PARIS FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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SOMMAIRE 4 10 COUP DE CHAUD 18 LE COÛT DU DE QUOI PARLE-T-ON ? SUR LES RÉSEAUX CHANGEMENT ÉNERGÉTIQUES (CLIMATIQUE) 6 L’AVENIR CLIMATIQUE À PARIS 12 L’EAU DANS 20 TENSION TOUS SES ÉTATS SUR LE SYSTÈME DE SANTÉ PUBLIQUE 8 L’AVENIR DES RESSOURCES POUR PARIS 15 LA VILLE 22 SOUS PRESSION VIVRE AVEC LE CLIMAT PUBLICATION Ville de Paris CONCEPTION GRAPHIQUE ET ÉDITORIALE Agence Giboulées COORDINATION Julie Roussel CRÉDITS PHOTOS © VILLE DE PARIS Jean-Baptiste Gurliat CONTRIBUTEURS Sébastien Emery et Yann Françoise (page 3) Guillaume Bontemps (pages 11, 17 et 23) Joséphine Brueder (page 13) DR (page 14 et 21) Henri Garat (page 16 et 19) ACTUALISATION DE L’ÉTUDE DE VULNÉRABILITÉS ET DE ROBSUTESSES DE PARIS FACE AU CHANGEMENT IMPRESSION 1 000 exemplaires sur papier recyclé CLIMATIQUE ET À LA RARÉFACTION DES RESSOURCES 1RE ÉDITION Septembre 2021 Ramboll 2
ÉDITO ANNE HIDALGO MAIRE DE PARIS L’été 2021, entre inondations et possible, dans nos rues et sur nos incendies, nous a une fois de plus places, en plantant des milliers confrontés à la réalité du chan- d’arbres. Nous avons installé plus gement climatique. Le temps est de 30 hectares d’agriculture ur- compté : il nous faut agir, et vite ! baine et il est à nouveau possible C’est pourquoi Paris s’était lan- de se baigner en eaux vives, no- cé, il y a déjà quinze ans, dans la tamment dans le canal de l’Ourcq course pour le climat. Dès 2018, et, bientôt, dans la Seine. nous avons adopté un plan d’ac- Mais si beaucoup a été fait tant tion pour atteindre la neutralité reste à faire. Et les années qui carbone. Nous étions parmi les viennent seront décisives pour premières villes du monde et, de- transformer radicalement nos puis, plus de 300 villes nous ont modes de vie. rejoints. L’heure est aux choix politiques Le 6e rapport du GIEC nous y éclairés par la science. Et c’est presse : nous devons massive- pour présenter aux Parisiennes ment réduire nos émissions de et aux Parisiens les données dont gaz à effets de serre et préparer nous disposons que nous avons nos villes au changement clima- actualisé ce diagnostic des vulné- tique afin d’éviter d’en subir des rabilités pour informer sur l’évolu- effets dramatiques. Mais l’espoir tion de la situation et l’adaptation reste permis si nous tenons nos de notre ville. engagements. Nous adapter, c’est préparer l’ave- C’est le sens des actions que nous nir pour notre jeunesse. C’est menons à Paris. En quinze ans, le notre responsabilité tout autant secteur des transports a diminué qu’un enjeu de solidarité pour son bilan carbone de plus de 35 %. protéger les plus vulnérables par- Nous rénovons nos bâtiments : ticulièrement sensibles aux effets plus de 100 écoles ont bénéficié du dérèglement climatique et de d’une rénovation thermique tout la pollution. comme 50 000 logements so- ciaux. Nous ouvrons de nouveaux Vous pouvez compter sur ma espaces verts, remettons de la détermination pour mener ce nature en ville, partout où c’est combat. Paris face aux changements climatiques 3
DE QUOI LE DIAGNOSTIC DES VULNÉRABILITÉS ET DES ROBUSTESSES EXPLIQUÉ PARLE- En 2012, Paris avait réalisé l’une des premières études des vulnérabilités et des robustesses d’un territoire face au changement climatique et avait ainsi permis de mettre en lumière les T-ON ? grands risques environnementaux, sociaux et économiques auxquels elle pourrait faire face. Cette étude a nourri la mise en œuvre de la première stratégie d’adaptation au changement climatique en 2015. Grandes crues, Dix ans plus tard, il devenait nécessaire de mettre à jour cette étude au regard des canicules, tempêtes… connaissances et des outils publiés par le GIEC. Trois scénarios ont ainsi été appliqués Comme toutes les à l’avenir de Paris à l’horizon 2 100 : Le scénario volontariste : les objectifs grandes métropoles internationaux de réduction des émissions de du monde, Paris entre gaz à effet de serre sont atteints, et la hausse moyenne de température à l’échelle mondiale dans une nouvelle se stabilise autour de +2°C. Le scénario intermédiaire : les tendances phase de son histoire. actuelles se poursuivent et dessinent une trajectoire d’augmentation de température Les nouveaux moyenne à l’échelle mondiale à +3,5°C. risques engendrés Le scénario “du pire” : le système mondial reste fortement carboné et se dirige, en par le changement l’absence de politique climatique, vers un dépassement des +4,5 - 5°C. climatique, marquent de plus en plus régulièrement l’actualité des villes. Les différents scénarios publiés par le groupe d’experts Pour chaque scénario, intergouvernemental dix grands aléas ont été étudiés : sur le climat (GIEC) Évolution des Évolution des laissent entrevoir un températures précipitations Tempêtes moyennes moyennes bouleversement de Fortes pluies Canicules Inondations nos modes de vie. Sécheresse Mouvements Grands froids des sols de terrain Épisodes de neige et de verglas 4
Le réchauffement PETIT PRÉCIS climatique est là. Paris s’est réchauffée de DE VOCABULAIRE +2,3°C depuis l’ère Aléas climatiques : Quelle est la préindustrielle probabilité qu’un phénomène naturel se produise ? Avec quelle intensité ? Quelle localisation ? Est-il prévisible ? Le diagnostic met en évidence des aléas climatiques tendanciels, en matière de précipitations De même, le dérèglement climatique moyenne par exemple, des aléas climatiques transforme cinq ressources essentielles sévères, comme la canicule ou encore des qui rendent la vie possible : aléas physiques tels les inondations pour évaluer les impacts du réchauffement. Énergie Alimentation Eau Vulnérabilité : Chaque système est plus ou moins vulnérable aux différents aléas ou à Biodiversité Air la raréfaction des ressources. Le concept de vulnérabilité permet d’étudier la sensibilité directe ou indirecte du système face à l’aléa ou la ressource considérée, ainsi que sa capacité, ou non, à faire face et s’adapter. Systèmes : En tant que territoire, Paris a été étudiée comme une somme de systèmes complexes et interconnectés entre eux : les réseaux énergétiques, les réseaux d’eau, la gestion des déchets, les réseaux L’impact de l’évolution de ces aléas sur de transports, les filières économiques… les ressources mais aussi leurs conséquences représentent autant de systèmes. combinées sur les grands « systèmes », qui permettent à Paris de fonctionner, Effet domino : Cette approche ont également été mesurées, à savoir : systémique permet de mesurer l’impact du changement climatique sur chaque LES RÉSEAUX ÉNERGÉTIQUES système mais aussi leur interdépendance avec les effets dominos : chaque aléa peut Électrique Gaz Chaleur Froid entraîner des réactions en cascade. Une coupure électrique à grande échelle par LE CYCLE URBAIN DE L’EAU� exemple, provoquerait des perturbations sur tous les autres systèmes : transports publics, Eau Eau non Assainissement gestion des déchets, santé... potable potable Le GIEC (groupe d’experts LE CADRE URBAIN intergouvernemental sur le climat) : Cadre Transports Il a été créé en 1988 par les Nations Unies Espaces verts bâti et mobilités et rassemble 195 États. Il évalue l’état des connaissances scientifiques, techniques, économiques et sociales sur le changement Télécommunication climatique, ses causes et ses conséquences, les mesures nécessaires pour l’enrayer L’ATTRACTIVITÉ ÉCONOMIQUE & SOCIALE le 6e rapport d’évaluation est attendu Tissus économiques Tourisme Assurances pour 2022. et emploi LA SANTÉ Infrastructures Nouvelles maladies Paris face aux changements climatiques 5
L’avenir climatique à Paris Le cap symbolique des 2°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle est désormais franchi à l’échelle du territoire parisien. Deux petits degrés Celsius qui ne sont pas sans conséquence, avec de nouveaux aléas climatiques auxquels il va falloir faire face. Car sans surprise, les périodes caniculaires vont être de plus en plus courantes dans les décennies à venir et les pluies torrentielles causant parfois des inondations seront plus fréquentes. A contrario, d’autres aléas vont s’atténuer : neige, verglas et grand froid. PLUVIOMÉTRIE Contrairement aux températures, les indicateurs relatifs aux précipitations sont plus variables et incertains. Le volume de précipitations devrait légèrement augmenter et le nombre de jours de pluie plutôt baisser. Avec une tendance à l’augmentation de l’intensité des précipitations et donc des risques d’inondation plus importants à cause des crues, mais aussi du ruissellement des eaux pluviales lors de pluies torrentielles. DES ÉPISODES PLUVIEUX PLUS RARES, PLUS INTENSES & PLUS SAISONNIERS Le cumul pluviométrique ne devrait pas connaître d’évolution majeure. Il devrait pleuvoir un peu plus, avec une saisonnalité plus marquée. 1885 2010 2030 2050 2085 Une légère 551 635 633 679 721 augmentation de mm mm mm mm mm la pluviométrie… TEMPÊTES, MOUVEMENTS DE TERRAIN Ces aléas ne semblent pas devoir connaître d’évolutions majeures en lien avec le changement climatique. DES CRUES PLUS FRÉQUENTES L’HIVER, DES SOLS PLUS SECS L’ÉTÉ +20% +40% le risque de crues le risque de crues +10% en 2050 de sols décennales centennales plus secs en été 6
TEMPÉRATURES Corollaire de l’augmentation des températures, la fréquence et l’intensité des épisodes de fortes chaleurs et canicules vont s’élever dans le futur, pour devenir un enjeu majeur du XXIe siècle, l’effet d’ilot de chaleur étant par ailleurs sous-estimé par les modèles climatiques. TEMPÉRATURE MOYENNE : CHAQUE DEGRÉ COMPTE 2085 2050 2030 2020 2010 14,5°C 1985 1885 13,4°C 13,2°C 13,1°C 13°C 12°C 10,7°C DES HIVERS PLUS DOUX DES ÉTÉS DE PLUS EN PLUS CHAUDS Conséquence directe du 1885 2010 2030 2050 2085 1885 2010 2030 2050 2085 réchauffement climatique, les hivers seront plus doux, les 21,8 j 34,1 j 20,5 j 34,8 j épidodes de froid 19,7 j 17,8 j moins intenses et 5j moins fréquents. Entre 2010 et 2085, 13,6 j 0,2 j nous passerions de Plus de jours 19,3 j à 14,3 j de gel 7,2 j Plus de nuits caniculaires en moyenne. >30 tropicales °C >20 °C -5 jours de gel à l’horizon 2085 UNE MARGE DE MANŒUVRE SUR LE LONG TERME +4,5 / +5°C Scénario “du pire” +3,5°C Scénario intermédiaire +2°C 2030 2100 Scénario LES SCÉNARIOS PEU DE PLACE L’AVENIR EST volontariste C L I M AT I Q U E S AUX INCERTITUDES ENTRE NOS MAINS 2020 En se basant sur les La palette des futurs Les élévations LES FORTES dernières projections est plus large. Les moyennes de CHALEURS SONT disponibles, qu’elles soient actions engagées température de ces DÉJÀ PLUS pessimistes ou optimistes, aujourd’hui ont un 3 scénarios s’entendent FRÉQUENTES. les projections convergent. impact important. à l’échelle mondiale et non pas parisienne. Toutes les données prospectives proposées sur ces pages sont issues du scénario intermédiaire, avec une poursuite des tendances actuelles. Paris face aux changements climatiques 7
L’avenir des ressources pour Paris À Paris, certaines ressources comme la qualité de l’air et l’énergie sont de mieux en mieux préservées grâce notamment à l’action publique. D’autres ressources sont davantage menacées. Ainsi, la rapidité avec laquelle la biodiversité décline en fait un enjeu majeur pour les années à venir. Tout comme l’eau qui risque de se retrouver sous tension avec des étés de plus en plus chauds et des besoins toujours plus importants. Or ces deux ressources sont des puissants leviers d’action pour s’adapter au réchauffement climatique. BIODIVERSITÉ Plantes et espèces disparaissent à un rythme effréné à travers le monde, nous vivons aujourd’hui une 6e extinction de masse. En cause : les activités humaines et le réchauffement climatique qui accélèrent le processus. À Paris, le déclin de la biodiversité, partagé par toute la région Île-de-France, ne devrait pas être enrayé à l’horizon 2050 ni en fin de siècle et ce malgré les efforts de reconquête de la nature. Une situation alarmante et encore sous-estimée. À PARIS, LA NATURE A AUSSI SES DROITS Plantes sauvages Animaux 27 % d’espaces naturels Lichens Champignons 2 800 espèces recencées UNE BIODIVERSITÉ EN DANGER UN MILIEU PEU FAVORABLE Des lieux de Des espaces reproduction de vie réduits insuffisants et fragmentés Des pollutions variées�: air, sol, eau, pollution sonore Un manque et lumineuse, qui favorisent de ressources les espèces généralistes et la alimentaires rareté des espèces vulnérables DES ESPÈCES MENACÉES Disparue au niveau régional En danger critique En danger Vulnérable Quasi menacée Préoccupation Flore Oiseaux Libellules Papillons Chauves- mineure Vasculaire de jour souris Données insuffisantes 8
EAU Ressource stratégique, l’eau risque d’être soumise à de fortes tensions d’ici à la fin du siècle. Aujourd’hui, une consommation d’eau potable stable et des sources d’approvisionnement variées assurent une eau de qualité et en quantité pour Paris. Mais les effets du réchauffement climatique avec davantage de sécheresses ALIMENTATION et davantage de besoins, pour rafraîchir la ville ou pour l’agriculture régionale par exemple, font craindre des pénuries au-delà de 2050. VERS UN MODÈLE PLUS RÉGIONALISÉ Vers la diversification des modes d’approvi- DES BESOINS IMPORTANTS AU QUOTIDIEN sionnement, la préser- vation des terres et la 2050 date jusqu’à laquelle résilience des ressources agricoles Orientation Propreté l’approvisionnement en vers des circuits eau potable est certain d’approvisionnements plus courts Eau potable Arrosage Entretien des égoûts Réseau de froid et de chaleur Baignade 2% , c’est l’augmentation de Alimentation des lacs et rivières ÉNERGIE VERS UN NOUVEAU MODÈLE la consommation Navigation En 2050, la consommation d’eau tous les ans d’énergie aura baissé de à compter de 2030 Soutien aux écosystèmes 50% par rapport à 2004 Vers 100 % d’énergies renouvelables dont 20 % produites localement 2050-2085 : PLUS DE BESOIN, MOINS DE DISPONIBILITÉ, MOINS DE QUALITÉ Augmentation + des sécheresses Augmentation AIR U N E A M É L I O R AT I O N LOCALE CLAIRE, MAIS DES - 10 à 30% INCERTITUDES À PLUS GRANDE du débit des cours d'eau ÉCHELLE Diminution Le facteur + 16% + 23% réglementaire sera prépondérant dans la d'évaporation à l'horizon diminution globale de la à l'horizon 2050 2100 pollution de l’air. À Paris, +2 3 à °C pour la température - 10% la sortie des véhicules de la recharge thermiques (diesel de l'eau de la Seine à l'horizon 2100 des nappes phréatiques et essence) en 2030 avec des conséquences sur sa d'ici à 2070-2100 contribuera et entrainera qualité biologique et chimique une nette amélioration de la qualité de l’air. Paris face aux changements climatiques 9
COUP DE CHAUD SUR LES RÉSEAUX ÉNERGÉTIQUES L’alimentation énergétique est une pierre angulaire pour le bon fonctionnement de toute la ville, ses activités économiques et la vie quotidienne des Parisien.ne.s. Plus de 90 % de l’énergie consommée à Paris est importée, aussi les effets locaux du changement climatique n’ont que peu d’incidence. 60 % de cette énergie est de l’électricité, ressource robuste face aux aléas climatiques par la diversité des modes de production. Globalement robuste aux aléas climatiques, certaines vulnérabilités au changement climatique peuvent entrainer des dommages importants sur l’alimentation énergétique par effet domino. UN RÉSEAU LES RÉSEAUX DE CHALEUR ÉLECTRIQUE ROBUSTE, ET DE FROID DE PARIS, SENSIBLE AUX FORTES SENSIBLES À L’ÉVOLUTION CHALEURS DE LA SEINE EFFET DOMINO Avec quelques 10 000 kilomètres de Véritables atouts pour la transition de réseaux électriques enterrés, Paris af- Paris vers la neutralité carbone, le ré- Une coupure à grande échelle du réseau fiche une forte résistance à plusieurs seau de froid et le réseau de chaleur électrique (par exemple à la suite d’une inondation), entraînerait la perturbation, aléas. Quelques éléments en surface, à Paris sont soumis à de nouveaux voire la coupure, de la quasi-totalité des comme les postes sources et boîtes risques liés au changement climatique. autres systèmes : transports publics, de jonction, présentent un risque fort Le réseau de chaleur, 510 kilomètres de télécommunications, gestion des déchets... face à l’évolution des températures canalisations et huit sites de produc- moyennes, aux épisodes de tion, permet de chauffer environ 1,5 grand froid, aux tempêtes, million de Parisien.ne.s. Les 8 aux canicules... millions de tonnes de vapeur Plus de 230 000 usa- d’eau sont produites à gers parisien.ne.s partir de 52 % d’énergies Le réseau ont par exemple fait l’expérience d’une renouvelables. Cette vapeur d’eau implique électrique panne d’électrici- une dépendance du était inondé té momentanée 230 000 réseau de chaleur à lors de la canicule Parisien.ne.s privés la Seine : l’ensemble d'électricité lors de 2003, de par de la canicule du système peut être la défaillance de de 2003 impacté en cas d’inon- On estime que la mise en boîtiers de jonc- dations. La crue de 2016 défaut de plusieurs postes tion. Les pics de froid a par exemple privé 10 000 sources serait susceptible hivernaux augmentent logements d’eau chaude sa- d’incapaciter le système également considérablement nitaire. Dans le scénario extrême la consommation électrique et font en d’une crue centennale, la rupture de électrique à plus grande conséquence l’objet d’une vigilance certains maillons essentiels du réseau échelle, voir dans son accrue de la part du Réseau de Trans- pourrait provoquer la coupure de l’en- ensemble. Certains exercices port d’Électricité (RTE). semble du réseau parisien. Plusieurs menés par la Préfecture de Le risque d’inondation est suscep- dispositifs techniques et investis- Police envisagent même la tible d’impacter les infrastructures sements permettent de réduire ces électriques situées en bord de Seine, risques. privation d’électricité pour notamment via la submersion de cer- Le réseau de froid qui permet de cli- 1,5 million d’utilisateurs taines installations dont les postes de matiser 6 millions de mètres carrés de en Île-de-France. transformation. bureaux, d’hôtels et de musées est, lui 10
DAN LERT Adjoint à la maire de Paris, en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie Nous pouvons compter à Paris sur des réseaux d’énergie robustes et résilients. Les renforcer continuellement reste une priorité de mon mandat, pour qu’ils puissent faire face aux événements climatiques à venir, qui s’annoncent toujours plus intenses. 52 % d’énergies renouvelables alimentent le réseau de chaleur Le gaz, un réseau peu vulnérable aussi, dépendant de la Seine. Des risques Analysés à la lumière du changement climatique, de coupures apparaissent ainsi si l’eau les réseaux de gaz apparaissent parmi les réseaux 2050 vient à manquer, ou si le fleuve est trop les plus résistants du mix énergétique parisien. Très Plan Climat chaud ou trop bas pour y rejeter les eaux majoritairement enterrés, ils ne subissent qu’à la marge chaudes des sites de production. Les les principaux aléas : tempêtes, fortes pluies, chutes Le Plan Climat épisodes caniculaires, durant lesquels le de neige, évolution des températures moyennes… permet de réduire réseau est par définition le plus sollicité, La modernisation des infrastructures, avec la suppression la dépendance du sont également susceptibles de mettre à des éléments techniques les plus sensibles conforteront, territoire en visant mal les générateurs de froid - sans pour dans les années à venir, la résistance du système. une division par autant que les dernières canicules aient La baisse de fréquence des épisodes de grand froid deux des besoins déjà atteint ce stade. Pour continuer à diminue d’ailleurs d’autant les risques liés à la raréfaction, en énergie à l’horizon se développer, ce réseau devra adopter sur cette ressource très fortement sollicitée en période 2050 et en renforçant une gestion fine de ces risques nou- hivernale. En comparaison, c’est une potentielle crue l’autonomie du veaux. Pertinent pour rafraîchir certains de la Seine qui présente le plus grand risque pour territoire par la grands sites, il doit également être pensé le réseau de gaz. L’immersion de la partie exposée production de 20 % comme une solution ponctuelle, insérée du réseau, en bord de Seine, ou encore de certaines d’énergie localement. dans le bien plus vaste déploiement, à installations techniques sensibles, pourrait entraîner l’échelle de la ville entière, de solutions une rupture d’approvisionnement pour environ 3 % de rafraîchissement alternatives à la cli- des consommateurs de gaz. Un risque amoindri matisation. par le passage prévu à un réseau basse pression. VULNÉRABILITÉ DES RÉSEAUX ÉNERGÉTIQUES PAR RAPPORT AUX RESSOURCES ET AUX ALÉAS ÉLECTRICITÉ RÉSEAU DE GAZ CHALEUR FROID Canicule Inondation Sécheresse des sols* - - - - Température moyenne Aléas Fortes pluies Mouvement de terrain Tempête Pluviométrie* - - - - Grand froid Chutes de neige et verglas Eau (incluant sécheresses hydrologiques) Ressources Biodiversité - - - - Énergie Air - - - - Alimentation - - - - Risque fort Risque modéré Risque faible Évolution du risque à 2050 en hausse stable en baisse * Le risque n’est pas nul, il a été étudié dans le cadre de la ressource en eau. Paris face aux changements climatiques 11
L’EAU DANS TOUS SES ÉTATS Indispensable à la vie, indispensable à la ville : l’eau circule partout dans Paris de et vers les sites de pompage, d’épuration et de traitement, et à travers des centaines de kilomètres de canalisations, d’aqueducs, d’égouts, de canaux. Hautement stratégique, ce puissant réseau hérité de notre longue histoire urbaine, n’a cessé de s’adapter à travers le temps, et fait désormais face aux grandes mutations climatiques qui caractérisent notre siècle. Consommée par les ménages, mais également par l’industrie et l’agriculture, la ressource fait en effet face à une pression accrue, tant en matière de quantité que de qualité. UN RÉSEAU D’EAU POTABLE ment en compte. ROBUSTE POUR UNE RESSOURCE De la même manière, une rupture sur les SOUS TENSION réseaux électriques impacterait les sites de production et de traitement - mais pas l’ache- Plus de 2 millions de Parisien.ne.s vivent sur minement de l’eau, dépendant de la fonction un territoire d’une centaine de kilomètres gravitaire des 470 kilomètres d’aqueducs, ni carrés, au sein d’une des métropoles les des réservoirs, qui grâce à plus d’un million plus peuplées au monde. Cette densité re- de mètres cubes stockés offrent deux jours marquable n’est rendue possible que par un d’autonomie en eau à Paris. En grande par- solide réseau de production d’eau potable, tie souterrain, le réseau résiste par ailleurs à EFFET DOMINO et son acheminement jusqu’au robinet des certaines intempéries - les fortes pluies, par Certains scénarios consommateurs. exemple. Enfin, la diversité des sources d’eau climatiques extrêmes L’avenir de ce cycle, qui va du captage à la potable - la Seine, la Marne, les grands lacs laissent entrevoir des distribution, en passant par le traitement, et les différentes nappes - limite consi- coupures d’eau prolongées l’adduction et le stockage, se pense dérablement les risques relatifs aux pour 5 millions d’abonnés, donc à grande échelle : les Pa- épisodes de sécheresse, ou en- entreprises, ménages ou risien.ne.s boivent une eau core à la pollution. services publics. Ce risque captée dans un rayon d’en- pourrait par exemple Les projections intervenir au détour d’un viron 150 kilomètres. Ses climatiques ASSAINISSEMENT : épisode de crue majeure enjeux sont donc straté- indiquent UN RÉSEAU FRAGILE en région parisienne. giques : toute interruption que les nappes FACE AUX FORTES Un tel événement serait de ce service public par ex- phréatiques PLUIES et les débits d’eau en effet susceptible de cellence représenterait en devraient baisser détruire ou perturber effet un risque inédit pour d’ici à la fin Un seul et même réseau certaines infrastructures la totalité de la population du siècle permet de récupérer et trai- vulnérables : inondation parisienne or, les projections ter les eaux usées et eaux des puits, submersion des climatiques indiquent que les pluviales de l’agglomération équipements électriques, nappes phréatiques et les débits parisienne : le mode de fonction- ruptures de canalisations, d’eau devraient baisser d’ici à la fin du nement est dit “unitaire”. 9 millions usines de potabilisation… Un tel scénario impacterait siècle. d’habitant.e.s dépendent intégralement également fortement la Plus généralement, les analyses à horizon des stations d’épuration extra-muros gé- qualité des eaux, avec un 2050 laissent entrevoir plusieurs stress nou- rées par le Syndicat Interdépartemental pour risque de pollution pour 1,3 veaux pour le réseau d’eau potable en ville. l’Assainissement de l’Agglomération Pari- million d’abonnés. Les phénomènes caniculaires, notamment, sienne (SIAAP). Le transport de collecte et sont susceptibles d’altérer sa qualité, en fa- d’évacuation des eaux est pour sa part as- vorisant le développement microbien. Les suré par 2 600 kilomètres d’égouts et cent pics de sécheresse et la raréfaction globale trente-trois stations de gestion locale (usines, de la ressource en eau apparaissent comme déversoirs d’orage, maillages, sites de me- des éléments de vigilance à prendre égale- sures), dont la Section de l’Assainissement de 12
DAN LERT Adjoint à la maire de Paris, en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie Garantir l’approvisionnement des Parisien-ne-s en eau potable de qualité à tout moment est la mission première d’Eau de Paris. Le changement climatique est le grand défi de notre siècle, nous agissons au quotidien avec les équipes de notre régie publique pour être à la hauteur de cet enjeu majeur. 1 200 fontaines à boire et près de 100 brumisateurs d'ores et déjà repartis sur l'ensemble du territoire parisien L’eau potable venait à manquer Paris (SAP) a la responsabilité. Les vulnérabilités du réseau d’assainissement sont Canicules, pics de sécheresse ou raréfaction comparables à celles du réseau d’eau potable. de la ressource sont des risques amplement Le risque d’inondation figure ainsi en tête des étudiés et pris en compte par Eau de Paris. préoccupations, avec 20 % des stations d’épuration, Chacun de ces risques est en bonne partie représentant 85 % des capacités, localisées en zone contrebalancé par la nature du réseau, les inondable. Si le système est dimensionné à l’échelle des phénomènes de crues décennales, il peine en mesures mises en place, et, le cas échéant, revanche à répondre aux contraintes liées aux les solutions d’urgence déployables en cas épisodes de fortes pluies, de plus en plus réguliers d’événement extrême. Un plan d’ultime et apparaissant à de nouveaux moments dans secours peut par exemple être activé par l’année. De tels épisodes, ainsi qu’un phénomène de la Préfecture de Police en cas de stress très crue centennale, peuvent entraîner la saturation du réseau, et son délestage directement dans la Seine. élevé sur l’approvisionnement : il consiste Se pose alors la question des pollutions des nappes à subvenir aux besoins vitaux de Paris liées aux rejets d’eau dans le milieu naturel, ainsi que en distribuant une eau prélevée dans la les désagréments locaux que les débordements sont nappe de l’Albien, une réserve profonde et susceptibles de représenter, par exemple au niveau totalement indépendante du réseau actuel des bouches d’égouts. Ces risques sont d’autant plus prévalents que le change- - mais limitée en quantité. ment climatique fragilise le système : la sécheresse des sols, en particulier, diminue les capacités d’absorption des eaux pluviales et sollicite d’autant le réseau d’égouts. Paris face aux changements climatiques 13
COLOMBE BROSSEL Adjointe à la Maire de Paris en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets du recyclage et du réemploi Face au changement climatique et en prévision Éviter les de violents épisodes pluvieux, débordements nous avons engagé le plan Paris s’est dotée, ParisPluie qui vise à infiltrer en 2018, d’un plan et rendre la pluie utile au “ParisPluie” pour rafraîchissement de la ville et optimiser la gestion à la végétalisation en limitant des eaux pluviales. Document à prendre les risques de déversement systématiquement en Seine et d’inondation. en compte dans les projets d’urbanisme, ce plan permet de désimperméabiliser progressivement les sols parisiens, et, ainsi, absorber naturellement les eaux pluviales en milieu naturel afin de prévenir le risque d’inondation causées par les eaux de pluie intenses. Dans le même esprit de moindre sollicitation du LE RÉSEAU D’EAU NON POTABLE 2 des 4 sites de pompage se trouveraient réseau d’assainissement, UNE OPPORTUNITÉ SENSIBLE perturbés, de même que 90% des canali- 150 millions d’euros À PLUSIEURS ALÉAS sations, très rapidement inondables. Son d’investissements ont pompage, quant à lui, dépend quasi-ex- été programmés dans Un dernier réseau à ne pas sous-estimer, et clusivement de solutions électriques : une le cadre du Plan Qualité même à valoriser, est le réseau d’eau non éventuelle défaillance de ce réseau tarirait de l’Eau et Baignade. Ils potable (ENP). Pompée dans le Canal de immanquablement l’approvisionnement en permettront, notamment, l’Ourcq et dans la Seine, cette eau non po- eau non potable. la création d’un vaste table est ensuite acheminée à travers 1 700 Pour autant, le réseau d’eau non potable est bassin de rétention kilomètres de canalisations doublant le ré- en soi un levier de résilience pour Paris. A titre d’eau pluviale dans le 13e seau classique. Très rare à l’échelle mondiale, expérimental, l’arrosage des trottoirs et de la arrondissement. À termes, ce réseau à part entière assure chaque jour le chaussée permet, lors des pics de chaleur, de l’objectif est de réduire, nettoyage des espaces publics, l’arrosage de réduire substantiellement les températures voire supprimer, les ses espaces verts, ou sert encore à alimenter réelles et ressenties par les passants, tout en déversements d’eau les bois et rivières des Bois de Boulogne et préservant la capacité d’arrosage. Pour lui en milieu naturel avec, de Vincennes. permettre de continuer à se diversifier, tout comme héritage des Tout comme le réseau d’eau potable - parfois en maintenant les fonctions essentielles qu’il Jeux Olympiques et même, plus encore -, le réseau d’ENP fait face assure, Eau de Paris et la Ville de Paris ont Paralympiques de 2024, à des risques grandissants. En cas de séche- notamment adopté un plan directeur du ré- la possibilité offerte de resse, il est en effet le premier à faire l’objet seau ENP, couplé à un effort d’investissement se baigner dans la Seine. de restrictions d’usage. En cas d’inondation, conséquent. VULNÉRABILITÉ DES RÉSEAUX D’EAU PAR RAPPORT AUX RESSOURCES ET AUX ALÉAS EAU POTABLE EAUX PLUVIALES EAU NON-POTABLE Canicule Inondation Sécheresse des sols Température moyenne Aléas Fortes pluies Mouvement de terrain Tempête Pluviométrie* - Grand froid A RÉALISER APRÈS VOTRE VALIDATION Chutes de neige et verglas Eau (incluant sécheresses hydrologiques) Ressources Biodiversité Énergie Air - - - Alimentation - - - Risque fort Risque modéré Risque faible Évolution du risque à 2050 en hausse stable en baisse * Le risque n’est pas nul, il a été étudié dans le cadre de la ressource en eau. 14
LA VILLE SOUS PRESSION Face au réchauffement climatique, c’est tout l’environnement urbain qui doit tenir compte de la nouvelle donne climatique. Les épisodes de chaleur intense attendus vont rendre la vie en ville de plus en plus inconfortable dans les logements, dans les transports en commun ou tout simplement dans les rues parisiennes. Quant aux services urbains ou aux télécommunications, ils doivent se renforcer face aux risques d’épisodes extrêmes, au premier chef desquels les inondations. CADRE BÂTI ET ESPACES PUBLICS : CATALYSEURS DES FORTES CHALEURS Des siècles d’urbanisme ont façonné Paris. Bâti- ments, voiries, espaces publics et privés forment Ilôts de f raicheur 170 000 arbres plantés un système hautement sophistiqué dans lequel Plus de 1 200 lieux frais d'ici à 2026 évoluent quotidiennement tous les habitants, tra- permettent de se rafraîchir vailleurs et visiteurs de Paris. Se transformant très pendant la journée ou la nuit progressivement, au rythme des projets urbains et à Paris. Un îlot de fraîcheur est du renouvellement spontané de la ville, ce système un lieu d’accueil, de halte et/ou hétéroclite est lui aussi soumis aux nouveaux aléas de repos, accessible au grand climatiques. public et repéré comme source Notamment, la question des variations de tempé- de rafraîchissement à Paris par rature, des grands froids et des grandes chaleurs, rapport à son environnement se pose avec acuité : tout particulièrement, le bâti proche en période chaude ou d’après-guerre, jusqu’au tournant des années 2000, caniculaire. Il peut s’agir de : souffre d’une trop faible prise en considération du confort thermique. Particulièrement ressentis à l’in- térieur des logements, les effets négatifs liés aux Lieux de baignade canicules sont d’autant plus aigus lorsque les es- dont piscines, centres paces publics sont peu végétalisés, et que le bitume aquatiques, baignades emmagasine la chaleur : c’est l’effet d’îlot de chaleur extérieures urbain. L’étude souligne ainsi le besoin d’amplifier les solutions déjà déployées et inscrites dans les grands documents planificateurs de la Ville de Paris, notamment en matière de végétalisation, de créa- tion d’îlots de fraîcheur, et de solutions d’adaptation des bâtiments leur permettant d’être utilisés, quels Espaces verts et boisés que soient leurs usages, en fonction de l’évolution dont jardins, parcs, bois, du climat. cimetières intramuros L’inondation, dont les études récentes chiffrent les dégâts possibles à plusieurs milliards d’euros, repré- Lieux brumisés et sente l’autre risque majeur pour la structure même jeux d’eau, fontaines du bâti - y compris pour certains sites stratégiques, sèches, brumisateurs susceptibles d’entraîner des effets domino : hôpi- taux, mairie, nœuds de transport… Fragilisation des sols, rupture de réseaux, dégradations matérielles sont donc à anticiper : tel est le rôle du plan de ges- tion de crise et de contrôle permanent du niveau de la Seine, ainsi que du Plan de prévention du risque Établissements ouverts au inondation (PPRI). Là encore, les initiatives prises en public et naturellement frais La carte en ligne matière de végétalisation participent à une meilleure dont églises, musées, salles des îlots de résilience de la ville. rafraîchies du Plan Canicule fraicheur Paris face aux changements climatiques 15
CHRISTOPHE NAJDOVSKI Adjoint à la Maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale Le réchauffement climatique menace la viabilité EFFET DOMINO des villes trop minérales, qui deviennent de véritables fours Le système de transports fait partie des systèmes en période de forte chaleur. qui illustrent le mieux Nous disposons heureusement l’effet domino. À l’amont, de climatiseurs naturels, les il peut en effet être perturbé par toutes sortes arbres, à l’ombre desquels la d’aléas : une canicule qui température baisse jusqu’à rend la marche et le vélo 4 degrés. Pour rafraîchir pénibles, une inondation qui coupe la circulation Paris, nous prévoyons automobile sur certaines d’en planter 170 000. artères stratégiques, une coupure de courant qui interrompt le bon fonctionnement des métros et RER… En retour, d’autres systèmes très divers se trouvent fragilisés en aval : l’approvisionnement de Paris en marchandises, notamment alimentaires, les services d’urgences, notamment hospitaliers, la collecte des déchets... Métros et TRANSPORTS ET MOBILITÉ : DES RÉSEAUX SENSIBLES circulation À LA CANICULE ET AUX CRUES routière Faire fonctionner à l’arrêt Paris est un nœud dense de transports et concentre le Paris souterrain beaucoup d’infrastructures ferroviaires, routières Paris vit et fonctionne aussi ou fluviales pour le transport de personnes et de sous terre : outre les réseaux L’exercice EU Sequana, marchandises. Métro, réseau ferré court et longue et ouvrages techniques, les distance, automobile, deux roues motorisés, vélo carrières et catacombes qui mené par la Préfecture et marche à pied connectent les habitants à leur maillent le sous-sol de la ville de Police, permet de quartier, à la métropole, et à l’Europe entière. Huit doivent eux aussi faire face aux simuler l’interruption de millions de déplacements sont ainsi enregistrés aléas. Ces lieux souterrains, 140 kilomètres de lignes chaque jour à Paris, dont 88 % par les Parisien.ne.s, souvent interconnectés, se de métro, et la fermeture avec une baisse tendancielle de la part de la sont réinventés plusieurs fois à circulation automobile. Le réseau de pistes travers leur histoire : ossuaires, à la circulation de la cyclables dépasse pour sa part désormais le millier puits d’accès aux nappes majeure partie des ponts de kilomètres, en lien avec l’objectif de Paris, phréatiques, réservoirs d’eau, parisiens. Il ressort de ces ville 100 % cyclable pour les Jeux Olympiques et extraction de matériaux, sites simulations un besoin Paralympiques (Plan vélo, 2015). Le réseau ferré militaires… Relativement peu important d’anticipation reste massivement utilisé pour les transports en vulnérables, ces sites sont commun (RER, métro, train). essentiellement soumis à - à ce jour, seul le Plan Ces réseaux se distinguent par leur caractère des aléas localisés liés à des de prévention du risque fortement systémique : interrompre les flux à un mouvements de terrain, ou inondation (PPRI) permet endroit donné peut rapidement provoquer des à des remontées de nappes de mettre en place un répercussions en chaîne sur l’intégralité du ré- phréatiques consécutives à de système d’alerte et de seau, jusqu’au blocage des flux. Dès les premiers fortes pluies. Ces événements niveaux de crue, ces dernières entraînent par peuvent être de nature à gestion de risques. exemple la fermeture de tronçons complets, et se fragiliser les constructions Mais ce document, pour répercutent sur l’échangeur de l’autoroute A4 et en surface. Mais ils peuvent le moment, ne couvre du RER C. Les entrées d’eau menacent également aussi être un atout pour pas la stratégie de certains réseaux ferrés souterrains. Les cani- accroître la résilience de réajustement des voiries. cules, elles aussi, peuvent perturber fortement les Paris. Véritables réserves déplacements : soit par l’inconfort thermique res- de fraîcheur, ils peuvent senti aussi bien en surface qu’en souterrain, soit accueillir des installations par l’endommagement de certains éléments tech- de rafraîchissement, tels niques indispensables. que des puits canadiens. 16
PARCS, JARDINS, BOIS ET CIMETIÈRES : est susceptible d’isoler temporairement une partie de PRÉSERVER LA NATURE EN VILLE la population et de bloquer certaines activités, notam- ET LA BIODIVERSITÉ ment si elles dépendent de données traitées en ligne. Si certains événements extrêmes, comme les Véritable richesse dans un territoire aussi urbanisé tempêtes, peuvent occasionner des dommages que celui de Paris, les parcs, jardins, bois et cimetières localisés (comme la chute d’une antenne relais en sont un enjeu de résilience certain pour l’avenir : ils 2014, lors de la tempête Qumaira), certains aléas absorbent l’eau des petites et grandes pluies, rafrai- de grande ampleur mettent à risque le système chissent naturellement la ville lors des pics de chaleur, dans son ensemble. Ainsi, en tout premier lieu, c’est abritent une forte biodiversité… Tout en offrant aux la canicule qui pose le plus grand risque pour les habitants des lieux de rencontre, de divertissement et télécommunications : les antennes, très exposées de spiritualité. Mais les 500 parcs et jardins, 1 840 hec- au soleil et généralement placées en terrasse, ont tares de bois et 20 cimetières gérés par la Ville de Paris une alimentation électrique dont l’électronique font également face à la mutation profonde du climat. est sensible aux hautes températures. La chaleur Plusieurs solutions, d’ores et déjà mises en œuvre, entraîne également une surchauffe des data centers, peuvent cependant être envisagées pour accroître rendant d’autant plus difficiles les interventions de la résilience des parcs, jardins et cimetières face aux maintenance. chocs climatiques. Le recours au réseau d’eau non Plusieurs pistes sont envisageables afin de renforcer potable (ENP), par exemple, sécurise l’entretien et les télécommunications face aux nouveaux aléas l’arrosage des parcs, tout comme l’installation de dis- climatiques. De nouveaux modes de gestion de positifs de stockage des eaux de pluie, conformément saturation, ou encore le remplacement de certains au Plan Paris Pluie. câbles, seraient par exemple de nature à prévenir le risque d’inondation. La sécurisation des réseaux RÉSEAU DE COMMUNICATION : câblés souterrains, pour leur part, présente l’avantage de ÉVITER LA SUR-CHAUFFE sécuriser à la fois les réseaux de télécommunication, et les réseaux électriques qui leurs permettent de Pour répondre aux urgences, encore faut-il rester fonctionner normalement. connecté. Tel est le rôle des réseaux de télécommu- nication. Téléphonie, internet, un impact sur ce réseau La biodiversité, victime n°1 du changement climatique L’évolution des températures est de nature à transformer progressivement les écosystèmes en place. Avec des réactions en chaîne : certaines espèces exotiques ou indésirables, comme les frelons, guêpes, moustiques tigres ou chenilles processionnaires par exemple, peuvent soulever des questions en matière de santé publique. Il en va de même avec la sécheresse des sols, aggravée par ailleurs par la raréfaction de la ressource en eau, susceptible d’affecter aussi bien la flore, la faune, que la qualité des plans d’eau. D’autres aléas impactant les milieux en surface sont susceptibles d’endommager les espaces verts comme les inondations. VULNÉRABILITÉ DES SYSTÈMES URBAINS PAR RAPPORT AUX RESSOURCES ET AUX ALÉAS BÂTI PARCS ET JARDINS TÉLÉCOMMUNICATIONS TRANSPORTS Canicule Inondation Sécheresse des sols Température moyenne Aléas Fortes pluies Mouvement de terrain Tempête Pluviométrie -* Grand froid A RÉALISER APRÈS VOTRE VALIDATION Chutes de neige et verglas Eau (incluant sécheresses hydrologiques) Ressources Biodiversité - - Énergie Air - - Alimentation - - - - Risque fort Risque modéré Risque faible Évolution du risque à 2050 en hausse stable en baisse * Le risque n’est pas nul, il a été étudié dans le cadre de la ressource en eau. Paris face aux changements climatiques 17
FRÉDERIC HOCQUARD Adjoint à la Maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne LE COÛT DU L’adaptation de notre ville aux changements climatiques est CHANGEMENT essentielle pour que Paris puisse continuer d’attirer et d’accueillir les touristes (CLIMATIQUE) dans les meilleures conditions. Les Assises du Tourisme Durable, organisées en 2021, ont été une étape essentielle de travail collectif pour relever ce défi. Productivité des travailleurs, attractivité de Paris, coûts des risques. Le changement climatique touche également au porte-monnaie et à l’emploi des Parisien.ne.s. Un coût qui peut se chiffrer en dizaine de millions d’euros par an quand il s’agit d’indemniser les victimes des catastrophes climatiques. L’IMPACT DES important, avec 395 000 emplois non déloca- FORTES CHALEURS lisables répartis dans 80 000 entreprises qui SUR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE représentent près de 7 % du PIB régional. Si la capitale accueille aussi les Français (qui repré- Le réchauffement et à fortiori les fortes cha- sentent 42% des visiteurs), la ville Lumière, sa leurs représentent un risque pour l’appareil vie culturelle et sa restauration attirent massi- 0,2 % productif en lien avec la baisse potentielle de vement les touristes étrangers. du PIB = coût de la canicule productivité des travailleurs, notamment dans Le maintien d’une biodiversité riche (axe Seine, de 2003 les secteurs les plus exposés (tels que le bâ- parcs et jardins) ; le travail sur la qualité de l’air timent ou la voirie) mais non exclusivement. qui a d’importantes répercussions sur le patri- Une étude datant de 2016 et menée par l’Or- moine (corrosion, noircissement…) et la santé ganisation Internationale du travail (OIT) et des touristes (pics de pollution, pollens…) sont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a des axes importants pour maintenir l’attractivité montré que pour la France la perte de produc- touristique. tivité est évaluée à 0,01% pour une hausse des températures de 1,5°C, 0,02% pour une hausse LE MONDE DE L’ASSURANCE de 2,4°C et 0,29% pour une augmentation de DEVANT LA MUTATION DU CLIMAT Programme 4°C. En ce qui concerne spécifique- “Pour un tourisme ment les fortes chaleurs, les coûts D’après le Lloyd’s de Londres, plus durable à Paris” de la canicule de 2003 avaient grande institution mondiale de Avec le programme été estimés à 0,2 points de l’industrie de l’assurance, les “Pour un tourisme PIB pour la France sur l’an- dommages et les pertes liés durable à Paris”, les née, mais son impact, tant aux conditions météorolo- acteurs du tourisme sont général que sectoriel, au- giques dans le monde sont également impliqués rait pu être beaucoup plus passés d’une moyenne sur la préservation conséquent si elle s’était annuelle de 50 milliards des ressources eau, prolongée après le 15 août, de dollars dans les an- énergie et alimentation à la reprise de l’activité entre 3 30 et nées 1980 à près de 200 extrêmement sollicitées économique. milliards d’euros milliards de dollars par an estimation du coût par les activités d’une crue au cours des années 2000. d’hôtellerie et de MAINTENIR centennale Les catastrophes climatiques restauration. Il s’agit L’ATTRACTIVITÉ transforment donc en profon- essentiellement de TOURISTIQUE DE PARIS deur cette industrie. Sur le seul réduire la consommation marché français, le coût cumulé de ces ressources pour Paris fait partie des trois destinations des évènements climatiques indemnisés diminuer la dépendance touristiques les plus prisées au monde. Une devrait passer d’une moyenne de 48 millions à celles-ci. popularité qui a un impact économique très d’euros par an en 2015 à une moyenne de 92 18
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