En gros plan Sidney Poitier - Robert-Claude Bérubé - Érudit

La page est créée Françoise Riviere
 
CONTINUER À LIRE
En gros plan Sidney Poitier - Robert-Claude Bérubé - Érudit
Document generated on 02/16/2022 4:14 p.m.

Séquences
La revue de cinéma

En gros plan
Sidney Poitier
Robert-Claude Bérubé

Cinéma américain
Number 37, May 1964

URI: https://id.erudit.org/iderudit/51863ac

See table of contents

Publisher(s)
La revue Séquences Inc.

ISSN
0037-2412 (print)
1923-5100 (digital)

Explore this journal

Cite this article
Bérubé, R.-C. (1964). En gros plan : Sidney Poitier. Séquences, (37), 29–31.

Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1964                           This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
                                                                               (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be
                                                                               viewed online.
                                                                               https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

                                                                               This article is disseminated and preserved by Érudit.
                                                                               Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal,
                                                                               Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to
                                                                               promote and disseminate research.
                                                                               https://www.erudit.org/en/
En gros plan Sidney Poitier - Robert-Claude Bérubé - Érudit
en gros                  plan

                                        SIDNEY
                                        POITIER
                                        R.-C. Bérubé

   Le cinéma américain lui a con-       tien qui continuait l'emploi tradi-
féré l'honneur le plus convoité ;       tionnel réservé aux gens de cou-
Sidney Poitier a été reconnu par ses    leur dans les films américains d'a-
pairs le meilleur acteur de l'année     vant-guerre : celui de subalterne.
1963 pour son interprétation dans       Combien en a-t-on vu alors de ces
Lilies of the Field. Ce qui donne       domestiques de comédie, au sou-
plus d'importance à cette récom-        rire éclatant et au dévouement in-
pense c'est que Sidney Poitier est      lassable dont le prototype demeure
noir, et qu'il devient le premier re-   Eddie Anderson, surnommé Ro-
présentant de sa race à être ainsi      chester, qui fut le valet radiopho-
honoré. Bien sûr, l'actrice noire       nique, cinématographique et télé-
Hattie McDaniels a reçu aussi un        visuel du comédien Jack Benny.
Oscar en 1940 pour son rôle de          Sidney Poitier, pour sa part, a fait
nounou de Gone With the Wind,           éclater cette image conventionnelle;
mais c'était pour un rôle de sou-       son prix, il se l'est mérité pour un

MAI 1964                                                                 29
En gros plan Sidney Poitier - Robert-Claude Bérubé - Érudit
film où il tient la vedette de la       comme meneur d'hommes, c'est là
première à la dernière image, in-       une révolution dans le cinéma amé-
dépendant mais dévoué, gouailleur       ricain, une victoire sur les préjugés.
mais délicat, un film où il joue de     Sidney Poitier pour sa part a eu la
toutes les ressources de son corps,     chance de ne jamais avoir à remplir
de son visage et de sa voix pour        un rôle médiocre et même de par-
faire du personnage d'Homer Smith       ticiper à maints films importants
un représentant éminemment sym-         qui examinèrent avec acuité les
pathique de sa race sans que soit       problèmes raciaux aux Etats-Unis
jamais soulevé le spectre de la dis-    et ailleurs. L'honneur qui lui échoit
crimination.                            rejaillit sur d'autres acteurs noirs
                                        qui manifestèrent un égal souci de
                                        représenter dignement leur race à
   Dans Lilies of the Field, Sidney     l'écran, tels James Edwards (Home
Poitier est ouvrier menuisier, un       of the Brave, The Manchurian Can-
ouvrier fier du travail de ses mains    didate), Juano Hernandez (Intru-
et qui entreprend ce qui lui sem-       der in the Dust, Trial), Harry Be-
ble être l'oeuvre de sa vie, la cons-   lafonte (Odds Against Tomorrow)
truction d'une chapelle, avec l'ar-     et Brock Peters (The L-Shaped
deur des bâtisseurs de cathédrale.      Room, To Kill a Mockingbird).
Au long de sa jeune carrière, puis-
qu'il ne débuta au cinéma qu'en
1950, il a tenu des rôles importants       Il est curieux cependant que Sid-
rarement confiés jusque-là à des        ney Poitier soit celui qui ait incar-
interprètes de couleur. Il fut méde-    né le mieux la noblesse et les aspi-
cin dans No Way Out, psychiatre         rations du Noir américain, car s'il
dans Pressure Point et dans plu-        est Américain lui, c'est par l'effet
sieurs des films où il fut couplé       d'un hasard. Issu d'une famille de
avec un acteur de race blanche,         fermiers des îles Bahamas, il doit
c'est lui qui prenait la première       sa citoyenneté américaine au fait
place, lui qui était la force sur       que sa naissance coïncida avec un
laquelle l'autre s'appuyait, comme      voyage de ses parents en Floride.
dans Edge of a City ou The Defiant      Il grandit donc dans les Antilles,
Ones. Qu'un Noir soit présenté          se montra de caractère plutôt diffi-

                                                                   SÉQUENCES
cile er partit à l'âge de quinze ans                            matique ; s'il s'imposa d'abord par
faire fortune aux Etats-Unis, fort                              le magnétisme de sa personnalité,
de son titre de citoyen. Pendant                                il a su affiner son jeu et faire son
plusieurs années, il occupa une                                 profit des indications de ses divers
série d'emplois variés mais peu ré-                             metteurs en scène. Aujourd'hui âgé
munérateurs jusqu'au jour où il                                 de trente-sept ans, il vit heureux
eut l'idée de s'engager comme fi-                               avec sa petite famille, loin de Holly-
gurant à l'American Negro Theater.                              wood, dans un appartement de la
Avant d'accéder à un rôle impor-                                79e rue à New York. Il s'y essaye
tant, il dut discipliner lui-même                               au métier de dramaturge en écri-
sa voix, par l'imitation servile du                             vant une pièce à résonance sociale.
ton des commentateurs de nouvelles                              Sidney Poitier est arrivé aujour-
à la radio. Sidney Poitier est un                               d'hui au sommet de sa carrière et
autodidacte qui n'a jamais suivi de                             il semble que son talent l'y main-
cours réguliers d'interprétation dra-                           tiendra encore longtemps.

                                           FILMOGRAPHIE
   1950 •— N o W a y O u t        (La Porte s ' o u v r e )        Joseph L. M a n k i e w i c z
   1951 —      Cry t h e Beloved C o u n t r y         ( P l e u r e , m o n Pays b i e n - a i m é )    Zoltan   Korda
   1952 —      Red Bail Express           (Les Conducteurs d u d i a b l e )              Budd      Boetticher
   1953 —      G o , M a n , Go   (Vas-y       mon gars)           James W o n g          Howe
   1954 —      Blackboard J u n g l e     (Graine de violence)                Richard Brooks
   1955 —      G o o d b y e my l a d y     (Adieu        Lady)      William      Wellman
   1956 —      Edge o f the C i t y       ( L ' H o m m e q u i tua la p e u r )       M a r t i n Ritt
   1957 —      Something of Value            (Le Carnaval des d i e u x )              Richard Brooks
          —    Band o f A n g e l s     (L'Esclave        libre)     Raoul      Walsh
   1958 —      Mark of the Hawk              (La M a r q u e d u v a u t o u r )       Michael          Hudley
          —    The D e f i a n t Ones      (La C h a î n e )     Stanley      Kramer
   1959 —      Porgy a n d Bess —            Otto      Preminger
   1960 —      All the Young Men              (Les Marines a t t a q u e n t )         Hall    Bartlett
   1961 —      Paris Blues —       Martin       Ritt
          —    A Raisin i n the Sun           ( U n Raisin au s o l e i l )        Daniel     Pétrie
      1962 —   Pressure Point —            Hubert        Cornfield
      1963 —   Lilies o f t h e Field       (Les Lis des c h a m p s )           Ralph      Nelson
      1964 —   The Long Ships — Jack C a r d i f f

MAI    1964                                                                                                               31
Vous pouvez aussi lire