Festival Interceltique de Lorient 2022 - Année des Asturies, Première Partie - Rythmes Croises

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Festival Interceltique de Lorient 2022 - Année des Asturies, Première Partie - Rythmes Croises
Festival Interceltique de
Lorient 2022 – Année des
Asturies, Première Partie
written by Didier Le Goff

Festival Interceltique de Lorient
2022 – Année des Asturies, Première
Partie

En août 2020 devait se tenir la cinquantième édition du
Festival Interceltique de Lorient (FIL). En raison de la
pandémie du Covid-19, cette édition a été reportée à l’année
suivante. En 2021, malgré un contexte sanitaire toujours
délicat, ce cinquantième Festival Interceltique s’est bien
tenu, sous une forme cependant allégée. Cette édition 2021
était également la dernière à avoir été élaborée sous l’égide
de Lisardo LOMBARDIA, le Directeur Général. 2022 marquait donc
le début d’une nouvelle ère, soulignée par l’arrivée de Jean-
Philippe MAURAS au poste de Directeur Artistique et signant
l’an 1 devant mener à la centième édition, au siècle
interceltique.
Festival Interceltique de Lorient 2022 - Année des Asturies, Première Partie - Rythmes Croises
Même si le Covid n’était pas totalement oublié, les mesures
sanitaires contraignantes ont été abandonnées. Le FIL a pu
retrouver l’ampleur qu’on lui connaissait avant la crise.

Plusieurs changements étaient toutefois à noter.

La Grande Parade des Nations Celtes a retrouvé le parcours qui
fut le sien entre 2007 et 2011. Le défilé empruntait cette
fois un tracé allant du passage à niveau, cours de Chazelle,
jusqu’au Stade du Moustoir. 750 000 personnes le long du
cheminement et 10 000 spectateurs dans le stade ont applaudi
les soixante-cinq groupes.

Depuis 2002, le chapiteau de l’Espace Marine accueillait,
quasiment chaque année, les principales têtes d’affiches sur
la place d’armes. La physionomie du lieu a été totalement
repensée pour devenir un espace à ciel ouvert désormais appelé
l’Amphi.

Les Nuits Interceltiques ont aussi changé de dénomination et
sont devenues Horizons Celtiques. Le spectacle a été resserré
afin de ne plus avoir de temps morts et également de terminer
plus tôt. En raison de la sécheresse et des risques
d’incendies, la partie pyrotechnique n’a pas eu lieu.

Certains pavillons des pays celtes entre la Place Glotin,
derrière le Palais des Congrès, et les quais du Port de
Plaisance se sont vus regroupés entre un pavillon gaélique
(Irlande, Écosse, Île de Man) et un pavillon brittonique
(Pays-de-Galles, Cornouailles). Seules les Asturies (en tant
que pays à l’honneur) et la Galice bénéficiaient de leur
propre pavillon. La Bretagne comme à l’accoutumée occupait le
terrain derrière le Palais des Congrès.

Il manquait cette année encore le pavillon de l’Acadie et de
l’Australie.

Pour ce retour trois ans après sa dernière édition classique,
le FIL a été plébiscité. Malgré des records de chaleur et un
soleil omniprésent qui étaient parfois difficiles à supporter,
la fréquentation a été évaluée à environ 900 000 festivaliers.
125 000 entrées payantes ont été comptabilisées en tenant
compte des billets et des différents forfaits permettant
d’accéder à plusieurs spectacles.

Le OFF a par contre vu sa présence fortement réduite que ce
soit en nombre de scènes et en nombre d’artistes. Le niveau de
ce festival « parallèle » ne s’en est pas trouvé relevé. Comme
ce fut le cas ces dernières années, la programmation n’avait
rien de véritablement celtique. Certains établissements
réussissaient néanmoins à conserver une certaine étincelle,
mais ils se faisaient rares.

En 2023, c’est l’Irlande qui sera à l’honneur pour la
quatrième fois.

                      Compte-rendu
En raison de la crise sanitaire, les différents championnats
des Bagadou n’ont pas eu lieu depuis 2019. Habituellement
déclinée en deux poules, la première manche de la compétition
de première catégorie, l’élite des Bagadou, prévue à Nantes le
dimanche 13 février 2022 n’a pas pu se tenir pour cause de
flambée épidémique. Les quinze bagadou se sont donc retrouvés
le 6 août au Stade du Moustoir pour l’épreuve de Lorient qui
constituait l’unique partie en vue de désigner le champion
2022.

Depuis 2015, le Bagad CAP CAVAL (Plomeur) régnait sans partage
sur la compétition. Cette année, c’est le Bagad KEMPER
(Quimper) qui a soulevé pour la vingt-quatrième fois le
trophée, devançant le Bagad BRIEG (Briec de l’Odet) et le
Bagad RONSED MOR (Locoal Mendon). Le Bagad CAP CAVAL se classe
au pied du podium. Une mention particulière peut être décernée
au Bagad SONERIEN AN ORIANT (Lorient) qui termine à une très
belle sixième place. La KEVREN ALRE (Auray), habituée des
premières places, ne participait pas au concours.
En raison des circonstances particulières pour cette année
2022, il n’y aura pas de descente des deux derniers groupes au
niveau inférieur. Par contre, le Bagad PENHARS (Quimper)
vainqueur en deuxième catégorie pourra, s’il le souhaite,
rejoindre l’élite.

                      Les Têtes d’affiche
Murray HEAD a été la première   tête d’affiche à se produire sur
la scène de l’Amphi et, de      fait, il a inauguré ce nouvel
espace. Il n’en était pas        à sa première participation
puisqu’il était déjà venu       au FIL en 1993.

Ce concert prenait place dans le cadre de sa tournée album
célébrant son album de 1975, Say It Ain’t So. Entourée de
solides musiciens et d’une chanteuse et choriste, il a
revisité les chansons de son album culte dont évidemment le
titre éponyme qui bien évidemment a suscité l’engouement.

Murray HEAD s’exprime dans un français parfait et communiquait
volontairement avec le public.

D’autres tubes n’ont pas été oubliés, telle cette reprise de
Le Sud de Nino FERRER et bien sûr l’incontournable One Night
in Bangkok, qui a enflammé le public et que l’artiste a
interprété en partie au milieu de la foule.

De son côté, le chanteur MIOSSEC venait également célébrer un
album culte, un album essentiel, le premier de sa carrière,
Boire, sorti en 1995. La prestation a néanmoins laissé une
impression mitigée.

Les inconditionnels de l’artiste ont été heureux de le
retrouver au Festival vingt ans après son précédent passage.
Les autres spectateurs se souviendront d’un concert
passablement court, monocorde, sans réel échange. Pourtant, le
répertoire, qui ne se basait pas seulement sur l’album Boire,
était brillant. Mais malgré quelques étincelles, la magie n’a
pas opéré ce soir-là.
Le Bagad de LANN BIHOUÉ célébrait en cette année 2022 son
soixante-quinzième anniversaire. Par son attachement au pays
de Lorient et au Festival Interceltique, il semblait logique
que cet évènement soit honoré.

Lors de la Grande Parade, c’est comme à l’accoutumée le Bagad
actuel qui a ouvert le défilé. Pour le clôturer, c’est un
impressionnant cortège de trois cent anciens sonneurs qui a
cheminé à travers les rues de la cité portuaire jusqu’au stade
du Moustoir.

Le lendemain soir, c’est une création baptisée Odyssée que le
bagad proposait sur la scène de l’Amphi. Cette création
contait le périple d’un jeune homme qui suivait les traces de
son père, un ancien du bagad à travers le monde. En fonction
des lieux visités, la musique se teintait de couleurs jazz,
brésiliennes, orientales, irlandaises et bien sÜr bretonnes.
Le jeu de percussions était très travaillé et incisif. Amazing
Grace, qui provoque toujours autant d’émotions, est par contre
arrivé un peu tôt. Sur Ar Mor divent (la mer immense), les
lumières des téléphones des 3000 spectateurs scintillaient
comme autant d’étoiles éclairant la mer. Pour le final, c’est
le titre Azerty qui a achevé de conquérir le public.

Il aura toutefois manqué un petit plus pour rendre cette
soirée inoubliable, la participation des anciens sonneurs ou
la présence d’Alain SOUCHON venant interpréter sa mythique
chanson célébrant le Bagad comme ce fut le cas en 2007 et
2012.

Lors de chaque édition, une rencontre entre un orchestre
classique et un artiste ou un groupe est proposé. Depuis
plusieurs années, c’est l’Orchestre Symphonique de Bretagne
qui prenait place au FIL. L’ensemble n’étant cette fois pas
disponible, c’est l’ Orchestre du Festival qui a été
ressuscité. Il a eu le privilège de partager la scène avec
l’un des groupes phares de la musique écossaise, CAPERCAILLIE,
qui célébrera en 2023 ses quarante ans.
Le concert avait déjà été donné à Glasgow en juin 2022, le BBC
Scottish Symphony Orchestra avait alors accompagné le groupe.

Devant un public venu nombreux, CAPERCAILLIE a revisité un
large panel de titres couvrant une discographie allant de
Cascade (1984) à At the Heart of It All (2013). Des titres
entraînants alternaient avec des moments plus solennels. La
musique de CAPERCAILLIE ne manque déjà pas de raffinement à la
base mais soutenue par un grand orchestre, elle montait en
puissance et acquérait une ampleur de grande classe. Loin de
l’atténuer, cette puissance mettait encore plus en avant la
voix divine de la chanteuse Karen MATHESON. Au sortir du
concert, on en venait à se demander comment et pourquoi la
rencontre entre les deux univers n’avait pas encore eu lieu.

Durant toute cette année 2022, le groupe SONERIEN DU célébrait
ses cinquante ans d’existence. En attendant de commémorer cet
anniversaire dans leur fief de Pont L’Abbé le 20 août, les
musiciens ont posé leurs instruments à Lorient sur le Quai de
la Bretagne.

Minuit était passé depuis quelques minutes. Un Gwenn ha Du
s’agitait à quelques pas de la scène. Les spectateurs
commençaient à scander « Les DU ! », affectueux diminutif
désignant aujourd’hui le groupe. Il a suffi de quelques notes
de War bont an Naoned et déjà les spectateurs entraient dans
la danse malgré un manque de place évident face à une
affluence record.

C’était parti pour près d’une heure et demi d’un concert/fest-
noz débridé durant lequel le groupe a aligné ses classiques
dans une ambiance très électrique, sur et devant la scène.
SONERIEN DU est réputé pour pratiquer un gros son et là, ça
envoyait du lourd. Un rond paludier en acoustique a permis de
se reposer les oreilles.

Si le chant est en grande partie assuré par Christophe
RUNAVOT, sur La Légende de Connor, c’est Dominique LARDIC, le
guitariste, qui donnait de la voix. Disco Noz, un pach-pi
façon disco, entraînait les danseurs dans un registre plus
iconoclaste.

Il est des incontournables sur lesquels le groupe pouvait
difficilement faire l’impasse. Le final a ainsi vu passer
L’artilleur, morceau de bravoure avec son « lâcher de
guitaristes » très attendu, Kanomp ha roulomp atao, Jean-Marie
et Méli-Andro.

Le spectacle était parfaitement rodé, les musiciens pleinement
aguerris. Il n’empêche que le charme fonctionne toujours et
les SONERIEN DU ont fêté leur demi-siècle devant un auditoire
entièrement conquis.

Pour beaucoup de personnes, Gaëtan ROUSSEL est l’emblématique
chanteur du groupe LOUISE ATTAQUE. Malgré un côté folk
prononcé, notamment grâce aux sonorités du violon, le célèbre
groupe de rock     ne   s’est   jamais   produit   au   Festival
Interceltique.

Même si LOUISE ATTAQUE est toujours en activité, Gaëtan
ROUSSEL mène en parallèle une carrière sous son nom et c’est à
ce titre qu’il a été convié à participer au FIL 2022.

La soirée s’est déroulée en deux temps. Le premier acte était
le pendant scénique d’Aber Roads, l’émission qu’anime Gaëtan
ROUSSEL sur France 3 Bretagne. Un artiste, breton ou non, fait
découvrir à Gaëtan les lieux qu’il affectionne en Bretagne et
chacune des émissions se termine par une session musicale. Le
but du concert était de recréer cette cession en conviant des
artistes ayant participé à l’émission.

Sobrement accompagnés de Nolwenn ARZEL (harpe), Kevin CAMUS
(flûte, cornemuse irlandaise) et Colin ROUSSEL (percussions,
machines), se sont ainsi succédés pour un titre en solo et en
duo avec Gaëtan, Nolwenn LEROY (J’t’emmène au vent), Dominique
A (surprenante et inattendue reprise du tube de Kylie MINOGUE
Can’t Get You out of my Head ; Au revoir mon amour), YELLE
(Pendant que les champs brûlent de NIAGARA), MIOSSEC (Les
Bières aujourd’hui s’ouvrent manuellement en solo et Brest en
duo).

Jane BIRKIN ne pouvant être présente, Nolwenn LEROY l’a
remplacée en interprétant Fuir le bonheur de peur qu’il ne se
sauve.

Gaëtan s’est aussi fendu d’une interprétation du poème de
l’écrivain Xavier GRALL, Allez dire à la ville.

Il s’agissait là de l’unique représentation de ce concept et
malgré son aspect hétéroclite et disparate, cette partie du
spectacle fut très plaisante.

Après un entracte, c’est en fendant la foule que Gaëtan
ROUSSEL est remonté sur scène en interprétant Est-ce que tu
sais afin de rejoindre son groupe (guitare électrique, basse,
batterie, clavier).

Puis une fois installé, c’est un tour de chant classique que
le chanteur a proposé au public. Il a présenté les chansons de
son propre répertoire ou celles qu’il a pu écrire pour
d’autres interprètes.

Sans que ce terme ne soit obligatoirement péjoratif, on était
là dans ce qu’on appelle le monde de la variété. Gaëtan
ROUSSEL savait user de ficelles avec aisance et parfois peut-
être un peu trop.

Ainsi, Comme un rendez-vous ou Chaque jour reste le nôtre
semblaient interminables et finissaient par ressembler à des
chansons de fêtes foraines. Heureusement, Les Matins
difficiles, plus calme, et La Colère, qui est une vraie belle
chanson, permettaient de contredire les propos précédents.

On a aussi pu entendre des reprises de LOUISE ATTAQUE (Les
Nuits parisiennes, Léa, Ton Invitation) pour lesquelles une
guitare électrique parfois incisive remplaçait le violon.
C’est avec Help Yourself et, à nouveau, J’t’emmène au vent que
le concert a pris fin.

Si l’ensemble pouvait laisser une impression mitigée, on peut
y voir malgré tout un côté positif, celui d’avoir attiré au
FIL un public qui n’y serait peut-être pas venu.

Cécile CORBEL faisait partie des artistes dont on a pu
regretter l’absence lors de la cinquantième édition du FIL. Il
faut rappeler que le nombre de sites était alors limité et que
les scènes érigées ne correspondaient sans doute pas à
l’univers de la harpiste.

C’est donc comme à l’accoutumé au Palais des Congrès et un
après-midi que Cécile et ses musiciens ont trouvé place pour
un spectacle baptisé Notes.

Un concert de Cécile CORBEL, c’est un moment privilégié où le
temps s’arrête, où l’artiste nous conte des histoires tristes
ou joyeuses, réelles ou imaginaires, de personnages ayant
existé ou non. On peut tout aussi bien côtoyer le mythique roi
d’Irlande Brian BORU que la minuscule ARRIÉTY (chanson du film
d’animation des studios japonais GHIBLI, Le Petit Monde des
chapardeurs) ou encore un petit fantôme. Le public venu en
nombre, jeunes ou plus âgés, est resté captivé du début à la
fin du spectacle.
La Grande Soirée des Asturies
D’ordinaire programmée le lundi soir, la Grande Soirée du pays
à l’honneur a cette année été déplacée au jeudi soir. Deux
formations étaient conviées pour promouvoir la musique
asturienne, HEVIA et son groupe ainsi que LLAN DE CUBEL.
Curieusement, c’est donc HEVIA qui a assuré la première
partie.

La première venue du sonneur asturien à Lorient remonte à
1988. Depuis, il s’y est produit à plusieurs reprises. Sa
dernière prestation remontait à 2017, lorsqu’il était venu
présenter son projet cubain.

Cette fois, c’est avec un accompagnement plus classique pour
qui le connaît bien (claviers, basse, batterie, percussions)
que le musicien a donné sa vision de la musique asturienne. Il
a livré un set plus conventionnel explorant les différentes
sonorités produites par sa gaïta électronique même si
certaines influences sud-américaines se faisaient entendre ça
et là. C’est par une superbe interprétation du tube d’HEVIA,
Busindre Reel, pour laquelle la Banda de Gaïtas LLACIN a
rejoint le groupe, que le concert s’est terminé.

Après ce final tonitruant et un entracte, c’est l’un des
groupes phares de la renaissance du folk asturien qui est
monté sur scène, LLAN DE CUBEL. Les musiciens venaient
présenter le nouvel album La Llus Encesa paru en 2019, vingt
ans après le précédent. La prestation était là entièrement
acoustique (violon, guitares, flûtes, parfois gaïta, bodhran)
pour un voyage entre Asturies et Irlande.

Cette soirée n’a hélas n’a pas été très prisée et l’assistance
était en grande partie issue de la délégation asturienne.

                 Soirée Acadie / Québec
Nos cousins celtes d’outre-Atlantique n’ont pas été oubliés et
une soirée réunissant l’Acadie et le Québec a été proposée.

L’Acadie nous avait habituées depuis 2004 à une joyeuse
ambiance et en particulier à un pavillon bouillonnant. En 2019
pourtant, il n’en était plus rien et la contribution de la
nation était réduite à portion congrue. Cette année, en raison
d’une sortie plus tardive du Covid, la participation de
l’Acadie était encore limitée. Cela dit, c’est l’une de ses
représentantes les plus emblématiques qui a quand même
effectué le voyage jusque Lorient, la violoniste Dominique
DUPUIS, cinq ans après sa dernière participation. Accompagnée
de ses musiciens, Stephen LEBLANC (guitare acoustique, chant),
Chris WHEATON (basse) et Danny BOURGEOIS (batterie), Dominique
a une fois encore fasciné les spectateurs par sa virtuosité.
Soutenu cette fois par une batterie, le répertoire en grande
partie instrumentale mais aussi parfois chanté, gagnait en
intensité.

Il reste maintenant à espérer que cette incartade acadienne
dans la programmation 2022 soit annonciatrice d’un véritable
retour pour 2023.

Succédant à Dominique DUPUIS et ses musiciens, le groupe LE
VENT DU NORD est lui originaire du Québec. Lors sa précédente
venue, en 2018, LE VENT DU NORD s’était associé à une autre
formation québécoise DE TEMPS ANTAN pour un projet commun
baptisé SOLO.

Sans chercher à faire un faire un jeu de mot douteux, on peut
dire que cette fois-ci c’est en solo que le groupe s’est
présenté sur la scène de l’Amphi.

LE VENT DU NORD célébrait cette année ses vingt ans, ou plutôt
ses vingt printemps, titre de son dernier album. Le quintet
proposait des chansons traditionnelles et des compositions
originales sur lesquelles les voix harmonieuses se répondaient
ou chantaient à l’unisson. Une palette instrumentale variée
(guitare, bouzouki, vielle, piano, claviers, accordéon),
soutenue par une ardente podorythmie, participait à cette
ambiance joyeuse et chaleureuse. Les membres du groupe
communiquaient volontiers avec le public et leurs
interventions ne manquaient pas d’humour.

En conférence de presse, LE VENT DU NORD a fait remarquer que
le Québec ne bénéficiait pas encore d’un pavillon à son nom.

                   Soirée de l’Irlande
Le pays mis à l’honneur en 2023 a été dévoilé en milieu de
Festival. Les festivaliers les plus observateurs et
perspicaces pouvaient néanmoins se faire une idée bien avant
cette annonce. En effet, la dernière soirée programmée sur la
scène de l’Amphi était entièrement dédiée à… l’Irlande.
Deux formations, parmi les plus courues, était à l’affiche,
LÚNASA et DERVISH.

Lors de sa dernière venue en 2014, LÚNASA avait joué avec
l’orchestre du FIL. Cette fois, c’est avec sa formule plus
classique que le groupe se produisait. Le flûtiste étant
indisponible, c’est Michael McGOLDRICK, déjà présent sur
Lorient et ancien membre, qui le remplaçait.

Même si l’ouvrage demeurait très agréable à écouter, il ne
révélait aucune surprise. Les deux formations présentaient une
image conventionnelle de la musique irlandaise, entièrement
instrumentale et parfois plus interceltique pour LÚNASA ou
chantée et recentrée sur l’Irlande pour DERVISH.

En fin de concert, les deux groupes ont d’ailleurs fusionné
et, accompagnés de danseuses, ils ont livré un numéro très
plaisant et de haute volée.

                          Le Kleub
Une nouvelle scène a vu le jour place de l’Hôtel de Ville, le
Kleub. L’après-midi, la scène remplaçait les traditionnels
« Après-midi du folk » qui se déroulaient auparavant au Palais
des Congrès. Le soir, le chapiteau était principalement
réservé à des groupes et artistes maniant une musique celtique
lorgnant vers des styles plus alternatifs (rock, punk,
électro) dans le but de séduire et d’amener vers le FIL un
public plus jeune.

S’y sont produits des artistes résolument différents, pour
certains pratiquant une musique très rock comme les Gallois de
ALFA (chantant par ailleurs en langue galloise) ou les
Cornouaillais de HANTERNOZ et pour d’autres combinant les
musiques traditionnelles avec le rock (les Écossais de BEINN
LEE), le punk (les Bretons des RAMONEURS DE MENHIRS, qui
effectuaient là leur grand retour au FIL). On a également pu
retrouver des groupes qui avaient conquis les festivaliers ces
dernières années comme ELEPHANT SESSIONS (Écosse) ou NOON
(Bretagne)

En toute fin de séance, tard dans la soirée, avant la
fermeture du lieu, ce sont des DJs qui prenaient le relais.

L’une des révélations du Kleub et même du FIL, bien que son
spectacle soit quelque peu passé inaperçu auprès d’un large
public, fut sans conteste le chanteur asturien Rodrigo CUEVAS.

Il est bien difficile de classer cet artiste dans une
catégorie précise et lui-même se dépeint d’ailleurs comme un
agitateur folklorique. Visuellement, Rodrigo CUEVAS était
habillé tel une « drag queen » et il jouait énormément de son
physique sur scène. S’il demeure profondément attaché à la
musique et au chant traditionnel de son pays, il en donnait
une vision très personnelle. Si un fond traditionnel était
évident, il n’était pas exclusif et la musique était apprêtée
d’un habillage électro élégant. Rodrigo savait aussi manier
l’humour et il s’est d’ailleurs fendu d’une iconoclaste
reprise, en français, de Laissez-moi danser de DALIDA.

                      Celtic Odyssée
Les créations ont toujours été un les marqueurs forts du
Festival Interceltique. Pour sa première édition en qualité de
Directeur Artistique, Jean-Philippe MAURAS a souhaité frapper
fort en initiant une ambitieuse création. Il a demandé au
sonneur breton, l’un des maîtres de l’uilleann pipe, la
cornemuse irlandaise, Ronan LE BARS, de réfléchir à un projet
mettant en avant tous les Pays Celtes. Deux représentations
ont eu lieu au Théâtre de Lorient les 12 et 13 août.
Dix-sept chanteurs et chanteuses, musiciens et musiciennes, et
non des moindres, qu’il est impossible de citer tous, des huit
Nations Celtes Européennes étaient donc réunis autour de Ronan
afin de célébrer cette celtitude commune. Le spectacle
proposait une balade dans chacun des pays à travers une suite
entre chant et musique.

Parmi les moments prenants, on ne pouvait que noter cette
reprise de la Gwerz Kiev par Karen MATHESON et Denez PRIGENT
(présente sur l’album de Denez Sarac’h et déjà interprétée par
les deux artistes) qui évidemment faisait écho à la tragique
actualité de l’Ukraine.

Lors du final, tous les protagonistes étaient présents sur la
scène pour une longue suite interceltique. Cette création
n’est cependant pas figée et est appelée à évoluer. Elle
devrait par ailleurs être rejouée et pourrait à nouveau
prendre place dans la programmation du FIL 2023.

                Le trophée Loïc-Raison
Le trophée Loïc-Raison a pu se tenir cette année et a été
remporté par une formation asturienne, ALGAIRE. Ce quatuor est
composé de trois chanteuses et joueuses de panderetas, les
percussions traditionnelles, et d’un guitariste avec la
collaboration de musiciens additionnels (basse, batterie) qui
conférait une couleur pop-rock trad’ à l’ensemble. En tant que
lauréat du concours, le groupe devrait en toute logique être à
nouveau présent au FIL en 2023.

                            Article et photos : Didier Le Goff

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https://www.rythmes-croises.org/festival-interceltique-de-lori
ent-2022-annee-des-asturies-seconde-partie-entretien-avec-
jean-philippe-mauras-directeur-artistique-du-fil/

Un grand merci à l’agence de communication HEYMAN ASSOCIÉS et
en particulier à Sarah, Chloé, Elena et Victoria ainsi qu’à
Aude, Manon, Marjorie et Jérôme, bénévoles au Service Presse.

Site du Festival : https://www.festival-interceltique.bzh
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