Guide pratique 2018 de prévention et de traitement des infections en établissement médico-social
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Guide pratique 2018 de prévention et de traitement des infections en établissement médico-social Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura et Fribourg
Sommaire Les mesures préventives et thérapeutiques de l’état confusionnel aigu (Tableau 3) 20 Infections respiratoires aiguës 39 Infections respiratoires aiguës pendant l’épidémie de grippe 47 Algorithme général de l’infection 22 Infections respiratoires aiguës Algorithme Infections respiratoires aiguës Glossaire 5 en dehors de l’épidémie de grippe 41 pendant l’épidémie de grippe 46 Infections urinaires 25 Algorithme Infections respiratoires aiguës Principaux buts de la stratégie de prévention en dehors de l’épidémie de grippe 40 de la grippe dans les EMS 47 Révision du guide 6 Clinique 28 étiologie 41 Prélèvements 48 Méthode de prélèvement pour culture 28 Préambule 8 Facteurs de risque 41 Principes de prévention de la transmission Examens complémentaires 29 de la grippe 48 Traitement 29 Facteurs de risque d’être infecté par Infections et des germes multi-résistants 42 Tableau de synthèse 32 Clinique 42 Infections cutanées 51 personnes âgées 13 Infections urinaires à Entérobactéries productrices Examens complémentaires 42 Atteinte des plis 53 Présentation clinique 16 de beta lactamases à spectre élargi ou Extended- Spectrum béta-Lactamase (BLSE / ESBL) 33 Traitement 43 Perlèche (ou chéilite angulaire) 55 Examens complémentaires 16 Prévention de l’infection urinaire Traitement de soutien 44 Cellulites : dermo-hypodermite et érysipèle 56 Mesures générales lors de prise en charge 17 chez le sujet âgé 34 Prévention 44 Zona 57 Mesures générales de prévention 17 Algorithme de l’infection urinaire chez résident Mesures pour l’amélioration Escarres catégories 3 – 4 et inclassables 58 Signes et symptômes cliniques aspécifiques sans sonde vésicale 36 des moyens de défense 45 Prévention des infections cutanées 59 et définition d’un état fébrile (Tableau 1) 18 Algorithme de l’infection urinaire chez résident Photos des infections cutanées 60 Dépistage de l’état confusionnel aigu : avec sonde vésicale 37 outil CAM – Confusion Assessment Method (Tableau 2) 19 2 3
Infections digestives 63 Vaccination 83 Glossaire Gastro-entérites et diarrhées infectieuses 65 Schéma de vaccination 84 Diarrhées toxiniques 66 AA Air ambiant IECA Inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine Présentation Clinique / approche diagnostic, Médicaments AB Antibiotique IM Intra musculaire thérapeutique et prévention de la transmission 68 et Antibiotiques 87 BMR Bactéries multi résistantes IR Insuffisance rénale Traitement de soutien des gastro-entérites 70 Les antibiotiques et antifungiques 88 BPCO Broncho-pneumopathie chronique obstructive IV Intra veineuse Prévention des infections gastro-entérites et Adaptation de la posologie en cas d’insuffisance CAM Confusion assessment method J Jour entérites infectieuses 70 rénale (stades KDOQI) 90 CHUV Centre hospitalier universitaire vaudois MA Mesures Additionnelles Diverticulite 71 Cl. Clearance de la créatinine ml / Millilitre par minute Références 94 Creat min Candidose oropharyngée et oesophagienne 72 ECA Etat confusionnel aigu MRSA Staphylocoque doré (aureus) méticilline résistant EF Etat fébrile PO Per os Prévention transmission EMS Etablissement médico social O2 Oxygène micro-organismes 75 EPC / Entérobactéries productrices de carbapénémases / SaO2 Saturation en oxygène Les Précautions Standard (PS) 76 CRE Carbapenem-resistant Enterobacteriaceae T° Température ESBL / Extended-Spectrum béta-Lactamase ou Bactéries TAD Tension artérielle diastolique Mesures à appliquer pour tous les résidents 77 BLSE productrices de beta lactamases à spectre étendu TAS Tension artérielle systolique Mesures à appliquer pour la prévention FC Fréquence cardiaque des infections des germes à haut VRE Entérocoque vancomycine résistant FR Fréquence respiratoire pouvoir transmissible 78 g Gramme Mesures à appliquer pour la prévention G / L Giga par litre des infections à bactéries multirésistantes GFR Taux de filtration glomérulaire (BMR) : MRSA, ESBL, VRE, EPC, etc. 78 HPCI Hygiène prévention et contrôle de l’infection 4 5
Révision du guide Dr Major Kristof Médecin hospitalier Service de gériatrie Dre Héquet Delphine Cheffe de clinique, Unité cantonale HPCi, En collaboration pour la relecture : Pr Bula Christophe et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne SMPH, CHUV, Lausanne Service de Gériatrie et Réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne : Dr Beffa Ferdinand Dr Sibille François-Xavier Dre Nahimana Tessemo Marie Immaculée Médecin responsable EMS Chef de clinique adjoint Service de gériatrie Cheffe de clinique, Unité cantonale HPCI, Pr Zanetti Giorgio et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne SMPH, CHUV, Lausanne Service de médecine préventive hospitalière, Dre Bizzozzero Tosca CHUV, Lausanne Médecin chef EMS, EHC, Morges Dre Rubli Truchard Eve Dre Petignat Christiane Médecin associée Service de gériatrie Médecin associée, Unité cantonale HPCI, Pr Calandra Thierry et coll. Dre Rodondi Amel et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne SMPH, CHUV, Lausanne Service des maladies infectieuses, CHUV, Lausanne Médecin responsable EMS, Lausanne Mme Joerg Annen Patricia Pour validation : Dr Dumur Jean Infirmière répondante EMS, 4 marronniers, Dr Clerc Olivier Chef de clinique adjoint Service de gériatrie Yverdon-les-Bains Médecin adjoint du département de médecine et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne de l’hôpital neuchâtelois, Neuchâtel Mme Perreira Liliana Dre Ferahta Nabilla Infirmière répondante PCI, Fondation la Rozavère, Dr Manuel Oriol Cheffe de clinique adjointe Service de gériatrie Lausanne Médecin adjoint du service des maladies infectieuses, et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne CHUV, Lausanne Mme Rochat Aline Dre Lajoso Sonia Infirmière référente HPCI, unité cantonale HPCi, Pr Troillet Nicolas Cheffe de clinique adjointe Service de gériatrie Le guide pratique 2018 de prévention et de traitement Lausanne Chef du service des maladies infectieuses, et réadaptation gériatrique, CHUV, Lausanne des infections en établissement médico-social est Institut Central des Hôpitaux, Hôpital du Valais, Sion également disponible en ligne sur www.guide.hpci.ch 6 7
Préambule La lutte contre les infections en institution passe par l’identification des facteurs de risque et par la mise en Après 5 ans d’utilisation, une mise à jour de ce guide s’est avérée indispensable pour se mettre en accord place de mesures préventives à partir de recomman- avec les connaissances scientifiques du moment. dations basées sur une méthodologie rigoureuse. Les démarches de prévention des infections nosoco- Pour ce document, les mesures préventives ont été rete- miales s’étendent actuellement à des secteurs histori- Le présent guide propose aux professionnels des soins nues s’il existait : quement moins concernés comme les établissements en long séjour (médecins, infirmiers-ères) des recom- 1. Des évidences scientifiques de bénéfices cliniques ; médico-sociaux. Ces démarches se justifient cependant mandations de prise en charge des infections les plus 2. Une recommandation publiée par une autorité cantonale d’autant plus que les infections chez les personnes fréquemment rencontrées chez la personne âgée insti- ou fédérale ; âgées institutionnalisées sont fréquentes. En effet, plu- tutionnalisée (infections respiratoires, urinaires, cutanées 3. Un avis favorable du groupe d’expert ayant rédigé le sieurs facteurs de risque se cumulent. Parmi ces facteurs et digestives). Ces recommandations sont basées sur les document. on peut notamment relever la vie en collectivité et les connaissances scientifiques actuelles et adaptées au facteurs individuels liés aux résidents eux-mêmes (le contexte de l’EMS. Elles ont pour but d’être une aide dans Ce guide émane d’un groupe de travail romand composé vieillissement physiologique, la dépendance fonctionnelle la prise en charge des infections fréquentes, de guider la de professionnels de terrain (médecins et infirmiers-ières) et les nombreuses comorbidités). prescription d’antibiotique et l’application des mesures de travaillant en EMS, de médecins gériatres du service de prévention des infections. Le parti pris du présent guide gériatrie du CHUV et infectiologues du service de mala- En EMS, les antibiotiques constituent une des classes est de proposer aux utilisateurs des recommandations qui dies infectieuses du CHUV, de l’hôpital Neuchâtelois et de médicamenteuses les plus prescrites. Ils sont le plus tiennent compte des ressources à disposition sur le ter- l’hôpital du Valais sous la coordination de l’Unité cantonale souvent prescrits de manière empirique, en l’absence de rain. Pour cette raison, la majorité des recommandations HPCI. Il ne remplace pas l’appréciation du médecin en preuve microbiologique. Leur utilisation rationnelle fait s’appuient uniquement sur la clinique, sans recours aux charge. partie des mesures indispensables pour la prévention de examens complémentaires (radiologie, laboratoire). De l’apparition de germes multirésistants. même, l’administration des antibiotiques par voie entérale ou intramusculaire a été préférée. 8 9
Infections et personnes âgées Infections urinaires Infections respiratoires aiguës Infections cutanées Infections digestives Prévention transmission micro-organismes Vaccination 10 Médicaments et antibiotiques
infections et altération des défenses immunitaires. Ces comorbidités et changements du système immunitaire expliquent personnes âgées également la diminution de l’efficacité des vaccins dans cette population. Les infections chez les personnes âgées en EMS sont fré- quentes (incidence de 3-7 infections par 1000 journées de séjour, environ 1-2 infections par année chez un ré- sident), ont certaines particularités et sont grevées d’une mortalité et morbidité importantes (risque de douleurs, déclin fonctionnel, chute, état confusionnel et hospitali- sation en soins aigus). Les infections les plus fréquentes concernent le tractus urinaire et respiratoire, ainsi que la peau et le système digestif. Parmi les facteurs prédisposant les personnes âgées aux infections en EMS, on retient d’une part la haute prévalence de la polymorbidité, c’est-à-dire la présence de plusieurs maladies chroniques (diabète, BPCO, insuf- fisance cardiaque et rénale, cancers, dénutrition, etc), et d’autre part l’immuno-sénescence, altération des défenses immunitaires associée au vieillissement. Cette immuno-sénescence touche tant l’immunité cellulaire qu’humorale et affecte la production d’anticorps, des lymphocytes T et de certaines cytokines et produit une 14 15
Présentation clinique L’instrument rapide, fiable pouvant être utilisé par le per- Mesures générales lors Mesures générales sonnel soignant (médecin et infirmier) pour le dépistage de prise en charge de prévention L’anamnèse peut être difficile ou imprécise, notamment de l’état confusionnel aigu est le Confusion Assessment en raison de troubles cognitifs (présents chez 50-70% Method (CAM) dont la sensibilité et la spécificité sont Il est important d’assurer une bonne hydratation et de La prévention est particulièrement importante dans les des résidents en EMS), d’un état confusionnel, ou d’une respectivement de 95-100% et 90-95% (tableau 2 et 3). maintenir une activité physique et une mobilisation dans établissements de soins chroniques car les contacts sont surdité. la mesure du possible. nombreux entre soignants et résidents, ainsi qu’entre rési- La fièvre peut être absente dans 20 à 50% des infec- Les critères de gravité d’une infection sont la tachy- dents. Le respect des Précautions Standard (voir chapitre tions. Un état fébrile est défini à partir d’une température cardie, une hypotension, une altération de l’état de Lors de l’instauration d’un traitement, les éléments sui- prévention de la transmission des micro-organismes), en orale, tympanique ou rectale de 38°C, ou de 37.5°C au conscience et une diminution du volume urinaire. Une vants doivent être considérés : particulier l’hygiène des mains, par le personnel soignant niveau axillaire. Une température supérieure de 1.0°C fièvre supérieure à 38.5°C ou une température basale – la localisation et la sévérité de l’infection (médecins, infirmier et autres soignants) est primordial. par rapport aux valeurs habituelles du résident peut éga- diminuée ou des frissons peuvent être des signes d’un – les germes incriminés probables ou possibles Il faut également renforcer la politique de prescription lement définir un état fébrile. Une baisse de la tempéra- état infectieux important. – les voies d’administration et les particularités pharma- ciblée des antibiotiques, la vaccination des résidents et ture corporelle par rapport aux valeurs habituelles peut cologiques des traitements : adaptation des posologies du personnel et évaluer régulièrement l’état (et l’hygiène) aussi être un signe d’une infection sous-jacente. Examens complémentaires à la fonction rénale bucco-dentaire des résidents. Il faut aussi réévaluer ré- – toujours estimer la fonction rénale (clearance de la créa- gulièrement et systématiquement l’indication des équipe- Les symptômes et signes cliniques « classiques » d’un Ils sont parfois difficiles à obtenir (culture d’urines en tinine selon MDRD et Cockroft- Gault) ments invasifs tels que sondes urinaires, naso-gastriques, foyer infectieux ne sont pas toujours présents. On retrouve présence d’une incontinence, culture d’expectorations – évaluer les risques d’interactions médicamenteuses voies veineuses etc. par contre fréquemment un cortège de signes et / ou de en présence de toux souvent moins productive, etc.) et symptômes aspécifiques (tableau 1). En présence de tels le traitement est plus souvent empirique. Les paramètres Les complications liées à la prise d’antibiotiques sont plus symptômes, une infection devrait toujours être recherchée biologiques habituels d’inflammation (leucocytose, dévia- fréquentes chez ces personnes [par exemple, apparition activement et particulièrement lorsqu’apparait un état tion gauche, élévation de la CRP) peuvent être normaux ou d’un état confusionnel aigu ou d’une colite à C difficile confusionnel aigu (ECA). L’ECA, appelé également delirium, n’apparaître que tardivement chez les résidents. (Clostridioides difficile, anciennement appelé Clostridium est caractérisé par une perturbation fluctuante de l’état de difficile)]. conscience, avec atteinte globale des fonctions cognitives. 16 17
Signes et symptômes cliniques aspécifiques et définition Dépistage de l’état confusionnel aigu : d’un état fébrile (Tableau 1) outil CAM – Confusion Assessment Method (Tableau 2) A. Signes ou symptômes aspécifiques B. Fièvre Critères A et B Critères C ou D d’une infection – Température orale ou tympanique ≥ 38° A. Début soudain et fluctuation des symptômes (par rap- C. Désorganisation de la pensée / propos incohérents – Changement d’humeur ou de comportement – Température rectale ≥ 38° port à l’état cognitif habituel du patient ; évolution d’un jour (contenu du discours décousu et inapproprié, flou dans – Chutes (nouvelles ou de fréquence augmentée) – Température axillaire ≥ 38° à l’autre ou au cours de la même journée). le cours des idées sans rapport avec la question, la – Déclin des performances fonctionnelles dans les – Augmentation par rapport à la température basale personne passe d’un sujet à l’autre de manière impré- activités quotidiennes (apparition ou aggravation de de ≥ 1° B. Troubles de l’attention (la personne est distraite, a plus visible et inhabituelle). difficultés dans les transferts, l’habillage, la toilette, de difficultés à retenir les informations, perd le fil de ses l’alimentation) En présence de tels symptômes, une infection idées, a de la peine à garder le focus sur la discussion, D. Altération de l’état de conscience [fluctuation entre un – état confusionnel aigu (cf tableau 2) devrait toujours être recherchée activement. diminution de la concentration). état d’alerte normal, léthargique (personne somnolente – Inappétence mais se réveille facilement), stuporeux (difficilement ré- – Incontinence urinaire (nouvelle ou aggravée) veillable) et / ou hypervigilant (avec une sensibilité accrue aux stimuli de l’environnement)]. Le dépistage est considéré comme positif en présence des critères A + B associés au critère C et / ou D. cf tableau 3 18 19
Les mesures préventives et thérapeutiques de l’état Troubles visuels – Appareil visuel (lunettes, loupe) confusionnel aigu (Tableau 3) – Adapter l’environnement : limiter les obstacles aux alentours du lit, dans les couloirs, fixer la table de nuit, etc. Troubles auditifs – Appareil auditif, geste d’appel – Techniques de communication (écriture, contact visuel, etc.) Systématique – Environnement calme (gestion du bruit) – Utiliser un langage simple, un ton grave et articuler – Horloge et calendrier lisibles dans chaque chambre Rétention urinaire – évaluer diurèse : bilan entrée / sortie – Utilisation des appareils auditifs, visuels et autres moyens auxiliaires du patient – Résidu Post-Mictionnel (RPM) en cas de suspicion de rétention – Objets familiers (photos, petites sculptures, etc.) – Orienter dans le temps, l’espace et par rapport aux soignants Troubles cognitifs – Mobilisation 4x / jour (faire marcher, repas à table, etc.) – Expliquer le caractère transitoire de l’ECA au patient et aux proches – Réduire les équipements (S.V., perfusion, etc.) – Impliquer les proches : expliquer comment ils peuvent participer aux soins – Si alitement prescrit, voir pour exercice de renforcement musculaire au lit – Contention physique à éviter Présence – Evaluer : heures du coucher, rituels (boissons chaudes, etc.) Diminution – Servir toutes les 2 heures un verre d’eau et s’assurer que le patient le boive état dépressif – Réduction du bruit, réduction de la lumière ou veilleuse hydratation – Faire un bilan des apports (système bouteille d’eau nominale) – Eviter administration d’un traitement entre 22h30 et 6h – Adapter les boissons aux goûts du patient (sirop, thermos de thé, etc.) – Relation de soutien ou d’aide Diminution transit – évaluation : transit minimal 2 à 3 selles par semaine Troubles – Déterminer ce qui cause les comportements agités et essayer de les prévenir – Hydratation env. 1.5 litres / jours (après accord médical) comportement – Utiliser l’échelle de Cohen-Mansfield pour identifier les sources de comportement – Régime enrichi en fibres (après accord médical) – Détourner l’attention, distraire le patient – Mobilisation – Diviser les activités en petites étapes en ordre de simplicité – Renforcer les comportements souhaités (féliciter) Présence douleur – évaluation avec une échelle appropriée (EN, EVA, ECPA) – Isoler si nécessaire (chambre individuelle ou à deux) – Couverture antalgique 24h / 24h (respecter les horaires, utiliser les réserves) – S’éloigner de la situation pour un moment (relais dans l’équipe de soins), si nécessaire Diminution mobilité – Mobilisation 4x / jour (faire marcher, repas à table, etc.) – Faire une contention médicamenteuse / physique en dernier recours et la réévaluer quotidiennement – Réduire les équipements (S.V., perfusion, etc.) – Si alitement prescrit, voir pour exercice de renforcement musculaire au lit Tableau élaboré par le groupe Unité SAS à partir du modèle « Hospital Elder Life Program (HELP) » d’Inouye et al. (1999, 2000), Changement – évaluer : heures du coucher, rituels (boissons chaudes, etc.) Marìa T. Vidàn (2009), de RNAO (2003) et de RCP (2006). cycle de sommeil – Réduction du bruit, réduction de la lumière ou veilleuse – éviter administration d’un traitement entre 22h30 et 6h – Relation de soutien ou d’aide 20 21
Algorithme général de l’infection Signes ou symptômes aspécifiques évaluation médicale - Changement d’humeur Oui - Signes ou symptômes cliniques Non ou de comportement spécifiques d’une infection - Chutes - Déclin rapide du status fonctionnel - état confusionnel aigu Examens appropriés - Culture d’urine - Incontinence urinaire nouvelle selon piste clinique - Assurer une bonne hydratation - Prise de température 2x/j pendant Critères de gravité ? 3 jours - Tachycardie Fc > 125/min - Suivi des critères de gravité - Informer le médecin - Dépistage et applications de mesures - Hypotension TAS < 90mmHg de suite Informer le médecin de prévention de l’état confusionnel aigu Oui - Altération de l’état de conscience Non - Evaluer nécessité dans la journée - Fièvre (Température tympanique, transfert en soins aigus orale ou rectale > 38°C ou température axillaire > 37.5°C) Si persistance fièvre > 3 jours ou aggravation clinique Nouvelle évaluation médicale évaluation médicale Oui - Signes ou symptômes cliniques Non spécifiques d’une infection 22 23
Infections urinaires 24 25
Infections plainte spécifique ni signe clinique d’infection. Le traite- ment antibiotique n’est pas indiqué. L’infection urinaire est urinaires la deuxième infection la plus fréquente chez la personne âgée en long séjour (incidence de 0.1-2.4 cas par 100 jours de résidence). C’est le principal motif de prescription d’antibiotiques et une cause fréquente d’hospitalisation. En pratique, on distingue : Une infection urinaire (IU) chez un résident peut se mani- – Infection urinaire simple : elle comprend l’infection fester par des symptômes urinaires classiques (dysurie, urinaire basse ou cystite et l’infection urinaire haute brûlure mictionnelle, gêne mictionnelle, algurie, pollakiurie, ou pyélonéphrite. incontinence urinaire nouvelle) mais également par des – Infection urinaire compliquée doit être évoquée : plaintes peu spécifiques (asthénie, changement d’humeur - chez l’homme, en présence d’une anomalie ana- ou de comportement, des chutes (nouvelles ou de fréquence tomique ou fonctionnelles des voies urinaires (in- augmentée), déclin du status fonctionnel, état confusionnel terventions chirurgicales, malformations, tumeurs, aigu, douleurs ou inappétence (cf. tableau 1 et 2, se référer lithiases, troubles neurologiques, etc.). au chapitre Infections et personnes âgées). - si immunosuppression. - chez résident, avec suspicion de germes multirésis- L’infection urinaire chez l’homme doit toujours être tants en l’absence d’amélioration clinique au bout considérée comme une infection urinaire compliquée. de 48 heures de traitement antibiotique. – Infection urinaire sur sonde vésicale : elle doit être évo- La bactériurie asymptomatique est très fréquente chez quée lors de l’apparition d’un état fébrile sans autre les personnes âgées en institution (10-30% chez les origine plus probable, d’une altération de la vigilance, hommes et 25-50% chez les femmes, 100% après d’un état confusionnel aigu, d’une macrohématurie, 30 jours lors de sondage à demeure). Dans ces cas, la d’une douleur pelvienne. culture d’urine est positive, mais le patient n’a aucune 26 27
Clinique Chez le patient sondé : Examens complémentaires (possible contamination) ou d’un résultat discordant avec – Prélèvement d’urine de manière aseptique par l’orifice la clinique nous proposons de refaire une culture. Se référer au tableau de synthèse de prélèvement prévu à cet effet ; éviter de faire le pré- Stix urinaire (bandelette urinaire) lèvement dans le sac d’urine. Traitement méthode de prélèvement – Si possible, un changement de sonde vésicale (pose Le stix urinaire est un examen facilement disponible, ra- pour culture d’une sonde avec orifice de prélèvement) doit être pide et peu onéreux. Il permet de détecter la présence Il est important de décider d’abord si l’infection peut être effectué après 48 heures de traitement efficace en de leucocyte estérase (produite par les leucocytes) ou traitée dans l’institution ou si un transfert en soins aigus Le prélèvement de l’urine doit s’effectuer avant l’instaura- situation d’infection urinaire. de nitrites (produit par certaines bactéries). C’est un paraît nécessaire (état septique, absence de disponibilité tion de l’antibiothérapie, avec une technique qui minimise examen inadapté pour établir un diagnostic d’infection des traitements nécessaires, et la décision de transfert la contamination. urinaire mais il est utile pour l’exclure. Cependant, en doit tenir compte des souhaits exprimés par le résident, cas d’immunosuppression, de neutropénie ou d’agranu- le cas échéant sous forme de directives anticipées.). Chez le patient non sondé : locytose la leucocyturie peut être absente. – Se désinfecter les mains, effectuer une toilette vulvaire En dernier recours un stix urinaire (bandelette) peut ou un nettoyage du méat urinaire à l’eau et au savon, être envisagée sur les urines fraîches des protections à Culture d’urine éliminer le 1er jet d’urine et effectuer le prélèvement de usage unique (mettre une protection propre à surveiller l’urine du milieu du jet dans un récipient stérile prévu à toutes les 20 minutes) ou un sac urinaire. La culture d’urine permet de confirmer une infection uri- cet effet. naire, d’identifier le(s) germe(s) responsable(s) de l’infec- – En cas d’incontinence urinaire chez l’homme, un Des modifications de l’aspect de l’urine (urine flocon- tion et d’établir la sensibilité du pathogène au traitement condom peut être utilisé pour récolter l’urine. En cas neuse, urine en purée de pois) et / ou de son odeur chez antibiotique prescrit (antibiogramme). La quantité de de collaboration difficile pour le prélèvement chez la un patient asymptomatique ne sont pas des indications germes requis est de 103 germes / ml en cas de cystite femme (incontinence urinaire importante ou troubles suffisantes pour réaliser un stix urinaire (bandelette) cognitifs modérés à sévères), un prélèvement par son- chez l’homme et en présence d’une sonde vésicale et de ou une culture d’urine, en l’absence de clinique d’in- 105 germes / ml en cas d’un condom et d’infection uri- dage aller-retour peut être recommandé. Si le résident fection urinaire. naire chez la femme. Dans un sondage aller-retour une est alité, il faut récolter l’urine dans un godet stérile installé dans un vase ou chez l’homme directement valeur ≥ à 102 germes / ml est significative. En présence dans un godet stérile prévu à cet effet. de plusieurs germes mis en évidence lors de la culture 28 29
Traitement antibiotique empirique Traitement empirique recommandé Durée de traitement (à adapter au plus vite en fonction des résultats Cystite simple Fosfomycine : dose unique 3g le soir au coucher Dose unique / 2g si < 50kg. de la culture et de l’épidémiologie locale): Ou Nitrofurantoïne : cp 100mg, 1cp 2x / j 5 jours Au vu de l’augmentation de l’antibiorésistance due à l’utilisation large des quinolones et de leurs effets se- Ou Co-trimoxazole : cp 160 / 800 1cp 2x / j 3 jours si réponse rapide, sinon 7 j. Selon une surveillance effectuée dans les EMS vaudois, Attention en cas d’autre médicament pouvant condaires (toxicité neurologique, altérations cardiaques), la population bactérienne lors d’une suspicion d’infection provoquer une hyperkaliémie (IECA, etc.) leur utilisation doit être réservée à la pyélonéphrite et urinaire dans les EMS du canton est constituée à 84% Pyélonéphrite Ceftriaxone* : 1g 1x / j iv ou IM Durée de 10-14 jours la prostatite. simple (idéalement dans l’attente de l’antibiogramme) Pas de traitement probabiliste aux quinolones par les entérobactéries avec l’Escherichia coli en majorité Ou Ciprofloxacine : cp 500mg 1cp 2x / j si utilisation dans les 6 mois précédents (75%). La proportion des entérobactéries productrices de Chez les patients porteurs de sonde urinaire, l’IU sur sonde béta-lactamases est de 9% comme dans la population Ou Co-trimoxazole : cp 160 / 800 1cp 2x / j est la plus fréquente des infections liées aux soins. La générale. Infection urinaire Ceftriaxone* : 1g iv 1x / j ou IM Cystite : 7 jours (cystite, sans argument meilleure façon de les prévenir est de limiter leur utilisation compliquée (idéalement dans l’attente de l’antibiogramme) pour pyélonéphrite c / o homme) et leur durée au minimum possible. Si la culture d’urine est Ou Ciprofloxacine : cp 500mg 1cp 2x / j Pyélonéphrite : 14 jours Les antécédents d’infection urinaire, l’exposition récente Une prostatite aigue nécessite un TTT de 2 – 3 indiquée et si la sonde est présente depuis 2 semaines ou aux antibiotiques et les résultats de prélèvements micro- semaines (avis spécialisé recommandé en cas plus, elle doit être remplacée et la culture doit être préle- biologiques précédents doivent rentrer en ligne de compte de résistance aux quinolones et au co-trimoxazole) vée depuis la nouvelle sonde. Ceci permet la culture sans pour le choix empirique de l’antibiotique. Les principales Infection urinaire Ceftriaxone* : 1g iv 1x / j 7 jours en cas d’évolution rapidement favorable, contamination par le biofilm et le remplacement de sonde sur sonde vésicale sinon ad 14 jours options sont représentées dans le tableau de traitement permet d’améliorer « l’outcome » clinique. de l’infection urinaire. Ou Ciprofloxacine : cp 500mg, 1cp 2x / j * adapter des doses en fonction de la clearance à la créatinine (CF). Dans la mesure du possible, différer l’antibiothérapie si NB : possibilité d’administrer la ceftriaxone en sous cutané (Diluer l’état clinique du résident le permet et donner un traite- Ceftriaxone® 1gr dans 50ml Glucose 5% et administrer en s / c ment ciblé en fonction de l’antibiogramme. Remarques : adapter au plus vite le traitement en fonction en 15 minutes ou si douleurs : diluer Ceftriaxone® 1gr avec 3,5ml Rapidocaïne® 1% et injecter en s / c lent direct). des résultats de la culture. Le fait de mettre un ordre d’ar- Ne pas hésiter à solliciter un avis spécialisé d’infectiologie rêt du traitement antibiotique si la culture revient négative en cas de germe multirésistant notamment. permet de diminuer la prescription inappropriée. 30 31
Tableau de synthèse Infections urinaires à Entéro- Pour les résidents connus pour être porteurs de germes bactéries productrices de beta tels que les entérobactéries productrices de ESBL (BLSE) lactamases à spectre élargi ou avec des facteurs de risque de portage ESBL (BLSE) Généralités Signes cliniques Examens Traitement complémentaires (traitement antérieur dans les 6 mois par amoxicilline-acide ou Extended-Spectrum clavulanique, céphalospines de 2 / 3 générations ou fluo- Bactériurie En institution de long séjour : Aucun Aucun Non, sauf si chirurgie asymptomatique 10 – 40% des hommes urologique prévue avec béta-Lactamase (BLSE / ESBL) roquinolones), la fosfomycine et la nitrofurantoine peuvent 25 – 50% des femmes risque de saignement être utilisées dans la cystite si le germe est sensible. 100% si sondage à demeure (pas pour sondage Le portage d’entérobactéries productrices de ESBL (BLSE) vésical) est en augmentation dans la population générale, ainsi que Mesures associées au traitement de l’infection : Cystite simple – Voies urinaires basses Dysurie, brûlures mictionnelles, – Stix urinaire AB per os ou IM dans les établissements de long séjour. La surveillance des pollakiurie, incontinence – Culture d’urine – Application des Précautions Standard nouvelle ou aggravée, bactériuries dans les EMS du canton de Vaud permet d’es- – Pas de décolonisation digestive douleur sus pubienne, timer ce taux à 9%. Il est comparable au taux trouvé dans – Pas de contrôle microbiologique après traitement état confusionnel la population générale suisse. – Pas de mesures d’hygiène particulière sauf si épidémie : Pyélonéphrite – Voies urinaires hautes Idem cystite + : – Stix urinaire AB per os ou IM simple – Douleur des flancs – Culture d’urine demander un avis au responsable en prévention et – Sepsis contrôle de l’infection Infection urinaire Homme ou affection des voies Dysurie, brûlures mictionnelles, – Stix urinaire compliquée urinaires, chirurgie de la sphère pollakiurie, incontinence – Culture d’urine Traitement empirique recommandé Durée de traitement uro-génitale, germe résistant, nouvelle ou aggravée, douleur – Imagerie des Cystite simple Fosfomycine : 1 sachet de 3g le soir au coucher Dose unique immunosuppression sus pubienne, état confusionnel voies urinaires OU Nitrofurantoïne : cp 100mg, 1 cp 2x / j 5 jours Absence d’amélioration Pyélonéphrite simple Ertapenem : 1g 1x / j iv 10 – 14 jours si pas d’alternative possible OU clinique après 48h (7 jours possibles si sensibilité aux quinolones de traitement et réponse rapide) Infection urinaire Aggravation de troubles – S tix urinaire – R evoir besoin Infection urinaire compliquée Ertapenem : 1g 1x / j iv 7 jours (cystite) – 14 jours avec sonde cognitifs, état confusionnel, non recomandé de maintenir sonde état fébrile, douleur – Culture d’urine – Changement de la Infection urinaire en présence Ertapenem : 1g 1x / j iv * 7 jours en cas d’évolution rapidement sus-pubienne, douleur sonde si possible d’une sonde vésicale favorable, ad 14 jours des loges rénales – AB per os ou IM * Relais possible par fosfomycine PO : 1 dose / 48h. 32 33
Prévention de l’infection Mesures générales non reconnues Mesures spécifiques recommandées chez les patients sondés urinaire chez le sujet âgé et non soutenues par le groupe Limiter les indications à la pose d’une sonde urinaire à demeure et réévaluer l’indication au maintien de la sonde. De nombreuses recommandations pour la prévention de Ces mesures générales n’ont pas obtenu de consensus Pose de la sonde urinaire en asepsie (pose aseptique, gants stériles, matériel stérile, sonde avec site de prélèvement, l’infection urinaire ont été publiées mais leur application du groupe et sont laissées à l’appréciation du médecin. personnel formé). en EMS nécessite une adaptation. Respect du principe du système clos pour le sondage urinaire (délai selon instruction du fabricant). Stimulation immunitaire (utilisation de vaccin avec la Pas de changement de routine de la sonde urinaire. Les traitements antibiotiques prophylactiques ne sont fraction d’E. coli). généralement pas recommandés car la sélection de Maintien du système clos le plus longtemps possible. Utilisation d’ovules ou topiques vaginaux d’œstrogènes résistances est fréquente et la prophylaxie chronique Pas de manipulation du ballonnet. pour les femmes. par nitrofurantoine est associée à un risque de toxicité Fixer le dispositif sonde-sac collecteur pour éviter les tractions durant la journée (à la cuisse) et la nuit. pulmonaire. Utilisation de la vitamine C pour acidifier les urines. Assurer la traçabilité de la pose dans le dossier. Prise de canneberge. Pas d’antibioprophylaxie systématique lors de sondage (à réserver aux patients neutropéniques). Mesures générales recommandées Pas d’utilisation de sondes imprégnées d’antibiotiques. et soutenues par le groupe Pas d’adjonction d’antiseptique ou antibiotique au lubrifiant lors du sondage. Hydratation. Pas d’utilisation systématique de désinfectants ou de savons antiseptiques pour la toilette intime des résidents sondés. Favoriser la mobilisation du résident (marche). Pas d’antiseptique dans le sac collecteur. Lutter contre la perte de l’indépendance fonctionnelle, Pas d’irrigation (rinçage) de la vessie. encourager les résidents à aller régulièrement aux toi- Pas de clampage de la sonde avant le retrait. lettes (calendrier mictionnel). Pas de surveillance microbiologique de routine chez les résidents avec sonde. Bonne hygiène génito-urinaire (nettoyage d’avant en arrière). Prévenir / éviter la constipation. 34 35
Algorithme de l’infection urinaire chez résident Algorithme de l’infection urinaire chez résident sans sonde vésicale avec sonde vésicale Nouvelle symptomatologie : dysurie, algurie, pollakiurie Etat fébrile ou : Urgence mictionelle / incontinence urinaire avec ou sans état fébrile * douleur pelvienne, suspubienne, des flancs Oui ou frisson ou confusion ou troubles de la vigilance Non ou signes locaux ou dysurie Contacter médecin ou signes aspécifiques d’infection * Positif Stix urinaire Négatif Contacter médecin Changement d’aspect de l’urine Culture d’urine ** Rechercher autre diagnostic Infection urinaire Purée de pois Trouble Oui Non TTT antibiotique *** probable Sédiment urinaire Hydratation / surveillance Facteur de risque pour infection urinaire Culture d’urine Autre cause infectieuse Rechercher causes +/- * Contacter médecin et envisager transfert si (abcès, autre cause) Oui Non EF, frissons, douleurs des flancs? Hémoculture présence de critère de gravité (tachycardie, Traiter l’autre cause infectieuse altération de l’état de conscience). Oui Non ** Si culture négative, arrêter le traitement Evaluer début TTT immédiat Chez l’homme, vs attente résultats débuté en tenant compte de l’évolution clinique. TR pour exclure de la culture *** Si la clinique le permet, attendre résultats prostatite de la culture avant le début de l’antibiothérapie Pylélonéphrite Cystite et introduire une hydratation. * NB : contacter médecin et envisager transfert Si présence de critère de gravité (tachycardie, altération de l’état de conscience 36 37
Infections respiratoires aiguËs en dehors de l’épidémie de grippe Pendant l’épidémie de grippe 38 39
Algorithme Infections respiratoires aiguës étiologie en dehors de l’épidémie de grippe Les bactéries prédominantes sont, comme chez l’adulte Au moins : ≥ 1 symptôme / signe parmi : en dehors dans la communauté, Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae. D’autres comme Staphylo- dyspnée, toux nouvelle, cyanose périphérique, changement quantitatif ou qualitatif des expectorations, douleurs thoraciques pleurétiques de l’épidémie coccus aureus (yc MRSA), Legionella spp ou les ba- cilles Gram négatif (yc Pseudomonas aeruginosa) sont Et : état confusionnel aigu ou ≥1 modification aiguë des signes vitaux parmi: de grippe plus rares mais surreprésentés en cas de pneumonies sévères ou dans des contextes épidémiologiques par- T° > 38° ou < 36°, FR > 20 / min, Tas < 90mmHg, SaO2 < 90% AA, FC > 125 / min ticuliers (épidémie de grippe, immunosuppression ou pathologie pulmonaire sous-jacente connue). La flore Informer immédiatement le médecin Ces recommandations ne s’appliquent pas aux situations oropharyngée (streptocoques, anaérobes) est impli- d’infections subaiguës / chroniques où d’autres étiologies quée en cas de bronchoaspiration. 10% des infections Critères de gravité : sont à rechercher (tuberculose, actinomycose, etc.) avec respiratoires sont dues à des virus et ils sont encore - FR > 25 / min une démarche diagnostique qui diffère. - FC > 125 / min plus représentés en période hivernale. Oui Non - TAs < 90mmHg Chez les 60-75 ans : 15 cas / 1000 habitants (34 cas / 1000 - Comorbidités relevantes habitants si >75 ans). Facteurs de risque Importante cause de morbidité (déclin fonctionnel) et Pneumopathie chronique, comorbidités cardiaque / neu- Prise en charge en EMS : Envisager transfert à l’hôpital - antibiothérapie mortalité (30%). rologique, diabète, mauvais état bucco-dentaire, mal- - ttt de soutien nutrition, trouble de la déglutition, nutrition par sonde nasogastrique / jéjunale, immobilisation, médicaments (psychotropes, anticholinergiques, antiacides), taba- gisme, sexe masculin. 40 41
Facteurs de risque d’être Examens complémentaires Traitement infecté par des germes multi-résistants – E n cas de doute quant à un diagnostic alternatif ou Traitement empirique recommandé Durée de traitement recommandée lors d’évolution défavorable sous traitement, une ra- pneumonie, bronchopneumonie Cefuroxime 500mg 2x / j po 5-7 jours – Bronchopneumonie chronique obstructive sévère diographie du thorax devrait être réalisée. OU Amoxicilline / clavulanate 1g 2x / j po – Bronchiectasies – Un bilan microbiologique extensif à la recherche du pneumonie, bronchopneumonie Ceftriaxone 1g IV ou 1g IM 1x / j 7 jours – Immunosuppression germe étiologique est controversé (faible rendement sévère ou évolution défavorable – Antibiothérapie dans les 90 jours précédents OU Clarithromycine ** 500mg 2x / j po attendu). Lors d’état septique, le prélèvement d’hé- – Ventilation mécanique dans le mois qui précède mocultures doit précéder l’instauration d’un traite- Pneumonie sur bronchoaspiration Amoxicilline / clavulanate 1g 2x / j po 5-7 jours – Colonisation préalablement documentée ment antibiotique. La recherche d’antigènes urinaires OU Clindamycine 600mg 3x / j 7 jours – Haute prévalence documentée dans l’établissement pour Legionella et de culture bactériologique standard NB : l’administration de la ceftriaxone en sous cutanée peut être de l’expectoration en cas de pneumonie sévère peut envisagée (Diluer Ceftriaxone® 1gr dans 50 ml Glucose 5% et Clinique se discuter (impact sur le traitement antibiotique). administrer en s / c en 15 minutes ou si douleurs : diluer Ceftriaxone® Prendre contact avec l’infectiologue pour le choix du trai- 1gr avec 3,5ml Rapidocaïne® 1% et injecter en s / c lent direct) Présentation souvent moins classique que chez l’adulte NB : pas de recherhe d’Ag pneumocoque car le Strepto- du même âge avec pneumonie communautaire. Seuls tement en cas de : coccus pneumoniae est couvert par le traitement empi- ** : en cas de suspicion de Legionella ; si légionellose confirmée, 2 / 3 des résidents d’EMS avec pneumonie ont un EF > - Allergie à la pénicilline adapter l’antibiothérapie et au besoin avis infectiologue. rique proposé. - FR pour germe multi-résistants 38° et seul 1 / 2 a de la toux. Cave : pendant la saison hivernale et en période épidémique, le diagnostic de grippe doit être évoqué lors de l’apparition d’un état fébrile associé à des symptômes respiratoires (cf. chapitre dédié à la grippe). 42 43
Traitement de soutien Prévention Mesures pour l’amélioration des moyens de défense – E n l’absence de pathologie pulmonaire préexistante Mesures de prévention consensuelles (asthme, bronchite chronique), il n’y a pas d’évidence des bronchoaspirations Promotion annuelle de la vaccination contre la grippe. en faveur de l’utilisation systématique de bronchodila- tateurs. Leur prescription est laissée à l’appréciation du Vaccination contre le pneumocoque : en l’absence de éviter les médicaments sédatifs chez les patients à vaccination antérieure, une dose Prevenar® PCV-13 à médecin en charge en fonction du status clinique. risque car ils favorisent les fausses routes. l’admission en EMS si facteurs de risque (cf. chapitre – L a prescription de physiothérapie respiratoire [notam- Positionnement du patient (semi-assis), en particulier lors vaccination). ment assistance à l’expectoration active – Bülau® / pas- du repas, minimum 30° à 45°. sive] se justifie principalement chez le patient présentant Amélioration de l’hygiène orale (brossage dentaire une hypersécrétion bronchique et/ou une pathologie pul- manuel quotidien + un rinçage avec un liquide à base monaire sous-jacente, pour autant qu’il soit capable de de chlorhexidine à 0.12%). coopérer. Contrôle de l’état bucco-dentaire minimum 1x / sem. Physiothérapie de mobilisation du résident alité. – Autres moyens selon appréciation du médecin. Verre à encoche en cas de facteurs de risques objectivés. Les verres avec couvercle « canard » sont à déconseiller. – éviter les antitussifs sans avis médical. épaississement des liquides en cas de fausses routes et adaptation des textures si insuffisant. Réévaluer l’indication de la sonde naso-gastrique. Physiothérapie par Bülau® (selon disponibilité). Physiothérapie respiratoire par un physiothérapeute (selon disponibilité). 44 45
Algorithme Infections respiratoires aiguës Principaux buts de la stratégie pendant l’épidémie de grippe de prévention de la grippe dans les EMS Au moins : ≥ 1 symptôme / signe parmi : Pendant l’épidémie – P révenir la propagation de la grippe au sein des rési- dyspnée, toux nouvelle, cyanose périphérique, changement quantitatif ou qualitatif des expectorations, douleurs thoraciques pleurétiques de grippe dents et des équipes soignantes – Diminuer la morbidité-mortalité au sein des résidents Et : – Diminuer le nombre d’épidémie état confusionnel aigu ou ≥1 modification aiguë des signes vitaux parmi: T° > 38° ou < 36°, FR > 20 / min, Tas < 90mmHg, SaO2 < 90% AA, FC > 125 / min La saison hivernale est marquée par une augmentation – Obtenir une immunisation > 80% (résidents et soignants) de la mortalité et des hospitalisations chez les personnes pour promouvoir une bonne immunité de groupe Informer immédiatement le médecin âgées. Les résidents des EMS sont à haut risque de com- – Optimiser le dépistage et l’utilisation des antiviraux en plications après une infection due au virus de la grippe. cas d’épidémie (≥ 2 résidents atteints) Critères de gravité : Pendant l’épidémie de grippe, 20-40% des recherches - FR > 25 / min de grippe chez les résidents symptomatiques reviennent La sénescence influence la réponse vaccinale. Plus on Oui - FC > 125 / min Non positives. vieillit et moins on développe d’anticorps en réponse à un - TAs < 90mmHg vaccin. Pour les résidents agés, il convient de discuter de - Comorbidités relevantes l’administration du vaccin avec adjuvant (potentiel avantage dans l’augmentation d’anticorps). La vaccination contre la grippe est basée sur le principe d’immunité de groupe. Pour Prise en charge en EMS: Envisager transfert à l’hôpital obtenir une immunité de groupe (= protéger les personnes - dépister grippe que le résident soit vacciné ou non sensibles qui ne peuvent développer des anticorps contre - si positif, ttt antiviral la vaccination), il faudrait un taux de vaccination de > 80% - pas d’antibiotique d’emblée dans le groupe entier (résidents et soignants). - ttt de soutien 46 47
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