Fossa dei Giganti La fosse des géants - Véronique Nguyên-Duy - Érudit
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Document generated on 07/10/2022 3:19 p.m. Québec français Fossa dei Giganti La fosse des géants Véronique Nguyên-Duy Littératures de la francophonie Number 127, Fall 2002 URI: https://id.erudit.org/iderudit/55826ac See table of contents Publisher(s) Les Publications Québec français ISSN 0316-2052 (print) 1923-5119 (digital) Explore this journal Cite this article Nguyên-Duy, V. (2002). Fossa dei Giganti / La fosse des géants. Québec français, (127), 98–100. Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 2002 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
MÉDIAS C omme l'adténaline, la Coupe du monde agit tel un vasoconstric- teur sur la circulation des biens et des idées. Partout, à la télévision comme dans les magazines, dans les bars comme dans les cafés, sur les places publiques comme au milieu du désert, dans les pala- ces monégasques comme dans les bidonvil- les de Rio ; on ne pense qu'au soccer, on ne parle que de soccer, on ne vit que pour le soccer. Et comme l'adrénaline, le Mundial lance le merveilleux monde des médias et son cortège de commanditaires dans un Fossa dei Giganti état d'excitation sans commune mesure. Ainsi, pour la seule équipe de France, on La fosse des géants 1 évalue que le principal commanditaite, Adidas, a investi pas moins de « six mil- lions d'euros dans une campagne publici- taire liée au Mondial » alors que les droits exclusifs de retransmission télévisuelle ont par Véronique Nguyên-Dtiy été acquis par « TF1, la principale chaîne privée française, [...] pour la somme de 168 millions d'euros (près de 200 millions de dollars)2 ». Mais ces sommes, dont il n'est pas exa- • géré de dire qu'elles sont fatamineuses, ne sont que des gouttes d'eau dans le business footbalistique. En effet, si la kermesse du Mundial est sans contredit un prétexte à la surenchère d'investissements et, partant, m **n une belle occasion d'engranger des profits, m i 2+tiiïfl il n'en reste pas moins que les activités ré- gulières des équipes de première division sont elles-mêmes exttêmement lucratives. Il suffit, pour s'en convaincre, de considé- rer des clubs comme le Real de Madrid ou La C o u p e d u m o n d e de s o c c e r e s t encore le Manchester United qui sont de véritables empires financiers rompus à l'art l'adrénaline planétaire, l'hormone de transformer la ferveur quasi religieuse de d ' u r g e n c e de ce c o r p s c é l e s t e que leurs fans en argent sonnant. n o u s a p p e l o n s la T e r r e . T o u s les Ainsi, durant la saison 1998-1999, le q u a t r e a n s , t e l l e une c o m è t e à club Manchestet United d'Angleterre af- l'orbite réglée, elle fait battre à fichait un modeste bénéfice de 36,5 mil- l ' u n i s s o n le c œ u r de l ' h u m a n i t é . lions d'euros. Et à la suite d'un accord qui M i s à p a r t en e f f e t l ' A m é r i q u e d u rapportera 49 milliards d'euros au Man- N o r d , q u i c o n f i r m e son é t o n n a n t e chester United, la compagnie Nike repren- dra les droits dérivés mondiaux dès le mois e x c e p t i o n c u l t u r e l l e en p r é f é r a n t d'août et en assurera la promotion, visant s ' a d o n n e r à la c h a s s e aux plus particulièrement les marchés asiatique t e r r o r i s t e s e n t r e une m i s e en é c h e c et nord-américain. La télévision est une s u r le b o r d de la b a n d e et un g r a n d autre vache à lait, surtout depuis l'accord c h e l e m , t o u s les c o n t i n e n t s v i v e n t de commercialisation conclu en février à l'heure du M u n d i a l . 2001 avec les Yankees de New York qui prévoit la gestion commune des dtoits de retransmission télé et des produits dérivés. 98 | Québec français 127 | AUTOMNE 2002
Ceci, sans compter la chaîne MUTV, un durant lequel la Corée du Sud a éliminé serait en droit de s'attendre à plus de nuan- partenatiat du club Manchestet United l'Italie pat un pointage de 2-1 en prolon- ces de la part des professionnels des médias. avec les compagnies Granada et Sky, qui gation, Luigi Fratta, un partisan de la Pe- Malheureusement, les journalistes n'hési- diffuse les matchs de Premier League en tite Italie à Montréal, s'est lancé dans une tent pas à tomber eux aussi dans la fosse des différé et met en place un ambitieux pro- analyse du Mundial : « On a laissé gagner lieux communs à saveur colonialiste et sont jet de diffusion sur Internet'. une équipe asiatique et une autre africaine « plutôt nombreux à hurler à la machina- De gros profits donc, de très gros pro- (le Sénégal) seulement pour faire progres- tion 9 ». À chaque voix qui rappelle que fits pour ce sport qu'on se plaît pourtant à ser le soccer dans les pays du Tiers- « les joueurs africains sont souvent vendus présenter comme le plus accessible, le plus Monde6 ». Là encore, plutôt que d'admet- comme de simples marchandises tandis que démocratique et, partant, le plus universel tre la revanche des faibles, on préfère les enfants confectionnent les ballons que de tous. Le mythe du Nigérien ayant acquis mettre en cause la légitimité de ces surpre- les sportifs du Nord manipulent dans les la maestria du ballon en jouant pieds nus nantes victoires des clubs sénégalais, tur- stades10 », le chœur des journalistes sportifs dans les bidonvilles d'Ibadan ou du petit que ou sud-coréen. entonnera à l'unisson une version remixée Brésilien famélique devenu vedette inter- Si l'épidémie de chauvinisme, voire de la théorie du complot. Comme le disait nationale du soccer ; ce mythe, pas si éloi- même de racisme, est endémique dans les l'éditorialiste du quotidien argentin La gné du têve améticain de devenir prési- rangs des supporters, fanatisme oblige, il est Naçion : « Elle ne devrait plus être appe- dent, a la vie dure dans l'imaginaire plus inquiétant de constater qu'elle fait lée la Coupe du monde des surprises. Ce collectif. Le soccet, c'est David qui terrasse aussi des ravages dans les officines des serait superficiel de continuer. Elle devrait Goliath, c'est la revanche de tous les pau- grands clubs. À preuve, le renvoi de Ahn être annulée dès maintenant et déclarée vres, de tous les affamés et de tous les ex- Jung-hwan, l'auteur du but victotieux des nulle en raison des erreurs. À partir de ploités de la planète. Sud-Coréens face à l'Italie, de son club de maintenant tout sera enveloppé de doute Mais si revanche il y a, force nous est Pérouse où il jouait depuis août 2000. Loin et de suspicion" ». d'admettre qu'elle est bien modeste, mar- de chercher une justification légitime à ce Même le journaliste Jean Dion, qui quée au sceau de l'éphémère et, surtout, congédiement revanchard, le président du n'est pourtant pas reconnu comme un im- toute symbolique. Pour chaque Pelé, Ma- club ombrien, monsieur Gaucci, a déclaré : bécile, n'a pu résister, à l'aide de « son radona, Ronaldo, Trésor ou Thuram, com- « Quand il est arrivé chez nous, c'était une magnétoscope à cristaux de laser numéri- bien passeront leur vie à fabriquer les équi- brebis égarée qui n'avait même pas de quoi ques qui permet un arrêt sut image aux pements qui serviront leurs héros ? se payer un sandwich. Il est devenu riche 550 milliardièmes de nanoseconde », à la Combien n'auront jamais les moyens de sans fournir de prestations exceptionnelles tentation de scrutet à la loupe le travail des s'acheter un téléviseur pour suivre leurs et puis, au Mondial, il a commencé à dé- arbitres pour conclure que, « de fait, ça sent prouesses sur petit écran ? Combien encore nigrer le foot italien. Qu'est-ce que vous le roussi qu'on serait en train de laisser brû- ne seront jamais suffisamment alphabéti- croyez ? Que je vais garder un joueur qui a ler12 ». « Passe encore que la puissante Co- sés pour même lire les articles de journaux ruiné le football italien. Son coup de gé- rée du Sud se farcisse [...] plus du quart de qui leur sont consacrés ? nie, il devait le faire avec nous. Il n'a qu'à la délégation européenne à la Coupe du Cette tevanche est d'autant plus sym- rentrer en Corée du Sud pour gagner cent monde, mais pas l'Allemagne. Pas la bolique que la plupart de ces joueuts vedet- mille lires (environ 50 euros) par mois7 ! ». Weltmeisternationalmannschaft. Ou alors, tes sont recrutés pat les grands clubs euro- On le constate, le caractère démocra- c'est la preuve que c'est arrangé [...]. Non péens, sont tapidement récupérés et tique du soccet ne séduit que dans la me- mais quand même, les Coréens : 0-10-4 en assimilés pat leur pays d'accueil et, surtout, sure où il demeure symbolique. On aime cinq participations au viennent grossir les coffres déjà bien gar- l'idée qu'un sport soit l'occasion d'une re- grand tournoi et là, paf, nis de l'industtie du foot qui est, comme les vanche des faibles, mais dès que la défaite plus battables. Si ce pays qui s'en font les promoteurs, fort bien est effective, dès qu'elle a un téel impact n'est pas louche, développée. Ceci, sans oublier que ces ath- sur l'ego et le portefeuille, on ne tarde pas ça, je veux bien lètes, malgré leur statut d'exception, ne à voir poindre les réserves, les doutes, les me placer dans le sont jamais à l'abri de la discrimination. dénonciations, les congédiements et même mur sur un coup Ainsi, comme le dit le britannique Tim les poursuites judiciaires comme l'illustre franc de Chilavert Parks, auteur d'Une saison de Vérone*: la RAI, « la télévision de service public ita- sans me protéget « Chaque fois que le joueur noir de Tinter, lien, qui envisage d'intentet une action en des mains join- Clarence Seedorf, touche le ballon, la tri- justice contre la FIFA, pour cause d'erreurs tes... 13 ». Théotie bune sud imite en chceut le cri du singe : d'arbitrage, afin d'obtenir le rembourse- du complot, franc-ma- "Ouh ! Ouh ! Ouh !". Les supporters de la ment des dommages financiers subis à la çonnerie, tragédie des er- Lazio ont également ce genre d'attitude, suite de l'élimination de l'Italie de la reurs suspectes, tout y est mais ceux de Vérone sont tellement vin- Coupe du Monde 20028». passé. Dans ce Mundial de dicatifs que l'équipe a longtemps hésité à l'imprévisible, où les géants du Face à un sectarisme aussi délirant et engager un joueur noir5 ». À la suite du football sont tombés de leurs dévastateur, en comparaison duquel les match opposant la Cotée du Sud à l'Italie, pieds d'argile, les journalistes hooligans ont l'air de clowns chantants, on AUTOMNE 2002 | Québec français 127 | 99
sont retournés à leurs vieilles habitudes toutes les tribunes et de répéter sur tous balleurs jouent à un jeu, les supporters en comme à de vieilles pantoufles. les tons qu'une histoire est incroyable. En font un sport et lui attribuent tout son sens C'est bien connu, chaque événement a matière de sport, comme en matiète de culturel15». Et, pour la majorité, le sens à son scénario journalistique, son script qui religion, il faut préserver la doctrine, donner à cet événement est unanime et in- dicte le type de couverture qui sera effec- quitte à verser dans le dogmatisme. Et variable ; les légendes et les mythes du tuée. Il y a un scénario pour le Mundial bien que tous les amateurs de sport et de soccer sont toujours les mêmes. L'Italie, comme il y en a un pour les Jeux olympi- jeux savent fort bien que rien n'est joué l'Espagne, l'Argentine, l'Angleterre et la ques ou les élections provinciales. C'est avant la fin du match et qu'il ne faut pas France n'ont donc plongé dans la fosse des d'ailleurs ce scénario, rodé et baignant dans vendre la peau de l'ours avant de l'avoir géants que le temps nécessaire pour garder l'huile, qui permet aux médias de couvrir tué, ttès peu acceptent de voir frustrées vivant le mythe fondateur de la revanche l'événement avec autant d'efficacité que leurs prédictions et leurs attentes. Réflexe des faibles. Le lendemain, le miracle de la d'émotions, qui définit les attentes du spec- de mauvais perdant ? Chauvinisme ? Co- veille a déjà une saveur de corruption, d'er- tateur et qui donne à l'événement une at- lonialisme ? Peu importe. Le fait demeure reurs d'arbitrage et autres histoires sordides mosphère de retrouvailles. Mais quand les qu'en matière de sport, comme en matière et personne ne voudra admettre que le gar- événements bousculent le scénario habi- de religion, les histoires incroyables se dien de l'Italie a été faible ou encore que tuel, lorsque le sport reprend ses droits et transforment systématiquement en mira- l'équipe de Corée est talentueuse et bien fait fi de toutes les prédictions, lorsque des cles ou en histoires sordides, selon le camp orchestrée. Ce n'est pas parce que le bal- p'tits-culs creusent la fosse des géants, alors auquel on appartient. Et si les miracles lon roule que les choses tournent rond. les journalistes, tels des poules sans tête, sont le fait de la force de caractère d'une courent après un scénario comme la poignée d'individus qui gagnent ainsi leur Squadra Azzurra après un plan de match. ticket d'entrée au cénacle des légendes du Notes Selon Gaye Tuchman 1 4 , les événe- stade, les histoires sordides impliquent 1 Inscription figurant sur une gigantesque banderole ments imprévus ou pour lesquels les prédic- toujours des juges en conflit d'intérêt, des brandie dans le stade de Dajeon par des supporters arbitres soudoyés, des athlètes dopés et des coréens lors du match opposant l'équipe de la Corée tions se sont avérées fausses mettent en du Sud à celle de l'Italie. cause les connaissances et les réflexes pro- présidents d'associations sportives véreux. 2 CHAPOUTIER, Katia (2002). « La défaite des fessionnels des journalistes qui doivent dès Les journalistes n'échappent pas à cette Français coûte cher », La Presse (Montréal), lundi 17 juin, B7. lors effectuet, à chaud, plusieurs ajuste- tendance manichéenne. Donc, pour ména- 3 THE ECONOMIST (2001 ). « Manchester ! Des stars ments à leur routine professionnelle dont ger l'ordre naturel des choses dans l'éden et du marketing »,The Economist (Londres), 19 avril, le plus important est, sans contredit, de se footballistique, pout ne pas contrevenir à n° 546. Traduit et publié dans Le Courrier doter d'un nouveau scénario journalistique. international. Hors-série : 'Foot Attitude', mai 2002, la docttine et aux prédictions, rien de p. 33. Le scénario de l'imprévu serait invariable- mieux que de transformer chaque défaite 4 PARKS. Tim (2002). Une saison de Vérone, traduction ment, toujours selon Tuchman, celui de surprise en une session de lavage de linge française de Michel Doury, Christian Bourgeois l'histoire incroyable, du « What a story ! ». sale familial. Ici, ce n'est pas le scénario éditeur. Le travail du journaliste consiste dès lors à « What a Story ! » qui est à l'œuvre. Au 5 CARROLL. Rory (2002). « Au cœur du racisme ordinaire », The Guardian (Londres). Traduit et faire ressortir le caractère totalement im- soccer, la surface de réparation se trouve à publié dans Le Courrier international. Hors-série : prévisible et exceptionnel de l'événement. la une des médias et le discours des jour- 'Foot Attitude', mai 2002, p. 18. Comme je l'ai déjà évoqué dans des chro- nalistes, qui reprend en cela exactement 6 GRITLI, Lamia (2002). « La Petite Italie affligée ». Lo Presse (Montréal), mercredi 16 juin, p. S-2. niques antérieures, il existerait donc en celui des supporters, vise à démontrer que 7 N.P. (2002). « Ann Jung-hwan renvoyé de Pérouse », journalisme un business as usual de l'incroyable n'est pas advenu, que l'ordre http://www.football365.fr/, 19 juin. Vunusual. des choses est, dans son essence, préservé 8 BA.W (2002). « La RAI poursuit la FIFA », http:// Mais si la proposition de Tuchman est et que les victoires du Sénégal, de la Tur- www.football365.fr/, 20 juin. valable dans la très grande majorité des quie ou de la Corée du Sud ne sont que le 9 DION, Jean (2002). « Hors-jeu : Mauvais pour le résultat de machinations occultes. cceur », Le Devoir (Montréal), mardi 25 juin. cas, elle nous semble occulter le cas par- 10 COURRIER INTERNATIONAL (2002). « Un ballon ticulier du journalisme sportif qui, dans sa Et peut-être est-ce là, dans cet effort qui ne tourne pas toujours rond ». Hors-série : 'Foot spécificité, est riche d'enseignements. En constant des médias d'aligner leur discours Attitude', mai 2002, p. 56. effet, le domaine du sport est, par excel- sur celui des supporters afin de réparer les II DION, Jean (2002). « Hors-jeu : Mauvais pour le cœur », Le Devoir (Montréal), mardi 25 juin. lence, celui des prédictions dont, néces- erreurs passées et de renouveler le rêve, sairement, un bon nombre s'avèrent faus- 12 Ibidem. qu'il faut chercher la véritable portée dé- ses. Qui plus est, le journalisme sportif 13 Ibidem. mocratique du soccer ? Si, sur le terrain, la repose essentiellement sur une savante revanche des faibles n'est qu'un modeste et 14 TUCHMAN, Gaye ( 1978). Making News. A Study in the Construction of Reality, New York/London : The técupération de l'identification, du chau- éphémère symbole de démocratie, il faut Free Press, pp. 59-60. vinisme et même du fanatisme des suppor- admettte que sur les tribunes médiatiques, 15 MOSS. Stephen (2002). « Oui, la télé va étouffer le ters. D'ailleurs, la comparaison du sport et « le vrai sport est démoctatique : ce sont sport », The Guardian (Londres). Traduit et publié dans Le Courrier international. Hors-série : 'Foot de la religion n'est pas innocente. En les supporters qui lui donnent tout son Attitude', mai 2002, p. 37. matière de sport, comme en matière de sens, et non les présidents, les nababs de la religion, il ne suffit pas en effet de dire sur télévision, ni même les joueurs. Les foot- 100 I Québec français 127 I AUTOMNE 2002
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