Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs - Fascicule N 108a
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P U B L I C A T I O N T R I M E S T R I E L L E - O C T O B R E - N O V E M B R E - D É C E M B R E 2 0 0 5 Fascicule N° 108a Prévention du stress dans la construction Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Table des matières Introduction ...........................................................................................................................................................................3 Qu’est-ce que la charge de travail/le stress? ...............................................................................................3 S’agit-il dès lors d’un problème individuel? ..........................................................................................................4 Pourquoi une politique? ...............................................................................................................................................5 Un réel problème dans le secteur de la construction .........................................................................................5 Quatrième trimestre 2005 Problèmes de santé et risque d’erreur en augmentation ...................................................................................6 Fascicule N° 108a Une obligation légale .......................................................................................................................................................6 Prévention du Conséquences économiques ...........................................................................................................................................7 stress dans la Investir dans une politique de prévention: une situation win-win ...........................................................7 construction Facteurs de stress au travail ......................................................................................................................................8 Brochure destinée Les risques psychosociaux influent sur les troubles physiques ...................................................................10 aux employeurs Reconnaître les indicateurs d’une surcharge de travail .....................................................................10 Approche pratique du stress ...................................................................................................................................11 Étape 1. Susciter l’intérêt et l’adhésion au projet ............................................................................................11 Étape 2. Détecter les problèmes et poser le diagnostic..................................................................................12 Étape 3. Inventorier les risques et élaborer des solutions possibles ........................................................13 Étape 4. Mettre les mesures en application . .......................................................................................................14 Étape 5. Evaluer et corriger ........................................................................................................................................15 Reproduction autorisée moyen- nant accord du CNAC. Problèmes fréquents et solutions envisageables ...................................................................................16 Problème: Cadence de travail élevée et peu de possibilités d’adaptation ..............................................16 Ces fascicules sont publiés en néerlandais sous le titre ‘NAVB Problème : Beaucoup (trop) de tâches fragmentées et spécialisées .........................................................17 dossier’. Problème: Connaissance et vision insuffisantes du processus de construction ....................................19 Les conseils publiés par le Problème: Longs déplacements de/vers le chantier .........................................................................................19 CNAC ne l’engagent que dans Problème: Mauvaise transmission de l’information/exigences contradictoires .....................................20 l’état de la réglementation et de la technique et ne sous- Problème: Pas de direction clairement identifiée et peu de feed-back ....................................................20 traient pas le lecteur à l’obliga- Problème: Conditions de travail dangereuses et inconfortables..................................................................21 tion de s’informer et au respect Problème: Logistique insuffisante (matériel/outillage)..................................................................................23 de la réglementation. Problème: Compétences mal définies et absence d’une politique de formation ..................................23 • Paraît 4 fois par an. • Un exemplaire est envoyé Annexes ...................................................................................................................................................................................25 directement aux délégués Annexe 1 : Questionnaire TOMO (Travailleur et Organisation), version courte ....................................25 syndicaux des entreprises de Annexe 2 : Petit test d’auto-évaluation de la charge de travail .................................................................28 la construction en annexe du Annexe 3 : Plan d’action “Stress au travail” faisant partie du plan global de prévention...............29 CNAC info. Annexe 4 : Questionnaires ...........................................................................................................................................30 • Les travailleurs peuvent demander à titre privé un Pour en savoir plus… ...................................................................................................................................................31 exemplaire gratuit par le biais de leur organisation syndicale et ce, jusqu’à épui- sement des stocks. • Commandes et tarifs : Le dossier ‘Prévention du stress dans la construction’ est une publication du Comité National d’Action pour la voir www.cnac.be sécurité et l’hygiène dans la Construction, réalisée en collaboration avec Prevent. ou dernière page CNAC info. Une brochure destinée aux travailleurs a également été publiée dans le cadre du présent CNAC dossier. D’autres dossiers (anc. Notes L’engagement personnel de la direction, du management et des travailleurs concernés du groupe Van Roey et de Sécurité Construction) sont de l’entreprise Vandezande ont permis de réaliser cette brochure pratique et adaptée au secteur de la cons- disponibles dans la même série. truction. Nous tenons ici à les remercier particulièrement pour le temps qu’ils y ont consacré et pour leur enthousiasme. Éditeur responsable : CNAC Carl Heyrman - Rue Saint-Jean 4 – 1000 Bruxelles Numéro d’inscription auprès de la Bibliothèque Royale (dépôt légal) 2515 Le comité de rédaction de CNAC dossier veille à la fiabilité des informations publiées, lesquelles ne pourraient toutefois pas engager sa responsabilité. La reproduction des textes et des illustrations est autorisée moyennant l’autorisation expresse de l’éditeur et la mention explicite de leur provenance. Colophon CNAC dossier est une publication trimestrielle du Comité National d’Action pour la sécurité Information et abonnement : CNAC – Rue Saint-Jean 4 – 1000 Bruxelles et l’hygiène dans la Construction (également disponible en néerlandais “NAVB dossier”). Tél. : 02/552.05.00 - Fax : 02/552.05.05 E-mail : cnac@cnac.be - Internet : www.cnac.be Rédaction : Raymond Brems, Virginie Caverneels, Christian Depue, Patrick Franceus, Carl Heyrman, Marc Junius, Véronique le Paige, Arlette Moonens, Luc Proesmans, Hans Raes, Mise en pages et impression : Emmy Streuve, Isabelle Urbain, Nicolaas Van Leeuwen www.mwp.be © CNAC-NAVB 2005 2 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Introduction Lors de la réalisation d’un projet de construction, différents acteurs sont impliqués. Chacun a un rôle spécifique et déterminant à jouer. Une bonne communication, un bon planning et une bonne collaboration sont donc d’une importance cruciale pour mener le projet à bon terme. Depuis quelques années, les problèmes liés à une charge de travail élevée et au stress sont de plus en plus aigus dans le secteur de la construction. Délais d’exécution toujours plus courts, déplace- ments plus longs, nouvelles techniques et connaissances, flexibilité et sous-traitance, productivité accrue, exigences de qualité en hausse, concurrence internationale,… autant d’évolutions qui tou- chent également la construction. Tout cela n’est pas sans effet sur les conditions et la charge de travail des collaborateurs. Une augmentation de la charge de travail et du stress ont un effet négatif sur l’efficacité du pro- cessus de travail et la productivité des travailleurs. En outre, cela peut conduire à terme à une aug- mentation du nombre d’accidents du travail, à un absentéisme plus grand et à une rotation accrue du personnel. C’est pourquoi il est important de se pencher sur cette problématique dans ce secteur. Dans cette brochure, nous verrons plus en détail ce que sont la charge de travail et le stress pro- fessionnel. Nous épinglerons également quelles en sont les causes dans le secteur de la construc- tion. De plus, un plan par étapes vous montrera comment aborder le problème du stress de manière systématique dans votre entreprise. Enfin, nous évoquerons une série de points sensibles très fré- quents dans la construction et les solutions qui peuvent y être apportées. Qu’est-ce que la charge de travail/le stress? Une vie sans stress est une utopie. Chacun est exposé quotidiennement à la charge de travail et au stress. Mais lorsque l’on nous en demande trop et que la pression devient trop forte, les problèmes surgissent. Les expressions ‘charge du travail’ et ‘stress au travail’ sont souvent utilisées sans distinction, ce qui peut être source de confusion. Une charge de travail trop élevée se caractérise par le fait que les collaborateurs n’ont pas assez de temps pour faire leur travail comme il se doit. Ils sont ainsi soumis, presque en permanence, à une forte pression. Une charge de travail trop élevée mais également trop faible est donc un élé- ment déclencheur du stress. Celui-ci constitue dès lors la réaction du collaborateur face à une situa- tion de travail menaçante. En général, lorsque nous parlons de stress au travail, nous pensons au stress négatif. Or, le stress n’est pas toujours négatif. Il existe aussi un stress positif qui peut entraîner de meilleures pres- tations. Dans ce cas, la situation de travail est perçue avant tout comme un défi. Capacité de résistance Charge de travail Le stress négatif se manifeste lorsque la situation est perçue non comme un défi, mais comme une menace. Ce stress se caractérise alors par une rupture d’équilibre entre la charge de travail (p.ex. le temps disponible, le niveau de difficulté de la tâche, la concentration nécessaire…) et la capacité de résistance du travailleur (capacité à faire face). Ce déséquilibre peut résulter aussi bien d’une ‘sous-charge’ (p.ex. trop peu de travail ou travail monotone) que d’une surcharge. Dans les deux cas, il n’y a plus de concordance entre les exigen- ces qui sont posées au travailleur et ses capacités à satisfaire à ces exigences. Si cette situation perdure, elle peut conduire au stress et, à plus long terme, à toutes sortes de troubles physiques et mentaux. © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 3
cnacdossier La perception personnelle du travailleur joue ici un rôle essentiel. En effet, un manque de temps ne conduit pas nécessairement à une surcharge et des exigences de travail trop basses n’entraînent pas sys- tématiquement une ‘sous-charge’. Ce n’est que lorsque le travailleur perçoit de manière négative les stresseurs (causes objectives possibles comme une cadence de tra- vail élevée) liés à la situation de travail qu’il en résulte des effets négatifs, des réactions de stress et des problèmes de santé. Quant à savoir où se situe la limite, cela varie d’une personne à l’autre. Chacun perçoit la réalité à sa manière. Tant l’environnement social que les caractéristiques personnelles du travailleur influent sur ce processus. Un environnement social positif a un effet ‘tampon’ sur la perception des stresseurs liés au travail. Le soutien social apporté par le conjoint, les enfants, les amis et les collègues peut réduire l’impact négatif sur le fonctionnement phy- sique et mental du travailleur. A l’inverse, des stresseurs présents Une famille heureuse peut constituer un ‘tampon’ dans la vie quotidienne peuvent influencer négativement la perception qu’aura un travailleur pour l’impact des facteurs de stress des stresseurs au travail. Source : Het Domein Bokrijk Il est donc tout à fait possible qu'une personne ressente du stress dans certaines activités, alors qu’une autre personne n’en sera aucunement affectée. Une fois enclenché, ce processus est à l’o- rigine d’un cercle vicieux. Les réactions et autres effets liés au stress conduisent en effet à leur tour à une réduction de la capacité de faire face de la personne. Figure 1: Le modèle Michigan de Caplan Environnement social Stresseurs Stresseurs Conséquences Réaction objectifs subjectifs possibles pour de stress (exigences) (sentiments) la santé Personnalité Les réactions de stress ne se manifestent donc qu’après la perception subjective des facteurs de stress externes, appelés ‘stresseurs’. Cela signifie que le regard subjectif que le travailleur porte sur sa situation de travail joue un rôle déterminant dans l’apparition ou non des réactions de stress. S’agit-il dès lors d’un problème individuel? Non. Bien que les différences entre les personnes (personnalité, vie privée…) jouent un rôle dans l’apparition du stress, une charge de travail élevée et un stress important sont les symptômes d’un problème organisationnel, et non d’une faiblesse individuelle. L’accent doit donc être mis, non sur le travailleur individuel soumis au stress, mais sur ses causes possibles dans le travail. Tel est aussi le raisonnement du législateur belge. La Convention Collective de Travail n°72 (CCT n°72) relative à la politique de prévention du stress occasionné par le travail (AR du 21/06/1999, MB du 09/07/1999) met l’accent sur l’aspect collec- tif de la politique de l’entreprise en matière de stress. Le stress y est décrit comme “un état perçu comme négatif par un groupe de travailleurs qui s’ac- compagne de plaintes ou de dysfonctionnements au niveau physique, psychique et/ou social et qui Le stress au travail peut être un est la conséquence du fait que des travailleurs ne sont pas en mesure ou ne s’estiment pas en mesure symptôme d'une organisation du de répondre aux exigences et attentes qui leur sont posées par leur situation de travail”. travail inadéquate. © CNAC-NAVB 2005 4 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Pourquoi une politique? Les entreprises sous-estiment ou ignorent encore souvent les conséquences directes et à long terme Conséquences négatives du stress. La prévention du stress n’est souvent pas considérée comme une priorité, entraînant la pour l'entreprise plupart du temps de lourdes conséquences, tant sur le plan humain et social qu’au niveau légal et économique. Les travailleurs constituent en effet le capital de votre entreprise. Dès lors, si les tra- vailleurs sont confrontés à des problèmes, l’entreprise, elle aussi, connaîtra des difficultés. Un réel problème dans le secteur de la construction Les points sensibles les plus évidents dans le secteur de la construction sont les délais serrés, la cadence de travail et la quantité de travail. Mais d’autres facteurs, comme le peu d’autonomie et de possibilités d’apprentissage, les mauvaises conditions de travail et le manque de soutien social de la part des supérieurs, peuvent aussi engendrer un stress au travail dans ce secteur. Secteur de la construction Référence pour la Flandre (N=608) (N=11099) Problématique Problème Problématique Problème % important % % important % Charge de travail 34,6 15,9 31 12,8 importante Mauvaises conditions 33 14,5 12,1 4,5 de travail Fatigue mentale 31 11,9 28,9 10,2 occasionnée par le travail Autonomie 27,2 7,3 20,8 7,3 Possibilités 20,5 4,7 22,5 8,4 d’apprentissage Source: Conseil économique et social de Flandre, Nulmeting Vlaamse Werkbaarheidsmonitor, 2004 L’enquête menée par le Conseil économique et social de Flandre (SERV - Sociaal-Economische raad van Vlaanderen) auprès de 608 travailleurs du secteur de la construction (Nulmeting Vlaamse Werk- baarheidsmonitor, 2004) montre que pour quelque 35 % des participants, la charge de travail éle- vée constitue un problème dans le secteur de la construction. 31 % des travailleurs de la construction estiment que la fatigue mentale occasionnée par le tra- vail est problématique et pour près de 12 % de ces travailleurs, il s’agit même là d’un problème important. Ce chiffre est bien plus élevé que celui de référence pour la Flandre (28,9 % probléma- tique et 10,2 % problème important). Pour ce qui est de l’autonomie dont les travailleurs peuvent faire preuve durant l’exécution de leurs tâches, 27 % affirment avoir eu des problèmes à cet égard, soit un tiers de plus que le chiffre de référence pour la Flandre (20,8 %). Les mauvaises conditions de travail enregistrent également un score important. 33 % estiment qu’il s’agit d’un problème et 14,5 % d’un problème important (conditions extrêmement mauvaises). C’est trois fois plus que les références pour la Flandre (12,1 % et 4,5 % un problème important). 20,5 % des travailleurs du secteur de la construction estiment que la situation est problématique en matière de possibilités d’apprentissage (possibilités d’apprentissage insuffisantes). Pour 4,7 % des travailleurs de ce secteur, il s’agit même là d’un problème important. 14,9 % des tra- vailleurs estiment qu’ils ne reçoivent pas suffisamment de soutien de leur supérieur direct et 5 % ont de mauvaises relations avec celui-ci. L’étude European Survey on Working Conditions (2000)1, qui contient des chiffres sur le secteur de la construction en Belgique, révèle que les travailleurs de ce secteur ont de moins en moins de temps pour exécuter leurs tâches. La cadence de travail augmente donc lentement mais sûrement. Les principaux facteurs qui font monter la cadence de travail sont - par ordre d’importance - la demande externe émanant par exemple d’un client ou d’autres entrepreneurs, les objectifs de pro- duction successifs et une surveillance plus stricte exercée par le responsable. Les travailleurs signalent également qu’il y a chaque jour des interruptions de travail contrariantes dues non seulement à la nature du travail, mais aussi aux demandes de clients, de collègues et de responsables, ainsi qu’à un mauvais planning. Les tâches répétitives sont également très importan- tes dans ce secteur. Ainsi, 67 % des personnes interrogées affirment être exposées à des gestes répé- titifs (main/bras) et pour 47 % de celles-ci, ces gestes répétitifs constituent l’essentiel ou la plus grande partie de leur travail. 25 % des travailleurs signalent qu’ils doivent exécuter des tâches répé- titives de moins de 10 minutes: cycle court de moins de 5 minutes pour 23,5 %, de moins d’une minute pour 19 %, de moins de 30 secondes pour 19 % et de moins de 5 secondes pour 14,7 %. 1 European Foundation for the Improvement of Working and Living Conditions (Dublin), European Survey on Working Conditions, 2000 © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 5
cnacdossier Problèmes de santé et risque d’erreur en augmentation Conducteur de chantier: Un excès de stress a pour effet d’accroître la charge mentale et physique. Les “Lors d’activités intenses, travailleurs stressés ont plus tendance à ruminer les problèmes qui sont liés à je ressens souvent une tension leur travail. À la longue, le plaisir que l’on éprouve dans le travail diminue, de même que la motivation. Ce qui peut, à terme, déboucher sur des problèmes extrême et je ne dors de santé: maladies cardiovasculaires, troubles digestifs, maladies infectieu- pratiquement pas la nuit. ses, maux de tête, insomnies, troubles de la concentration, dépression, burn- Je passe déjà mentalement en out, pertes de mémoire, tensions émotionnelles… revue le planning du lendemain.” Les travailleurs auront aussi plus de mal à se concentrer, d’où une augmenta- tion du risque d’erreur et d’accidents du travail (graves). Une obligation légale La mise en oeuvre d’une politique visant à prévenir la charge psychosociale est une obligation légale. Un employeur doit en effet pouvoir démontrer que dans le cadre de sa politique de prévention, impo- sée par la Loi sur le bien-être au travail et ses arrêtés d’exécution, il accorde une attention suffi- sante aux aspects psychosociaux du travail. Il doit, en outre, pouvoir présenter des mesures concrè- tes visant à éviter et, le cas échéant, à remédier au stress d’origine professionnelle. La notion de charge psychosociale (qui inclut le stress) figure ainsi parmi les piliers de la Loi sur le bien-être au travail. La sécurité, la santé, l’ergonomie, l’environnement interne, l’embel- lissement, l’hygiène industrielle et le harcèlement moral et sexuel constituent les autres piliers de cette loi. L’employeur est donc obligé d’élaborer une politique portant sur le stress lié au tra- vail. Celle-ci doit s’inscrire dans le cadre du système dynamique de gestion des risques de l’entreprise. Sur la base d’une analyse des risques, l’employeur doit dès lors détecter et analyser les risques (les stresseurs ou causes éven- tuelles du stress professionnel), prendre des mesures de préven- tion, évaluer ces mesures et les corriger. Ces mesures doivent por- ter soit sur l’ensemble de l’entreprise, soit sur le département, soit - s’il est impossible de généraliser - sur le poste de travail même. Pour la mise en oeuvre de ces mesures, l’employeur doit consulter et demander la collaboration du SIPP et, si nécessaire, du SEPP. Il est éga- lement tenu d’informer le comité PPT et de lui demander un avis préalable concernant les différentes phases de la politique qu’il souhaite appliquer. S’il n’y a pas de comité, c’est à la délégation syndicale qu’il devra s’adresser. L’employeur doit en outre communiquer les informations nécessaires aux travailleurs. Ces informa- tions doivent porter entre autres sur la nature des activités, l’organisation du travail, les possi- bilités de contact, les risques et les mesures visant à prévenir ou à limiter ces risques. Les entreprises du secteur privé doivent de plus tenir compte de la CCT n° 72. Cette CCT indique d’une part comment l’employeur doit mener une politique de prévention et détermine d’autre part le rôle des travailleurs et de leurs représentants. Législation • Loi du 4 août 1996 relative au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail • Convention Collective de Travail n° 72 concernant la gestion de la prévention du stress occasionné par le travail (30 mars 1999, CCT rendue obligatoire par l’arrêté royal du 21 juin 1999, Moniteur belge du 9 juillet 1999). © CNAC-NAVB 2005 6 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Conséquences économiques Il est clair que les conséquences d’une charge de travail excessive Maçon: “Une bonne ambiance sur le pèsent sur le rendement de l’entreprise. Le stress, il est vrai, n’est chantier rend le travail d'autant plus pas fait pour favoriser le climat de travail. Il conduit souvent à des conflits et des frictions entre collègues. De plus, des travailleurs agréable et favorise une bonne stressés sont plus souvent absents et cet absentéisme est généra- collaboration. Il y a plus de concertation lement de longue durée. informelle entre collègues, ce qui améliore Par ailleurs, lorsque la pression est persistante, les erreurs devien- grandement l'efficacité dans le travail. Vous nent plus fréquentes, avec les conséquences que cela suppose en savez que vous pouvez faire appel à vos termes de sécurité (accidents du travail en hausse) et de produc- camarades si vous avez un problème.” tivité pour l’entreprise. Même les travailleurs les plus motivés et les plus appréciés risquent alors de décrocher. Dans ces entrepri- ses, l’absentéisme et la rotation du personnel augmenteront, ce qui engen- drera une pression supplémentaire pour les travailleurs restants. La qualité du service s’en trouvera affectée, les délais ne seront plus respectés, le tra- vail fourni sera de moindre qualité et la satisfaction des clients diminuera. Sur le chantier, une charge de travail excessive peut donner lieu à des problèmes spécifiques qui auront des répercussions entre autres sur la planification du travail. Les travaux successifs ne se suivent plus de façon parfaitement harmonieuse, des problèmes doivent être résolus de façon ponctuelle ou reportés sur d’autres équipes, il n’y a plus assez de temps pour la concertation et pour une bonne communication, les matériaux et équipements ne sont plus livrés à temps… Une entreprise qui est attentive à ses travailleurs et à la qualité du travail est une entreprise où il fait bon travailler. Les travailleurs sont motivés et transmettent cette image positive à l’extérieur de l’entreprise. Par ailleurs, une entreprise où l’on aime travailler est davantage convoitée par les tra- vailleurs. Une telle entreprise a donc beaucoup plus de chances d’attirer les meilleurs éléments. Investir dans une politique de prévention: une situation win-win L’attention portée aux stresseurs au travail est donc bénéfique aussi bien pour l’entreprise Responsable RH: “En investissant dans que pour le travailleur individuel. Des études2 ont d’ailleurs montré qu’un investissement une politique portant sur le stress dans la politique de bien-être de l’entreprise apporte plus d’avantages qu’elle n’occasionne professionnel, nous avons pu réduire de charges et que tout en développant le bien-être au travail, on accroît le rendement de d'un quart l'absentéisme pour cause de l’entreprise. maladie et ceux qui tombent malade Effets Résultats pour l’organisation se rétablissent en général bien plus • diminution des charges (absen- vite. Vous pouvez imaginer ce que cela Amélioration téisme, accidents, maladies) • des conditions de • meilleure image de l’entreprise, représente pour notre productivité. Nos travail collaborateurs sont plus satisfaits et position sur le marché du tra- • du climat social • du processus vail, satisfaction des clients nous ne devons pas chaque mois nous • moins de rotation du personnel mettre à la recherche de travailleurs organisationnel • hausse de la productivité pour remplacer les malades.” Politique en matière de stress Performances de Objectifs de l’entreprise l’entreprise Effets • meilleure percep- Résultats pour l’individu tion des risques • moins d’accidents et de maladies • motivation plus • meilleure santé importante • amélioration de la qualité de vie • participation • plus grande satisfaction dans le accrue travail © European Network for Workplace Health Promotion 2 European Network for Workplace Health Promotion: Healthy Employees in Healthy Organisations: Analysis of the effects of WHP. European Agency for safety and health at work: Quality of the working environment and productivity, Research findings and case studies. © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 7
cnacdossier Facteurs de stress au travail En général, lorsqu’il est question de stress au travail, on songe avant tout à un travail trop lourd à effectuer dans un délai trop court. Une charge de travail trop élevée constitue en effet un facteur important de stress professionnel mais ce n’est pas le seul. Il existe une série de critères objectifs liés au travail qui peuvent favoriser l’apparition du stress professionnel. Songeons par exemple à la subdivision des travaux de construction en une série de petites tâches routinières, aux méthodes de travail et technologies en évolution per- pétuelle, à la collaboration avec différents intervenants… Les causes du stress au travail sont appelées ‘stresseurs’. Le stress négatif est consi- déré, la plupart du temps, comme étant le résultat de la perception par le travailleur de trois dimensions de son travail: les exigences du travail ou la charge de travail, les possibilités d’adaptation du travail et le soutien social. Dans ce modèle mis au point par Karasek, ces trois dimensions peuvent intervenir dans toutes sortes de com- binaisons et s’influencer mutuellement. C’est lorsqu’il n’y a plus d’équilibre entre eux que des problèmes peuvent surgir. Figure: Ce modèle a été mis au point par Karasek. Il met lui aussi l’accent sur les stresseurs qui sont propres à l’organisation du travail et non sur les caractéristiques individuelles du travailleur. Exigences du travail Possibilités d’adaptation Soutien social Coffreur: “Certains jours, il y a vraiment trop peu de travail Les exigences du travail font référence à la charge de travail, à la quantité, par rapport au nombre de à la cadence, à la charge physique, aux aptitudes et à la concentration requi- travailleurs présents. Je trouve ses ... Ce qui importe ici, c’est le degré d’intensité avec lequel les différents cela presque aussi ennuyeux que facteurs de stress au travail se manifestent et la manière dont ils sont perçus par les travailleurs concernés. d'avoir trop de travail.” Exemples Facteurs possibles du stress • quantité de travail • travail routinier dû à une subdivision extrême des tâches • timing • trop de travail à certains moments (p.ex. à l'ouverture d'un chantier) • cadence de travail et trop peu à d'autres • degré de difficulté • une cadence de travail trop élevée (trop de tâches différentes sur un court laps de temps) • connaissances et aptitudes requises • travail trop simple/monotone • concentration • répéter les mêmes gestes brefs sans interruption (p.ex. jointoyage) •… • exigences contradictoires/ordres peu clairs (p.ex. le conducteur de Conducteur de chantier: chantier et le contremaître donnant des ordres contradictoires) “Les décisions du maître • mauvais planning s d'ouvrage et de l'architecte se • substances dangereuses (p.ex. ciment) contredisent souvent. On • travail dangereux (p.ex. commander la grue à tour, travaux de toiture) voudrait commencer à préparer • bruit (p.ex. meule) le travail mais il y a toujours • vibrations (p.ex. marteau-piqueur, engins de chantier) quelque chose qui change. • éclairage insuffisant (p.ex. cages d'escalier) Cela demande beaucoup • températures extrêmes, courants d'air, mauvaise ventilation, humidité de l'air élevée de temps et de concentration • position de travail difficile (p.ex. travailler au-dessus du niveau de la aux collaborateurs.” tête)/travail lourd (p.ex. levage de charges) • horaires de travail et temps de repos •… © CNAC-NAVB 2005 8 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Les possibilités d’adaptation concernent la manière dont le travailleur perçoit Intérimaire : “Aujourd'hui, le degré d’influence et de contrôle qu’il peut exercer sur son travail. Un manque on n'a plus le temps de donner de possibilités d’adaptation ou d’autonomie dans l’exécution des tâches peut constituer une importante source de stress au travail. Cela prive en effet le tra- quelques explications vailleur de la possibilité d’influer activement sur sa situation. À cet égard, les pos- supplémentaires. Mon chef et sibilités sont généralement plus vastes dans les fonctions supérieures que dans mes collègues s'attendent à ce les fonctions subalternes. Dans la construction, par exemple, les activités sont que je sois directement parfois subdivisées en une série de petites tâches et les tâches d’exécution sont strictement séparées des tâches d’organisation. Cela peut conduire à des gestes opérationnel à 100 %.” très répétitifs qui doivent être exécutés en un temps très court. Une cadence de travail imposée par la réduction des délais d’exécution et de livraison peut éga- lement avoir des répercussions au niveau de la charge psychosociale. Plafonneur: “Après une journée de plafonnage, j’ai souvent des douleurs insupportables aux épaules et dans la nuque. Le lendemain, je peux à peine bouger.” Exemples Facteurs possibles du stress • organiser soi-même • manque d'autonomie son travail • aucune possibilité de formation • organiser soi-même • difficulté à obtenir les bons équipements de travail (p.ex. outillage son poste de travail inadapté) et de protection individuelle (p.ex. pas de bouchons • liberté de décision d'oreille disponibles) • autonomie dans la • peu de possibilités d'avancement répartition du travail • peu de possibilités d’organiser soi-même le planning • capacité • pas de possibilité d'aménager soi-même le poste de travail, pas d’apprentissage d'intimité •… •… Le soutien social indique dans quelle mesure les travailleurs se sentent sou- Conducteur de chantier: tenus par leurs collègues directs et leur hiérarchie. Il s’agit à la fois du sou- “Le responsable écoute attentivement tien dans l’exécution des tâches mais aussi du soutien émotionnel et des mais il est souvent absent et n'apporte marques de reconnaissance. Un soutien social insuffisant peut être source de donc pas toujours le soutien stress. A l’inverse, en renforçant ce soutien, on peut créer un effet ‘tampon’ et limiter l’apparition du stress. Un travailleur qui peut compter sur ses collè- nécessaire. De ce fait, on doit souvent gues et ses supérieurs sera dès lors moins vite sujet aux troubles liés au stress. se débrouiller avec les moyens ExemplesFacteurs possibles du stress du bord.” Exemples Facteurs possibles du stress • relation avec la • faible rémunération, primes… hiérarchie • insécurité de l'emploi • relation avec les • mauvais management collègues directs • mauvaises relations entre collègues • possibilité de concertation • manque de soutien social • réaction face aux • comportements indésirables (violence, harcèlement…) problèmes • discrimination (origine, mœurs, sexe…) •… • … Coffreur : “De temps en temps, un mot d'encouragement ou d'appréciation de la part du contremaître, cela peut faire des miracles et vous redonner du cœur à l'ouvrage. Malheureusement, quand il y a un pépin, on se retrouve souvent seul. À la longue, c'est décourageant.” Conclusion Les études montrent qu’une charge de travail élevée n’engendre pas systématiquement du stress. Si cette charge est compensée par le fait qu’en cas de problème, le travailleur peut, dans une large mesure, organiser lui-même son travail et/ou faire appel à des collègues ou à ses supérieurs, le stress se manifestera moins vite. Pour éviter et limiter les effets d'une charge de travail trop élevée, il faut donc agir sur ces trois dimensions. Il est en effet tout aussi important de contrôler et d’élargir les possibilités d’adaptation que de renforcer le soutien social ou de maîtriser les exigences par rap- port à son travail. © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 9
cnacdossier Maçon : “Avec la concurrence dans Les risques psychosociaux influent sur les le secteur, nos journées de travail troubles physiques n’ont pas augmenté, mais bien le Un autre fait marquant est que dans certaines situations de travail, la charge rythme de travail. Chez nous, les psychosociale augmente le risque de problèmes de santé. Ainsi, les situations pauses sont fixes: à 8 heures, une professionnelles où les exigences sont élevées, les possibilités d’adaptation réduites et le soutien social limité, favoriseraient les troubles au niveau du pause d’une dizaine de minutes est dos, des épaules et de la nuque ainsi que les affections cardiovasculaires. prévue; à 10 heures, nous avons une demi-heure de pause. Si quelqu’un ne sait pas suivre le rythme ou commet trop d’erreurs, on lui fait comprendre qu’il n’est pas le bienvenu. Reconnaître les indicateurs Chaque jour, on espère qu’il n’y aura d’une surcharge de travail pas d’imprévu, sinon on est bon pour rester le soir. Le planning est Avant de pouvoir s’attaquer aux problèmes, il faut évidemment pouvoir les identifier et les reconnaître. Pour ce faire, une série de symptômes ont valeur tellement serré qu’au moindre de signal. Il est donc important de les reconnaître pour détecter au plus vite événement imprévu, le stress et pouvoir y remédier. Tant les dirigeants que les collaborateurs doi- tout est chamboulé.” vent y être attentifs. Un dépistage précoce permet en effet d’éviter que les problèmes s’amplifient et entraînent des conséquences irréversibles. Gardez à l’esprit que tout le monde ne réagit pas de la même manière. L’un réagira en modifiant son comportement, tandis que chez l’autre, les troubles seront plutôt de nature mentale ou physique. Votre entreprise est-elle soumise au stress et à une surcharge de travail? Les indicateurs suivants sont-ils présents dans votre entreprise ? Dans l'entreprise • les travailleurs malades sont plus nombreux et/ou plus fréquents • il y a une rotation de personnel importante • les travailleurs font souvent des heures supplémentaires • des travailleurs se plaignent régulièrement d'une surcharge de travail • depuis quelque temps, les travailleurs sont moins impliqués dans leur travail/font preuve de moins d'initiative • on commet davantage d'erreurs • la productivité et la qualité du service sont en recul • les clients se plaignent plus • on constate une augmentation des cas de harcèlement, d’agression… • les accidents du travail sont clairement en hausse Parmi les travailleurs Je constate que: • les travailleurs sont plus irritables, se disputent avec des collègues ou manquent de concentration • certains se plaignent de fatigue, de maux de tête fréquents, de douleurs au niveau du dos, de la nuque et des épaules, d'insomnies… • les collaborateurs boivent plus… • certains ont l'air abattu • les collaborateurs ne sont plus motivés/enthousiastes • certains ont plus de mal à prendre des décisions, sont plus hésitants © CNAC-NAVB 2005 10 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Approche pratique du stress Condition préalable L'approche du stress et d'une charge de travail problématique doit s’envisager dans le cadre d’un processus. Il est dès lors important de traiter l’analyse et l’approche des problèmes non pas de manière isolée, mais en les intégrant dans l’approche globale de la gestion des risques de l’en- treprise. En effet, une approche fragmentée ne vous apportera que des succès à court terme. Étape 1 Susciter l’intérêt et l’adhésion au projet Étape 5 Étape 2 Évaluer et corriger Détecter les problèmes Condition préalable Intégrer dans un et poser le diagnostic système global de gestion des risques Étape 4 Mettre les mesures Étape 3 en application Inventorier les risques et élaborer des solutions possibles Étape 1. Susciter l’intérêt et l’adhésion au projet Il est avant tout important que ce thème suscite un intérêt et que le projet soit soutenu par toute l’entreprise. Soyez à l’écoute des aspirations et des attentes de la direction. Éveillez l’intérêt en formulant des objectifs réalisables. Pour la réussite du projet, une approche “top-down” est tout aussi indispensable qu’une approche “bottom-up”. “Top-down”, parce que sans un engagement durable de la direction de l’entreprise, le projet est d’emblée voué à l’échec. Les dirigeants jouent Top-down et bottom-up en effet un rôle d’exemple dans l’entreprise et sont les seuls à pouvoir opérer des changements structurels. “Bottom-up”, parce que vous n’obtiendrez pas plus de résultats sans la collaboration et l’implication des travailleurs, notamment pour l’identification des facteurs qui engendrent le stress. L’information et la formation de la ligne hiérarchique jouent en cela un rôle très important. Les cadres doivent en effet contribuer à intégrer la prise en compte de la charge psychosociale à tous les niveaux de l’entreprise. Ceci peut se faire par le biais d’une vidéo bien conçue, d’une table ronde,… Une bonne stratégie consiste à lier la politique de prévention du stress à un aspect de la politique pour lequel l’entreprise connaît déjà un succès et qui bénéficie du soutien de la direc- tion, des cadres et du personnel. L’implication et l’enthousiasme de la direction et des cadres sont des facteurs essentiels pour la réussite d’une politique de prévention. Il s’agit ensuite d’informer et de sensibiliser les travailleurs. © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 11
cnacdossier Dès que le projet bénéficie du soutien de la direction, il est recommandé de faire preuve d’initia- Groupe de pilotage tive afin de montrer clairement qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air. Dans une politique en matière de stress, il convient également de procéder de manière interdisciplinaire. Il est utile, à cet effet, de mettre en place un groupe de pilotage. Ce groupe peut réunir des représentants des travailleurs, l’employeur, un représentant du service du personnel, le conseiller en prévention, des travailleurs des différentes divisions de l’entreprise et éventuellement des experts externes, comme un représentant du Ser- vice Externe pour la Prévention et la Protection au travail. Ces per- sonnes ont pour mission de diriger, d’accompagner, d’évaluer et, si nécessaire, d’apporter des corrections. Elles garantissent également la communication et la continuité au fil des différentes étapes. Communication La réussite des mesures prises dépend dans une large mesure de la manière dont les informations sont communiquées aux tra- vailleurs. Dès lors, fixez au préalable la forme que prendra cette communication et utilisez les canaux d'information disponibles dans l'entreprise. Comme tout changement suscite des résistan- ces, il est essentiel que les travailleurs soient activement impli- Il est important que les travailleurs aient voix qués dans ce processus. Expliquez par des arguments valables les au chapitre ! avantages que peuvent leur apporter les changements. Communi- quez régulièrement sur l'avancement du projet et laissez les tra- vailleurs s'exprimer et faire des suggestions. Étape 2. Détecter les problèmes et poser le diagnostic Toute entreprise a facilement à sa disposition des indicateurs relatifs au stress et à ses facteurs connexes. Ces données permettent souvent de dresser un premier tableau de la situation dans l’en- treprise. On les retrouve par exemple dans les rapports du conseiller en prévention, dans les sta- tistiques des accidents du travail, dans les chiffres relatifs à l’absentéisme, à la rotation du per- Collecter les données sonnel, au nombre d’heures supplémentaires et aux jours de congé non utilisés, dans les disponibles informations collectées par le médecin du travail… Les signaux et les plaintes du personnel ou des représentants des travailleurs peuvent également contenir des informations importantes. Pour pouvoir faire une analyse précise des problèmes, vous pouvez compléter ces données en réali- sant une étude des facteurs de stress objectifs et subjectifs qui sont liés au travail. Pour une analyse minutieuse, il convient d’étudier ces deux catégories. Conseils : • A partir de la page 16, vous trouverez une série de problèmes que l’on rencontre fréquem- ment dans le secteur de la construction ainsi que des solutions envisageables • Dans l'annexe 1 figure une version abrégée de la liste TOMO avec des actions éventuelles à mettre oeuvre pour détecter et résoudre une série de problèmes. Les stresseurs objectifs sont généralement répertoriés à l’aide d’une check-list visant à enregistrer les différentes caractéristiques du travail. Une évaluation de ces caractéristiques permet d’appré- Stresseurs objectifs cier la qualité du travail. L’une de ces check-lists est la liste de contrôle TOMO (Travailleur et Organisation) (TNO, Van Orden et Gaillard, 1994). La perception subjective peut être mesurée à l’aide de questionnaires que les travailleurs remplis- Perception subjective sent individuellement ou en groupe. Comme l’ont montré les chapitres précédents, il est impossi- ble d’estimer le risque de réactions de stress négatives sans étudier également la perception des collaborateurs. Les exécutants, qui connaissent bien le travail et savent où se situent les problè- mes éventuels, sont en effet les véritables spécialistes du travail. Le travailleur indique lui-même, via le questionnaire, ce qu’il considère comme incommodant et stressant. Veillez à garantir l’ano- nymat lors de la collecte des données. Le but est en effet d’identifier clairement les problèmes, et non de stigmatiser les soi-disant ‘dénonciateurs’. Pour ce faire, il existe de nombreux questionnai- res. Vous trouverez en annexe 4, une liste reprenant certains de ces questionnaires accompagnés d’une brève description. © CNAC-NAVB 2005 12 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs
cnacdossier Avantages du questionnaire: • En ayant recours au ‘filtre humain’, vous envisagez le système de travail dans son ensemble. • Axé essentiellement sur la pratique. • Forte implication de tous les membres de l’entreprise. Afin de favoriser leur implication et leur soutien lors des différents changements, il est important de demander également aux travailleurs de proposer des solutions aux problèmes qu’ils signalent. • Vous pouvez utiliser les résultats comme un instrument de gestion pour contrôler l’effet de cer- taines mesures (avant/après). Limites: • Le nombre de travailleurs interrogés doit être suffisant par rapport à la taille du groupe sur lequel porte votre étude. • Le questionnaire doit être réalisé par un expert. • Pour éviter que le questionnaire devienne un cahier de doléances dans lequel les travailleurs expriment leur mécontentement, il faut informer les travailleurs du but poursuivi et de la suite du processus. Il est en effet important de ne pas susciter des attentes qui ne pourront être ren- contrées et de communiquer en retour les résultats de l’enquête. • Il est préférable d’éviter de soumettre le questionnaire aux travailleurs dans une période de réor- ganisation ou dans une situation conflictuelle. Étape 3. Inventorier les risques et élaborer des solutions possibles Une fois le tableau de la situation dressé, un aperçu des risques dans l’entreprise peut être établi. Ceci fera de préférence l’objet d’un rapport dont les résultats seront transmis à la délégation syn- dicale, au Comité PPT et aux travailleurs. Identifiez les points qui nécessitent ou non un change- Aperçu des problèmes et ment. Quelles causes sont liées à la structure de l’organisation, à la fonction ou aux collaborateurs des mesures mêmes? Au cours de cette phase sont aussi définies les mesures visant à éliminer les risques. Il convient de tenir compte ici des conséquences éventuelles, tant positives que négatives qu’elles pourront engendrer. Classez les mesures selon un ordre de priorité et traduisez-les ensuite en objectifs concrets. Une bonne politique de prévention agit à différents niveaux: au niveau de l’organisation, de Hiérarchie de la prévention l’équipe et de l’individu. De plus, dans l’application des mesures de prévention, l’employeur doit respecter une certaine hiérarchie. La devise ‘mieux vaut prévenir que guérir’ figure au 1er rang de cette hiérarchie. La prévention primaire doit donc toujours avoir la priorité sur les mesures visant à limiter les dommages (secondaires) et sur les mesures complémentaires (tertiaires). En choisis- sant les mesures, mettez donc l’accent avant tout sur les mesures de prévention organisationnel- les et primaires, et complétez-les par des mesures des autres niveaux (voir le tableau). Les mesures primaires visent les causes, c.-à-d. qu’elles préviennent les stresseurs. Il peut s’agir de réaménager les postes de travail, de modifier l’or- ganisation du travail, de prévoir une concertation suffisante entre les différents niveaux au sein de l’entreprise, etc. Les mesures secondaires et tertiaires s’attaquent aux conséquences. Les mesures secondaires visent à limiter les dom- mages, p.ex. en renforçant la capacité de résis- tance par le biais d’une formation. Les mesures tertiaires agissent de manière cura- tive et visent à réparer les dommages occasionnés par le stress lié au travail. Exemples : accompagnement psychologique, remise au travail des victimes… Mieux vaut prévenir que guérir Conseil : Conseil: A partir de la page 16, vous trouverez une série de risques spécifiques et de mesures organisationnelles envisageables pour le secteur de la construction. © CNAC-NAVB 2005 Prévention du stress dans la construction - Brochure destinée aux employeurs 13
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