Google, Amazon, Facebook, Apple, Netflix : la réponse des GAFA(N) à Nicolas Sarkozy - Insight NPA
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Google, Amazon, Facebook, Apple, Netflix : la réponse des GAFA(N) à Nicolas Sarkozy Nous sommes le 24 mai 2011. Installée dans un jardin des Tuileries baigné de soleil, la tente présente un parterre impressionnant : l’ensemble des dirigeants de la planète tech, rassemblés grâce aux efforts conjugués du gouvernement français et du patron de Publicis Maurice Lévy, qui écoute le discours de Nicolas Sarkozy en ouverture du Forum eG8. Le Président de la République balance alors entre mises en garde et appel au dialogue : « Ne laissez pas la technologie que vous avez forgée porter atteinte au droit élémentaire des enfants à vivre protégés des turpitudes de certains adultes. Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal, sans entrave ni retenue. Ne la laissez pas devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité (…). N’oubliez pas que c’est dans l’engagement de vos entreprises à contribuer équitablement aux écosystèmes nationaux, que sera appréciée la sincérité de votre promesse. (…) Les États souhaitent engager avec vous un dialogue pour qu’une voie équilibrée puisse un jour être trouvée entre vos intérêts, ceux des internautes (…) et ceux enfin des citoyens et des contribuables de chaque Nation qui ont aussi des droits ». Et puis ?… Rien, ou presque, sur le terrain de la co-construction en tout cas. Les années ont passé, le premier eG8 est resté sans lendemain. C’est finalement la voie législative qu’ont choisie la plupart des Etats-Membres (exigences accrues à l’égard des plateformes dans la lutte contre les Fake News ou les propos haineux, projets multiples de taxes numériques, durcissement de la réglementation sur les données privées…), et l’univers numérique est entré dans une presque décennie de GAFA(N) phobie… au risque de mélanger des entreprises dont les métiers et les logiques économiques ont, au final, peu en commun. Premier League : Pour 11 Mds£ t’as plus rien ! Il faut retirer sa calculatrice au nouveau patron de la Premier League ! Emporté par l’enthousiasme, Richard Masters, qui a pris son poste en fin d’année dernière, jugeait ces derniers jours qu’avec 1/ un tarif mensuel de 9£, 2/ 100 millions de clients, et 3/ un taux de churn nul « car personne ne pourrait résister à ce prix », le service OTT auquel il annonce travailler pourrait porter les recettes du championnat anglais à 11 Md£ par an à l’horizon 2022. Coup de bluff vers les détenteurs de droits actuels (Sky, BT, Amazon) en vue du prochain cycle d’enchères ? Simple fascination un peu naïve pour les nouveaux modèles de distribution ? On est tenté de pencher pour la première hypothèse, tant la simple règle de trois montre vite ses limites.
S’agissant d’abord du tarif uniforme de 9£ auquel souscriraient 100 millions de foyers, dont trois quarts à trouver hors du territoire britannique (et en supposant que la pénétration y tangente les 100%), SFR a touché les limites de l’attractivité de la Premier League au moment où elle constituait son principal (et à l’époque unique) droit premium : bénéfice d’opportunité quand il s’ajoute à d’autres droits, mais pas véritable déclencheur d’abonnements en tant que tel. Dans un monde où le « sans engagement » est devenu la règle, côté éditeurs et distributeurs, et dans lequel la gestion tactique des « entrées-sorties » dans l’abonnement tend à devenir la norme du côté des clients, parier sur un taux de churn nul, ou à peu près, apparaît hasardeux. Or chaque mois « manquant » dans l’équation de Richard Masters équivaut à une réduction de 900 M£ par rapport aux recettes escomptées. Surtout, le modèle du nouveau patron de la Premier League se concentre sur les recettes, et elles seules, sans prendre en considération les coûts que génère la distribution OTT : gestion des infrastructures techniques, des abonnements, de la facturation, du recouvrement, du marketing… On peine à croire que la « machine de guerre » Premier League soit passée à côté d’éléments aussi structurants. Alors quoi ? Plutôt que de s’attarder à rechercher l’agenda caché des dirigeants du football anglais, il semble plus productif de détailler les objectifs des services OTT qu’ont déjà lancés UEFA, Serie A, LIGA et, bientôt Bundesliga : promotion des différentes compétitions, et valorisation de ces dernières dans des territoires au sein desquels elles sont peu ou mal exploitées. C’est à cet exercice que se consacre, notamment, cet INSIGHT NPA. Au final, c’est plutôt cette direction que nous suggèrerions aux dirigeants du monde sportif : quitte à apprendre le saut périlleux, il est sans doute moins difficile d’apprendre le saut unique que de vouloir immédiatement aller vers le double saut ! L’étoile de David Kessler
Bonjour David, On me dit que tu n’es plus avec nous. Et pourtant… Je te vois grignoter ta cravate pendant les rendez-vous, à l’époque où tu en portais encore. C’était à Matignon, avant 2002. Et pourtant… Je te vois avancer quand on se retrouvait, avec un large sourire et, comme Twitter me l’a rappelé, un pan de ta chemise qui sortait de ton pantalon. Et pourtant… J’ai tellement mesuré ta maîtrise dans les prises de parole publiques. Langue irréprochable et propos qu’on aurait voulu parfois plus tranchés – sans doute la vision d’ensemble des enjeux pousse-t-elle à la mesure. Ton départ est un peu celui d’un grand frère ou celui d’un grand sage. De celui qui a tout vécu, et dans toutes les fonctions, ou presque. Public / Privé, TV / Radio, Distributeur / Editeur… et plus essentiel comme régulateur et acteur. A l’époque de ces cravates, la TNT n’était qu’à l’état de rapport (Eymery/Cottet, dont le premier aussi nous a quitté), le haut débit était encore dans les limbes. On ne parlait pas de VoD et encore moins de SVoD, le mot podcast était circonscrit à la possibilité naissante de réécouter l’offre des réseaux FM… Tu as parcouru trois décennies de bouleversement, sans perdre ta capacité de sang-froid, ta force d’analyse et ton sourire, serein et bienveillant. Des contributeurs anonymes aux sommets de la République, ton départ a été déploré autant que ta personnalité aura été célébrée. Tu ne seras pas là pour suivre la création de France Médias et de celui ou celle qui en prendra la tête. Tu ne seras pas là pour décrypter les prochains mouvements des leaders mondiaux. Tu n’assisteras pas à la nième saison de la série « Chronologie des Médias »… Tu ne seras pas là pour boire un café et jouer au gymkhana verbal, sur tous les rebonds
encore à attendre de ce monde bouillonnant, sur la meilleure manière de les gérer d’un point de vue politique, ou juste pour se réjouir d’un film qui vient de sortir. Aux « temps numériques », tu es parti sur un dernier accomplissement : être sur Twitter un vrai sujet de #goodbuzz Tu nous manqueras David. Aux tiens, d’abord, évidemment. A nous aussi, la multitude de ceux qui nous sommes nourris de ton érudition, de ta finesse d’analyse… et tout simplement de ton rire, de ton empathie et, j’espère, de ton amitié. Repose en paix. RMC Sport / Canal+ / Mediapro : le suspense n’est pas fini ! Les choses continuent comme avant pour RMC Sport ; Altice ne passera pas d’accord autour de sa dernière saison de droits sur la Ligue des Champions et l’Europa League (2020/2021) avec Canal+ ou Mediapro. C’est la conclusion, peut être un peu rapide, que certains analystes ont tiré de
l’intervention d’Alain Weill, ce lundi 27, devant les équipes de RMC Sport. Comme il était prévisible, d’abord, l’annonce de cette réunion a (opportunément ?) « fuité », et son contenu a été presqu’instantanément médiatisé. Peut-être la communication interne était-elle aussi un moyen de faire passer un message au marché. On peut supposer dans tous les cas qu’Alain Weill a soigneusement pesé les mots qu’il a prononcés. A lire L’Equipe, il a indiqué qu’il « reste 18 mois de Ligue des champions sur RMC Sport », et que la chaîne serait recentrée sur le football. Le scénario d’un arrêt pur et simple ne semble donc pas sur la table, même si l’effectif semble devoir être réduit. Réforme de l’audiovisuel : la course contre la montre de Franck Riester « J’espère un vote définitif avant la césure de l’été ». S’exprimant ce lundi 13 janvier sur LCI, Franck Riester aurait difficilement pu être plus clair. Et le ministre de la Culture de détailler le calendrier qui en découle : examen du texte début mars par la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale, puis en séance publique du 30 mars au 12 avril ; discussion au Sénat « en mai ou en juin » ; réunion d’une commission mixte paritaire – présupposée conclusive – « en juillet », et finalement lecture définitive du texte dans la foulée par les deux assemblées. Cet agenda démontre-t-il de la part du ministre un excès de volontarisme ? Il atteste en tout cas d’une attention au temps qui passe… « A l’occasion de la transposition de la directive SMA, en 2018, vous veillerez à simplifier la législation audiovisuelle (…), à adapter la régulation à l’ère numérique (…) pour assurer une plus grande équité entre les médias et les grandes plateformes », écrivait le Premier ministre Edouard Philippe à sa ministre de la Culture Françoise Nyssen… le 9 août 2017. Depuis cette date, AT&T a fini par avaler Warner, Disney a fait de même pour Fox et Comcast pour Sky, Apple a fait sa mue vers le service et lancé AppleTV+, Amazon s’est prolongé en agrégateur de chaînes avec Amazon Channels, Netflix et Amazon ont été intégrés à de nombreux plans de service… et, ailleurs, en Europe, la BBC a obtenu d’allonger plus que significativement sa fenêtre d’exploitation des programmes qu’elle finance, la BBC et ITV ont pu lancer Britbox au Royaume-Uni, ProsiebenSat1 et Discovery ont ouvert largement les portes de Joyn en Allemagne…
Droits de diffusion du football à la TV : vers un accord RMC Sport / Mediapro ? « Canal+ continuera à diffuser la Ligue 1 jusqu’en 2024 ». Interrogé par Le Figaro ce lundi 9 décembre, le président du directoire de Canal+ Maxime Saada ne boudait pas son plaisir en annonçant l’accord qu’il venait de passer avec beIN Sports, quelques jours après avoir partagé les droits de la Ligue des Champions avec la chaîne qatarie pour la période 2021/2024. En reprenant les deux matches par semaine que cette dernière avait remporté lors de l’appel d’offres 2020/2024 de la Ligue 1, dont 28 des 38 meilleures affiches du championnat, Canal+ conserve son lien avec le football français. Et si la chaîne y laisse le match du dimanche soir, qui constitue l’un de ses rendez-vous historiques, la détention de la Premier League puis – à l’automne 2021 – le retour de la Ligue des Champions (les deux meilleures affiches de chaque journée) représentent pour les abonnés une solide compensation. L’accord a un prix (330 M€ + les coûts de production pour la Ligue 1 en 2020/2021 et surtout le minimum garanti payé à beIN Sports pour sa distribution, et 660 M€ pour les compétitions nationale et européenne + ce MG à partir de 2021), la « remontada » de Canal+ évoquée par Enguérand Renault dans Le Figaro traduit bien l’impression générale de contre-offensive rondement menée par la filiale de Vivendi. Les dirigeants de beIN Sports ont tout lieu également d’être satisfaits. Compte tenu du report sur Canal+ du coût des droits qu’ils avaient acquis sur la Ligue 1, leur facture annuelle se trouvera plus que substantiellement allégée, et la chaîne pourrait parvenir enfin à équilibrer ses comptes : le MG qu’ils percevront a en effet toutes les chances de couvrir les 65 M€ annuels à régler à l’UEFA (pour la Ligue des Champions) et ce qu’ils paient pour les autres championnats dont ils ont actuellement les droits (Liga, Série A, Bundesliga). Cerise sur le gâteau, l’accord qui est en passe d’être conclu assurera à leurs cousins du PSG une visibilité renforcée. Si la victoire est moins nette du coté de RMC Sport et d’Altice, les 350 M€ qui seront économisés chaque année à partir de 2021 seront les bienvenus pour contribuer au déploiement de la 5G ou au renforcement de la couverture Très haut débit. Mediapro est-il alors le grand perdant de la séquence ? Trois inconnues restent à lever avant de pouvoir répondre par l’affirmative. La clé de l’une se trouve rue de l’échelle, à Paris, au siège de l’Autorité de la Concurrence. En 2016, cette dernière avait interdit la finalisation d’un accord proche de celui qui vient d’être annoncé entre beIN Sports et Canal+. Dans leur communication, les deux partenaires ont indiqué que celui-ci serait soumis aux instances représentant le personnel mais n’ont pas mentionné les autorités de la concurrence. On devrait savoir rapidement s’ils en avaient obtenu le blanc-seing avant de rendre publique le montage.
L’autre clé se situe dans le 15ème arrondissement, au siège du groupe Altice. Sachant aujourd’hui que son aventure footballistique s’approche de son terme, celui-ci ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil la possibilité de céder les droits de la dernière saison qu’il avait acquise (2020/2021). Un accord avec Mediapro constituerait pour le groupe catalan un formidable atout pour réussir son lancement, à l’automne prochain… à un moment où le couple Canal+/beIN Sports sera à l’inverse au creux de la vague (2 matches de la Ligue 1, mais pas encore de compétitions européennes). Et s’il parvenait en outre à acquérir les droits 2021/2024 de l’Europe League (non encore attribués), la force de son offre s’en trouverait durablement pérennisée. C’est la 3ème clé, et celle-là se trouve à Zürich, au siège de l’UEFA. A défaut donc d’y voir encore totalement clair sur le paysage des quatre prochaines années, on peut au moins hasarder un pari : les téléphones d’Alain Weill et de Patrick Drahi doivent être fortement sollicités ces jours-ci ! Pourquoi il ne faut pas dramatiser la disparition de France 4 Le 12 décembre, le vocabulaire des plateformes de vidéo à la demande va connaître un nouvel élargissement. Après la VoD transactionnelle / VàD, l’EST / téléchargement définitif, le replay / catch-up TV / Télévision de rattrapage, la SVoD / VàDA et l’AVoD (Advertised Video on Demand), le lancement d’Okoo pourrait conduire à la naissance d’un nouvel acronyme : NAVoD, pour Non Advertised Video on Demand ! C’est en effet sans publicité que seront proposés les programmes disponibles sur la plateforme du service public destinée aux 3-12 ans (2500 épisodes au lancement). Ce faisant, France Télévisions épouse une montée en puissance du « à la demande » déjà fortement amorcée, et que confirme l’étude exclusive réalisée par NPA Conseil et Harris Interactive auprès des parents de moins d’enfants de moins de 15 ans présentée ce mercredi 4 décembre par la note INSIGHT NPA. Si les chaînes jeunesse ou les tranches spécialisées des chaînes généralistes restent le mode de consommation vidéo que privilégient ces derniers (respectivement 49% et 39% sur l’ensemble de cette population), 38% mettent en avant les plateformes
Amazon Prime Vidéo tire déjà les bénéfices de son intégration chez Free. Ce mardi 26 novembre, Free a annoncé l’intégration de Netflix à sa mini-Freebox 4K et son arrivée « bientôt » dans la Freebox Révolution. Lorsque cette dernière étape sera franchie, c’est l’ensemble du parc d’abonnés 3P de l’opérateur qui pourra accéder au service de SVoD (gracieusement, de surcroit, pour les abonnés Freebox Delta et Freebox One puisque Netflix Essentiel est intégré à leur abonnement). Quatre semaines plus tôt, le 29 octobre, la filiale du groupe Iliad avait annoncé qu’Amazon Prime était désormais inclus dans son offre premium Freebox Delta. Le double impact (élargissement du parc d’abonnés initialisés et meilleur confort d’accès au service, via l’interface Free) ne s’est pas fait attendre : en novembre (du er 1 au 25), Amazon a représenté près de 10% de la consommation de SVoD des clients de l’opérateur, et il a gagné près de 2 points de part d’usage sur l’ensemble du marché (tous FAI confondus). L’information sera appréciée par la direction d’Amazon ; elle ne devrait pas déplaire non plus aux fournisseurs d’accès à Internet ni à Canal+, dans l’optique des négociations de ces prochains mois sur la distribution des nouvelles offres de SVoD (Disney+, Salto et HBO Max, notamment) : l’accès gracieux à Amazon Prime Vidéo, offert depuis le 29 octobre aux abonnés Freebox Delta et l’intégration à son interface, ont eu un effet immédiat et massif sur la consommation du service : plus de 4 points gagnés pour ce dernier, en novembre, en terme de part des usages SVoD des clients Free. Réforme audiovisuelle : pourquoi il ne faut pas oublier la radio Certains silences sont assourdissants. S’agissant de la radio, la formule pourrait être celle d’un technicien ou d’un animateur après un blanc à l’antenne. Concernant la réforme audiovisuelle qui doit être discutée au cours des prochains mois, il ne faudrait pas qu’elle vire à l’occasion manquée. Dans un communiqué publié le 4 novembre, les groupes qui composent le Bureau de la radio (Lagardère, M6, NRJ et NextRadioTV) « s’inquiètent qu’aucune mesure spécifique (…) ne soit inscrite dans le projet de loi de l’audiovisuel alors que certaines règles n’ont pas évolué depuis plusieurs décennies ». La tonalité est proche s’agissant du SIRTI ou des
Indés et, d’après Les Echos, une note interne au CSA formulerait des regrets identiques. Pour avoir eu la charge des dossiers du secteur auprès d’une lointaine prédécesseure de Franck Riester, alors que se préparait la future loi d’août 2000, je peux témoigner que la confection des projets de réforme audiovisuelle semble de longue date s’apparenter à la recette du pâté d’alouette : un cheval pour la vidéo, une alouette pour l’audio. Si on a encore de la place. Quatre sujets, au moins, mériteraient pourtant de rééquilibrer le cocktail, et que les fées législatives s’y attardent un peu plus. Samsung / Netflix : les raisons de la séparation De la salve de spots de publicité, cette annonce ne fera pas les gros titres des rubriques médias, mais elle est parlante, à plus d’un titre, sur le défi que la multiplication des modes d’accès au consommateur représente pour les éditeurs – qu’ils soient nouveaux entrants ou acteurs historiques et qu’ils proposent une chaîne linéaire ou un service uniquement disponible à la demande (SVoD, AVoD…) : Samsung a confirmé via son site Internet que Netflix ne serait plus accessible à une partie de son parc de smart TV, ni à certains de ses lecteurs Blu-Ray connectables à compter du 1er décembre. Le leader mondial de l’électronique grand public n’a pas précisé, à ce stade au moins, les modèles qui ne pourront plus accéder au service de streaming. Roku s’est montré plus précis… avec à la clé une liste de références – Roku 2050X, Roku 2100X, Roku 2000C, Roku HD Player, Roku SD Player, Roku XR Player, Roku XD Player – qui ne permettront plus, non plus de visionner 13 reasons why, La Casa de Papel ou, s’agissant de productions françaises Plan cœur, Family Business, Banlieusards ou Marianne. De la part de Netflix, l’information apparaît comme un pas supplémentaire dans le virage amorcé dès la fin 2016, avec l’annonce de son deal d’intégration à l’offre XFINITY X1 de Comcast, et dont le combo avec l’offre cinéma séries de Canal+ constitue le développement le plus récent : après avoir dépassé le cap des 150 millions d’abonnés en faisant levier sur la distribution OTT, le groupe a multiplié les accords avec les distributeurs, jusqu’à figurer chez certains dans des hard bundles. Être moins systématiquement disponible via les smart TV, consoles de jeux et autres dongles apparaît comme une nouvelle étape logique… voire comme une manœuvre tactique visant à ralentir l’avancée des Disney+, AppleTV+, HBO Max ou encore Salto : être moins présent dans les environnements OTT après s’être assuré une disponibilité dans tous les plans de service devrait réduire la tentation des consommateurs de s’équiper pour recevoir Netflix… et diminuer d’autant le risque qu’ils y croisent et se laissent séduire par l’un de ces nouveaux concurrents. Au-delà, le « no show » qu’opposera désormais le groupe sur une partie des parcs Samsung
et Roku illustre bien le dilemme de l’éditeur face à la multiplication des environnements. La stratégie de l’hyperdistribution, d’une part, supposant d’être le plus largement accessible, donc de supporter les coûts d’adaptation aux différentes gammes d’appareils – la liste de références de Roku rappelée plus haut se passe de commentaires, si on la multiplie par le nombre de marques opérant dans l’électronique grand public ; la démarche de priorisation de quelques devices phares et/ou de relations privilégiée avec les distributeurs historiques, de l’autre. La solution est loin d’être évidente. Quelques éléments pour éclairer la réflexion : – Un rappel : la décision de l’équipe de Delphine Ernotte de tourner le dos à la logique d’hyper-distribution initiée par Bruno Patino, au nom du rapport « coûts de mise à jour des apps / niveau d’usage constaté ». Mais c’était en 2015, donc aux prémices de la vague OTT. – Quelques chiffres qui donnent la mesure du chemin parcouru depuis : 78,3% des foyers équipés TV et près de 73% de l’ensemble de la population disposent aujourd’hui d’au moins un moyen de connexion (box opérateur, smart TV, ordinateur, console de jeu ou appareil dédié de type Chromecast ou Apple TV). Ces chiffres, issus du retraitement des données de l’Observatoire de l’Equipement Audiovisuel du CSA par NPA Conseil, témoignent aussi d’une accélération de l’équipement et de la montée des usages (plus de détail via INSIGHT NPA). – Un constat, enfin : la présence croissante des chaînes ou services dans ces environnement (à fin septembre 2019, l’Observatoire de la distribution audiovisuelle a recensé près de 600 services disponibles sur au moins l’un des devices OTT). beIN Sports, OCS ou encore RMC Sport sont par exemple chacun disponibles dans plus d’une dizaine d’environnements. Avec, à la clé, l’équation-clé de la période qui s’ouvre : ne pas s’exposer à la « perte de chance » en n’étant pas présent dans les environnements clés, sans alourdir plus que nécessaire, les coûts techniques associés aux différents « portages, puis mises à jour. Nous avons – au moins – quelques mois pour y réfléchir. Philippe Bailly @pbailly
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