ÉDUQUER PLUTÔT QU'ENFERMER - Justice pour mineurs : Le Journal Toulousain
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LE JOURNAL TOULOUSAIN COMPRENDRE, S’INSPIRER, AGIR 1€ Grand angle p.11 Politique p.12 LE BILAN LA FRANCE INSOUMISE DE LA DÉLINQUANCE DÉVOILE SON PROGRAMME EN HAUTE-GARONNE POUR LES EUROPÉENNES MÉDIA DE SOLUTIONS Justice pour mineurs : ÉDUQUER PLUTÔT QU’ENFERMER L’hebdo qui vaut la peine © Hélène Ressayres / JT JEUDI 07 > 13 MARS 2019 · N° 829 R 29141 - 0829- F 1,00€
Dossier : JUSTICE POUR MINEURS : ÉDUQUER PLUTÔT QU’ENFERMER LE JOURNAL TOULOUSAIN • JEUDI 07 > 13 MARS 2019 2 LEJOURNAL C’EST L’HISTOIRE D’UNE SOCIÉTÉ... TOULOUSAIN MÉDIA DE SOLUTIONS qui ne sait pas quoi faire est édité par Scoparl News-Medias 3.1 32 Rue Riquet, 31000 Toulouse Tél : 09.83.27.51.09 redaction@lejournaltoulousain.fr Registre du commerce : de ses enfants turbulents RCSB 803 281 880 N° Commission Paritaire: 1123 C 83361 « ISSN : 2425.1151 Dépôt légal à parution DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Rémi Demersseman RÉDACTEUR EN CHEF : Séverine Sarrat redaction@lejournaltoulousain.fr RÉDACTION : Philippe Salvador, Nicolas Mathé, Nicolas Apaches, blousons noirs, voyous, racailles... Quel que soit le nom donné aux mineurs Belaubre, Séverine Sarrat, Paul Périé et Maylis Jean-Préau. délinquants selon les époques, le phénomène est loin d’être nouveau. C’est le CHEF DE PROJET WEB : regard de la société, lui, qui ne cesse d’évoluer. D’ailleurs, l’intitulé exact du texte Fabien Pomiès CORRECTION : qui dicte encore à ce jour la philosophie de la justice pour mineurs en dit long Thomas Gourdin sur ce glissement. En 1945, cette fameuse ordonnance parlait ainsi « d’enfance PHOTOGRAPHES : délinquante ». Si ces voyous pouvaient effectivement être considérés comme Franck Alix et Hélène Ressayres MAQUETTE : les enfants de chacun d’entre nous plutôt que d’anonymes mineurs, peut-être Séverine Sarrat envisagerions-nous le sujet différemment. Et le balancier entre volonté d’éduquer et IDENTITÉ VISUELLE : www.cathycombarnous.fr nécessité de punir ne serait pas le même aujourd’hui. ANNONCES LÉGALES : Si l’ordonnance de 1945 a instauré la primauté de l’éducatif sur le répressif, la France Tél. : 09.83.27.51.41 est tout de même l’un des rares pays d’Europe à n’avoir jamais tenté de ne pas annonceslegales@lejournaltoulousain.fr Le Journal Toulousain est habilité incarcérer les mineurs, comme le rappellent Véronique Blanchard et Mathias Gardet, à publier les annonces légales deux historiens qui ont décortiqué deux siècles de traitements judiciaires appliqués » et judiciaires en Haute Garonne Tarif préfectoral 2018 : 4,16 € HT la ligne. aux enfants dans l’ouvrage "Mauvaise graine". De même, cette digue datant de 1945 ABONNEMENT : 48 € pour 50 numéros est régulièrement attaquée par les pourfendeurs d’un laxisme coupable envers et le contenu numérique. SERVICE COMMERCIAL des jeunes irrécupérables. À l’occasion de la réforme de la justice des mineurs, (annonces légales et parutions publicitaires) : actuellement en projet, le gouvernement ne devrait pas remettre en cause ce Véronique Lapeyre et Xavier Pamphile Tél : 09.83.27.51.41 principe. Mais, à priori, ne donnera pas non plus de gages à ceux qui considèrent les veronique.lapeyre@lejournaltoulousain.fr jeunes délinquants d’abord comme des enfants en danger, plutôt que comme des IMPRESSION : Rotimpres (Espagne) Pol. Ind. Casa Nova enfants dangereux. Carrer Pla de l’Estany s/n 17181 Aiguaviva (Girona) Journal fondé en 1997 par André Gallego Nicolas Mathé
3 COMPRENDRE PERMISSION. Face aux mineurs délinquants, l’incarcération est souvent la dernière et la pire des sanctions. Bien plus une école du crime qu’un chemin vers la réinsertion. Avant, pendant et après, des solutions existent pour remettre l’éducation au cœur du dispositif et éviter la récidive. Alors que la ministre Nicole Belloubet vient d’ouvrir le difficile chantier de la réforme de la justice des mineurs, le JT a rendu visite aux associations, structures et personnels pénitentiaires qui veulent sortir ces jeunes de l’ombre. © DR JUSTICE POUR éduquer plutôt E nviron 3 000 mineurs velables une fois. Après la condam- d’arrêt qui disposent de places pour sont incarcérés chaque nation, d’après une ordonnance de eux, dans un quartier spécifique. année en France, un 1945 fixant une excuse pour mino- En effet, selon le code de procé- « Plus on est chiffre stable depuis dix rité, la peine doit être dure pénale, les mineurs écroués ans. On en dénombrait inférieure de moitié à doivent être obligatoirement isolés exactement 876 au 1er février 2019, celle d’un adulte. Des des adultes : « Ils ne peuvent sortir soit 1,1 % de la population totale des prisons, selon la Direction de l’ad- incarcéré jeune exceptions existent, notamment s’agissant de leur cellule que lorsque les espaces communs sont libres. Ce qui ne re- ministration pénitentiaire. 8 sur 10 sont des prévenus, c’est-à-dire en et plus il y a d’actes terroristes commis entre 16 et présente guère plus de deux à quatre heures par jour, qu’il s’agisse de attente d’être jugés. Alors que seuls de risques que 18 ans, soumis aux manger, d’aller en promenade ou de cela ne soit pas 30 % des détenus de plus de 18 ans mêmes sanctions que consulter un psychologue », rapporte » sont dans ce cas : « Quand on dit que celles des majeurs. Alexia Paire. Ceci ne concerne que la justice des enfants est laxiste, on se trompe », souligne ainsi Alexia Paire, une parenthèse Un tiers des enfants sont détenus dans les garçons. Car le principe de sé- paration entre mineurs et majeurs psychologue au sein de la Protec- l’un des six Établis- dans les maisons d’arrêt n’est quasi- tion judiciaire de la jeunesse (PJJ) et sements pénitentiaires spécialisés ment jamais respecté chez les filles, cosecrétaire nationale du syndicat pour mineurs (EPM) du pays — le trop peu nombreuses. majoritaire SNPES-PJJ-FSU. L’in- plus proche de Toulouse se situant Notion clé de l’ordonnance qui régit carcération en préventive ne peut à Lavaur, dans le Tarn. Les autres la justice des mineurs depuis 1945, excéder un an, soit six mois renou- le sont dans l’une des 47 maisons ces jeunes doivent faire l’objet d’une
Dossier : JUSTICE POUR MINEURS : ÉDUQUER PLUTÔT QU’ENFERMER LE JOURNAL TOULOUSAIN • JEUDI 07 > 13 MARS 2019 4 MINEURS : qu’enfermer « intervention éducative continue ». liste. Cette dernière dénonce par Dans les EPM, celle-ci est assurée ailleurs le manque de formation par une équipe pluridisciplinaire des surveillants et pointe l’incapa- « Quand on dit dédiée. Au sein des prisons, la sco- cité du dispositif à larité est en revanche plus chao- limiter la réitération tique et ne représente que quelques des méfaits. De fait, heures de cours par semaine, les personnels enseignants ne pouvant la plupart de ceux qui sont en prison que la justice suivre leurs élèves que de manière aujourd’hui sont des enfants individuelle, compte tenu des diffi- en récidive, prin- est laxiste, » cultés que ces derniers rencontrent. cipalement pour on se trompe C’est à partir de l’âge de 13 ans que le des vols avec vio- juge des enfants peut décider d’une lence, comme des mise en détention : « Ce sont en- arrachages de télé- core des êtres en construction, bru- phone portable, ou pour la vente de talement arrachés à leurs proches. stupéfiants, en général du cannabis. L’enfermement va altérer leur rap- « Plus on est incarcéré jeune et plus il port au temps, réduire leur champ y a de risques que cela ne soit pas une de vision, développer leur ouïe et parenthèse », conclut Alexia Paire. souvent provoquer des troubles psy- chologiques », récapitule la syndica- Philippe Salvador Source : Direction de l’administration pénitentiaire
5 S’INSPIRER OPÉRATION portes ouvertes EMPLOI DU TEMPS. Alors que le gouvernement a fait du déploiement des centres éducatifs fermés un élément déterminant de sa politique judiciaire envers les mineurs, à Cornebarrieu, une structure expérimentale mise au contraire sur la liberté de mouvement. Le centre éducatif passerelle Albatros apprend aux jeunes à reprendre leur place dans la société. À quelques encablures du centre de ré- il y a toujours une tâche à accom- s’inscrire dans des salles ou des tention administrative de Cornebarrieu, plir sur place. Le centre propose piscines. « Il y a des règles à res- l’entrée d’Albatros, structure expéri- des ateliers en interne : cuisine, pecter mais pas tant d’interdits que mentale pour les mineurs délinquants, mécanique, petites menuiseries ou cela. Ils peuvent téléphoner, ont fait directement face au cimetière de espaces verts. La plupart du temps accès à Internet et ont le droit de la commune. Pas de grilles ni de barbelés. Un simple sous l’œil ferme et bienveillant de fumer. Mais nous travaillons avec portail électrique matérialise l’accès à cette ancienne Jimmy, éducateur technique. Dans eux sur l’addiction. L’idée est de les ferme entourée de 5 000 m² de verdure. « Il n’est là la grange, où s’amoncellent les ma- amener à faire leur propre choix. De « Le but est que pour rassurer les voisins, les jeunes peuvent aller tériaux et objets leur faire comprendre que s’ils ne et venir librement », annonce Anne Dufour, directrice en tout genre, ce jouent pas le jeu, ils le paieront un de ce centre éducatif dit « passerelle », l’un des rares dernier montre jour ou l’autre. Certains sont assez du genre en France. « Nous sommes un peu à la marge de confronter les réalisations paniqués au début devant tant de les mineurs des dispositifs classiques. Ici, le but est de confronter des mineurs : possibilités », poursuit la directrice. les mineurs à la réalité, avec un travail sur l’insertion niches à insectes, En cuisine, le chef Benoît prépare professionnelle et la rescolarisation, plutôt que de les en éloigner. » à la réalité plutôt cages à oiseaux... Ainsi qu’une mini le barbecue du midi. Cela fait deux ans qu’il travaille au centre : « Je Albatros accueille 12 garçons de 16 à 18 ans, dont trois que de les moto, démontée ne pensais jamais tenir aussi long- » dans des studios indépendants. Des jeunes placés là et remontée des temps. C’est parfois très chaud, mais par des magistrats pour une durée de six mois, suite à en éloigner centaines de fois. il y a également des bons moments. des délits répétés mais sans gravité, en guise d’alter- « J’essaye de leur J’ai pris avec moi un jeune pendant native à la prison pour mineurs ou au centre éducatif apprendre à fabriquer, de leur don- deux mois, qui est aujourd’hui en fermé (CEF). ner des bases. Avec eux, au début, apprentissage en boucherie. Ça fait En ce matin de mars, seuls trois pensionnaires sont c’est toujours "non". Ils ne veulent plaisir ! » présents, profitant des vacances scolaires. Les autres rien faire. Mais avec un peu d’expé- Inévitables, les tensions sur- sont sur leurs lieux de formation ou d’apprentissage. rience, on arrive à les impliquer », viennent surtout à l’arrivée de nou- Dans la cour centrale du bâtiment, Karim*, 17 ans, avance Jimmy. veaux pensionnaires, qui doivent nettoie une voiture. « Je donne des coups de main aux L’équipe est composée d’une di- trouver leur place. Pour apaiser le éducateurs, il faut bien s’occuper », lance-t-il avec un zaine de personnes : éducateurs climat, Albatros mise sur la pré- grand sourire. À son arrivée, son souhait était de re- spécialisés, psychologue, agent de sence animale : chiens, chats et prendre l’école. Il est inscrit en seconde, en bac pro- service, cuisinier, surveillants de poules. « Ces adolescents ont sou- fessionnel boucher-charcutier-traiteur. Pour ceux qui nuit… Les jeunes bénéficient aus- vent un passé très compliqué et une n’auraient pas encore « accroché » sur une formation, si d’activités sportives et peuvent grande méfiance envers les adultes.
Dossier : JUSTICE POUR MINEURS : ÉDUQUER PLUTÔT QU’ENFERMER LE JOURNAL TOULOUSAIN • JEUDI 07 > 13 MARS 2019 6 LA TÊTE D’AMPOULE PLUS D’ÉDUCATEURS pour accompagner les jeunes à leur sortie ÉQUIPAGE. La clé du succès de la réinsertion des mineurs délinquants ? La continuité de l’accompagnement, du milieu carcéral à la remise en liberté, selon Élodie Carin, déléguée régionale du Genepi. L’association pour le décloisonnement des prisons prône le renforcement du nombre d’éducateurs, ces fils rouges indispensables aux jeunes. Les chiffres sont accablants. Cinq ans après leur incarcération, 66% des mineurs déjà placés en détention font l’objet d’une nouvelle condamnation à de la prison ferme, selon une étude du ministère de la Justice en 2011. « Il n’y a pas de statistiques récentes, c’est très difficile de connaître les taux de réinsertion et de récidive », explique Élodie Carin, déléguée régionale du Genepi, association pour le décloisonnement des prisons. En quoi consiste donc cette réinsertion ? Comment sont-ils accompagnés une fois leur peine terminée ? « Quand un jeune sort de prison ou d’un centre éducatif fermé, il continue d’être suivi par un éducateur en milieu ouvert. Cette personne est le véritable fil rouge tout au long du placement en détention et à la sortie », précise Élodie Carin. Son rôle commence dès l’incarcération : c’est souvent lui qui permet au mineur de garder un lien avec sa famille et son environ- nement social, mais aussi de réfléchir à l’après. Une fois hors de la prison, le © Franck Alix / JT mineur peut compter sur son référent pour gérer les questions matérielles. Quand sa sortie est associée à une interdiction de territoire (de revenir dans la ville où il habitait), l’éducateur se charge de lui trouver un lieu adap- té à sa personnalité pour l’accueillir : foyer de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou de jeunes travailleurs, internat... « S’il est retourné dans sa famille, l’éducateur lui rend des visites à son domicile », continue Élodie Carin. C’est aussi ce travailleur social qui l’accompagne dans sa recherche d’emploi, de stage ou pour son inscription dans un établissement scolaire. Un rôle primordial auprès de ces mineurs délinquants « souvent en manque Les animaux, eux, ne les jugent pas. Et puis quand ils de repères familiaux et sociaux ». La mission se poursuit pendant une durée sont vraiment à bout, ils ont la possibilité de sortir. Les déterminée par le juge des enfants, en général jusqu’à leur majorité. accès de violence physique sont assez rares », raconte « Le problème est que ces éducateurs manquent cruellement de moyens. Ils Anne Dufour. sont censés être très présents auprès des jeunes après leur sortie du milieu Occupé à tondre la pelouse, Fabrice*, bientôt 18 ans, carcéral, mais ils ont beaucoup trop de dossiers à gérer. Il y a aussi beaucoup profite d’une pause essence pour faire le point sur sa de contractuels, seulement engagés pour des durées inférieures à deux ans, situation. En arrêt suite à une blessure à la cheville, ce qui rend difficile un suivi sur le long terme », dénonce Élodie Carin. Le il est actuellement en formation dans une entreprise Genepi demande ainsi au ministre de la Justice d’augmenter le nombre de « Les accès de maçonnerie. Arrivé recrutements pour assurer un meilleur accompagnement des délinquants en septembre, il repas- de moins de 18 ans. Autre solution avancée pour améliorer la réinsertion: sera devant le juge dans renforcer la scolarisation. « Aujourd’hui, dans les quartiers pour mineurs de violence physique quelques jours : « C’est la des établissements pénitentiaires, les jeunes n’ont que deux à trois heures de sont assez rares » première fois de ma vie cours par jour, prodiguées par un professeur de l’Éducation nationale. C’est que je travaille. Physi- trop peu et il manque des volontaires. » L’association souhaite « redonner quement, c’est hyper dur toute sa place à la primauté de l’éducatif sur le répressif ». Enfin, Élodie Ca- mais ça se passe bien. Le patron est content de moi, il rin met en avant l’importance d’un accompagnement individualisé, prenant me fait confiance. Maintenant, je suis pris au sérieux. » en compte la sphère familiale et sociale : « La justice est lente et expéditive. Souffrant de l’éloignement, l’adolescent originaire de Or, la solution serait d’adapter à chaque enfant ou adolescent une réponse Grenoble est en plein dilemme : « Il me faudrait rester pénale. » quelques mois de plus pour avoir un diplôme mais j’en ai marre de ne pas voir ma mère et mes potes. En plus, Maylis Jean-Préau aujourd’hui, je sais que je peux travailler. » S’ils peuvent arrêter l’expérience quand ils le souhaitent, au risque de retomber dans le dispositif classique, les mineurs ont aussi le choix de renouveler leur placement. La moyenne des séjours à l’Albatros est de 11 mois. ÉLODIE CARIN * Les prénoms ont été changés > Membre du Genepi, association qui milite pour le Nicolas Mathé décloisonnement des prisons, elle est responsable de la coordination des groupes locaux pour la Région Atlantique, chargée de la création de contenus de formation sur le milieu prison-justice.
7 AGIR LA SOLUTION DE LA SEMAINE MARCHER, un premier pas vers la résilience Marcher pour sortir les mineurs de la délinquance. afin de se confronter à une culture différente. L’expé- C’est ce que propose l’association Seuil. L’idée naît dition se déroule sans musique, sans téléphone et en 1998 lorsque Bernard Olivier, ancien jour- sans stupéfiants ni cigarettes, avec une heure naliste, rencontre sur les chemins de Saint- de silence quotidienne à respecter. « Nous Jacques de Compostelle deux jeunes à qui ne lâchons pas les binômes dans la nature. un juge belge avait présenté un accord : Nous mettons en place tout un disposi- la marche ou la prison. Convaincu que tif avec un poste de commandement à l’enfermement n’est pas une solution, Paris, disponible en permanence pour il importe l’initiative. « Il a fallu du soulager le jeune autant que l’accom- temps pour trouver le juste équi- pagnant », précise Patrick Viguier. page. Au début, les jeunes partaient 30 séjours sont organisés par an. Et à deux ou trois, c’était un fiasco. On selon une étude indépendante pu- ne faisait que transporter le phé- bliée en 2017, plus des trois quarts nomène de délinquance », raconte des adolescents ayant mené leur Patrick Viguier, correspondant de périple à bien présentent une amé- l’association dans le Sud. Désormais, lioration de leur comportement. les marches sont effectuées par un « L’objectif est de les désenclaver de seul adolescent et un accompagnant, leurs habitudes marginales pour les en accord avec la Protection judiciaire aider à formuler un projet. La marche de la jeunesse (PJJ) et sur autorisation est un formidable outil de résilience pour d’un juge qui peut ainsi laisser sortir de pri- dépasser les traumatismes de l’enfance », as- son un mineur, une fois purgée la moitié de sure Patrick Viguier. sa peine. Après une marche test de huit jours, © DR Nicolas Mathé les volontaires partent pendant trois mois et près de 1 600 kilomètres sur les sentiers d’Espagne ou d’Italie assoseuil.org DES CONDAMNATIONS PÉDAGOGIQUES Des stages de FORMATION CIVIQUE pour connaître la loi Les SANCTIONS Afin de rappeler à un mineur les obligations législa- ÉDUCATIVES tives et lui faire prendre conscience des devoirs qu’im- plique la vie en société, un juge peut aussi ordonner pour les 10-13 ans © DR un stage de formation civique. L’ensemble de ces no- tions lui est reprécisé pendant des modules courts de Pour des actes commis par des Des mesures formation collective autour de l’organisation sociale et enfants de 10 à 13 ans pour les- quels aucune peine ne peut être D’AIDE ET des valeurs citoyennes pour une durée qui ne peut ex- céder 30 heures. Le contenu du stage doit faire l’objet prononcée, les juges peuvent op- ter pour des mesures éducatives DE RÉPARATION d’un projet élaboré par un service de la Protection ju- diciaire de la jeunesse (PJJ), relevant du ministère de la spécifiques. Parmi elles, figurent pénale Justice ou habilité à l’exercice de cette mission. l’exécution de travaux scolaires ou le placement pour un an dans une D’autres types de sanctions éduca- école ou un collège dotés d’un in- tives, comme la mesure d’aide et de ternat. Autre possibilité : confier le réparation, sont prévues pour tout jeune, durant un mois, à une insti- mineur auteur d’une infraction pé- tution ou à un établissement public nale. Elle consiste à faire prendre ou privé d’éducation situé en de- conscience de ses actes à un jeune hors du lieu de résidence habituel. et lui permettre de retrouver une Le but est alors de réaliser un tra- estime de soi en restaurant des vail psychologique, éducatif et so- liens positifs avec la société. Pres- cial portant sur les faits perpétrés. crite en alternative aux poursuites ou à la peine, elle peut prendre différentes formes : inscription à des ateliers participatifs, actions de prévention, réflexion suivie d’un écrit ou encore des activités concrètes au profit d’associations © DR et de collectivités, ou de réparation auprès de la victime.
Dossier : JUSTICE POUR MINEURS : ÉDUQUER PLUTÔT QU’ENFERMER LE JOURNAL TOULOUSAIN • JEUDI 07 > 13 MARS 2019 8 VOUS ALLEZ EN ENTENDRE PARLER LE CENTRE ÉDUCATIF FERMÉ, la dernière chance Le département de l’Ariège ac- Lever, coucher, loisirs, pauses… Au sein du centre, cueillera l’un des 20 nouveaux les horaires sont stricts. Un projet de sortie est éla- centres éducatifs fermés (CEF) qui boré pour créer une perspective concrète d’insertion verront le jour à partir de 2021, sociale et professionnelle. Et de nombreuses acti- complétant les 51 déjà en activité vités scolaires, sportives et socioculturelles se depuis 2002 en France. Ces éta- déroulent, chaque jour, à un rythme soutenu. blissements, en majorité gérés Après leur remise en liberté, les jeunes pour- par des associations, sont desti- raient bénéficier du relais de l’Ades, qui four- nés à recevoir des mineurs dé- nirait par exemple un logement à proximité linquants de 13 à 18 ans, souvent du centre. « Avant, ils purgeaient leur peine multirécidivistes. Le placement en puis rentraient chez eux. L’idée à présent, CEF est d’une durée de six mois, c’est de leur mettre le pied à l’étrier en les renouvelable une fois. Le minis- accompagnant dans leur projet. » tère de la Justice précise que « ce Le choix de l’implantation s’est porté sur n’est pas un lieu de détention mais la commune du Vernet, entre Saverdun de résidence obligatoire », dont le et Pamiers, une zone où les entreprises et fonctionnement s’apparente à ce- les possibilités de stages et d’embauches lui d’un internat : « Une fois qu’un sont nombreuses. Le CEF accueillerait une enfant y est placé par un magis- douzaine de jeunes, garçons et filles, une trat, nous prenons le relais éduca- trentaine de personnels encadrants, pour un DR tif », indique Nicolas Gaddoni, le budget de fonctionnement annuel de 2 millions © directeur général d’Ades Europe, d’euros. « Un CEF nous permettrait de compléter qui gère plusieurs établissements notre dispositif et d’apporter à ces jeunes une réponse d’aide à l’enfance en Occitanie et globale », conclut Nicolas Gaddoni. qui a répondu à l’appel à projets lancé par la préfecture de l’Ariège. Philippe Salvador
9 LE FIL D’ACTU ET MAINTENANT ? RENDRE À CLÉOPÂTRE ce qui est à Cléopâtre PARITÉ. Elles n’en ont pas l’habitude. Le 8 mars, au Quai des savoirs, dif- Pourtant, les femmes scientifiques férentes rencontres mettront en lu- mière des scientifiques contempo- seront mises à l’honneur au Quai raines et historiques. Un "éditathon" des savoirs. Le 8 mars, à l’occasion d’abord pour que chacun enrichisse de la Journée internationale des droits la base de données de Wikipédia qui des femmes, leurs investissements, compte encore trop peu de biogra- phies de femmes scientifiques. Un leurs travaux, leurs découvertes atelier ensuite, sous forme d’une viendront démontrer, s’il en est besoin, succession de jeux, pour expliciter leur importance dans le monde ce qu’est un stéréotype et ne plus le de la recherche et de la science. véhiculer, même inconsciemment. Puis, une table ronde qui permet- Si les filles représentent encore 50 % des lycéens ins- tra de rendre hommage à celles qui © Vincent Moncorgé crits dans la filière scientifique du baccalauréat, elles ne ont fait avancer la science, mais que constituent ensuite plus que 35 % des effectifs travail- la postérité n’a pas retenues. Car si lant dans la recherche. Et lorsqu’on lève la tête vers les les femmes participent activement hauts postes académiques, elles ne sont plus que 11 %. à certaines découvertes, leur nom Quant aux prix Nobel, les femmes se comptent sur les n’apparaît nulle part. « Quand les doigts de la main puisque 3 % des récompenses ont été recherches sont effectuées en équipe, attribuées à des scientifiques féminines depuis 1901. femmes dans les emplois à respon- les succès sont attribués à l’homme. Beaucoup sont « Les mentalités évoluent mais les chiffres parlent d’eux- sabilité dans ce secteur. pourtant réalisées par des femmes », commente Magali mêmes », constate Magali Jacquier, ingénieure de re- Mais les femmes ont également Jacquier, également coordinatrice de l’événement. cherche au Centre national de la recherche scientifique tendance à s’autocensurer. « Elles Afin de rectifier le préjugé selon lequel les laboratoires (CNRS). Cette vétérinaire l’avoue, elle a dû faire face à ne se sentent pas suffisamment ne seraient bondés que d’hommes quinquagénaires en de nombreux stéréotypes dans sa profession : « D’au- légitimes, ne se considèrent pas blouse blanche, le photographe Vincent Moncorgé ex- tant plus que j’ai travaillé en Afrique sur la faune sau- comme des expertes sur posera ses portraits de femmes scientifiques, qu’elles vage, un champ plutôt masculin. Mais avec l’expérience, on apprend à répondre aux blagues tendancieuses. » « des thèmes dont elles sont pourtant spécia- Les femmes listes. C’est le syndrome ne se sentent soient océanographes, biologistes, éthologues, mathé- maticiennes ou juristes. Un parcours à coupler avec la Selon la scientifique, si les nouvelles lois sur l’égalité pas balade insolite organisée dans les rues de Toulouse femmes-hommes ont permis de garantir la parité lors de l’imposteur », note suffisamment pour aller à la rencontre de 12 femmes scientifiques qui » des concours, la progression des carrières est tou- Magali Jacquier. Pour n’ont pas – encore – leur nom sur une plaque de rue, jours plus lente pour les femmes. « Les postes de di- combattre ces clichés, légitimes mais qui ont contribué de manière décisive à l’avancée recteur de recherche sont essentiellement occupés par plusieurs associa- des connaissances. Histoire de rendre à Cléopâtre ce des hommes », observe-t-elle. Ces derniers ne cédant tions organisent l’événement "Les qui appartient à Cléopâtre. que trop peu de places à leurs homologues féminines, femmes scientifiques sortent de Séverine Sarrat ce qui explique en partie la faible représentation des l’ombre". quaidessavoirs.fr ÇA BOUGE ! Des collèges EN TRANSITION ÉNERGÉTIQUE LUMIÈRE. Deux collèges d’Ayguesvives et de Colomiers participent au challenge national Cube.S, dont l’objectif est de réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO² dans les établissements secondaires. Par une meilleure gestion et par la mo- des écogestes réalisables au collège et à la maison, et bilisation de leurs occupants, les éta- de saisir le caractère précieux de l’énergie. blissements scolaires participants au Au travers d’un projet pédagogique, plusieurs actions challenge Cube.S concourent à réduire seront mises en place tout au long de l’année pour in- leur bilan énergétique et leurs émis- citer les élèves, personnels enseignants et techniques, sions de gaz à effet de serre. C’est le cas et la direction à la sobriété énergétique. Pendant un des collèges Jean-Paul-Laurens à Ay- an, la consommation des deux établissements sera guesvives et Jean-Jaurès à Colomiers. suivie sur une plateforme Internet qui permettra de L’objectif ? « Répondre de manière lu- comparer mensuellement, puis annuellement, avec les dique aux prochaines échéances de la données historiques. Et ainsi de constater l’évolution, loi de transition énergétique et aux en- et de la récompenser. gagements de baisse des consommations Outre la sensibilisation collective aux enjeux écolo- de 40 % en 2030 par rapport à celles de giques, la participation au concours est également 2010 », explique le Conseil départemen- l’occasion pour les établissements d’évaluer les éven- DR © tal de la Haute-Garonne. tuels travaux à réaliser et d’ajuster leur mode de fonc- En utilisant des outils éducatifs, comme tionnement. « La consommation énergétique des bâ- le "cyclotube-vélo" qui permet de mesu- timents est un défi environnemental majeur pour la rer la difficulté de produire de l’énergie, réduction des gaz à effet de serre », affirme Georges l’enjeu est de faire prendre conscience Méric, président du Département. aux élèves des consommations de leur bâtiment scolaire, de leur transmettre Séverine Sarrat
11 Le fil d’actu GRAND ANGLE Moins de vols mais PLUS DE VIOLENCE CROCHET. Ce vendredi 1er mars, les conduites addictives. Les la préfecture de Haute-Garonne, problèmes liés à l’alcool et aux stupéfiants étant souvent à l’ori- a présenté le bilan des chiffres gine de ces violences, qu’elles de la délinquance en 2018. Malgré soient perpétrées au sein du une baisse globale, notamment cadre familial ou non. des cambriolages, la part La lutte contre les trafics de stu- péfiants est restée très soute- des violences physiques non liées nue en 2018 et a débouché sur le à un vol, des violences sexuelles, démantèlement de huit réseaux, ainsi que des mineurs impliqués connaît l’incarcération de 93 personnes une augmentation significative. ainsi que la saisie de 1,2 million d’euros et de plusieurs tonnes « L’année 2018 est marquée par une baisse significative de drogues diverses. Les ef- des faits constatés de délinquance générale », intro- forts des forces de l’ordre ont duit Étienne Guyot, le préfet de Haute-Garonne qui particulièrement porté sur les © TheDigitalWay présentait, ce vendredi 1er mars, le bilan annuel de zones de reconquête républi- la délinquance. Avec 85 539 faits constatés, soit en- caine, dans le cadre de l’instau- viron 2 000 de moins qu’en 2017, ce recul de 2,28 % ration d’une police de sécurité est d’autant plus encourageant qu’il intervient dans un du quotidien (PSQ). Le quartier contexte de forte croissance démographique. du Mirail a vu, par exemple, une Une régression qui s’explique en premier lieu par la présence policière accrue. L’ob- diminution du nombre de cambriolages. Ce type de En revanche, les violences non jectif n’étant pas uniquement répressif, mais également méfaits, point noir de ces dernières années, était l’une liées à un vol (+ 8,5 % en un an) et de nouer le dialogue avec les habitants. Enfin, le préfet des trois priorités établies par la préfecture, avec la les agressions à caractère sexuel a relevé la part croissante de mineurs impliqués (20 %), lutte contre les vols avec violence et le trafic de stu- (+17 % en un an) sont nettement en ainsi que celle des personnes étrangères (30 %). « péfiants. « Ces bons chiffres sont le résultat d’un travail hausse. Une augmen- « La sécurité n’est pas que l’affaire des services dédiés, de prévention auprès des habitants qui adoptent peu tation que le préfet Prise de conscience mais une véritable chaîne intégrant les citoyens, les as- à peu les bons réflexes, d’une présence sur le terrain explique, en partie, par sur la nécessité sociations et la justice, afin d’apporter une réponse qui optimisée et du recours systématique à la police tech- « la prise de conscience allie prévention et répression », a conclu Étienne Guyot des victimes de la né- de signaler les faits » nique et scientifique », se félicite le préfet. Après deux en annonçant trois priorités pour 2019 : maintenir les années de baisse consécutives, ce sont pratiquement cessité de signaler et de déposer plainte efforts sur les cambriolages, s’attaquer aux violences 2 700 effractions de domicile qui ont ainsi pu être évi- les faits et de déposer faites aux femmes et lutter contre les trafics et les éco- tées depuis fin 2016. De même, les faits de violence plainte ». Étienne Guyot insiste sur nomies souterraines, y compris la prostitution. crapuleuse (vols avec violence) ont diminué de 16,4 % l’importance de la prévention avant cette année, soit 635 victimes en moins. de faire le rapprochement avec Nicolas Belaubre À LA LOUPE Des victimes de L’INCENDIE DE LA RUE BAYARD sans solution FOYER. Ce jeudi 28 février, devant l’immeuble du 73 rue Bayard, ravagé il y a bientôt deux mois par un incendie, le DAL 31 alertait une nouvelle fois les autorités sur le sort d’une dizaine de familles toujours sans solution de logement. Près de deux mois après l’incendie l’incendie, cette dernière est aujourd’hui en fauteuil qui a touché leur immeuble de la roulant suite à une tentative de suicide et aurait be- rue Bayard, une dizaine de familles soin d’un logement adapté. n’ont toujours pas de proposition « Normalement, ce sont les propriétaires, via les as- © JT de relogement. C’est le cas de Ta- surances, qui peuvent trouver des solutions. Mais cer- har et de sa femme, hébergés chez tains n’avaient pas fait signer de bail à leurs locataires. un cousin : « J’appelle le 115 tous les Ces derniers ont des quittances de loyer pour prouver jours mais nous n’avons plus trop qu’ils habitaient bien là, mais personne en face pour d’espoir. Ce que l’on voudrait sur- les prendre en charge », détaille François Piquemal, tout, c’est récupérer les bijoux, dont porte-parole du Droit au logement 31. Après l’incen- nos alliances de mariage, qui ont die, les familles ont en effet affaire à un labyrinthe disparu après l’incendie. » Entre le dans lequel syndic, propriétaires et assureurs, mais jour du sinistre et le moment où les aussi préfecture, Mairie et Département se renvoient habitants ont pu constater l’am- la responsabilité. « Toulouse se montre une nouvelle pleur des dégâts et recouvrer leurs fois incapable de pourvoir à son statut de ville pilote du affaires, il s’est déroulé un mois. plan Logement d’abord. Si rien ne bouge pour trouver « C’est un scandale. J’ai été à l’hôtel une vraie solution aux victimes restées sur le carreau, pendant 18 jours et, depuis, je n’ai nous passerons à des actions plus dures, dans l’ADN du plus aucune aide. Je me débrouille à DAL 31 », avertit François Piquemal. droite, à gauche, chez des copines », s’insurge Adda. Traumatisée par Nicolas Mathé
POLITIQUE LE JOURNAL TOULOUSAIN • JEUDI 07 > 13 MARS 2019 12 C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS EN ABRÉGÉ LES 13 CONSEILS La France Insoumise, du Département TROISIÈME VOIE pour l’Europe DÉTRÔNER. Ce vendredi 1er mars, Anne-Sophie Pelletier et Manuel Bompard, candidats aux élections européennes pour la France Insoumise, sont venus présenter leur programme à Portet-sur-Garonne. C’est à Portet-sur-Garonne, ce vendredi 1er mars, qu’Anne-Sophie Pelletier et Manuel Bompard, candidats aux élections euro- péennes, sont venus défendre le programme de la France Insoumise. Synthèse d’un texte © Aurélien Ferreira initial de Matthias Tavel, l’ex-directeur ad- joint de cabinet de Jean-Luc Mélenchon, et de plusieurs centaines de contributions, ce do- cument développe une douzaine de thèmes. « Nous sommes le premier parti à avoir pré- senté la liste complète de ses candidats et pu- Le Conseil départemental blié intégralement son programme », se féli- de la Haute-Garonne s’est réuni mardi cite Simon Berger, cosecrétaire du Parti de © DR dernier, dans une session extraordinaire, Gauche 31. Près de 200 personnes étaient au pour examiner et adopter sa contribution rendez-vous pour découvrir les propositions au Grand débat national. 13 principes des Insoumis sur la question européenne. sous forme de programme et de vitrine De la lutte contre l’évasion fiscale à la pla- nification écologique en passant par l’enga- politique, qui seront transmis Anne-Sophie Pelletier et Manuel Bompard gement contre le dumping social et la coopé- au président de la République, ration en matière de défense, les thèmes de accompagnés de deux tribunes campagne dessinent un projet basé sur la souveraineté d’extrême droite comme celui de Viktor Orbán en Hongrie émanant des Gilets jaunes. des peuples, l’urgence climatique et la justice sociale. ou de Matteo Salvini en Italie. Il est important de proposer « Nous ne sommes pas contre l’Europe, au contraire. une troisième voie, autre que celle des libéraux ou des réac- Avec 47 élus ayant voté pour, 4 contre et 3 n’ayant pas Mais nous nous opposons à son fonctionnement ultrali- tionnaires à tendance fasciste », complète Simon Berger, participé, le Conseil départemental de la Haute-Ga- béral, trop peu démocratique et gangrené par les lobbies. qui espère « mettre une raclée démocratique à Macron ». ronne a largement adopté sa proposition de contri- Il y a actuellement à Bruxelles 100 lobbyistes pour un dé- Si la France Insoumise n’envisage pas un rapproche- bution au Grand débat national. Un document d’une puté », déplore Carole Mare, une colistière toulousaine ment avec les différentes forces politiques françaises de vingtaine de pages abordant 13 points de politique qui souhaite faire de ce scrutin un référendum contre gauche, le parti a signé, depuis le 12 avril 2018, des al- générale (démocratie, écologie, fiscalité, dépenses Emmanuel Macron. « La Ve république donne très peu liances au-delà des frontières. Notamment avec Podemos publiques, etc.) et qui sera transmis au chef de l’État. de place à la consultation populaire. Il est d’autant plus en Espagne ou Bloco de Esquerda au Portugal. Ce mouve- Deux tribunes libres rédigées par les Gilets jaunes se- important de se saisir d’élections intermédiaires pour ment européen baptisé "Maintenant le peuple" souhaite ront jointes à ces propositions. s’exprimer », précise-t-elle, avant d’insister sur la « si- « instaurer les bases d’une Europe au service du peuple » tuation dramatique du climat » et sur « l’urgence abso- et « aller à l’encontre des politiques d’austérités imposées Un réquisitoire contre le néolibéralisme lue à défendre des politiques véritablement écologiques par Bruxelles ». « Chers collègues, la France va mal », assène Georges au Parlement européen ». Méric, le président du Conseil départemental, en ou- «Emmanuel Macron essaie de réduire l’opposition à son verture de son discours liminaire aux débats, véritable projet politique, notamment européen, aux seuls partis Nicolas Belaubre réquisitoire contre « le marché néo-libéral mondiali- sé ». Classé sous quatre grands thèmes, chacun des principes exprimés fait l’objet de propositions, sou- vent inspirées des mesures et actions mises en place par la collectivité elle-même. © DR Une contribution en forme de bilan à mi-mandat Le Département se targue d’être un modèle par son action en faveur de la laïcité, avec son programme "Les chemins de la République". Un dispositif qui sen- sibilise 60 000 collégiens chaque année. De même, la collectivité met en avant la création d’une délégation SALAH spécifique à l’égalité femmes-hommes et réitère son AMOKRANE intention d’expérimenter le revenu de base. Elle pro- pose aussi de s’inspirer de son initiative de tirage au se motive sort dans le cadre d’une concertation sur sa politique culturelle. Enfin, il suggère une réforme fiscale inci- pour les Européennes tant les entrepreneurs à investir dans les zones rurales et la généralisation du portail Open Data mettant gra- tuitement à disposition du grand public et des entre- prises, les données de l’administration. Pour le Républicain Jean-Baptiste de Scorraille, élu de l’opposition, qui a quitté la séance en signe de protes- tation, cette initiative est une perte de temps. « Ce n’est Salah Amokrane s’engage pour les Européennes. 18 ans après avoir animé les élections municipales pas notre rôle de conseillers départementaux de partici- de Toulouse avec le mouvement Les Motivé-e-s, le coordinateur du Tactikollectif fait parti des 30 per à ce grand débat qui, tel qu’il est proposé par Emma- premiers noms de la liste pour les Européennes du mouvement Génération-s. Ce militant associatif nuel Macron, n’apportera rien. Cette contribution est une des quartiers Nord de la Ville rose, qui a été le conseiller de Benoît Hamon durant la dernière cam- liste de courses déconnectée, qui n’est pas à la hauteur pagne présidentielle, défend des valeurs de gauche, la transition écologique et une vision fédéraliste des réponses attendues », regrette-t-il. du projet européen. Nicolas Belaubre
13 SE DÉTENDRE SORTIR Jeux CONCOURS LA BLONDE, LA BRUNE Gagnez l’un de ces cadeaux et le trio en envoyant un mail à : redaction @lejournaltoulousain.fr Mettre en objet : Jeux concours *Dans la limite des stocks diponibles LIVRE © Frédéric Lemaître "Une famille comme il faut" Maria grandit dans une famille pauvre, entre une mère douce mais effa- cée et un père violent et autoritaire. Ce milieu HOMMAGE. Vendredi 8 mars, Virginie Despentes et Béatrice Dalle rude est pourtant loin monteront sur la scène du Phare, à Tournefeuille, pour une lecture d’être dépourvu d’amour, musicale autour de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini. Épaulées par le trio même si souvent les coups viennent combler le vide de post-rock lyonnais Zëro, elles revisiteront des textes choisis parmi des mots qui manquent. ses poèmes, ses articles et sa correspondance. Pour les filles du quar- tier, l’avenir se résume au mariage avec un pêcheur Un trio de post-rock. Une actrice diloquente », résume le musicien. Vêtues de noir, Vir- prend. Répétitive, enivrante. Et tou- misérable ou un voyou. indomptable. Une auteure icono- ginie Despentes et Béatrice Dalle font face au public. jours avec cette réverbération qui Maria se refuse à cela. Elle claste. Et les textes d’un écrivain, Un bourdon électrique et grave s’élève des entrailles vous enveloppe. Virginie Despentes s’en sortira seule en fai- poète, journaliste, scénariste et d’une machine. Portée par les coups d’une grosse caisse poursuit la lecture en solitaire. Sa sant des études, unique réalisateur aussi incontournable profonde et cardiaque, la plainte d’une guitare émerge main s’agite, tressaille en rythme porte de sortie pour elle. qu’inclassable. Voilà les ingrédients du ressac des cymbales. Un larsen déchirant et mélo- et dessine des arabesques, souli- de la lecture musicale qui associera dique invitant à l’écoute, tel un muezzin lointain et gnant les inflexions de sa propre Virginie Despentes, l’auteure de possédé. Enfin, vient la voix de Béatrice Dalle égrenant voix. « Elle a sélectionné des textes "Baise-moi" et de "Vernon Subutex", avec passion les mots de Pier qui permettent d’être « Nous partageons Béatrice Dalle et le groupe Zëro, Paolo Pasolini. Les images lus avec un accom- sur la scène du Phare dans le cadre s’enchaînent. Souvent enga- pagnement. Dessus, du festival Pink Paradize. Au pro- gées, toujours poétiques tous la même passion nous avons essayé de gramme de ce concert littéraire : et parfois sibyllines. « L’air mettre une tension des poèmes, articles et correspon- était très tendre. Et du monde pour l’œuvre avec la musique, de » dances de Pier Paolo Pasolini, le flemmardait dans une trouble faire quelque chose provoquant cinéaste italien. « C’est misère... Une vision indicible de Pasolini d’imagé et immer- Virginie Despentes qui nous a réu- de soleil. Un vent obscur et sif, qui peut être LIVRE nis autour de textes qu’elle a choi- fourmillant », déclame-t-elle répétitif, bruitiste ou sis. Travailler ensemble était une les yeux fermés. L’attention se laisse ensuite ballotter planant, sans jamais passer devant évidence. Nous partageons tous la entre les mots et les notes, régulièrement aiguillonnée le texte », décrit le guitariste. Pen- "Belle-amie" même passion pour l’œuvre de Paso- par une perle littéraire. « La lecture commence par un dant tout le spectacle, les deux voix Après son fastueux ma- lini », explique Eric Aldéa, le guita- long pamphlet politique aux échos très contemporains, se croisent et se répondent pour riage en l’église de la Ma- riste du projet. puis viennent des textes plus poétiques, qui parlent rendre au poète italien un hom- deleine à Paris, Georges Sur les planches, le dispositif est d’amour », commente Eric Aldea. mage qui navigue avec fougue entre Du Roy, le "Bel-Ami" de minimal. « C’est très sobre. Trois Soudain, les deux voix se mêlent. Pendant un instant, les slam et concert de rock minimal, Maupassant, se met à rêver mecs qui jouent et deux nanas qui musiciens s’interrompent, comme pour s’effacer der- progressif et psychédélique. d’une carrière politique. Et récitent des textes derrière un micro. rière ce chœur où les deux femmes paraissent entrer si ce monde devenait son Il n’y a pas de mise en scène gran- en fusion. Le temps d’une respiration et la musique re- Nicolas Belaubre nouveau terrain de jeu, l’arène de son ambition dévorante ? Louvoyant entre le milieu journalis- tique et celui des affaires, PINK PARADIZE : Du Roy intrigue comme ja- un festival hybride autoproduit mais pour accéder aux plus Le 8 mars 2019 à 19h30 hautes sphères du pouvoir. Le phare à Tournefeuille Pink Paradize est un festival pluridisciplinaire à la programmation résolument azi- Alors qu’elle milite pour tarif : 20 € + F.D.L. mutée. Du 22 mars au 14 avril, les Productions du possible, la structure qui organise les droits des femmes, pinkparadizefestival.com l’événement, proposent 25 dates dans la Ville rose. Sous la présidence honorifique de Suzanne, son épouse, se Guillaume Meurice, l’édition 2019 invite des personnalités aussi incontournables que lephare-tournefeuille.com révèle une alliée précieuse Jeff Mills, Blanche Gardin, ou Chinese Man Records... dans cette lutte féroce.
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