Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran - Eric-Emmanuel Schmitt Récit philosophique

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Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran - Eric-Emmanuel Schmitt Récit philosophique
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran
Eric-Emmanuel Schmitt

Récit philosophique

                                                                         © Cassandre Sturbois

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Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran - Eric-Emmanuel Schmitt Récit philosophique
Le Spectacle

Deuxième volet du Cycle de l'Invisible (aux côtés de « Milarepa », « Oscar et la Dame Rose » et
« l’Enfant de Noé »)

Le comédien et le metteur en scène, se penchent, en complices, sur cette belle histoire d’amitié.

A Paris, dans les années soixante, Momo, un petit garçon juif de 12 ans, devient l'ami du vieil
épicier arabe de la rue Bleue. Mais les apparences sont trompeuses : Monsieur Ibrahim, l'épicier,
n'est pas arabe, la rue Bleue n'est pas Bleue et l'enfant n'est peut-être pas juif.

Second opus de la trilogie de l’Invisible d’Eric-Emmanuel Schmitt, ce récit retrace le parcours de
Momo qui, entraîné par ce vieux soufi, cheminera jusque sur les routes du Croissant d’Or.

Texte: Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène: Olivier Massart
Assisté de Marie Biron
Avec : Michel Kacenelenbogen
Lumière : Laurent Kaye
Scénographie : Olivier Waterkeyn
Musique : Quentin Dujardin
Durée: 1H30’
1 comédien sur scène
3 personnes sur la route

Créé à Fleurus à la Ferme Martinrou (Belgique) le 19 mars 2006
Une Production du Théâtre Le Public
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran - Eric-Emmanuel Schmitt Récit philosophique
Commentaire de l’auteur sur le spectacle

« Il est presque miraculeux de voir à quel point Michel Kacenelenbogen s’absente pour laisser naître un
enfant, un vieillard, et surtout nous laisser nous, spectateurs, recevoir l’histoire au cœur.
Il faut beaucoup de maturité et d’exigence pour arriver à ce point de générosité discrète : du grand art !
Une des plus belles représentations de Monsieur Ibrahim qu’il m’a été donné de voir. »

                                                                                        Eric-Emmanuel Schmitt
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran - Eric-Emmanuel Schmitt Récit philosophique
Michel KACENELENBOGEN

Monsieur Ibrahim

Né en 1960, Michel Kacenelenbogen a obtenu le Premier Prix d’Art Dramatique au Conservatoire Royal de
Bruxelles dans la classe d’André Debaar en 1980.
Il Fonde le Théâtre Le Public en 1994 et en assure la direction depuis sa création.

Dès 1979, il interprète de nombreux rôles au théâtre sur les scènes du Théâtre Le Public, du Théâtre
National, du Rideau de Bruxelles, de la Compagnie des Galeries et d'un grand nombre de jeunes
compagnies et notamment dans :Le Mariage de Figaro de Beaumarchais ; La Guerre de Troie n’aura
pas lieu de Jean Giraudoux ; Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier ; Le Conte d’hiver de William
Shakespeare ; Les Amours de Jaques le Fataliste de Diderot; Hasard du coin du feu de Crébillon et
fils et Un Caprice d’Alfred de Musset, mises en scène de Pietro Pizzuti ; Variations énigmatiques de
Eric-Emmanuel Schmitt, mise en scène de Patricia Houyoux ; Une liaison pornographique de Philippe
Blasband, mise en scène de Patricia Houyoux ; Othello de William Shakespeare mis en scène par Pierre
Laroche ; Mais n’te promène donc pas toute nue et On purge bébé de Georges Feydeau, mise en
scène de Frédéric Dussenne. Petits crimes conjugaux de Eric-Emmanuel Schmitt, mise en scène de
Patricia Houyoux.

Il réalise également de nombreuses mises en scène dont : Maison de poupées d’Ibsen; Qui a peur de
Virginia Woolf ? de Edward Albee ; Mort d’un commis voyageur de Arthur Miller ; Le Misanthrope de
Molière ; Après la répétition de Ingmar Bergman ; Fin de Partie de Bertold Brecht ; Kean d’après
Alexandre Dumas ; Chaos debout de Véronique Olmi ; Un tramway nommé désir de Tennessee
Williams ; La Cerisaie de Anton Tchekhov ; Traces d’étoiles de Cindy Lou Johnson ; La Danse de
mort de August Strindberg ; Des souris et des hommes de J. Steinbeck ; Un mois à la campagne
de Tourgueniev ; Le Libertin d’Eric-Emmanuel Schmitt, Le Candidat de Claude Semal ; Mathilde de
Véronique Olmi ; La Tectonique des sentiments de Eric-Emmanuel Schmitt (Saison 2005-2006) Une
journée particulière d’après le film de Ettore Scola (Saison 2005-2006) ; Un mari idéal de Oscar
Wilde ; Pygmalion de Bernard Shaw, , L’Atelier de Jean-Claude Grumberg, Bord de mer de Véronique
Olmi, Scènes de la vie conjugale de Ingmar Bergman, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Il
montera prochainement Le Dieu du carnage de Yasmina Reza et Dom Juan de Molière

On le retrouve également au cinéma et à la télévision dans « Le Bonheur d’en face », soap opera ; « La
Rivale » de Alain Nahun ; « L’Enfant de la nuit » de Marion Hanwerker ; « Les Monos » de Luc Boland ;
« Un honnête commerçant » de Philippe Blasband ; « La Torpille » de Luc Boland ; « Le Prix de
l’honneur » de Gérard Marx ; « Petits crimes conjugaux » d’Eric-Emmanuel Schmitt, Antigone Production.
Olivier MASSART

Metteur en scène

Premier prix d’art dramatique au Conservatoire Royal de Bruxelles. Olivier Massart, a joué une quarantaine
de rôle parmi lesquels : pour le Théâtre de Poche, l’homme laid dans L’homme laid de B. Fraser ; Danton
dans Pauvre Bitos de J. Anouilh pour la Comédie C. Volter. Pour Del Diffusion, Laërtes dans Hamlet de
W. Shakespeare et Henry IV dans La Reine Margot de A. Dumas. Pour l’A.D.A.C, Claude Gueux de V.
Hugo. Au Théâtre le Public, le Prince de Galles dans Kean de Dumas-Sartre, Stanley Kowalsky dans Un
tramway nommé Désir de T. Williams, Lennie dans Des souris et des hommes de J. Steinbeck (*),
Zanetto et Tonino dans Les jumeaux vénitiens de C. Goldoni (**), Théâtre sans animaux de J-M.
Ribbes, Gabriele dans Une journée particulière d’après Ettore Scola.
(*) Et (**) Prix du Théâtre 2003, meilleur comédien.

On le retrouve également à la mise en scène de : Platonov de A. Tchékhov au Théâtre de l'Escalier,
Quelques fleurs... et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d’E-E Schmitt au Théâtre Le Public, Le
juste milieu (création collective) au Théâtre de la Toison d’Or. Une pucelle pour un gorille de F. Arrabal
pour la Compagnie Chéri-Chéri.

Il a joué également dans plusieurs films et téléfilms
Le nez au vent de D. Guerrier, H.S de J-P. Lilienfeld, Petite misère de P. Boon et L. Brandenbourger,
Ketchup de M. Coeman et Y. Goldschmidt, Loin des yeux de S. Mirzabekiants, Miss Montigny de M.
Van Hogenbemt ; rôle dans Nestor Burma, le R. I. F., Profiler…

Olivier Massart est également auteur d’une pièce de théâtre intitulée Quelques fleurs… créée au Théâtre
Le Public, et co-auteur de Ketchup de M. Coeman et Y. Goldschmidt ; Noces de vent pour le théâtre
Loyal du Trac et Le juste milieu au Théâtre de la Toison d’Or.
Commentaires de l’auteur sur la pièce

Qui sont Momo et Monsieur Ibrahim ?
Deux êtres auxquels personne ne prête attention. Momo, enfant solitaire, n'a plus qu'un père qui mérite à
peine ce nom tant son état dépressif l'empêche de prendre soin de son fils, de l'éduquer, de l'instruire, de
lui transmettre l'envie de vivre et ses principes. Quant à Monsieur Ibrahim, on lui demande juste de rendre
la monnaie correctement. Ces deux êtres vont modifier leurs vies en se regardant. Cette rencontre va les
enrichir comme jamais. On a beaucoup glosé sur le fait que l'enfant est juif et l'épicier musulman. On a
raison. C'est très intentionnel de ma part. Par là, j'ai à la fois voulu témoigner et provoquer.

Témoigner car dans de nombreux lieux de la terre, il y a une cohabitation harmonieuse d'êtres ayant des
origines différentes, des religions différentes. A Paris, dans la rue Bleue où se passe cette histoire, une rue
que j'ai habitée et qui n'est définitivement pas bleue, j'avais le sentiment de vivre dans un lieu riche et
foisonnant, où les cultures se rencontraient, s'intéressaient les unes aux autres, plaisantaient de leurs
différences, comme par exemple le vieux médecin juif qui expliquait à l'épicier musulman qu'il ne fêterait le
Ramadan que s'il vivait en Suède, là où il fait nuit dès trois heures de l'après midi. Or l'actualité journaliste
ne se fait l'écho qui de ce qui ne va pas, jamais de ce qui fonctionne bien. Ainsi réduit-elle de façon
pernicieuse le rapport juif-arabe au conflit israëlo-palestinien, négligeant les plages d'entente et de
cohabitation pacifique, accréditant l'idée d'une opposition irrémédiable. Sans nier le tragique du conflit, il ne
faut cependant pas confondre le véritable bruit du monde avec une partie du monde, ni avec le fracas
journalistique et politique. Il me semblait important de raconter une histoire heureuse de fraternité. Un de
mes plus grandes fierté fut de découvrir que, par exemple, en Israël, les partisans de la paix, arabes,
chrétiens et juifs, se servent de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran pour tenter de propager leurs
espoir, le faisant jouer dans le même théâtre en alternance, un soir dans sa version arabe, un soir dans sa
version hébreu…

Ma provocation fut de donner une image positive de l'Islam au moment où les terroristes défiguraient cette
foi en se livrant à des actes immondes. Si actuellement l'islamisme insulte l'Islam, si l'islamisme infecte la
planète, il nous faut d'urgence distinguer l'Islam et l'islamisme, arracher de nos coeurs cette peur
irrationnelle de l'Islam et empêcher que l'on confonde une religion dont la sagesse millénaire guide des
millions d'hommes avec la grimace excessive et mortifère de certains agitateurs.

Les histoires ont leur rôle à jouer dans notre vie intellectuelle, même les petites histoires qui présentent de
petits personnages. L'amour qui unit Monsieur Ibrahim et Moïse, parce qu'il advient simplement dans des
êtres de chair et de sang dont les sentiments nous sont proches, abolit notre peur de l'autre, cette peur de
ce qui ne nous ressemble pas.
Monsieur Ibrahim apprend des choses essentielles à Momo : sourire, converser, ne pas trop bouger,
regarder les femmes avec les yeux du cœur, pas ceux de la concupiscence. Il l'emmène dans un univers
plus contemplatif et lui fait même accepter l'idée de la mort. Tout cela, Monsieur Ibrahim l'a appris de son
Coran. Il aurait pu l'apprendre ailleurs mais lui l'a appris de son Coran. " Je sais ce qu'il y a dans mon
Coran " dit-il sans cesse.

Lorsqu'il récupérera son vieil exemplaire, Momo découvrira ce qu'il y avait dans le Coran de Monsieur
Ibrahim : des fleurs séchées. Son Coran, c'est autant le texte que ce que Monsieur Ibrahim y a lui-même
déposé, sa vie, sa façon de lire, son interprétation. La spiritualité ne consiste pas à répéter mécaniquement
les phrases à la lettre, mais à en saisir le sens, à en comprendre l'esprit, les nuances, la portée… La
spiritualité vraie ne vaut que par un mélange d'obéissance et de liberté. Voici donc enfin l'explication qu'on
me demande toujours, l'explication de ce mystérieux titre, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.

                                                                       Belgique, Bruxelles, 16 novembre 2004
                                                                                      Eric-Emmanuel Schmitt
Fiche technique
                                                                           Établie le 04/05/2006, modifiée le 14/09/06

Direction Technique : Dominique Maertens Tél. +32 473.49.74.54
                                           Mail : maertens.dominique@gmail.com

1. Dispositif scénique
    • Descriptif : l’aire de jeu est constituée d’un plancher circulaire d’un diamètre de 6m en multiplex
       18mm posé sur le plateau à +/- 50 cm du bord de scène : aux deux-tiers du plancher est posée une
       colonne Morris d’une hauteur totale de 3m50, coiffée d’une toiture rappelant la forme de minaret et
       munie d’un dispositif de rotation motorisé ; un banc en forme de croissant de lune également
       motorisé tourne autour de la colonne - télécommande par transmission infrarouge en régie
       Au lointain, deux plans de tissus suspendus d’une largeur 12m50 et d’une hauteur de 5m espacés
       l’un de l’autre de +/-50cm : tulle gris placé à 50cm à l’arrière de l’aire de jeu et fond gris
    • Profondeur aire de jeu : 8,00m (réductible à minimum 6m50)
    • Largeur minimale aire de jeu : 6,00m
       Idéalement avec dégagements cour et jardin d’environ 1m
       Les entrées et sorties se font par l’arrière du décor côté jardin ou cour
    • Hauteur minimum (pour le décor) sous perches : 3m50
    • Tissus de scène : boîte noire autour du dispositif scénique et derrière les deux plans de tissus
    • Pas de rideau de scène
    • Accès camion : 17m3 - dimensions ext. L: 6m80 x l: 2m20 x h: 2m95

2. Lumière & Son
    • liste du matériel lumière : voir plan de feu au paragraphe 5 - filtres couleur fournis par la production
      pupitre à mémoires et gradateurs pour 48 circuits de 2kw
    • table de mixage et amplification suivant :
      - 1 lecteur MD
      - HP : un plan plateau au lointain derrière fond gris
              Un plan de façade au cadre de scène
              Renforcement vocal éventuel dans les très grandes salles (PZM ou suspensions)

3. Equipe artistique et technique
    • un acteur
    • deux régisseurs (lumière/son et décor/plateau)
    • 1 administrateur de tournée

4. Loges
    • Loge pour un comédien avec miroir, lavabo et douche avec eau chaude
    • Eau minérale en loge et en coulisse
    • Planche et fer à repasser

5. Planning montage & Plan lumière
                            PLANNING MONTAGE TOURNEE " IBRAHIM"
 HORAIRE        DECOR         LUMIERE RACCORDS SPECTACLE    REMARQUES                      PERSONNEL SOUHAITE
   9h/13h      déchargement/montage                                               4 plateau / 3 électros
   13h/14h                    pause
                                                         (cintrier si nécessaire)
   14h/18h  finitions & plateau/pointage                                          2 plateau / 2 électros
   18h/19h    conduite/réglages techniques/raccord                                1* plateau+électro+habilleuse-repasseuse
   19h/20h                    pause
                                                                                       permanence suivant vos habitudes
  20h/22h30     ouverture des portes et spectacle  20h30 durée spectacle 1h45
 22h30/0h30 démontage/chargement                         (cintrier si nécessaire) 4 plateau / 2 electros
Lieu de création et calendrier des représentations

      Création en Belgique à la Ferme Martinrou à Fleurus le 19 mars 2006
                              177 représentations

Saison 2008-2009
du 7 au 18 octobre 2008 Théâtre de Namur (Belgique)
13 janvier 2009 Accord Nouveau Théâtre Châtellerault (France)
23 janvier 2009 CRACS centre culturel de Sambreville (Belgique)
30, 31 janvier 2009 Théâtre du Passage Neuchatel (Suisse)
1er avril 2009 – Maison de la Culture de Namur (Belgique)
du 4 au 7 juin 2009 Théâtre de la Tête d’Or Lyon (France)
du 10 au 25 juin 2009 Théâtre de Poche Genève (Suisse)

Saison 2006-2007
du 19 au 25 mars 2006 Ferme Martinrou Fleurus (Belgique)
du 30 mars au 23 avril 2006 Théâtre de La Valette Ittre (Belgique)
du 10 mai au 30 juin Théâtre Le Public Bruxelles (Belgique)
30, 31 août 2006 Festival Bruxellons Château du Karreveld Bruxelles (Belgique)
17, 18 janvier 2007 Centre culturel de l’arrondissement de Huy (Belgique)
25 janvier 2007 Grand Théâtre Verviers (Belgique)
26 janvier 2007 Le Forum Liège (Belgique)
27 janvier 2007 Théâtre de Binche (Belgique)
13 au 15 février 2007 Centre culturel de Bertrix (Belgique)

Saison 2007-2008

5,6 novembre 2007 Maison de la Culture Arlon (Belgique)
8 novembre 2007 Centre Culturel Régional de Dinant (Belgique)
11 novembre 2007 Maison de la Culture Tournai (Belgique)
du 13 au 30 novembre 2007 Atelier de Théâtre Jean Vilar Louvain-la-Neuve (Belgique)
du 2 au 22 décembre 2007 Théâtre de Vidy Lausanne (Suisse)
Presse
LE SOIR     04 avril 2006

Théâtre / « Monsieur Ibrahim » à Ittre et à Bruxelles
Schmitt au pays
du croissant d’or
VOUS AVEZ AIME « Oscar et la dame Rose » ?
Vous aimerez « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ».

––––––CRITIQUE––––––                                                              Moïse, dit Momo, entame le
–                                                                                 récit de son enfance, à Paris,
Le nom d’Eric Emmanuel                                                            dans le quartier juif des
Schmitt est dorénavant gage                                                       années 60. A l’époque,
de succès. Larguant les                                                           Momo a 13 ans et vit seul
amarres du catholicisme                                                           avec son père, avocat
pour aborder l’islam, ce                                                          acariâtre et dépressif. Sa
deuxième volet du cycle de                                                        mère les a quittés quand il
l’invisible nous sert le même                                                     était bébé avec son grand
philtre d’amour et de                                                             frère Popol. Affligé par sa
tolérance : une         histoire                                                  grise vie, Momo cherche le
d’amitié entre un adulte et                                                       réconfort       auprès         des
un adolescent sur fond de                                                         prostituées    de   la   rue    du
spiritualité, des tirades bien-                                                   Paradis,    et   de    Monsieur
pensantes qui valent tous les                                                     ibrahim, l’épicier arabe du
catéchismes, des aphorismes                                                       coin, qu’il prend plaisir à
au kilo, de la tendresse et de                                                    défier sur ses coutumes et sa
l’émotion pour inonder les                                                        religion avant de découvrir
mouchoirs les plus sensibles.                                                     que le vieil homme a bien
Avec        Schmitt,       c’est                                                  plus à lui offrir que les
l’élévation          spirituelle                                                  quelques               conserves
assurée sans mettre un pied                                                       chapardées    quotidiennement.
en lieu saint. Mis en scène                                                       Peu à peu, les préjugés vont
par      Olivier       Massart,                                                   tomber.        Au         contact
Monsieur Ibrahim apaise                                                           d’Ibrahim,       Moïse        fera
nos bobos et rend heureux.                                                        l’apprentissage de la vie et
Une petite douceur qui ne se                                                      du soufisme pour finalement
refuse pas, en ces temps                                                          trouver la paix.
âpres et intransigeants.
   Raconté sur le mode du                                                         Un caramel moulé à la
conte philosophique, avec                                                         bonté
zeste d’humour et pincée                                                                  Michel
d’esprit, ce solo joliment                                                        Kacenelenbogen           navigue
peuplé        par       Michel                                                    entre     les     rôles      avec
Kacenelenbogen             nous                                                   simplicité,     générosité       et
                                 MOMO RACONTE son enfance, les prostituées et ses fluidité. Dans une mise en
emmène d’une petite rue rencontres avec Monsieur Ibrahim.
Bleue      de     Paris     aux PHOTO CASSANDRE STURBOIS                          scène qui ne cache pas ses
virevoltants derviches du                                                         grosses ficelles (colonne à
Croissant d’Or, de la                                                             effets de surprises, banc
naissance d’une complicité                                                        téléguidé) pour animer le
improbable           à        la                                                  monologue, le comédien se
consolidation d’une relation                                                      délecte de ce récit aussi doux
espiègle et tendre entre un                                                       qu’un caramel moulé à la
musulman soufi et un jeune                                                        bonté humaine. Comment
juif.                                                                             dès lors ne pas se sentir bien
Assis sur un banc devant                                                          dans la si confortable place
une colonne Morris, l’air                                                         de spectateur que nous offre
sage et les yeux rieurs,                                                          Schmitt et son message
                                                                                  d’espoir          pour           la
                                                                                  réconciliation des commu-
                                                                                  nautés ?
                                                                                                  CATHERINE MAKEREEL
LA LIBRE BELGIQUE          le 12 mai 2006

« M. Ibrahim »,
antidote à l'intolérance
Michel Kacenelenbogen fait palpiter la rencontre entre Momo et Monsieur Ibrahim,
l'épicier musulman. Un seul en scène plein d'humour et d'émotion.
Philip Tirard

  Au-delà de la beauté classique de sa langue,
  Eric-Emmanuel Schmitt doit certainement son
  phénoménal        succès   à     l'authenticité   de
  l'humanisme chrétien qui imprègne ses pièces,
  ses récits et ses romans. Le public lui sait gré
  d'une espérance militante, d'une croyance
  viscérale dans la possibilité de communiquer, au
  coeur d'une époque sceptique et déprimée où
  l'on constate chaque jour les ravages du mépris,
  de     l'arrogance,   de   l'indifférence    et   de
  l'intolérance. Mercredi soir, au terme de la
  première bruxelloise de «Monsieur Ibrahim et les
  fleurs du Coran» - le spectacle s'est déjà donné                                     Photo Cassandre STURBOIS
  pendant trois semaines le mois dernier, dans une
  scénographie réduite, au Théâtre de la Valette à        Délaissé par un père qui noie sa dépression dans
  Ittre -, les spectateurs ont ovationné le seul en       l'étude livresque, un enfant du quartier juif de
  scène de Michel Kacenelenbogen et se sont levés         Paris s'attache à un épicier musulman adepte du
  pour applaudir l'auteur. Visiblement, une part de       soufisme,      tendance   mystique   de   l'islam
  l'opinion occidentale veut encore croire à une          remontant au VIIIe siècle, encore vivace
  possible       tolérance     entre      les     trois   aujourd'hui, notamment dans la pratique des
  monothéismes...                                         derviches tourneurs. Entre le vieil homme et
  «Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran» se            l'enfant, dans le Montmartre des années 60, naît
  présente en effet comme un antidote contre un           une amitié et s'instaure la transmission d'une
  irrespirable air du temps où s'opposent, sans           religiosité intérieure.
  alternative et sans merci, terrorisme islamiste et
  tentations de l'extrême droite. Ecrit et publié         Don d'enfance
  bien avant l'attentat new-yorkais du 11                 Mis en scène par Olivier Massart, dans une
  septembre 2001, ce récit n'était pas destiné au         scénographie dépouillée mais puissamment
  théâtre, mais se rattache à ce «cycle de                allusive d'Olivier Waterkeyn
  l'invisible» dans lequel l'auteur range également       - un plateau circulaire agrémenté d'une colonne Morris
  «Milarepa» ou «Oscar et la dame rose».                  et d'un banc en forme de croissant de lune -
                                                          Michel Kacenelenbogen fait palpiter cette histoire
  «Il y a des textes qu'on porte si naturellement
                                                          simple et belle avec un don d'enfance qu'on ne
  en soi qu'on ne se rend même pas compte de
                                                          lui avait pas encore vu en scène. Capté dès les
  leur importance, commente l'écrivain sur son site
                                                          premières syllabes, le public ne décroche plus
  Internet. On les écrit comme on respire. On les
                                                          pendant cette heure et demie au cours de
  expire plus qu'on ne les compose.» Et c'est tout
                                                          laquelle Momo entre dans sa vie d'homme et
  aussi «naturellement» que «Monsieur Ibrahim»
                                                          Monsieur Ibrahim arrive au terme de la sienne.
  s'est trouvé traduit en de nombreuses langues,
                                                          Belles mais ô combien fragiles, ces fleurs du
  joué au théâtre depuis 1999 et adapté au
                                                          Coran méritent assurément qu'on les admire et
  cinéma, avec Omar Sharif dans le rôle titre.
                                                          les respire.
LE VIF/L’EXPRESS           le 02 juin 2006

L’acteur et l’enfant
Michel Kacenelenbogen triomphe dans son théâtre Le Public avec un monologue
d’Eric-Emmanuel Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran/ Justesse et
émotion
Michèle Friche

 C’est l’émeute au           par Monsieur Ibrahim     ici de beaucoup           un musulman soufi :
 Théâtre Le Public…          et les fleurs du Coran   d’humour, et cette        initiation à
 pour arracher une           (l’une des pièces du     inimitable                l’apprentissage du
 place pour l’une            cycle de l’invisible,    ferveur à croire qu’un    bonheur de vivre, à la
 des trois pièces à          avec Milarepa et Oscar   monde bon est             tolérance, à la mort.
 l’affiche, dont deux        et la Dame Rose).        possible….                Presque trop beau…
 reprises créées et          Or, les ingrédients      Ainsi s’écoute la fable   mais diablement
 fêtées au théâtre de        sont                     philosophique de          émouvant !
 l’Ancre, Forfanteries,      semblables à d’autres    Momo, gamin juif          Son interprète Michel
 d’Olivier Coyette, et       œuvres de l’écrivain :   délaissé qui se trouve    Kacenelenbogen,
 Cosmétique de               un verbe qui chatoie     un ami puis un            y est pour beaucoup,
 l’ennemi, d’après           en alignant les          nouveau père en           subtilement mis en
 Amélie Nothomb,             aphorismes, une          Ibrahim, l’épicier        scène par Olivier
 servies par de              sentimentalité baignée   arabe                     Massart : un homme
 formidables                                          de la rue, en fait,       seul sur un plateau
 comédiens.                                                                     rond et dépouillé, des
 Dans la grande salle,                                                          silences dosés et la
 une bonne partie du                                                            simplicité d’un conteur
 public trépigne au seul                                                        (à plusieurs voix).
 nom d’Eric-Emmanuel                                                            Mi-roublard, mi-naïf,
 Schmitt,                                                                       son Momo a le poids et
 comptabilisant avec                                                            l’émotion de l’enfance
 gourmandise ses                                                                blessée. Ce n’est certes
 pièces passées et à                                                            pas la première
 venir au Public…                                                               fois que le patron du
 Un vrai phénomène !                                                            Public monte sur scène,
 Ceux qui se laissent                                                           mais on l’a rarement vu
 moins charmer par                                                              aussi juste, aussi
 son art sont prêts à                                                           fragile, débarrassé du
 se résigner… et se                                                             jeu de
 retrouvent, eux aussi,                                    Photo C. STURBOIS    la séduction ou
 piégés                                                                         de la conviction.
La Meuse
Isabelle Debroux
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