L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ - Enseignementsartistiques-Histoiredel'art ...
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Enseignements artistiques - Histoire de l’art DEP2 20.03.2020 L’art de la marche… de l’atelier à l’action in situ L’art de la marche… de l’atelier à l’action in situ
LA REGLE DU JEU Vous partagerez la matinée en trois temps : Temps 1- Prenez connaissance précisément des deux documents, pour vous faire une bonne idée des thématiques et des propositions artistiques. Temps 2- Recherchez (dans votre documentation personnelle, sur internet…) une œuvre qui aborde directement le thème de la marche, et qui vous intéresse personnellement. Cette oeuvre pourra être du 19e siècle, du 20e siècle, du 21e siècle, elle pourra utiliser toute forme de langage artistique : arts plastiques, musique, Wchorégraphie, littérature, poésie… Rédigez alors un texte (+ ou - 1500 signes) argumentant soigneusement l’intérêt que vous avez trouvé à cette œuvre, en particulier en regard de vos pratiques du paysage. Temps 3- Dessinez un schéma, par exemple de type «diagramme» ou «arbre généalogique» , qui reliera l’œuvre que vous avez choisie à d’autres oeuvres, extraites des documents que nous vous avons envoyés ou bien d’autres sources documentaires (arts plastiques, littérature, musique …). Rozenn Canevet & Olivier Marty
Clothilde HENNION Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Victor Hugo, recueil « Les Contemplations » 1856 Victor HUGO - Les Contemplations . 1856
Lorsque nous marchons, nous sommes des catalyseurs de choses physiques (un chewing gum sous la chaussure, des graines qui restent dans nos cheveux, sons odeurs, couleurs) et mentalesVictor Hugo - Demain, (souvenirs, dès l’aube… sensations, impressions). Toutes ces choses sont soit éphémères, soit restent dans Lorsquenos esprits nous ou même marchons, sur notre nous sommes des corps (unedeégratignure catalyseurs qui laisse choses physiques une cicatrice (un chewing par exemple). gum sousChez Victor Hugo, la chaussure, Rien ne des graines qui semble l’atteindre restent dans danssons nos cheveux, sa marche tant sa et odeurs, couleurs) peine est grande. mentales Il sait ce(souvenirs, sensations, qu’il manque car ilimpressions). Toutes ces voit les paysages avecchoses sont soit ses yeux mais éphémères, soit aucune il n’y prête restent dans nos esprits ou même sur notre corps (une égratignure qui laisse une cicatrice attention (« et je ne verrai ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers par exemple). Chez Victor Hugo, Rien ne semble l’atteindre dans sa marche tant sa peine est Harfleurgrande. »). Il aIl sait unececonscience qu’il manque carplusil voit aigules de son avec paysages corpsseset demais yeux sonil n’y attitude, comme un prête aucune renfermement attention sur (« etlui-même je ne verrai (« ni le l’ordos courbé, du soir les ni qui tombe, mains croisées les voiles au loin»). Son cheminement descendant vers jusqu’à Harfleur la tombe»). Il de a unesa conscience fille est plusun aigu recueillement. de son corpsCheminer peut être et de son attitude, uneunpériode comme renfermement d’ouverture, sur lui-même de découverte, avec(« le desdossens courbé, en les éveilmains ; oucroisées tout »). au Son cheminement contraire un moment jusqu’à la tombe de sa fille est un recueillement. Cheminer peut être une période d’intériorisation, suivre juste la cadence de nos pas qui nous emmène vers un but précis. d’ouverture, de découverte, avec des sens en éveil ; ou tout au contraire un moment Mais dans les deux cas,suivre d’intériorisation, nousjuste collectons la cadencedesdesouvenirs nos pas quiet nous nousemmène percevonsvers les un choses. but précis. Mais dans les deux cas, nous collectons des souvenirs et nous percevons les choses. Demain, dès l’aube… Permet de comprendre l’importance de notre propre émotion et de Demain, notre corps dansdèslal’aube… Permet de perception de comprendre la marche. l’importance de notre Lorsque l’on propre parcourt unémotion et de paysage, nos sens notre corps dans la perception de la marche. Lorsque l’on parcourt un paysage, nos sens sont affectés par notre état mental et physique et ce que nous en retenons est propre à sont affectés par notre état mental et physique et ce que nous en retenons est propre à chacun, chacun, et à chaque situation. et à chaque situation. La description précise La description de son précise attitude de son attitudenous nous permet permet dedepercevoir percevoir le paysage le paysage à travers à travers son son émotionémotion et sa position et sa position physique. physique. Le Le paysageen paysage en est estd’autant d’autantplus précis plus et palpable. précis et palpable. Les vers de Victor Hugo, par le déni de voir le paysage, le mettent encore davantage en Les vers de Victor Hugo, par le déni de voir le paysage, le mettent encore davantage en valeur. valeur.
Florian HEROUT L'Élasticité (Elasticità en italien) est une huile sur toile carrée d'un mètre de côté d'Umberto Boccioni réalisée en 1912. Représentant un cavalier sur sa monture assez clairement reconnaissable, il s'inscrit dans le mouvement futuriste et utilise des techniques de représentation propre à cette période et ce mouvement artistique italien. Le mouvement est palpable grâce à la superposition de différents « moments » du mouvement, comme par le collage des différentes phases d'une chronophotographie au même point. Lorsque j'ai vu ce tableau au Museo del Noveciento à Milan, j'avais 16 ans et je commençais à trouver l'art italien foutrement chiant (ce genre de thèse tranchée que l'on ne soutient qu'à 16 ans). Après l'art classique, les débuts du futurisme ne m'inspiraient guère plus et je me demandais pourquoi tant de monde s'échinait à l'hyper-réalisme avec autant de zèle pour ne provoquer en moi qu'ennui. La peinture moderne que j'avais vue dans d'autres musées m'était souvent cryptique et je commençais doucement à être simplement blasé par les musées. En entrant dans la sale de l'Elasticità, j'ai soudainement eu le tournis devant ces toiles qui faisaient un bond du classique vers le moderne. L'impression de mouvement qui s'en émanait m'a fasciné et je me suis retrouvé à disséquer visuellement les mouvements du cheval et de son cavalier. Avec le recul, j'aime d'autant plus cette œuvre qu'on y aperçoit le paysage en train de changer lui- aussi. Par son mouvement, l'homme et le cavalier font ployer la réalité, le sabot tourne et broie en sable fin le sol sous lui. La campagne change, se modifie, comme si c'était un timelapse de plusieurs années. Le monde est fluide. S'il ne m'échappait pas, dès 16 ans, que le mouvement futuriste était guidé par une certaine vision de l'homme sur Terre (l'homme façonnant le monde, l'humain comme puissance brute domptant les énergies pour asservir/ aplanir la réalité), les procédés techniques mis en œuvre et la réalisation finale me saisissaient comme étant « justes » : une adéquation entre la fin et le moyen. Florian Hérout Umberto BOCCIONI - Elasticita . 1912
à l'hyper-réalisme avec autant de zèle pour ne provoquer en moi qu'ennui. La peinture moderne que j'avais vue dans d'autres musées m'était souvent cryptique et je commençais doucement à être simplement blasé par les musées. En entrant dans la sale de l'Elasticità, j'ai soudainement eu le tournis devant ces toiles qui faisaient un bond du classique vers le moderne. L'impression de mouvement qui s'en émanait m'a fasciné et je me suis retrouvé à disséquer visuellement les mouvements du cheval et de son cavalier. Avec le recul, j'aime d'autant plus cette œuvre qu'on y aperçoit le paysage en train de changer lui- aussi. Par son mouvement, l'homme et le cavalier font ployer la réalité, le sabot tourne et broie en sable fin le sol sous lui. La campagne change, se modifie, comme si c'était un timelapse de plusieurs années. Le monde est fluide. S'il ne m'échappait pas, dès 16 ans, que le mouvement futuriste était guidé par une certaine vision de l'homme sur Terre (l'homme façonnant le monde, l'humain comme puissance brute domptant les énergies pour asservir/ aplanir la réalité), les procédés techniques mis en œuvre et la réalisation finale me saisissaient comme étant « justes » : une adéquation entre la fin et le moyen. Florian Hérout
Manon QUEMENER Dans son oeuvre, Guy Debord se base sur la « psychogéographie » vu comme « l’étude des lois exactes et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus ». Il évoque aussi la notion de dérive qui est « indissolublement liée à la reconnaissance d’effets de nature psychogéographique et à l’affirmation ludique-constructif, ce qui l’oppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade ». Pour démontrer ces deux idées, Guy Debord réalise « The Naked City » à travers des morceaux cartographiques (collage de plan) raccrochés par des connecteurs (flèches rouges). Ces connecteurs sont pour lui des signes de déambulations d’un personnage à travers un trajet. Au nord ouest, on observe que le vecteur du sujet est direct, prédéfini, tandis qu’au centre, il fait des allés-retours ou emprunte de nouveaux trajets en passant par des trajectoires indirectes. On peut facilement raccrocher cette oeuvre au livre Zones écrit par Jean Rolin. Ce livre raconte l’histoire qu’un personnage dans Paris. Il aborde sa déambulation dans une ville qu’il connait déjà, en l’appréhendant avec un nouveau regard, analysant chacun des usages des différentes « zones » de la ville. Il met en avant des situations observées, des basculements, des scènes ordinaires ou non de ces lieux de passages où se croisent ceux qui y vivent. Ainsi, Guy Debord et Jean Rolin mettent tous deux en avant la pratique déambulatoire dans l’environnement quotidien comme exercice analytique. On peut affirmer qu’il y’a deux manières d’effectuer un trajet. Il y’a le trajet efficace, rationnel, mesuré et direct et il y’a le trajet anodin, sensible, gourmand et flaneur. Le premier a comme unique but le déplacement d’un corps, qui est le notre, d’un point A à un point B de manière optimisée, en un minimum de temps. Le deuxième est une démarche de déambulation à part entière et nous affirmons que cela implique une ouverture du corps à l’espace, ainsi qu’une temporalité nouvelle. La déambulation, procédé plastique et vecteur indirect, est une introspection mentale autant qu’une extrospection physique. Manon Quéméner DEP2 Guy DEBORD - Naked city . 1957
Etienne-jules Marey Alberto Giacometti Chronophotographies L’homme qui marche II Laurent Malone et Adams Denis Solnit Rebecca Marche de Manhattan L’art de marcher Abraham Poincheval Etude pour marcher sur la canonnée nuageuse Jean Rolin Gianni Pettena Wearable chairs Zones Walser Robert La promenade Guy Debord - The Naked City Francis Alys The green line Henry David Thoreau Marcher Francis Alys Gabriel Orozco Magnetic shoes Pierre qui cede Jeremy Wood My ghost, sixteen years of London Stanley Brouwn This way brouwn Franck Scurty Luc Ferrari Street credibility Presque rien n°2 Virginia Woolf Au hasard des rues Manon Quéméner DEP2
Léonard CHAUMONTET Léonard Chaumontet Léonard Chaumontet Vitto Acconci Following piece, 1969 Avant-propos Vitto Acconci V. Acconci est un artiste et architecte américain, il a créé Following piece, une performance qui consiste à l’application d’un procédé simple: suivre la première personne qu’il rencontre dans Following la rue en sortantpiece, de chez lui1969 et en apporter un témoignage photographique puis écrit, jusqu’à ce que la «proie» rentre dans un lieu privé. L’Homme préhistorique était un grand migrateur c’est ce qui lui a permis d’habiter les continents. Toutefois la marche n’est Avant-propos pas naturelle chez lui puisqu’à l’inverse de nombreux animaux qui naissent sur leurs pattes, il lui faut apprendre le geste. S’il n’avait pas cet apprentissage il serait probablement courbé et davantage au contact du sol, or il me semble que pour l’ours ou le gorille (j’ai le V. Acconci début estdeun2001, artiste et architecte l’Odyssée américain, de l’Espace en tête) fait Following il alecréé de se mettre piece sur, ces unedeux performance pattes à unqui consiste rôle à l’application d’intimidation sur und’un procédéou l’aide adversaire simple:àsuivre la première personne qu’il rencontre dans la rue en sortant de chez lui et en apporter un témoignage photographique atteindre les hauteurs. La marche est donc apprise et entretien un rapport avec la Culture ce qui explique - je pense - sa place dans puis écrit, jusqu’à ce que la «proie» rentre dans un lieu privé. l’Art. L’Homme préhistorique était un grand migrateur c’est ce qui lui a permis d’habiter les continents. Toutefois la marche n’est pas naturelle chez lui puisqu’à l’inverse de nombreux animaux qui naissent sur leurs pattes, il lui faut apprendre le geste. S’il n’avait pas cet apprentissageNotre bipédie, il serait par essence, probablement relève de courbé et davantage la aussi au contact du sol,laorforce il me de la marche semble que pouràl’plusieurs (manifestations ours ou le gorille (j’ai le début de 2001, l’Odyssée de l’Espace personne donc de l’individualité propre et l’action militantes, marches militaires...) en brisant l’aide en tête) le fait de se mettre sur ces deux pattes à un rôle d’intimidation sur un adversaire ou la marche à atteindre qui les hauteurs. la engendre La marche marche estrelève donc apprise de notre et entretien volonté, un elle rapportsolitaire. avec la Culture ce qui explique Sa marche - je pense a lui détient un- saaspect place dans d’analyse l’Art. est porteuse d’énormément de liberté comme de du déplacement, presque sociale et géographique. Il l’immense fatalité de la condition humaine. ne peut pas complètement se livrer à leur volonté, NotreCebipédie, que je trouve singulier dans le travail de carforce par essence, relève de la aussi la de la marche il anticipe à plusieurs (manifestations les mouvements de l’étranger et les personne donc de l’individualité propre et l’action militantes, marches militaires...) V. Acconci c’est qu’il il implique son corps comme siens également. Alain Berthoz parle de en brisant la marche sixième sens, médium pour toucher l’expérience vécue par la celui du mouvement, que notre corps d’analyse qui engendre la marche relève de notre volonté, elle solitaire. Sa marche a lui détient un aspect entier anticipe est porteuse personned’équ’il normément suit afin dede liberté comme questionner de et d’ du déplacement, étudier afin d’établirpresque sociale sur un contrôle et géographique. Il son environnement. l’immense fatalité de sa pratique de lal’econdition space newhumaine. yorkais. Cela exige ne de peutOr pas complètementet sela livrer le déplacement à leur manière dont volonté, il est vécu Ce que je trouve singulier dans le travail de car il anticipe les mouvements de prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre sont une part importante du métier de paysagiste l’ é tranger et les et V. Acconci c’ e st qu’il il implique son corps comme siens également. Alain Berthoz parle démarche. Et en élargissant le propos, il interroge l’anticipation est capitale pour tout concepteur. de sixième sens, médium pour toucher l’expérience vécue par la celui du mouvement, que notre corps entier anticipe personne qu’il suit afin de questionner et d’étudier afin d’établir un contrôle sur son environnement. sa pratique de l’espace new yorkais. Cela exige de Or le déplacement et la manière dont il est vécu prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre sont une part importante du métier de paysagiste et démarche. Et en élargissant le propos, il interroge l’anticipation est capitale pour tout concepteur. Vitto ACCONCI - Following piece . 1969
est porteuse d’énormément de liberté comme de du déplacemen l’immense fatalité de la condition humaine. ne peut pas co Ce que je trouve singulier dans le travail de car il anticipe V. Acconci c’est qu’il il implique son corps comme siens également médium pour toucher l’expérience vécue par la celui du mouve personne qu’il suit afin de questionner et d’étudier afin d’établir u sa pratique de l’espace new yorkais. Cela exige de Or le déplacem prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre sont une part i démarche. Et en élargissant le propos, il interroge l’anticipation es
Maxime AYOUB BONNET ‘Richard Long, la marche comme outil de création’ Maxime BoAy, confiné à Versailles, 20 mars 2020 En ces temps ou nous sommes conduit à penser à nos souvenirs, j’ai choisi de vous parler de Richard Long car cette oeuvre m’a rappelé un travail réalisé sans consigne, si ce n’est instinctive, lors d’un voyage en Ecosse au printemps dernier. Richard Long explore les relations entre le temps, la distance, la géographie et la mesure en expérimentant la marche en tant qu’art. Il dit « Ces marches ont été enregistrées ou décrites dans mon œuvre de trois façons - cartes, photographies ou textes - en utilisant la forme la plus appropriée à chaque idée. Toutes ces formes nourrissant l'imagination, sont une sorte de distillation de l'expérience. Marcher m'a également permis d'étendre les limites de la sculpture, qui du coup possédait le potentiel d'être déconstruite dans l'espace, le temps de ces longues marches. La sculpture pouvait maintenant s'intéresser au lieu autant qu'au matériau et à la forme ». Par son travail Long permet la mise en lumière d’espaces composants des paysages. Parfois il créer ces espaces sur des lieux auparavant insignifiants, d’autre fois il s’appui sur l’imaginaire ou encore les limites visibles ou administratives des sites. Je pense notamment à ‘Circle in Alaska’ de 1977. Cette photographie est le fruit d’un voyage avec l’artiste Hamish Fulton; arrivés à Fairbanks pour prendre un avion pour le nord de l’Alaska, la fille qui tenait la billetterie leur a conseillé de se rendre sur la côte ouest, proche du cercle polaire. Le hasard venait de guider leur marche, cette dernière aboutissant à une danse de pas pour rassembler ces pierres en cercle. Circle in Alaska, R. Long, photographie, 1977 Nest of buoys, M. BoAy, photographie, 2019 Je mets ici en lien ‘Nid de bouées’ car les codes de ces photographies sont similaires. Un élément, fruit d’un effort humain, qui est dessiné par la récolte d’objets trouvés localement (ici du bois flotté, des algues et des bouées de balisage). La création de cette forme éphémère (détruite le lendemain par une tempête) sert à montrer un paysage aux éléments incontrôlables par l’Homme. L’objet posé est intriguant et rappelle le geste, la photographie le rend éternellement figé. Richard LONG - Circles in Alaska . 1977
Un cercle de brume, Richard Long Ecosse, 1986 Gyrovague le voyage invisible, Abraham Poincheval Italie, 2011 The Ombrellas, Christo et Jeanne Claude, Los Angeles, 1991 Manhattan Cinétisation, Pol Bury New-york, 1964 Les cabanes de nos grands- parents, Nicolas Henry, Actes Sud, 2011 L’Homme qui marche, Jirô Taniguchi Japon, 1995
La marche. Richard Long utilisait ce qui se trouvait sur son chemin pour en dessiner de nouveaux. Abraham Poincheval quand à lui se servait de sa caméra/maison pour lui permettre de longues marches tout en créant un repère avec cet objet roulant non identifié. Christo et Jeanne Claude quand à eux symbolisait leurs marches en dispersant des milliers de parasols unicolores. Cela connectait visuellement des points distancés de plusieurs kilomètres et même des pays en simultanés (États-Unis et Japon en septembre 1991). Pol Bury, dans les années 60 expérimente les aléas du mouvement dans la photographie. Cela lui permet de faire passer l’émotion qu’il ressentait en découvrant le paysage en marchant. Nicolas Henry a accompagné Yann Arthus-Bertrand lors de son projet 6 milliards d’autres, il retrace ainsi une marche dans plusieurs pays par le biais de photographies des personnes rencontrées et auxquelles il a demandé de rassembler leurs effets personnels pour les mettre en scène. Jirô Taniguchi a osé quand à lui proposer un manga de 220 pages dans lequel très peu de texte apparait. Pour lui, faire marcher son personnage dans les rues de Tokyo avec une absence de verbe pousse le lecteur à changer de rythme et prendre son temps. Cet homme, dont on ne sait presque rien met en scène le monde qui nous entoure en montrant l’insignifiant, le non important, ce que l’on ne voit plus dans la vie quotidienne. En ce jour particulier toutes ces œuvres me donne envie de sortir, de marcher sans but si ce n’est de voir l’extraordinaire dans l’ordinaire.
L’ART DE LA MARCHE Gabrielle REPIQUET « Great Wall Walk » une performance de Marina Abramovic et Ulay pour le film de Jung Chang. Partis de chaque extrémité de la grande muraille de Chine, ces deux amants vont à la rencontre l’un de l’autre pour se dire adieu à mi-chemin, 90 jours de marche plus tard. Ce film restitue l’effort accomplit et les émotions qui émanent d’une telle performance. Ici, la marche met en inertie le corps, qui n’a plus qu’à se laisser guider par le tracé de la muraille, le but à atteindre devient une aspiration forte qui empèche de reculer devant la grandeur de l’effort à fournir. La marche conduit à une observation attentive, à une description fine des paysages traversés, au récit des personnes rencontrées. Mais cette marche en quelque sorte semble «forcée», laissant peu de place à la curiosité d’un détour ou d’un imprévu, finalement bien éloigné d’une tentative d’aprentage d’un site. Mais se laisser guider par des tracés existants pourrait être une façon intéréssante d’appréhender un site. La marche, et particulièrement dans ce contexte révèle les aléas de la topographie, parfois lissée par d’autres modes de déplacement, ou par l’observation statique, elle permet d’appréhender par l’intermédiaire du corps les volumes et les reliefs d’un paysage. Là aussi, le corps devient une unité de mesure fiable, donnant une idée des dimensions de chaque élément du paysage traversé. La vitesse quant à elle, semble s’ajuster naturellement en fonction du contexte, elle peut être consciemment modifiée, mais permet de réaliser le rythme de son environnement . « Durant cette marche, l’un comme l’autre ont la sensation d’effectuer une initiation: Marina Abramovic ressent le bonheur d’une libération, Ulay, une impression de perfection, de se fondre dans le passé, le présent et le futur, et de ne faire plus qu’un avec la muraille». C’est une des raisons principales qui m’a poussé à faire ce choix. Si cette «oeuvre» fait réfléchir à la marche comme un outil d’appréhension et d’analyse d’un paysage, elle révèle surtout la marche comme un vecteur d’expérience de paysage : un processus physique, mécanique, chimique, poétique, ... qui permet une introspection im- portante et stimule l’imaginaire, encourage la rencontre, parfois brève, tandis qu’elle procure sentiment d’appartenance au monde qui semble intemporel. Gabrielle Repiquet, page 1/2 Marina ABRAMOVIC & ULAY - Great Wall Walk . 1988
Etienne Jules Marey et Georges Demeny - Etude expérimentale de la locomotion humaine 1880 Le pas, mouvem l’action répéti ent humain, tive de la mar che, Etienne Jules Marey - Chronophotographies l’inertie du cor ps dans l’espa ce 1900 Abscence du paysage traversé durant la marche, il reste à imaginer Auguste Rodin - L’homme qui marche ou n’a pas d’importance ... obstacle Marcel Duchamp - Nu descendant un escalier n°2 Sentimen t d’un , à gravir ène du corps sc mise en as cension, dans l’ ct mé canique aspe 1920 1940 r, La Guy Debord - The naked city u pa lig id nd e, te y n tr sag e d gu co èr e uc ac e e, e ma mai arc té s m he Alberto Giacommetti - L’homme qui marche II e l ep mm fi r 1960 co e te ri a fo e mm ar el c le ont rmé ag co c in rar e p ys e de si io, ar tu la pa ign ce l de ’in mu Richard Long - A line made by walking le a l cen so div rai n i ll l bs pa du e Giani Pettena - Wearable chairs A ss n d ag e l ans e ai ss le e pa s l’énergie d’une marche collective, de la poésie d’une marche solitaire L’échelle du pas, l’échelle de la jambe le rapport à l’effectif 1980 le gigantesque Marina Abramovic et Ulay - Great wall walk Francis Alys - Magnetic shoes Willian Kentridge - Shadow procession 2000 ce, L’expérien Francis Alys, The Green line sée la traver : mesurable l’effort stance r la du rée, la di Quel lien entre émotions et tra- pa jectoires quand le parcours est déjà guidé ? Dominique Castell, Vers Cythère 2020 Gabrielle Repiquet, page 2/2
Nora ABBIH « La ville est le terrain véritablement sacré de la flânerie. » Walter Benjamin Les Sorties de bureau Valérie Jouve, 1998-2002 Les Personnages, Valérie Jouve J’ai choisi d’analyser ce concept de « la marche » en confrontant deux travaux photographiques issus de l’ exposition « Corps en résistance » de Valérie Jouve, exposition que j’ai découvert en 2015 au Jeu de Paume à Paris. Avec cette photographie, Valérie Jouve interroge la capacité de notre corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine, comme le pensent les situationnistes tel que Guy Debord ou Mustapha Khayati. Cette résistance est extériorisée à travers le processus de la marche. En effet, cette photographie issue d’une série Les Personnages, met en scène un personnage qui déambule sur le goudron d’une route. Même si cet homme baisse la tête, il semble tout à fait conscient des perceptions que la marche lui procure. Il se concentre sur la manière dont il marche, sur son rythme : il regarde son pied avant immobile alors que son autre jambe derrière est en pleine action. Plus que cela, il semble intellectua- liser ces perceptions en modifiant la rapidité de sa marche selon ses pensées. Comme s’il avait besoin de ralentir pour mieux réfléchir ou bien comme si la marche lui permettait de dénouer progressivement le fil de sa pensée. La marche de la série Sortie de bureaux est différente : les personnages sont isolés, vêtues de costards-cravates et marchent d’un pas plus rapide, la tête redressée. Leur marche est juste utilitaire, répétée, inconsciente. Les sortant de leur contexte, l’artiste souligne l’incroyable normalisation de leurs comportements. Leur manière de marcher favorise un décalage entre leur corps passif, détaché et leur esprit qui semble être encore à l’intérieur de leur lieu de travail. Au contraire, l’homme de la première photographie avance lentement, la tête baissé, et son buste est légèrement penché en avant. Un autre détail le diffère des autres personnages : ces mains dans ses poches. Elles ne possèdent aucun objet, faisant référence au monde du travail (sac à main). Cela renforce l’idée d’introspection que la marche peut procurer. Contrairement aux autres personnages, il semble conscient de sa propre existence, de sa propre finitude et apparaît comme placé seul face au monde, condamné à être libre, libre de marcher là où la marche l’emmènera, même sur une route. Comme L’Homme qui marche de Giacometti, ce personnage, qui vit pleinement le moment présent, peut être associé à une figure de l’existentialisme. Nous voyons bien qu’ici la marche est une démarche, une posture, une manière d’ « apercevoir » le monde. D’ailleurs les situationnistes considèrent que la déambulation doit s’accomplir en ville car c’est une manière de détourner le quotidien pour échapper à notre « société de contrôle » (Deleuze). Cet homme, justement, détourne l’utilisation habituelle de la route (réservé aux voitures et à la vitesse) en un lieu de flânerie. De plus, il paraît complètement détaché de la vie urbaine en mouvement, soulignée dans l’arrière plan grâce aux grands im- meubles blancs et au chantier en construction. Valérie Jouve confronte ce personnage avec son environnement urbain grâce à la superposition des plans mais aussi grâce à une frontière (barrière opaque jaune) qui sépare l’arrière plan (le paysage péri-ur- bain) et cet homme qui marche dans son espace introspectif (la route). Nous avons la sensation qu’il cherche à se détacher, à s’arracher de son environnement, du bruit de la ville pour investir un nouvel espace. Dès lors, il ne se situe pas dans la même temporalité du monde urbain (si rapide) comme si le chantier derrière lui aurait terminé avant qu’il ne pose son autre jambe. Cette marche lui permet de se projeter pour « habiter poétiquement le monde » (Heidegger). A travers cette photographie, l’ar- tiste saisit un corps dans son environnement social colonisé par l’urbanisation. Le milieu ordonné, fonctionnalisé du centre urbain résonne avec cet espace périphérique, en transition où marche cet homme. Ces deux travaux photographiques nous permettent de réfléchir sur l’uniformisation de nos modes de vies, le rapport que nous entretenons à la ville et au territoire, notre manière d’habiter mais également notre manière d’exister au monde. La Valérie Jouve - Les Sorties de bureau, puissance de la figure, sa force de résistance tient alors à la singularité de sa présence, à sa manière d’être indépendamment de son statut ou de son origine sociale. Debout dans le cadre, cet homme est animé d’une énergie vitale, l’ énergie de la marche. Les Personnages . 1998-2002 Cette marche et démarche de cet homme lui permettent de se retrouver, de se situer par rapport au monde environnant et vivre une expérience mentale, corporelle qui favorise l’introspection. Enfin, cet état d’éveil fait vibrer en nous des émotions, des parties cachés. Marcher, c’est se remémorer, prendre conscience de
urbain résonne avec cet espace périphérique, en transition où marche cet homme. Ces deux travaux photographiques nous permettent de réfléchir sur l’uniformisation de nos modes de vies, le rapport que nous entretenons à la ville et au territoire, notre manière d’habiter mais également notre manière d’exister au monde. La puissance de la figure, sa force de résistance tient alors à la singularité de sa présence, à sa manière d’être indépendamment de son statut ou de son origine sociale. Debout dans le cadre, cet homme est animé d’une énergie vitale, l’ énergie de la marche. Cette marche et démarche de cet homme lui permettent de se retrouver, de se situer par rapport au monde environnant et vivre une expérience mentale, corporelle qui favorise l’introspection. Enfin, cet état d’éveil fait vibrer en nous des émotions, des parties cachés. Marcher, c’est se remémorer, prendre conscience de soi et naturellement s’incliner vers un temps méditatif. La marche nous permet de se créer un « Jônen no kihon kûkan » ce qui veut dire « espace fondamental des émotions » comme le souligne Tadao Ando.
Alexandre CHARTON L’inconnus des grands horizons: Laurent Tixador /Abraham Poincheval «Du 1er octobre au 17 décembre 2002, Laurent Tixador et Abraham Poincheval, munis d’une simple boussole, ont entrepris de relier Nantes à Metz via Caen en ligne droite. Un voyage contemporain où l’on découvre que les grands horizons inconnus sont au bout de la rue. Un voyage hors des chemins tracé où les obstacles ne sont plus les fleuves et les montagnes mais les autoroutes et les stations service. Le journal de bord de cette traversée s’inscrit dans la grande tradition du récit d’aventure et du roman picaresque» ( extrait de l’editeur du journal de bord) En réalisant ce dessein sans se munir de carte géographique avec pour unique instrument la bous- sole, soit comme seul repère les champs magnétiques de la Terre, à tatton ils traversent les limites et frontières définit par les infrastructures modernes. Ils (re)(dé)constuisent les paysages. Je trouve leur pratique comparable à celle du paysagiste concepteur car ils font apparaitre le ter- ritoire comme un élément plastique, il requestionne notre relation à la réalité dans un monde mo- derne hyper cartographié où les limites sont toujours nettes. Ils font à mon sens projet en redonnant de la porosité à ces limites qui prennent une épaisseur par l’effort de la marche, où cette expérience de survivalisme gagne une autre temporalité. J’aime aussi ce bricollage, ces allers-retours avec le terrain qui sont enrichis par ce qu’ils rapportent, ces objets récupérés,souvent délaissés, digérés par les différents territoires qu’ils traversent. Body art The lovers, the great wall walk. Abramovic Psychogéographie The nacked city. Debord L’inconnus des Transurbance grands horizons survivalisme the Survivor's Primer. Abraham POINCHEVAL, Laurent DonTIXADOR Stephens, 1976- L’inconnu Stalker des grands horizons . 2002 architecture déconstructiviste architecture and limits, Tschumi, 1980
«Du 1er octobre au 17 décembre 2002, Laurent Tixador et Abraham Poincheval, munis d’une simple boussole, ont entrepris de relier Nantes à Metz via Caen en ligne droite. Un voyage contemporain où l’on découvre que les grands horizons inconnus sont au bout de la rue. Un voyage hors des chemins tracé où les obstacles ne sont plus les fleuves et les montagnes mais les autoroutes et les stations service. Le journal de bord de cette traversée s’inscrit dans la grande tradition du récit d’aventure et du roman picaresque» ( extrait de l’editeur du journal de bord) En réalisant ce dessein sans se munir de carte géographique avec pour unique instrument la bous- sole, soit comme seul repère les champs magnétiques de la Terre, à tatton ils traversent les limites et frontières définit par les infrastructures modernes. Ils (re)(dé)constuisent les paysages. Je trouve leur pratique comparable à celle du paysagiste concepteur car ils font apparaitre le ter- ritoire comme un élément plastique, il requestionne notre relation à la réalité dans un monde mo- derne hyper cartographié où les limites sont toujours nettes. Ils font à mon sens projet en redonnant de la porosité à ces limites qui prennent une épaisseur par l’effort de la marche, où cette expérience de survivalisme gagne une autre temporalité. J’aime aussi ce bricollage, ces allers-retours avec le terrain qui sont enrichis par ce qu’ils rapportent, ces objets récupérés,souvent délaissés, digérés par les différents territoires qu’ils traversent. Body art The lovers, the great wall walk. Abramovic Psychogéographie The nacked city. Debord L’inconnus des Transurbance grands horizons survivalisme the Survivor's Primer. Stalker Don Stephens, 1976 architecture déconstructiviste architecture and limits, Tschumi, 1980
Thea MCENZIE Hamish FULTON Walking journey Depuis le début des années 1970, Hamish Fulton (né en 1946) est labellisé sculpteur, photographe, artiste conceptuel et artiste du Land. Fulton, cependant, se caractérise comme un «walking artist ». Il est devenu l'un des artistes à commencer à explorer de nouvelles formes de sculpture et d'art du paysage. Une caractéristique centrale de leur pratique était un engagement physique direct avec le paysage. Il était encouragé à penser que l'art pouvait être «comment vous voyez la vie», et pas nécessairement lié à la production d'objets. Inspiré par les cultures américaines et les pratiques de méditation bouddhiste, Fulton a marché dans plus de 25 pays au cours des 30 dernières années, y compris des voyages sur les sommets du mont Everest et de Denali. Les techniques de photographie et d'écriture et les croquis sont ses outils pour capturer ses pensées et ses impressions pendant la marche et plus tard ces mots se transforment en un morceau de marche dans lequel le but ou le sentiment de la marche prend une plus grande signification, faisant allusion à la notion que la nature existe aujourd'hui dans le domaine des aspects sociaux, politiques et économiques de notre vie quotidienne. En même temps, Fulton veut souligner sa proximité avec la nature, contrairement à l'aliénation, et ouvrir la voie à une expérience multiculturelle Bien que cette approche puisse être considérée comme «conceptuelle». l'artiste préfère appeler ce qu'il fait «Land Art». Cependant, le terme «Earth Art» est généralement compris comme le travail des artistes, tandis que le terme «Land Art» est plus lié à l'architecture et au design. L'utilisation par Fulton du terme «walking artist» suggère qu'il ne montre aucune trace d'une intervention par rapport à ce qu'il fait autre que de s'engager avec le paysage pendant le processus et le temps où il est là Fulton: «Si je ne marche pas, je ne peux pas faire une œuvre d'art» ou «pas de marche, pas de travail». «L'implication physique de la marche crée une réceptivité au paysage. Je marche sur la terre pour être tissé dans la nature. Une promenade sur la route peut transformer le monde quotidien et donner un sens accru à l'histoire humaine. » MCKENZIE Thea Hamish FULTON - Walking journey . 2002
L’art de la marche, de l’atelier à l’action in situ Mathias GOUTELLE Regina Jose Galindo Who can erease the traces ? (2003) Quand la marche s’engage politiquement : La marche pour remémorer le passé douloureux d’un pays, les agissements honteux d’un homme qui souhaite de nouveau l’accession au pouvoir. Dans sa démarche Regina Jose Galindo s’engage politiquement de manière ferme. Dans cette performance réalisée en 2003, Regina jose Galindo marche pieds nus dans les rues de Gua- temala en raliant différents lieux de pouvoir dans la ville. Tout au long de sa marche l’artiste porte un récipient remplis de sang humain dans lequel elle trempe ses pieds. Les traces de ses pas ensanglantés sur le sol rendent visible l’invisble, ce qu’il reste de l’interraction entre nous et les sols lorsque nous marchons mais surtout d’ates passés qui ne doivent être oubliés. Le sang représente le sang des peuples indigènes massacrés par l’ancien président José Efrain Rios Montt qui souhaite de nouveau accéder au poste de président de la république. Les traces de sang représentent ces êtres humains massacrés mais aussi l’histoire d’un pays qui semble parfois s’éloigner où faire marche arrière sur des événements déjà vécu. Ce travail s’engage de manière poignante à l’image de nombreux travaux de cette artiste. La question de l’histoire, ce qu’il nous reste sur un site en tant qu’aménageur découle également de ce travail. Est ce que parfois la «tabula rasa» s’impose quand le passé est trop lourd ou alors devons nous systématique- ment aménager de manière palimpste en révélant subtilement les traces d’un passé heureux ou parfois difficile comme c’est le cas au Guatemala. D’un point de vue paysager cela confirme que c’est en arpentant que l’on peut se rendre compte de la réalité qui plus est en marchant. La temporalité lente de la marche permet le dialogue, permet d’aborder les gens en provoquant des interractions ou en éveillant la curiosité. Cette performance évoque aussi en tant que futur paysagiste la notion de paysage politique, les grands change- ments du aux réformes, aux lois qui s’appliquent ont parfois de manière indirecte ou directe des répercussions sur le paysage . Souvent les stigmates restent tandis que les hommes passent. Regina Jose GALINDO - Who can erase the traces ? 2003
La marche pour ouvrir son regard La marche comme engagement Willian Kentridge Jean Jacques Rullier Tixador et Regina Jose Francis Alys Shadow proces- La promenade dans Pointcheval Galindo The green line sion 1999 les montagnes Journal d’une Who can erease 2004 2019 défaite, 2006 the traces ? 2003 Marche et protocole Francis Alys Marina Abramovic et Laurent Malone et Richard long, Magnetic shoes Ulay Great wall walk Adam Denis Marche de Line made by 1994 1988 Manhattan à JFK 1997 walking 1967 Marcel Duchamp Guy Debord Alberto Giacommetti Nu descendant un The naked city 1957 L’homme qui marche escalier n°2 1912 II 1960 Etienne Jules Marey Chronophotographies 1882 Décomposer la marche
LA MARCHE COMME OUTIL POLITIQUE Chloé VINCENT La marche est utilisée depuis longtemps par les hommes pour revendiquer leurs droits, résister ou encore désobéir. Derrière une marche peut se trouver un combat. Hamish Fulton, artiste marcheur, a justement exprimé la nécessité de « marcher contre quelque chose ou pour quelque chose ». J’ai voulu trouver un ou une artiste qui, à travers son acte artistique, a souhaité dénoncer un fait, évoquer un drame, alerter sur un dérèglement. Notre pratique de paysagiste est aussi liée à l’actualité, aux politiques en cours, qu’elles soient par exemple environnementales ou sociétales. Le positionnement politique du paysagiste se fera quant à lui souvent ressentir dans sa réponse à un projet car il est difficile d’aller à l’encontre de ses convictions person- nelles. Regina José Galindo, artiste performeuse Guatemaltaise, née en 1974, a utilisé la marche dans l’une de ses performances : Quien puede borrar las huellas ? (Qui pourra effacer les traces ?). Vêtue d’une simple robe noire et tenant un récipient, elle a marché pieds nus, trempant à intervalles réguliers son pied dans la bassine remplie de sang. Ainsi, elle a marché, laissant derrière elle des traces de sang sur les trottoirs parcourus. Son trajet a été pensé, elle a en effet choisi de passer devant la Cour constitutionnelle et le Palais National du Guatemala, des lieux représentant l’autorité du pays. Son action a pour but de dénoncer l’absence de punition des agents de l’Etat pour le génocide qu’ils ont commis au Guatemala. Lors de sa perfor- mance les citoyens guatémaltèques ont réagi de différentes manières : ils ne la regardaient pas, fuyaient son regard ou la vue du sang, étaient stupéfaits ou encore en colère. Ces différents comportements représentent la même passivité que celle observée face à la violence des faits. Ici le corps de Regina José Galindo et son itinéraire pensé, ont permis d’impacter directe- ment l’Etat par rapport aux horreurs commises. Le paysagiste peut aussi créer un itinéraire donnant à voir des éléments du paysage aux citoyens, des éléments donnant les caractéristiques de celui-ci qu’elles soient historiques, géologiques, esthétiques, environnementales… Le paysagiste a aussi pour rôle d’impacter la population sur le devenir de son territoire, tout en proposant des éléments de réponses qui pourront être débattus avec les différents acteurs. Regina Jose GALINDO - Who can erase the traces ? 2003
Laisser une trâce Richard Long - A line made by walking Francis Alys - The green line De vries herman - Journal from a visit to Leros and Patmos AGIR SUR LES LIEUX Agir par substitution Gabriel Orzco - Pierre qui cède Avec un élément fort Francis Alys - Magnetic shoes Hamish Fulton - Drapeau du Tibet Quien puede borrar las huellas ? DÉFENDRE UNE CAUSE Régina José Galindo Sans objet Farid L’Haoua - La marche des beurs Mohandas Karamchand Gandhi - La marche du sel Faits passés NE PAS OUBLIER Acteur de la performance Donner à voir Starlker - Transurbances Claire Renier - La rampe Laurent Malone et Adams Denis - Marche de Manhattan à JFK Fikret Atay - Theorists FAIRE RÉAGIR LE SPECTATEUR Prise de conscience Francis Alys - Magnetic shoes
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