Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême

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Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Le magazine pour « lire et agir »              Mai 2/2018

                            Haïti : Lutter
                            contre l’érosion
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                            « La nourriture
                            doit devenir un
                            bien commun de
                            l’humanité »
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Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Editorial                                                                                                                                                                     2

Chère lectrice, cher lecteur,

Lors d’un déplacement récent dans le nord d’Haïti pour
le compte d’Action de Carême, il était flagrant que quelque
chose clochait. En saison sèche, il pleuvait à verse, les
routes étaient inondées et les rivières débordaient. Une fois
de plus, les frasques des changements climatiques ont
frappé durement la population et aggravé la faim en Haïti.

Heureusement, les dégâts étaient limités pour nos parte-
naires qui pratiquent l’agroécologie. Lutte contre l’érosion,                                                                                CONTENU

production en culture mixte et semences adaptées sont                                                                                        INVESTISSEMENTS
                                                                                                                                             La BNS et les change-
ici les clés de la réussite. Les paysan-ne-s montrent avec                                                                                   ments climatiques
                                                                                                                                             Page 6

fierté leurs champs, qu’ils ont su adapter aux aléas du                                                                                      VUE DU SUD

­climat en contribuant tant à garantir la sécurité alimentaire                                                                               Combler la période
                                                                                                                                             de pénurie par des
 locale qu’à lutter contre les changements climatiques.                                                                                      fonds de solidarité
                                                                                                                                             Page 7

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Il est donc étonnant que le monde politique continue à fa-                                                                                   Les Suisses se mobi-
                                                                                                                                             lisent pour créer
voriser l’industrialisation de l’agriculture dans le monde,                                                                                  le monde de demain

nourri à 70 % par la paysannerie familiale, qui apporte par
                                                                                                                                             Page 8

ailleurs sa pierre à la lutte contre les changements clima-
tiques. Surtout lorsqu’elle pratique l’agroécologie.                                                                                         Impressum :
                                                                                                                                             Une publication
                                                                                                                                             d’Action de Carême, 2018
                                                                                                                                             Rédactrice en chef :
                                                                                                                                             Pascale Schnyder (pst)
                                                                                                                                             Rédaction : Colette Kalt (ck),
                                                                                                                                             Tiziana Conti (tc),
                                                                                                                                             Daniel Tillmanns (dt)
                                                                                                                                             Mise en page et réalisation :
                                                                                                                                             Crafft Kommunikation, Zurich
                                                                                                                                             Travail sur les photos : Schellenberg
                                                                                                                                             Druck AG, Pfäffikon (ZH)
                                                                                                                                             Impression : imprimerie Kyburz AG,
                                                                                                                                             Dielsdorf
                                                                                                                                             Tirages : 42125 de /4412 fr
                                                                                                                                             Paraît : quatre fois par an
                                                                                                                                             Prix : CHF 5.– par donateur/donatrice
                                                                                                                                             sont utilisés pour l’abonnement
                                Bernd Nilles,                                                                                                Contact : Action de Carême,
                                                                                                                                             actiondecareme@fastenopfer.ch,
                                directeur d’Action de Carême                                                                                 021 617 88 81

Portrait : Jean-Pierre Grüter                             Image de couverture : une paysanne haïtienne avec sa chèvre, obtenue grâce à un programme d’aide après l’ouragan Matthew
                                                                                                                                                  Photo : Paul Jeffrey / ACT Alliance
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Agriculture                                                                                                                                              3

                                                                                                                       Favoriser la production locale …
                                                                                                                       Ortoloco a adopté les principes
                                                                                                                       de l’agroécologie et de la souve-
                                                                                                                       raineté alimentaire, des concepts
                                                                                                                       essentiels à l’heure actuelle si
                                                                                                                       nous voulons nous affranchir du
                                                                                                                       système alimentaire industriel et
                                                                                                                       de ses répercussions désastreuses
                                                                                                                       sur l’être humain et l’environne-
                                                                                                                       ment. Il s’agit ainsi de viser la
                                                                                                                       création de cycles naturels locaux
                                                                                                                       qui associent le sol, les animaux
                                                                                                                       et les végétaux dans une optique
                                                                                                                       de renforcement mutuel.
                                                                                                                       En outre, la coopérative peut di-
                                                                                                                       minuer sa dépendance envers les
                                                                                                                       énergies fossiles grâce à l’aban-
                                                                                                                       don des engrais chimiques et au
                                                                                                                       rapprochement entre produc-
                                                                                                                       teurs et consommateurs, per-
                                                                                                                       mettant de réduire les distances
                                                                                                                       de transport et de limiter le re-
                                                                                                                       cours aux machines. L’instaura-
                                                                                                                       tion d’une confiance mutuelle, la
                                                                                                                       transmission des connaissances
                                                                                                                       culturales et la valorisation du
A la coopérative maraîchère zurichoise « Ortoloco », les membres se mettent à l’ouvrage.                               travail dans les champs jouent
                                                                                                                       un rôle tout aussi important.

                                                                                                                       … ou le commerce mondial ?

Local contre
                                                                                                                       Chaque jour, des quantités consi-
                                                                               « Les veaux sont nécessaires à la       dérables de marchandises norma-
                                                                               ferme », explique Tina Siegen-          lisées sont transportées en tous
                                                                               thaler de la coopérative maraî-         sens à travers le globe. Ce sys-
                                                                               chère Ortoloco, située à Dietikon       tème, encouragé par les frais de

global
                                                                               (ZH). « Ils viennent de la ferme        transport réduits et les accords de
                                                                               biologique Fondli, ils fournissent      libre-échange, privilégie le prix
                                                                               du fumier et valorisent l’herbe. »      avant tout. Parallèlement, les
                                                                               Sur un hectare et demi, Ortoloco        multinationales du secteur agroa-
                                                                               propose une production écolo-           limentaire s’assurent un accès
                                                                               gique et diversifiée de plus de 60      aux sols fertiles et à la main-
Le système alimentaire dominant à                                              variétés et fait œuvre de pionnière     d’œuvre bon marché des pays du
l’heure actuelle, fondé sur la production                                      en gommant la frontière entre           Sud. Leur devise : produire à bas
                                                                               producteur et consommateur.             coût pour vendre à prix d’or.
industrielle et le commerce agricole                                           De fait, en plus de souscrire à en-     Ce système ne saurait être du-
mondial, s’inscrit en opposition avec la                                       viron 200 paniers de légumes, les       rable car il détruit les circuits éco-
                                                                               membres d’Ortoloco participent          logiques et sociaux. Comme le
vision d’une économie circulaire                                               activement au travail dans les          montre Ortoloco, d’autres solu-
locale et autosuffisante, seule garante                                        champs. Tina Siegenthaler pré-          tions existent depuis longtemps
                                                                               cise : « les frais et les risques de    et de nouvelles initiatives sont
d’un avenir durable sur le plan social                                         l’exploitation sont supportés col-      lancées chaque jour. Il revient à
et environnemental.                                                            lectivement : tout le monde met         chacun d’entre nous de les soute-
                                                                               la main à la pâte et récolte le fruit   nir afin d’aider à concrétiser la
                                                                               du travail accompli. La ferme           vision d’un système alimentaire
                                                                               n’est pas soumise aux exigences         durable. — Tina Goethe
                                                                               souvent critiquables du marché,
                                                                               ce qui améliore sa situation so-
                                                                               ciale et environnementale. »

Photo : iStock
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Haïti                                                                                                                                                    4
                                                                                                                                                         5

Lutter
contre
l’érosion
Alors que leurs moyens de subsistance sont
déjà limités, les paysans des montagnes
haïtiennes doivent faire face à l’érosion.
Mais les techniques de protection des sols
enseignées par Action de Carême accrois-
sent récoltes et revenus.                                                        L’agroécologie permet de restaurer la fertilité des sols.

En se dirigeant vers Chénot, on          Des techniques au profit de la          nioc et le bananier, des variétés        marché après avoir pourvu aux
s’aperçoit déjà à quel point la vie      terre et de la population               qui servent aussi à l’alimentation       besoins de leur famille. Les re-
doit y être pénible. La route gou-       La plupart des habitants de Ché-        de la population ou à l’affourage-       cettes obtenues appartiennent
dronnée prend fin là où la plaine        not vivent de la culture de leurs       ment des chèvres. Les arbres,            aux femmes, qui acquièrent, ain-
de l’Artibonite, dans le nord            lopins de terre dont la production      plantés entre les cultures, pro-         si, une indépendance financière.
d’Haïti, fait place à une chaîne de      ne cesse de diminuer. En cause :        tègent la terre de l’intensité du         — Simon Degelo
collines escarpées. Bien que l’on        les fortes précipitations qui em-       soleil et de la violence des vents,
puisse remonter une partie de la         portent les sols fertiles pendant la    améliorent le sol, produisent de
côte en taxi-moto, la route de           saison des pluies créant de véri-       précieux fruits et fournissent du
montagne cahoteuse s’arrête, elle        tables ravines en plusieurs en-         bois destiné à la cuisine et à la          Lire et agir
aussi, très vite. Le reste du trajet     droits. Afin d’enrayer ce phéno-        construction. Notre partenaire a
s’effectue donc à pied. Après trois
heures de marche sur des pistes
                                         mène, le partenaire d’Action de
                                         Carême forme les paysannes et
                                                                                 recouru à des formes de travail
                                                                                 collectif existant de longue date
                                                                                                                          Notre action
souvent boueuses, on parvient            paysans aux techniques agroéco-         en Haïti pour la production des
                                                                                                                          Action de Carême aide les
enfin à Chénot, siège de l’organi-       logiques permettant de lutter           plantons et le terrassement des
                                                                                                                          familles paysannes à trouver
sation ODTPKA, partenaire d’Ac-          contre l’érosion, d’améliorer la        champs.
                                                                                                                          et à mettre en œuvre des
tion de Carême. Et dire que, pour        fertilité des sols et d’accroître les   L’ODTPKA propose également
                                                                                                                          solutions face à l’érosion.

                                                                                                                          Votre soutien
vendre leurs marchandises au             récoltes. Il s’agit d’aménager des      une formation en maraîchage
marché, les femmes de la région          terrasses et de les stabiliser au       adressée aux femmes afin de ren-
se mettent en marche, lourde-            moyen de murs de pierres, de bar-       forcer leur place dans cette région      Grâce à votre don, les familles
ment chargées, au milieu de la           rières en paille ou de végétaux.        de tradition fortement patriar-          paysannes du Sud peuvent
nuit, parcourant la totalité du          On utilise, pour ce faire, la canne     cale. Ainsi, il leur reste encore        maintenir leur agriculture
chemin à pied !                          à sucre, l’herbe à éléphant, le ma-     souvent des légumes à vendre au          vivrière. CCP 10-15955-7

Photo : Simon Degelo, Action de Carême
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Haïti                                                                                                                                                   5

Déforestation en Haïti
                                                                                                             ATLANTIQUE
Malgré le déboisement, l’île d’Haïti perpétue une
riche tradition agricole. Action de Carême souhaite
faire redécouvrir cet héritage et le valoriser.
                                                                                                                              RÉPUBLIQUE
                                                                                                                              DOMINICAINE
                                                                                                        Haïti

La déforestation d’Haïti a débuté        vaient du café et du cacao, des
dès la période coloniale. A l’épo-       plantes qui se plaisent à l’ombre.
que, les essences nobles étaient
abattues et expédiées en Europe          Mobilisation pour la protection                         MER DES CARAÏBES
pour la confection de meubles.           des arbres
Ce phénomène s’est encore ac-            Depuis quelques décennies, ces          Zones des projets
céléré en 1804 à la suite de l’in-       forêts de conception humaine            d’Action de Carême
dépendance, le pays ayant un be-         commencent, elles aussi, à
soin urgent de devises pour rem-         disparaître. Le faible prix du
bourser ses dettes contractées           café et du cacao sur le marché
envers la France. L’ancienne puis-       mondial au début des années
sance coloniale avait, en effet,         nonante a incité de nombreuses       duire du charbon de bois. Qui         27 750 km²
imposé le versement d’importan-          familles paysannes à abattre les     plus est, les incendies fréquents     Surface (CH 41 285)
tes indemnités à Haïti pour com-         arbres et à arracher les arbris-     et les chèvres laissées en libre
penser la perte de sa colonie. Les       seaux qui poussaient à l’ombre       pâture ont détruit les jeunes ar-
forêts originelles se réduisirent        pour y planter du maïs et des        bres. Les nombreux projets de re-     10.711 Mio
ainsi comme une peau de cha-             haricots. Si ce système a permis     boisement lancés en Haïti pour        Population (7.957)
grin. Toutefois, elles n’ont sou-        de bonnes récoltes dans un pre-      résoudre un problème aussi gra-
vent pas subi un défrichement            mier temps, les sols fertiles ont    ve que celui de la déforestation      374.4 hab. / km²
total car les familles paysannes         toutefois été rapidement lessi-      n’ont obtenu que des résultats        Densité démographique
exploitaient les surfaces dé-            vés, car les pentes n’étaient plus   mitigés. Action de Carême a, dès      (197.8)
gagées sous la forme d’un systè-         protégées de l’érosion. En out-      lors, opté pour une approche glo-
me agroforestier : en plus de pra-       re, en raison de la croissance       bale attribuant à la population un    810 USD
tiquer l’agriculture, elles plan-        démographique et de la grande        rôle actif dans la protection des     Revenu national brut par
taient des arbres fruitiers,             pauvreté, de nombreux habi-          arbres : les paysannes et paysans     habitant (82 430)
laissaient des lianes comme les          tants n’ont eu d’autre choix que     produisent les plantons en com-
grenadilles et les ignames pous­         d’assurer leur subsistance en        mun dans des pépinières. Ils dé-
ser sur les autres arbres et culti-      abattant des arbres pour pro-        terminent par eux-mêmes les
                                                                                                                    48,57 %
                                                                                                                    Taux d’alphabétisation (99,6)
                                                                              endroits où les planter, décidant
                                                                              s’ils préfèrent intégrer les frui-
                                                                              tiers à leurs jardins ou reboiser     7,6 %
                                                                              une partie de leurs terres pour       Mortalité infantile (0,43)
                                                                              obtenir une source durable de
                                                                              matériau de construction et de        63 ans
                                                                              combustible. Ils trouvent, ensem-     Espérance de vie (83 ans)
                                                                              ble, des solutions pour protéger
                                                                                                                    Les chiffres entre parenthèses se
                                                                              les jeunes arbres des incendies et    réfèrent à la Suisse.
                                                                                                                    Source : Fischer Weltalmanach 2015
                                                                              de la voracité des chèvres. Ces
                                                                              expériences montrent qu’il est
                                                                              non seulement possible de pré-
                                                                              server l’écosystème fragile d’Haï-
                                                                              ti, mais aussi d’améliorer sen-
                                                                              siblement les conditions de vie de
                                                                              ses habitant-e-s. — Simon Degelo

Paysage fortement déboisé, caractéristique d’Haïti.

Photo : Simon Degelo, Action de Carême
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Investissements douteux                                                                                                                                      6
                                                                                                                                                             7

                                                                                                                    et accélèrent les changements
                                                                                                                    climatiques. L’augmentation de
                                                                                                                    la fréquence des phénomènes
                                                                                                                    météorologiques extrêmes est,
                                                                                                                    elle aussi, prouvée par des études
                                                                                                                    scientifiques et se manifeste très
                                                                                                                    clairement dans les projets au
                                                                                                                    Sud. Par exemple à Tiburon, une
                                                                                                                    région du sud de Haïti, où l’oura-
                                                                                                                    gan Matthew avait ravagé le pays
                                                                                                                    en octobre 2016, rasant les mai-
                                                                                                                    sons et les arbres fruitiers et
                                                                                                                    anéantissant des années de déve-
                                                                                                                    loppement. Il faudra des années
                                                                                                                    à Haïti pour se remettre des
                                                                                                                    conséquences de Matthew. Et les
                                                                                                                    prochains ouragans frapperont
                                                                                                                    l’île à la fin de l’été prochain déjà.
                                                                                                                    Plus les phénomènes météoro-
                                                                                                                    logiques gagnent en intensité,
                                                                                                                    plus la probabilité de voir d’autres
                                                                                                                    communautés détruites à l’ave-
                                                                                                                    nir est grande. Or, il serait pos-
La région de Tiburon, au sud de Haïti, a été pratiquement anéantie après le passage de Matthew.                     sible de prévenir les catastrophes
                                                                                                                    naturelles provoquées par les
                                                                                                                    changements climatiques : désin-

La BNS et les chan-
                                                                                                                    vestir des énergies fossiles rédui-
                                                                                                                    rait en effet les émissions de CO2,
                                                                                                                    ce qui serait assurément béné-
                                                                                                                    fique pour la stabilité du climat.
                                                                                                                    Pour cette raison, les organisa-

gements climatiques
                                                                                                                    tions de coopération au dévelop-
                                                                                                                    pement Action de Carême et Pain
                                                                                                                    pour le prochain en appellent à la
                                                                                                                    BNS pour qu’elle modifie sa poli-
                                                                                                                    tique de placement. Elle doit
                                                                                                                    opter pour une stratégie de place-
« Pas d’investissement dans des entreprises qui causent de manière                                                  ment en phase avec la préserva-
                                                                                                                    tion du climat. La BNS peut ap-
systématique de graves dommages à l’environnement ». Toutefois,                                                     porter sa pierre à l’édifice : elle
comme le montre une étude, la BNS enfreint ses propres principes.                                                   s’est déjà dotée des directives qui
                                                                                                                    lui permettent de le faire.
                                                                                                                    — Stefan Salzmann

En avril 2017, 135 ONG ont en-           l’obligent à renoncer à tout place-   lions de tonnes de CO2 par année.    * www.artisansdelatransition.org
voyé une lettre ouverte à la BNS –       ment dans des entreprises qui         Ce portefeuille, qui représente
signée aussi par Action de Ca-           causent de manière systématique       9 % de la fortune de la BNS, fait
rême et Pain pour le prochain au         de graves dommages à l’environ-       doubler les émissions de CO2 de
sein de l’Alliance climatique –, lui     nement ou qui violent massive-        la Suisse. »
demandant de calculer, puis de           ment des droits fondamentaux.
                                                                                                                      Lire et agir
réduire si nécessaire, les émis-         Comme le montre une étude des         Les placements accélèrent les
                                                                               changements climatiques
                                                                                                                    Notre action
sions de CO2 générées par son            Artisans de la transition*, la réa-
portefeuille de placement. Un            lité est autre : « Le portefeuille    Cette stratégie de placement est
mois plus tard, la BNS a répondu         d’actions de la BNS d’entreprises     indéfendable du point de vue         Pain pour le prochain et Action
qu’elle devait appliquer une poli-       cotées en bourse aux Etats-Unis       écologique. Il est en effet prouvé   de Carême demandent aux
tique monétaire servant l’intérêt        est investi à 10,8 % dans l’indus-    depuis longtemps que les place-      institutions suisses de prendre
général du pays. Elle ajoutait que       trie fossile, ce qui engendre des     ments dans les énergies fossiles     leurs responsabilités face
ses directives de placement              émissions à hauteur de 46,5 mil-      accroissent les émissions de CO2     aux changements climatiques.

Photo : Simon Degelo, Action de Carême                                                                                       Photo : Simon Degelo, Action de Carême
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Vue du Sud                                                                                                                                          8
                                                                                                                                                     7

                                                                           Mabinta Badji, 33 ans, est médiatrice
                                                                           pédagogique de formation et
                                                                           animatrice à l’Association Sénéga-
                                                                           laise pour un Développement
                                                                           Equitable et Solidaire (ASDES)

                                                                                                                   EN CHIFFRES

                        Combler la période de pénurie
                         par des fonds de solidarité                                                               50 %
                                                                                                                   des habitants du
     Dans les mois qui précèdent la récolte, de nom- Malheureusement pour elle, le promoteur a                     Sénégal vivent
     breuses personnes au Sénégal souffrent de la failli à sa promesse et licencié ses enfants au                  au-dessous du
     soudure, la période entre deux récoltes, où la bout de trois mois. Ayant perdu leurs terres qui
     nourriture et l’eau peuvent venir à manquer. étaient leurs seules ressources, Ndeye Fall et sa                seuil de pauvreté.
     Une étude de l’ASDES a montré que dans la ré- famille ont vécu dans une situation d’extrême

                                                                                                                   3-6
     gion de Kaolack, 85 % de tous les ménages dans pauvreté. Grâce aux calebasses de solidarité,
     les zones rurales et 75 % en ville ont à peine as- elles peuvent à nouveau subvenir à leurs be-
     sez de nourriture pendant la soudure. C’est soins. L’accaparement des terres est un gros
     pourquoi nous avons défini,                                        problème au Sénégal. De vastes
     dans notre programme 2013,                                         étendues de terres sont mena-
     des mesures visant à aider les « De vastes étendues cées par ce phénomène. En col-                            mois par an,
     personnes touchées à surmon- de terres au Sénégal laboration avec Action de Ca-                               la population
     ter ces périodes et à les protéger                                 rême, ASDES a commis un
     de l’endettement. Après l’instal-          sont menacées           avocat pour défendre les popu-             souffre de
     lation des calebasses de solida-        par l’accaparement lations d’Ourour afin de leur                      la soudure, la
     rité et des champs collectifs,                                     permettre de récupérer leurs
                                                  des terres. »                                                    période de
     nous avons constaté une nette                                      terres. Actuellement, l’affaire
     amélioration des conditions de
                                                     Mabinta Badji
                                                                        est portée au tribunal et nous at-         pénurie.
     vie des membres grâce aux prin-                                    tendons un jugement imminent.

                                                                                                                   10 %
     cipes de la solidarité. Les familles des membres Même si nous n’avons pas encore gagné, nous
     des calebasses ont un accès facile à un crédit constatons, non sans fierté, que la capacité de
     solidaire, à des champs collectifs et à des achats résistance de la population rurale d’Ourour, au-
     groupés pour résoudre les problèmes de santé, trefois très vulnérable, ne cesse d’augmenter au
     de nourriture et d’éducation de leurs enfants. bénéfice de sa sécurité alimentaire. ASDES a
     Ndeye Fall, âgée de 64 ans et mère de cinq gar- défendu les populations victimes de deux ma-                  de la population
     çons et de trois filles, a adhéré à la calebasse du nières, d’abord, par une marche suivie d’une
     village d’Ourour en 2013 car elle avait de sé- pétition remise aux autorités locales puis, par
                                                                                                                   est considérée
     rieuses difficultés pour couvrir les trois repas des émissions de radio organisées dans des sta-              comme sous-
     quotidiens et régler les problèmes de santé et tions à envergure départementale et nationale.
     d’éducation de ses enfants. Devenue veuve en Toujours avec l’appui d’Action de Carême,
                                                                                                                   alimentée.
     2007, Ndeye Fall a été contrainte de vendre ASDES a aidé à la mise en place d’un comité de
     toutes les terres laissées par son mari comme lutte et de veille ainsi qu’à la tenue d’ateliers de
     héritage pour ses enfants, encore mineurs, à un formation sur la gouvernance foncière et de
     investisseur italien qui prétendait produire des séances tournantes de théâtre-forum dans les
     agrocarburants à partir de la culture du jatro- marchés hebdomadaires. Ces activités de plai-
     pha. Le promoteur avait promis de recruter ses doyer ont abouti à une meilleure prise de
     enfants comme ouvriers agricoles dans le pro- conscience pour une implication des paysans
     jet pour une rémunération mensuelle par per- dans la gestion foncière de leurs terroirs.
     sonne de 75 000 francs CFA (134 francs suisses).

Photo : Colette Kalt, Action de Carême                                                                               Photo : Colette Kalt, Action de Carême
Haïti : Lutter contre l'érosion " La nourriture doit devenir un bien commun de l'humanité " - Action de Carême
Actualité                                                                                                                                                             8
                                                                                                                                                                      9

CAMPAGNE ŒCUMÉNIQUE 2 018                                                                                                   ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE

                                                                                                                            Succès dans la
Les Suisses se mobilisent pour                                                                                              lutte contre l’huile

créer le monde de demain                                                                                                    de palme
                                                                                                                            Fin février, le Conseil national
                                                                                                                            a adopté à une large majorité
                                                                                                                            une motion demandant
                                                                                       Sœur Cécile Renouard constate        l’exclusion de l’huile de palme
                                                                                       que la compétition entre les en-     du projet d’accord de libre-
                                                                                       treprises les emprisonne – ainsi     échange avec la Malaisie.
                                                                                       que les Etats – dans la logique de   L’Etat de l’Asie du Sud-Est
                                                                                       maximisation du profit. Dans ce      fournit environ la moitié de
                                                                                       contexte, les enjeux sociaux et      l’huile de palme consommée
                                                                                       environnementaux n’ont pas leur      en Suisse, dont la production
                                                                                       place alors qu’ils devraient être    entraîne régulièrement la
                                                                                       intégrés en amont, au démarrage      destruction des forêts tropi-
                                                                                       de toutes activités économiques      cales et le vol de terres. En
                                                                                       ou choix politiques.                 collaboration avec la coalition
                                                                                                                            suisse pour l’huile de palme,
                                                                                       Le partage des expériences,          Pain pour le prochain fait
                                                                                       un autre atout de la transition      campagne depuis longtemps
                                                                                       Lors des soirées « Projection-       contre les accords de libre-
                                                                                       débat » qui ont eu lieu dans tous    échange pour l’huile de palme.
                                                                                       les cantons romands et la soirée
                                                                                       « Bienne en transition » du
Olivier de Schutter, conférencier lors de la journée sous le signe de la               6 mars, les participants ont pu
transition le 22 février 2018 à Berne.                                                 découvrir des acteurs régionaux
                                                                                                                            MAX HAVELAAR
                                                                                       de la transition. Des femmes et
                                                                                       des hommes qui font le choix de      Nouveau label
Les événements organisés par                    pour, ensemble, parvenir à ré-         la proximité, du partage, des
                                                                                                                            équitable
Pain pour le prochain, Action de                duire les inégalités et accroître la   relations humaines, de l’artisa-
Carême et différents coorganisa-                justice sociale.                       nat, du respect, de l’équité, de                    Jusqu’ici, on
teurs dans tous les cantons ro-                                                        l’entraide, de l’intelligence col-                  ne pouvait
mands ainsi qu’à Berne et Bienne                Face à l’échec des politiques          lective ou encore de la bonne                       acheter de roses
ont rencontré un succès qui en                  et de l’économie, les gens             gouvernance pour se construire                      du commerce
dit long sur la quête d’un monde                prennent leur destin en main           et développer leur entreprise                       équitable qu’à la
meilleur.                                       Pour Olivier de Schutter, profes-      dans un modèle qui respecte la       pièce ou en bouquet, mais
« Vous êtes les pionniers, les lea-             seur de droit international et in-     vie plutôt qu’il ne la détruit.      pas dans un bouquet combi-
ders de demain » lance Satish                   tervenant lors de cette journée, il    En l’espace de six semaines,         nant roses équitables et fleurs
Kumar aux centaines de per-                     s’agit d’arriver à des sociétés plus   Action de Carême et Pain pour le     locales. Ce problème est réglé
sonnes venues assister à notre                  pauvres en émissions de car-           prochain ont permis à plus d’un      avec le lancement du nouveau
conférence du 22 février à Berne.               bone, mais plus riches en liens        millier de Romandes et de Ro-        label blanc de Max Havelaar,
Enthousiaste et débordant de vi-                sociaux, plus inclusives et plus       mands de découvrir le mouve-         qui signale la présence de
talité, l’octogénaire écrivain, pro-            résilientes. Lui aussi estime que      ment de la transition et sa vision   pratiquement tout ingrédient
fesseur, activiste politique et éco-            la transformation individuelle         d’une société plus juste et plus     issu d’une filière équitable.
logique ainsi que pionnier du                   conduit à une volonté collective       résiliente. Les deux œuvres sont     Cette nouvelle marque fait
mouvement de la transition, rap-                propice au changement de cap           enchantées de l’intérêt et des am-   coup double : davantage de
pelait que nous existons dans                   pour notre société. Les gens ne        bitions grandissants de ces ci-      ventes pour les petits produc-
notre relation avec les autres et               veulent plus attendre des solu-        toyennes et citoyens qui aspirent    teurs et davantage de choix
qu’il est nécessaire d’exercer                  tions qui viennent de l’extérieur.     à un nouveau paradigme.              et de transparence pour les
d’abord la transition en soi, de                Ils ont pris conscience qu’ils         — Daniel Tillmanns                   consommateurs. Comme
manière individuelle et spiri-                  peuvent exercer un pouvoir sur                                              son prédécesseur noir bien
tuelle, pour se libérer de l’escla-             leur propre vie et, collectivement,                                         connu, le label blanc est
vage du travail, de l’argent et de              sur le monde.                                                               complété par une flèche qui
la standardisation. Ce chemin                   Autre intervenante et ensei-                                                renvoie au dos de l’emballage
personnel pose les bases solides                gnante au Centre Sèvre à Paris,                                             pour plus d’informations.

Photo : Patrick Kummer, Pain pour le prochain                                                                                  Photo : Patrick Kummer, Pain pour le prochain
Rétrospectives                                                                                                                                   9

                                                                              des dix ruches dans lesquelles un      ALIMATA TRAORÉ
                                                                              acteur de la transition de Bienne
                                                                              et environs raconte son initiative.
                                                                                                                     La voix des femmes
                                                                              En butinant, on découvre Anja et       maliennes
                                                                              ses jardins partagés permettant
                                                                                                                     Après deux semaines passées
                                                                              aux gens de renouer avec la terre,
                                                                                                                     en Suisse romande, notre
                                                                              de manger leur production bio­
                                                                                                                     hôte de campagne, Alimata
                                                                              logique et de recréer le lien social
                                                                                                                     Traoré, présidente de l’orga­
                                                                              si souvent perdu dans nos villes.
                                                                                                                     nisation COFERSA (Conver­
                                                                              Bernard, quant à lui, explique le
                                                                                                                     gence des Femmes Rurales
                                                                              chemin parcouru par Pain pour le
                                                                                                                     pour la Souveraineté Alimen­
                                                                              prochain depuis que l’ONG a
                                                                                                                     taire), est repartie au Mali
                                                                              adopté la gouvernance partagée,
                                                                                                                     avec le souvenir de riches
                                                                              une nouvelle forme d’organisa­
                                                                                                                     rencontres ainsi que de belles
                                                                              tion. Stefan raconte l’aventure de
                                                                                                                     idées inspirantes pour la
                                                                              l’association TerreVision qui ap­
                                                                                                                     continuité de son projet. Un
Les organisateurs de la soirée ne s’attendaient pas à une telle affluence.    provisionne Bienne, chaque se­
                                                                                                                     grand merci aux 250 per­
                                                                              maine, en légumes, en fruits et en
                                                                                                                     sonnes venant de tous les hori­
BIENNE EN TRANSITION                                                          aliments divers de première fraî­
                                                                                                                     zons qui ont participé aux
                                                                              cheur issus de l’agriculture bio­
Des ruches où foisonnent                                                      logique et régionale.
                                                                                                                     quatre soirées (Bex, Alle,
                                                                                                                     Fribourg, Sion) organisées
                                                                                                                     en présence d’Alimata et

les initiatives de transition                                                 De l’imaginaire à l’action
                                                                              Un exercice de visualisation ra­
                                                                              mène les convives en plénière. Il
                                                                                                                     d’acteurs locaux.

                                                                              s’agit d’imaginer à quoi Bienne
                                                                                                                     JUIN A NOVEMBRE 2018
Près de 160 personnes se sont dé­       de durabilité transparaissaient       pourrait ressembler dans un fu­
placées le 6 mars pour découvrir        dans les nombreux témoignages.        tur où la transition aurait été réa­   Petite école pour
ou partager les initiatives qui foi­    La soirée a débuté par un exer­       lisée. Les idées sont couchées sur
                                                                                                                     la Terre
sonnent dans la région. La proxi­       cice de « mapping » qui consiste à    papier puis, en cercle, on clôture
mité, le partage, les relations hu­     faire se déplacer les participantes   la soirée. Chacun est invité à de­     Un parcours de cinq jours
maines, l’artisanat, le respect,        et les participants dans la salle     mander à son voisin : « Et toi,        sur plusieurs mois pour
l’équité, l’entraide, l’intelligence    pour entrer en contact avec des       quel est ton prochain pas ? »          acquérir des connaissances
collective ou encore la bonne           inconnus. Ensuite, chacune et         — Daniel Tillmanns                     et des outils dans divers
gouvernance, toutes ces notions         chacun était invité à choisir l’une                                          domaines de l’écospiritualité
                                                                                                                     et de l’écologie. Vivre une
                                                                                                                     démarche intérieure et pra­
                                                                                                                     tique pour tisser en profon­
                                                                                                                     deur notre lien à la Terre et à
DÉBAT AU CLUB 4 4                                                             permet de mettre au centre des         sa Source divine : s’enraciner
                                                                              priorités le respect de l’être hu­     dans l’émerveillement et

La bienveillance au                                                           main et de l’environnement.
                                                                              « J’ai voulu prouver qu’il n’y a pas
                                                                                                                     la gratitude, honorer notre
                                                                                                                     douleur pour le monde en

secours de l’économie                                                         un marché mais une communau­
                                                                              té de personnes qui peut com­
                                                                              prendre, partager nos valeurs et
                                                                                                                     souffrance, changer de vision
                                                                                                                     et nous engager à partir de
                                                                                                                     notre désir profond.
                                                                              nous accompagner dans une              Cette formation se déroulera
Le 15 mars, un panel de trois           tôt que sur la seule recherche de     quête citoyenne », confie Sophia       à Crêt­Bérard, Puidoux,
femmes a animé le Club 44 à             profit, Sofia de Meyer, fondatrice    de Meyer. Avec 2000 points de          entre juin et novembre 2018.
La Chaux­de­Fonds pour ex­              de la marque de jus de fruits Opa­    vente rien qu’en Suisse et aucun       Inscriptions jusqu’au 29 mai
plorer comment nous pouvons             line, est revenue sur l’histoire et   congé maladie pour les 9 collabo­      sur www.ppp.ch/transition
« Construire aujourd’hui notre          le succès de son entreprise : « La    rateurs d’Opaline, son défi est
économie de demain ». Après une         clé de la transition économique       largement relevé ! — Tiziana Conti
introduction à l’économie sociale       réside dans le rééquilibrage entre
et solidaire (ESS), qui met l’ac­       profitabilité et bienveillance au
cent sur une gouvernance démo­          sein des entreprises. » Un modèle
cratique et sur le primat de l’épa­     de gouvernance circulaire, par
nouissement des personnes plu­          opposition au modèle pyramidal,

Photo : Andreas Bachmann
A vous de jouer !                                                                                                                                                            10

                                                                                          S’ENGAGER AVEC NOUS

Votre huile de cuis-                                                                      Des films pour réfléchir
son est-elle durable ?                                                                    et repenser le monde
Nos aliments ne sont pas toujours aussi                                                   Dans le centre de rencontre bon-
                                                                                          dé de Schenkon (Lucerne), Lotti
durables que nous l’imaginons. Testez vos                                                 et Josef Stöckli présentent leur
connaissances sur les huiles de cuisson                                                   vingtième film intitulé « Saatgut–
les plus utilisées.                                                                       Freiheit für die Vielfalt » (traduc-
                                                                                          tion : « Semences – la liberté en
                                                                                          faveur de la variété »). Lors de
                                                                                          l’introduction, on sent Josef
                                                                                          Stöckli animé par la passion de
                                           Quelle huile de cuisson                        raconter des histoires et de bâtir
                                           utilisez-vous ?                                des ponts entre des réalités fort
                                                                                          éloignées.
                                           A.   Huile d’olive                             « La première d’un film est tou-
                                           B.   Huile d’arachide                          jours une espèce de Big Bang :
                                           C.   Huile de tournesol                        nous présentons l’aboutissement
                                           D.   Huile de colza                            d’une longue démarche à un
                                                                                          vaste public. Ensuite, viendront       Là où d’autres regardent ailleurs,
                                                                                          les tournées dans les paroisses,       Lotti et Josef Stöckli regardent de
                                                                                                                                 plus près.
                                                                                          les collèges et les centres d’édu-
                                                                                          cation pour adultes ». Et Lotti
Combien de kilomètres                                                                     Stöckli de renchérir : « Nous          « Nous souhaitons montrer à tra-
                                                                                          constatons que le public aime ces      vers nos films les problèmes éco-
parcourt votre huile ?                                                                    projections car, contrairement à       logiques et sociaux que provoque
A. 10 – 99 km                                                                             ce qui passe au cinéma ou à la té-     notre mode de consommation.
B. 100 – 999 km                                                                           lévision, les réalisateurs sont pré-   Nous voulons ainsi inviter les
C. 1000 km ou plus                                                                        sents et peuvent témoigner des         gens à réfléchir et à changer de
                                                                                          émotions et du vécu qui sous-          mentalité », expliquent les
                                                                                          tendent les images. »                  Stöckli. L’idée de ce vingtième
                                                                                          La passion des Stöckli pour le ci-     film est née lors du tournage de
                                                                                          néma est née durant le séjour de       leur documentaire sur le soja :
                                                                                          dix ans qu’ils ont réalisé à Santia-   « La question des semences était
                                           Quel type de production ?                      go du Chili et à Rio de Janeiro.       omniprésente, qu’il s’agisse de
                                                                                          « Durant ces années, nous avons        variétés hybrides, transgéniques
                                           A.   Industrielle
                                                                                          été comblés par l’hospitalité et       ou biologiques. Quand nous
                                           B.   Agriculture traditionnelle
                                                                                          par l’affection des gens mais,         avons appris que les petits pay-
                                           C.   Equitable
                                                                                          nous avons aussi pu découvrir la       sans colombiens qui cultivaient
                                           D.   Biologique
                                                                                          réalité des classes défavorisées       leurs aliments avec leurs propres
                                           E.   Biologique et équitable
                                                                                          avec leurs soucis et leur détresse.    semences étaient poursuivis,
                                                                                          Notre engagement est une façon         nous avons voulu y regarder de
                                                                                          de rendre un peu de ce que nous        plus près. » Le résultat : un film
                                                                                          avons reçu ». C’est un documen-        saisissant, aux connotations très
 des plantes oléagineuses les plus importantes au monde.                                  taire réalisé à la suite d’un séjour   personnelles, qui nous interpelle.
                                                                                          de deux semaines chez les
 seulement si le label Suisse Garantie est apposé sur l’emballage. Le colza est l’une
 Huile de colza : elle est produite en Suisse et conformément aux exigences                                                      — Matthias Dörnenburg
est souvent produite par de petits agriculteurs.                                          Mapuches, des indigènes du sud
L’huile de tournesol : 52 % provient d’Ouganda, de Tanzanie ou du Mozambique et
                                                                                          du Chili, qui a enflammé leur pas-     Pour obtenir des DVD ou
 de femmes dans de petites coopératives qui la produisent.
 Huile d’arachide : 76 % provient du Sénégal. Ce sont majoritairement des groupes
                                                                                          sion. A l’époque, ce film avait fait   des infos sur les projections :
déclarer si l’huile provient d’un pays de l’UE ou d’un pays tiers.
                                                                                          des vagues car le destin de cette      stockli@gmx.ch
principalement produite industriellement. Selon la réglementation de l’UE, il suffit de   ethnie était frappé d’un tabou au
                                                                                          Chili.
Huile d’olive : provient d’Espagne, d’Italie, de Grèce et de Tunisie. Elle est
                                                                            Solutions :

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