Edito - Fondation du rein
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Colloque «Maladies rénales et vieillissement» Sous le haut patronage de Monsieur François Hollande, Président de la République nationale de Médecine Jeudi 13 mars 2014, Académie ITMO Circulation, Métabolisme et Nutrition Dossier du colloque Edito Edito Comme chaque année à l’occasion de canismes en jeu que l’on pourra mieux problématiques de recherche actuelles. la Journée Mondiale du Rein, l’Institut distinguer le normal du pathologique Pour les personnes qui souffrent d’une thématique multi-organismes Circula- et permettre aux personnes âgées maladie rénale, le problème du vieillis- tion, Métabolisme, Nutrition de l’Avie- de vieillir dans les meilleures condi- sement physiologique de l’organe est san et la Fondation du Rein se sont tions. L’enjeu de la recherche dans ce d’autant plus aigu qu’il se surajoute à la associés pour organiser cette ren- domaine est tel qu’il est inscrit dans pathologie et aux effets des traitements contre entre chercheurs, profession- les dix priorités de recherche pour au long cours. Dans la deuxième ses- nels de santé et associations de ma- les 5 prochaines années de l’ITMO sion, les professeurs Denis Fouque et lades ; je remercie chaleureusement Circulation, Métabolisme, Nutrition. Dominique Joly nous expliqueront com- l’Académie Nationale de Médecine Concernant le rein, on observe qu’à ment les aspects nutritionnels et médi- de nous accueillir une nouvelle fois partir de 65 ans, l’incidence des ma- camenteux ont une influence majeure dans son magnifique amphithéâtre. ladies rénales augmente de façon sur l’évolution de l’insuffisance rénale très significative avec l’âge. Mais ces et quelles sont les recommandations Cette année, le thème de la Journée maladies sont sous-diagnostiquées dans la prise en charge des patients. porte sur les maladies rénales et le car elles se présentent longtemps La dernière session avec les pro- vieillissement. C’est un sujet très vaste sans signes cliniques apparents. Leur fesseurs Bruno Moulin et Yann Le qui suscite non seulement de nom- dépistage chez les personnes âgées Meur portera sur la question de la li- breuses inquiétudes de la part des ma- est essentiel pour préserver au maxi- mite d’âge pour la transplantation ré- lades mais aussi des préoccupations mum leur capital rénal. C’est une nale que ce soit pour le donneur ou de la part des professionnels de santé. question majeure de santé publique. le receveur. Question cruciale dans un contexte de pénurie d’organes. L’espérance de vie s’allongeant, l’éva- La première session de la rencontre Je suis sûr que ce pro- luation et la prise en charge de la di- portera sur le vieillissement physiolo- gramme suscitera de nombreux minution des capacités fonctionnelles gique du rein et de ses effets. Nous ver- échanges avec les participants. des organes font de plus en plus par- rons avec les professeurs Nicolas Lévy, Je vous souhaite une excellente journée. tie de la pratique médicale. De nom- Luc Frimat, François Vrtovsnik et Pascal breuses questions restent posées tant Houillier sur quelles connaissances is- Pr Renato Monteiro les facteurs liés au vieillissement sont sues de différentes disciplines, comme ITMO Circulation, Métabolisme, complexes et intriqués. C’est dans la la génétique, la biologie cellulaire et Nutrition - Aviesan compréhension fine de tous les mé- l’épidémiologie clinique, portent les
Les intervenants scientifiques Nicolas LÉVY Luc FRIMAT Le professeur Nicolas Lévy est chef du département de génétique mé- Le professeur Luc Frimat est chef du Service de Néphrologie du CHU de dicale à l’hôpital de la Timone (CHU de Marseille). Il dirige la Fon- Nancy et co-Investigateur de la cohorte CKD-REIN. dation maladies rares et l’Unité 910 Inserm « Génétique médicale et génomique fonctionnelle ». Les travaux de son équipe sur les mala- dies génétiques rares, portant en particulier sur celles du vieillisse- ment prématuré telles que la Progéria, ont permis, en moins de 10 ans, d’en découvrir les causes génétiques, d’en identifier les méca- nismes et de développer des approches précliniques in vitro et in vivo. Pascal HOUILLIER François VRTOVSNIK Pascal Houiller est néphrologue et physiologiste. Professeur de l’Univer- sité Paris-Descartes et praticien hospitalier, il est responsable de l’hôpital de jour des maladies métaboliques et rénales (département de physio- François Vrtovsnik est professeur des universités – praticien hospita- logie) de l’hôpital Européen Georges Pompidou. Ses travaux au sein de lier au CHU Bichat, Paris, où il dirige le service Néphrologie et Dialyse. l’unité 1138 (Centre de recherche des Cordeliers) portent sur les méca- Expert en physiopathologie rénale, il mène des recherches au sein de nismes (moléculaires et cellulaires) permettant aux reins de s’adapter aux l’unité mixte U1149 «Centre de Recherche sur l’Inflammation» dirigée apports alimentaires et de maintenir la composition de l’organisme. Son par Renato Monteiro. L’approche de l’équipe est basée sur des études équipe étudie également les maladies rénales qui perturbent cet équilibre. fondamentales du fonctionnement normal et pathologique des récep- teurs aux immunoglobulines et canaux ioniques, et sur l’analyse de dif- férentes cellules inflammatoires, à l’aide de nouveaux modèles animaux. Dominique JOLY Denis FOUQUE Dominique Joly est professeur des universités – praticien hospitalier au Denis Fouque est professeur des universités – praticien hospitalier au CHU Necker, Paris. Néphrologue au Service de Néphrologie Adultes de CHU de Lyon. Il est Chef de Service adjoint dans le Service de Néphro- l’hôpital Necker, il travaille aussi au sein de l’équipe « Mécanismes et stra- logie-Dialyse-Nutrition du Centre Hospitalier Lyon-Sud, et Vice-Pré- tégies thérapeutiques des néphropathies chroniques » de l’unité Inserm sident Recherche Santé-Sciences de la Vie à l’Université Claude Ber- U1151. Les travaux de l’équipe portent sur la compréhension des mé- nard Lyon 1. Il est co-responsable du groupe Adipocyte - Insuffisance canismes conduisant à la détérioration des néphrons restants chez les rénale au sein de l’unité Inserm U1060 CARMEN. Il a coordonné les patients nécessitant le recours à la dialyse ou à la transplantation rénale. recommandations européennes de nutrition en dialyse et est Vice-Pré- sident de l’European Best Practice Guidelines de la Société Européenne de Néphrologie-Dialyse-Transplantation. Il et co-auteur d’un guide de nutrition pour les patients porteurs d’une maladie rénale chronique. Yann LE MEUR Bruno MOULIN Yann Le Meur est professeur des universités – praticien hospitalier au CHU de Brest. Il dirige le service de Néphrologie-Transplantations Ré- nales à Hôpital La Cavale Blanche et travaille dans l’équipe de recherche Bruno Moulin est professeur des universités, praticien hospita- EA 2216 “Immunologie et Pathologie” à l’Institut de Synergie des lier au CHU de Strasbourg. Il exerce dans le Service de Néphro- Sciences et de la Santé au CHRU de Brest notamment sur les anoma- logie du Nouvel Hôpital Civil de Strasbourg et est responsable du lies fonctionnelles des lymphocytes B dans le rejet chronique de greffe centre expert Alsace des cancers viro-induits chez le transplan- rénale. Il est lauréat du Prix Don de Soi – Don de Vie de l’année 2013. té. De plus, depuis 2013, il préside la Société de Néphrologie.
Programme 8h45 Accueil des participants 9h15 Ouverture Pr. Raymond ARDAILLOU, Secrétaire perpétuel de l’Académie Nationale de Médecine Introduction Pr. Renato MONTEIRO, ITMO Circulation, Métabolisme, Nutrition, Aviesan SESSION 1 SESSION 2 REIN ET LONGÉVITÉ VIEILLIR AVEC UNE MALADIE RÉNALE Modérateurs : Modérateur : Pr. Michel Godin, Président de la Fondation du Rein Pr. Philippe Brunet, Pr. Bruno Moulin, Président de la Société de Néphrologie Président de la Société Francophone de Dialyse 9h30 14h00 Pourquoi vieillit-on ? Nutrition et dialyse Pr. Nicolas LÉVY, Département de génétique médicale. Pr. Denis FOUQUE, Département de Néphrologie, Hôpital Hôpital de la Timone, CHU de Marseille et Inserm U910, Edouard-Herriot et Inserm U1060, CHU de Lyon Marseille 14h30 10h00 Prescription médicamenteuse Les maladies rénales : une épidémie si- Pr. Dominique JOLY, Service de Néphrologie Adultes, CHU Necker Enfants-Malades, AP-HP, et Inserm U1151, lencieuse Paris Pr. Luc FRIMAT, Service de Néphrologie, Hôpital de Bra- bois, CHU de Nancy et CIC-EC 6 Inserm Nancy 15h00 Discussion Pause SESSION 3 10h45 TRANSPLANTATION : QUELLES LIMITES Physiopathologie de la sénescence ré- D’ÂGE POUR LE DON ET LE RECEVEUR ? nale Pr. François VRTOVSNIK, Service de Néphrologie-Dia- 15h15 lyse, CHU Bichat, AP-HP, Paris Y a-t-il une limite d’âge pour le don de rein ? 11h15 Pr. Bruno MOULIN, Président de la Société de Néphrolo- gie, Service de Néphrologie, Nouvel Hôpital civil de Stras- Evaluation de la fonction rénale chez le bourg, CHU de Strasbourg sujet âgé Pr. Pascal HOUILLIER, Département de Physiologie-ra- dio-isotopes, Hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP, 15h45 et Inserm U1138, Paris Recevoir un rein après 70 ans Pr. Yann LE MEUR, Service de Néphrologie – Transplanta- 11h45 tions rénales, Hôpital La Cavale Blanche, CHU de Brest Discussion 16h15 12h00 - 14h00 Discussion Déjeuner 16h30 -17h00 Conclusion
Questions Réponses Comprendre le vieillissement Pr. Nicolas LEVY Comment définissez-vous le der les bases moléculaires et cellulaires de rares comme fréquentes. Au cours des dix vieillissement ? nombreuses maladies. dernières années, les avancées sur la Progeria Le vieillissement est caractérisé par une et les maladies apparentées ont été considé- perte progressive de l’intégrité physiologique, Pourquoi explorer des maladies rares du rables jusqu’à permettre de développer des conduisant à une altération de la fonction et vieillissement pour comprendre le vieil- essais de traitement chez les enfants atteints une vulnérabilité accrue aux maladies, no- lissement naturel ? par ces pathologies graves, chroniques, très tamment le cancer, le diabète, les troubles Une des voies de recherche, pour comprendre invalidantes et conduisant fatalement au décès cardio-vasculaires et les maladies neuro-dé- les mécanismes du vieillissement, consiste à prématuré. génératives. De façon plus générale, le vieil- explorer certaines maladies rares, «les syn- lissement peut être défini comme le déclin dromes progéroïdes». Ces syndromes pré- Quelles sont les retombées scientifiques fonctionnel, dépendant du temps, qui affecte sentent des similitudes, voire une certaine et médicales potentielles ? la plupart des organismes vivants. Les méca- identité clinique, avec le vieillissement phy- L’augmentation de notre connaissance des nismes qui sous-tendent le vieillissement ont siologique, même si dans ce contexte les syndromes progéroïdes génétiques et la re- attiré depuis longtemps l’attention des cher- symptômes surviennent de façon prématurée cherche de thérapies innovantes et efficaces cheurs en sciences du vivant. Au cours des et accélérée mais aussi segmentaire. Aucun dans ces syndromes sont d’une importance dernières années, cette recherche a connu un des syndromes progéroïdes connus n’imite primordiale dans la mesure où elles peuvent progrès sans précédent, notamment avec les parfaitement ou complètement le vieillisse- considérablement ( i ) préserver la qualité de découvertes démontrant que le vieillissement ment naturel. Le modèle de la Progeria et vie des enfants atteints; ( ii ) améliorer notre est contrôlé, au moins dans une large mesure, des maladies apparentées du vieillissement compréhension des troubles liés au vieillisse- par des voies génétiques et des processus s’inscrit dans cette démarche de recherche. ment à d’autres maladies plus communes, et biochimiques, métaboliques et cellulaires Ces maladies extrêmement rares représentent ( iii ) étendre notre connaissance fondamentale complexes et conservés au cours de l’évolu- un modèle dont l’exploration et l’identification du vieillissement physiologique et ses liens tion. Aujourd’hui, le vieillissement est exploré des mécanismes ont permis non seulement avec les principaux processus physiologiques scientifiquement de façon très active, et la de comprendre certains de ceux associés au tels que ceux qui sont impliqués par exemple connaissance de ses mécanismes, en pleine vieillissement naturel mais aussi d’ouvrir des dans l’oncogenèse. expansion, a notamment permis d’appréhen- pistes de traitement pour d’autres pathologies Questions Réponses Les maladies rénales : Pr. Luc FRIMAT une épidémie silencieuse On parle souvent d’un sous-diagnostic tées, l’âge des patients est supérieur à 70 ans en particulier important de prévenir les risques des maladies rénales, mais comment le dans 1 cas sur 2. Depuis 2007, le nombre de liés à l’utilisation de médicaments ou de pro- sait-on ? nouveaux patients atteints d’insuffisance ré- duits potentiellement néphrotoxiques. Les maladies rénales chroniques (MRC), en nale terminale recensés chaque année (c’est- particulier à leur stade initial, sont clinique- à-dire l’incidence) a tendance à se stabiliser Que peut apporter la recherche, notam- ment peu expressives. Comme elles évoluent dans les tranches d’âge les plus jeunes. Par ment en épidémiologie clinique, dans ce lentement, le patient s’adapte et méconnait contre, elle augmente chez les personnes de domaine ? les symptômes. C’est pour cela que le dé- plus de 75 ans jusque 6% par an. D’autre part, La précision des instruments de mesure de nombrement précis des patients est difficile. l’incidence est significativement croissante la fonction rénale en population générale, no- Le dépistage des « symptômes biologiques des régions bordant l’Atlantique aux régions tamment chez les plus de 65 ans, rend incer- », plasmatiques (créatinine* , Débit Filtration Ile de France, Nord-Pas de Calais, Lorraine, taine l’évaluation de la fréquence de la MRC Glomérulaire* …) ou urinaires (protéinurie…), Alsace, PACA, et aussi Outremer. Ceci est aux stades précoces. Par ailleurs, la significa- occupent une place centrale pour le diagnos- dû au fait que, plus la fréquence du diabète, tion clinique d’une diminution isolée du DFG, tic. A un stade très avancé de la MRC (DFG < des maladies cardio-vasculaires et de l’obésité sans marqueur de risque chez le sujet âgé, 15), les symptômes deviennent indiscutables est élevée dans une population, plus la sup- est discutée. Enfin, le ressenti du patient : ses et très graves. Quand la MRC a détruit les pléance est fréquente. En France, des études symptômes, mais aussi sa qualité de vie per- reins, qu’il a fallu les remplacer par transplan- menées dans plusieurs villes ont montré que la çue, l’impact sur sa vie quotidienne, doivent tation ou dialyse, il est possible de dénombrer MRC aux stades précoces est environ 100 fois aussi être pris en compte. La recherche cli- les patients. La France s’est dotée de registres plus fréquente qu’au stade nécessitant dialyse nique doit donc relever ce défi de colliger des nationaux* qui apportent des informations ou transplantation. Cela concerne surtout les informations pour mieux comprendre la MRC. précieuses pour l’organisation des soins, en personnes âgées de plus de 65 ans qui pré- La cohorte nationale, nommée CKD-REIN, qui particulier à l’échelle des régions. En 2013, sentent très fréquemment une diminution de la comportera 3 600 patients rentre parfaitement nous savons que plus d’un français sur 1 000 fonction rénale. Le risque de décès est alors dans cet objectif. est soit dialysé, soit transplanté. beaucoup plus élevé que celui de progression vers le stade avancé. Seule une faible pro- Quelles sont les personnes les plus concernées ? portion présente des marqueurs de risque de progression (hypertension, protéinurie) néces- * Glossaire Voir page 7 Lorsque transplantation et dialyse sont débu- sitant une prise en charge spécialisée. Il est
Questions Réponses Questions Physiopathologie de la Pr. François VRTOVSNIK sénescence rénale Comment définissez-vous le vieillisse- sévère n’est pas augmenté avec l’âge. cycle et de la division cellulaire ou de modu- ment rénal ? ler des voies de signalisation conduisant à Le vieillissement rénal est marqué par la baisse Quels en sont les mécanismes princi- l’acquisition d’un caractère sénescent par les du débit de filtration glomérulaire ; il se traduit paux ? cellules rénales. L’accumulation de cellules sé- aussi par une perte de la capacité d’adapta- Les mécanismes du vieillissement rénal sont nescentes définit le vieillissement de l’organe. tion du rein et un risque plus élevé de com- ceux du vieillissement cellulaire et tissulaire plications en cas de variation des apports mis en jeu dans les autres organes. Les télo- Quelles sont les grandes questions de d’eau ou de sel (déshydratation, hypotension mères, qui sont les parties de l’ADN situées à recherche dans ce domaine ? notamment). Les fonctions hormonales des l’extrémité des chromosomes, ont une taille qui Une meilleure connaissance des détermi- reins sont atténuées, avec en particulier un diminue à chaque division cellulaire à la diffé- nants de la fonction rénale et de l’état de sé- état d’hyporéninisme-hypoaldostéronisme* rence du reste de l’ADN qui est intégralement nescence rénale du sujet âgé permettrait de , une moindre capacité d’augmenter la syn- dupliqué ; la taille des télomères est un déter- réduire les risques liés à la maladie rénale et thèse d’érythropoïétine* en cas d’anémie, une minant de la capacité de division des cellules d’en améliorer la prise en charge. L’identifica- baisse de la production rénale du calcitriol*. et a un impact sur leur senescence. De ma- tion des facteurs constitutifs (nombre de né- Si le vieillissement rénal a peu de répercus- nière intéressante, des souris dont la taille des phrons à la naissance) ou acquis (environne- sions au quotidien et à l’état stable, le risque télomères est réduite de manière constitutive mentaux, toxiques, infectieux …) est un enjeu d’insuffisance rénale aiguë devient plus élevé apparaissent plus susceptibles de développer de prévention important. La caractérisation au cours du vieillissement en cas d’agression une insuffisance rénale aiguë et des séquelles des mécanismes inducteurs de la sénescence quelle qu’en soit l’origine ; de plus, en cas rénales à long terme quand on provoque chez dans les reins peut être une étape préalable d’insuffisance rénale aiguë, le risque d’insuf- elles une ischémie aiguë* . Les facteurs envi- à l’identification de nouveaux biomarqueurs de fisance rénale chronique est plus important. ronnementaux (stress oxydatif, exposition aux risque rénal. En revanche, le risque de progression de l’in- toxiques, apports alimentaires, iatrogénie…) suffisance rénale chronique vers un stade plus sont capables d’activer des régulateurs du * Glossaire Voir page 7 Questions Réponses Evaluation de la fonction rénale Pr. Pascal HOUILLIER chez le sujet âgé Quels sont les marqueurs de la fonction n’est probablement pas influencée par le sexe, à la normale n’est probablement pas suffisante rénale à évaluer en routine chez les per- la masse musculaire ou le régime alimentaire pour dire qu’il y a une maladie rénale. La prise sonnes âgées? ; en revanche, il est possible que certaines en compte d’autres éléments de souffrance L’estimation de la fonction rénale des per- maladies non rénales et les états d’inflamma- rénale tels que la protéinurie est alors proba- sonnes âgées repose sur les mêmes mar- tion puissent influencer la valeur de cystatine blement importante. queurs que ceux des personnes plus jeunes, C. Des formules d’estimation du DFG asso- notamment sur la créatinine sanguine. La me- cient la concentration de la créatinine et celle A quel moment le généraliste doit-il sure de ce marqueur permet l’estimation du de la cystatine C, mais elles sont encore en orienter le patient vers le néphrologue ? débit de filtration glomérulaire (DGF) qui est le cours d’étude pour prouver leur intérêt. Pour Pour les personnes de plus de 60 ans, le mé- meilleur indicateur de la fonction rénale. Pour les personnes âgées, les principales difficul- decin généraliste fait pratiquer un dépistage tenir compte des différences de masse mus- tés concernent le choix de la formule d’esti- sur le DFG estimé et le ratio protéinurie/créa- culaire entre individus (ce sont les muscles qui mation du DFG à appliquer car généralement tininurie afin d’identifier les stades précoces produisent la créatinine), plusieurs formules les formules ont été développées pour des su- de la maladie rénale chronique. Devant une mathématiques ont été développées avec jets plus jeunes et elles peuvent être biaisées baisse anormalement rapide du DFG estimé, différentes variables biométriques comme le pour les plus âgés. Certaines formules sont des signes de souffrance rénale (protéinurie, sexe, l’âge, l’ethnie et, pour certaines, le poids. spécifiquement destinées au sujet âgé mais albuminurie) ou des facteurs de risque de ma- Un nouveau marqueur biologique, la cystatine leur utilité ou leur supériorité reste à démon- ladie rénale (diabète, atteinte urologique, par C, pourrait être plus sensible que la créatinine trer. Une autre difficulté concerne l’attitude à exemple), le médecin doit orienter le patient pour prédire le risque cardiovasculaire et rénal avoir devant le cas d’une personne âgée dont vers le néphrologue pour un suivi partagé. à long terme chez les personnes âgées. C’est la fonction rénale n’est pas normale. La baisse une protéine produite de façon constante par de la fonction rénale avec l’âge est un phéno- toutes les cellules nucléées et sa production mène normal et une valeur de DFG inférieure
Questions Réponses Nutrition et dialyse Pr. Denis FOUQUE Pourquoi la nutrition est-elle particulièrement téino-énergétiques. Un suivi diététique régulier est importante chez les personnes dialysées? conseillé tous les 6 mois dès 50 ans, et doit être L’insuffisance rénale chronique sévère s’accom- resserrée en cas d’anomalies de la composition pagne d’anomalies métaboliques qui ne sont pas corporelle (poids, masse maigre, masse grasse) ou toutes corrigées par la dialyse, comme par exemple de la biologie nutritionnelle (abaissement sanguine l’anémie et les désordres minéraux phosphocal- d’albumine, préalbumine, cholestérol, créatinine). ciques. Certains médicaments les améliorent, et les apports alimentaires, qui participent également Quelles sont les problématiques de recherche à ces anomalies, doivent être adaptés. De plus, au sur ce sujet? cours de la dialyse, des nutriments sont perdus ou Nous travaillons actuellement sur le dépistage de détruits et il faut les remplacer pour éviter une dénu- la dénutrition à l’aide de scores simplifiés, sur les trition. Enfin, une perte d’appétit est souvent obser- facteurs de croissance qui permettent d’augmenter vée et conduit à une réduction de l’alimentation et la masse protéique (en grande partie musculaire) à un risque de dénutrition, présente chez plus d’un des patients, sur les suppléments nutritionnels tiers des patients. Ainsi la nutrition devrait être au oraux ou intraveineux et sur l’activité physique qui cœur des préoccupations des néphrologues. doit être associée à la nutrition pour en intensifier l’effet. Enfin la diététique joue un grand rôle en amé- Comment les patients, notamment âgés, liorant le choix des aliments (par exemple identifier sont-ils pris en charge ? pour diminuer les produits industriels contenant des Les personnes âgées sont particulièrement sen- phosphates) et leur préparation, ainsi que la prise sibles aux troubles dentaires, à la perte d’appétit et alimentaire. En somme, toute une éducation à re- sont à haut risque d’anorexie et de carences pro- prendre ! Votre prochain rendez-vous !
Questions Réponses Recevoir un rein après 70 ansPr. Yann LE MEUR Faut-il greffer les patients âgés ? même moins de rejets aigus chez les rece- restent supérieurs en termes de survie à ceux L’insuffisance rénale chronique est une patho- veurs âgés. Cependant, pour les patients gref- de l’hémodialyse. Plus récemment la méthode logie de la personne âgée. L’incidence est 30 fés après 60 ans, la première cause de perte de conservation des reins avant transplanta- fois plus élevée chez les personnes de plus de greffon est le décès (les personnes âgées tion par une machine de perfusion, permet de 75 ans que chez celles de moins de 20 vivent moins longtemps !); et celui-ci est le d’améliorer les performances de ces greffons ans. Aujourd’hui, en France, l’âge médian de plus souvent dû à des pathologies cardiovas- limites. Au total, la transplantation rénale chez mise en dialyse est de 70 ans. Certains de culaires. Cette population âgée est aussi plus le sujet âgé est devenue aujourd’hui le quoti- ces patients aspirent tout naturellement à exposée au risque d’infections parfois sévères dien des centres de transplantation. Cette po- être inscrits sur une liste d’attente pour bé- et au risque de développer un cancer après pulation spécifique bénéficie de la greffe avec néficier d’une greffe de rein. Bien sûr, cette la greffe. une amélioration de la survie et de la qualité de population présente des facteurs de risques vie par rapport à la dialyse. C’est cependant accrus : risques cardiovasculaires, fragilité Quels greffons pour les sujets âgés ? une population fragile nécessitant une évalua- aux infections et aux complications postopé- La plupart des systèmes d’allocation à travers tion précise avant la greffe de l’état cardiovas- ratoires, moins bonne tolérance des médica- le monde se fondent aujourd’hui sur l’adéqua- culaire et du risque de cancer. Le recours aux ments immunosuppresseurs ; cela impose tion entre l’âge du donneur et celui du rece- donneurs à critères élargis en particulier âgés une sélection des candidats. Mais, chez les veur. C’est en particulier le cas en France où, est justifié et les résultats devraient être en- patients sélectionnés, la transplantation rénale en 2011, 78% des receveurs de plus de 60 core améliorés par la généralisation des ma- augmente la qualité et l’espérance de vie en ans ont reçu un greffon de plus de 60 ans, 74 chines de perfusion rénale. comparaison du maintien en hémodialyse. Ce % des receveurs de plus de 70 ans un greffon bénéfice en termes de survie du patient n’est de plus de 70 ans. Cette stratégie répond à observé, cependant, qu’un an après la greffe. des critères éthiques (laisser les greffons les plus jeunes pour les plus jeunes receveurs), La transplantation a-t-elle autant de d’efficience (les greffons les plus âgés ont chance de réussir chez les personnes les meilleurs résultats chez les receveurs âgées ? âgés), des critères métaboliques (le besoin Les résultats de la transplantation chez les en fonction rénale est moins important chez personnes âgées montrent que si l’on consi- les sujets âgés). En définitive, les receveurs dère uniquement la survie du greffon, celle- âgés reçoivent non seulement les reins les ci est pratiquement identique quel que soit plus âgés mais aussi ceux présentant le plus l’âge du receveur. Il y a bien sûr des difficultés de facteurs de risque d’échec (reins à critères chirurgicales (vaisseaux plus calcifiés), des élargis ou reins limites). Les résultats avec ce complications plus fréquentes, des durées type de greffon sont moins bons que ceux d’hospitalisation plus prolongées mais au final avec des greffons plus jeunes et sans fac- les résultats restent satisfaisants. On observe teurs de risque mais globalement les résultats * Glossaire Créatinine : Etat d’hyporéninisme – Substance issue de la dégradation de la créatine au niveau hypoaldostéronisme : des cellules musculaires. Elle représente un déchet organique Résulte d’un déficit de sécrétion de la qui doit normalement être évacué par voie urinaire. La mesure rénine et de l’aldostérone, deux hor- de sa concentration dans le sang permet d’évaluer les fonc- mones impliquées dans le contrôle de la tions de filtration et d’épuration des reins. pression artérielle. Débit de filtration glomérulaire (DFG) : Erythropoïétine : Volume de liquide filtré par le rein par unité de temps. C’est Hormone naturelle qui dirige l’érythro- une valeur qui permet de quantifier l’activité du rein. poiëse, c’est-à-dire la production des érythrocytes (ou globules rouges) par Registre national : la moelle. « Recueil continu et exhaustif de données nominatives intéres- sant un ou plusieurs événements de santé dans une population Calcitriol : géographiquement définie, à des fins de recherche et de santé Forme biologiquement active de la publique, par une équipe ayant les compétences appropriées». vitamine D. (Comité national des registres). Par exemple, le registre français des traitements de suppléance de l’insuffisance rénale Ischémie aiguë : chronique du Réseau Epidémiologie et Information en Néphro- Réduction ou arrêt du flux artériel entraî- logie (REIN) donne annuellement, et ce depuis une dizaine nant une privation en oxygène des tissus d’années, une image précise de l’activité en néphrologie pour sous-jacents. chaque région française. http://www.agence-biomedecine.fr/ Le-programme-REIN
Les organisateurs La Fondation du Rein, créée en 2002 à l’initiative de la Société de Né- phrologie, la Société francophone de dialyse, la Société de néphrologie pédiatrique, la Société suisse de néphrologie, l’Association française des L’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé a été créée infirmier(e)s de dialyse de transplantation et de néphrologie, et la Fédé- en 2009 et rassemble les principaux organismes et établissements impli- ration nationale d’aide aux insuffisants rénaux, rassemble des personna- qués dans la recherche en sciences de la vie et de la santé. Elle a pour lités d’origines diverses qui acceptent de donner bénévolement de leur objectifs d’assurer la cohérence des actions au niveau national, ainsi que temps pour lutter contre les maladies rénales. la créativité et l’excellence de la recherche française. Elle a pour objectif de mobiliser des ressources financières et L’Institut Thématique Multi-Organismes Circulation Métabolisme Nu- humaines afin d’assurer les missions suivantes : trition (ITMO CMN) est l’un des 10 ITMOs qui forment les piliers - participer aux campagnes d’information sur la prévention des maladies d’Aviesan. Ses domaines thématiques concernent le cœur et les rénales et sur le don de rein (Semaine du Rein, Journée Mondiale du vaisseaux, les glandes endocrines, le foie, le rein, les os et les ar- Rein, Journées nationale et mondiale du don d’organes), ticulations, et l’ensemble des organes mis en jeu par l’alimentation - développer des outils de communication à destination des patients et de formation pour les professionnels («Carte Néphronaute», livrets pour Ses missions : les patients,..), - Coordonner, au sein d’Aviesan, la recherche institutionnelle dans ces - financer des programmes de recherche qu’ils soient de recherche fon- domaines; damentale, translationnelle, épidémiologique ou génétique. - Assurer la programmation scientifique dans les thématiques qu’il couvre ; - Participer à l’animation des communautés scientifiques ; Chaque année, la Fondation lance des appels à projets pour des prix - Répondre à la complémentarité entre recherche institutionnelle et re- et des subventions dont peuvent bénéficier des médecins et des cher- cherche biotechnologique et industrielle ; cheurs impliqués en néphrologie : - Assurer le lien avec les sociétés savantes et les associations de patients. • Le Prix de la Fondation du Rein récompense un(e) candidat(e) fran- cophone dont les travaux constituent une avancée importante dans la Ses priorités de recherche : recherche en Néphrologie. - Fonder sur une recherche fondamentale forte des projets innovants • Le Prix Jeune Chercheur, en association avec la Société de Néphrolo- ayant des applications physiopathologiques ; gie et de la Société Francophone de Dialyse, est destiné à soutenir des - Etudier les interactions gènes-environnement pour comprendre les recherches translationnelles. bouleversements physiopathologiques observés dans les maladies com- • Le Prix Don de Soi – Don de Vie a été créé à l’initiative de Richard munes, dites multifactorielles ; et Marie Berry, il vise à soutenir des recherches dans le domaine de la - Développer des stratégies thérapeutiques nouvelles et favoriser les stra- transplantation rénale. tégies de remplacement cellulaire ou d’organe ; • Le Prix «Maladie rénale chronique» est un soutien Fnair-Fondation du - Fonder sur une recherche translationnelle forte le développement de bio- Rein destiné aux recherches dans le domaine de la maladie rénale chro- marqueurs et de modèles pré-cliniques comblant le fossé entre modèles nique. animaux actuels et maladies humaines. • Les subventions de recherche en association avec AFM-Téléthon et AIRG soutiennent des projets dans le domaine de la thérapie génique et cellulaire en néphrologie. • Les subventions de recherche de Thierry Dassault, vice-président de la Fondation, sont destinées à soutenir des recherches précliniques dans le domaine des syndromes néphrotiques acquis. © Mars 2014 – Réalisation : InfoScienceSanté – Maquette : Back Stage Les partenaires http://www.sfdial.org/html/sfd.html http://www.spina-bifida.org/ http://www.fnair.asso.fr/ http://www.soc-nephrologie.org/ http://www.airg-france.fr/ http://asso.orpha.net/AFDI/ http://renaloo.com/ http://www.polykystose.org/ http://www.rein-echos.fr/
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