GALERISTES 2020 Regards sur la scène française 13 nouveaux exposants Paroles de collectionneurs - Le Quotidien de l'Art
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Édition spéciale – 10.2020 GALERISTES GALERISTES 2020 Regards sur la scène française 13 nouveaux exposants Paroles de collectionneurs gratuit
EXPOSITION KINSHASA CHRONIQUES Palais de Chaillot Trocadéro – Paris 16e 14.10.2020 Une exposition en co-production avec citedelarchitecture.fr #ExpoKinshasa 11.01.2021 © KONGO ASTRONAUTS. Sans titre – série « After Schengen », 2019. Courtesy de l’artiste & d’Axis Gallery, New York
GALERISTES I 10.2020 Tenir bon ! GALERISTES 2020 5e édition Monter un salon en temps normal est déjà une entreprise ardue, avec Du 23 au 25 octobre 2020 son cortège d’aléas, d’imprévus, De 14h à 20h d’annulations. Mais, dans la situation Carreau du Temple Rafael PIC actuelle, cela tient du funambulisme : 4, rue Eugène-Spuller entre rétrécissements de jauge, entraves 75003 Paris aux déplacements et couvre-feu Métro : Temple, République, Filles-du-Calvaire annoncé avec un préavis de 48 heures, il faut être Madame galeristes.fr Soleil – ou un peu cascadeur – pour persévérer. C’est ce qu’a fait Galeristes : encore dans sa petite enfance (5e édition, donc 4e anniversaire), il s’est entêté pour que son cru 2020 existe. C’est déjà une victoire. Elle est à mettre au crédit de Stéphane Corréard, son animateur, mais aussi des galeristes, SOMMAIRE qui ont navigué vent debout pour être présents, et, sans nul doute, des collectionneurs et amateurs qui s’y presseront à aimable distance (et dans le respect des normes sanitaires, p. 5 Entretien avec Stéphane Corréard comme dit la formule désormais consacrée). Rafael Pic L’épidémie fait son cortège de victimes mais elle lacère aussi les liens sociaux, brise les équilibres économiques, habitue p. 8 Une scénographie écolo-métallique au repli, avec des conséquences à long terme encore difficiles Philippe Trétiack à évaluer mais forcément dramatiques. Il faut résister… Si Galeristes a réussi à ouvrir ses portes pour ces 4 jours, c’est donc déjà une victoire. Ce qui nous semblait, il y a à p. 10 Toute première fois Stéphanie Pioda peine un an, évident et facile – aller voir des galeries réunies dans un espace commun – devient une anomalie, un exploit. Profitons-en ! L’édition est solide avec plus de 40 galeries p. 14 Regards sur la scène française Marion Bellal, Alison Moss, Rafael Pic (dont une belle sélection de nouveaux venus) et une section et Stéphanie Pioda qui monte en puissance, l’Anthologie de l’art français, que nous mettons en avant dans notre portfolio. On y fera des découvertes, jeunes pousses ou acteurs vénérables, à l’image p. 18 Paroles de collectionneurs d’Arthur Aeschbacher, disparu à l’âge de 97 ans quelques Stéphanie Pioda jours avant l’ouverture, et à qui nous rendons hommage. Un Suisse installé à Paris, ami de poètes yankees et passionné p. 20 À voir à Paris de Mexique : c’est ça aussi, la scène française ! Marion Bellal The Art Daily News/Le Quotidien de l’Art est édité par Beaux Arts & cie – 9, boulevard de la Madeleine – 75001 Paris – rcs Nanterre n°435 355 896 cppap 0319 W 91298 issn 2275-4407 www.lequotidiendelart.com – a website hosted by serveur express, 16-18, avenue de l’europe – 78140 Vélizy, France – tél. : +33 (0)1 58 64 26 80. Président Frédéric Jousset Directrice générale Marie-Hélène Arbus Directeur de la rédaction Fabrice Bousteau Directeur de la publication Jean-Baptiste Costa de Beauregard Éditrice Adjointe Marine Lefort Le Quotidien de l’Art : Rédacteur en chef Rafael Pic (rpic@lequotidiendelart.com) Rédactrice Alison Moss (amoss@lequotidiendelart.com) L’Hebdo du Quotidien de l’Art : Conseillère éditoriale Roxana Azimi Rédactrice en cheffe adjointe Magali Lesauvage (mlesauvage@lequotidiendelart.com) Rédactrice Marine Vazzoler (mvazzoler@lequotidiendelart.com) Contributeurs Marion Bellal, Stéphanie Pioda, Armelle Malvoisin, Philippe Trétiack Directeur artistique Bernard Borel Maquette Anne-Claire Méry Iconographe Mathilde Bonniec Secrétaire de rédaction Mathilde Cocquelin Régie publicitaire Beaux-arts &Cie – advertising@lequotidiendelart.com tél. : +33 1 87 89 91 43 Dominique Thomas, Peggy Ribault, Hedwige Thaler, Léa Lombardo, Adèle Le Garrec Studio technique Kamar Triki - studio@beauxarts.com Abonnements abonnement@lequotidiendelart.com - tél. : +33 (0)1 82 83 33 10 Imprimeur Imprimerie Futur, ZA de la Chambrouillere, 53960 Bonchamp-lès-Laval Visuel de Une Jaime Sancorlo, Landing,2020, huile sur toile, 81 x 81 cm - © Jaime Sancorlo / Courtesy galerie ALB, Paris. /3
CC ART conserve et protège vos œuvres d'art en plein cœur de Paris CC ART propose une gamme de services personnalisés de conservation d’œuvres d'art et d'objets précieux dans un site prestigieux du Marais. Centre de Conservation _ Réserves collectives et privatives du Crédit Municipal de Paris _ Coffres-forts 22 rue des Blancs-Manteaux _ Cave (vins et spiritueux) 75004 Paris ccart.paris contact@ccart.paris 01 44 61 65 17 - 01 44 61 65 31
GALERISTES I 10.2020 Stéphane Corréard Fondateur de Galeristes L’échange et la confrontation directe entre galeristes et collectionneurs sont essentiels. Même – et surtout – dans la crise actuelle. Propos recueillis par Rafael Pic Quel est l’ADN de Galeristes ? Notre objectif est, depuis le départ, d’y défendre les galeries et que les collectionneurs s’y sentent chez eux. Il faut rappeler que 80 % du chiffre d’affaires des galeries se fait avec 8 ou 10 collectionneurs. Il est vital d’élargir ce premier cercle : que les galeries puissent passer de 8 à 10 (ou de 10 à 12) collectionneurs fidèles. Nous voulons créer de nouvelles vocations de collectionneurs, et favoriser les rencontres, en insistant sur les échanges et la convivialité, même en temps de coronavirus. Nous avons notamment mis en place cette année une sorte de café privé pour les galeristes et leurs invités. Ce que résument nos slogans, qui envisagent la situation © Thibaud Robic. sous un jour optimiste : « Venez attraper la collectionnite » ou, pour ceux qui l’ont déjà, « Venez assouvir votre collectionnite » ! Ou encore « Sans galeristes, la vie serait trop triste ». « Sans galeristes, En temps de restrictions réglementaires, la vie serait trop triste » justement, comment respecter les jauges ? La jauge habituelle du Carreau du Temple est de 1500 personnes sur 1800 m2. En 2019, nous avions reçu 11 000 personnes sur 4 jours. Cette année, Cette édition a été évidemment plus difficile nous devrons respecter les normes des à bâtir que les autres… manifestations culturelles, soit une jauge de Il faut reconnaître que nous avons été un peu 300 visiteurs à un instant T, hors équipe du salon prisonniers des décisions des autres. Entre Art et personnel des galeries. Cela sera notamment Paris, sans cesse repoussé, et l’annulation tardive possible car la fréquentation des étrangers, à part de la FIAC, certains de nos exposants fidèles ont ceux de quelques pays limitrophes, sera réduite... longtemps hésité. D’autres ont aussi choisi de Nous avons dû renoncer au vernissage, nous rejoindre à la dernière minute. En juin, nous notamment pour élargir les horaires consacrés avions 25 exposants confirmés. Nous en avons aux VIP tous les jours de 10 h à 14 h (au lieu de finalement 41. Notre engagement en faveur 10 h à 12 h), et leur réserver la journée du jeudi, d’échanges locaux, pour un public de proximité, pour un meilleur confort des échanges. Pour le peut paraître visionnaire. Il est en réalité de pur grand public, nous mettons en place une bon sens, mais nous sert, il est vrai, de bannière de billetterie en ligne, avec créneaux horaires. ralliement en cette période ! 4/
L’ART EVOLUE, L’ASSURANCE Comment pourrait-on mesurer le succès de Galeristes ? FINE ART Le succès se mesure au nombre de nouveaux collectionneurs que recrute un exposant, DEMEURE. qu’il parvient à fidéliser, en les faisant venir à la galerie découvrir pleinement sa singularité. Cet indicateur est évidemment difficile à mesurer, même à distance d’un an. Je suis collectionneur depuis toujours, et j’ai été galeriste ; ainsi, j’ai pensé ce salon pour aider les galeries à se pérenniser et à se développer. L’organisation en découle (tarifs mesurés et forfaitaires pour les stands, entre 6000 et 16 000 euros tout compris, présentations des galeries écrites par des critiques d’art…), mais aussi le contenu artistique. Les galeristes sont libres de montrer ce qu’ils veulent, car il est essentiel que la rencontre avec le public se fasse sur la base de leur identité profonde. Nous n’intervenons donc pas dans leurs choix – sauf, évidemment, pour la section créée en 2019 sur l’Anthologie de l’art français. Nos exposants reviennent, c’est a priori qu’ils sont satisfaits… Chacun a ses propres besoins et ils évoluent au fil du temps. Ce qui ne change pas, c’est la nécessité de protéger les œuvres à leur juste valeur. Collectionneurs, conservateurs, galeristes, antiquaires et musées... Les relations et le service sur-mesure sont au cœur de notre métier d’assureur de spécialités dans un monde de l’art en mouvement. Pensez-y lors de votre prochain café. For Mutual Advantage libertyspecialtymarkets.com © P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. Liberty Specialty Markets (LSM) est le nom commercial de Liberty Specialty Markets Europe Sàrl (LSME), agissant pour le compte et par mandat de Liberty Mutual Insurance Europe SE (LMIE), membre du Groupe Liberty Mutual Insurance. LSME et LMIE sont enregistrées au Grand-Duché du Luxembourg (respectivement sous les n° B216199 et n° B232280) et domiciliées au 5-7 rue Léon Laval, L-3372 Leudelange, Grand-Duché du Luxembourg. Leurs succursales en France sont domiciliées au 42 rue Washington, 75008 Paris et enregistrées au RCS de Paris (respectivement sous les n° 831 623 699 et Galeristes, édition 2019. n° 408 774 610). Pour plus d’informations, veuillez consulter le site www.libertyspecialtymarkets.com. /5
#roulette# Détail de la scénographie sur le stand de la galerie © P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. ALB, Paris, lors de l’édition 2019 de la foire. Une scénographie écolo-métallique Modulaire et recyclable : ce sont les maîtres-mots du concept élaboré par l’architecte Dominique Perrault. Par Philippe Trétiack L ’architecture de fonte et de fer du Carreau du Temple ne pouvait trouver mieux, pour se démultiplier, que la scénographie modulaire et métallique imaginée par l’architecte Dominique Perrault et la directrice artistique Gaëlle Lauriot-Prévost. Destiné à se déployer sur les 1800 m2 de surface dédiés au salon, ce système arachnéen s’offre comme une boîte à outils recyclable, une cimaise de treillis, une chenille d’étagères montées sur roulettes. Grand Les modules conçus par couturier des résilles métalliques, utilisées dans Gaëlle Lauriot-Prévost et nombre de ses projets, à la Cour européenne Dominique Perrault au de justice au Luxembourg comme à la BnF, Carreau du Temple, Paris. Dominique Perrault n’a eu qu’à pousser un peu sa réflexion conceptuelle sur l’art d’exposer des œuvres contemporaines pour aboutir à cette épure nickelée. Exit alors le bon vieux white © P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. cube, place aux rayonnages industriels façon quincaillerie. L’idée est simplissime. Cinq modules, d’une largeur de 1,50 m, d’une hauteur de 3 m et d’une profondeur de 70 cm, forment ensemble Dominique Perrault et un rang d’étagères qui peut encore se révéler Gaëlle Lauriot-Prévost. 6/
bibliothèque, alcôve, réserve avec tiroirs, rack ou portant. Face à ce maillage de l’espace, le visiteur déambule. Il peut tout à la fois s’intéresser aux œuvres présentées dans telle ou telle galerie, comme embrasser d’un coup d’œil toutes les autres exposées chez les voisins. L’espace est à la fois intime et collectif, protecteur et panoramique. Certes, on ne trouvera pas ici de festons et de garnitures. L’ensemble est fonctionnel, mais on a trop décrié les décors écrasants, tel celui dessiné par Gae Aulenti pour © P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. le musée d’Orsay, pour ne pas trouver à cette structuration de l’espace a minima des qualités. On respire. Mieux encore, chaque stand peut accueillir – en sus des pièces d’artistes – des mini-concerts, des performances, des causeries et des dégustations. On comprendra alors que Vue générale de la scénographie conçue par Gaëlle Lauriot-Prévost et Dominique Perrault lors de l’édition l’installation prédispose le visiteur à la découverte. 2019 de Galeristes. L’amateur peut circuler dans ce que de méchantes langues pourraient décrire comme un ersatz de grande surface de bricolage. Mais, précisément, Destiné à se déployer sur les 1800 m2 Dominique Perrault bricole avec l’art contemporain depuis suffisamment longtemps pour savoir que de surface dédiés au salon, ce système cette approche « brut de décoffrage » tient à la arachnéen s’offre comme une boîte fois de l’esthétisation conceptuelle et de la mise à à outils recyclable, une cimaise de disposition populaire des moyens de s’instruire. treillis, une chenille d’étagères En somme, l’architecte tisse tout un réseau de montées sur roulettes. sensations que la froideur des matériaux pourrait faire croire inaccessibles : le minimalisme se fait ici complexité. 16 oct. → 14 nov. 2020 7e édition un monde à votre image Exposition collective Marcella Barceló, Loucia Carlier, Ismaël Joffroy Chandoutis, Clémence Mauger, Rob Miles, Raphaël-Bachir Osman, Ludovic Salmon, Elené Shatberashvili, Charlotte Vitaioli, Zohreh Zavareh, Giuliana Zefferi. Commissaire d’exposition Gaël Charbau Entrée libre Villa Emerige 7 rue Robert Turquan 75016 Paris Afin de vous assurer une visite en toute sécurité, un dispositif d’accueil spécifique sera mis en place dans le strict respect des règles sanitaires en vigueur. mercredi Accès : Station Velib’ revelations AVEC → dimanche Metro Ligne 9 Jasmin n°16027 -emerige LE PARRAINAGE DU MINISTÈRE 12h → 19h Bus Ligne 22 (Mozart – Jasmin) .com DE LA CULTURE /7
GALERISTES I 10.2020 Toute première fois Elles sont 13 galeries à rejoindre le salon cette année – soit plus d’un quart des exposants – et pas toujours pour les mêmes raisons, comme elles nous le confient. Par Stéphanie Pioda L e positionnement a été un argument central Anna Nero, pour Laetitia Gorsy qui a ouvert She BAM! Still life with Circles, fin 2018 à Leipzig. « C’est une foire engagée, 2019, huile sur toile, 130 x 100 cm. qui défend ses idées, tout comme ma galerie qui a un Galerie She BAM! format très spécial, puisque je ne représente que des femmes, tout en ayant un parti curatorial très précis. » Pour sa toute première foire, elle illustre son propos autour d’œuvres d’Anna Nero, Winnie Seifert ou Dorothée Louise Recker. Dorothée Louise Recker, © Anna Nero / Courtesy She BAM! Blacksands (Rayol), 2020, huile et sable sur toile, 30 x 24 cm. Galerie She BAM! Liberté de choix Pour Éric Landau, qui a fondé la galerie W à Montmartre en 1997, il s’agit d’une première tout court. « J’ai décidé de participer à Galeristes après avoir renoncé pendant plusieurs années aux salons parisiens par manque de liberté. Je n’arrivais pas à m’épanouir, à faire de vraies expositions, à présenter le cœur de la galerie, son âme, le sel de notre travail. J’ai trouvé, dans ce concept du rapport entre © Dorothée Louise Recker / Courtesy She BAM! Ci-dessous : l’anthologie de l’art français et le volet général, Boris Garanger, un équilibre. J’ai pu choisir sans qu’un comité ou Gleaming, autre révise les choix d’artistes ou leurs œuvres. » 2019, huile sur toile, À découvrir avec Raymond Hains, Davis Vanzel, 89 x 130 com. Galerie W, Paris. Laetitia Gorsy. © Boris Garanger / ADAGP Paris 2020 / Courtesy Galerie W, Paris. « C’est une foire engagée, qui défend ses idées, tout comme ma galerie. » Laetitia Gorsy, galerie She BAM!. 8/
« J’ai trouvé, dans ce concept du rapport entre l’anthologie de l’art français et le volet général, un équilibre. » Éric Landau, galerie W. © Raymond Hains / ADAGP Paris 2020 / Courtesy Galerie W, Paris. Courtesy Galerie W Landau. Raymond Hains, Gainsbourg, Catherine Ikam, Boris Garanger, Toma-L. Jérôme 1971, affiches lacérées, 135 x 120 cm. Galerie W, Paris. Arcay tente l’aventure après avoir été déçu de ses trois participations au MAD et espère trouver un public plus captif pour les sérigraphies de Clarence Guena, Gérard Schlosser en particulier. Eva Taieb, elle, Sans titre, connaissait très bien le salon qu’elle arpentait en canevas chinés, résine, tant que collectionneuse, et lorsqu’elle a ouvert gravure manuelle sur bois, 69 x 42 x 5 cm. The Fibery Gallery il y a un an et demi, il était Galerie The Fibery, Paris. évident de passer de l’autre côté du « miroir », ce qui est donc chose faite cette année, avec des œuvres de Clarence Guéna. Pour Cyrille Catherin de la galerie Red Zone de Francfort, spécialisée en art asiatique, il s’agit d’un choix stratégique prolongeant la dynamique lancée en septembre © Clarence Guena / Courtesy The Fibery, Paris. GEORGES ROUSSE PHOTOGRAPHIES ET DESSINS #1 GALERIE, CLERMONT-FD 16 SEPTEMBRE – 7 NOVEMBRE 2020 #2 GALERISTES, CARREAU DU TEMPLE 22 - 25 OCTOBRE 2020 © Gérard Schlosser / ADAGP Paris 2020 / Courtesy Atelier Arcay. Gérard Schlosser, Il faut que j'aille ouvrir la galerie, 1978, acrylique sur toile sablée, 150 x 150 cm. Galerie Atelier Arcay, Paris. /9
GALERISTES I 10.2020 © Ye Hongxing / Courtesy Galerie Red Zone Arts, Francfort-sur-le-Main. Courtesy The Fibery. « Il me paraissait judicieux de faire © Maiko Kobayashi / Courtesy Pierre-Yves Caer, Paris. un pont avec une À gauche : Maiko Ci-dessus : autre foire de Kobayashi, Dance, 2019, acrylique sur Ye Hongxing, Fusion n°56, qualité à Paris, février prochain de papier washi japonais monté sur panneau de 2012, huile sur toile, tout ce travail autour mais d’un format bois, 60,5 x 50 cm. 120 x 120 cm. de la Fontaine de et d’une approche Galerie Pierre-Yves Caër, Paris. Galerie Red Zone Arts, Francfort-sur-le-Main. Marcel Duchamp différents pour depuis 2008. Adeline présenter des dernier avec une première prise de contact avec Jeudy de la Galerie œuvres d’autres des collectionneurs français à Art Paris. « Il me LJ était jusqu’à paraissait judicieux de faire un pont avec une autre présent mobilisée artistes. » foire de qualité à Paris, mais d’un format et d’une par Asia Now, « que Eva Taieb, approche différents pour présenter des œuvres Saâdane Afif, nous n’avions pas The Fibery Gallery. The Fountain d’autres artistes. » Citons Qiu Jie, qui vient prévu de refaire cette Archives - FA0435, d’intégrer les collections du musée Cernuschi, année par manque de propositions adéquates. document encadré, dont un grand dessin à la mine de plomb 26,5 x 31 cm. Galerie J’avais imaginé qu’il n’y aurait aucune foire en côtoie des œuvres graphiques mfc-michèle didier, Paris. octobre, donc ne m’étais pas vraiment posé la de Yu Jen-Chih, Ye Hongxing ou question. Et puis j’étais tellement heureuse de Da Zi Bao. L’Asie est également retrouver cette effervescence à DDessin, que j’ai à l’honneur chez Pierre-Yves voulu rebondir en octobre sur Galeristes, que nous Caër Gallery, avec tout avons donc contacté très en retard ! Par chance, particulièrement Akira il leur restait deux emplacements et ils ont accepté Kugimachi, Aya Kawato, notre proposition autour de trois artistes : Quentin Maiko Kobayashi, Jacques Garel, dont la carrière est déjà bien installée, Étienne Bosser ou Akihito Takuma. Pottier, encore émergent, et Ben Tolman, dont © Saâdane Afif / Courtesy Galerie mfc-michèle didie, Paris. l’exposition du printemps dernier a été raccourcie Sauver la mise Pour beaucoup, l’opportunité de la période où se multiplient Etienne Potier, en cascade les annulations Origine, d’événements a libéré 2018, céramique émaillée, un créneau pour intégrer h. 54 cm, d. 34 cm. Galerie LJ, Paris. ce salon déjà bien placé dans leur viseur. « L’annulation de la FIAC a présidé notre décision de postuler à Galeristes, dont le propos m’a toujours intéressée », reconnaît Michèle Didier, qui © Hervé Goluza. est plus habituée aux foires internationales. Elle réserve son programme prévu à la « J’étais tellement FIAC pour 2021, et offre ici heureuse de retrouver un panel représentatif de sa cette effervescence à © Etienne Potier / Courtesy Galerie LJ, Paris. ligne conceptuelle, avec comme DDessin, que j’ai voulu pilier On Kawara, entouré de proverbes d’Annette Messager rebondir en octobre et d’une grille de Saâdane Afif, sur Galeristes. » annonçant la publication en Adeline Jeudy, Galerie LJ. 10 /
À gauche : Ben Tolman, Twitch, 2020, encre et gouache sur papier, 80 x 54 cm. Galerie LJ, Paris. Ci-contre : Georgina Maxim, Ma mère II, 2020, textile et technique Photo Studio Shapiro / © Georgina Maxim / Courtesy Galerie 31 Project, Paris. mixte, 125 x 160 cm. Galerie 31 Project, Paris. Corine Borgnet, The last supper, © Ben Tolman / Courtesy Galerie LJ, Paris. 2019, os variés, Jesmonite et acier, dimensions variables. Galerie Valérie Delaunay, Paris. Photo Atelier Findart / ADAGP Paris 2020 / © Corine Borgnet / Courtesy à cause du confinement. Je pense qu’à eux trois ils résument bien l’intérêt de la galerie pour les artistes graphiques, figuratifs, avec une attention de plus en plus forte pour le volume ». Galerie Valérie Delaunay. De l’Afrique à l’art moderne L’éclectisme sera le mot d’ordre de Valérie Delaunay, de Corine Borgnet à Julie Legrand en passant par Florence Obrecht ou Timothée Schelstraete. Tout aussi dynamique sera le stand d’Alexandre Lazarew avec trois artistes reflétant la personnalité plurielle de la galerie : une installation en laine très gourmande et sensuelle GALERIE ROUAN de Claude Como, une confrontation des paysages La galerie expose en permanence des artistes confirmés tels que sur carton et sur papier d’Olivier Catté (où se Ralph RESCH, Jean-François BRAHIN, Jacek WOZNIAK, répondent un trait soulignant une architecture René PASSERON...Elle facilite également les débuts d’artistes prometteurs dont il aime les œuvres qu’ils soient photographes, orthonormée et une ligne à la fluidité inspirée de peintres, ou dessinateurs. la tradition chinoise). « Étant donné que la foire se Galerie Rouan permanently exhibits confirmed artists such as Ralph RESCH, Jean-François BRAHIN, Jacek WOZNIAK revendique locale et française, nous louons un René PASSERON... espace supplémentaire rue du Perche pour déployer les univers de ces artistes. Nous espérons donc tirer 3 RUE PERRÉE - PARIS 3 Face au Carreau du Temple notre épingle du jeu », confie la directrice, Laura de www.galerie-rouan.com Pontcharra. Clémence Houdart, dont la galerie 31 Project promeut des scènes africaines, se recentre également sur la scène locale. « Nous voulions faire 1:54 à Londres, mais nous travaillerons cette belle et riche place de marché qu’est Paris autour de trois artistes femmes : Georgina Maxim (qui a représenté le Zimbabwe à la Biennale de Venise en 2019), Temitayo Ogunbiyi et Hélène Jayet. » L’art moderne n’est pas en reste et s’affiche comme un contrepoint ou une opportunité pour asseoir une collection avec un volet historique, ce qu’ambitionne Jean-François Cazeau avec un beau pastel d’André Masson, un bas-relief de Germaine Richier ou un dessin de Giacometti (on flirte ici avec les 150 000 euros) ou avec T&L, Toile de Ralph RESCH qui propose de redécouvrir le surréaliste anglais Technique mixte - 130x89 cm Stanley William Hayter. / 11
GALERISTES I 10.2020 Regards sur la scène française La section Anthologie évoque des artistes qui ont enrichi ou continuent d’enrichir le panorama hexagonal. Par Marion Bellal, Alison Moss, Rafael Pic et Stéphanie Pioda © Bernard Moninot / ADAGP Paris 2020 / Courtesy galerie Jean Fournier, Galerie Jean Fournier Bernard Moninot, paysages de l’esprit La galerie, l’une des plus anciennes de la place de Paris (créée en 1964), rend honneur à la carrière de Bernard Paris, 2020. Moninot (né en 1949), qui sait faire Bernard Moninot, parler le vent ou les pierres et à qui elle vient de HORIZON V, consacrer une exposition personnelle. « Il s’agit Yes, We Love project 1997, acrylique et encre sur d’un paysage mental monumental, explique Harry Maryan, années américaines papier préparé avec du bleu Ancely, composé comme la succession de plusieurs improbable, 158 x 490 cm. points de vue, de plusieurs angles. Les tracés sont Autre existence torturée que celle de dupliqués, scarifiés sur un papier carbone chargé Maryan (1927-1977), né en Pologne, d’un pigment « bleu improbable », ainsi nommé pour déporté à Auschwitz, qui passera par l’usage qui en est fait en vidéo et qu’on ne voit Jérusalem et Paris avant de choisir le jamais. » R.P. Nouveau Monde. « Ce focus réunit des œuvres inédites, sur toile et sur papier, pour la plupart de sa période américaine, explique Lucas Djaou, le fondateur de Yes, We Love project. Maryan a vécu à New York de 1962 jusqu’à son décès dans son appartement © Marinette Cueco / ADAGP Paris 2020 / Courtesy galerie des Petits Carreaux, Paris. du Chelsea Hotel en 1977. » © Maryan / Courtesy Yes, We Love Project, Paris. Personnages et postures grotesques, couleurs vives, contrastes exagérés : « Cette sorte de Commedia dell’arte aux allures pop semble être un exorcisme à sa destinée tragique ». R.P. Galerie Jean Brolly Maryan (Pinchas Burstein), Dodeigne, artiste-tailleur du Nord Sans titre, Eugène Dodeigne (1923-2015), à qui une rétrospective 1973, huile sur toile, sera consacrée à partir du 6 novembre à La Piscine 130 x 97 cm. Marinette Cueco, Ardoises ligaturées avec maïs, de Roubaix, est indissociable des pierres de la entre 1993 et 1998, 23 x 35 cm. région de Soignies. Si celles-ci sont extrêmement difficiles à tailler, le Galerie des Petits Carreaux sculpteur les a toujours Marinette Cueco, préférées, digne entre éphémère et éternel descendant d’une famille Plusieurs phases du travail de Marinette Cueco de tailleurs de pierres du (née en 1934) sont représentées dans la sélection de Nord. La galerie profite la galerie : les ardoises, les herbiers et les entrelacs, du salon pour « remettre qu’elle assemble en glanant des matériaux naturels © Eugène Dodeigne / ADAGP Paris 2020 / Courtesy galerie Jean Brolly, Paris. au goût du jour cet artiste de sa Corrèze natale ou en région parisienne, mais pas assez connu, pourtant aussi les pierres captives, dont on retrouve primordial dans l’art du « d’émouvants galets blancs enveloppés dans un XXe siècle ». Ses dessins tressage d’herbe, alliant délicatement la permanence de sculptures se de la pierre avec la fragilité du végétal, selon distinguent par leur trait Christine Benadretti. Marinette a créé son premier nerveux de fusain et Eugène Dodeigne, herbier suite au décès de son mari, le peintre et d’encre. M. B. Sans titre, écrivain Henri Cueco (1929-2017). Nous présenterons aussi plusieurs exemplaires des cahiers qu’elle réalise 1999, fusain sur papier, 110 x 74 cm. en accompagnement de ces herbiers ». A.Mo. 12 /
Judit Reigl, © Judit Reigl / ADAGP Paris 2020 / Photo Alberto Ricci / Archives Galerie de Déroulement, 1976, acrylique et glycérophtalique sur toile, France / Courtesy Galerie de France - le Studiolo, Paris. 50 x 61 cm. Galerie de France Judit Reigl, la peinture comme sujet Une longue histoire d’amitié lie la Galerie de France à l’artiste d’origine hongroise, disparue en août dernier : « En 1976, j’avais organisé une exposition sur sa série de Déroulement (1973-80) et de Guano (1958-65) à l’ARC du musée d’Art moderne. J’ai voulu reproduire cette même confrontation quarante ans plus tard », explique Catherine Thieck. L’enjeu était ambitieux, les Guano étant extrêmement rares, notamment les grands formats, conservés pour la plupart dans de grandes institutions. Les séries illustrent deux tendances contraires de la peinture : « Les Guano, toiles piétinées pendant le travail à l’atelier, jouent, de manière très baudelairienne, sur la beauté du rejet, tandis que les Déroulement, peints au rythme d’un fonds musical, sont le fruit d’une pratique plus performative ». A.Mo. © Arnaud Labelle-Rojoux / ADAGP Paris 2020 / Photo Fabrice Gousset / Courtesy galerie Loevenbruck, Paris. Arnaud Labelle-Rojoux, L'amour toujours, 1979, polyptyque (7 pièces), collage et crayon de couleur sur papier. Galerie Lœvenbruck Labelle-Rojoux, irrévérencieux colleur La galerie, qui le représente depuis plus de quinze ans, le décrit comme « inclassable ». « Arnaud est artiste plasticien, performeur, écrivain, théoricien de l’art, etc. Tout cela se nourrit, se regarde, se complète. Son œuvre pourrait être décrite comme la caverne d’Ali baba, un grand théâtre, une fête – fête de la couleur, fête de la référence savante ou populaire, fête du jeu de mot, fête du rire, fête de l’intelligence ! », s’enthousiasme Alexandra Schillinger. L’artiste confronte dans ses collages des images qui rappellent les publicités des années 1980 avec des propos affirmés ou ironiques, tracés au crayon de couleur. M. B. / 13
GALERISTES I 10.2020 Zuka, Géronimo et ses fils, Galerie Oniris 1977, 90 x 130 cm. Les bleus Asse © Geneviève Asse / Courtesy galerie Oniris, Rennes. La galerie rennaise © Zuka / ADAGP Paris 2020 / Courtesy Françoise Livinec, Paris. présente un solo show de celle qu’elle expose Geneviève Asse, depuis 1995 : la peintre Quadrille, Geneviève Asse et ses multiples nuances de 2009, huile sur toile, 116 x 73 cm. bleu, presque une par décennie. L’artiste n’use que de cette couleur dans ses tableaux depuis les années 1980, mirage de « l’air », de « l’eau », selon ses dires, mais aussi de « l’ardoise si [elle] se Galerie Françoise Livinec penche vers la terre » et de « la joie dont [le bleu] Zuka, les Indiens et les cowboys nous remplit ». Cette enfant du pays, née à Vannes et ayant un atelier d’été à l’Île aux Moines, bénéficie La plasticienne américaine (1924-2016), née à d’une « côte d’amour particulière dans la région », Los Angeles de parents russes ayant fui la sourit Florent Paumelle. Pour ce dernier, la peintre révolution, qui s’était installée en France à la fin de Jean-Pierre Pincemin, est au croisement des deux univers historiques de la Seconde Guerre mondiale (où elle épousa Tim, Sans titre, la galerie : l’abstraction géométrique internationale célèbre dessinateur de l’Express), s’est intéressée 1969, acrylique sur toiles et l’abstraction française. M. B. très tôt à la question des minorités : « À 14 ans, elle découpées assemblées et fréquentait déjà des concerts de jazz, où elle était collées, 155,5 x 157,5 cm. la seule Blanche », explique Françoise Livinec. La galerie présente une série de peintures des Galerie Loeve&Co années 1970-1980 sur les Amérindiens, dont © Jean-Pierre Pincemin / ADAGP Paris 2020 / Photo Fabrice Gousset / Courtesy Loeve&Co, Paris. l’œuvre phare est probablement la toile Géronimo Jean-Pierre Pincemin, et ses fils. « Zuka est une des rares artistes à celui qui voit s’intéresser aux Natifs dans les années 1970 et 1980. différemment La manière très pop dont elle dépeint ses sujets Les acryliques et huiles sur – frontalement et avec de grands aplats de couleur des toiles découpées de Jean- – est radicalement novatrice. Les Amérindiens Pierre Pincemin (1944-2005), deviennent chez elle des figures iconiques. » A.Mo. l’une des grandes figures du mouvement Supports-Surfaces, oscillant entre figuration Galerie W. Landau et abstraction, continuent – quinze ans après son Raymond Hains : « Hainstérieur » décès – d’interroger le regard Un ensemble de 52 clichés originaux (série limitée que l’on peut porter sur sa à 200 exemplaires) de l’appartement-bureau de création. Objectif atteint pour Raymond Hains (1926-2005), rue d’Odessa (14e celui qui définissait le peintre arrondissement), réalisés par Arnaud Brunet en comme « celui qui voit 2004, sont proposés dans des boîtes bleues, rouges Stanley William Hayter, différemment, n’importe quoi ». et jaunes, identiques à celles que l’artiste entassait Paysage M. B. jusqu’au plafond. « Je suis très attaché à cette petite anthropophage, collection. Nous en avons offert à la bibliothèque de 1937, huile sur panneau, Kandinsky du Centre Pompidou, explique Éric 100 x 200 cm. Landau, qui présente également des tirages numérotés de la Biennale Éclatée (1976). C’est une Galerie L&T œuvre de collection, un dossier permettant de Hayter, © Stanley William Hayter / Courtesy Galerie T&L, Paris. pénétrer dans l’univers de l’artiste, qui n’a jamais fait surréalisme l’objet, à mon sens, d’un vrai reportage. Les pièces de à l’anglaise la Biennale Éclatée illustrent quant à elles l’époque de Venise, fondamentale chez Raymond, et restent La toute jeune galerie accessibles aux collectionneurs ayant un goût pour (créée en 2015) les Nouveaux Réalistes. » A.Mo. propose le surréaliste Stanley William Hayter (1901-1988), installé à Paris de 1926 à 1939 et figure majeure © Raymond Hains / ADAGP Paris 2020 / Courtesy Galerie W, Paris. Raymond Hains, du mouvement, comme le rappelle Léopold Legros. Passion en Bleu, Blanc, « Membre du groupe dès 1934, il est très tôt reconnu Rouge, par la critique et admiré par ses pairs, tels Ernst et 1968, affiches lacérées, Dalí. Installé aux États-Unis durant la Seconde Guerre 61 x 43 cm. mondiale, il est considéré comme l’un des précurseurs de l’Expressionnisme abstrait. Pollock et De Kooning ont fréquenté son atelier new-yorkais. » À approfondir dans l’exposition que proposera le musée des Beaux-Arts de Rennes en février 2021... S.P. 14 /
© Alexandre Hollan / ADAGP Paris 2020 / Photo Illés Sarkantyu / Alexandre Hollan, Courtesy galerie La Forest Divonne, Paris. Le Grand Chêne de Viol le Fort, 2015, acrylique sur toile, © Ernest T. / Photo A. Mole / Courtesy Semiose, Paris. 114 x 195 cm. Ernest T., Galerie de La Forest Divonne Infirmerie, Alexandre Hollan, étudier la nature 1972, peinture laquée Depuis les années 1960, Alexandre Hollan (né à sur bois, 18 × 32 cm. Budapest en 1933, vivant à Paris depuis 1956) se consacre à deux motifs : les arbres et les natures Galerie Semiose mortes, qu’il baptise poétiquement « vies Ernest T., les dessous du monde de l’art silencieuses ». « Nous présentons une douzaine d’œuvres récentes de l’artiste, déclinées dans une Le faux, la vacuité de l’art et de son marché ou la variété de techniques et formats : grandes toiles question du goût sont au cœur de la pratique acryliques, petits formats, fusains… », explique subversive de l’artiste post-conceptuel Ernest T. Marie-Hélène de La Forest Divonne. Plutôt qu’une (né en 1943), auquel Benoît Porcher a souhaité fin en soi, la peinture constitue pour lui « un outil rendre hommage suite à « l’acquisition de son œuvre de recherche en vue d’une quête méditative, lui par les Amis du Centre Pompidou ». La sélection, permettant d’explorer les vibrations de la lumière et couvrant la période des années 1980 à nos jours, de la couleur ». L’artiste étudie rigoureusement, inclut sa version du Porte-bouteilles de Marcel chaque année, la même dizaine d’arbres – auxquels Duchamp, qu’il achète au BHV Marais en 1987, dont Arthur Aeschbacher, il accorde même un nom, comme s’il les l’étiquette et le ticket de caisse constituent l’œuvre. Le Temps cabriole, connaissait... A.Mo. La pièce centrale de la sélection ? « Sa chaise de 1990, ayant pour socle une valise de rangement, dont vers 1960. l’assise et le dossier ont été remplacés par deux de ses © Arthur Aeschbacher / ADAGP Paris 2020 / Courtesy galerie Véronique Smagghe, Paris. « peintures nulles » – comprendre sans intérêt Galerie Véronique artistique – signées au verso par la lettre T. » A.Mo. Smagghe Arthur Aeschbacher, champion du collage « Je fête les 30 ans de ma galerie cette semaine, explique Véronique Smagghe. © Georges Rousse / ADAGP Paris 2020 / Courtesy galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand. Ma deuxième exposition, en 1991, a porté sur le collage. Et Arthur Aeschbacher en faisait partie… » Cet accrochage est donc une belle histoire de fidélité, qui déroule les œuvres charnières, en partant de la lointaine décennie 1950 quand l’artiste, récemment disparu, Georges Rousse, s’en tenait encore à la peinture, jusqu’aux créations Matsushima, récentes de 2019, réalisées à plus de 95 ans. A côté 2013, photographie des compositions avec affiches, ne pas manquer marouflée sur aluminium, une étonnante boîte au goût mexicain. R.P. 120 x 160 cm. © Robert Malaval / ADAGP Paris 2020 / Photo musées d’Angers, P. David / Courtesy galerie Galerie Claire Gastaud Georges Rousse, faux photographe Galerie Pauline Pavec Au fond plus artiste que photographe, Georges Rousse a obtenu la reconnaissance de ses pairs Robert Malaval, le météore pour ses photographies offrant pérennité à « C’est la plus grande œuvre réalisée ses œuvres éphémères, installées dans des lieux par l’artiste, prévient Pauline abandonnés. Lui qui est « passionné par Pavec. Elle mesure 450 x 450 cm l’architecture, la lumière et la peinture », affirme et nous avons donc fait monter Claire Gastaud, dessinait les lieux qu’il avait une cimaise de 5 mètres de côté ! » repérés, mais refusait de vendre ses œuvres. Champion du pop à la française, Pauline Pavec. La galerie clermontoise expose aujourd’hui une disparu trop tôt (il se suicide en photographie marouflée en aluminium, mais aussi 1980 à 43 ans), Malaval avait été des dessins, dont une aquarelle, intitulée Projet 27 Robert Malaval, suivi par les meilleurs dénicheurs de talents : et réalisée en 2019, encore jamais proposés à la Une Aventure de Boris « Cette toile de sa période Rose-Blanc-Mauve a été vente, ce qui en fait de « vrais bijoux ». « Le travail the Spider (Taylor Mead réalisée en 1967 pour Yvon Lambert, à l’occasion de Georges Rousse, reconnu à l’international, n’est pas dans le rôle de Boris), d’une exposition personnelle, rue de l’Échaudé. Elle n’a juste de l’anamorphose. C’est un véritable geste 1967, acrylique sur toile, ensuite été exposée qu’à deux reprises, en 1968 à artistique, avec un travail de mémoire sur les lieux. » 450 x 450 cm. Kassel pour la Documenta IV et en 2009 au musée des M. B. Beaux-Arts d’Angers. » R.P. / 15
© P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. Collectionneurs et amateurs devant le stand de la galerie Binome, Paris, lors de l'édition 2019 de Galeristes. Paroles de collectionneurs Le panachage entre artistes jeunes ou à redécouvrir, ainsi que les prix raisonnables, motivent les amateurs. Par Stéphanie Pioda I ls sont unanimes : Galeristes est un salon à aux galeristes, confirme Victoria Gandit Lelandais, taille humaine, convivial, au format original consultante culturelle. Ce qui était le cas l’année et où l’on peut prendre le temps de discuter dernière avec la galerie Hors-Cadre (Auxerre) qui aussi bien avec les galeristes qu’avec les artistes. présentait César Bardoux, dont j’ai acheté une toile « Stéphane Corréard a su imaginer un modèle à 3000 euros, ce qui n’est pas cher pour un jeune nouveau décloisonné avec la scénographie artiste français talentueux. J’ai également profité de modulaire de Dominique Perrault », note Didier ce que Stefan Rinck, chez Semiose (Paris), avait Janot, mécène, président de Prisme, un club produit des petits formats pour la foire. » Sergio d’entreprises mécènes, et administrateur de Vue générale du salon Alvarez renchérit : « En France, nous avons le l’Admical. Lorsque Alain Le Provost, opticien, lors de l'édition 2019 problème d’avoir des artistes peu cotés, vient de Nantes, il prévoit d’y passer trois bonnes de Galeristes. contrairement aux scènes allemandes ou anglo- heures et programme d’autres saxonnes. Paradoxalement, c’est une visites dans la journée, sans être chance pour nous, collectionneurs, trop accaparé comme cela peut car ce sont des artistes d’une grande l’être pour Art Paris ou la FIAC. valeur que l’on peut acquérir à des « C’est un salon essentiellement prix raisonnables ». Sur Galeristes, franco-français qui correspond il a déjà craqué pour un dessin de assez à ce que je collectionne », Françoise Pétrovitch chez Semiose, © P_HOTO-ARCH/IVE / ADAGP Paris 2020. explique Sergio Alvarez, ancien un dessin d’Emeli Theander à la financier et consultant en galerie C (Neuchâtel) ou une œuvre art contemporain. « J’y vais de Delage + Olson chez Cédric avec une intention très claire : Bacqueville (Lille). Si Alain Le découvrir des artistes et parler Provost nous avait confié en 2018 16 /
« J’y vais avec une intention très claire : découvrir des artistes et parler aux galeristes. » Victoria Gandit Lelandais, consultante culturelle. Alain Le Provost sur une œuvre de Veit Stratmann. Courtesy Alain Le Provost. « L’année dernière, j’ai acquis à la galerie Jean Brolly un petit monochrome de Bernard Aubertin, artiste que j’avais fait entrer dans les collections Courtesy Victoria Gandit Lelandais. du musée des Beaux-Arts de Nantes. » Alain Le Provost, opticien. que sa collection était achevée, il est toujours actif Victoria Gandit Lelandais et s’amuse de ne pas avoir tenu parole. L’enjeu devant une œuvre de César Bardoux, achetée pour lui est de soutenir les artistes et les galeries. auprès de la galerie « L’année dernière, j’ai acquis à la galerie Jean Brolly Hors Cadre lors d’une (Paris) un petit monochrome de Bernard Aubertin, précédente édition de artiste que j’avais fait entrer dans les collections du Galeristes. À gauche, des musée des Beaux-Arts de Nantes grâce aux Amis du œuvres de Mohammed musée, tout comme une pièce de Justin Weiler chez Kazem et Christine Sun Provost-Hacker (Lille), un artiste nantais que nous Kim ; à droite, Ali Cherri avions également déjà exposé grâce aux Amis. » et Monika Grabuschnigg, et dans les mains de la Sa collection est certes plutôt conceptuelle, mais collectionneuse, une il avait profité de la foire pour récupérer une œuvre de Laure œuvre d’art brut chez Christian Berst (Paris). Prouvost. Le focus sur la scène historique française est l’opportunité de redécouvertes, comme l’exprime l’architecte Jérôme de Boisseson : « Il y a deux ans, j’y ai redécouvert Pierrette Bloch et Vera Molnar, « La France a le problème d’avoir des artistes mais aussi Vincent Bioulès sur le stand de Marie- peu cotés mais, paradoxalement, c’est une Hélène de La Forest Divonne (Paris), chez qui j’ai chance car ce sont des créateurs d’une grande également trouvé intéressant le travail de Guy de valeur que l’on peut acquérir à des prix Malherbe. Les galeristes sont de très bons intermédiaires pour comprendre l’œuvre des raisonnables. » artistes ». Sergio Alvarez, ancien financier et consultant en art contemporain. / 17
GALERISTES I 10.2020 À voir à Paris Si les foires sont moins nombreuses que d’habitude, le programme des expositions reste dense. En voici une très brève sélection. Par Marion Bellal Asia Now, cap sur l'Inde La foire Asia Now reprend ses quartiers pour une Au Louvre, de Donatello 6e édition, avec 32 galeries exposantes et 6 projets à Michel-Ange spéciaux. Le projecteur est placé cette année sur Le Louvre, avec le Castello Sforzesco de Milan, l’Inde, pays inclus pour la première fois dans cette se penche sur la représentation de la figuration © Eko Nugroho / Courtesy Galerie Danysz, Paris. foire spécialisée sur la création asiatique, mais humaine en Italie durant la seconde moitié aussi sur la jeune scène de Taipei. Des hors les du Quattrocento. Certaines œuvres exposées murs sont proposés au musée Guimet (une sont habituellement difficiles d’accès, éparpillées installation de Remen Chopra W. Van Der Vaart), dans les églises et les petites communes. au musée Cernuschi et au château du Marais Cette exposition, intitulée « Le Corps et l’Âme », (Val-Saint-Germain). fait suite à « Le printemps de la Renaissance », Du 21 au 24 octobre, 9 avenue Hoche, 75008 Paris. asianowparis Eko Nugroho, présentée en 2013. Landscape of Musée du Louvre, du 22 octobre au 18 janvier, 75001. louvre.fr Des salons Totemism, en format revu 2016, broderie à la main, 278 x 156 cm. Outsider Art Fair, Paris Galerie Danysz, Internationale, Urban Art Asia Now 2020. © Rae Helen / Courtesy Andrew Edlin Gallery, New York. Fair : ces trois foires se maintiennent en cette fin À gauche : d’octobre, toujours avec Rae Helen, une version en ligne afin de July 16, préserver la présentation 2018, graphite et crayon © Kunsthistorisches Museum, Vienne. des œuvres malgré la de couleur sur papier, restriction des déplacements. 61 × 45,7 cm. Andrew Edlin Gallery, Outsider Art Fair propose New York, Outsider Art Fair une exposition concernant la représentation des 2020. femmes, sous le commissariat d’Alison M. Gingeras. Outsider Art Fair, du 21 au 30 octobre, Utagawa Kuniyoshi, Tullio Lombardo, Bacchus et Ariane, vers 1505-1510, hôtel Drouot, 9 rue Drouot, 75009. oafparis2020.viewingrooms Les Soixante-neuf marbre et traces de peinture, 56 x 71 x 20 cm. Paris Internationale, du 22 au 29 octobre, Relais de la route du 12 rue Montyon, 75009. parisinternationale Kisokaidō, Relais n°40. À Orsay, entre Spilliaert et Beardsley Urban Art Fair, du 21 au 25 octobre, Suhara : 90 rue de la Folie-Méricourt, 75011. urbanartfair Narihira et Dame Nijō, Le musée d’Orsay présente Léon Spilliaert, peintre 1852, 7e mois, Xylogravure polychrome. belge (1881-1946) épris de métaphysique et de À Cernuschi, Coll. musée Cernuschi, Paris. symbolique ; la première exposition monographique sur la route du Kisokaidō française consacrée à l’artiste londonien Une partie de la collection Georges Aubrey Beardsley (1872-1898) – ami d’Oscar Leskowicz s’installe le 16 octobre dans Wilde décédé très tôt – ; et, en association l’enceinte du musée Cernuschi, qui rouvre avec le musée des Arts Décoratifs, M/M après neuf mois de travaux de rénovation. (Paris), duo d’artistes designers formé de Près de 150 estampes japonaises retracent Michael Amzalag et Mathias Augustyniak. l’une des cinq voies du réseau routier créé Musée d’Orsay, jusqu’au 10 janvier, au Japon durant l’époque Tokugawa 1 rue de la Légion d’Honneur, 75007. musee-orsay (1603-1868), afin de relier Edo (actuelle Tōkyō), où le shogun avait sa résidence, à Kyōto, siège de l’empereur. Alors que celle du Tōkaidō, présentée à l’été 2019 au Léon Spilliaert, musée Guimet, longeait la mer, celle-ci Soirée d’octobre, © Paris Musées / Musée Cernuschi. traverse les montagnes. 1912, encre de Chine, Musée Cernuschi, jusqu’au 17 janvier, crayons de couleur 7 avenue Vélasquez, 75008. cernuschi.paris et pastel sur papier, 70 x 90 cm. Coll. Particulière, Limelette. D.R. 18 /
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