FONDS DOCUMENTAIRE TISSE-METISSE - ACQUISITIONS Mars. 2021
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ACQUISITIONS Mars. 2021 FONDS DOCUMENTAIRE TISSE-METISSE DES DISCRIMINATIONS SOUS-ESTIMEES ? Les musulmans en France Ismail Ferhat Ed. de l’Aube – Fondation Jean Jaurès (2020) RESUME Que savons-nous des discriminations et des comportements racistes dont sont victimes les musulmans de France ? C’est à cette question sensible que répond l’enquête de la Dilcrah et de la Fondation Jean-Jaurès, réalisée par l’Ifop en 2019. S’appuyant sur les résultats et les enjeux de cette étude menée après trente ans de passions hexagonales sur l’islam depuis « l’affaire des foulards », cet ouvrage s’attache à mieux saisir la réalité du quotidien des musulmans dans notre pays. 1
SOCIOLOGIE DE L’IMMIGRATION Andréa Réa La Découverte (2021) RESUME Depuis plus d’un siècle, de manière différente aux États-Unis et en Europe, la sociologie a produit des recherches empiriques et forgé des concepts pour comprendre l’immigration. La sociologie de l’immigration traite de trois processus distincts : la mobilité humaine, l’intégration des immigrés et de leurs descendants, et la pluralisation des sociétés contemporaines qui en découle. Cet ouvrage propose une synthèse des travaux américains et européens, notamment français. Il restitue les résultats théoriques et empiriques en les inscrivant dans leur contexte. L’intégration des migrants et de leurs descendants ne correspond pas à un modèle unique. Elle est déterminée socialement et historiquement. Le regard croisé permet de constater la convergence des questions posées et la diversité des réponses concernant la manière dont les sociétés et les États incorporent les immigrés et leurs descendants. Si la sociologie de l’immigration est aussi une sociologie de l’État, la construction européenne a conduit à des convergences sans pour autant effacer les effets des modèles nationaux. 2
DE LA POSTCOLONIE Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine Achille MBembe La Découverte (2020) RESUME Désormais classique dans le monde anglophone, ce livre est une puissante contribution à la critique de la tyrannie et de l’autoritarisme, cette facette inavouée et longtemps réprimée de notre modernité tardive. Achille Mbembe interroge la manière dont les formations sociales issues de la colonisation s’efforcèrent, alors que les politiques néolibérales d’austérité accentuaient leur crise de légitimité, de forger un style de commandement hybride et baroque, marqué par la prédation des corps, une violence carnavalesque et une relation symbiotique entre dominants et dominés. À ces formations et à ce style de commandement, il donne le nom de postcolonie. Si l’anthropologie, l’histoire et la science politique y ont leur place, cette réflexion est avant tout d’ordre esthétique, car elle porte sur la stylistique du pouvoir. Elle tire son inspiration de l’écriture romanesque et de la musique africaine du dernier quart du XXe siècle. En allant à la rencontre de la création artistique et des esprits des morts, ce texte montre que dans des espaces apparemment voués au néant et à la négation gisent des possibilités insoupçonnées, celles-là mêmes qui permettent de ressusciter le langage. 3
LA VIE PSYCHIQUE DU RACISME 1. L’empire du démenti Livio Boni et Sophie Mendelsohn La Découverte (2021) RESUME S’il n’est plus cautionné par la biologie ou l’anthropologie, comme il l’était à l’apogée de la période coloniale, le racisme est loin d’avoir disparu. Son énigmatique persistance puise ses ruses et ses raisons dans l’inconscient et dans les effets de croyance qui l’accompagnent. Ce livre part à la recherche des traces d’une vie psychique collective héritière d’une histoire largement tributaire des grands partages coloniaux, rendue illisible dans notre actualité postcoloniale. Pour s’orienter dans ces voies parfois tortueuses, il a fallu miser sur l’apport sous- estimé d’Octave Mannoni. Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d’entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l’envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs. En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s’en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l’avenir ». 4
PAUVRE PETIT BLANC Le mythe de la dépossession raciale Sylvie Laurent Maison des Sciences de l’Homme (2020) RESUME Depuis une dizaine d’années, un nombre considérable de Blancs pensent être victimes d’un "racisme anti-blanc" ou d’une "discrimination inversée". Ce discours, qui trouve ses racines dans les États-Unis du XVIIIe siècle, a connu un regain de succès avec Donald Trump depuis 2008. Aujourd’hui, il inspire de nombreux suprémacistes blancs, bien des fois criminels, à l’échelle internationale (Anders Behring Breivik auteur du tragique attentat qui fit 77 morts à Oslo en 2010 en est une figure emblématique). En France, ce discours trouve un écho dans les médias à l’occasion de polémiques lancées par le FN (en 2019 par exemple, Lilian Thuram fut accusé de racisme anti- blancs pour avoir dénoncé le privilège blanc). Pourtant, une étude sérieuse des données disponibles sur les discriminations de race dévoile le caractère mensonger d’un déclin même relatif du privilège des Blancs. En dévoilant les origines historiques de ce discours en provenance des EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime. Elle dévoile avec brio cet ultime tour de passe-passe de la domination blanche, qui s’approprie la posture de l’opprimé pour préserver un ordre social chahuté par l’élection de Barack Obama et l’activisme des minorisés. À la veille des élections présidentielles étatsusiennes où Donald Trump, champion du discours du "pauvre petit blanc", menace d’être réélu, il est temps de tordre le cou à la nouvelle offensive déguisée des suprémacistes blancs. 5
L’INQUIETANTE FAMILIARITE DE LA RACE Décolonialisme, intersectionnalité et universalisme Alain Policar Ed. Le Bord de l’Eau (2020) RESUME L’auteur s’inquiète de ce qu’il nomme « l’extension du domaine de la race », autrement dit de la volonté de certains auteurs, pour la plupart appartenant au courant décolonial, de donner une nouvelle légitimité au concept de race en tant que donnée de la génétique. La recherche de l’ascendance biogéographique, laquelle correspond au besoin de connaître ses racines, participe de l’exaltation des identités dont Amin Maalouf a montré qu’elles ne pouvaient être que meurtrières. Il s’agit dès lors de dessiner les contours d’une voie médiane entre l’essentialisme identitaire et l’universalisme de surplomb, fondée sur le projet cosmopolitique analysé comme la figure contemporaine d’une justice globale. Agrégé de sciences sociales, Docteur en science politique (IEP de Paris), Alain Policar a accompli l’essentiel de sa carrière à la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges. Il est actuellement chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), et auteur de nombreux ouvrages, notamment Comment peut-on être cosmopolite ? (BDL, 2018). 6
LA CONDITION METISSE Essai de psychologie politique critique Han Victor Lu Editions du Croquant (2021) RESUME Le présent ouvrage propose une réflexion sur la notion de schibboleth, cette distinction qui départage ce qui est considéré comme « d’ici » et ce qui est « d’ailleurs ». Elle permet de rendre compte de la manière la plus adéquate de la condition psychique et anthropologique d’un sujet issu de parents dissemblables, de cette « condition métisse ». Il s’agit d’explorer la question du métissage en nous inscrivant dans la société contemporaine qui, du fait même des brassages, pose non seulement la question de la tolérance envers l’autre étranger, mais aussi celle de la manière dont l’étranger se reconnaît comme tel, et dont se construit l’identité de chacun à partir de cette situation et, enfin le lien avec cette « inquiétante étrangeté » qu’invoquait Sigmund Freud, cette partie de nous que nous préférons ignorer. Chargé d’enseignement de science politique à l’Université Paris Dauphine, Han Victor Lu est docteur en psychanalyse et titulaire d’un Master de philosophie. 7
L’EPREUVE DE LA DISCRIMINATION Enquête dans les quartiers populaires Julien Talpin, Hélène Balazard, Marion Carrel et al. PUF (2021) RESUME La France n’a pas pleinement pris la mesure de l’ampleur du racisme et des discriminations qui la traversent. Des millions d’individus subissent au quotidien micro-agressions et stigmatisation, voient leurs opportunités d’ascension sociale entravées, leur espérance de vie écourtée. À partir d’une enquête inédite dans plusieurs quartiers populaires en France, mais aussi au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, cet ouvrage analyse les conséquences du déni qui entoure les discriminations : dépression, exil, repli sur soi… Face au drame silencieux qui s’opère sous nos yeux, c’est une invitation à une prise de conscience collective. Paradoxalement, l’expérience des discriminations peut aussi nourrir des compétences et savoir-faire nouveaux, développer la capacité à agir des habitants des quartiers populaires qui se lèvent face aux violences policières, se mobilisent dans des associations ou investissent les partis politiques. On assiste ainsi peut-être à l’émergence d’une nouvelle génération militante, engagée pour l’égalité 8
IL ETAIT UNE FOIS … LES REVOLUTIONS ARABES Kaouther Adimi, Zahra Ali, Christophe Ayad et al. Collection Arabaorama n°2 Seuil – Institut du Monde Arabe (2021) RESUME « On retrouve la révolution au centre même de l’histoire et de l’imaginaire propres au monde arabe, comme composante de la pensée et comme vecteur de l’action. Elle s’est construite dans un rapport à l’autre, extérieur, fait d’emprunts, de fascination parfois, et de rejet aussi. De par sa localisation, de par son histoire et sa situation de carrefour culturel, l’espace arabe a été un lieu privilégié d’élaboration d’une pensée révolutionnaire, d’effervescence des idées contestataires. On ne s’étonnera pas que, dans un contexte de mondialisation, il devienne un espace privilégié de production révolutionnaire et que le “Printemps arabe” ait ainsi très vite gagné ce statut de laboratoire d’idées et de formes de mobilisation renouvelée. » Extrait de l’introduction de Bertrand Badie. Ont contribué à cet ouvrage : Farah Kamel Abdel Hadi, Tarek Moustafa Abdel-Salam, Mayada Adil, Kaouther Adimi, Lama Ali, Zahra Ali, Tammam al Omar, Mehdi Annassi, Iasmin Omar Ata, Christophe Ayad, Bertrand Badie, Benjamin Barthe, Nazim Baya, Akram Belkaïd, Radia Belkhayat, Mounia Bennani-Chraïbi, Myriam Benraad, Sonia Bensalem, Raja Ben Slama, Karim Emile Bitar, Mehdi Boubekeur, Ichraq Bouzidi, Marwan Chahine, Tracy Chahwan, Leyla Dakhli, Zakya Daoud, Delou, Brecht de Smet, Yasmine Diaz, Pauline Donizeau, Tarek El- Ariss, Alaa El Aswany, Moaz Elemam, Salma El-Naqqash, Khaled Fahmy, Mona Fawaz, Jean- Pierre Filiu, Ganzeer, Dalia Ghanem, Kinda Ghannoum, Salah Guemriche, Noha Habaieb, Patrick Haimzadeh, Halim, Narmeen Hamadeh, Sarah B. Harnafi, Ali Hassan, Sulafa Hijazi, Coline Houssais, Incrusted, Intibint, Joseph Kai, Lena Kassicieh, Mazen Kerbaj, Bahgat Korany, Abir Kréfa, Stéphane Lacroix, Ibticem Larbi, Pierre-Jean Luizard, Ziad Majed, Zarifi Haidar Marín, Hind Meddeb, Meen One, Sabrina Mervin, Merieme Mesfioui, Rania Muhareb, Mostafa M Najem, Aude Nasr, Nime, Mohamed Omran, Marc Pellas, Victor Salama, Sara Saroufim, Enas Satir, Alexandra Schwartzbrod, Isabela Serhan, Rima Sghaier, Leïla Shahid, Bahia Shehab, Leïla Slimani, Laila Soliman, ST4 The project, Hamid Sulaiman, Anna Sylvestre-Treiner, Abdellah Taïa, Fawwaz Traboulsi, Willis from Tunis, Sana Yazigi, Ali Mohamed Zaid, Salim Zerrouki. La collection « Araborama », créée par l’Institut du monde arabe et le Seuil, rassemble journalistes, intellectuels, écrivains, artistes et illustrateurs pour explorer ses réalités présentes, sa pluralité et son histoire 9
PETIT MANUEL CRITIQUE D’EDUCATION AUX MEDIAS Pour une construction des représentations médiatiques Collectif La Friche - EDUmédias Editions du Commun (2021) RESUME L’éducation aux médias et à l’information s’est largement développée depuis 2015 et les attentats de Charlie Hebdo. Présentée comme un outil majeur de lutte contre la radicalisation et les fausses informations, l’EMI est devenue un élément central de nombreux discours institutionnels. Elle ne peut pourtant se résumer à ces objectifs. Le collectif La Friche, composé de quatre journalistes indépendants, et l’association Édumédias proposent de la rapprocher de l’un de ses lieux fondateurs : l’éducation populaire. A travers des entretiens, des retours d’expériences et des analyses plus théoriques c’est une lecture critique de la société et de ses représentations médiatiques qui se dessine, pour repenser la fabrique même de l’information. La Friche est un collectif roubaisien de quatre journalistes indépendants : Lucas Roxo, Flora Beillouin, Sheerazad Chekaik, Julien Pitinome. Fortement imprégné par l’éducation populaire, le collectif organise des ateliers et des formations d’éducation aux médias et à l’information auprès de publics habituellement éloignés des canaux traditionnels de diffusion de l’information. Ils mettent en avant l’importance des pratiques collectives et considèrent, à contre-courant de la pensée médiatique traditionnelle, qu’il faut donner la parole à tout le monde. L’association EDUmédia est un collectif réunissant des chercheuses du laboratoire GERiiC0 (pôle de recherche à vocation internationale en Sciences de l’information et de la communication de la Région Nord Pas-de-Calais) qui ont participé à l’écriture de ce projet. L’association a pour but de promouvoir l’éducation aux médias, à l’information et aux images principalement en région hauts-de-France. 10
QUAND LES CIVILISATEURS CROQUAIENT LES INDIGENES Dessins et caricatures au temps des colonies Alain Ruscio Editions Cercle d’Art (2018) RESUME L’homme d’Occident s’est autoproclamé blanc. Certaines des oeuvres ici réunies, spécifiquement centrées sur le dessin et la caricature, nous paraissent aujourd’hui dramatiquement dégradantes pour tous les autres habitants de la planète. Leurs décryptages par l’auteur témoignent que les contemporains ne les concevaient ni ne les percevaient comme tels. Parachevant ce panorama des regards et des pensées contradictoires de l’époque coloniale, sont également présents dans le livre ceux qui, beaucoup plus rares, se sont élevés par les mêmes moyens artistiques contre le racisme dominant et envahissant. 11
LE JEU DES HIRONDELLES Mourir Partir Revenir Zeina Abirached Points (2020) RESUME En avril 2006, sur le site Internet de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), je suis tombée sur un reportage tourné à Beyrouth en 1984. Les journalistes interrogeaient les habitants d’une rue située à proximité de la ligne de démarcation, qui coupait la ville en deux. Une femme, bloquée par les bombardements dans l’entrée de son appartement, a dit une phrase qui m’a bouleversée : « Vous savez, je pense qu’on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité, ici. » Cette femme, c’était ma grand-mère. Zeina Abirached est née à Beyrouth en 1981. 12
VILLAGE GLOBAL David Lessault et Damien Geffroy Steinkis (2019) RESUME Mazé, petite commune paisible…jusqu’à ce que le maire annonce la rénovation de la vieille chapelle… dans le but d’accueillir des réfugiés ! Les réactions ne tardent pas. Bien décidés à s’opposer à cette décision, certains habitants fondent le G.R.I.N.C (Groupe de Résistance à l’Invasion de Nos Campagnes) tandis que d’autres organisent l’accueil…Toute ressemblance, ou similitude avec des personnages et des faits existants ou ayant existé, ne serait que pure coïncidence ! 13
PIMENTS ZOIZOS Les enfants oubliés de la Réunion Tehem Steinkis (2020) RESUME Années 1960. Dans un quartier populaire d’une ville de La Réunion, Jean et Madeleine sont arrachés à leur mère par les services sociaux qui leur promettent une vie meilleure en métropole, une bonne éducation et des retours réguliers sur leur île. Lucien, jeune fonctionnaire fraîchement affecté à La Réunion, arrive à la préfecture et découvre ses fonctions à la Section 4 : il devra notamment superviser le transfert de « pupilles de l’État » dans l’Hexagone… Transplantés en Creuse, Jean et Madeleine sont séparés. De foyers en familles d’accueil, Jean rencontre d’autres enfants réunionnais dans la même situation que lui. Une vie durant, entre errances et recherches, il tentera de comprendre pourquoi… 14
L’ASILE ET L’EXIL Une histoire de la distinction réfugiés/migrants Karen Akoka La Découverte (2020) RESUME La distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques s’est aujourd’hui imposée comme une évidence, tout comme la hiérarchie qui légitime l’accueil des réfugiés au détriment des migrants. Ce livre montre que ces définitions en disent plus long sur les États qui les appliquent que sur les individus qu’elles sont censées désigner. Car il n’existe pas de réfugié en soi que les institutions pourraient identifier pour peu qu’elles soient indépendantes ou en aient les moyens. La catégorie de réfugié se reconfigure en réalité sans cesse, au fil du temps, au gré des changements de rapports de force et de priorités politiques. Plutôt que d’analyser les parcours des exilés pour déterminer s’il s’agit de réfugiés ou de migrants, cet ouvrage dissèque l’institution qui les nomme : l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), depuis sa création en 1952. Il établit que la chute du taux de reconnaissance du statut de réfugié est moins liée à la transformation des profils des requérants, à l’obsolescence de la Convention de Genève ou à une perte d’indépendance de l’Ofpra qu’à un changement de subordination. Alors que, pendant la guerre froide, l’assujettissement du droit d’asile aux politiques diplomatiques et le besoin de main-d’œuvre favorisaient un taux élevé d’accords, son instrumentalisation par les politiques migratoires, dans le contexte de la construction de l’immigration comme problème, entraîne un taux élevé de rejets. En s’intéressant aux acteurs du droit d’asile, à leurs profils et à leurs pratiques les plus quotidiennes, cette sociohistoire, par le bas, des politiques d’asile en France apporte une contribution nouvelle à l’analyse du pouvoir d’État en actes à l’égard des étrangers. 15
9 603 KILOMETRES L’Odyssée de deux enfants Pomès et Marchetti Futuropolis (2020) RESUME «Adil et Shafi sont deux cousins de 12 et 14 ans. Seuls, ils fuient la guerre en Afghanistan pour échapper aux talibans et à Daech. Sur la route, ils vont connaître l’enfer qu’ils voulaient fuir chez eux. Un récit poignant, très documenté, basé sur de nombreux témoignages, qui aborde la problématique de ces enfants partis seuls pour fuir la guerre et la misère et qui se retrouvent isolés en France et en Europe.» 2014. Province de Khost dans le sud-est de l’Afghanistan. Adil (12 ans) et Shafi (14 ans) essaient de mener une enfance normale malgré les attentats suicides qui ensanglantent régulièrement leur quotidien. La vie d’Adil bascule le jour où son père meurt. Kunzar, son oncle, un fondamentaliste religieux, l’envoie dans une école coranique. Là-bas, Adil apprend le maniement des armes et se prépare à mourir en martyr. Le jour de l’attentat, le détonateur de sa ceinture d’explosifs ne fonctionne pas. Il est dès lors condamné à quitter le pays pour échapper à la mort. Il doit partir avec son cousin Shafi retrouver le frère de ce dernier installé en Angleterre… Pour sa famille, ils auront une chance d’avoir une nouvelle vie, loin de cette folie. Commence alors pour les deux jeunes enfants, un périple de 9 603 kilomètres… Ruby Bridges a été érigée en symbole de la lutte pour les droits civiques, notamment en devenant le sujet du célèbre tableau de Norman Rockwell, The Problem We All Live With, où on la voit sur le chemin de l’école escortée par quatre marshalls fédéraux. Avec le soutien d’Amnesty international 16
L’ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX Ecole, république, laïcité Sébastien Urbanski PUF (2016) RESUME L’unité républicaine ne saurait se réaliser aux dépens de la diversité culturelle de la nation. À cet égard, un enseignement du fait religieux est nécessaire. Pourquoi ce projet a-t-il pu être présenté comme un événement considérable, alors qu’il consiste simplement à approfondir un thème d’étude déjà traité à l’école publique ? Pourquoi est-il parfois décrit comme requérant une évolution, voire une transformation de la laïcité, alors que l’étude du fait religieux dans les disciplines scolaires n’est en rien incompatible avec la neutralité républicaine ? Pour répondre à ces questions, cet ouvrage fait apparaître la pluralité des objectifs en jeu : transmission de connaissances, éducation à la tolérance, travail sur des questions existentielles… Si cette indétermination peut constituer un atout, l’auteur plaide pour une clarification : faut-il renoncer à une conception républicaine et s’adapter à une supposée « laïcité européenne » qui cache mal une valorisation certaine de la croyance religieuse ? 17
PROFESSION SOLIDAIRE Chroniques de l’accueil Jean-François Corty, Jérémie Dres et Marie-Ange Rousseau Les Escales - Steinkis (2020) RESUME Jean-François Corty, médecin et humanitaire, nous livre un témoignage libre et sincère sur l'arrivé des migrants en France et le drame qui se joue sous nos yeux. La question migratoire est au coeur du discours politique et médiatique en France et en Europe, souvent traité sous un angle sécuritaire où se côtoient fantasme, peur et données erronées… Au cours de son expérience au sein de diverses ONG, Jean-François Corty a sillonné le monde et la France qui est aussi, aujourd’hui, un terrain d’actions humanitaires. Souvent interrogé en tant qu’expert de la question, ce roman graphique lui permet de livrer différemment son témoignage. Sa parole est plus libre que sur les plateaux télé… et la déconstruction des clichés d’autant plus efficace ! 18
PEUT-ON PARLER DES RELIGIONS A L’ECOLE ? Isabelle Saint-Martin Albin Michel (2019) RESUME En 2002, le rapport Debray affirmait l’importance de reconnaître et d’enseigner le fait religieux. Pourtant, plus de quinze ans après, alors que la question a resurgi avec les attentats de 2015, le sujet revient à échéance régulière dans les discours politiques et l’on s’affronte encore sur les manières de s’y prendre ou sur le risque d’une atteinte à la laïcité. Au-delà de la chronique du débat sur l’enseignement des faits religieux, l’ouvrage propose une lecture distanciée des résistances et des difficultés mais aussi des avancées réalisées au fil des réformes successives des programmes. Que sont les « faits religieux » et en quoi est-il laïque de les aborder en classe ? Comment respecter le principe de neutralité sans esquiver le sujet ? Si l’histoire est souvent en première ligne, un plaidoyer particulier est consacré ici à l’approche par les arts, tant leur étude donne accès aux univers symboliques des religions, en favorisant tout à la fois une fine contextualisation et la sensibilité du regard. 19
JE M’APPELLE MARYAM Maryam Madjidi L’école des Loisirs (2019) RESUME Avec ses parents, Maryam doit quitter le pays où elle est née. Elle va devoir dire au revoir à ses poupées. Apprendre à jongler avec la langue d’ici et la langue de là-bas. Manger des plats qu’elle n’a jamais goûtés. Découvrir un monde où elle sera une inconnue. Un monde où il faut tout recommencer. Jusqu’à ce que quelqu’un lui demande : « Comment tu t’appelles ? » 20
FATOU DU MONDE Angélique Thyssen et Judith Gueyfier Rue du Monde (2020) RESUME Quelque part au Groenland, une fillette se prénomme étonnamment Fatou. C'est le choix qu'ont fait ses parents, amoureux d'un beau livre emprunté un jour à la bibliothèque du village. Entre ses pages, ils ont découvert la vie d'une petite Fatou et son mode de vie si différent du leur, là-bas sur le continent africain. Bercée par les sonorités et les couleurs du Sénégal, Fatou du pays des glaces rêve de rencontrer un jour Fatou de l'autre bout du monde. Plus tard, peut-être... Tant de choses sont à faire chaque jour, ici, sur cette terre gelée de la banquise. Et puis il y a les chiens, les phoques, la corvée d'eau... Mais, c'est sûr, elle embarquera un jour avec les scientifiques qu'elle aperçoit parfois à bord de leur brise-glace. Et enfin Fatou pourra échanger son modeste cadeau sculpté dans de la glace contre celui qu'aura sûrement modelé dans du sable sa sœur de cœur, l'autre Fatou ! 21
FELA BACK TO LAGOS Loulou Dedola et Luca Ferrara Glénat (2019) RESUME Une évocation de la vie du roi de l'Afro Beat Dans la mégalopole tentaculaire de Lagos, au Nigéria, Adedola est ce que l’on appelle un « Area Boy » : ces petits voyous des quartiers pauvres prêts à vous trouer la peau pour quelques dollars américains. Son quotidien ultra-violent ne connait de répit que lorsqu’il rend visite à son grand-père, avec qui il partage son amour pour la musique de Fela Kuti, le chantre de l’Afro Beat. Ensemble, ils discutent pendant des heures de la vie du « Black President » et de son combat, aussi bien musical que politique, pour le destin du peuple nigérian et africain. Mais le jour où son grand-père meurt, Adedola bascule dans une spirale autodestructrice. On le prétend possédé, prêt à être exorcisé par un pasteur dans l’une de ces cérémonies où l’on fait ingurgiter de l’acide aux jeunes pour les purifier... Atrocement brûlé, Adedola est finalement laissé pour mort dans l’une des immenses décharges de la ville. Mais dans les limbes, il entend retentir le saxophone de son idole... Visité par l’esprit de Fela, Adedola retrouvera la vie, mais pas comme un Zombie : prêt à reprendre la lutte là où son maître l’a laissée ! À travers ce thriller urbain et mystique dans la Lagos de nos jours, Loulou Dédola trouve le ton juste pour évoquer la vie de l’une des figures les plus importantes du continent africain autant que l’un des plus grands musiciens du XXe siècle : Fela Kuti. Entre cérémonies vaudous, corruption politique et criminalité, une plongée vertigineuse dans l’une des villes les plus fascinantes du monde, rythmée par la transe lancinante de l’Afro Beat. 22
MEDIAS ET RACIALISATION, revue Réseaux, n°223, déc. 2020 La Découverte (2020) RESUME Si le printemps 2020 aura bien sûr été marqué par la pandémie de coronavirus, il aura aussi été traversé sur le plan politique et médiatique par des images de protestations contre les violences policières, doublées de dénonciation du racisme. Depuis les rassemblements Black Lives Matter et les émeutes suivant la mort de George Floyd aux États-Unis, jusqu’aux manifestations du comitéLa vérité pour Adama en France, sur les écrans de télévision comme sur les plateformes de réseaux sociaux, des expressions telles que « racisme d’État », « privilège blanc », et plus largement celles de « racisation » ou « racialisation », ont pris une place jusqu’ici inédite dans l’espace public. Depuis une vingtaine d’année déjà, ces notions et concepts, produits de l’univers académique mais bien souvent dans des zones de contact avec les mondes de l’activisme et du militantisme, connaissent de fait un emploi croissant par les sciences sociales. Parce que la « question raciale » constitue ainsi une entrée de plus en plus fréquente pour penser la société, la revue Réseaux a précisément souhaité consacrer un dossier à sa mobilisation pour analyser les médias. Les articles réunis dans ce dossier, en mettant à jour des représentations médiatiques contribuant à altériser certains individus ou groupes sociaux en raison de leurs supposées origines communes ou mêmes couleurs de peau, prolongent ici des travaux qui, autrefois consacrés à l’image des « immigrés » ou des habitants des « banlieues », n’avaient pas abordé de façon aussi frontale les processus de racialisation. Et ils ouvrent également des voies encore plus originales pour la recherche française, en comparaison notamment de traditions plus établies aux États-Unis. Car ces différents articles, en explorant les modalités de production et les positionnements professionnels, au sein des entreprises de médias et plus largement des secteurs d’activité concernés, aident à mieux comprendre comment des biais racialisants peuvent être véhiculés - ou contrecarrés - par les médias. 23
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