expression entre gangs, les
                                                                                                                                       graffitis partent d’un geste spontané
                                                                                                                                       et authentique. Malgré l’anonymat
En quelques années à peine, Bonom est devenu            Glowinski) et poursuivre sa carrière de manière                                de l’artiste, ils restent néanmoins
une légende vivante à Bruxelles. La ville regorge       plus classique. Il a offert à Bruxelles trois derniers                         l’expression de son égo. »
à présent de nombreux et imposants animaux              dessins en guise de testament : un autoportrait à                              Selon vous, le Street Art doit-il
effrayants qui ont surgi en l’espace d’une nuit sur     l’Hôtel des Monnaies, un vieil homme nu à la Porte                             être considéré en tant qu’art ou
nos façades. L’artiste affirme être toujours ému        de Hal et enfin une femme dans une position pour                               dégradation ?
quand il découvre la ville d’en haut, la nuit, depuis   le moins explicite surplombant la Place Stéphanie.
les toits.                                                                                                                             Ben Durant : « Certains graphes
                                                        Son public c’est nous tous, âges et classes sociales                           donnent de la couleur à la ville
Il recherche la perfection dans ses dessins et,         confondus. Et c’est justement ce qu’a déclaré                                  tout en mettant en valeur sa
s’il en rate un, le considère comme une vulgaire        l’artiste dans une de ses rares interviews : selon                             personnalité. Dans d’autres cas
dégradation.                                            lui, la confrontation avec les passants, c’est cela                            ils sont plus proches d’actes
                                                        même qui fait vivre l’œuvre. Elle n’existe pas s’il                            de vandalisme. La vérité est à
ART VANDALE ?                                           n’y a que quelques personnes pour la voir. Bonom                               rechercher dans le bon sens.
                                                        cherche à toucher un public le plus large possible,                            Mon avis sur la question diverge
Dans le Street Art, la créativité est délimitée par     et sortir l’art de l’espace confiné des galeries.                              en fonction des cas. C’est très
les espaces urbains, la forme et les dimensions
                                                                                                                                       subjectif. »
des murs. La discipline amène à la réflexion et
                                                        STREET ART CONNECTÉ
questionne notre rapport à l’espace public, à                                                                                          Un exemple de Street Art qui
l’heure où nous sommes chaque jour stimulés par         Avec le boom des smartphones, les fans de                                      donne du sens à la ville ?
des dizaines de messages publicitaires au format        Bonom ont créé le site www.bonom.be où ils
toujours plus imposant.                                 postent des photos de ses œuvres ainsi que leur                                Ben Durant : « La ville de Valparaiso
                                                        géolocalisation. C’est donc une chaîne sans fin :                              au Chili où le Street Art est
Et pourtant la frontière entre art et dégradation                                                                                      très bien intégré. Chez nous,
                                                        l’artiste s’approprie l’espace urbain, le public se
reste poreuse. C’est ainsi qu’en 2010, Bonom                                                                                           le village de Doel a connu une
                                                        réapproprie son œuvre et la ville acquiert ainsi un
a été poursuivi pour « dégradation volontaire                                                                                          impressionnante vague de graffiti
                                                        nouveau sens en ouvrant de nouveaux débats.
d’immeubles ». Suite à ces accusations, l’artiste                                                                                      sur les habitations abandonnées
a dû effectuer des travaux d’intérêt public                                                                                            suite à une expropriation
pour reprendre ensuite son vrai nom (Vincent                                                                                           foudroyante. »

                                                                                                                                                Portrait Bonom     DIVERCIT Y#7 / 3
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
Mobilité

Bruxelles :
à l’aube
d’une révolution ?
                                                                                                                                                         © Aurore Martignoni

Bruxelles et son centre-ville vont-ils bientôt connaître
une vraie rupture urbaine ? Des changements majeurs
s’annoncent en tout cas avec le plan de réaménagement du
centre-ville, la piétonnisation des boulevards du centre et le plan
de circulation actuellement en test. Quels sont les enjeux ? Voici
quelques pistes de réponses illustrées par plusieurs visions du futur
bruxellois.
Réappropriation des espaces publics par le                         RENDRE LA VILLE ET SES PLACES                       patrimoine architectural et la redynamisation du
citoyen, qualité de vie, mobilité, redynamisation                  PUBLIQUES AU CITOYEN                                commerce du centre-ville. Nous voulons réduire
économique, patrimoine architectural… Les enjeux                                                                       le trafic de transit dans cette zone du centre-ville
du développement urbain de Bruxelles sont                          Quels sont les grands axes du plan de               en encourageant les moyens de mobilité douce :
nombreux et bien souvent intimement liés. Et sur                   réaménagement du centre ville ? Els Ampe,           création de 3 kilomètres de pistes cyclables,
le terrain, les choses bougent, avec la récente                    Échevine de la Mobilité à Bruxelles : La zone       optimisation de la desserte STIB, pentabus – c’est
présentation des projets d’aménagement du                          piétonne est doublée et passe à 50 hectares, de     à dire un bus entièrement dédié à la circulation
centre-ville qui doivent être finalisés en 2018…                   la place Fontainas jusqu’au boulevard Adolphe       à l’intérieur du pentagone - circulant le long de
et depuis ce 29 juin un premier test de 8 mois                     Max. Notre objectif est de rendre la ville et ses   la zone piétonne… Nous prévoyons aussi des
du plan de circulation lié à la piétonnisation des                 places publiques au citoyen. Plus de convivialité   dépose-minutes, par exemple devant les écoles et
boulevards du centre.                                              donc, notamment avec des espaces verts sur          les hôpitaux, et un accès automobile conditionné
                                                                   les boulevards qui passent d’une surface de         pour les riverains du pentagone. »
                                                                   200 à 3250 m2, mais aussi la mise en valeur du

4 / D I V E R C I T Y #7 Mobilité Bruxelles : à l’aube d’une révolution ?
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
ET AILLEURS ?
                                                                                                                           Berlin, Madrid, Turin, Bordeaux,
                                                                                                                           Zurich… D’autres grandes villes
                                                                                                                           européennes ont déjà réussi le défi
                                                                                                                           de la piétonnisation. C’est aussi le
                                                                                                                           cas de Strasbourg, l’autre capitale
                                                                                                                           européenne. Au programme :
                                                                                                                           une politique de dissuasion de
                                                                                                                           l’automobile en centre-ville couplée
                                                                                                                           à un réseau de tram efficace à un
                                                                                                                           prix défiant toute concurrence, mais
                                                                                                                           aussi un aménagement fort en faveur
                                                                                                                           des cyclistes. Marco D’Orazio est
                                                                                                                           un consultant IT qui a effectué une
                                                                                                                           mission de plus d’un an à Strasbourg,
                                                                                                                           après plusieurs années passées à
                                                                                                                           Bruxelles : « J’ai été assez surpris
                                                                                                                           par la qualité des transports en
                                                                                                                           commun à Strasbourg, notamment
                                                                                                                           par rapport à Bruxelles : ponctualité,
                                                                                                                           fréquence élevée, clarté du plan
                                                                                                                           des lignes… Autre fait marquant :
                                                                                                                           la place du vélo dans la ville, avec
                                                                                                                           l’omniprésence de pistes cyclables, la
                                                                                                                           possibilité de louer des vélos à l’heure,
                                                                                                                           à la journée, à la semaine, au mois ou
                                                                                                                           même à l’année. »
                                                                                                                           Aujourd’hui, à Strasbourg, 15 % des
                                                                                                                           déplacements en centre-ville se font
                                                                                                                           effectivement à deux roues. Seul
                                                                                                                           revers de la médaille ? Le piéton se
                                                                                                                           sent à l’étroit dans ce « tout au vélo ».
                                                                                                                           Et la ville a d’ailleurs récemment
                                                                                                                           réaménagé ses trottoirs pour donner
                                                                                                                           plus d’espace aux piétons, et donc
                                                                                                                           éviter les conflits avec les cyclistes !

BRUXELLES SYMBOLIQUEMENT                                LE POINT DE VUE MITIGÉ DE L’ARAU
RÉUNIE
                                                        Si le principe de la piétonnisation ne semble
La piétonnisation du centre-ville permettra-t-elle      pas poser problème, certains avis sont plus
à Bruxelles de s’inscrire dans un changement de         critiques pour d’autres aspects du projet.
paradigme déjà expérimenté ailleurs ? Patrick           C’est notamment le cas du côté de l’Atelier de
Bontinck est CEO de visit.brussels, l’agence            Recherche et d’Actions Urbaines. « Depuis 1969,
de communication du tourisme de la Région               l’ARAU défend le droit de vivre en ville dans de
bruxelloise, et a un avis clair sur la question. « Il   bonnes conditions », explique Isabelle Pauthier,
s’agit d’une formidable opportunité pour la ville       sa directrice. « Paradoxalement, le plan de la ville
et la région de Bruxelles. Pourquoi ? Parce que         risque de privilégier l’accès à la zone piétonne en                                       © GRACQ - www.gracq.org
cela permet à l’humain de se réapproprier la ville,     voiture, à cause notamment de l’absence d’un
en occupant l’espace des grands boulevards et           accord complet avec la STIB, mais aussi de la
de ses artères qui, depuis 1958, était de plus          création de nouveaux parkings alors qu’il existe
en plus réservé à la voiture. Ici, la volonté de        déjà 20.000 places dont le taux d’occupation
marquer une réelle différence est bien présente :       culmine à 60 %. Le plan de circulation comprend              Nous préconisons un mix de mobilité douce : de
la piétonnisation ne se limite pas à quelques           une boucle à sens unique, ce qui facilite la vitesse,        vraies infrastructures pour les déplacements
ruelles. Elle réunit le centre-ville et le canal, qui   comme on le constate déjà sur les boulevards                 cyclistes entre le Nord et le Sud et dans lesquelles
étaient jusqu’alors séparés par un grand axe            Jacqmain et Max. Par ailleurs, la volonté                    les piétons auront aussi leur place, mais également
routier. Cette symbolique d’homogénéisation est         de développer prioritairement l’attractivité                 un tram de surface omnibus entre le Wiels et
importante pour notre capitale. Bien évidemment         commerciale, touristique et événementielle du                Tour & Taxis pour retrouver le contact avec
et comme dans tout grand projet de changement           centre-ville posera problème si elle se fait au              les commerces du centre. Quant aux lignes
à long terme, il y aura peut-être des difficultés       détriment d’autres axes, comme celui de la qualité           souterraines du pré métro, elles pourraient dès lors
ponctuelles. Mais il est essentiel que Bruxelles ne     de vie. Nous déplorons également les études non              limiter leurs arrêts aux seules stations desservies
soit pas dans quelques années une des dernières         conformes au prescrit légal, le mode autiste de              par le métro (Midi, De Brouckère et Rogier). »
grandes villes européennes dont le cœur historique      consultation et l’absence d’enquête publique qui
est traversé par une artère automobile. »               explique le recours introduit au Conseil d’État.

                                                                                                       Mobilité Bruxelles : à l’aube d’une révolution ?   DIVERCIT Y#7 / 5
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
DE L’APPEL DIGITAL AU PIQUE-NIQUE
URBAIN
                                                                                                                    Cependant, nous avons conscience
D’autres formes de revendications résolument                                                                        qu’un tel projet de redéploiement
dans l’air du temps se sont aussi cristallisées                                                                     urbain ne peut se faire en un jour.
autour de la question du piétonnier. « Le point                                                                     Avec les riverains, les commerçants,
de départ de Picnic the streets, c’est une carte                                                                    les experts et les techniciens engagés
blanche de Philippe Van Parijs appelant la                                                                          sur le projet, nous allons tirer les
génération numérique à se mobiliser en faveur                                                                       leçons de l’usage effectif, depuis
d’un Bruxelles à l’échelle du citoyen », explique                                                                   le 28 juin 2015, de la nouvelle
Bram, l’un des initiateurs du mouvement. « Un                                                                       zone piétonne et de ses alentours.
groupe Facebook a été créé et s’est rapidement                                                                      Analyser la situation sur le terrain
transformé en événements, à savoir des pique-                                                                       et être à l’écoute de la Ville, de ses
niques géants organisés au centre de Bruxelles,                                                                     habitants est primordial pour pouvoir
piétonnisé par la force des choses. Mais cette                                                                      offrir un nouveau cœur urbain qui
partie visible de notre action n’est pas une fin                                                                    soit le plus adapté aux besoins de
en soi. Nous défendons la création d’espaces et                                                                     chacun. »
des politiques pour une vraie réappropriation
citoyenne de l’espace urbain. Notre avis sur le                                                                     Votre implication personnelle
plan ? Oui mais non ! Oui, car nous sommes pour                                                                     dans ce dossier a été très forte,
la piétonnisation, mais non à cause du côté bling                                                                   au risque de vous exposer à
                                                                            YVAN MAYEUR
bling du projet ciblant principalement les touristes                        BOURGMESTRE DE BRUXELLES.               la critique. Pensez-vous que
et les consommateurs et qui est trop favorable à                                                                    Bruxelles, et la Belgique de
l’automobile ».                                                                                                     manière plus générale, a pu parfois
                                                                                                                    souffrir d’un manque d’initiatives
                                                                            Interview                               fortes pour forcer son destin ?
UNE INITIATIVE AUDACIEUSE
                                                                                                                    « Le changement fait peur car il est
Quel que soit le sort qui sera réservé au piétonnier
                                                                            Quels enseignements tirez-              synonyme de renouveau, d’inconnu,
bruxellois, l’initiative a le mérite de susciter le
                                                                            vous des premières semaines             mais aussi de modifications de
débat. « Il en est toujours ainsi, aussi bien soit
                                                                            d’expérimentation du piétonnier         nos habitudes, de notre routine
préparée la décision, aussi consensuelle soit
                                                                            dans le centre-ville de Bruxelles ?     quotidienne. Pourtant, il faut oser le
l’approche. Il en est toujours ainsi dans une ville
                                                                                                                    changement pour faire évoluer une
qui bouge, une ville qui ose, une ville qui tente,                          « Deux mois après le lancement          ville. Peut-on encore, au 21e siècle,
une ville qui se réinvente. Essai, erreur, adaptation,                      du piétonnier, nous constatons          vivre dans une ville bâtie sur un
n’est-ce pas là les étapes naturelles qui rythment                          un apaisement en ville, un              modèle du 19e ?
le chemin du succès ? », observe Stéphan                                    changement dans le comportement
Sonneville, CEO d’Atenor, qui salue l’audace dont                           des usagers du centre-ville et          Nos modes de vie ont changé, nos
ont besoin les villes comme Bruxelles pour réussir                          une toute nouvelle atmosphère           besoins également. C’est donc la
leur nécessaire mutation. Il poursuit en guise de                           qui s’y dégage : loin du stress,        façon d’appréhender le « vivre en
conclusion :                                                                les promeneurs se posent sur            ville » dans son ensemble qui doit
                                                                            les boulevards, profitent des           être repensé. Bien plus qu’un projet
« Je tairai ici ce que je pense du piétonnier de
                                                                            infrastructures temporaires             de mobilité, ou de réaménagement
Bruxelles, un avis nuancé assurément, pour être
                                                                            déployées, des activités organisées.    urbain, c’est un projet de vie
plus catégorique sur la démarche. Oui, Bruxelles,
                                                                            Nous avons l’impression que les         que la Ville de Bruxelles souhaite
plus que toute autre ville, a besoin de responsables
                                                                            citoyens prennent plus le temps et      construire pour ses habitants. Les
qui prennent des risques, qui décident, qui mettent
                                                                            ne parcourent désormais plus le         adaptations sont encore récentes,
en œuvre. Oui, il faut parfois reconsidérer ce qu’on
                                                                            centre-ville dans l’empressement.       les aménagements définitifs doivent
pensait immuable pour découvrir de nouveaux
                                                                                                                    débuter au printemps 2016. D’ici
possibles. Ce piétonnier est un projet controversé,                         Grâce à la météo clémente cet           l’inauguration définitive du nouvel
mais sous-tendu par une vision forte d’une                                  été, le centre-ville a vu la présence   espace piéton réaménagé, en 2018,
ville agréable et attirante pour les habitants,                             des Bruxellois, des visiteurs belges    la Ville poursuivra son travail auprès
les visiteurs, les entrepreneurs, etc. En cela, le                          ou étrangers, augmenter de              des habitants, des commerçants, des
lancement du piétonnier s’apparente à un acte                               façon considérable. C’est ce que        acteurs culturels et économiques
d’entreprise audacieux. Plus que la richesse, le                            nous voulons bâtir à terme pour         du centre-ville pour fournir une
bien-être des uns est une valeur qui se crée par                            Bruxelles : un foisonnement culturel    réponse cohérente et adaptée à leurs
l’audace, la vision et le courage de certains. »                            et économique. Une ville doit vivre,    besoins. »
                                                                            être animée, dynamique et non être
                                                                            désertée par les habitants.

6 / D I V E R C I T Y #7 Mobilité Bruxelles : à l’aube d’une révolution ?
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
Dossier

Space planning :
le bonheur au bureau ?
                                                                                                                                                                       © DR

Google, Microsoft, Siemens, Swift… les exemples d’entreprises
qui ont complètement repensé leur espace de travail sont
nombreux. Au-delà de l’effet de mode, le space planning répond
également à une préoccupation plus fondamentale : notre lieu de
travail doit s’adapter aux évolutions de nos habitudes
professionnelles.

Ces dernières années, les habitudes de travail          pour des espaces collaboratifs où chacun peut                ouverte, là où d’autres préfèrent maintenir une
ont considérablement évolué, en écho aux                faire profiter ses collègues de son expertise afin           certaine distance vis-à-vis de leurs collaborateurs.
profondes mutations qui frappent nos sociétés.          de mener à bien les différents projets. Il n’est plus
                                                                                                                     Les personnalités doivent aussi être prises en
L’accessibilité du lieu de travail, l’équilibre entre   rare aujourd’hui de voir des entreprises où les
                                                                                                                     compte. « L’open space n’est pas la panacée,
vie privée et vie professionnelle, l’informatisation    espaces collaboratifs représentent plus de 30 %
                                                                                                                     poursuit Guillaume Decock. Beaucoup de gens
généralisée de nombreuses tâches figurent               de la surface de travail totale. »
                                                                                                                     sont encore très attachés à leur petit espace privé,
parmi les préoccupations les plus importantes
                                                        Les apports du space planning se concrétisent                avec la photo de leurs enfants à côté de l’écran.
des travailleurs. En parallèle sont apparues de
                                                        donc par la diversification des espaces proposés,            Ces profils-là sont très réticents au changement. »
nouvelles pathologies purement liées aux modes
                                                        chacun répondant à une fonction bien spécifique :
de travail : le burn-out (l’épuisement lié à un                                                                      « L’élément central dans la réussite d’un projet
                                                        des bureaux propices à la concentration, des lieux
surmenage professionnel) et, à l’autre extrême,                                                                      de réaménagement de l’espace de travail repose
                                                        de réunion pour stimuler les échanges, des coins
le bore-out (une forme aiguë de ras-le-bol qui                                                                       sur la capacité du middle management à insuffler
                                                        dédiés à la détente et aux rencontres informelles,
traduit un ennui professionnel profond).                                                                             cette culture du changement, enchérit Thomas
                                                        des espaces vitrés, d’autres fermés, etc. Ainsi, « le
                                                                                                                     Loward. L’espace de travail reflète en effet
On évoque d’ailleurs le concept de « NWOW »             lieu de travail s’inspire de plus en plus de notre
                                                                                                                     la culture de l’entreprise. Par exemple, si les
pour qualifier ces « new ways of working »,             lieu de vie, où chaque pièce joue son propre rôle »,
                                                                                                                     managers se réservent les bureaux périphériques
autrement dit les réponses que les employeurs           ajoute Guillaume Decock, gérant de Berhin, une
                                                                                                                     et captent toute la lumière naturelle pour ne
développent pour soigner l’épanouissement et            société qui vend du mobilier depuis 90 ans et qui
                                                                                                                     laisser aux niveaux hiérarchiques que l’éclairage
le bien-être de leurs collaborateurs : le travail à     offre également des services de space planning à
                                                                                                                     artificiel, c’est un choix qui en dit long sur le style
temps partiel, le télé-travail, les bureaux partagés,   ses clients professionnels.
                                                                                                                     de leadership. »
etc. Sur ces questions vient en outre se greffer
une autre préoccupation des employeurs : le prix        UNE QUESTION DE CULTURE                                      La diversification des espaces de travail, si elle
des bureaux au mètre carré.                                                                                          correctement réfléchie et si elle s’appuie sur une
                                                        Élément central de toute politique de space                  analyse approfondie de la culture d’entreprise,
                                                        planning : la culture d’entreprise. Il ne suffit pas         peut toutefois donner des résultats étonnants.
REPENSER L’ESPACE DE TRAVAIL
                                                        de réaménager les bureaux pour améliorer le                  « Un projet de space planning réussi aboutit à
« On doit pouvoir concevoir les bureaux comme           bien-être au travail… et donc les performances.              une situation où, malgré la réduction de l’espace
un véritable outil de gestion au service de la          Il convient aussi d’analyser en profondeur les               accordé à chaque travailleur, celui-ci finit par
stratégie de l’entreprise, explique Thomas              besoins de chacun : certaines tâches demandent               se sentir plus libre et plus performant », conclut
Loward, Workplace Consultant et Partner chez            plus de concentration, d’autres requièrent au                Guillaume Decock.
DPM Global. Les métiers sont de plus en plus            contraire des débats d’idées. De même, certains
spécialisés, ce qui implique un besoin croissant        managers laissent toujours la porte de leur bureau

                                                                                                      Dossier Space planning : le bonheur au bureau ?       DIVERCIT Y#7 / 7
DONNONS DU SENS À LA VILLE city - BONOM RENDRE PIÉTONNIER LE CENTRE-VILLE DE BRUXELLES - Atenor
Culture

Bruxelles : où est l’art

Le projet de réaffectation du Garage Citroën, près d’Yser,
a relancé le débat autour de la place de l’art à Bruxelles.
Comment l’absence d’un musée d’art contemporain d’envergure
internationale dans la capitale de l’Europe doit-elle être interprétée
par les visiteurs et autres curieux ? « Circulez, il n’y a rien à voir ? »
Sûrement pas. Suivez le guide.

L’art contemporain serait-il le mal aimé de la                      directrice d’Arkadia, une asbl qui vise à mettre        « Selon moi, Bruxelles figure parmi les villes qui
capitale de l’Europe ? New York a son MoMA,                         en valeur le patrimoine architectural et l’art          comptent le plus grand nombre de collectionneurs
Londres son MOCA, Paris son Centre Pompidou,                        contemporain à Bruxelles via des visites guidées,       d’art contemporain au mètre carré, ajoute Thierry
Bilbao son Guggenheim. Les exemples ne                              des conférences, des ateliers pédagogiques,             Lambot, fondateur du groupe de collectionneurs
manquent pas. Ailleurs en Belgique, Gand a le                       etc. Heureusement, il existe de nombreux                Neos et conseiller pour les investisseurs qui
S.M.A.K., Charleroi le BPS 22, le Grand Hornu                       autres espaces où l’on peut apprécier de l’art          souhaitent acquérir des œuvres d’art. Et malgré
a le MACs et Anvers le MuKHA. Mais quid de                          contemporain. Mais il s’agit souvent d’initiatives      cela, il est pratiquement impossible d’admirer
Bruxelles ? Le constat est pourtant sans appel :                    privées ou commerciales. » Le paradoxe, c’est           la moindre œuvre contemporaine majeure dans
la capitale du Royaume n’a plus de véritable                        qu’au niveau international, Bruxelles jouit             nos musées. En France, les musées débordent
musée d’art contemporain. Depuis 2011 et                            plutôt d’une solide réputation en matière d’art         de chefs-d’œuvre contemporains. Chez nous,
l’ouverture du Musée Fin de Siècle, la collection                   contemporain. Le public est réputé fin connaisseur      c’est exactement l’inverse : si un visiteur venu
contemporaine des Musées royaux des Beaux arts                      et surtout très curieux de nouveautés ; les             de l’étranger me demande où voir de l’art
connaît un bien triste destin : elle est entreposée                 galeries se multiplient en raison de la disponibilité   contemporain, je suis obligé de l’aiguiller vers des
dans les caves du bâtiment.                                         de vastes espaces et de loyers modérés en               collections privées. »
                                                                    comparaison avec ceux qui se pratiquent à Paris
« C’est une situation regrettable pour une ville
                                                                    ou Londres. De nombreux artistes viennent
du rang de Bruxelles, déplore Jacinthe Gigou,
                                                                    d’ailleurs s’y installer.

8 / D I V E R C I T Y #7   Culture Bruxelles : où est l’art contemporain ?
contemporain ?

                                                                                                                                                                           FLICKR © Françoise Lecomte
                                                                     © Kay Gaensler - www.ensler.de

Un tremplin
économique ?
Selon les estimations de la Région de Bruxelles Capitale,
le projet de musée dans le Garage Citroën pourrait attirer
500.000 visiteurs par an. L’intérêt d’un grand musée d’art
contemporain n’est pas que culturel ou touristique. Il est aussi
d’ordre économique. Ainsi, l’exemple du Centre Pompidou-
Metz, inauguré en 2010, devrait à lui seul convaincre du bien
fondé des projets culturels ambitieux. Dès 2012, le cabinet
indépendant Quali Test a publié une première étude sur les
retombées économiques du projet. Pour un investissement
public total de 250 millions d’euros, la ville de Metz a déjà
pu engranger un retour sur investissement de l’ordre de
70 millions d’euros dès la première année. En outre, la ville a pu
se réjouir d’une hausse des investissements privés, notamment
dans le secteur des équipements urbains, qui ont métamorphosé
la ville. Le phénomène avait déjà marqué la ville de Bilbao, après
l’inauguration de son Musée Guggenheim en 1997. Pour un
investissement initial de 150 millions d’euros, le Musée a généré
plus de 1,5 milliard d’euros de retombées économiques et la
création de 45.000 emplois sur les 10 années qui ont suivi son
ouverture. Plus important encore : la ville basque a saisi cette
opportunité pour moderniser ses infrastructures routières,
portuaires et ferroviaires et profondément transformer son tissu
économique en misant sur les PME. Un calcul gagnant sur le (très)
long terme…

                                                                                                      Culture Bruxelles : où est l’art contemporain ?   DIVERCIT Y#7 / 9
Culture

BELGIQUE PASSÉISTE ?                                                                                                          bâtiment industriel, car Bruxelles porte toujours
                                                                                                       Jacinthe Gigou,
                                                                                                                              ce patrimoine. C’est essentiel pour notre héritage
Comment expliquer cette situation ? Certes,                                                                                   identitaire, mais à mon sens il manque toujours
                                                                                                   Directrice d’Arkadia
l’argent reste le nerf de la guerre et la situation                                                © Morgane Delfosse         à Bruxelles un grand projet de construction
actuelle des finances publiques n’est pas                                                                                     novatrice, à vocation culturelle, qui marquerait les
particulièrement favorable aux grands chantiers                                                                               esprits. »
culturels. Mais comment expliquer que ce qui
reste du domaine du possible en dehors de nos
frontières ne trouve pas écho chez nous ? Pour                                                                                OFFRE PLÉTHORIQUE
Thierry Lambot, l’explication serait à chercher                                                                               Faut-il donc fuir Bruxelles pour voir de l’art
dans une culture tournée vers le passé. « Nous                                                                                contemporain ? Certainement pas ! L’absence
comptons de nombreux musées sur nos terres.                                                                                   d’un musée emblématique est compensée par
Mais la plupart du temps, ils mettent en valeur                                                                               de nombreuses initiatives d’envergure parfois
le patrimoine existant avec une vision tournée                                                                                plus modeste, qui ont vocation à faire découvrir
vers le passé. Nous n’avons pas de grande                                                                                     l’art contemporain à Bruxelles. Parmi celles-ci,
politique muséale d’acquisition tournée vers                                                                                  le centre d’art contemporain WIELS à Forest
la découverte et la prise de risque. En matière                                                                               fait figure d’escale incontournable, avec une
d’art contemporain, il n’y a pas de mystère,                                                                                  programmation internationale de haute volée dans
il faut acheter des artistes émergents ou en                                                            Thierry Lambot,
                                                                                                   fondateur du collectif
                                                                                                                              un lieu typiquement bruxellois : une ancienne…
devenir, avant qu’ils ne deviennent impayables.                                                d’art contemporain Neos.       brasserie ! Bruxelles propose en outre une offre
Personne ne demande à nos musées de débourser                                                                      © DR       intarissable en matière de galeries d’art, avec en
aujourd’hui des millions pour acquérir un Warhol.                                                                             permanence de nouveaux espaces qui voient le
Mais si, à l’époque, on avait eu la vision d’investir                                                                         jour. Certains artistes et collectionneurs présents
quelques milliers de dollars dans quelques artistes                                                                           dans la capitale n’hésitent parfois pas à ouvrir
                                                            aux Bruxellois, au cœur d’un quartier en plein
prometteurs, on pourrait exposer du pop art dans                                                                              leurs portes aux curieux. Les visites guidées
                                                            développement », poursuit Jacinthe Gigou. « On
nos musées. Or, aujourd’hui, le constat est clair :                                                                           d’ateliers ou de collections privées rencontrent
                                                            peut imaginer qu’un tel projet donnerait une
il n’y a pas de pop art dans les musées belges. »                                                                             d’ailleurs un franc succès.
                                                            nouvelle impulsion au quartier, à l’instar de ce qui
Face à cette situation, le projet de réaffectation          s’est produit autour du WIELS. » Et malgré tout,                  Bruxelles repose donc sur un terreau
du Garage Citroën à Yser pour en faire un musée             tout aussi salutaire qu’il soit, ce projet parviendrait           extrêmement fertile en matière d’art
d’art contemporain bruxellois prend tout son sens.          mal à faire oublier le manque d’ambition de                       contemporain. Il ne lui manque plus qu’un écrin à
Au-delà des visions politiques qui s’affrontent             Bruxelles en la matière : « Il manque un geste                    la hauteur des attentes du public. Nul doute que
autour du dossier, ce musée aurait le mérite                architectural fort, enchaîne immédiatement                        ce n’est qu’une question de temps…
de replacer Bruxelles sur la carte mondiale de              Jacinthe Gigou. De nouveau, on se trouve
l’art contemporain. « C’est un projet qui parle             dans un projet de réaffectation d’un ancien

    Pour les                                                    centre d’art. La programmation met en avant
                                                                les grandes œuvres et mouvements de l’art
                                                                                                                             LE CAB, À IXELLES

    curieux…                                                    moderne et contemporain des soixante                         Ouvert en 2012 pratiquement sur les rives des
                                                                dernières années.                                            étangs d’Ixelles, ce centre d’art contemporain
                                                                                                                             prend ses quartiers dans un ancien bâtiment
                                                                Infos : www.lapatinoireroyale.com                            industriel des années 30 de style Art Déco. Le
    Voici une sélection non exhaustive et                                                                                    centre organise deux grands projets par an,
    totalement subjective d’espaces bruxellois à                                                                             chaque fois supervisé par un curateur choisi
    conseiller aux amateurs d’art contemporain.
                                                                GALERIE BARONIAN, À IXELLES
                                                                                                                             dans le monde des musées et des galeries
                                                                Albert Baronian a ouvert sa première galerie en              belges et internationales.
    WIELS, À FOREST                                             1973. Située à deux pas de la Place Stéphanie,
                                                                sa galerie se présente comme un espace de                    Infos : www.cab.be
    Ni un musée, ni une galerie, le centre d’art                rencontre entre le public et des artistes belges
    contemporain WIELS se présente comme un                     et internationaux.                                           ART)&(MARGES, À BRUXELLES
    laboratoire international pour la création et
    la diffusion de l’art contemporain. Le WIELS                Infos : www.albertbaronian.com                               Situé sur la Rue Haute, ce musée insolite fait
    combine les fonctions de présentation, de                                                                                la part belle à « l’art outsider », autrement dit
    production et d’éducation, notamment                        LA MAISON PARTICULIÈRE,                                      des œuvres créées par des artistes, souvent
    à travers plusieurs expositions annuelles                   À IXELLES                                                    autodidactes, souffrant de troubles mentaux,
    d’envergure internationale.                                                                                              sociaux ou psychologiques. L’endroit présente
                                                                Construite en 1880 et rénovée en 2010,                       une collection permanente ainsi que de
    Infos : www.wiels.be                                        la Maison Particulière est un lieu qui se                    nombreuses expositions temporaires.
                                                                visite comme une maison privée : au gré des
                                                                pièces, le visiteur découvre une sélection de                Infos : www.artetmarges.be
    LA PATINOIRE ROYALE,
    À SAINT-GILLES                                              collectionneurs invités à présenter les œuvres
                                                                de leur choix.                                               ARKADIA
    Inaugurée en avril dernier sur le site de l’ancien
    « Royal Skating », une patinoire couverte                   Infos : www.maisonparticuliere.be                            Visites d’ateliers d’artistes et de galeries.
    construite en 1877, la Patinoire Royale se
                                                                                                                             Infos : www.arkadia.be
    veut à la fois un musée, une galerie et un

                                      Avenue Reine Astrid, 92        Tél. : + 32 2 387 22 99                www.atenor.be
                                         B-1310 La Hulpe             Fax : + 32 2 387 23 16                 info@atenor.be             www.linkedin.com/company/atenor-group
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