L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ - Enseignementsartistiques-Histoiredel'art ...

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Enseignements artistiques - Histoire de l’art   DEP2 20.03.2020

L’art de la marche… de l’atelier à l’action in situ
L’art de la marche… de l’atelier à l’action in situ
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LA REGLE DU JEU

Vous partagerez la matinée en trois temps :

Temps 1- Prenez connaissance précisément des deux documents,
pour vous faire une bonne idée des thématiques et des propositions
artistiques.

Temps 2- Recherchez (dans votre documentation personnelle,
sur internet…) une œuvre qui aborde directement le thème de la
marche, et qui vous intéresse personnellement. Cette oeuvre pourra
être du 19e siècle, du 20e siècle, du 21e siècle, elle pourra utiliser
toute forme de langage artistique : arts plastiques, musique,
Wchorégraphie, littérature, poésie… Rédigez alors un texte (+ ou -
1500 signes) argumentant soigneusement l’intérêt que vous avez
trouvé à cette œuvre, en particulier en regard de vos pratiques du
paysage.

Temps 3- Dessinez un schéma, par exemple de type «diagramme»
ou «arbre généalogique» , qui reliera l’œuvre que vous avez choisie
à d’autres oeuvres, extraites des documents que nous vous avons
envoyés ou bien d’autres sources documentaires (arts plastiques,
littérature, musique …).

Rozenn Canevet & Olivier Marty
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Clothilde HENNION

              Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
              Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
              J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
              Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

              Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
              Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
              Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
              Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

              Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
              Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
              Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
              Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

              Victor Hugo, recueil « Les Contemplations »

              1856

Victor HUGO - Les Contemplations . 1856
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Lorsque nous marchons, nous sommes des catalyseurs de choses physiques (un chewing
gum sous la chaussure, des graines qui restent dans nos cheveux, sons odeurs, couleurs) et
mentalesVictor  Hugo - Demain,
            (souvenirs,            dès l’aube…
                            sensations,     impressions). Toutes ces choses sont soit éphémères, soit
restent dans
         Lorsquenos   esprits
                   nous         ou même
                          marchons,            sur notre
                                       nous sommes       des corps    (unedeégratignure
                                                              catalyseurs                    qui laisse
                                                                               choses physiques            une cicatrice
                                                                                                     (un chewing
par exemple).
         gum sousChez    Victor Hugo,
                    la chaussure,          Rien ne
                                    des graines    qui semble    l’atteindre
                                                       restent dans             danssons
                                                                       nos cheveux,    sa marche       tant sa et
                                                                                          odeurs, couleurs)     peine est
grande. mentales
          Il sait ce(souvenirs,  sensations,
                      qu’il manque       car ilimpressions).    Toutes ces
                                                 voit les paysages       avecchoses sont soit
                                                                                ses yeux   mais éphémères,    soit aucune
                                                                                                    il n’y prête
         restent dans nos esprits ou même sur notre corps (une égratignure qui laisse une cicatrice
attention (« et je ne verrai ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers
         par exemple). Chez Victor Hugo, Rien ne semble l’atteindre dans sa marche tant sa peine est
Harfleurgrande.
          »). Il aIl sait
                     unececonscience
                             qu’il manque carplusil voit
                                                     aigules de  son avec
                                                             paysages   corpsseset  demais
                                                                                 yeux    sonil n’y
                                                                                                attitude,    comme un
                                                                                                    prête aucune
renfermement
         attention sur
                    (« etlui-même
                           je ne verrai («
                                         ni le
                                            l’ordos    courbé,
                                                 du soir           les ni
                                                           qui tombe,    mains    croisées
                                                                           les voiles au loin»).   Son cheminement
                                                                                               descendant    vers
jusqu’à Harfleur
          la tombe»). Il de
                          a unesa conscience
                                   fille est plusun aigu
                                                       recueillement.
                                                             de son corpsCheminer         peut être
                                                                              et de son attitude,          uneunpériode
                                                                                                       comme
         renfermement
d’ouverture,               sur lui-même
                de découverte,          avec(« le
                                                desdossens
                                                         courbé,
                                                               en les
                                                                   éveilmains
                                                                          ; oucroisées
                                                                                 tout »).
                                                                                        au Son     cheminement
                                                                                             contraire      un moment
         jusqu’à la tombe de sa fille est un recueillement. Cheminer peut être une période
d’intériorisation, suivre juste la cadence de nos pas qui nous emmène vers un but précis.
         d’ouverture, de découverte, avec des sens en éveil ; ou tout au contraire un moment
Mais dans    les deux cas,suivre
         d’intériorisation,   nousjuste
                                      collectons
                                           la cadencedesdesouvenirs
                                                             nos pas quiet nous
                                                                            nousemmène
                                                                                  percevonsvers les
                                                                                                  un choses.
                                                                                                       but précis.
          Mais dans les deux cas, nous collectons des souvenirs et nous percevons les choses.
Demain, dès l’aube… Permet de comprendre l’importance de notre propre émotion et de
        Demain,
notre corps  dansdèslal’aube…  Permet de
                         perception     de comprendre
                                           la marche. l’importance de notre
                                                        Lorsque l’on        propre
                                                                      parcourt   unémotion et de
                                                                                    paysage,   nos sens
        notre corps dans la perception de la marche. Lorsque l’on parcourt un paysage, nos sens
sont affectés par notre état mental et physique et ce que nous en retenons est propre à
        sont affectés par notre état mental et physique et ce que nous en retenons est propre à
chacun, chacun,
        et à chaque     situation.
                et à chaque  situation.

La description  précise
        La description     de son
                        précise     attitude
                                de son  attitudenous
                                                 nous permet
                                                      permet dedepercevoir
                                                                   percevoir    le paysage
                                                                            le paysage        à travers
                                                                                        à travers son   son
émotionémotion   et sa position
         et sa position         physique.
                          physique.    Le Le  paysageen
                                           paysage   en est
                                                        estd’autant
                                                            d’autantplus précis
                                                                       plus     et palpable.
                                                                             précis  et palpable.
          Les vers de Victor Hugo, par le déni de voir le paysage, le mettent encore davantage en
Les vers de Victor Hugo, par le déni de voir le paysage, le mettent encore davantage en
        valeur.
valeur.
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Florian HEROUT

        L'Élasticité (Elasticità en italien) est une huile sur toile carrée d'un mètre de côté d'Umberto Boccioni
réalisée en 1912.

        Représentant un cavalier sur sa monture assez clairement reconnaissable, il s'inscrit dans le
mouvement futuriste et utilise des techniques de représentation propre à cette période et ce mouvement
artistique italien. Le mouvement est palpable grâce à la superposition de différents « moments » du
mouvement, comme par le collage des différentes phases d'une chronophotographie au même point.

          Lorsque j'ai vu ce tableau au Museo del Noveciento à Milan, j'avais 16 ans et je commençais à trouver
l'art italien foutrement chiant (ce genre de thèse tranchée que l'on ne soutient qu'à 16 ans). Après l'art classique,
les débuts du futurisme ne m'inspiraient guère plus et je me demandais pourquoi tant de monde s'échinait
à l'hyper-réalisme avec autant de zèle pour ne provoquer en moi qu'ennui. La peinture moderne que j'avais
vue dans d'autres musées m'était souvent cryptique et je commençais doucement à être simplement blasé
par les musées. En entrant dans la sale de l'Elasticità, j'ai soudainement eu le tournis devant ces toiles qui
faisaient un bond du classique vers le moderne. L'impression de mouvement qui s'en émanait m'a fasciné et
je me suis retrouvé à disséquer visuellement les mouvements du cheval et de son cavalier.

        Avec le recul, j'aime d'autant plus cette œuvre qu'on y aperçoit le paysage en train de changer lui-
aussi. Par son mouvement, l'homme et le cavalier font ployer la réalité, le sabot tourne et broie en sable
fin le sol sous lui. La campagne change, se modifie, comme si c'était un timelapse de plusieurs années. Le
monde est fluide. S'il ne m'échappait pas, dès 16 ans, que le mouvement futuriste était guidé par une certaine
vision de l'homme sur Terre (l'homme façonnant le monde, l'humain comme puissance brute domptant les
énergies pour asservir/ aplanir la réalité), les procédés techniques mis en œuvre et la réalisation finale me
saisissaient comme étant « justes » : une adéquation entre la fin et le moyen.
                                                                                              Florian Hérout

Umberto BOCCIONI - Elasticita . 1912
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à l'hyper-réalisme avec autant de zèle pour ne provoquer en moi qu'ennui. La peinture moderne que j'avais
vue dans d'autres musées m'était souvent cryptique et je commençais doucement à être simplement blasé
par les musées. En entrant dans la sale de l'Elasticità, j'ai soudainement eu le tournis devant ces toiles qui
faisaient un bond du classique vers le moderne. L'impression de mouvement qui s'en émanait m'a fasciné et
je me suis retrouvé à disséquer visuellement les mouvements du cheval et de son cavalier.

        Avec le recul, j'aime d'autant plus cette œuvre qu'on y aperçoit le paysage en train de changer lui-
aussi. Par son mouvement, l'homme et le cavalier font ployer la réalité, le sabot tourne et broie en sable
fin le sol sous lui. La campagne change, se modifie, comme si c'était un timelapse de plusieurs années. Le
monde est fluide. S'il ne m'échappait pas, dès 16 ans, que le mouvement futuriste était guidé par une certaine
vision de l'homme sur Terre (l'homme façonnant le monde, l'humain comme puissance brute domptant les
énergies pour asservir/ aplanir la réalité), les procédés techniques mis en œuvre et la réalisation finale me
saisissaient comme étant « justes » : une adéquation entre la fin et le moyen.
                                                                                              Florian Hérout
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Manon QUEMENER

   Dans son oeuvre, Guy Debord se base sur la « psychogéographie » vu comme « l’étude des lois
   exactes et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant
   directement sur le comportement affectif des individus ». Il évoque aussi la notion de dérive qui
   est « indissolublement liée à la reconnaissance d’effets de nature psychogéographique et à
   l’affirmation ludique-constructif, ce qui l’oppose en tous points aux notions classiques de voyage
   et de promenade ».

   Pour démontrer ces deux idées, Guy Debord réalise « The Naked City » à travers des morceaux
   cartographiques (collage de plan) raccrochés par des connecteurs (flèches rouges). Ces
   connecteurs sont pour lui des signes de déambulations d’un personnage à travers un trajet. Au
   nord ouest, on observe que le vecteur du sujet est direct, prédéfini, tandis qu’au centre, il fait des
   allés-retours ou emprunte de nouveaux trajets en passant par des trajectoires indirectes.

   On peut facilement raccrocher cette oeuvre au livre Zones écrit par Jean Rolin. Ce livre raconte
   l’histoire qu’un personnage dans Paris. Il aborde sa déambulation dans une ville qu’il connait
   déjà, en l’appréhendant avec un nouveau regard, analysant chacun des usages des différentes
   « zones » de la ville. Il met en avant des situations observées, des basculements, des scènes
   ordinaires ou non de ces lieux de passages où se croisent ceux qui y vivent.

   Ainsi, Guy Debord et Jean Rolin mettent tous deux en avant la pratique déambulatoire dans
   l’environnement quotidien comme exercice analytique. On peut affirmer qu’il y’a deux manières
   d’effectuer un trajet. Il y’a le trajet efficace, rationnel, mesuré et direct et il y’a le trajet anodin,
   sensible, gourmand et flaneur. Le premier a comme unique but le déplacement d’un corps, qui est
   le notre, d’un point A à un point B de manière optimisée, en un minimum de temps. Le deuxième est
   une démarche de déambulation à part entière et nous affirmons que cela implique une ouverture
   du corps à l’espace, ainsi qu’une temporalité nouvelle. La déambulation, procédé plastique et
   vecteur indirect, est une introspection mentale autant qu’une extrospection physique.

                                                                                 Manon Quéméner DEP2

Guy DEBORD - Naked city . 1957
L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ - Enseignementsartistiques-Histoiredel'art ...
Etienne-jules Marey
                                                                         Alberto Giacometti
  Chronophotographies                                                       L’homme qui
                                                                              marche II

                                                         Laurent Malone et Adams Denis
                     Solnit Rebecca                          Marche de Manhattan
                     L’art de marcher

            Abraham Poincheval
Etude pour marcher sur la canonnée nuageuse

                                                                Jean Rolin
                    Gianni Pettena
                    Wearable chairs                               Zones

                                                                                    Walser Robert
                                                                                    La promenade
                                Guy Debord - The Naked City

  Francis Alys
 The green line

                                                                              Henry David Thoreau
                                                                                    Marcher
           Francis Alys
                                                                  Gabriel Orozco
          Magnetic shoes
                                                                  Pierre qui cede

                                                                           Jeremy Wood
                                                                 My ghost, sixteen years of London
                   Stanley Brouwn
                  This way brouwn                                              Franck Scurty
                                         Luc Ferrari                          Street credibility
                                      Presque rien n°2

             Virginia Woolf
           Au hasard des rues
                                                                       Manon Quéméner DEP2
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Léonard CHAUMONTET

                                                                                                                                       Léonard Chaumontet

                                                                                                                               Léonard Chaumontet

                                                     Vitto Acconci
                                                                               Following piece, 1969

        Avant-propos                        Vitto Acconci
        V. Acconci est un artiste et architecte américain, il a créé Following piece, une performance qui consiste à l’application d’un procédé
        simple: suivre la première personne qu’il rencontre dans          Following
                                                                                la rue en sortantpiece,
                                                                                                    de chez lui1969 et en apporter un témoignage photographique
        puis écrit, jusqu’à ce que la «proie» rentre dans un lieu privé.
                     L’Homme préhistorique était un grand migrateur c’est ce qui lui a permis d’habiter les continents. Toutefois la marche n’est
Avant-propos
        pas naturelle chez lui puisqu’à l’inverse de nombreux animaux qui naissent sur leurs pattes, il lui faut apprendre le geste. S’il n’avait
        pas cet apprentissage il serait probablement courbé et davantage au contact du sol, or il me semble que pour l’ours ou le gorille (j’ai le
V. Acconci
        début estdeun2001,
                       artiste et architecte
                            l’Odyssée        américain,
                                       de l’Espace  en tête)      fait Following
                                                           il alecréé  de se mettre piece
                                                                                       sur, ces
                                                                                            unedeux
                                                                                                 performance
                                                                                                        pattes à unqui  consiste
                                                                                                                     rôle        à l’application
                                                                                                                          d’intimidation    sur und’un procédéou l’aide
                                                                                                                                                    adversaire
simple:àsuivre    la  première   personne   qu’il rencontre     dans   la rue  en  sortant   de chez   lui et en  apporter  un  témoignage    photographique
           atteindre les hauteurs. La marche est donc apprise et entretien un rapport avec la Culture ce qui explique - je pense - sa place dans
puis écrit,  jusqu’à ce que la «proie» rentre dans un lieu privé.
        l’Art.
           L’Homme préhistorique était un grand migrateur c’est ce qui lui a permis d’habiter les continents. Toutefois la marche n’est
pas naturelle chez lui puisqu’à l’inverse de nombreux animaux qui naissent sur leurs pattes, il lui faut apprendre le geste. S’il n’avait
pas cet apprentissageNotre      bipédie,
                           il serait         par essence,
                                     probablement                   relève de
                                                     courbé et davantage              la aussi
                                                                                 au contact   du sol,laorforce
                                                                                                           il me de   la marche
                                                                                                                  semble  que pouràl’plusieurs      (manifestations
                                                                                                                                       ours ou le gorille (j’ai le
début de   2001,   l’Odyssée    de l’Espace
        personne donc de l’individualité propre et l’action militantes, marches militaires...) en brisant l’aide
                                            en tête) le fait de   se mettre   sur  ces deux   pattes  à  un  rôle d’intimidation   sur  un  adversaire ou  la marche
à atteindre
        qui les   hauteurs. la
               engendre        La marche
                                   marche estrelève
                                               donc apprise
                                                      de notre   et entretien
                                                                      volonté,  un elle
                                                                                    rapportsolitaire.
                                                                                              avec la Culture      ce qui explique
                                                                                                            Sa marche                - je pense
                                                                                                                           a lui détient      un- saaspect
                                                                                                                                                     place dans
                                                                                                                                                             d’analyse
l’Art.
      est porteuse d’énormément de liberté comme de du déplacement, presque sociale et géographique. Il
      l’immense fatalité de la condition humaine.                           ne peut pas complètement se livrer à leur volonté,
         NotreCebipédie,
                     que je trouve singulier dans le travail de carforce
                                par  essence,   relève     de   la  aussi  la        de la marche
                                                                                 il anticipe       à plusieurs (manifestations
                                                                                              les mouvements        de l’étranger et les
personne    donc    de  l’individualité     propre   et  l’action   militantes,    marches  militaires...)
      V. Acconci c’est qu’il il implique son corps comme siens également. Alain Berthoz parle de           en brisant   la marche
                                                                                                                            sixième sens,
      médium pour toucher l’expérience vécue par la celui du mouvement, que notre corps d’analyse
qui engendre     la marche      relève de  notre  volonté,    elle  solitaire.  Sa  marche   a lui détient  un  aspect    entier anticipe
est porteuse
      personned’équ’il
                    normément
                           suit afin dede liberté  comme
                                           questionner         de
                                                            et d’   du déplacement,
                                                                 étudier    afin d’établirpresque  sociale sur
                                                                                            un contrôle     et géographique.      Il
                                                                                                                  son environnement.
l’immense   fatalité de
      sa pratique     de lal’econdition
                               space newhumaine.
                                            yorkais. Cela exige ne   de peutOr pas   complètementet sela livrer
                                                                                le déplacement                   à leur
                                                                                                           manière    dont volonté,
                                                                                                                              il est vécu
         Ce  que   je trouve     singulier  dans  le  travail  de   car  il  anticipe  les  mouvements      de
      prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre sont une part importante du métier de paysagiste   l’
                                                                                                                 é tranger    et les    et
V. Acconci    c’
               e st  qu’il  il  implique   son  corps   comme       siens  également.    Alain  Berthoz  parle
      démarche. Et en élargissant le propos, il interroge l’anticipation est capitale pour tout concepteur.     de  sixième    sens,
médium pour toucher l’expérience vécue par la celui du mouvement, que notre corps entier anticipe
personne qu’il suit afin de questionner et d’étudier afin d’établir un contrôle sur son environnement.
sa pratique de l’espace new yorkais. Cela exige de Or le déplacement et la manière dont il est vécu
prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre sont une part importante du métier de paysagiste et
démarche. Et en élargissant le propos, il interroge l’anticipation est capitale pour tout concepteur.

Vitto ACCONCI - Following piece . 1969
L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ L'art de la marche de l'atelier à l'action in situ - Enseignementsartistiques-Histoiredel'art ...
est porteuse d’énormément de liberté comme de            du déplacemen
l’immense fatalité de la condition humaine.              ne peut pas co
        Ce que je trouve singulier dans le travail de    car il anticipe
V. Acconci c’est qu’il il implique son corps comme       siens également
médium pour toucher l’expérience vécue par la            celui du mouve
personne qu’il suit afin de questionner et d’étudier     afin d’établir u
sa pratique de l’espace new yorkais. Cela exige de       Or le déplacem
prêter attention à son parcours mais aussi à sa propre   sont une part i
démarche. Et en élargissant le propos, il interroge      l’anticipation es
Maxime AYOUB BONNET

    ‘Richard Long, la marche comme outil de création’
    Maxime BoAy, confiné à Versailles, 20 mars 2020

    En ces temps ou nous sommes conduit à penser à nos souvenirs, j’ai choisi de vous
    parler de Richard Long car cette oeuvre m’a rappelé un travail réalisé sans consigne, si ce
    n’est instinctive, lors d’un voyage en Ecosse au printemps dernier.
    Richard Long explore les relations entre le temps, la distance, la géographie et la mesure
    en expérimentant la marche en tant qu’art. Il dit « Ces marches ont été enregistrées ou
    décrites dans mon œuvre de trois façons - cartes, photographies ou textes - en utilisant
    la forme la plus appropriée à chaque idée. Toutes ces formes nourrissant l'imagination,
    sont une sorte de distillation de l'expérience. Marcher m'a également permis d'étendre
    les limites de la sculpture, qui du coup possédait le potentiel d'être déconstruite dans
    l'espace, le temps de ces longues marches. La sculpture pouvait maintenant s'intéresser
    au lieu autant qu'au matériau et à la forme ».
    Par son travail Long permet la mise en lumière d’espaces composants des paysages.
    Parfois il créer ces espaces sur des lieux auparavant insignifiants, d’autre fois il s’appui
    sur l’imaginaire ou encore les limites visibles ou administratives des sites. Je pense
    notamment à ‘Circle in Alaska’ de 1977. Cette photographie est le fruit d’un voyage avec
    l’artiste Hamish Fulton; arrivés à Fairbanks pour prendre un avion pour le nord de
    l’Alaska, la fille qui tenait la billetterie leur a conseillé de se rendre sur la côte ouest,
    proche du cercle polaire. Le hasard venait de guider leur marche, cette dernière
    aboutissant à une danse de pas pour rassembler ces pierres en cercle.

    Circle in Alaska, R. Long, photographie, 1977   Nest of buoys, M. BoAy, photographie, 2019

    Je mets ici en lien ‘Nid de bouées’ car les codes de ces photographies sont similaires. Un
    élément, fruit d’un effort humain, qui est dessiné par la récolte d’objets trouvés
    localement (ici du bois flotté, des algues et des bouées de balisage). La création de cette
    forme éphémère (détruite le lendemain par une tempête) sert à montrer un paysage aux
    éléments incontrôlables par l’Homme. L’objet posé est intriguant et rappelle le geste, la
    photographie le rend éternellement figé.

Richard LONG - Circles in Alaska . 1977
Un cercle de brume, Richard Long
          Ecosse, 1986

                                             Gyrovague le voyage invisible,
                                            Abraham Poincheval Italie, 2011

   The Ombrellas, Christo et Jeanne
      Claude, Los Angeles, 1991

                                      Manhattan Cinétisation, Pol Bury
                                             New-york, 1964

   Les cabanes de nos grands-
     parents, Nicolas Henry,
         Actes Sud, 2011

                                                L’Homme qui marche, Jirô
                                                  Taniguchi Japon, 1995
La marche.
  Richard Long utilisait ce qui se trouvait sur son chemin pour
  en dessiner de nouveaux. Abraham Poincheval quand à
  lui se servait de sa caméra/maison pour lui permettre de
  longues marches tout en créant un repère avec cet objet
  roulant non identifié. Christo et Jeanne Claude quand à
  eux symbolisait leurs marches en dispersant des milliers
  de parasols unicolores. Cela connectait visuellement des
  points distancés de plusieurs kilomètres et même des
  pays en simultanés (États-Unis et Japon en septembre
  1991). Pol Bury, dans les années 60 expérimente les aléas
  du mouvement dans la photographie. Cela lui permet de
  faire passer l’émotion qu’il ressentait en découvrant le
  paysage en marchant. Nicolas Henry a accompagné Yann
  Arthus-Bertrand lors de son projet 6 milliards d’autres, il
  retrace ainsi une marche dans plusieurs pays par le biais de
  photographies des personnes rencontrées et auxquelles il
  a demandé de rassembler leurs effets personnels pour les
  mettre en scène.
  Jirô Taniguchi a osé quand à lui proposer un manga de
  220 pages dans lequel très peu de texte apparait. Pour
  lui, faire marcher son personnage dans les rues de Tokyo
  avec une absence de verbe pousse le lecteur à changer
  de rythme et prendre son temps. Cet homme, dont on ne
  sait presque rien met en scène le monde qui nous entoure
  en montrant l’insignifiant, le non important, ce que l’on ne
  voit plus dans la vie quotidienne.

  En ce jour particulier toutes ces œuvres me donne envie de
  sortir, de marcher sans but si ce n’est de voir l’extraordinaire
  dans l’ordinaire.
L’ART DE LA MARCHE
                                                                                                          Gabrielle REPIQUET

           « Great Wall Walk » une performance de Marina Abramovic et Ulay pour le film de Jung Chang.

Partis de chaque extrémité de la grande muraille de Chine, ces deux amants vont à la rencontre l’un de l’autre pour se
dire adieu à mi-chemin, 90 jours de marche plus tard. Ce film restitue l’effort accomplit et les émotions qui émanent d’une
telle performance.
Ici, la marche met en inertie le corps, qui n’a plus qu’à se laisser guider par le tracé de la muraille, le but à atteindre devient
une aspiration forte qui empèche de reculer devant la grandeur de l’effort à fournir. La marche conduit à une observation
attentive, à une description fine des paysages traversés, au récit des personnes rencontrées.
Mais cette marche en quelque sorte semble «forcée», laissant peu de place à la curiosité d’un détour ou d’un imprévu,
finalement bien éloigné d’une tentative d’aprentage d’un site. Mais se laisser guider par des tracés existants pourrait être
une façon intéréssante d’appréhender un site. La marche, et particulièrement dans ce contexte révèle les aléas de la
topographie, parfois lissée par d’autres modes de déplacement, ou par l’observation statique, elle permet d’appréhender
par l’intermédiaire du corps les volumes et les reliefs d’un paysage. Là aussi, le corps devient une unité de mesure fiable,
donnant une idée des dimensions de chaque élément du paysage traversé. La vitesse quant à elle, semble s’ajuster
naturellement en fonction du contexte, elle peut être consciemment modifiée, mais permet de réaliser le rythme de son
environnement .

« Durant cette marche, l’un comme l’autre ont la sensation d’effectuer une initiation: Marina Abramovic ressent le bonheur
d’une libération, Ulay, une impression de perfection, de se fondre dans le passé, le présent et le futur, et de ne faire plus
qu’un avec la muraille». C’est une des raisons principales qui m’a poussé à faire ce choix. Si cette «oeuvre» fait réfléchir
à la marche comme un outil d’appréhension et d’analyse d’un paysage, elle révèle surtout la marche comme un vecteur
d’expérience de paysage : un processus physique, mécanique, chimique, poétique, ... qui permet une introspection im-
portante et stimule l’imaginaire, encourage la rencontre, parfois brève, tandis qu’elle procure sentiment d’appartenance
au monde qui semble intemporel.

                                                                                                   Gabrielle Repiquet, page 1/2
Marina ABRAMOVIC & ULAY - Great Wall Walk . 1988
Etienne Jules Marey et Georges Demeny -
                                                             Etude expérimentale de la locomotion humaine
                                                                                                                                                      1880
            Le pas, mouvem
            l’action répéti
                           ent humain,
                            tive de la mar
                                           che,
                                                             Etienne Jules Marey - Chronophotographies
            l’inertie du cor
                             ps dans l’espa
                                            ce

                                                                                                                                                      1900
 Abscence du paysage traversé durant
 la marche, il reste à imaginer
                                                                        Auguste Rodin - L’homme qui marche
 ou n’a pas d’importance ...                                                                                                           obstacle
                                                    Marcel Duchamp - Nu descendant un escalier n°2                    Sentimen
                                                                                                                               t d’un
                                                                                                                                ,
                                                                                                                      à gravir ène du corps
                                                                                                                                sc
                                                                                                                      mise en
                                                                                                                               as cension,
                                                                                                                       dans l’
                                                                                                                            ct mé canique
                                                                                                                       aspe

                                                                                                                                                      1920

                                                                                                                                                      1940

                                                                                                                                               r,
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                                                                          Guy Debord - The naked city

                                                                                                                                                u
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                                                                                                                                      id nd e,
                                                                                                                                             te
   y     n
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                                                                                                                                    gu co èr
                                                                                                                                        e uc
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                                                                                                                                 mm fi r              1960
                                                                                                                               co e te

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                                                                                                                          ys e de

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                                                                                                                       pa ign ce

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                                                                       Richard Long - A line made by walking
                                                                                                                    le a l cen

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                                                                        Giani Pettena - Wearable chairs
                                                                                                                        A

                                       ss     n      d
                                          ag e l ans
                                            e       ai
                                                       ss le
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                                                           pa
                                                              s            l’énergie d’une marche collective,
                                                                  de
                                                                           la poésie d’une marche solitaire
  L’échelle du pas,
  l’échelle de la jambe
                                                                           le rapport à l’effectif                                                    1980
  le gigantesque

                                                         Marina Abramovic et Ulay - Great wall walk
                                                                                 Francis Alys - Magnetic shoes
                                                                        Willian Kentridge - Shadow procession
                                                                                                                                                      2000
                                                   ce,
                                       L’expérien
                                                                                    Francis Alys, The Green line
                                                  sée
                                       la traver             :
                                                  mesurable
                                       l’effort                stance
                                            r la du rée, la di                                                     Quel lien entre émotions et tra-
                                         pa
                                                                                                                   jectoires quand le parcours est
                                                                                                                   déjà guidé ?

                                                                                Dominique Castell, Vers Cythère                                       2020

                                                                                                                      Gabrielle Repiquet, page 2/2
Nora ABBIH

  « La ville est le terrain véritablement
  sacré de la flânerie. »
  Walter Benjamin

                                                   Les Sorties de bureau Valérie Jouve, 1998-2002

  Les Personnages, Valérie Jouve

         J’ai choisi d’analyser ce concept de « la marche » en confrontant deux travaux photographiques issus de l’ exposition
« Corps en résistance » de Valérie Jouve, exposition que j’ai découvert en 2015 au Jeu de Paume à Paris. Avec cette photographie,
Valérie Jouve interroge la capacité de notre corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine, comme le pensent les
situationnistes tel que Guy Debord ou Mustapha Khayati.

          Cette résistance est extériorisée à travers le processus de la marche. En effet, cette photographie issue d’une série Les
Personnages, met en scène un personnage qui déambule sur le goudron d’une route. Même si cet homme baisse la tête, il semble
tout à fait conscient des perceptions que la marche lui procure. Il se concentre sur la manière dont il marche, sur son rythme :
il regarde son pied avant immobile alors que son autre jambe derrière est en pleine action. Plus que cela, il semble intellectua-
liser ces perceptions en modifiant la rapidité de sa marche selon ses pensées. Comme s’il avait besoin de ralentir pour mieux
réfléchir ou bien comme si la marche lui permettait de dénouer progressivement le fil de sa pensée.
La marche de la série Sortie de bureaux est différente : les personnages sont isolés, vêtues de costards-cravates et marchent d’un
pas plus rapide, la tête redressée. Leur marche est juste utilitaire, répétée, inconsciente. Les sortant de leur contexte, l’artiste
souligne l’incroyable normalisation de leurs comportements. Leur manière de marcher favorise un décalage entre leur corps
passif, détaché et leur esprit qui semble être encore à l’intérieur de leur lieu de travail.
Au contraire, l’homme de la première photographie avance lentement, la tête baissé, et son buste est légèrement penché en
avant. Un autre détail le diffère des autres personnages : ces mains dans ses poches. Elles ne possèdent aucun objet, faisant
référence au monde du travail (sac à main). Cela renforce l’idée d’introspection que la marche peut procurer. Contrairement
aux autres personnages, il semble conscient de sa propre existence, de sa propre finitude et apparaît comme placé seul face au
monde, condamné à être libre, libre de marcher là où la marche l’emmènera, même sur une route. Comme L’Homme qui marche
de Giacometti, ce personnage, qui vit pleinement le moment présent, peut être associé à une figure de l’existentialisme.

          Nous voyons bien qu’ici la marche est une démarche, une posture, une manière d’ « apercevoir » le monde.
D’ailleurs les situationnistes considèrent que la déambulation doit s’accomplir en ville car c’est une manière de détourner le
quotidien pour échapper à notre « société de contrôle » (Deleuze). Cet homme, justement, détourne l’utilisation habituelle de la
route (réservé aux voitures et à la vitesse) en un lieu de flânerie.
De plus, il paraît complètement détaché de la vie urbaine en mouvement, soulignée dans l’arrière plan grâce aux grands im-
meubles blancs et au chantier en construction. Valérie Jouve confronte ce personnage avec son environnement urbain grâce à
la superposition des plans mais aussi grâce à une frontière (barrière opaque jaune) qui sépare l’arrière plan (le paysage péri-ur-
bain) et cet homme qui marche dans son espace introspectif (la route). Nous avons la sensation qu’il cherche à se détacher, à
s’arracher de son environnement, du bruit de la ville pour investir un nouvel espace. Dès lors, il ne se situe pas dans la même
temporalité du monde urbain (si rapide) comme si le chantier derrière lui aurait terminé avant qu’il ne pose son autre jambe.
Cette marche lui permet de se projeter pour « habiter poétiquement le monde » (Heidegger). A travers cette photographie, l’ar-
tiste saisit un corps dans son environnement social colonisé par l’urbanisation. Le milieu ordonné, fonctionnalisé du centre
urbain résonne avec cet espace périphérique, en transition où marche cet homme.

         Ces deux travaux photographiques nous permettent de réfléchir sur l’uniformisation de nos modes de vies, le rapport
que nous entretenons à la ville et au territoire, notre manière d’habiter mais également notre manière d’exister au monde. La

Valérie Jouve - Les Sorties de bureau,
puissance de la figure, sa force de résistance tient alors à la singularité de sa présence, à sa manière d’être indépendamment de
son statut ou de son origine sociale. Debout dans le cadre, cet homme est animé d’une énergie vitale, l’ énergie de la marche.
Les Personnages . 1998-2002
Cette marche et démarche de cet homme lui permettent de se retrouver, de se situer par rapport au monde environnant et vivre
une expérience mentale, corporelle qui favorise l’introspection.
Enfin, cet état d’éveil fait vibrer en nous des émotions, des parties cachés. Marcher, c’est se remémorer, prendre conscience de
urbain résonne avec cet espace périphérique, en transition où marche cet homme.

         Ces deux travaux photographiques nous permettent de réfléchir sur l’uniformisation de nos modes de vies, le rapport
que nous entretenons à la ville et au territoire, notre manière d’habiter mais également notre manière d’exister au monde. La
puissance de la figure, sa force de résistance tient alors à la singularité de sa présence, à sa manière d’être indépendamment de
son statut ou de son origine sociale. Debout dans le cadre, cet homme est animé d’une énergie vitale, l’ énergie de la marche.
Cette marche et démarche de cet homme lui permettent de se retrouver, de se situer par rapport au monde environnant et vivre
une expérience mentale, corporelle qui favorise l’introspection.
Enfin, cet état d’éveil fait vibrer en nous des émotions, des parties cachés. Marcher, c’est se remémorer, prendre conscience de
soi et naturellement s’incliner vers un temps méditatif. La marche nous permet de se créer un « Jônen no kihon kûkan » ce qui
veut dire « espace fondamental des émotions » comme le souligne Tadao Ando.
Alexandre CHARTON

              L’inconnus des grands horizons: Laurent Tixador /Abraham Poincheval

«Du 1er octobre au 17 décembre 2002, Laurent Tixador et Abraham Poincheval, munis d’une simple
boussole, ont entrepris de relier Nantes à Metz via Caen en ligne droite. Un voyage contemporain où
l’on découvre que les grands horizons inconnus sont au bout de la rue. Un voyage hors des chemins
tracé où les obstacles ne sont plus les fleuves et les montagnes mais les autoroutes et les stations
service. Le journal de bord de cette traversée s’inscrit dans la grande tradition du récit d’aventure et
du roman picaresque» ( extrait de l’editeur du journal de bord)

En réalisant ce dessein sans se munir de carte géographique avec pour unique instrument la bous-
sole, soit comme seul repère les champs magnétiques de la Terre, à tatton ils traversent les limites et
frontières définit par les infrastructures modernes. Ils (re)(dé)constuisent les paysages.
Je trouve leur pratique comparable à celle du paysagiste concepteur car ils font apparaitre le ter-
ritoire comme un élément plastique, il requestionne notre relation à la réalité dans un monde mo-
derne hyper cartographié où les limites sont toujours nettes. Ils font à mon sens projet en redonnant
de la porosité à ces limites qui prennent une épaisseur par l’effort de la marche, où cette expérience
de survivalisme gagne une autre temporalité.
J’aime aussi ce bricollage, ces allers-retours avec le terrain qui sont enrichis par ce qu’ils rapportent,
ces objets récupérés,souvent délaissés, digérés par les différents territoires qu’ils traversent.

                                    Body art         The lovers, the great
                                                     wall walk. Abramovic

                                    Psychogéographie                     The nacked city. Debord

    L’inconnus des                                                              Transurbance
    grands horizons
                                survivalisme
                                              the Survivor's Primer.
Abraham POINCHEVAL,                      Laurent
                                               DonTIXADOR
                                                    Stephens, 1976- L’inconnu
                                                                         Stalker
                                                                                            des
grands horizons . 2002
                        architecture déconstructiviste         architecture and limits, Tschumi, 1980
«Du 1er octobre au 17 décembre 2002, Laurent Tixador et Abraham Poincheval, munis d’une simple
boussole, ont entrepris de relier Nantes à Metz via Caen en ligne droite. Un voyage contemporain où
l’on découvre que les grands horizons inconnus sont au bout de la rue. Un voyage hors des chemins
tracé où les obstacles ne sont plus les fleuves et les montagnes mais les autoroutes et les stations
service. Le journal de bord de cette traversée s’inscrit dans la grande tradition du récit d’aventure et
du roman picaresque» ( extrait de l’editeur du journal de bord)

En réalisant ce dessein sans se munir de carte géographique avec pour unique instrument la bous-
sole, soit comme seul repère les champs magnétiques de la Terre, à tatton ils traversent les limites et
frontières définit par les infrastructures modernes. Ils (re)(dé)constuisent les paysages.
Je trouve leur pratique comparable à celle du paysagiste concepteur car ils font apparaitre le ter-
ritoire comme un élément plastique, il requestionne notre relation à la réalité dans un monde mo-
derne hyper cartographié où les limites sont toujours nettes. Ils font à mon sens projet en redonnant
de la porosité à ces limites qui prennent une épaisseur par l’effort de la marche, où cette expérience
de survivalisme gagne une autre temporalité.
J’aime aussi ce bricollage, ces allers-retours avec le terrain qui sont enrichis par ce qu’ils rapportent,
ces objets récupérés,souvent délaissés, digérés par les différents territoires qu’ils traversent.

                                    Body art         The lovers, the great
                                                     wall walk. Abramovic

                                    Psychogéographie                     The nacked city. Debord

    L’inconnus des                                                              Transurbance
    grands horizons
                                survivalisme
                                                  the Survivor's Primer.
                                                                                   Stalker
                                                   Don Stephens, 1976

                        architecture déconstructiviste         architecture and limits, Tschumi, 1980
Thea MCENZIE

     Hamish FULTON
     Walking journey
     	
  
     Depuis	
  le	
  début	
  des	
  années	
  1970,	
  Hamish	
  Fulton	
  (né	
  en	
  1946)	
  est	
  labellisé	
  
     sculpteur,	
  photographe,	
  artiste	
  conceptuel	
  et	
  artiste	
  du	
  Land.	
  Fulton,	
  cependant,	
  
     se	
  caractérise	
  comme	
  un	
  «walking	
  artist	
  ».	
  
     	
  
     Il	
  est	
  devenu	
  l'un	
  des	
  artistes	
  	
  à	
  commencer	
  à	
  explorer	
  de	
  nouvelles	
  formes	
  de	
  
     sculpture	
  et	
  d'art	
  du	
  paysage.	
  Une	
  caractéristique	
  centrale	
  de	
  leur	
  pratique	
  était	
  
     un	
  engagement	
  physique	
  direct	
  avec	
  le	
  paysage.	
  	
  Il	
  était	
  encouragé	
  à	
  penser	
  que	
  
     l'art	
  pouvait	
  être	
  «comment	
  vous	
  voyez	
  la	
  vie»,	
  et	
  pas	
  nécessairement	
  lié	
  à	
  la	
  
     production	
  d'objets.	
  Inspiré	
  par	
  les	
  cultures	
  américaines	
  et	
  les	
  pratiques	
  de	
  
     méditation	
  bouddhiste,	
  Fulton	
  a	
  marché	
  dans	
  plus	
  de	
  25	
  pays	
  au	
  cours	
  des	
  30	
  
     dernières	
  années,	
  y	
  compris	
  des	
  voyages	
  sur	
  les	
  sommets	
  du	
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  Everest	
  et	
  de	
  
     Denali.	
  	
  
     	
  
     	
  Les	
  techniques	
  de	
  photographie	
  et	
  d'écriture	
  et	
  les	
  croquis	
  sont	
  ses	
  outils	
  pour	
  
     capturer	
  ses	
  pensées	
  et	
  ses	
  impressions	
  pendant	
  la	
  marche	
  et	
  plus	
  tard	
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     se	
  transforment	
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  de	
  
     la	
  marche	
  prend	
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  grande	
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  faisant	
  allusion	
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  que	
  la	
  
     nature	
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  aujourd'hui	
  dans	
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  sociaux,	
  politiques	
  et	
  
     économiques	
  de	
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  vie	
  quotidienne.	
  	
  	
  
     	
  
     En	
  même	
  temps,	
  Fulton	
  veut	
  souligner	
  sa	
  proximité	
  avec	
  la	
  nature,	
  
     contrairement	
  à	
  l'aliénation,	
  et	
  ouvrir	
  la	
  voie	
  à	
  une	
  expérience	
  multiculturelle	
  	
  
     Bien	
  que	
  cette	
  approche	
  puisse	
  être	
  considérée	
  comme	
  «conceptuelle».	
  l'artiste	
  
     préfère	
  appeler	
  ce	
  qu'il	
  fait	
  «Land	
  Art».	
  	
  	
  
     	
  
     	
  Cependant,	
  le	
  terme	
  «Earth	
  Art»	
  est	
  généralement	
  compris	
  comme	
  le	
  travail	
  des	
  
     artistes,	
  tandis	
  que	
  le	
  terme	
  «Land	
  Art»	
  est	
  plus	
  lié	
  à	
  l'architecture	
  et	
  au	
  design.	
  
     L'utilisation	
  par	
  Fulton	
  du	
  terme	
  «walking	
  artist»	
  suggère	
  qu'il	
  ne	
  montre	
  
     aucune	
  trace	
  d'une	
  intervention	
  par	
  rapport	
  à	
  ce	
  qu'il	
  fait	
  autre	
  que	
  de	
  s'engager	
  
     avec	
  le	
  paysage	
  pendant	
  le	
  processus	
  et	
  le	
  temps	
  où	
  il	
  est	
  là	
  	
  	
  
     	
  
     Fulton:	
  «Si	
  je	
  ne	
  marche	
  pas,	
  je	
  ne	
  peux	
  pas	
  faire	
  une	
  œuvre	
  d'art»	
  ou	
  «pas	
  de	
  
     marche,	
  pas	
  de	
  travail».	
  	
  «L'implication	
  physique	
  de	
  la	
  marche	
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  l'histoire	
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  »
     	
  
     MCKENZIE	
  Thea	
  

Hamish FULTON - Walking journey . 2002
L’art de la marche, de l’atelier à l’action in situ

                                                                                                Mathias GOUTELLE

                                               Regina Jose Galindo
                                          Who can erease the traces ? (2003)

Quand la marche s’engage politiquement :
La marche pour remémorer le passé douloureux d’un pays, les agissements honteux d’un homme qui souhaite
de nouveau l’accession au pouvoir. Dans sa démarche Regina Jose Galindo s’engage politiquement de manière
ferme. Dans cette performance réalisée en 2003, Regina jose Galindo marche pieds nus dans les rues de Gua-
temala en raliant différents lieux de pouvoir dans la ville. Tout au long de sa marche l’artiste porte un récipient
remplis de sang humain dans lequel elle trempe ses pieds. Les traces de ses pas ensanglantés sur le sol rendent
visible l’invisble, ce qu’il reste de l’interraction entre nous et les sols lorsque nous marchons mais surtout d’ates
passés qui ne doivent être oubliés.
Le sang représente le sang des peuples indigènes massacrés par l’ancien président José Efrain Rios Montt qui
souhaite de nouveau accéder au poste de président de la république.
Les traces de sang représentent ces êtres humains massacrés mais aussi l’histoire d’un pays qui semble parfois
s’éloigner où faire marche arrière sur des événements déjà vécu.
Ce travail s’engage de manière poignante à l’image de nombreux travaux de cette artiste.
La question de l’histoire, ce qu’il nous reste sur un site en tant qu’aménageur découle également de ce travail.
Est ce que parfois la «tabula rasa» s’impose quand le passé est trop lourd ou alors devons nous systématique-
ment aménager de manière palimpste en révélant subtilement les traces d’un passé heureux ou parfois difficile
comme c’est le cas au Guatemala.
D’un point de vue paysager cela confirme que c’est en arpentant que l’on peut se rendre compte de la réalité
qui plus est en marchant. La temporalité lente de la marche permet le dialogue, permet d’aborder les gens en
provoquant des interractions ou en éveillant la curiosité.
Cette performance évoque aussi en tant que futur paysagiste la notion de paysage politique, les grands change-
ments du aux réformes, aux lois qui s’appliquent ont parfois de manière indirecte ou directe des répercussions
sur le paysage . Souvent les stigmates restent tandis que les hommes passent.

Regina Jose GALINDO - Who can erase the traces ? 2003
La marche pour ouvrir son regard             La marche comme engagement

Willian Kentridge     Jean Jacques Rullier         Tixador et          Regina Jose             Francis Alys
Shadow proces-        La promenade dans           Pointcheval             Galindo             The green line
    sion 1999            les montagnes           Journal d’une        Who can erease              2004
                              2019               défaite, 2006       the traces ? 2003

                                                                        Marche et protocole
           Francis Alys         Marina Abramovic et         Laurent Malone et          Richard long,
          Magnetic shoes        Ulay Great wall walk      Adam Denis Marche de         Line made by
              1994                     1988               Manhattan à JFK 1997         walking 1967

                    Marcel Duchamp                Guy Debord            Alberto Giacommetti
                    Nu descendant un           The naked city 1957      L’homme qui marche
                    escalier n°2 1912                                          II 1960

                                                Etienne Jules Marey
                                             Chronophotographies 1882

                                             Décomposer la marche
LA MARCHE COMME OUTIL POLITIQUE                                                                                            Chloé VINCENT

La marche est utilisée depuis longtemps par les hommes pour revendiquer leurs droits, résister ou encore désobéir. Derrière
une marche peut se trouver un combat. Hamish Fulton, artiste marcheur, a justement exprimé la nécessité de « marcher contre
quelque chose ou pour quelque chose ». J’ai voulu trouver un ou une artiste qui, à travers son acte artistique, a souhaité
dénoncer un fait, évoquer un drame, alerter sur un dérèglement. Notre pratique de paysagiste est aussi liée à l’actualité, aux
politiques en cours, qu’elles soient par exemple environnementales ou sociétales. Le positionnement politique du paysagiste
se fera quant à lui souvent ressentir dans sa réponse à un projet car il est difficile d’aller à l’encontre de ses convictions person-
nelles.

Regina José Galindo, artiste performeuse Guatemaltaise, née en 1974, a utilisé la marche dans l’une de ses performances :
Quien puede borrar las huellas ? (Qui pourra effacer les traces ?). Vêtue d’une simple robe noire et tenant un récipient, elle
a marché pieds nus, trempant à intervalles réguliers son pied dans la bassine remplie de sang. Ainsi, elle a marché, laissant
derrière elle des traces de sang sur les trottoirs parcourus. Son trajet a été pensé, elle a en effet choisi de passer devant la
Cour constitutionnelle et le Palais National du Guatemala, des lieux représentant l’autorité du pays. Son action a pour but
de dénoncer l’absence de punition des agents de l’Etat pour le génocide qu’ils ont commis au Guatemala. Lors de sa perfor-
mance les citoyens guatémaltèques ont réagi de différentes manières : ils ne la regardaient pas, fuyaient son regard ou la
vue du sang, étaient stupéfaits ou encore en colère. Ces différents comportements représentent la même passivité que celle
observée face à la violence des faits. Ici le corps de Regina José Galindo et son itinéraire pensé, ont permis d’impacter directe-
ment l’Etat par rapport aux horreurs commises.
Le paysagiste peut aussi créer un itinéraire donnant à voir des éléments du paysage aux citoyens, des éléments donnant les
caractéristiques de celui-ci qu’elles soient historiques, géologiques, esthétiques, environnementales…
Le paysagiste a aussi pour rôle d’impacter la population sur le devenir de son territoire, tout en proposant des éléments de
réponses qui pourront être débattus avec les différents acteurs.

Regina Jose GALINDO - Who can erase the traces ? 2003
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                                                                                                         Richard Long - A line made by walking
                                                                                                         Francis Alys - The green line
                                                                                                         De vries herman - Journal from a visit
                                                                                                         to Leros and Patmos

                                       AGIR SUR LES LIEUX

                                                                Agir par substitution
                                                                                                         Gabriel Orzco - Pierre qui cède

                                                                Avec un élément fort
                                                                                                         Francis Alys - Magnetic shoes
                                                                                                         Hamish Fulton - Drapeau du Tibet
Quien puede borrar las huellas ?

                                      DÉFENDRE UNE CAUSE
      Régina José Galindo

                                                                Sans objet                               Farid L’Haoua - La marche des beurs
                                                                                                         Mohandas Karamchand Gandhi -
                                                                                                         La marche du sel
                                                                Faits passés

                                        NE PAS OUBLIER
                                                                Acteur de la performance Donner à voir

                                                                                                         Starlker - Transurbances
                                                                                                         Claire Renier - La rampe
                                                                                                         Laurent Malone et Adams Denis - Marche
                                                                                                         de Manhattan à JFK

                                                                                                         Fikret Atay - Theorists

                                   FAIRE RÉAGIR LE SPECTATEUR
                                                                Prise de conscience

                                                                                                         Francis Alys - Magnetic shoes
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