Et ses artistes Méridianes éditions - à Jacques Girard, galeriste - Ombres Blanches
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Exposition à la librairie Ombres Blanches Hommage à Jacques Girard, galeriste Méridianes éditions et ses artistes Daniel Dezeuze Anne-Marie Pécheur Serge Fauchier Yves Reynier Christian Jaccard Claude Viallat du 29 janvier au 12 mars 2022 Ombres Blanches 3, Rue Mirepoix • Toulouse
Jacques Girard parmi ses artistes L a Galerie Jacques Girard de 1982 à 2013 a été, avec la galerie Sollertis et la galerie Kandler, à Toulouse, un des lieux référents pour l’art contemporain. Elle y a présenté de nombreux artistes de Supports/Surfaces ou proches du groupe : P. Buraglio, L. Cane, M. Devade, D. Dezeuze, N. Dolla, S. Fauchier, T. Grand, Ch. Jaccard, B. Pagès, J.P. Pincemin, P. Saytour, A. Valensi, Cl. Viallat etc. Et aussi des maîtres de l’abstraction d’une génération antérieure : Olivier Debré, S. Charchoune, Piet Moget ou Geer van Velde ; ou de plus jeunes artistes : A.M. Pécheur, D. Bonnal, V. Gray, V. Notley, V. du Chéné etc. Ou des artistes plus singuliers dans leur démarche : Dado, B. Dufour, Y. Reynier, A. Saura etc. Un regard ouvert qui l’amenait à retenir autant des artistes proches géographiquement (Ph. Hortala, Ph. Lamy, Fr. Poutays, D. Gerhardt etc.) que venus d’horizons plus lointains (Ed Ruscha, K. Appel, M. Paladino, W. MacKendree, D. Tremlett, G. Honegger etc.). Et la liste est très incomplète… et Jacques Girard, © B. D.-F. impressionne si on y ajoute quelques noms comme M. Barré, J.M. Basquiat, Bram Van Velde, J. Bishop, J. Dubuffet, K. Haring, J. Schnabel etc. Il y avait toujours des artistes à découvrir dans la galerie de Jacques Girard avec un goût plus particulier pour la peinture dans sa continuité et son incessant [2] [3]
renouvellement. Il y eut des artistes qui furent présentés de façon éphémère (même un tableau de jeunesse de Mondrian ou de l’art africain) et d’autres Un galeriste de manière bien plus fréquente – des « artistes de la galerie » : L. Cane, A. Delay, D. Dezeuze, S. Fauchier, V. Gray, G. Honegger, A. Pesce, Fr. à Toulouse Rouan, Y. Reynier, Cl. Viallat et j’en oublie et pas des moindres… Jacques et son chat accueillaient dans la galerie silencieusement. Il fallait aller seul – ou presque – à la découverte des œuvres. Et souvent lui aussi (et son chat) restait seul, dans la faveur de ce C compagnonnage, à regarder les œuvres autour de lui dans les volutes de fumée de ses cigarettes. ’était avec trois bouts de ficelle… avançait Plusieurs de ces artistes ont participé plus tard (à Jacques Girard, dans un entretien de 2003, partir de 2005) aux éditions Méridianes. Nous avions en à propos de la création de sa galerie en commun la reconnaissance pour le travail de Jacques. 1982. Lorsqu’il se lance, en improvisant Christian Thorel et la librairie Ombres Blanches ont et avec des moyens très limités, dans choisi, pour participer à l’hommage qui sera rendu ce qui deviendra une des toutes plus à Jacques Girard au début 2022, de présenter cette belles aventures toulousaines dans l’art collaboration entre les éditions Méridianes et 6 artistes contemporain, a déjà choisi ses orientations artistiques, qu’il a exposés : Daniel Dezeuze, Serge Fauchier, elles sont radicales souvent, risquées toujours, Christian Jaccard, Anne-Marie Pécheur, Yves stimulantes dans leurs objectifs et engageant la Reynier et Claude Viallat. Des livres de ces artistes et discussion. La galerie doit devenir un lieu où on montre, des œuvres anciennes ou récentes seront présentés du un lieu où on aime, un lieu où on discute, où on dispute. 29 janvier 2022 au 12 mars 2022. La vie, quoi, et peut-être une manière de neutraliser dans le collectif sa timidité, son inclination au silence, Pierre Manuel pour les éditions Méridianes cet apparent retrait dont le sourire discret était une des marques. Lorsqu’il entame ce parcours des arts dans l’espace de la rue des Blanchers, les galeries ne sont plus tout à fait les lieux où l’art contemporain se déploie. Ce sont les années où les « centres », les « espaces », vont gagner, avec le soutien du Ministère de Jack Lang, des publics à des pratiques et des courants critiques inaugurés dans les années 60. C’est, entre autres, sous l’impulsion et avec les conseils de Piet Moget, de son expérience artistique et de celle, croisée, de passeur, qu’il va entamer ce long chemin. En 1955, [4] [5]
pour chercher la lumière de ses peintures, Piet Moget publics s’ouvrent à la dimension des collections, a choisi les étangs près de La Nouvelle, le port à partir pour en arriver aujourd’hui à ce que les plus riches duquel, avant d’ouvrir son espace, le LAC à Sigean, il d’entre elles s’exhibent sans complexe ni retenue. Les participe activement à la naissance des expositions galeries les plus modestes n’ont pas gagné à ce jeu qui d’art contemporain en Languedoc, en organisant des aura inhibé la partie la plus active, même si la plus Rencontres dans différents lieux qui ouvrent à des modeste, des « échanges » artistiques. En attendant, expressions trop souvent destinées aux expositions dans le Toulouse des années 80, où les collectionneurs parisiennes. C’est en partie de cette expérience que sont certes souvent dans l’ombre, certains d’entre eux Jacques Girard tire des enseignements et une énergie choisissent Paris pour faire des acquisitions. Sont-ils créatrice. C’est depuis ses pérégrinations entre ateliers plus sûrs en choisissant un imprimatur artistique chez qu’il va faire la connaissance des artistes et composer un des marchands de la capitale, ou bien sont-ils jaloux univers des possibles pour les yeux de tous les amateurs de leur quiétude discrète en province ? Pourtant, dans de peinture. Mais ce qu’il va avant tout défendre, c’est un cette période qui n’est pas encore spéculative, où les art qu’il veut « collectionnable ». Sans doute a-t-il aussi montages institutionnels croisent les bricolages de tous conscience que les artistes ne sont ni des fonctionnaires, ordres dans le privé, les galeries sont encore actives, si ni d’inévitables précaires. Et que l’art est une chose à ce n’est nombreuses : Chappe-Lautier, Protée, Simone négocier et à transmettre, et pas nécessairement le lieu Boudet, bientôt Pierre-Jean Meurisse, Sollertis, Kandler d’un aventurisme financier. et Éric Dupont. Le commerce de l’art n’est peut-être pas encore tout à fait celui des valeurs que va faire Parce qu’ils furent parmi les premiers rencontrés bouger le marché. C’est bien ce lien entre une œuvre et qu’ils répondaient plus précisément à la fois aux et son acquéreur que Jacques Girard, qui fut courtier à questions et aux attentes du galeriste, les artistes ses débuts, recherche, un acte qui fait passer, par une de Supports/Surfaces, fondateurs, élèves, amis, succession de regards, du mur de l’atelier à celui de « héritiers », vont devenir dès les premiers jours des la galerie, puis à l’intimité du client. Et de ce point de amis et des pensionnaires de la maison. Pour autant, vue, Jacques Girard aura su nouer des liens, éveiller des dira-t-il en 1986 dans un entretien, mon rapport à la collectionneurs, déciller des regards. Jusqu’à initier des peinture, avant tout subjectif, est régi par une sorte vocations. de mystère, loin de tout concept théorique. Il ajoute que le programme de la galerie peut ainsi sembler À l’orée de la période qui précède la tyrannie du éclaté, mais le choix est parfaitement assumé marché et des foires internationales, artistes et par un homme à la recherche d’étonnements, galeristes sont aussi dans l’attente des institutions, d’émerveillements, de rencontres, et plus encore FRAC, Centres d’art contemporain, musées. À d’amitiés partagées. Toulouse, après les expériences initiatrices de Christian Schmitt au Centre culturel de la rue En France, contrairement à d’autres pays en Europe, Croix-Baragnon dans les années 70, au Centre d’art être collectionneur ne se raconte pas, l’alcôve reste de Labège va succéder le Musée des Abattoirs. un lieu prisé pour cacher ses trésors. Faut-il éloigner Des expositions sont organisées dans des lieux le regard du fisc ? Il faudra du temps (et des mesures universitaires (ENAC, Université du Mirail) ou fiscales allant désormais jusqu’à l’indécence) avant que industriels (Centre culturel Aérospatiale) ailleurs les entreprises mécènent les musées, ou que les espaces en Midi-Pyrénées, des initiatives qui vont devenir [6] [7]
de plus en plus nombreuses donnent une présence à l’art contemporain. Cette proximité publique, mystérieusement, ne viendra pas renforcer chez Méridianes. ces nouveaux spectateurs de l’art la conviction d’en installer des éléments dans leur environnement personnel. Et si, ainsi qu’il l’affirme en 2003, il est du Un éditeur devoir des institutions de soutenir les galeries, rien ne vient confirmer que Jacques Girard et les autres le furent à la hauteur de leurs espoirs et surtout de leurs nécessités économiques. Le galeriste de la rue des Blanchers verra ainsi disparaître progressivement L quelques-uns de ses confrères, jusqu’à la fermeture de sa galerie en 2013 pour cause de sa mort brutale. es éditions Méridianes ont été créées en 2005, à Entretemps et durant trente ans Jacques Girard Montpellier. La première collection, sérigraphiée aura réalisé six à sept expositions annuelles, la plupart au départ par Jean Villevieille – Les Grands individuelles, parfois collectives. Le texte de Pierre Méridianes – empruntait beaucoup, dans l’esprit Manuel qui suit celui-ci en donne les grandes lignes. au moins, à Derrière le miroir (éd. Maeght). Un livre, toujours au même format (32x24cm) Christian Thorel centré sur un artiste avec un ou deux textes (critique ou entretien) pour l’accompagner et ancré dans l’espace d’une galerie : celle de Marie-Caroline Allaire- Matte – AL/MA, à Montpellier. G. Autard, A. Clément, D. Demozay, M. Labussière, D. Demozay, N. Leroy Fiévée; M. Moutashar, A.M. Pécheur, Y. Reynier, V. Skoda, Cl. Viallat en ont été les premiers artistes. Méridianes s’est ensuite élargi à d’autres publications dans le domaine de l’art contemporain sans être stricto sensu des livres d’artiste : d’abord une série sur le Musée Fabre pour laquelle des artistes ou des écrivains nous font cheminer à leur guise dans le musée. Puis des catalogues en partenariat avec des institutions ou des associations dont la série eXo, avec la Galerie AL/MA, dont l’objectif est de réaliser un premier catalogue. Il y aussi des monographies sur J. Azémard, D. Gauthier, G. Duchêne, S. Fauchier et bientôt T. Alkema; et des publications plus singulières où un artiste est présenté à travers sa « fortune » critique : Pierrette Bloch et prochainement Eve Gramatzki. La dimension propre du livre d’artiste s’est prolongée dans une nouvelle collection Pompon, l’assistant de Jacques, © B. D.-F. Liber où formats, techniques et types de texte sont choisis [8] [9]
d’un commun accord avec l’artiste et varient d’un livre ou marginalement de recourir aux métiers traditionnels à l’autre. du livre (typographes, graveurs, relieurs). Et que la liberté qu’ils autorisent s’est encore étendue : au-delà des Pour brouiller les cartes, la collection Maison natale, stéréotypes de la bibliophilie traditionnelle, beaucoup à l’inverse des autres, part d’un texte de poète qui est d’artistes réalisent eux-mêmes leurs livres. De même, ensuite « orné » par un artiste. Deux dernières collections le marché qui était centré sur Paris s’est très fortement sont apparues récemment : DUO, dialogue entre deux décentralisé : de nombreux salons spécialisés autour du poètes; et Taurines qui, très modestement, prolonge la livre d’artiste ont ouvert un peu partout en France; des très riche histoire bibliophilique de la tauromachie. bibliothèques achètent et diffusent. Et enfin, il y a un renouvellement et une diversification des collectionneurs. S’il y a des livres dont les formats ou les supports restent traditionnels, beaucoup d’autres se donnent La librairie Ombres Blanches qui accueille en ce début toute liberté : celui de S. Crossman, J’habite la couleur, d’année 2022 les éditions Méridianes participe, elle aussi, prend la forme d’un disque vinyle 33 tours dont les 2 à ce moment à la fois de visibilisation du livre d’artiste et pochettes recueillent les huit peintures de N. Leroy d’interrogation sur son sens et ses pratiques. Elle a choisi Fiévée. Dans la même collection « Maison natale », de le relier à un hommage au galeriste Jacques Girard N. Blin a réalisé un leporello de plus de 8 mètres avec auprès de qui j’ai appris à connaître, dans sa diversité, le texte de Michael Gluck. Pour le livre de S. Pey et Ch. l’art contemporain. Et tout particulièrement, puisqu’ils Jaccard, un jeune papetier des bords du Salagou (34) y étaient nombreux, les artistes qui avaient fondé le qui utilise les techniques traditionnelles du Japon groupe Supports/Surfaces et ceux qui, indirectement, en a fabriqué d’exceptionnels papiers Washi. Dernière avaient été proches. Il n’est pas surprenant qu’à part Yves innovation : la réalisation par la relieur Delphine Reynier dont l’œuvre s’est nourrie à d’autres sources, les Marseille de coffrets entoilés pour le livre de D. Dezeuze artistes que Méridianes et J. Girard avaient en commun Ecrits hérétiques, celui de S. Pey et Ch. Jaccard ainsi puissent être rattachés à ce mouvement. Les raisons que pour deux multiples en acier de Mehdi Moutashar. géographiques ont facilité les contacts : Nîmes (Viallat et Jusqu’ici, seuls quelques titres avaient bénéficié Reynier), Sète (Dezeuze), Saint-Jean-du Gard (Jaccard), d’étuis de protection en plexiglas. Les coffrets entoilés Perpignan (Fauchier) ou Marseille (Pécheur) ne sont donnent aux livres l’écrin qu’ils méritent. guère éloignées de Montpellier. Mais le support papier dans ses multiples et complexes possibilités de texture, Au-delà d’une liste d’auteurs et d’artistes qui dessine d’empreintes ou de pliage a intéressé ces artistes depuis un paysage mental avec ses lignes et ses singularités, les longtemps. La page trouée, brûlée, pliée et repliée restait éditions Méridianes, comme d’autres dans le domaine du rarement indemne. De quoi fasciner aussi les éditeurs… livre d’artiste, interrogent la situation présente du livre, entre inflation des publications et déflation des lecteurs; Jacques Girard est peu intervenu dans le domaine entre virtualisation des textes et des images pour leur éditorial : quelques catalogues pour une première circulation la plus rapide, la plus globale et matérialité exposition (J.B. Audat par exemple), la présentation de durable des supports et des traces écrites ou peintes. Tahüll, livre réalisé par Anne-Marie Pécheur et Maya L’implosion de ce type de publication, même dans leurs Anderson, un livre avec François Rouan et Pierre Bruno formats les plus pauvres ou singuliers, résulte de ce que et quelques autres sûrement que j’oublie. Il aimait grâce aux moyens numériques, il n’est plus nécessaire la peinture sur les murs de la galerie – exposée aux [10] [11]
regards. Il est vrai que le livre d’artiste a au contraire une dimension plus intimiste, plus secrète – il se dérobe Daniel Dezeuze aux regards ou plutôt il les choisit ; il choisit l’heure et parfois jusqu’au lieu pour être vu. D’où la gageure de leur proposer de se présenter quasiment comme des peintures ou des estampes, d’en abandonner et le Serge mouvement et le temps de « tourner » les pages. Mais ce qui est ainsi « perdu » rend plus sensible, l’espace spécifique du livre, entre la feuille et le volume, entre Fauchier ce qui est à découvert et ce qui est recouvert, entre l’instant du coup d’œil et la durée de ce qui se déroule, se raconte… Donc à travers de ce que l’on voit essayer de Christian saisir ce que l’on ne voit pas : Ut pictura poesis. Pierre Manuel, janvier 2022 editionsmeridianes@gmail.com ; www.meridianes.fr Pierre Manuel, né en 1947. Vit à Montpellier. A enseigné la philosophie au lycée Raymond Naves à Toulouse Jaccard Anne-Marie (1972-1991) puis à Montpellier (1991-2007). Co-fondateur à Toulouse de la revue Erres ; puis de la revue Pictura- Edelweiss. Et, à Montpellier, des éditions Méridianes. Pécheur A participé au CPC (devenu le CIAM) de l’Université du Mirail. A publié études ou livres sur : Pierrette Bloch, Jean Capdeville, Daniel Dezeuze, Gérard Duchêne, Bertrand Meyer-Himhoff, Claude Viallat etc. Yves Reynier Claude Jacques, Serge et Yves, © B. D.-F. Viallat [12] [13]
Daniel Dezeuze La notion d’atelier repose à la fois sur un mythe et une réalité. Lieu d’élaboration secret et concret pour la DANIEL DEZEUZE : né en 1942. Vit à Sète. plupart des artistes, il opère pour Daniel Dezeuze comme EXPOSITIONS RÉCENTES : galerie Templon (Paris) ; un espace d’expérimentation mais aussi de réflexion. Rétrospective au musée des beaux-arts de Grenoble. La possibilité de travailler sur des œuvres nécessitant à Expositions à la galerie Jacques Girard : 1991 ; 1992 ; la fois une conceptualisation poussée et l’utilisation de 1994 ; 1997 (mai, septembre et octobre) ; 1999 ; 2000 ; connaissances liées au bricolage, caractérise certaines 2001. PUBLICATIONS AUX ÉDITIONS MÉRIDIANES : périodes de l’artiste. Si l’emploi du terme "génie du lieu" 50 haïkus pour 50 chefs-d’œuvre (collection : Le Musée peut prêter à sourire, la mise en espace de pièces comme Fabre – visite privée) ; Écrits hérétiques, textes et dessins les réceptacles en 1995 montre a contrario toute la de Daniel Dezeuze. AUTRE PUBLICATION : Daniel pertinence du propos. Positionnés dans le jardin, ce dernier Dezeuze, Dessins, éditions Templon/Skira (direction servant d’extension hors les murs à l’atelier, ils attendent éditoriale : Pierre Manuel). d’improbables visiteurs pour les faire exister de manière opérante. Le concept d’assemblage retrouve également sa Dezeuze excelle dans l’art de l’autodéfinition pertinence au travers d’un montage d’objets insolites ou réfléchie et argumentée incongrus, à considérer au-delà de leur apparence et qui prennent place dans la narration de Daniel Dezeuze. Il ne s’en écarte qu’en une occasion, à propos de ses dessins et du pastel. Il est alors déconcertant Extrait du site de l'artiste de l’entendre déclarer son amour des poudres de pastel, "poussière colorée et fugace". Dezeuze dit avec éloquence, avec précipitation même, le plaisir qu’il prend à déposer sur le papier les pigments et à les caresser ensuite d’une peau de chamois. Elle efface en partie les formes. Elle étire les lignes. Elle écrase les grains contre la feuille. Elle mêle les tons. Il a beau affirmer que cette pratique n’a rien de traditionnel et qu’il va, à l’opposé de l’élégance, vers la barbarie, le regard n’en est pas moins séduit, bien plus que heurté. Ces œuvres s’appellent Parois ou La Vie amoureuse des plantes. Ni l’art pariétal, ni Twombly ne sont bien loin – ni l’histoire de la peinture, dont il est si difficile de se détacher. Ce que Dezeuze admet à demi-mot : "Dessiner répond pour moi à une nécessité, c’est-à-dire sans doute à un manque. C’est quand la peinture se dérobe qu’elle s’éprouve le plus." Philippe Dagen in Le Monde (octobre 2004) Boucliers, 1989, carrés conté et acrylique, 40×32,5. [14] [15]
Daniel Dezeuze / Méridianes Daniel Dezeuze / Méridianes Brèves de musée Écrits hérétiques 50 haïkus pour 50 chefs-d’œuvre Textes et dessins de Daniel • collection : Le musée Fabre – Dezeuze • Collection Liber • Visite privée • 112 pages, format 120 pages, format 34×27,5 cm, 21×15 cm, impression offset impression Offset • tirage • tirage : 700 exemplaires • courant : 600 exemplaires ; 2015 • imprimé par IN OCTO • tirage de tête, avec un dessin graphisme : Nicolas Claveau • sur papier : 20 exemplaires • exemplaire : 14 € décembre 2020 • imprimé par IN OCTO • graphisme : Nicolas Claveau • exemplaire de tête : 1 200 € ; exemplaire courant : 25 € Daniel Dezeuze était aussi présent en 1979 au Mirail – je me souviens d’une conférence sur la peinture chinoise et d’un coquillage déposé au fond d’un puits aux abords de la « fac ». Nous nous sommes revus lorsque j’étais au comité technique du FRAC Midi-Pyrénées (de 1982 à 1984). Avec Méridianes, la première publication était dans la collection : Le musée Fabre – visite privée : Brèves de musée – 50 Haïkus pour 50 chefs-d’œuvre. La brièveté et l’humour des haïkus retournaient la pompe qui entoure les chefs-d’œuvre. Un peu après, une longue collaboration aboutit à un ouvrage consacré à ses dessins : des premiers sur les bords du Lez ou dans les Asturies jusqu’aux plus récents où insectes et vie amoureuse des plantes en fournissent les sujets. Skira et la galerie Templon (Paris) l’éditeront. Porté par ce travail et par quelques discussions autour de la croisade des Albigeois, nous envisageons de rassembler ses textes sur la gnose et le catharisme publiés chez d’autres éditeurs (éd. Tarabuste ; éd. Rivières) et la série de dessins qu’elle a inspirés – chacun des titres lui est emprunté. Il s’agit de dessins et de textes non d’un théologien ou d’un historien des religions mais d’un artiste qui exprime son désarroi devant la toute-puissance du mal ou la violence criminelle des théocraties. L’édition courante du livre est accompagnée d’une édition de tête avec un dessin original et présentée dans un coffret entoilé réalisé par Delphine Marseille. La vierge aux quatre seins, 2012, pastel, 40×32 cm. [16] [17]
Serge Fauchier L’ondulation imprime son mouvement et dynamise les bandeaux, arrêtés, accélérés ou ralentis selon les SERGE FAUCHIER : né en 1952. Vit à Perpignan et à couleurs, le désordre des groupes de quadrangles Saint-Avit Sénieur (24). EXPOSITIONS RÉCENTES : s’oppose à leur fixation en figures ; galerie Jean-Paul Barrès (Toulouse). Expositions à la Ceux-ci se concentrent ou, au gré des blancs, galerie Jacques Girard : 1987 ; 1988 ; 2006 ; 2007 ; 2008 ; « s’éparsifient » dans l’étendue aux limites nettes qui 2010. PUBLICATIONS AUX ÉDITIONS MÉRIDIANES : contiennent leur fuite. Serge Fauchier, textes de Christian Limousin et James Serge Fauchier, mai 2021 Sacré ; Sur une lame spirale, texte de Patrick Wateau ; Peindre. Écrire, Écrits récents 2000-2019, préface d’Yves Michaud. Depuis plusieurs années, mon travail s’est séparé en deux formes différentes et néanmoins complémentaires ; chacune d’elles est attachée à un espace géographique et un lieu de production particuliers. Ainsi, la plupart des peintures avec les bandeaux ondulatoires sont réalisées dans un espace vaste et ouvert frontalement sur l’extérieur, tandis que les tableaux aux formes quadrangulaires sont produits dans un atelier plus organisé et architecturé. Cette partition du travail sensible depuis une décennie, avec les milieux différents ou elle s’organise, s’avère maintenant effective, portée par les rythmes qu’elle imprime, les choix et échos des regards et des lectures qu’elle suscite. […] En peignant, je ne peux me séparer de mes façons d’être au monde, ni de ce qui les a déterminées. Les ruptures et contradictions rencontrées se projettent et se retrouvent dans les pratiques, davantage pour les dynamiser que pour les établir. Je m’espace et me réunis ; je m’espace avec les bandeaux, dans les hors-champs ouverts par leurs fuites latérales, et me rassemble dans les regroupements désordonnés des quadrangles. Sur une lame spirale 2, 2016. [18] [19]
Serge Fauchier / Méridianes Serge Fauchier / Méridianes Serge Fauchier Peindre. Écrire Écrits récents (2000-2019) Textes de Christian Limousin et de James Sacré • 32 pages, format Préface d’Yves Michaud • collection 32×24 cm • impression sérigraphique Textes • 264 pages, format 27,5×20 cm, par Jean Villevieille • 9 œuvres impression Offset. Tirage courant : sérigraphiées • tirage courant : 50 600 exemplaires ; tirage de tête, exemplaires; tirage de tête, avec une avec une peinture sur papier format peinture sur papier : 30 exemplaires 27×20 cm : 40 exemplaires • mai 2020 • mars 2007 • imprimé par IN OCTO • imprimé par IN OCTO • graphisme : Nicolas Claveau • • graphisme : Rui Bastos • exemplaire de tête : 400 €; exemplaire de tête : 250 € ; exemplaire courant : 25 € exemplaire courant : 100 € Une longue amitié me lie à Serge Fauchier depuis ses invitations à participer à ses cours à l’école des beaux- Serge Fauchier / Méridianes arts de Perpignan au début des années 80. Et j’en ai Sur une lame spirale toujours suivi le travail, avec le plus grand intérêt et plaisir ; et en ai préfacé un catalogue. Il a donc été un Texte de Patrick Wateau • collection des premiers artistes retenus pour la collection Grands Maison natale • 20 pages, format Méridianes. La technique sérigraphique rehaussée par la 32,5×23 cm • 4 peintures originales compétence de Jean Villevieille convenait parfaitement de Serge Fauchier (2 au format 32, aux agencements de grands aplats brossés rouge et 5×23 cm; 2 au format : 32, 5×46 cm) • noir. Une sérigraphie exceptionnelle par son format tirage 20 exemplaires • novembre 2016 (32 x 96 cm) et le nombre de passages qu’elle a nécessité • imprimé par V.D.A. • graphisme : (7 passages) est au centre de l’ouvrage. Il a participé à Yoan Gil • exemplaire : 800 € de nombreuses expositions à Toulouse, à l’Université du Mirail, chez Jacques Girard et maintenant chez Jean-Paul Barrès. Avec Méridianes, il a publié 2 livres d’artiste – l’un avec Christian Limousin et James Sacré ; l’autre avec Patrick Wateau. Et un recueil de textes récents autant sur son propre travail (dans une approche parfois analytique parfois poétique) que sur l’histoire de la peinture, accompagné de nombreuses reproductions d’œuvres des années 70 à aujourd’hui. Sans titre, 2016, acrylique sur papier, 32 x 48 cm in Une lame spirale. [20] [21]
Christian Jaccard CHRISTIAN JACCARD : né en 1939. Vit à Paris et Saint- Jean-du-Gard. EXPOSITION RÉCENTE : Centre Georges Pompidou (Paris). Combustions récentes à l’abbaye de Lagrasse et à l’abbaye d’Orval (Belgique). Exposition à la galerie Jacques Girard : 1991. PUBLICATION AUX ÉDITIONS MÉRIDIANES : L’incendie de l’église de Sao Domingo à Lisbonne, texte de Serge Pey. Depuis le départ, mon œuvre s’articule autour de deux axes, de deux verbes transitifs, « nouer » et « brûler ». Du côté de « nouer », la typologie se développe en quatre points : les nœuds, les boîtes à outils, les sculptures et les empreintes. Et « brûler » en trois thèmes : les empreintes de feu, les outils de combustion et les vidéo- combustions. C’est de toutes ces actions et de leurs ramifications qu’émane ce que j’ai donc appelé les « énergies dissipées ». Sans titre, 2020, ignition sur papier Washi, 32×72 cm in L’incendie de l’église Sao Domingo à Lisbonne. Depuis très longtemps, quelques décennies, que je pratique ces actions, je me suis aperçu qu’elles produisent chacune deux formes d’énergie distinctes, deux formes d’énergie qui leur sont propres. Nouer délivre une force physique et brûler dégage une énergie chimique qui développe des traces, des empreintes diverses et variées. L’ambiguïté et l’intérêt viennent de ce que l’énergie ainsi libérée par ces actions peut être ordonnée ou, au contraire, désordonnée. J’ai donc décidé d’utiliser l’adjectif « dissipé », car cette énergie peut se déployer comme les nuages sous forme de dispersion, d’effacement, et donc elle ne se voit plus. La confection d’un nœud ou d’une brûlure est structurellement le résultat d’une énergie qu’on ne voit pas. Une flamme, par exemple, relève forcément d’une action. Entretien Le Journal des Arts 2020 Sans titre, 2020, ignition sur papier Washi, 32×72 cm in L’incendie de l’église Sao Domingo à Lisbonne. [22] [23]
Christian Jaccard / Méridianes sa finesse de compréhension d’un projet éditorial au Ignitions service de ce livre et lui offre un écrin de grande qualité. Outre les quatre acteurs habituels de Méridianes Texte de Serge Pey : L’incendie de (l’artiste, l’auteur, le graphiste et l’imprimeur), deux l’église Sao Domingos de Lisbonne nouveaux acteurs sont intégrés pour l’originalité de leur le 13 août 1959 • collection Liber • travail : le papetier et le relieur. Un vrai travail d’équipe. tirage courant : 24 pages, format 31×21 cm, impression numérique par VDA sur papier Cordenons 250g du texte et de 2 ignitions de Christian Jaccard, format 31 x 63 cm • tirage : 60 exemplaires • tirage de tête, 30 pages, format 32×24 cm, avec 3 ignitions originales de Christian Jaccard, sur papier Washi 80 gr réalisé à l'atelier Benoit Dudognon • et une ignition sur Rhodoïd, format 32×24 cm • tirage : 15 exemplaires • coffret réalisé par Delphine Marseille, relieur à Montpellier • novembre 2021 • graphisme : Yoan Gil • exemplaire de tête : 3 600 € ; exemplaire courant : 80 € Un livre dans la longue durée amicale avec Serge Pey, depuis nos échanges et collaborations au CPC de l’Université du Mirail. Le texte qu’il m’envoie sur l’incendie de l’église de Sao Domingos à Lisbonne précède de plusieurs mois l’incendie de Notre-Dame de Paris. Christian Jaccard avec lequel il avait travaillé à la Coopérative de Montolieu et que j’ai rencontré à l’occasion d’une combustion à l’abbaye de Lagrasse (IN SITU, Patrimoine et art contemporain, 2017, commissariat de Marie-Caroline Allaire-Matte) a accepté de l’accompagner de 4 ignitions (trois sur papier et une sur Rhodoïd). Je découvre au même moment l’atelier papetier de Benoit Dudognon, au bord du lac du Salagou : riche des traditions papetières japonaises (papier Kozo) et d’un engagement écologique fort (aucune colle chimique) et propose à Christian Jaccard Serge Pey : L’incendie de l’église Sao Domingos à Lisbonne le 13 août 1959, avec 3 ignitions de Christian Jaccard sur Kozo et une ignition sur Rhodoïde, 2021, 32 x 24 cm. Coffret de de réaliser ses ignitions sur le papier même dont se Delphine Marseille. servent, pour se protéger du feu, les pompiers japonais. Arrivent les confinements qui retardent et compliquent la réalisation du livre. Mais arrive aussi Delphine Marseille qui met toutes ses compétences de relieur et [24] [25]
Anne-Marie Pécheur • creuser : faire une trace muette sur l’envers du papier, avec une pointe sèche. ANNE-MARIE PÉCHEUR : née en 1949. Vit à Marseille. • perforer : le papier avec un emporte-pièce de Outre son travail de peintre, elle a conçu de nombreuses travailleur du cuir, aligner des ronds creux sur des installations lumineuses. EXPOSITIONS RÉCENTES : surfaces les plus grandes possible, posées au sol. Cabinet d’Ulysse (Marseille), L’enseigne des Oudins (Paris). •ordonner : la peinture autour du trou, des trous. Expositions à la galerie Jacques Girard : 1984 (février et tendre : la toile sur châssis, et peindre l’histoire avril); 1985; 1986; 1989. PUBLICATION AUX ÉDITIONS précédente. MÉRIDIANES : Puzzle, avec un texte de Cécile Wajsbrot. • peindre, une peinture mouvante et vivante, tout émergente du dessous des choses, arabesque et volutes. Anne-Marie Pécheur fut sans doute influencée par le • trouer le bois, et faire venir les formes naturelles. mouvement support/surface, mais elle a pris chez elle une les éléments, ce qui pousse du dessous au-dessus, voie transversale et recouru à une histoire où se mêlent les les plantes, la relation botanique classement, arts premiers, l’antiquité, l’enluminure, la littérature. ordre des couleurs des fleurs, Cette peinture est liée à un effeuillement, un arrachement • le dessous et le dessus se dessinent en couple, découvrant à la fois le dessous des peaux, des pores ouvrir l’un, figures à planter là dans le système de ouverts qui aspirent et respirent l’air et la lumière. « quand je coupe en deux ». Les surfaces sont des corps plats, s’y irriguent les fluides • installation de lumière monumentale. de la couleur, orientée vers leur propre existence, coulant, s’écoulant, dispersée dans un ordre précis. Extrait du site de l'artiste Le peintre est anatomiste et dénude à l’extrême les surfaces sensibles de la matière, comme peindre en classant par ordre, dans une structure établie par avance, avec des couches présupposant un inaltérable et mémoriel savoir, connaître le dessus et le dedans et le dessous des choses. Aujourd’hui, se met à jour un enchaînement de la logique de sa peinture. Jusqu’à présent l’artiste avait décidé de laisser aller, « un certain laisser-aller », durant 40 ans, dans ce difficile traitement de la création, où se cultivent les éléments et leur géologie. Le détour et l’impasse étaient instaurés comme système, mais la page est découverte avec les éléments de la construction de sa propre existence. Voilà les éléments de l’histoire du travail d’Anne- Marie Pécheur depuis 1975 : • graver, gravure : « ce sur quoi l’on a écrit », terre, pierre métal, plante, toile et papier. Sans titre, 1984, peinture sur papier, 90×100 cm. [26] [27]
Anne-Marie Pécheur / Méridianes – une intervention directement sur l’écran et imprimée. Puzzle Aujourd’hui c’est devenu banal : en 2009, c’était encore une démarche neuve et compliquée (pour le choix du Texte de Cécile Wajsbrot • collection papier par exemple). C’est le seul livre de Méridianes Grands Méridianes • 32 pages ; réalisé ainsi. Le tirage de tête est accompagné d’une format 32×24 cm ; impression peinture originale sur papier. numérique • tirage courant : 50 exemplaires ; tirage de tête, avec une peinture sur papier : 30 exemplaires • novembre 2009 • imprimé par Quadrissimo • graphisme : Anne-Marie Pécheur • exemplaire de tête : 350 € ; exemplaire courant : 50 € Anne-Marie Pécheur a été une des artistes présentées lors de l’exposition inaugurale du CPC de l’Université du Mirail en 1979. J’avais gardé le contact avec elle et le groupe des artistes de Marseille autour de l’ADDA (dont J.B. Audat ; D. Gauthier etc.). En 1984, à la suite d’un voyage aux frontières de la Catalogne et de l’Aragon pour visiter les chapelles romanes dont celle de Tahüll, elle me propose de participer à un ouvrage réalisé en collaboration avec Maya Anderson (compagne d’Alexandre Delay qui a souvent exposé à la galerie J. Girard). Jacques Girard en sera en 1985 l’éditeur et il exposera les œuvres originales des deux artistes. Je découvre dans l’été 1984 ces mêmes chapelles et nourri des poèmes et des textes de Mandelstam sur l’Arménie, j’en écris le texte. C’est mon premier livre avec Anne- Marie. Nous nous reverrons plusieurs fois dans les années qui suivent, à Bordeaux puis à Rodez où elle présente une installation lumineuse au musée Denys Puech, en 2006. Elle me propose de faire avec elle un entretien pour le catalogue. En 2009, je lui soumets le projet de réaliser un livre d’artiste dans la collection Grands Méridianes : ce sera Puzzle dont le titre dit bien comment s’assemblent et se désassemblent figures et textes et au sein des figures leurs différents motifs. Elle choisit Cécile Wajsbrot pour en écrire le texte et utilise une palette graphique pour en dessiner les formes et les couleurs. Donc pas de dessin ou de peinture reproduite Puzzle, 2019. [28] [29]
Yves Reynier YVES REYNIER : né en 1946. Vit à Nîmes. Pensionnaire de la Villa Médicis (Rome). EXPOSITIONS RÉCENTES : galerie Samira Cambié (Montpellier) ; galerie Jean-Paul Barrès (Toulouse). Expositions à la galerie Jacques Girard : 2005 ; 2007 ; 2009 ; 2011. PUBLICATION AUX ÉDITIONS MÉRIDIANES : Yves Reynier, La semaine sainte, entretien avec Pierre Manuel À propos des collages Sans titre, 2021, aquarelle et collage sur papier, 11×21 cm. « Il y a dans ces collages la trace ou l’effet d’un processus de destruction, […] il est un point de départ et non le résultat d’une décision. Lentement s’affirme une manière de faire retour à la peinture par son envers, d’en retrouver les figures et l’unité. Je pense le processus de collage comme un geste pictural même si l’espace auquel il ouvre est incomplet, complexe, poly-centré ». « Même si des questions sur l’image, sur le paganisme, sur les savoirs ésotériques peuvent parcourir mes œuvres, elles doivent se fondre dans cette approche d’une image d’avant les images. La poésie d’Ezra Pound avec ses rapprochements d’écritures multiples – conteurs africains, troubadours, poètes chinois – sa dimension de l’idéogramme qu’il a mise en avant est très proche de ce que je cherche. « Je suis le plus souvent conduit par des « images » dont le sens m’échappe, comme si, dans l’atelier, les choses se faisaient de leur propre initiative ». « Comment cela se combine? Comment cela fait sens? », le plus souvent, je n’en sais rien. […] Il y a, au départ, une première image qui est comme un « flash »; c’est elle qui va déclencher un processus de récollection d’autres images ». Des objets de rebut qu’il recueille Yves Reynier fait « de petits poèmes visuels. […] C’est la beauté qui souvent ne se connaît pas elle-même que je tente de remettre en circulation ». Extraits d’entretien avec Pierre Manuel (Méridianes) La forêt vierge, 2021. [30] [31]
Yves Reynier / Méridianes La semaine sainte Entretien avec Pierre Manuel Collection Grands Méridianes • 32 pages, format 31×22 cm, impression Offset su papier Arches 160g. 20 pages avec collages et aquarelles d’Yves Reynier • tirage : 400 exemplaires ; tirage de tête, avec une aquarelle format 31×22 cm : 30 exemplaires • octobre 2009 • imprimé par IN OCTO • graphisme : Yoan Gil • exemplaire de tête : 400 € ; exemplaire courant : 40 € Depuis la fin des années 70, Yves Reynier et moi n’avons cessé de nous voir – parfois même dans les rues d’Athènes ou en Crète mais plus souvent à Toulouse (au Mirail ou chez Jacques Girard) ou à Nîmes. La revue Pictura Edelweiss avait publié une étude qu’il avait faite sur les déformations géométriques de Vélasquez. Puis des articles critiques sur son travail plusieurs fois montré au Mirail et plus tard chez Jacques Girard. Nous avons réalisé un entretien pour La semaine sainte – autant référence à Aragon qu’à ses voyages fréquents en Espagne. À la vue des collages, je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit par ce titre et le choix des collages ou des aquarelles de célébrer une résurrection – une résilience selon le langage à la mode. Une technique – le collage – que les premiers cubistes puis les surréalistes ont particulièrement affectionné pour sa densité poétique mais qu’Yves Reynier utilise aussi à rebours d’une certaine modernité qui se veut monumentale, géométrique, plane et univoque. Et un véhicule, si l’on peut dire – le voyage – qui a, au sens premier, fourni les matériaux des collages : timbres, cartes postales, cartes téléphoniques, billets etc. Un ouvrage Voyages d’hiver est en préparation autour des dessins et collages qu’Yves Reynier a ramenés de ses nombreux voyages. Peut-être qu’il pourra être présenté La semaine sainte, 2009, aquarelle et collage, 32×24 cm. à la fin de l’exposition à Ombres Blanches. [32] [33]
Claude Viallat engagement esthétique la déterminant a priori. Mais regardons bien chacune de ses “pièces”, y compris ses CLAUDE VIALLAT : né en 1936. Vit à Nîmes. Un peintures tauromachiques dont la technique doit tant à des membres fondateurs de Supports/surfaces. son travail Supports/Surfaces. Oublions leurs qualités EXPOSITIONS RÉCENTES : rétrospective au musée décoratives, posons-nous seulement une question à leur Fabre (Montpellier) 2014; galerie Ceysson-Bénetière propos : la réponse à cette question sera, nécessairement, (Paris/Luxembourg/Saint-Étienne/New York); galerie une autre question. Alors, tout recommencera. C’est-à- Templon (Paris/Bruxelles). EXPOSITIONS À LA dire la mise en question de l’art, celle de toute œuvre et GALERIE JACQUES GIRARD : 1984; 1985 (mai et juin); de toute action humaines. Et c’est bien! 1999; 2000; 2001; 2003; 2007; 2011; 2012. PUBLICATIONS AUX ÉDITIONS MÉRIDIANES : Claude Viallat, avec 4 Bernard Ceysson, Historien de l’art, Galeriste. sérigraphies. Textes d’Antoine Graziani et Pierre Manuel; Ji, zincographie, texte de James Sacré; Claude Viallat : Marques et passages, 5 études sur Claude Viallat, texte de Pierre Manuel; Federico Garcia Lorca : Chant funèbre pour Ignacio Sanchez Mejias, avec des dessins de Claude Viallat (co-édition avec Bernard Chauveau éditions); Federico Garcia Lorca : Essai sur le taureau en Espagne avec un dessin de Claude Viallat. AUTRES PUBLICATIONS : Claude Viallat : dessins, éditions ceysson (direction éditoriale : Pierre Manuel). Claude Viallat : Écrits, éditions ceysson (direction éditoriale : Pierre Manuel). Que nous reste-t-il des années Supports/Surfaces ? Que nous reste-t-il des années Supports/Surfaces dans l’œuvre de ses protagonistes ? Il nous reste le parfum de l’un des moments les plus brillants, les plus intenses de la vie intellectuelle de l’après- guerre, le souvenir d’un enthousiasme rare qui portait à croire que tout pouvait changer. Il nous reste surtout des œuvres, dont aujourd’hui nous éprouvons, comme malgré leurs auteurs, la Beauté. Une Beauté, pour reprendre au compte de Supports/Surfaces l’intense formule d’André Breton, convulsive, mais aussi dérangeante, agressive et pourtant si décorative car nous donnant à voir l’absolue simplicité élémentaire de la Forme. L’œuvre de Claude Viallat nous semble aujourd’hui pourtant d’un classicisme impérieux. Et si personnelle, Claude Viallat, in Claude Viallat, 2006, 64 x 48 cm, sérigraphie, impression CQFI-Jean ne devant rien à l’évangile d’un groupe, libre de tout Villevieille. [34] [35]
Pierre Manuel / Méridianes Claude Viallat / Méridianes Claude Viallat – Marques et Claude Viallat passages Textes d’Antoine Graziani et de Pierre Cinq études sur Claude Viallat Manuel Collection Textes • 136 pages, Collection Grands Méridianes • 32 format 22×15 cm, impression offset pages, format 32×24 cm, impression • tirage : 900 exemplaires • 2014 sérigraphique de Jean Villevieille sur • graphisme : Nicolas Claveau • Vélin d’Arches 200g • 3 sérigraphies exemplaire : 15 € de Claude Viallat, format 68×48 cm • tirage : 100 exemplaires dont 60 exemplaires de tête avec Peut-être même avant 1979, du temps de la revue un estampage ou un dessin original de Claude Viallat • Erres, nous savions que Claude Viallat à Marseille puis octobre 2006 • graphisme : çadesign • exemplaires de tête : à Nîmes nous donnerait toutes les bonnes adresses épuisé • exemplaire courant : 150 € (celles qui nous intéressaient !) et ferait ouvrir les portes des ateliers : de Toulouse, pour Erres puis ensuite pour Claude Viallat / Méridianes Pictura Edelweiss ce fut un pas décisif sur le plan humain JI et artistique. Et pour et autour de Méridianes, il y eut de Texte de James Sacré nombreux échanges en plus des livres cités plus haut : des préfaces de catalogues, un livre qui rassemblait tous Collection Liber • 1 feuille 120×72 cm pliée en 8 • ses textes et un livre de dessins publiés par Bernard zincographie sur papier coréen Han-Ji • tirage : 92 Ceysson. Une plongée dans les « archives » ou plutôt exemplaires dont 25 exemplaires de tête, sous étui l’« archéologie » de l’œuvre qui a permis d’en oublier Plexiglas, avec une peinture originale de Claude Viallat la célèbre « Forme » pour comprendre de quelle(s) • avril 2012 • impression : atelier Bervillé • graphisme : histoire(s) elle se nourrissait – certes avec discrétion Jean-François Luccioni • exemplaires de tête : 1500 € • mais avec de plus en plus d’évidence. En ont résulté un exemplaire courant : 500 € Grand Méridianes avec 3 grandes sérigraphies réalisées par Jean Villevieille ; JI sur un papier de murier coréen, comme une grande estampe dont le verso est occupé par un texte de James Sacré. Et deux livres liés à la tauromachie et à F. Garcia Lorca : Chant funèbre pour Ignacio Sànchez Mejias (traduction Alain Montcouquiol) co-édité avec Bernard Chauveau (épuisé) ; et Essai sur le taureau en Espagne (traduction René Pons). Sérigraphie, 2006, 64×48. [36] [37]
Rencontres dans le cadre de l’exposition La galerie vue du ciel. JEUDI 3 MARS À 18 H Lecture par Serge PEY du texte de L’incendie de l’Église de Sao Domingos de Lisbonne. Suivie L’exposition des artistes du catalogue Méridianes, d’un entretien avec Christian JACCARD et de la associée à un hommage à la galerie Jacques Girard à projection d’un film tableau de l’artiste. Toulouse, n’aurait pu se tenir sans la complicité active et amicale de Pierre Manuel, à qui nous exprimons VENDREDI 4 MARS À 17 H 30 toute notre gratitude. Rencontre avec Pierre MANUEL. Présentation Nous remercions également les artistes qui nous des Éditions Méridianes, en présence de certains font confiance, et qui ont accepté ce “pas de côté” en des artistes du catalogue. Suivie d'une lecture des exposant dans notre librairie, mais aussi les galeries Écrits hérétiques de et par Daniel DEZEUZE. qui le permettent, ainsi de Ceysson et Bénétière à Paris, Le Cabinet d’Ulysse à Marseille, Jean-Paul Barrès à Toulouse. Nous remercions Mélanie Wolff, libraire à Ombres Blanches, qui réalisa son Master d’Histoire de l’art sur Jacques Girard, Didier Samson et Bettina David-Fauchier, fidèles amis de Jacques. Nous remercions Brigitte Hedel-Samson et Pascale Cazalès, organisatrices d’une Journée d’études sur l’histoire de la Galerie Jacques Girard le 20 janvier, à qui nous devons d’avoir eu cette idée d’hommage “en donnant à voir”. La librairie Ombres Blanches Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui m’ont soutenu et conseillé et sans lesquels Méridianes n’aurait pas pu se développer : Marie Mislej, présidente de Méridiane ; Gérard Bourdarias, imprimeur et photograveur ; Nicolas Claveau graphiste ; Yoan Gil graphiste et imprimeur. Et à l’équipe des commencements : Caroline Allaire-Matte, Marthe Carreton, Jean Villevieille, Sylvie Vachin. Jacques Girard, © B. D.-F. Pierre Manuel pour Méridianes [38] [39]
Exposition à la librairie Ombres Blanches Hommage à Jacques Girard, galeriste Méridianes éditions et ses artistes Daniel Dezeuze Anne-Marie Pécheur Serge Fauchier Yves Reynier Christian Jaccard Claude Viallat du 29 janvier au 12 mars 2022 • jeudi 3 mars et vendredi 4 mars • rencontres et lectures avec les artistes et l’éditeur Ombres Blanches 3, Rue Mirepoix • Toulouse Ouvert du mardi au vendredi de 14 h à 19 h le samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h
Vous pouvez aussi lire